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Full text of "Revue des langues romanes: Traductions norroises de textes francais médiévaux."

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Th'Iol 2(.0 



I 



REVUE 



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LANGUES ROMANES 






MONTPELLIER 

Imprimerio centrale du. MicLi 
Ancienne maison Gros. — Bioateaù, Hâxelin et Cie 



REVUE 

V 

DBS 

LANGUES ROMANE^/ 

PU BUÉE 

PAR LA SOCIÉTÉ 

POUR L'ÉTUDE DES LANGUES ROMANES 
.\ '3// 

TOME TROISIÈME 



-^MONTPELLIER PARIS 

AU BUREAU DBS PUBLICATIONS A LA LIBRAIRIE DE A. FKANCK 

DE LA SOCIÉTÉ (TIBWBB, proprléUire) 

poni L'hïïDi ms uiooia RQNiiis 67, rue bicbbliko, 67 

U DUGG LXXII 



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REVUE 



DES 



LANGUES ROMANES 



DIALECTES ANCIENS 



CHARTE ALBIGEOISE 



La Revue des langues romanes a déjà publié quelques docu- 
ments anciens, puisés en général dans les archives commu- 
nales du département de THérault. Il serait infiniment utile de 
continuer cette publication pour les autres départements du 
Midi, en prenant surtout les actes administratifs ou notariés 
dont la date et le lieu de rédaction. sont certains. C'est le seul 
moyen d'arriver un jour à connaître la véritable histoire des 
origines, de la formation, des progrès, de Tinfluence, de la fu- 
sion ou disparition des divers dialectes locaux ; et, à ce point 
de vue, ces documents sont bien plus précieux que des trai- 
tés ou compositions littéraires ou scientifiques, intéressants 
à divers titres, mais dont les auteurs, la date et la provenance, 
sont souvent inconnus ou douteux. 

Le document que j'ai Thonneur de vous adresser, daté de 

1 



6 " DIALECTES ANCIENS 

mars 1210 (1211 nouveau style), appartient au dialecte roman 
des environs de Lavaur, en Albigeois, et sa transcription, faite 
à Perpignan en 1282, me paraît avoir assez fidèlement con- 
servé Torthographe de Tacte original. En effet, si le copiste 
roussillonnais avait voulu la modifier d'après la langue cata- 
lane qu'il parlait, il n'aurait pas manqué d'écrire, entre au- 
tres, sous la forme Granollet, frares, sancta, les mots qu'il donne 
aussi sous les formes Granoillet, fraires, seinta, qui appartien- 
nent plus particulièrement aux dialectes de l'Albigeois. Il j 
a d'ailleurs dans cette transcription, malgré les nombreuses 
analogies qui existaient au XIIP siècle entre le catalan et les 
autres dialectes romans, des mots et des formes tels que maio 
(maison), femena, sobredig, escrich, qui sont à peu près étran- 
gers au catalan et devaient, par conséquent, appartenir à l'acte 
original. La fidélité de la copie ne saurait donc être mise en 
question. Au surplus, l'acte de donation de Granoillet est le 
seul document en langue vulgaire contenu dans le Cartulaire 
des Templiers du Mas-Deu en Roussillon, composé de cen- 
taines de pièces toutes rédigées en latin ; il ne concerne en 
rien cette maison, dont les archives avaient dû le recevoir par 
le fait du hasard ou de circonstances qu'il est inutile de re- 
chercher, et le notaire le transcrivit dans le Cartulaire avec 
les autres titres originaux qui composaient les archives du 
Mas-Deu en 1282. 

Je borne là mes observations, qui n'ont pour but que de bien 
établir l'authenticité de ce document, en m' abstenant de toute 
comparaison entre le roman de Lavaur et les dialectes ro* 

mans circonvoisins. 

Alart, 

archiviste des Pyrénées-Orientales. 



CHARTE ALBIGEOISE 7 

DONATION DES LIEUX DE GRANOILLET (GRAÎILHET), MARLANAS ET 
AMBRES (entre LAVAUR ET ALBY), A L'ORDRE DU TEMPLE 

(Mars 1211) 

In nomine Jhu Xpi. Notum sit omnibus hominibus presen- 
tibus atque futuris. que eu P. de Granollet ai donat a deu e a 
ma dona sancta Maria e a la maio del Temple ma arn>a e mo 
cors, e ei donat e lauzat a deu e a ma dona sancta Maria e a 
la maio del Temple e als frares que ara i son ni adenant i se- 
ran, per salut de ma arma e per remissio de mos peccatz, 
totas las mias causas entegrament e totaslas mias honors e to- 
tas las mias sejnorias e totas las mias drechuras, on eu meyls 
las i havia ni las ténia ni hom ni femena de me. so es a saber 
el castel de Granoillet dins ni defora e totz mos omes e mas 
femenas, on que eu los aia ni aver les deig. e la força de Mar- 
lanas ab totz sos apartanemens, e totas mas terras e mas ho- 
nors on que sio, ermas e condrechas. e tota la sejnoria e tota 
la honor e la terra erma e condrecha queu ei el castel d'Am- 
bres dins ni defora, on meyls eu las i ei ni hom ni femena de 
me. 

E eu frare Arnal de Bos, comendaire de Vaor, ei recebut 
tôt aquest do entegrament ai ci com desus es escrich, on om 
meyls o pot entendre per ara e per totz temps, per me e per 
los autres fraires del Temple que ara i son ni aenant i seran. 
e aiso ei fag ab mandament e ab voluntat de frare Arnal Ca- 
del, comandador de Monso. e ab conseil ei* en presencia de 
frare P. lo capela de Vaor, e de frare Daide de Seinta Crocz, 
e de fraire Gausbert Arnal, e de frare R. Pelicer. E eu frare 
Arnals de Bos e li autre fraire sobredig, avem promes a vos 
P. de Granoillet que, dementre que estaretz donatz, podetz 
tener e possedir totas vostras causes, ab encapio de la maio 
del Temple, a vostra voluntat. 

^ Lisez e. 



8 DIALECTES ANCIENS 

Tôt aquest do aci com desus es escrich [ * ] ieu P. de 
GranoUet a la maio del Temple, salva la sejnoria de monsej- 
nor lo comte de Tolosa. 

E eu frare Arnals de Bos e li autre fraire sobredig avem 
promes a vos P. de Granoillet e als autres cavalers e als pro- 
homes del castel de Granoillet, quil * castel gardarem e def- 
fendrem a nostre poder a bona fe. 

De tôt aiso aici com desus [es] escrich, on om mejls o pot 
entendre, son testimoni Fortz lo capelas del castel, Arnals 
dAuta Riba, Bernât Raimons, Arnal de Serra Peira, R. Arnal, 
Vidal de Gontaut, Pons de Sacor, G. de Fares, Sicartz [ ] 

et, P. Arnal Manens, Berengers de Fares, Matfre de la Volta, 
P. Carbonel, aquist so cavalier. Arnal de B[ois]asso, P. Ladon, 
Pons de Catunac, B. Arribat, Ar. de Cavanac, Pons Ayme- 
rich, A. de la Roqueta, Sicart de Cavanac, S. de Boissaso, 
P. Fabre, S. de la Gleia, Fort Sanz, Ar. de Liralbac, R. de 
Gandeil. P. escrivas, qui escrius aquesta carta. 

Hoc vero factum fuit anno ab incarnacione domini. M. CC. 
X. mense martii die dominica vespera sancti Benedicti in ec- 
clesia ipsius castri de Granoillet, Innocencio papa Rome rég- 
nante, Philipo rege Franchorum et Johanne rege Anglorum, 
et sedente Ar. episcopo Albiense. 

^Archives du département des Pyrénées-Orientales, 
Cariulaire du TemplCf f» 133.) 



* Un mot illisible, dont le sens doit être ;'accord«, confirme ou concède. 
« Il faut lire quel. 



ARCHIVES DE MONTPELLIER 



II 

L'INVENTAIRE DES ARCfflVES DU CONSULAT 



Le manuscrit de cet Inventaire est de la première moitié du 
XIV* siècle. C'est un in-4° de 40 feuillets, sur vélin. L'écriture 
en est mauvaise et le plus souvent illisible. Les indications de 
chapitre, les initiales de paragraphe et d'article, les lettres de 
marque, sont en encre rouge. 

Rédigé à l'époque où Montpellier, se trouvant pour la 
première fois en butte aux vexations et aux empiétements du 
pouvoir royal, se vit obligé de sauvegarder ses intérêts et 
ses privilèges, un à un, pour ainsi dire, et pièces en main, on 
y sent la préoccupation constante de se défendre et de se 
tenir en garde. 

Tout ce qui se rattache à l'ensemble des archives muni- 
cipales devant trouver place dans une notice historique spé- 
ciale, je ne parlerai ici que de ce qui concerne l'origine et le 
classement suivi par notre manuscrit. 

Il se donne à lui-même le titre d'Inventaire : Ayssoes VEven- 
tari dels prevekgis et de las cartas de las franquezas de la vila 
de Monpeslier (art. I) ; Ceci est l'inventaire des privilèges et des 
chartes de franchises de la ville de Montpellier. 

C'est, en effet, ainsi que nous le verrons tout à l'heure, un 
Inventaire qui a un certain esprit de méthode et d'analyse. 

Mais cet Inventaire, ainsi qu'il est facile de le conclure de 
plusieurs de ses références, n'est guère que le résultat de la 
recension et de la nouvelle rédaction de deux Inventaires 
intérieurs, désignés ainsi qu'il suit : 

1° VEventari del libre, 

Et 2** tEventari del libre nou, 



10 DIALECTES ^CÎBNS . 

L'Eventari del libre, rinventaire» du livre, c'est tout simple- 
ment rindex du Petit Thalamus, qui était, en effet, pour nos 
aïeux, le livre par excellence, le livre des franchises et des 
libertés municipales. 

— Item diversas autras letras del rey dt Aragon designadas en 
l'Eventari del libre, lasquals son ses pro/îeg (a. 111) ; Plusieurs 
autres lettres du roi d'Aragon, désignées plus particulière- 
ment dans rinventaire du livre, lettres qui sont sans profit. 

— Item alcus autres esturmens designatz en VEnventari del 
libre, de pauc de valor (a. 126) ; Quelques autres instruments 
désignés dans Tlnventaire du livre, mais de peu de valeur. 

Le manuscrit dit encore que, dans la cassette portant la 
marque d'une tiare, se trouvent diverses chartes, lascals par- 
ttcularamens son designadas en VEnventari del libre (a. 127). 

De même, VEventari del libre nou, l'Inventaire du livre neuf, 
n'est autre chose que l'index du Grand Thalamus. 

L'article 197, parlant d'un certain nombre de chartes, en 
bloc, les dit : designadas en VEnventari del libre nou de las cos- 
tumas, désignées dans l'Inventaire du livre neuf des coutumes. 

C'est à cause de ce dernier que l'index du Petit Thalamus 
était quelquefois appelé Eventari del libre vielh ou Eventari 
vielh del libre, Inventaire du livre vieux ou Vieil Inventaire 
du livre. 

— Item, Alcunas autras escripturas e letras de pauc de valor, de- 
signadas en VEnventari vielh del libre (a. 202) ; De même, d'au- 
tres écrits et lettres, dont la désignation se trouve dans l'Inven- 
taire vieux du libre. 

On voit, par ces quelques indications, que le rédacteur de 
V Inventaire des Archives du Cow5w/a^ n'estimait guère les chartes 
qu'en raison du profit que l'on pouvait en tirer, de l'intérêt 
que la commune pouvait y avoir, puisqu'il néglige de signaler 
séparément celles qui n'avaient pas ce caractère d'utilité, et 
qu'il s'en réfère, pour elles, à ce qu'en disent les Inventaires 
antérieurs. 



ARCmVBS DU CONSULAT H 

Ce qui prouve encore qu'il en avait fait un récolement «é- 
rieux, c'est qu'après la dernière des indications que je viens de 
citer, il ajoute immédiatement: .... Exceptât lo privilegi papal 
de l'estudi que non fo aqui trobatz; Excepté le privilège papal 
des études de droit, qui ne fut pas retrouvé ^ 

L'art. 198 précise encore davantage l'esprit de cette nouvelle 
rédaction : 

E motos autras carias, que no son registradas, de pauc de va- 
lor; Et quantité d'autres chartes qui n'ont pas été enregistrées, 
parce qu'elles sont de peu de valeur. 

n est impossible de douter que V Inventaire des Archives du 
Consulat ait été fait d'après un certain esprit de classement, 
si l'on remarque que la disposition des documents dans les 
cassettes a été faite par sortes d'affaires. Ainsi, par exemple, 
toutes les chartes concernant les Coutumes ont été mises en- 
semble ; il en est de même de celles qui concernent les Traités 
de paix de Montpellier avec d'autres grandes communes, les 
Finances, la Censivepapak, etc. 

En général, cette intention de classement est accusée par le 
signe qui sert de marque à la cassette. Ainsi, une couronne est 
le signe du pouvoir royal ; — les armes de la ville, des privi- 
lèges et coutumes de la commune ; — une fleur de lys, des or- 
donnances des rois de France; — une palme, de l'autorité 
consulaire ; — une tiare, de la papauté ; — une main étendue, 
de la justice ; — une étoile, des sauvegardes souveraines ; — 
une rose, des impositions, etc. 

Chaque administration autonome j figure ainsi avec ses ar- 
moiries particulières : les trois pals de Majorque (a. 116) ; — 
le tourteau de gueules des consuls (a. 156, 296, 322) ;— la ville 
forte fermée de la Commune Clôture ; le tourteau de gueules pla- 
nant sur les flots du Consulat de mer (a. 19, 23, 105, 304); — 
le poisson barré de la Monnaie (a. 231). 

' La charte du Studium générale, retrouvée depuis dans nos archives 
(Arm. B, cass. lY, 6), a été publiée par M. A. Germain (H. de la Communtt 
JIl, 452). 



12 DIALECTES ANCIENS 

La chose, du reste, résulte en quelque sorte des termes du 
préambule : Ceci est l'Inventaire des privilèges et des chartes de 
franchise de la ville de Montpellier, lesquels se trouvent à l'hô- 
pital de St-Jean-de- Jérusalem, en diverses cassettes placées dans 
une grande caisse, désignées et distinguées au moyen de lettres et 
de SIGNES, ainsi que cela est ci-dessous. 

Lorsque le document inventorié intéresse diverses parties, 
il est désigné en marge, à part le signe commun à toute la 
série, par un signe particulier. C'est ainsi, entre autres, que 
tout ce qui se rapporte à la Commune Clôture est toujours 
marqué des armes de cette puissante institution, c'est-à-dire 
d'une ville forte fermée; ce qui concerne les Juifs, d'une 
rouelle, etc. 

Du reste, tous ces signes sont grossièrement faits, et il faut 
une certaine attention, presque toujours, pour deviner ce que 
r écrivain a voulu faire. 

La distinction des vieux livres d'archives en cartolari, bul^ 
lari, censoari, etc., répond à un classement du même genre, 
fait grosso modo, plutôt en vue des nécessités du service que 
des exigences rigoureuses de la critique. 

Cette intention s'accuse aussi quelquefois par Ten-tête même 
d'une série de titres. Exemple : la cassette marquée du sceau 
de Salomon, signe de sagesse administrative, et toute oonsa-» 
crée aux pièces concernant le patrimoine du Consulat, est ainsi 
désignée : A motas cartas pertenens al patrimoni del Cossolat 
(a. 130), etc.; Cette cassette contient quantité de chartes oon-. 
cernant le patrimoine du Consulat, etc. 

Il est bon de remarquer encore, comme preuve du soin qui 
fut apporté à cette inventoriation, que le notaire biffait volon- 
tiers un article déjà classé pour le porter là où il pensait que 
le classement serait plus régulier. D'où les nombreux change- 
ments de cassette qui y sont indiqués. 

Une note de l'article 91, concernant un privilège papal, 
s'exprime sur ce point en termes fort clairs : Mudat es en la 
cayssa de H, am las autras semblans; Il a été mis dans la cas- 



ARCHIVES DU CONSULAT 13 

sette marquée de la lettre H, où se trouvent tous les autres 
privilèges semblables. 

Au contraire, deux chartes qui avaient été placées par er- 
reur dans ladite cassette H en sont retirées pour être mises 
ailleurs : Tune, Fart. 98, dans la cassette de la Couronne, parce 
qu'elle concerne la souveraineté ; l'autre, Fart. 99, dans la 
cassette des Armes de la ville, parce qu'il s'agit d'un privilège 
des consuls. 

Comme pour ma précédente publication, je fais suivre le 
texte de ce manuscrit d'un glossaire et d'un index topogra- 
phique ; j'y joins une récapitulation des cassettes et de leurs 
signes distinctifs. 

Achille MoNTEL. 



u 



DIALECTES ANCIENS 



INDEX RECAPITULATIF 

DES CASSETTES ET DE LEURS SIGNES 



L (Art. 2 Caysseta que a 



II. — 

III. ^ 

IV. — 

V. — 

VI. — 

VII. -. 

VIII. - 



XII. 
XIII. 

XIV. 



13 Caysa de 

V. aussi art. 12. 

25 De la série 25-62. Probablement C 
63 Caysa senhada de letra de. ... . 

Ô4 id. de 

85 id, de 

Voir aussi C, de G (a. 57 et 12). 

98 C. letra de 



110 C. senhada de letra de 



IX. — 116 C. que a senhal de Malhorgas,, . 



X. — 120 C que a senhal de ma, 



XL — 127 C, petita que a senhal de tiara. . 



128 C. que es senhada de letra de, .. 

130 C, senhada del senhal de Sa- 
lomo 

156 C, maior que a senhal dels cos- 
sols 



XV. — 194 C que es senhada de flor de lili. . 

XVI. — 199 C que es senhada de letra de 

XVII, -203 id, de 



A 
B 

D 
E 
G 

H 
P 



I 





R 




Q 






T 



ARCHIVES DU CONSULAT 



15 



XVIII. (Art. 210 C que es senhada de leira <fe.... 



XIX. - 216 



id. 



CvV * • • • 



XX. — 229 C. senhada d'aytal senhaL 



XXI. — 231 



XXII. - 257 



C. que a I escut ab I peys barrai. 
V. aussi C. de peys (a. 343 et 280). 

C. que a senhal de corona. 

V. aussi C. de la corona (a. 341 et 98), 



XXIII. 

XXIV. 
XXV. 



268 C. que es senhada d'esté la,,. 

V. aussi a. 252. 

295 C. en que a. A» 

296 Répétition de la cassette. XIV. 



XXVL — 297 C. en que es lo senhal de palma. . • 



XXVII. 

XXVIIL 

XXIX. 



XXX. — 334 C. que a aytal senhal. 



XXXI. — 337 



id. 



XXXII. — 342 C. en que a senhal d'auceL 



XXXIII. — 348 C. que a senhal de cap de buou. . 

XXXIV. — 369 C que a I senhada d'aquest sen^ 

hal , . 







321 C. en que es lo senhal de la rosa. 

322 Autre répétition de la cassette XIV. 

330 C. pauca senhada d'aytal senhaL • I 




t 






16 DIALECTES ANCIENS 

1) (F* 1, r') AYSSO es rEvENTARi dels prevelegis e de las 
cartas de las franquezas de la vila de Monpeslier, lasquals 
estan en la gran cayssa a Sant Johan, en diversas caychetas 
estans dins aquela gran caycha, per letras e senhals figuradas 
e designadas, ajchi quant se sec desotz. 



2) En la caysseta que a A 

3) Es la confermacion del previlegi de la protexion de 
Lodoyc, rey de Franssa, fag ad Ayguas Mortas ; senhat am 
letra de a 

4) Item, Un vidimus, am buUa de plom pend en, de la dicha 
confermacio ; am letra de b 

5) Item, I previlegi del emperador de Contastinople, am 
bulla d'aur, de franquezas autreyadas a Monpeslier, e que aion 
cossol lay ; am letra de 

On lit eu marge, mais d'une écriture postérieure : 
En la cayssa a, caysso IIII. 

6) Item. La coffermacion del dig previlegi fâcha per son fllh, 
am buUa d'aur bullada ^ ; am letra de d 

7) Item. Letra, am sagel penden, de protexio autreyada ad 
homes de Monpeslier del compte de Proensa. I translat am 
très sagels d'aquo meteys ; am letra de e 

8) Item. Una carta publica, col senescalc de Belcayre re- 
querec los homes de Monpeslier per anar ad Avinho (F** 1, 
V®) am diversas protestacios fâchas et admessas que no fos 
prejudicia. Am letra de f 

9) Item. Un previlegi, sagelat del gran sagel, com lo rey 
d'Aragon donava previlegi ad homes de Monpeslier de non 
pagar leuda, pezatge , tolta de lur cauzas ni mercadarias per 

* Ces chartes byzantines, vues lors de l'Inventaire de 1495, et par 
Gariel, en 1665, ne figurent pas dans l'Inventaire de Louvet (1662). -« 
{V, A. Germain; Histoire du Commerce j II, 6. ) 



ARCHIVES DtJ CÔNSULAt 17 

mar ni per terra, e la confermacion fâcha après per mossen 
P. d'Aragon, ôlh sieu, bullada de son gran sagel. Am letra de g 

10) Item. Una letra, am sagel penden, de mossen Jacme, 
rej d'Aragon, que conforma los dos previlegis sobredigz. Am 
letra de g 

10 bis) Item. Un transcrig, am dos sagels pendons, del dig 
privilegi ; am letra de g 

11) Item. Doas cartas, am I sagel de plom penden, la una de 
mossen G. de Monpeslier, Tautra del rey d'Aragon e de ma 
dona Maria sa molher, tocan lo fag dels obriers. Am letra 

de h 

Ces derniers mots, à partir de tocanj ont étô biffés , et la même 
Iw^l main a continué ainsi qu'il suit : 

v!^ Contenen com lo senhor el rey comettan Tobra dels 
murs a l'albiri dels obriers e que poguesson arbitrar del rey e 
de totz autres, e que no sian tengutz de redre comte ni pu- 
nitz per enjuria ni dampnatge per els donat, a neguna per- 
sona. Am letra h 

12) Autras n'a sus aysso en la cayssa de ij« 

II 

13) En la caycha en qua ha Jj son las letras que se segon* 

14) Premieyramens très cartas quo mossen G. de Monpes- 
lier dava poder ad obriers de la comuna clauzura d'azordenar 
que deuria cascun donar per la clausura, am la cofermacio de 
mossen P. rey d'Aragon e de ma dona Maria, dona de Monpes- 
lier, sotz doas huilas de plom, am letra de a 

15) Item. Una carta, bullada de cera, del rey de Malhorgas, 
co'ls portais del luoc de Latas estionuberts nueg e jorn, per 
tal que las mercadarias puescon intrar liberalmens en lo luoc. 
— Item. I translat, am sagel penden d'aquel. Am b 

16) Item. Carta oo tôt bastays puesca descargar las merca- 
darias a Latas senes empag, e que lo peycho no sia empachatz 
a Latas que non puesca venir liberalmens a Monpeslier. Am 
letra de 




18 DIALECTES ANCIENS 

17) Item, Una carta publica, contenens qu'els senhors cos- 
sols puesco far forns en la vila de Monpeslier e non negus au- 
tres. Am letra de d 

18) Item. Un translat public de III letras del rey de Franssa 
tocan la jurisdicion de Monpeslier (F** 2, r**), especialmens de 
las borzezias. Am letra de e 

Après le mot Monpeslier^ il a été ajouté de suite, au bas de la page et 
par parenthèse, ce qui suit : 

Specialmens que li curial del rey de Franssa non meton 

bastons ni autra exaxcion en la part del bayle per apelar lo 

bayle,e que li habitant de la part del bayle que si farian borzes 

non falezon de la borzeria, sinon habia mou de cor de lay. 

19) Item. Una carta publica de la compra que feron cossols 
de mar de Tavesque» de Magalona e d'en R. de Melguer 
de la selva que es entre mar et estanh, el tenemen de 

Melguer, per far gra. Am letra de f 

20) Item. Una carta publica de mossen G. de Monpeslier que 
aquels que estan deforas de la municio de Latas, deves la 
part de Testanh, anan e retornan per aygua o per terra 
puesco estagar lurs avers. Am letra de g 

21) //ew. Una carta publica contenens revocatios dels acap- 
tes que avian donatz per bastir sobre la doga, costa lo portai 
del Peyro, en prejudici dels obriers. Am letra de h 

22) Item. Un translat de la composicio fâcha entre lo rey de 
Franssa e'I rey d'Arago, sobre las demandas que fazian la un 
contra l'autre sobre lo comptât de Tolosa e de Barsalona. Am 
letra de 1 

23) Item. Una carta que cossols de mar compreron 1 pessa 
de terra que es deforas Latas, prop lo portai Lombart de la 
peyrada de Latas. Am letra de k 

24) Item. Una carta qu'el senhor de Lunel non deu penre 
usatge ni exhactio dels homes de Monpeslier, en luoc que se 
apela la Fossa o la Rudelai Am letra de 1 



ARCHIVES DU CONSULAT 19 

III 

Il manque ici un feuillet, puisque la nouvelle série de titres que l'on 
va lire n'a pas d'en-tête et commence son classement parla lettre !.— Il ne 
reste môme qu'une partie du premier mot, McUhorgas. Il faut lire évidem- 
ment: Item. Una carta contenensœm el rey de Malhorgas.,. 

25) (P**3,r°) . . .horgasautreyet que negunpezatgierestranh 
laves pezatge aLatas. Am letra de - f 

26) Ite7n, Una carta bullada co'i rey d'Aragon autreyet que 
bayle ni luoctenen de Monpeslier non puesco far notarîs e 
Monpeslier. Am lettra de g 

27) Item. Una letra bullada del sagramen qu'els homes de 
Monpeslier fan al senhor de Monpeslier, e quel sagramen que 
avian fag no se entenda ad homenatge. — Item. Una letra del 
rey d'Aragon, bullada de plom, contenen lo dig sagramen. 
Am letra H. h 

28) Item. Una carta bullada del rey d'Arago que clersc e 
religioses pagon a las talhas comunas de Montpeslier per los 
bes que lur venon et que non puescon penre per comes per 
usatge non pagat las possessios que se tenon d'els. Am letra 
de j 

29) Item. Una carta bullada de mosen Jacme, rey d'Arago, 
de previlegis donatz als cossols et a la vila de Monpeslier, que 
Latas Castelnou sian de las franquezas de Monpeslier, e que 
el non puesca alienar Monpeslier, ni ren dels castels de ma 
dona Maria. E que cossols puescon far e declarar avistar et 
amermar franquezas , previlegis et establimens ( F® 3^ v**j, 
segon que lur sera vist, et es translat de l'original privilegi, 
sagelatzde V sagels. — Item. L'original d'aquestz privilegis sa- 
gelât de V sagels. — Item. I translat d'aquo meteys. Sen- 
hadas de letra k 

30) Item. Un translat, am sagel penden, de la fusta que passa 
per lo gra de Magalona, quai deia pagar ni quai no, e quant. 
Am letra de 1 

31) Item. Una carta bullada del rey d'Aragon de las honora 



20 DIALECTES ANGIEMS 

e maysos que donet aïs homes de Monpeslier habitans a Malhor- 
gas. Am letra de m 

32) Item. Una carta bullada del {sic) d'Aragon e de Malhor- 
gas que en la vila de Monpeslier non es costuma qu^els here- 
tiers, en far lurs eventaris, non apelo crezedors ni legataris. 
Am letra de n 

33) Item. Una carta, sagelada am sagel de cera, del rey en 
Jacme, rey d'Aragon e de Malhorgas, en laquai cofermet las 
franquezas autreyadas per son payre e per ma dona Maria. 
Am letra de O 

34) Item. Una autra letra del dig rey d'aquo meteys, Am 
letra de p 

35) Item. Una carta ab VIII sagels pendons contenons la 
ponunciatio de Tavesque de Magalona (F** 4, r**) fâcha de la 
pas que fon fâcha entre mossen P. rey d'Aragon, sobre las con- 
troversias e guerras que eron estadas entre els. Am letra 
de q 

36) Item. I carta bullada del rey d'Aragon, que nengun non 
tengua banc Costa sa porta que passe otra II palms, ni se fassa 
escalier que aia déferas carieyra otra II grazas. Am letra de r 

36 bis) Item. Un translat public de la carta del matrimoni 
de ma dona Maria e de mosen P. d'Aragon. Am letra de s 

37) Item. Una carta bullada del rey d'Aragon, cossi quita 
alcuâ mercadiers de Monpeslier, que eron estatz en Alexandria. 
Am letra de t 

38) Item. Unprivilegi bullat de mosen Jacme, rey d'Aragon, 
que negu no sia no tari de Monpeslier, si non es natz de la vila 
que aia domicili e que aia XXX ans e que no sia clergue. 
Am letra de v 

39) Item. Una carta publica contenen establimen fag per los 
XIIcossols de la vila de Monpeslier, an voluntat delpobol con- 
gregat o cloca de las campanas, que neguna persona non ause 
tener e Monpeslier ni en sos pertenemens bestiari gros ni me- 
nut, si non aquel que es al mazel (F° 4, v^) députât ; am letra 
de Z 

40) Item. II cartas publicas escrichas en una pel, contenens 



ARCHIVES DU CONSULAT 21 

• 

lo sagramen de âzeltat fag per Tuniversitat de Monpeslier a 
mosen Jacme, rej.de Malhorguas, senhor de Monpeslier, et 
alcunas protestacios que Tajenulhar non fos entendu! per 
homenatge. Am letra de y 

41) Item. I translat public delà carta en quelo rey en P. d'A- 
rago promes e juret de non intrar en la vila de Monpeslier ni 
els castels de la baronia tro que agues pagat als cossols so per 
que eron obligatz en penhora als digz cossols. Am letra de z 

42) Item. I carta publica del rej d'Arago qu'els Juzieus servo 
Testablimen fag sobre lo sagramen per els fazedor sobre 







" lor ley mosayca. Am lettra de aa 

43) Item. Un transcrig public del matrimoni de ma dona Maria, 
regina d'Aragon e dona de Monpeslier. Ab letra dobla de bb 

44) Item. Una carta publica qu'el senher de Monpeslier non 
aia questa, tolta, exhactio o prest forsat en los homes de Mon- 
peslier, contra lur voluntat. Am letra de co 

45) Item. Un transcrig public d'una reconoyssensa fâcha als 
cossols de Monpeslier per lo thesaurier del rey de Franssa de 
très milialieuras per razon d'un subsidi. Am letra dobla de dd 

46) Item. Una carta, buUada am bulla de plom, contenen lo 
testamen de mosen Sancho, de bona memoria, rey de Malhor- 
gas e senhor de Monpeslier, e que fes heretier Mossen Jacme, 
nebot sieu, filh de mossen Ferrando, et aprop aquels mossen 
Ferrando, frayre del dig mosen Jacme, e so filh mascle et 
aquels defalhens que tornes al rey d'Arago. Am letra dobla 
de ee 

47) Item. Una carta, buUada de plom, contenen los codicils 
del davant dig mossen Sancho. Am letra de ff 

48) Item. II cartas ensems bulladas, contenens las costumas 
e'is establimens aprohatz de Monpeslier per mosen P. rey d'A- 
ragon, e per ma dona Maria regina. Am letra dobla de gg 

49) Item. Una carta quo mosen Bermon de Monferrier, loc- 
tenen, revoquet alcunas paraulas prejudicials, lasquals digz a 
Nostra Dona, quant juret en cauzit per bayle. Am letra dobla 
de hh 

50} (F° 5, v°) Item. I carta de la composicio entre en Jacme, 

2 



22 DIALECTES ANCIENS 

rej d'Arago, e'I avesque de Magalona, sobre la limitacio e la 
divisio del terrador de Monpeslier. Am letra dobla de ii 

51) Item, Una carta buUada del vej d'Aragon de las honors 
e maisos que donet als homes de Monpeslier, habitans a Ma- 
Ihorgas. kk 

Cette indication a été rayée, et l'on a écrit en marge ce qui suit : 

52) Item. Una carta per que la torre e'is fossatz que eron el 
palays se derroquesson. Am letra dobla de kk 

53) Item, Una carta bullada, en laquai mosen P. rej d'Arago, 
promes de non alienar ni transportar en autre la vila de Mon- 
peslier, de Latas, ni de Castelnou, ni aquo que avia près en 
dot, am ma dona Maria, molher sieua. — Item. Mays I previ- 
legi de mossen Jacme, rej d'Aragon e de Malhorgas, en quai 
manieyra se deia far la élection de cossols de Monpeslier. Am 
letra dobla de II 

53 bis) Item. Un privilegi original, bullat de doas buUas de 
plom, contenen com se deu far la élection de cossols, e si lo 
senhor non es o son trames en la dicha élection fazedoyra que 
los cossols puesco far la élection e recebre un dels lo sagramen 
e nom et en vegada del senhor de Monpeslier. — Item. I autra 
carta, am doas bullas, contenen la convencion fâcha entre 
mosen Jacme rej d'Arago e de Malhorgas, e cossols de Mon- 
peslier, sobre la élection de cossols. Am letra dobla de mm 

54) (F** 6, r°) Item. I translat del testamen de ma dona Maria, 
regina d'Aragon e dona de Monpeslier, am letra dobla de nu 

55) Item. 1 translat d'un acort fag entr'el rej d'Aragon e'is 
cossols de Monpeslier, per l'avesque de Magalona. Am letra 
dobla de 00 

56) Item. Una carta que aquo que es de la porta d'Obilho, 
entro la majso que fo d'en B. Lambert, era de la juridictio de 
l'avesque de Magalona, e que la cridal del avesque puesca per 
aquela via liberalmens ichir, la vila usan l'ufici de crida, e 
que en las talhas de Monpeslier aquels de la part del aves- 
que sian tengutz de contribuir am los autres homes de Monpes- 
lier, e que l'avesque en sa part puesca far très forns, et I ma- 
zel de VII taulas, e quels homes de la part del avesque fasso 



1 



ARCHIVES DU CONSULAT «3 

sagramen de âzeltat al senhor de Monpeslier ajchi quant aquels 
de la sia partida, e que lo rey d'Aragon reconosca Tavesque 
tener Monpeslier. Am letra dobla de pp 

57) Item, Très bullas papals en lasquals lo papa conforma 

las costumas e franquezas donadas a la villa de Monpeslier, 

per los senhors de Monpeslier. Am letra dobla de qq 

En note, immédiatement après et à la fin de la page : mudadas son en 
la cayssa de G, sehhadiis en letra j. Nous la retrouverons, ea effet, avec 
cette nouvelle indication. 

58) Item. (F^ 6, v°) I carta de libertatz e franquezas del 
avesque de Magalona que non puesca alienar Melguer, ni Mon- 
ferran, sotz pena de M. marcz d'argen, e que negun naufrag 
en sa terra non a luoc, ni.auza hedeûcar en la terra de Melguer 
ni de Monferran, près de doas legas de Monpeslier, senes lur 
voluntat ; e que negun de possessio que tengua del avesque, 
prop de Monpeslier, no sia tengutz de plaejar foras de Mon- 
peslier en la cort del dig avesque . E cofermacio de las costu- 
mas, lasquals vol que sian servadas en sa cort, exceptât alcu- 
nas. Am letra dobla de rr 

59) Item, II cartas publicas, contenons quo en P. Ejmeric, 
senhor de la Palhada, recono jchen la Palhada esser el terrador 
de Monpeslier, se alieuret per aquels bes de la Palhada. Am 
letra dobla de ss 

60) Item, III cartas publicas contenons la sentencia de Taves- 
que de Magalona e de son comissari, donada sobre lo fag de 
la fusta passan per lo gra de Magalona. Am letra dobla de tt 

61) Item, I transcrig, am sagel penden, com mossen Jacme, 
rey d'Aragon e de Malhorgas, lauzet e confermet las cos- 
tumas lasquals mossen (F*^ 7, r°) P. payre sieu, e ma dona 
Maria, mayre sieua, avian lauzadas. Am letra dobla de w 

62) Item. I translat, am sagel penden del confermamen que 
ji^l mossen P. rey d'Arago, e ma dona Maria, sa molher, 
U^ feron dois juratz e dels VII prohomes. Am letra dobla 

de XX 



24 DIALECTES ANCIENS 

IV 

63) (F® 7, v°) Item. En la cajcha en que es senhada de 
letra de U 

Son letras del rej de Franssa e del comte de Prohensa e del 
comte de Pejtieus, lasquals valon pauc. 

V 

Item. En la caycha que es senhada de letra de £i 

64) Premiejramens I carta, buUada de la bulla del vescomte 
de Narbona e del cossolat de Monpeslier, contenons qu'el ves- 
comte de Narbona promes e juret de aiudar contra totz los 
homes del mon, exceptât lo rey de Franssa e de Castela, la 
vila de Monpeslier, am sos cavaliers et arbalestiers a 

65) Item, Carta de la pas de Genoa fâcha antiquamens b 

66) Item, III translatz de las pazes de Genoa c 

67) Item, Carta ab II sagels de la resposta que fes la poestat 
de Genoa a'n Johan de sant Miquel d 

68) Item, (F° 8, r») Una cedula de pargami, sagelada ab lo 
sagel de Jenoa, contenens testamoni d'alcunas guerentias trach 
que foron trachas e 
, 69) Item, VIII cartas sageladas contenen las pazes que fo. 

ron fâchas ab homes de Masselha f 

70) Item. II cartas boladas de las paz de Piza ab Monpeslier 

71) Item, Carta bolada de la pas d'Arle h 

72) Item. Carta bolada de las pas de Ventamilha j 

73) Item, Carta de la pas de Cremona, sagelada ab IIII 
sagels k 

74) Item. Carta de la pas dleyras et es bolada I 

75) Item. Carta de la pas de Fos et es bollada m 

76) Item. II cartas de la pas de Nissa e son sageladas n 

77) (F° 8, r°) Item. Carta de la pas d' Antibols, et es sage- 
lada o 

78) Item. II cartas sageladas de la pas de Tolon p 



ARCHIVES DU CONSULAT 25 

79) Item. Carta sagelada de lapas de SantGili, ab do8 sagels 

q 

80) Item, Carta ab dos sagels de n'Amalric de Narbona r 

81) Item, Carta sagelada de (F* 8, v*) n'Amalric de Nar- 
bona, de XXX milia S^« 8 

82) Item, III cartas de las pas de Lambert de Montelhs t 

83) Item, Autra carta de la pas d'Ieyras, ab II sagels. 

84) Item. Carta de la pagua de n'Amalric de Narbona. 

85) Item. Carta del cornu de Genoa, et es ab III sagels. 
Les trois indications précédentes ont été biffées par le scribe. 

86) Item, Carta sagelada dels prohomes de Barsalona v 

87) Item. VII carias en VII pessas de las pagas que foron 

fâchas als homes de Masselha x 

En note, mais à la margo et presque illisible : Com aysso feron que 
Monpeslier recobret VI MUia IV c. lib, 

VI 

(F** 9, r°)7fem. En la caycha que es senhada de letra de Ij 

88) Premiejramens I carta bullada del papa, contenen la 
confermacio de la protexion del papa Johan . Am letra de a 

89) Item, III cartas bulladas del papa Clemens quart et autra 
del papa Honor très contenens la protexio papal de la vila de 
Monpeslier. Am letra de b 

90) Item. I carta bullada del papa, contenens que enquere- 
dor non enquieyra e Monpeslier de eretgia. Am letra de c 

91) Item, I previlegi papal, que negun de Monpeslier no se 

gandisca per deute en glieya. d 

Cet article a été biffé, et, en marge, une note s'exprime ainsi : Mudat es 
en la cayssa de H, am las autras semhlans. 

92) Item. Motas autras bulladas papals, contenens diverses 
privilegis e protections e quitansas del fes del papa. e 

Ce qui suit, jusqu'à Ja fin de la série, est d'une écriture moins soignée, 
et a été ajouté postérieurement : 

93) Item. Letra del papa contenen que la gleya de nostra 
Dona de Taulas puesca far processions e ministrar sagra- 
mens e 

94) Item. Letra bullada del papa que los homes ni la viela de 



Z6 DIALECTES ANCIEM8 

Monpeslier, non sîan escumergatz ni entredicz, sinon per vista 
e rasonabla causa, monition preceden, ses temps f 

95) Item, Letra bullada del papa contenen que negun orde 
non prenga effans ses voluntat de sos pajros e de sostutors g 

96) Item. IIII letras papals bulladas, en lasquals mandava lo 
papa a diverses archivesques que fezesson restituir alcunas 
causas que eron estadas toutas a diversas gens (a homes de 
Monpeslier) h 

97) Item, II buUas de papa Alexandre quart et I de Gregori 
nonen en que cofermon las costumas de Monpeslier, et I autra 
del dich papa Gregori nonen en que coferma lo cossolat de la 
dicha viela. Senhadas de letra i 

VII 

(F° 9, v°) Item, En la cajcha letra de II 

98) Premieyramens I carta bullada del papa, privilegi conte- 
nons que negun home de Monpeslier no sia trag foras de Ta- 
vesquat de Magalona per letras apostolicals, ni per letras de 
legatz, per lasquals encaras no sia procezit a citatio entre par- 
tidas, empero mas que aquel sian aparelhatz de estar adreg 
devant lur ordinari. Am letras de aa 

En marge: tornat es en la caysa de corona. Par suite, l'article a été 
biffé. 

99) Item, I translat, am II sagels pendens de cera, d'una 
letra del rey d'Arago, contenens que els cossols de Monpeslier 
presens et endevenidors puescon complar {sic) castels, vilas, 
terras, rendas per lo cossolat, lasquals compras fâchas e faze- 
doyras en temps endevenidor lausava e cofermava. Am letra 
de bb 



En marge, mais sans que l'article soit biffé : mudada es en la 
cayssa de 



Q 



100 Item. Una carta original, am sagel penden, contenens 
que ma dona Maria de Monpeslier autreyet als homes de 
Monpeslier que derroquesson la torre que era delpalays, e que 
negun temps mays negun senher de Monpeslier non pogues 
far bastir aqui torre . Am letra de ce 



ARCHIVES DU CONSULAT 87 

101) Item. Una carta buUada del rey d'Aragon, quels C milia 
soutz non prejudiques a la vila en temps endevenidor, am 
letras de dd 

Après endevenidor y et en interligne : 

102) Et autra semblan de L milia S. 

103) (F° 10, r°) Item, Una carta contenens qu'elrey d'Ara* 
gon e ma dona Maria, confermero las costumas e prometero 
quels castels que ma dona Maria avia donatz en dot al rey 
d'Arago no se separavian de la senkoria de Monpeslier, done- 
ron encaras mays poder als prohomes de Monpeslier de far e 
de corregir so que lur parriavo {sic) de utilitat de la vila, 
e de emurar la vila a lur voluntatz. Am letras de ee 

104) Item, III letras papals, buUadas, contra aquels que per 

deutes s'enfuion a mayhos religiosas que non sian defendutz. 

Am letras de ff 

Après de^ mais en interligne, l'observation suivante : lasquals las II son 
de papa Alexandre quart, Vautra de papa Johan XXI L 

105) Item, II cartas pertanhens als cossols de mar gg 

106) Item, I carta, am sagel penden, contenen la pas fâcha 
entre lo rey d'Arago e la vila de Monpeslier, sobre la guerra 
que era estada entre els. Am letras hh 

107) Item, I carta fâcha sobre l'establimen novel. Am letras 
de il 

108) Item. Alcunas letras autras del rey d'Aragon, que son 
ses profieg. 

109) Item, Letra am sagel penden del rey d'Aragon que ne- 
gun de Monpeslier no sia trag foras de Monpeslier. Am letra 
de kk 

VIII 

(F° 10, v») Item, En la cayssa que es senhada de letra de Jt 

110) Premieyramens I carta buUada del rey d'Aragon que 
autreyet als homes de Monpeslier que puesco far amenar aqui 
ont si volran l'aygade la Lironda. Am letra de a 

111) Item, Diversas autras letras del rey d'Aragon designa- 
das en l'eventari del libre, lasquals son ses profieg. 

112) Item. I letra del rey d'Arago que per amenar Tayga de 



28 DIALBGTES ANGIESNS 

la Lironda al palajs poguesson far talhas los homes de Mon- 
peslier. Am letra de a 

113) Item. Diversas letras am sagels pendons et autras de 
papier de reconoyssensas fâchas per lo rey d'Aragon de C mi- 
lia soutz que li foron prestatz. 

En mauvaise écriture : 

114) Item, I carta quel rey d'Aragon adordenet que notaris 
noton lur notas en libres o en cartolaris, a plen, e si non o 
fan qu'els cossols los puescon costrenher b 

115) Item, Letra del rey d'Aragon Jacme en laquai quitet 
los cossols e la universitat de Monpeslier els singulars d'aquela 
de tôt crims ho délie cornes per lo dichs cossols contra els, bul- 
lada del grand sagel. Am letra de c 



É 



IX 

(F** 11, r®) Item. En la caycha que a senhal del {sic) 
de Màlhorgas 

116) Premieyramens II letras buHadas del rey de Màlhor- 
gas que mandava que aquels que sTenfugirian per doutes fosson 
prezes e menatz al bayle de M<Hipeslier. Am doble aa 

117) y^^m. I letra, am^iï^Cgel penden, del rey de Màlhorgas 
que remetia a totz los ufflcials que eron estatz en sos ufficis e 
Monpeslier totz crims que aguesson comes en lurs uflSicis entre 
aquel dia. Am doble bb 

118) Item, Motas autras letras del, lasquals fan pauc a pre- 
sen. 

119) Item, Letra sagelada del rey de Malhorguas quelprest 
de L milia s. fos ses prejudici. Am doble ce 

X 

Item, En la caycha que a senhal de ma 

120) Premieyramens 1 carta bullada del avesque de Maga- 
lona contenons I privilegi papal en loqual autreia lo papa que 
la glieya de Nostra Dona de Taulas puesca totas cauzas far. 




ARGHIVBS DU CONSULAT 29 

lasquals pot glieja parroquial. — Item. I autra carta buUada 
contenens la dicha endulgencia. Am letra de a 

121) Item. I carta publica contenen qu'els cossols requere- 
gon Tavesque de Magalona que lur fezes razo, coma sobejra, 
dels tortz que lur fazia lo rey d'Arago. Am letra de b 

En marge de la première, on lit cette annotation : Voriginal letra dd 
papa sus aysso autreyada es en cayssa de G, senhada de letra de G. 

122) Item. I translat de carta, contenen que de las cauzas 
que se vendon e Monpeslier, jassia aysso que las mercadarias 
sian en autre loc, devon pagar leuda a Monpeslier. Am letra 
de C 

123) Item. II cartas contenens com los cossols requeregon 
Tavesque de Magalona que dones sententia en lo plag que era 
entre els e'irey d'Aragon, senher de Monpeslier, coma sobeyra. 
Am letra de d 

124) Item. I carta de protestacios que non fos prejudici als 
homes de Monpeslier, la captio e la encarceratio que avia 
fâcha lo loctenen a Latas d'alcus homes de (F° 12, r°) Mon- 
peslier. Am letra de e 

125) Item. I carta contenens privilegis del rey d'Aragon, en 
quai guiza et en quai cas fosson questionatz los Juzieus estans 
en la partida sieua de Monpeslier. Am letra de f 

126) Item. Alcus autres esturmens designatz en Fenventari 
del libre, de pauc de valor. 



XI 



(F° 12, V®) Item. En una caycha petita que es senhada 
de senhal de tiara 

127) En aquesta caycha a diversas comissios fâchas per los 
papas passatz a diversas personas per recebre lo cens que la 
vila fa a la glieya de Roma, cascun an, e reconoyssensas e qui- 
tations fâchas per los deputatz a recebre, et I carta d'alcus 
aecretz contenens que foron fagz am lo papa o am son trames 
e'is homes de Monpeslier, quant lo papa dec venir a Monpes- 
lier per tener Consili gênerai, lascals particularamens son 




30 DIALECTES ANCIENS 

designadas en Tenventari del libre e son senhadas de senhal de 
man. 

XII 

(F* 13y r°) Item, En la caycha que es senhada de letra ^ 
de it 

128) Son diverses escrigz dechatz per messier G de Lo. 
sobre alcus greuges qu'el rey d'Arago, senhor adonc de Mon- 
peslier, fazia als homes de Monpeslier, e motas appellacios 
d'aquels greuges a Tavesque de Magalona, senhor adonc so- 
beyra de Monpeslier. 

Immédiatement après, mais en mauvaise écriture : 

129) Item, Motas allegacions fâchas per motz soccors si lo 
comun de Monpeslier pot beneficiar a concession fâcha per 
lo rej al dig comun. 

XIII 

Item, En la caycha senhada del senha {sic) de Salomo. 

130) A motas c^rtas pertenens al patremoni del cossolat, 
tant dels forns, quant dels usatges del camp de Clarmon, e de 
la Pejchonaria, e de las compras dels hostals del Cossolat, e 
de obriers, e motas autras cartas. 

131) Premieyramens, II cartas publicas pertenens a l'an- 
drona que passa detras Tostal del cossolat. Am letra de a 

132) Item. IIII pertenens al forn de la Fustaria, prop los 
Banhs vielhs, loqual es dels cossols de Monpeslier. Am letra 

de b 

133) Item, XI cartas pertenens al forn de la Blancaria, dels 
senhors cossols. Am letra de c 

134) Item. X cartas en IX pessas pertenens al forn de 
Costa Preia, dels senhors cossols. Am letra de d 

135) Item, XIIII cartas pertenens al forn de la Valfera, dels 
senhors cossols. Am letra de e 

136) Item, I carta contenens una transhactio fâcha entre 
mossen Jacme, rej de Mahorguas, senhor de Monpeslier, 
d'una part, els cossols de Monpeslier, de Tautra, sobre la 




ARCfflVBS DU CONSULAT 81 

questio que era entre els per lo ediôci del forn de la Valfera, 
e contenen quels senhors cossols puescon far autans forns 
quant volran, mays que lo rey hi aia la mitât e que paguon la 
mitât de las despessas. Am letra de f 

A partir]de sehhorSj il y avait d'abord dans le texte : 

De Monpeslier non puesco far ni sostenga far forn en la vila 
de Monpeslier, ni en sos barris. Am letra de f 

ce qui était contraire au contenu de la charte. 

(F° 14/r°) 137) Item, II cartas publicas, la una de mossen 
G. de Monpeslier e de n Elias de Castrias, e l'autra de mo- 
sen Jacme rej d'Arago, senhor de Monpeslier, per lasquals 
autreieron als senhors dels forns de Monpeslier que no farian 
ni sostenrian per negun autre far forn en la vila de Monpes- 
lier, sinon en certz cazes aqui declaratz. Am letra de g 

138) Item, I carta contenen compromes o pronunciacio fâcha 
entre los cossols e'n B. Marc, sobre la questio que es entre 
els per I forn que comensava a far bastir, e fon prejudiciat 
que no se fezes. — Item, Concessio fâcha per los autres senhors 
dels forns de Monpeslier als XII cossols, que puesco far VI 
forns e Monpeslier otra aquels que eron en la vila. Am letra 
de h 

139) Item. Una carta contenen la compra que feron los 
cossols del forn de la dogua dels policiers d'en B. Marc, e de 
sa molhier. Am letra de i 

140) Item, VII cartas en VI pessas pertenens a Tostal que 
tenon dins lo Cossolat los obriers, loqual ostal compreron cos- 
sols d'en R de Latas e d'en Felip (F** 14, v°) de Cruols. Am 
letra de k 

141) Item, VIII cartas liadas am I saquet pertenens a la 
compra que feron los cossols de Testai del cossolat d'en J. de 
Latas de son filh. Am letra de I 

142) Item. XII cartas pertenens a la compra dels usatges 
que prenon los senhors cossols foras lo portai de Latas, en 
lo loc apelat lo camp de Clarmon. Am letra de m 

143) Item, VI cartas pertenens a las galeas que foron res- 



32 DIALECTES ANCIENS 

tituidas per los cossols de Monpeslier al compte de Prohensa. 
Am letra d« n 

144) Item, II cartas pertenens a la sentencia donada per 
cossols contra en Johan Boysso. Am letra de o 

145) Item, II cartas contenons la compra fâcha per los cos- 
sols de la Carriejra Nova, on es aras la Sabataria, que era 
davant TOstals. Am letra de p 

146) Item, III cartas de sendigatz fag per los cossols quant 
tramezeron al rej d'Aragon per tractar pas entr' el e la vila 
de Monpeslier. Am letra de q 

147) Item, Una carta que cossols compreron I camp en que 
es la fon de Latas. Am letra de r 

148) Item, I carta contenons la compra de la mayon 
(F° 15, r°) on es Tespital de Nostra Dona, fâcha per los cos- 
sols. Am letra de s 

149) Item, I carta contenons la concessio de la capela de 
Tespital de Nostra Dona. Am letra de t 

150) Item. I carta contenons la pronunciatio fâcha per ju- 
ratz per mandamen dels cossols, de la paret de Tort d'en Cou- 
chas, davant Frayres Menors. Am letra de v 

151) Item, I carta de composicio fâcha entre cossols de 
Monpeslier e'is Juzieus estans a Monpeslier, contenen que to- 
tas ves que neguna potestat venga contra Monpeslier o con- 
tra Latas, o contra Castelnou , que son de la dominacio de 
Monpeslier, deion far valenssa de XX cayrels de fer. Am 
letra de x 

152) Item, I letra, am sagel penden, del rey d'Arago, que 
cossols prenguo III libr d'uzatge sobre las taulas de la Pey- 
chonaria que son del rey e que foron d'en P. de Pezenas. — 
Item, II cartas pertenens al dreg que prenon cossols en la 
Peychonaria. Am letra de y 

153) Item, I carta que las taulas de na Bochina, en la Pey- 
chonaria, no yesquo mas palm e mieg z 

154) Item, Alcunas autras cartas que no son utils, et I rotle 
(F** 15, v°) contenen las rendas qu'el rey de Malhorgas avia 
a Monpeslier, a Latas et a Castelnou. 



ARCHIVES DU CONSULAT 33 

155) Item. Alcunas cartas de IIII s. d'usatge que cos- 



sols an en I hostal de costa Sant Fermi ; e pagua los aras 
en B. Casai, et es senhada d'aytal senhal. 



XIV 



\ 



(F* 16, r°) Item. En la cajchamaior que a senhal delsj 1 
cossols. LIJ 

156) Premiejramens III cartas publicas de lasquals las doas 
contenen qu'el rej de Malhorgas, senhor de Monpeslier, azor- 
denet et establiguet qu'el loctenen sieu e Monpeslier e son 
assessor, al comensamen de lur regimen, juron de jutgar se- 
gon las costumas de Monpeslier e que nossen {sic) puesco 
empachar de la juridictio del bayle, sino en deflaut, monissio 
preceden, e quels homes de Monpeslier no sian tragz foras 
de Monpeslier, per negun cas criminal o civil, e que no sian 
tengutz de respondre en lo castel de Latas ni de Castelnou, 
o qu'els bajles de Latas e de Castelnou sian tengutz de res- 
pondre davant lo bajle de Monpeslier. — Item. L'autra con- 
tenen la remissio que fes lo rey de Malhorgas als homes de 
Monpeslier de las XX lieuras que lur demandava lo senescalc 
de Belcayre per las ostz de Nemze que eron vengudas contra 
Monpeslier. Am aaa 

Et en interligne, immédiatement après : 

157) Item. II cartas, cossi luoctenen e son assessor an jurât 
que jutgon segon las costumas de Monpeslier, d'aquel me- 
teysh senhals III a. aaa 

158) Item. I translat public contenen qu'el Rey d'Arago, 
senhor de Monpeslier, autreyet als XII prohomes elegutz ad 
acosselhar la comunitat, que puescon comprar castels, vilas, 
possessios e rendas et aquerre, e que lur lauzet aquelas que 
avian aquistas e que en temps endevenidor aquerrian. Am 
letras bbb 

159) Item. Una carta publica contenen que per Taginolha- 
men que feron los cossols de Monpeslier a mosen Jacme, rey 
de Malhorgas, coma a senhor de Monpeslier, non entendian 



34 DIALECTES ANCIENS 

far homenesc ni autrasubjectio, sinon aquela que era acostu- 
mada. Am letras ccc 

160) Item, Una carta pnblica, bullada de bnlla de plom, am 
cordo de céda, contenen la confermatio de las costumas e dels 
bos uses de Monpeslier per mosen Jacme, rej de Malhorgas, 
senher de Monpeslier, lasquals juret de tener e far tener e 
servar, obligans se e sos successors, senhors de Monpeslier, a 
prestar semblan sagramen, cant venra premieyramens senhor 
a Monpeslier. — Item. II autras cartaspublicasd'aquo meteysh 
e son totas senhadas de letras ddd 

161) Item, Una carta publica, semblan a la preceden carta 
contenen la cofermacio de las costumas per mosen Sancho, 
rey de Malhorgas, contenen semblan sagramen et obligacio. 
Am letras eee 

162) Item, I* autra carta contenen la confermacio de las 
costumas fâchas per (F*^ 17, r°) mosen Jacme, rey de Malhor- 
gas, senhor de Monpeslier, lasquals juret de tener e far tener 
e servar, obligans se e sos successors, senhor de Monpeslier, 
a prestar semblan sagramen cant venra premieyramens se- 
nhor a Monpeslier. — Item, II autras cartas publicas d'aquo 
meteys, e son totas senhadas de letras de III ddd 

163) Item . P carta publica semblan a la preceden carta, 
contenen la confermacio de las costumas per mosen Sancho, 
rey de Malhorgas, contenen semblan sagramen et obligatio. 
Am letras de eee 

164) Item . P autra letra contenen la confermacion de las cos- 
tumas, fâcha per mosen Jacme, rey de Malhorgas, senhor de 
Monpeslier, de say entras, semblan sagramen et obligacion 
contenen, et aquesta fo la dernieyra fâcha davant la aliéna- 
tion de la vila de Monpeslier en lo rey de Franssa perjlo dig 
rey de Malhorgas. Am letras de fff 

Ces trois derniers articles ont été biffés dans l'original par deux traits 
rouges. 

165) Item, I* carta publica, bullada am buUas de plom, con- 
tenen III capitols. Lo premier, que home de Monpeslier no sia 
tragz foras de Monpeslier per lo senhor de Monpeslier ni per 



ARCHIVES DU CONSULAT 35 

SOS uficials,en causa premiejra o de appellacio per negun cas. 
Lo segon, que las appellacios (F° 17, v°) que s'entrepauso de 
greuges se termenon per lo jutge de las appellacios defra très 
dies, sinon que sian tais del quais sia legut de dreg apelar. 
Lo ters, que las appellacios que partiran de la cort del Bayle 
se deion termenar per lo jutge de las appellacios dins VI mezes 
o que dins loVmes se deia concluejre en la causa per laspar- 
tidas renuntians a tota probatio e produxio de cartas e d'es- 
critz. ggg 

166) Item. I carta, buUada am buUa de plom, en cordo de 
céda, contenen Tacort fah entre lo rej en Jacme, rey d'Arago 
e de Malhorgas, senhor de Monpeslier, e'is cossols, sobre la 
gran questio que era entre els. — Item. Conten la declaratio 
de la costuma autrejada, que aquel que a hostal pauc o gran 
de la vila de Monpeslier se salve de pes o de leuda, e fon dé- 
clarât que non se alegres si non fazia domicili en Monpeslier, 
e confermacio de las costumas. — Item. Conten la concessio 
e la forma del bajle de Monpeslier, e dels autres officiais de la 
cort del bayle, cosse (sic) devon elegir cascun an III dias de- 
nan sant Johan Baptista. Sa semblan es en la caycha, senhada 
de letras hhh 

167) (F° 18, r*») Item. V carta publica, bullada de bulla de 
plom, contenen quel rey d'Arago e senhor de Monpeslier au- 
treiet a cossols que moneda se bâtes e se fabregues a Monpes- 
lier per lo senhor de Monpeslier e que agues cors e Monpeslier 
e per tota sa terra e règnes. iii 

168) Item. I carta publica, bullada am bulla de plom, am fils 
de céda, contenen la confermacio de las costumas de Monpes- 
lier per mosen Jacme, rey d'Arago, senhor de Monpeslier, et 
aquest fon lo premier rey de Malhorgas. — Am letras de kkk 

169) Item. I* carta publica contenen la ordenansa fâcha per 
mosen Jacme, rey de Malhorgas, senhor de Monpeslier, a re- 
questa de cossols que negun hom no meta vin ni razims e Mon- 
peslier, si non eron dels homes habitans en la vila e de las 
proprias pocessios dels habitans de la vila, e que dure a volun- 
tat de cossols , 111 



86 DIALECTES ANCIENS 

170) lietn. Maj II cartas conte nen cridas fâchas en la part 
de la, que hom no saj meta vin ni vendemia. 

171) Item, I carta publica, buUada de buUa de plom, en 
cordo de céda, que mossen Jacme, rey de Malhorgas, confer- 
met Tautreiamen fah per mosen Jacme (F° 18, v°) rey d'Arago, 
pajre sieu, als cossols de Monpeslier, sobre lo monedatge a 
Monpeslier e juret de non venir en contra et obliguet sos suc- 
cessors, senhors de Monpeslier, a semblan sagramen fazedor 
al comensamen de son regimen. La carta es en aquesta cajcha 
et es senhada de letra mmm 

172) Item, I* carta publica, am sagel rial penden, contenen 
l'establimen que se apela Si per crestia, promulgat per mosen 
Jacme, rey de Malhorgas, senhor de Monpeslier e conten 
motz capitols. Am letras de nnn 

173) Item. 1 carta publica contenen que la electio fâcha del 
bayle en la mayho del loctenen, loqual non podia anar a Nos- 
tra Dona del Castel per far la electio, non fos prejudici a las 
libertatz de la vila. Am letras de ooo 

174) Item. P carta contenen que mossen Jacme, rey de Mal- 
horgas, senher de Monpeslier, trames mossen Arnaut Travier 
am sas letras als cossols, per la electio de cossols fazedoyra. 
Am letras de ppp 

175) Item. P carta bullada de III buUas de plom, en cordos 
de céda, contenen una conventio fâcha entre Favesque de Ma- 
galona coma comte de Melguer, al rey d'Arago, senhor de 
Monpeslier, e cossols de la dicha vila (F° 19, r° ), sobre lo fag 
de la moneda fazedoyra a Melguer, loqual avesque promes per 
tostemps far aqui moneda e de certana ley. ^^^ 

176) Item. P letra, am sagel penden, del rey d'Aragon, con- 
tenen la remissio fâcha a'n Johan Boycho, condempnat per los 
cossols en yssil per alcunas cauzas que avia fâchas contra els. 
Am letras de rrr 

177) Item. P carta bullada de II buUas de plom, en cordos 
de céda, contenens la revocatio fâcha per mossen Jacme, rey 
de Malhorgas, senhor de Monpeslier, d'alcunas conventios 



ARCHIVES DÛ CÔNèÛLAT 37 

facMs entré els cossols ad Acde, lasquals erôn prejudiciablas 
a las fraiqùezàé de la vila. Am letras de sss 

178) Îië9a, P dîitra cart'â bullada de it Bullas, de môsseii 
Jkcme, rey de Malhorgas, contenens la dicha revocatid. Am 
letras de ttt 

179) ïtén, II transcritz publics contenens que mosenher 
Jacme, rey d'Arago et de Malhorgas, senhor de Monpeslier, 
azôrdénet que neguna leuda d'autre senhor no se levés aLatàs. 
Am lêtt*as de vVv 

180) Item, I* carta de convencios fâchas entre lo rey mosen 
Jacme e cossols sobre las càuzas contengudas en la carta fâcha 
ad Acde, sobre lo sendigat del bàylé.' Am letras ixx 

(F° 19, v°) 181) lièm\ I* letra, am sagel pendén, de mossen 
Jacme, rey de Malhorgas, senher de Monpeslier, que las X 
mïlià lieùras que la vila aviâpagadas al senescalc de Belcayre, 
për nom d'el, era esladà concessio graciosâ è senes prëjudici 
da las franquezas. Am letras yyy 

182) Item, I privilegi, am doas buUas dé plom, autreyat per 
mossen Jacme, rey de Malhorgas, en quai guiza deia hom pro- 
cezir ad enquesta contra los officiais de la cort del bayle delin- 
quens en lurs officis, ofûcian e non ofûcian, e per quais per- 
sonas. Am letras de zzz 

183) Item, I carta, bullada del gran sàgel de cera periden, 
de mossen Jacme, rey de Malhorgas, senhor de Monpeslier, 
contenen concessio perpétuai als cossols de Monpeslier que 
puesco far talhas o cornu per utilitat o nécessitât piiblica de la 
vila, de concentimen empero del pobol o de la maiora part 
d'aquel, et aquel endig per els requerre son liiocterien que lur 
done licencia de levar, e si non o vol far, val endictio fâcha 
per els. Et es en publica forma en lo Talamus aà 

184) Item, I translat public, contenen que inossen G. de Mon- 
peslier, autrejet als cossols que lo plan sieu que era prop la 
Orjaria remanga per tos temps en patus. bb 

En note, et d'nne écriture postérieure : 
Aysso es lo plan dé la Pélharia, ont èe ajusta lo pan lo jorn 
dé Càritatz. 

3 



88 diâlbgtbs anciens 

(F® 20, r^) 185) Item» I vidimus, am sagel penden, contenen 
la salvagarda del rey Lojs de Franssa, en laquai receup los cos- 
sols e'is habitadors d'aquela en salvagarda sieua especial. Am 
letra de ce 

186) Item, I transcrig public contenen que mossen G. de 
de Monpeslier autreyet als homes de Castelnou, que los plagz 
del dig loc se termenesso segon las costumas de Monpeslier, 
e quels homes de Castelnou non pagon copas, e que Castel- 
nou non se separaria negun temps de la senhoria de Monpes- 
lier. Am letras de dd 

187) Item, I bulla papal de Gregori nonen contenen que 

cofermava las costumas de Monpeslier a la villa ee 

Cet article a été biffé ; on lit en marge: mudada es en la cayssa de G. 

188) Item, I* carta, bullada de plom, contenen la conferma- 
cion fâcha de las costumas de Monpeslier per mossen P. rey 
d'Aragon e per ma dona Maria dona de Monpeslier. Am letra 
de ff 

189) Item, I carta publica, contenen la élection fâcha de 
cossols en Tan MCCC XLj quant lo rey de Franssa ténia la vila 
assavia e quar lo dia de la electio fazedoyra no y era lo senhor 
de la vila, ni trames per el, fes se la élection segon la forma 
del privilegi donat per lo rey d'Aragon, senhor de Monpeslier 
que es en la cayssa de U gg 

190) (F° 20, v°) Item, 11 cartas contènens VI esturmens en 
lascals mossen Jacme, rey de Malhorgas, cofermet las cos- 
tumas de Monpeslier, el sagramen de fizeltat ad el o protesta- 
cios que per Tajinulhamen non li entendian far homenatge e 
promet e juret de tener e de far servar, et obliguet sos suc- 
cessors a semblan sagramen fazedor quant venra premieyra- 
mens senhor a Monpeslier. Am letras de hh 

191) Item, II cartas contènens com lo bayle de Monpeslier 
citet lo bayle de Latas a comparer davant el. Am letra de ii 

192) Item, P letra, am sagel penden, contenen quitansa 
^ del laus de Masselha. A letra de kk 

Immédiatement après, mais en écriture de date postérieure : 
193) Item, I* letra, bullada del sagel del rey de Malhorgua, 



ARCmyBS DU CONSULAT 39 

contenen que lo luoctenen de Monpeslier jure, al comessa- 
men de son regimen, de jutgar segon las costumas de Mon- 
peslier. 



4^ 



XV 



(F® 21, r*) Item. En la caycha que es senhada de flor 
delili 

194) Premieyramens, III cartas publicas contenens quo lo 
senescalc de Belcayre, per mandamen del rey de Franssa, re- 
querec premieyramens mossen G. de Pau, loctenen del rey de 
Malhorgas, senher de Monpeslier, que el li remezes alcuns 
que avia delinquit en la senescalcia. — Item, Que fezes 
mètre lo nom del rey de Franssa per los notaris, en las car- 
tas que recebrian e Monpeslier, e que layches las segondas 
appellacios al rey de Franssa, e que fezes servar las orde- 
nansas del rey de Franssa sobre las monedas e Monpeslier. — 
Et el respondet que non faria ren, allegan motas razos en sa 
resposta, dizen entre las autras cauzas qu'els ufficials de Mon- 
peslier non eron sosmesses a negun, sinon al rey de Malhor- 
gas, senhor de Monpeslier. Am letra de a 

195) Item, I carta publica contenen co maistre Arnaut, 
bayle jutge e procurador del rey de Malhorgas requerec à 
Nemze lo senescalc que révoques lo mandamen de las ostz, 
que avia fâchas venir a Nemze, per venir contra Monpeslier, 
quar los uflâcials del rey de Malhorgas non li volian obezir, 
e que el avia complit lo (F** 21, v°) mandamen fag per lo se- 
nescalc e si non era contens d'aquo, el li fera donar o prestar 
paciencia, que el complis lo mandamen a Monpeslier. Am 
letra de b 

196) Item, I* carta contenen que lo rey de Franssa autreyet 
al rey de Malhorgas que las appellacios que partirian d'el e 
Monpeslier et en la baronia se venguesso en parlamen e qiie 
aia per tota sa terra portamen d' armas e conoychensa contra 
aquels que las portarian, e que lo rey de Franssa remes al rey 
de Malhorgas las despessas que demandava lo senescalc als 



40 DIâLëCTBS Al^GIBNS 

cossols per las ostz de Nemze ajustadas contra los homes de 
Monpeslier. Am letra de c 

197) Item. Motas autras cartas fazens mencio de las dichas 
ostz, tan requestas, protestacios o obligacios et appellacios desi- 
gnadas en Tenventari del libre non de las costumas. 

A la fin de la page, et en écriture moins ancienne: 

198) Ë motas autras cartas, que no son registradas, de pauc 
de valors. 

XVI 

(F° 22, P°) Item, En la cajcha que es senhada de letra /x 
de ^ 

199) Premieyramens motz processes fagz per lo plag de las 
despessas que demandava lo senescalc de Nemze, per nom 
del rej de Franssa als cossols de Monpeslier, per las ostz que 
foron ajustadas a Nemze a venir contra Monpeslier per eno- 
bediencia que avian fâcha los curials del rey de Malhorgas a 
las gens del rey de Franssa, e moc la questio per unas forças 
que avian fâchas plantar Tavesque de Magalona a la correia, 
lasquals feron derrocar las gens del rey de Malhorgas. 

200) Item. III cartas, bulladas las II e la una ses bulla, 
contenen la pas fâcha entre los homes de Monpeslier els ho- 
mes del Montelh, per laquai pas facedoyra lay fon trames en 
Johan de Floyrac. Am letras aa 

201) Item. I carta, am sagel penden, contenen quo mossen 
Barrai, senhor del Baus, promes défendre tostemps la vila de 
Monpeslier, els homes d'aquela, e gardar lurs dregz, e no 
sostener que negu de la dicha vila fos près ni sos bes non 
degudamens en sa terra. Am letras bb 

202) Item. Alcunas autras escripturas e letras de pauc de 
valor, designadas en Tenventari vielh del libre, exceptât lo 
privilegi papal de Testudi que non fon aqui trobatz. 



XVII 
(F* 22, v°) Item, En la caycha que es senhada de letra 



de 



T 



ARCHIVES DU CONSULAT 41 

208) Premiejramens motas escripturas, letras e carias fa- 
chas entre lo rej de Malhorgas els cossols de Monpeslier, 
d'una part, e las gens del rey de Franssa els Ytalias d'autra, 
sobre aysso que el rej de Malhorgas volia quels Ytalias po- 
guesson estar e mercadeiar e Monpeslier, nonobstan las con- 
vencios de Nemze. 

204) Item, Doas cartas contenens las quitansas gênerais 
fâchas per en Jacme de Cruzols als cossols de tôt aquo en 
que lo cossolat Tiera estatz obligatz. Am letra de a 

205) Item, I* carta quo cossols contradichero al quarante 
que demandavon las gens del rey de Franssa en la vila de 
Monpeslier. E son fâchas Tan MCCXCVI. Am letra de b 

206) Item, I* carta publica sentencia del bayle contenen que 
payre se puesca mètre a deffencio de son filh en la cort del 
bayle, senes dar fermansa. Am letra de C 

207) Item, P carta sagelada del rey d'Arago contenen esta- 
blimen sobre las clamors que se fan en la cort del bayle e que 
senhor de Monpeslier no puesca retener per autre neguna po- 
cessio que se tengua d'el per dreg de prelatio, sinon que la 
volgues per el propramens. Am letra de d 

208) (F<> 23^ r°) Uem, I* carta contenen requestas fâchas 
de part lo senescalc al luoctenen de Monpeslier et als autres 
ufScials del rey de Malhorgas que lur remezesson alcus honfies 
de Monpeslier que avian delenquit en la senescalquia e que 
lur remezesson lurs bes, laquai c. no volgro far quant als bes. 
Am letra de e 

"209) Item, I* carta publica contenen requesta fâcha al se- 
nescalc de Belcayre contra lo pezatgier de la Rudela, que avia 
gatjat en Roqueta, orgier, per pesatge que li demanda a la 
Rudela. Am letra de f 

XYin 

/^. En la c.,cha que es senhada de letra de U 

210) Premieyramens I translat, am. sagelpendç^n, contenens 

Tacort fag entre lo r,ey d'Arago els cossols, sobre las vosses 



42 DIALECTES ANCIENS 

qu'a senhor de Monpeslier en la electio de cossols e la forma 
co se deu far aquela. Am letra de a 

211) Item. II cartas, de lasquals la una es bollada am buUa 
de plom, contenens lo poder que son donatz per ma doua 
Maria, dona de Monpeslier, als XII obriers de la comuna 
clauzura de Monpeslier. Am letra de b 

212) Item, I^ carta contenens alcus convenons fatz entre en 
G. Gasc els cossols quant lo dig G. ténia lo castel de Latas. 
Am letra de c 

213) Item. I translat contenens las conventios dels Ytalias 
demorans a Nemze. Am letra de d 

'214) Item. II cartas, de lasquals, la una conten lo sagremen 
prestat per los obriers de la comuna clauzura de Monpeslier, 
als XII cossols. — E Tautra conten alcunas ordenansas fa- 
chas per los cossols sobre lo poder dels obriers e d'embay- 
chadors cant son tramesses per la vila, sobre lurs despessas e 
(F° 24, r°) salaris. Am letra de e 

215) Item. Alcunas autras letras, de pauc de profieg. 

XIX 

{jpo 24, v^) Item. En la caycha que es senhada de letra — 
de -X. 

216) Premieyramens XIII letras, am sagels pendons, con- 
tenens quo los cossols metran capitani en las ôejras de Cam- 
panha e de Bria, per los mercadiers de Lengadoc, e co fon 
en après plag sobre aquela institutio entre en Johan Arpi et 
en Joban de Latas, e quo los maistres de las ûeyras prezeroh 
lo dig uffîci a la man del rey. Am letras aa 

217) Item. II cartas publicas contenens requestas fâchas de 
part lo senescalc de Bel Cayre a las gens del rey de Malhorgas 
senhor de Monpeslier, que retornesso las forças que avian 
derrocadas al gra de Magalona, lasquals avia fâchas plaiitar 
Tavesque de Magalona. Am letras de bb 

218) Item. Una carta publica contenens motz comandamens 
fagz per lo senescalc de Belcayre al rector, créât premieyra- 
mens en la part de la, quant lo rey de Franssa Tac aquista 



ARCHIVES DU CONSULAT 43 

del avesque de Magalonas e motas protestacios fâchas per 
mossen Bremon de Monferrier, loctenen del rey de Malhor- 
gas e Monpeslier. E fon fâcha Tan M CC XCIII, a XIII de las 
calendas de May. Am letras de ce 

Après Magcdonay on lit à la marge : 
Quom lorectore jutgejureron defarjusticiasegon los uses 
e las costumas de Monpeslier. 

219) (F** 25, p°). Item. Una carta contenens alcunas protes- 
tacios fâchas per los cossols al senescalc de Belcayre volen 
penre sagramen de fizeutat dels homes hahitans en la part de 
la, quant Tac aquista lo rey de Franssa de Tavesque, dizens 
los ditz cossols que el non lo dévia recebre, com totz los ho- 
mes de Monpeslier aguesson acostumat prestar sagramen de 
fizeutat al rey de Malhorgas e non a d'autre senhor. Am letras 
de dd 

220) Item, Il cartas contenens requestas fâchas per mossen 
Bremon de Monferrier, loctenent del rey de Malhorgas, al 
senescalc de Belcayre sobre motz greuges que fazia al rey de 
Malhorgas. Am letras de ee 

221) Item, I transcrig, am sagel penden, contenen quitanssa 
de las messios que demandava lo rey de Franssa als homes de 
Monpeslier, per las ostz de Nemze ajustadas venir contra Mon- 
peslier. Am letras de ff 

222) Item, I* carta contenen quels cossols s'en aneron al pa- 
lays per requerre lo luoctenen que fos lendema a Nostra Dona 
de las Taulas per recebre lo sagramen acostumat a prestar 
per cossols lo dia de Nostra Dona de Mars. Am letras ^^ 

223) Item, I* carta contenen alcunas requestas fâchas per 
messier Johan de Montarnaud, per lo rey de Malhorgas e per 
nom de cossols, al senescalc de Bel Cayre sobre alcus manda- 
mens que avia fagz que homes de Monpeslier lo seguisson ab 
armas a Yiana. Am letras de hh 

En note au bas de la page : 

224) Letra del rey de Franssa que las appellacions del pa- 
lays de la baronia anon en Franssa, e que per deffaut de 
presencia lo senescalc non prossezesca contra los ourlais de 



44 DIALECTES ANCIENS 

Monpeslier, tant cant lo rej de Malhorgas e son luoctenen so 
aparelhatz de far justicia, e que lo dig rej aia portamen d' ar- 
mas e conoysse de portamen d' armas, e que lo dig rey non sia 
tengutz de plaegar davan lo senescalc (F° 25, v°). 

225) Item, Una carta contenens protestacios faQjias per en 
G. del Pos, sendic de cossols, al rector rial de Monpeslier ç[ue 
avia fag cridarenaquela part de la que tôt hom fos apparelhat 
ab armas quant hom lo demandaria. Am letras de ii 

226) Item, I* carta del sendigat del dig G del Pos. Am letras 
de • kk 

227) Item, I* carta contenen appellacio fâcha per los cossols 
del senescalc de Bel Cayre que mandava que tôt hom lo seguis 
am armas a Rems, per deffencio del règne de Franssa, e la 
respostaque fesa Tappellacio mossen G. deNogaret. Âm letras 
de ' 11 

228) Item. Pletra, sagelada de sagel penden del rey d'Arago 
sobre lo teng de grana, laquai letra es senhada dessus d'aytal 
senhal. mm 

XX 

(F° 26, P°). Item. En una caycha senhada d'ayt^il senhal. 

229) Premieyramens I transcrig buUat, contenens lo poder 
que a lo senhor de Monpeslier en la electio de cossols per las 
vozes que ac de Tavesque e la forma per que se deu far la 
electio. Am letra a 

230) Item. Alcunas cartas e letras pertenens al capitanhatge 
de Campanha, loqual capitani deu esser de Monpeslier et esti" 
tuit per los cossols. 

XXI 

(F® 26. v°). Item. En la caycha en que a I esc ut ab 
I peys barrât 

231) Premieyramens alcus transcrigs obrevetz con ponte- 
nens los pagamens fagz de V M escutz d'aur per la confermacio 
dels privilegis. Am letra de g 





23?) /j^^. Ijatra9 de\ vej de Fraussa que monediers' de 
Monpeslier no meton vin en la yila, sinon per lur provi^io, 
am sa exequtorja. Am letra G- ^e barratge autre g 

Cette lettre G, barrée autrement, déj ffcftratge, at/Ut^e, eyt en eÇTet repré- 
sentée en marge avec un trait au-dessous. 

2:^3) Item, Letra de barratge 4e V ans, am sa exe(jutoria. Am 
letra de g 

Surajouté : Comensat Van M^cC, . . 

234) Item, Il letras quel denier per liura que se pren ^4 Aj- 
gas Mbrtas si convertisca en la reparatio del port e non en au- 
tra causa. Am letra de g 

235) Item. I transcrig de Castelet com lo rey de Franssa re- 
mes al cossolat M. c. v. lieuras que restavon apagar del sub- 
sidi de VI. M, lieuras promessas al avesque de Paris. Am 
letra de h 

236) Item. I carta d'un prest de II M liuras fag a mossen G-. 
Rotlan, senescalc de Nemze, et al thezaurier de lasquals deu 
encaras lo rej mil liuras. Am letra de k 

237) Item, II letras riais et I vidimus de las cridas sotz pena 
de cors e d'aver. Am letra de I 

238) (F° 27, P**) Item. Vidimus en publica forma, am sagel de 
plom penden, que las appellacions del luoctenen anon en 
Franssa e que per deffaut de justicia non fassa ren lo senescalc 
contra lo bayle ni sa cort, aytan can sera aparelhatz de fàr 
justicia. Am letra de m 

239) Item. Motas letras sageladas que monediers non meton 
vin en Monpeslier dels locz de Vedatz, e que pagon en las ta" 
Ihas, e que TavesquQ de Magalona non meta vin foras los ter- 
mes, e carta coma fon remes lo débat al rey per declaracion. 
Am letra de n 

240) Item. Letra que lo gra de prop Melguer, prop la Quau- 
quiha, estia ubert. Am letra de O 

241) Item, Alcunas letras riais que los habitadors de la part 
antiqua cpïitribuispoiï qu las talhas. Am letra p 

242) Item, Letras riais que mazeliers no meton bestiaris en 
las possession deb I^oi^es d^ |^. vii^. Am letra dç q 




46 DIALECTES ANCIENS 

243) Item, Mays de letras d'aysso son en las cayschas de la 
corona e de la estela, Am senhals de letra h e de s. 

244) Item, Letras que mercadiers puescon intrar per los gra- 
zes am lurs mercadarias francamens e que non si levé pena dels 
mais appelans. Son en I brostia senhada d'aytal letra P 

À. la fin de la page, surajouté : 

245) Item, Vidimus de Castelet de alcunas bonas orde- 
nansas riais, fâchas Tan M CC XVIII d'aytal senhaU 

246) (F® 27, V**) Item, Letras riais de raubarias fâchas e mar 
dels homes de Monpeslier que lo senescalc puesca far la en- 
formacio e tôt justicier. E si atroba los homes que o an fag e 
lurs bes o de lur terra, defra la terra, que los puescon penre 
per satisfaction de la raubaria. Am letra de s 

247) Item, Letras riais contra aquels que fan salvatarias. Son 
en I massapa. 

248) Item, Los previlegis e'is establimens de sant Loys, e la 
reparacion del rialme fâcha per mossen Felip, rey de Franssa, 
et I vidimus del digz privilegis. Am letra de t 

Au bas de la page et en mauvaise écriture : 

249) Item, I* letra sagelada de cera vert de mossén Loys, 
rey de Franssa, bot de sant Loys, contenons motz privilegis 
donatz a Monpeslier et ordenansas sobre las reparacios dels 
justiciers del rialme. 

250) Item, I* carta que lo plan de la Herbaria es dels senhors' 
cossols, exceptât III palms que podon yssir foras aquels que 
hy an hostals. Am letra de V 

251) Item, Letras riais contra comissaris prenons e trau- 
cans monedas per camps, que non o fasson e'is revoca. Am 
letra de . . . x 

252) Item, Mays de letras sobre aysso son en la cayssa del 
senhal de Y estela, am senhal de Q . Et autra al senhal meteys 
de V estela, am letra de.... 

253) (F° 28, r°) Item, I* carta que molieg no sian portatz en 
molis si non eron pezatz als pezes dels senhors cossols. 

254) Item. Que pestres no fasson pan sinon de III d. enaval. 




ARCHIVES DU CONSULAT 47 

255) Item, Que mouniers non prenguon moutura si non am 
mesura de cojre, so es dotzena. 

256) Item. Que negus estranh non venda draps, telas, sen- 
datz. pebre, ni autras mercadarias que consistian en pes, en 
nombre e mesura, sinon es pessa entieyra ni aver de pes d*un 
cartayron de quintal enaval. Am letra de y 

XXII 

(F^ 28, r^) Item. En la caycha en que a senhal 
de corona. 

257) Premieyramens I* carta contenons la compositio fâcha 
entre lo rey de Franssa e'I avesque de Magalona de la limitacio 
e'is termenals fâcha de la senhoria de Melguer, e de la part 
antiqua de nostre senhor lo rey de Franssa. Am letra de a 

258) Item. Carta de Tazordenacio fâcha per lo senescalc 
sobre lo fag dels selcles dequal condicio e mesura deion essor. 
Am letra de b 

259) Item. I* compositio sobre lo privilegi del vin, en quai 
manieyra se deia servar per los ufficials de la part antiqua. 
Am letra de h 

260) Item, AUegacios sageladas per doctors que de las em- 
posicios de den. per libr. que cossols vende, li cossols no son 
tengutz de pagar emposicio de so que vende en nom de cos- 
sols. c 

261) Item. Autras allegacios que las entortas que si por- 
teron per los mestiers per far honor a la seboutura de la re- 
gina non devon ren aver a la gUeya, mas devon tornar c 

262) Item. Autras allegacios que la vila non fos tenguda 
d'alimentar lo rey de Malhorgas ni sos (F® 29, r") enfans. 
Am letra de d 

263) Item. Carta com lo monestier de Prolha deu per usatge 
donar a la Caritat C pas, que devon recebre los senhors cos- 
sols. e 

264) Item. I buUa de papa de absolution gênerai de pena e 
de colpa. Am letra f 




4$ DIA^BCT^ ANCIBMS 

265) Item. Privilpgis bullatz del papa CJemens l]ll e dé- 
mens V que negun habitador de Monpeslier non sia trach per 
letras papals foras Tavesquat d^ Magalona. g 

266) Item. Cartas de declaracio^ del luoctenen, delà maze- 
liers, fâchas sobre mètre lur bestiari en las possessios de Mon- 
peslier. Am letra h 

267) Item. Majs d'autras letras sobre aysso meteus en la 
caysha en que es lo senhal de Vestela, del senhal de g 

XXIII 

(po 29, r**) Item. En la cayclia que es senhada 
d'estela. 

268) Premieyramens son las letras de la salvagarda de la 
mayo de Sant-Lazer. Am II cartas. Am letra de a 

269) Item. Alcuns esturmens tocans las possessions de Sant- 
Lazer. Am letra de b 

270) Item. Letras riais contenens que nobles e clers non 
clericalmens vivons contribuiscon en las talhas per lurs pos- 
sessios e que son estadas de lurs predecessors. Am letra c 

271) Item. Letras riais que en las fieyras de Campanha non 
se levé I den. per liura d'alcun habitador de lavila. Am letra 
de d 

272) Item, I letra sobre lo fag de la Rudela. Am letra e 

273) Item. Letras de salvagardas dels cossols. Am letra 
de f 

274) Item. Diversas letras sobre la imposicio de II den. per 
liura autreyada al rey de Malhorgas. Ela revocacio d'aquelas. 
Am letra de h 

275) Item. Letras que negun habitador de la vila crestian 
no sia molestatz per doutes de Juzieus. Am letra j 

276) Item. Letra que hom pogues acordar am mazeliers. k 

277) (F» 30, P°) I^em. Letras que negun habitador de Mon- 
peslier aven possessios en la juridictio de Melguer non pagues 
res en la reparacio dels murs de Melguer 1 

278) Item. Letras riais que trabelhanas non se fasson al 
sagel. Am letra de m 



AÏiCIÎÎVES DU CÔNsijLAT 49 

279) Item. Letras riais que lo gra novel fach eh la Por- 

quieyra non sia empachat; Am letra n 

Le mot Porquieyra a été biffé et «remplacé par Cauquiïhosà, 

280) Item: Que comissaris deputatz a penre las mbnedaë, non 
auson ges penre sinon en las fis del rialme n 

Après item, on a écrit : motas letras riais. 

Autra n'a el senhal de peys, om letra de X. Et en aqtlést a 
letra G. 

281) Item, Que corratiers puescon venre publicameris vays- 
sela d'argent. — Item, Letra rial sobre lo fag de borzeses de 
Beuvays. n 

282) Item, Letras que avocatz e notaris, contribuens en las 
talhas de Monpeslier, non sian constregs a contribuir en ne- 
gun subsidi rial. Am letra de o 

Note : anno dont, m» c* Lv\.. 

283) Item, Diversas letras que hom non preste sagramen de 
gardar ordenansas riais sobre las monedas. Am letra de p 

284) Item. Diversas letras que gardas de moneda e trau- 
cadors de monedas non estian en vilas, ni traucon monedas de 
mercadiers. Am letra de q 

Cet article a été biffé: on a ajouté à la fin de la page : 

285) Item. I* letra que content II reconoyssensas per en 
Raymon Balbet, thezaurier d'Agen, la una de M C libr. et 
r autra de M. lib. Am letra q 

286) Item. I* letra que nobles, avocatz e notaris pagon en 
{affias. y 

287) Item. Que comessaris deputatz sobre deutes de usu- 
riers, non sian admesses. Am z 

E son aquestas III letras en massapan de Q, 

288) (F° 30, V**) Item. D'autras letras sus en la letra de q 
Et el senhal de peys, a la letra X. 

289) Item. Alcunas letras autreyadas per lo cardenal d'Em- 
brezu, sobre lo fag delà estatutz fagz per la universitat dels 
juristas, en brostia. Am letra r 

290) Item. Letras que mazeliers non meton bestiari en las 
possessios dels homes de Monpeslier. E remissio de XV s. per 



50 DlALECÏES ANCIENS 

fuoc, en brostia, am letra s. ^Item. Letras riais que confermon 
la remissio del fogatge. — Item. Letra de senescalc sobre la 
taxatio dels lauradors, en la dicha brostia. Am letra de s 

391) Item. Diversas letras riais que las franquezas e'is privi- 
legis sian gardatz. Am letra de t 

292) Item. Yidimus de letras riais sobre lo mudamen de las 
monedas, et autras ordenansas riais fâchas sobre los loguiers 
dels estais, en brostia. — Item. Letras sobre las ordenansas 
riais, en la dicha brostia. Am letra de v 

293) Item. I letra que comissaris sobre, ûnanssas, et usuras 
subcidis, no sian receuputz. Am letra de x 

294) Item. I letra que noble et avocatz e notaris riais sian 
costregz a contribuir en las talhas. Am letra de y 

Ces deux derniers articles on été biffés. ~ En marge : 
Aquestas II letras son en lo massapan de Q. 

XXIV 

(F® 31, p") Item. En la caycha en que a A. 

295) Son diverses encartamens tocans lo fag dels populars. 
Am senhal de pas. 

XXV 

296 (F° 31, p°) Item. Una autra caycha en que a cartas e 
letras de diversas pas e composicios e conventios, fâchas am 
lo duc de Genoa et homes de Monpeslier. Am senhal de 
Cossols 



Q 



Cet article a été biffé. La série (ar». 322-329), avec le même signe, n'en 
est que la reproduction détaillée. 

XXVI 

(F° 31, v°) Idem. En la caycha en que es lo sen- 
hal de palma. 

297 Premieyramens III letras riais que hom non done de 
donatio ni de institutio de heretatge lauzisme. Am letra de a 
En interligne, après lauzisme : 

Ni que Tavesque non levé uzatge a Carnon, sinon ayssi cant 
es acostumat e que son jutge non leva portulas. 




ARCHIVES DU CONSULAT 51 

298) Item, IX letras riais pertenens a Yalena, e que coasols 
puescon portar armas aqui e de la salvagarda de Yalena. Am 
letra de b 

299) Item. La carta de la appositio dels penuncels que foron 
messes en Yalena. Am letra de c 

300) Item. Letra de salvagarda de cossols e del cossolat, 
autrejadas per mossenher lo comte d'Armanhac d 

301) Item. I letra de salvagarda. — Item Texequtoria d'aquela. 
— Item. I vidimus d'aquela. Am letra d 

302) Item. Y letras et I vidimus de la una d'aquelas que 
negun no meta vin en Monpeslier, foras los termes. Am letra 
de e 

303) Item. I carta de procura d'en Bernât Pueg, del luoc de 
recebre IX m. libr. degudas al rey de Malhorgas. — Item. Le- 
tras del rey de Malhorgas fâchas per las dichas IX. m. lieuras. 
Am letra de g 

304) Item. Letras que manda lo rey de Franssa al duc de 
Genoa sobre lo trafeg de navegar. Am letra de g 

305) (F° 32, p®) Item. Cartas de compras d' estais e de casais 
de la Yalfera. Am letra de h 

306) Item. I* carta quel uffici dels taverniers sia ostatz e que 
los cossols non puescon vendre las rendas del cossolat, sinon 
aytant cant dura lur administratio. Am letra de i 

307) Item. I* letra que las mercadarias que van per lo mar, 
a Narbona, de Gataluenha, non si pague leuda ni pesatge, si- 
non ayssi cant es acostumat. Am letra de k 

308) Item. I* letra de revocatio de comissaris donatz sobre 
losbes dels Juzieus e bortz. Am letra de 1 

309) Item. Letras riais, en lasquals lo rey remet transgres- 
sios de monedas. Am letras de m 

318) Item. I* letra rial que hom puesca portar traus o car- 
rassas de fustaper mar o per terra, mas que hom pague I den. 
perlieura al port d'Ayguas Mortas. n 

311) Item. I* carta de création de ufficials de la cort del 
bayle, del temps que fon presa la terra per lo rey de Franssa. 
Am letra de o 



52 DIÂLkCTBls ANCIENS 

312) Ttem, I îirôces fag per vigbr dél prlvile^i papal, dé no 
trayre homes de la vila foras Favesqûât de Màgalôha. Et es 
en una carta. Am letra de p 

313) (ï"* 32, ^**) Item. I* càHà de ôridàs facKas en la part 
rial antiqua de Monpeslier, sobre revocàtio del àlitreiâmëh fag 
a messier Karle Grîlnàut. Am letra q 

314) Item, Il cartas de seritencias donadâs contra Jacme 
Micholaù, que se dizla esser monedier, volenâ sfe esctizkr de 
pagar a las talhas. Am letra de r 

315) Item. 1* carta sobre lo fàg dëls encarceratz per doutes 
al sagel, que aquels qUe fan cessid dé lurs bes non siân déten- 
gutz en carcer. Am letra S 

Î^16) Item. I* letra de rej, quesenescalc nithezaurier ni au- 
tre non ause trametre comissaris ni otra I sirven per far exe- 
cutio de deute, mas que los ordinaris o fkssbn. Ani letra 
de t 

317) Item, I* càrtà del acordi fâgz entre lo rèy de Malhorgas 
e Genoezes. Am letra de v 

318) Item. Privilégia autreyatz per lo princep d'Antiocha en 
la ciutat de Triple, als homes de Monpeslier. x 

319) Item, 1* letra que negun comissàri no éhquieyra de usu- 
ras, si non contra los prestans moneda per moneda. Am letra 
de y 

320) Item. 1* carta de apposicion de penuncels del boâc de 

Valena. Am letra de z 

Ce dernier article, en mauvaise écriture, a été biffé. 

XXVII 

(F** 33, p°). Item. En la caycha en que es lo senhàl 
de la rosa. 

321) A diversas quitanssas e paguas fâchas per cossolsfde 
diversas imposicioô, fogatges è doutes e censés del papa. 

XXVIII 

(F** 3ë, v°). Itèm. En la càych'à que es senhada d*aytal se- 
tthal de cossols, son las cartas desotz escrichas. 




ARCHIVES DU CONSULAT 53 

322) Premiejramens P carta en que se conte una requesta 
fâcha per maistre P. Massa, en Jenoa. Am letra de a 

323) Item. I transcrig de la carta contenens la pas de Jenoa. 
Am letra de b 

324) Item, I* carta que conten I procès que se fes per homes 
de Monpeslier denan la pogstat de Jenoa. Am letra de c 

325) Item, I* carta d'acort e de finanssa fâcha entre alcun 
embajchador de Genoa al rey d'Aragon. Am letra de d 

326) Item, I* carta de pas vielha de Genoa. Am letra e 

327) Item, Autra carta de pas vielha de Genoa. Am f 

328) Item, I* carta d'appellacion fâcha al senescalc del fag 
de messier Carie de Grimant e de Ajton Doria. Am letra 
de g 

329) Item, Motas autras cartas e letras sobre diversas pas e 
tractamens de Jenoa. 



XXIX 

(F° 34., r**). Item, En la cajcha pauca senhada d'aj- 
tal senhal 



T 



330) Es un transcrig de los esturmens contenen en quai ma- 

■ 

nieyra mosen Guilhem de Monpeslier promes als senhors cos- 
sols de Monpeslier, d'estar a lur conojssensa sobre la clau- 
sura de la vila de Monpeslier, e pagar tôt aquo que fora ador- 
denat per els. Et en tal maniejra mosen P. rej d'Arago e ma 
dona Maria, sa molher, promeseron aquo meteus. 

331) Item, I* letra rial, sageladadel gran sagel rial, am cera 
vert, contenens las ordenansas fâchas per lo rey de Franssa 
que las costumas e las ordenansas de Monpeslier e de autras 
terras sian servadas e gardadas. 

332) Item, Autra letra rial, sagelada del gran sagel, am cera 
vert, contenen la confermacio semblan dels digz privilegis 
desus escrigz. 

333) Item. I* letra cossi lo rey de Franssa mes la vila de 
Monpeslier en son domayne. Am letra de d 

4 



54 DlàLSOTBS AMCIDNB 

XXX 

(F" 34, v°). Item. En la caycha que a aytal senhaU 






334) A sine letras, am la bulla de plom del papa, contenens 
la protection en que es la vila de Monpeslier. Am letra a 

En marge : Trachas ne so e son en la cayssa de 6. Mais plus tard 
cette annotation môme a été biffée. 

335) Item. III letras de las indulgencias de Nostra Dona de 
Taulas. Am letra de 

336) Item, I* letra del rey d'Arago sagelada, sobre el tenh de 
la roia, que puesca hom tenher en drap, en fll et en lana, 
en roia et en totas autras colors e del pes de la lana, senhada 
am letra. . . 

XXXI 



Item. En la caycha que ha aytal senhal 



t 



337) A una carta d'en Azemar de Peytieus, et una carta de 
pas de Jenoa, et alcunas cartas tocans al fag d'en Cogorla e de 
us Pons de Milhac. E de letras de pauc de valor. 

338) Item. II letras, am bulla de plom del papa, sobre lo 
lieg de Nostra Dona, local azordenet en Lucia d 

339) Item. I transcrig en forma publica de las II letras. 

340) Item. I letra, am bulla de papa, contenen que negun 
clerc ni per ordes ni per cros ni per seboutura non prendo ni 
demandon deniers, mas ayssi cant es acostumat d 

Ces derniers mots ont été biffés : 

341) Item. Montas d' autras cartas que fan pauc a présent d 
En marge de ces quatre derniers articles : 

Mudadas son en la cayssa de la corona. 

xxxn 

(F* 35, r*) Item. En la caycha en que a senhal 
d'aucel. 

342) A una letra gran bullada de la bulla del papa, sobre lo 
fag de Celesta Sequier a 




ARGHIV£:S DU CONSULAT 56 

343) It)em, Una latra grau, sagelada del gran sagel vert, 
com lo rey Loys de Franssa autreit gran res de privilégia a 
Monpeslier. b 

En marge : 
Son tracha dayssi e messa en la cayssa de peys. 

344) Item. III cartas fâchas sobre la transaction de Vlli s, 
transcrig contenen la dicha transactio. 

Feulas sobre a été biflfé, et Ton a mis en marge : 
Contenen lo sagramens fach per los cossols e per los curials 
de Monpeslier de tener , . . 

345) Item. I carta d'appellacio del fag de Valena e de ma 
dona Vierna. c 

346) Item. I carta de presentatio de las letras riais, sobre la 
restituticion de la mitât del subsidi de M e V lieuras, e la qui- 
tanssa de las M e V lieuras. d 

347) Item. Motas letras riais et exequtorias, com pogues 
hom mètre blat et autras cauzas victuals de la senescalquia de 
Bel Cayre e de Carcassona. E motas autras letras riais antiquas 
que contenon reconoychensas e quitansas de subsidis per la 
guerra de Flandres. E motas autras de petit valor e 

XXXIII 

(F** 35, v°) Item. En la cayssa que a senhal de L^^^ 
oap de buou ^M 

348) A diversas cartes pretocans a salvagardas que foron 
massas en Valena. Am letra de a 

349) Item. I letra contenen privilegi riais que las appellacios 
que van en Franssa se termenon dins très mezes. Am letra 
de . b 

350) Item. I vidimus de la dicha letra de salvagarda que au- 
treiet mosen Loys, rey de Franssa, En brostia c 

351) Item. I carta pertocans a las taulas prop de TErbaria d 

352) Item. Una letra que conten diversas ordenansas fâchas 
sobre los salaris dels curials e del sirvens de la cort, per mos- 
sen Jacme, derrier rey de Malhorgas e 

Cet article a été biffé. 



56 DIALBOTBS ANCIENS 

953) Item» Autras cartas pretocans al fach de Valena. f 

354) Item. Diversas cartas pretocans a las mealhas de 
Latas g 



355) Item, I carta de las partizos de Valena fâchas entre los 
senhors cossols e'I senhor de Monferrier. h 

356) Item, I* carta que Tenqueredor no enquiejra e Mon- 
peslier, si non apelava Favesque de Magalona i 

357) (F° 36, r°) Item. I* letra rial que negus non puesca 
esser gitatz de Monpeslier per negun fach civils ni criminals 
e que los cossols o puescon defifendre e far talhas per deffendre 

ho h 

A la fin du v® du f» 35 et en mauvaise écriture : 

358) Item. II letras pretocans a I pessa de bost, que fon de 
P. Guilabert de las Matelas, e que fonc venduda a R 01m de 
San Johan de Cogulhas per près de XLm libr. els senhors cos- 
sols si reconogueron per lo dich près, Tan MCCCL IL 

359) Item. Diversas autras cartas e letras de petit de va- 
lor 1 

360) Item. Majs privilegis anticz donatz per lo maistre maier 
de Rodas de Torde de Sant-Iohan als homes de Monpeslier, e 
son en una brostia. 

361) Item. P letra, sagela del sagel del rey d'Aragon, que 
Tajgua de la Lironda puesca venir a Monpeslier, m 

362) Item. I transcrih dels privilegis autreiatz per lo rey 
Loys. 

363) Item. Letras del rey de Malhorgua tocans al pesatge 
de Sant-Paul. 

364) Item. I* carta com Termita que trobet e fondet 
Tespital de Prezicadors donet a cossols lo patronat del 
dig hospital. Et es senhada dessus d'aytal senhal 

365) Item. Alcunas cartas de IV s d'usatge que cossols an 
en 1 hostals de costa sant Fermi, en lasquals a aytal 
senhal. 



D 



f 



Son mudadas en la cayssa del senhal d'ellas {sic) Salamos. 
Au bas de la page, en très-mauvaise écriture : 
366). Item, P carta del poder dels set prohomes. 




AJtCHIYBS DU CONSULAT f7 

367) Item. Transcrich de privilegis donatz per lo rey d'A- 
ragon als homes de Monpeslier que puescon anar e tornar 
et estar en tota sa terra francamens, ses pagar leuda ni pe- 
satge. o 

368) Item. Carta contenens ordenansas fâchas per los cos- 
sols e cofermadas per lo bayle e per lo jutge sobre los sa- 
laris de sirvens, de notaris et escrivans, e carceliers de ia 
cort. p 

XXXIV 

(F* 36, v°) Item. En la caycha que es senhada d'a- 
quest senhal. 

369) A une carta de requesta fâcha al senescalc de Bel 
Cayre sobre Temposicio de II den. per lieura, empetrada per lo 
rey de Malhorgas. Am letra de a 

370) Item. Autra carta de requesta fâcha al senescalc per 
aquel meteys fag. Am letra de b 

371) Item. Carta de cosselh donat per alcuns doctors sobr' 
el fag de la dicha emposicio. Am letra de c 

372) Item. Carta de sentencia donada per lo luoctenen del 
rey de Malhorgas contra los cossols que foron Tan de nostre 
senhor M CCC XXXIX. Am letra de d 

372 (bis) Item, Carta d'appellacio sobre la dicha sentencia. 
Am letra de e 

373) Item. Carta d'appellacion per aquel fag meteys. Am 
letra de f 

374) Item. Carta contenen com fon citatz lo procurador del 
rey de Malhorgas sobre lo fag de la dicha appellacion. E de- 
dins a I transcrig de carta contenens privilegis autreiatz per 
lo rey d'Aragon, sobre la création de notaris e sobre senten- 
cias. Am letra de g 

375) Item. I* carta d' appellacion fâcha sobre aquo que lo 
jutge maior volia qu'els homes de Monpeslier. (F° 37, r°) 
juresson de tener las ordenansas fâchas sobrt las monedas. 
Am letras de h 



58 mALBCTfiS ANCIfiNS 

A }a fin du voloine se trouve cetle aonotâtion du XYl'' siècle : 
376) Item. I insturment grossat per clerc et seignat per 
M' Pierre Guilhaumet, notari, en Fan mil. VC XXXIIII et lo 
XXV de febvrier. Contenent la reintégration du greffier du con- 
solat; lo trobares en rarmasi de B, al caisson B, n^ XXI. 



INDEX TOPOGRAPHIQUE. 



Androna DEL cossoLAT (L'). — Petite rue qui passait derrière le 
Consulat (a. 131). 

Banhs viBLHS (les). — Les Bains de la vieille ville (a. 132), situés 
non loin du four de la Fusterie , où est aujourd'hui la rue des 
Étuves . 

Barris (Ios). — Les Remparts et, par extension, les faubourgs 
compris entre les deux enceintes (a. 37, i36.) 

Blangaria (la). — La Blanquerie, ancienne rue (g,. 133). 

Camp de Clarmow . — Le champ de Clerraont, hors de la porte de 
Lattes (a.|142). Il faisait partie du patrimoine de la ville et était pour 
elle la source de grands revenus (a. 130). 

Capela de l'espital de Nostra-Dona. — La chapelle de l'hôpital 
Notre-Dame (a. 149). 

Carcer de la gort. — Prison de la cour du bayle (a. 315, 368). 

Carribyras. — Rues. jL'Inventaire en cite plusieurs: carrieyra 
Nova, — BlancariOf — Costa Freia, — Fu$taria, — Pelmaria, — - 
Sabalaria. Voir ces mots, 

Carrieyra nova. — La rue Neuve, voie nouvelle ouverte pour dé- 
gager les abords du vieux Consulat. Elle fut appelée plus tard Saha- 
(aria, la Savaterie (a. 145). 

GoMUNA Clauzura. — La Commune Clôture, l'enceinte fortifiée 
(a. 11, 14.211). 



ARGHIYSSS DU CONSULAT 59 

GoRREiA (la). — Sentier qui conduisait au grau de Maguelone 
(a. 199). 

GossoLAT (lo). — Le Consulat. V. Ostal del CossolaL 

Costa Freia. — Coste-Frége, ancienne rue (a. 134). Ainsi nom- 
mée de sa position au nord, 

Do(ïA(la). — La Douve (a. 2). Chaque partie avait un nom par- 
ticulier, la dogua dels Pelissiers (a. 139), ia doga cosla lo portai del 
Peyro (a. 21), etc. 

BspiTAL DE NosTRA DoNA. — L'Hôpital de Notre-Dame (a. 149). 

EsPiTAL DEL Prezigadors. — L'Hôpital des Frères prêcheurs 
(a. 364). 

Forças del gra de Maoalona. — Fourches patibulaires, placées 
au grau de Maguelone (a. 217). 

Fonde Latas. — La fontaine de Lattes, ainsi nommée de ce 
qu'elle était voisine du portail de ce nom (a. 147). 

FoRNS. — Anciens fours. — Notre ms. en cite plusieurs: forn de 
la Fustaria (a. 132), de la Blancaria (a 133), de Costa Freia (a. 134), 
de la Valfera (a. 135, 136), delà dogua dels Pelissiers (a. 138, 139). 

Les plus anciens appartenaient à divers propriétaires, dits senhors 
dels forns (a. 137, 138). Ce ne fut que très- tard que les consuls ob- 
tinrent l'autorisation d'en bâtir six autres (a. 17, 136, 138); ceux 
que je viens de citer en faisaient partie. 

La rectorie avait trois fours (a. 56) . 

FossATs (los). — Les Fossés de l'enceinte (a. 52). 

Fratrbs menors. — Couvent des Frères mineurs (a. 450) 

Fustaria. 1 — Rue des jFustiers ou (marchands de bois de char- 
pente, située entre la porte de Lattes et les vieux bains (a. 132)» 

Gra. — Grau. Lems. cite ceux de Magatona (a. 30, 60), de Mel- 
guer (a. 19, 240), de Porquieyra, gra Novd (a. 28, 279), de la Cau- 
quilhosa (a. 279). 

Herbaria. — Herberie, marché aux herbes (art. 250, 351). 

Latas. — Lattes, port de Montpellier (art. 16, 19, 20, 23). 

LiRONDA. — Petite rivière dont on voulait amener Teau à Mont- 
pellier pour le service des fontaines, projet qui n'a été réalisé qu'au 
XVIIP siècle, avec d'autres eaux (a. 110, 112* 361). 

Mazel de la Vila. — Abattoir (a. 39). 

Magalona (avesquat de). — Évêché de Maguelone (a. 98, 265, 
312). — L'évêque était suzerain de Montpellier (a. 121, 123, 128). 

Mazjsl DBii AvESQUE. — Abattoir de la part de TEvèque (a. 56}^ 

Melgubr /'comtat de). — Comté de Melgueil (a. 175). 



60 DIALECTES ANCIENS 

MoNBDA. — La Monnaie (a. 167, 171}. 

NosTRA DoNA D£ Taulas. — L'églisB Notre-Dame-des-Tables 
(a. 93, 120,222,335). 

NosTRA DoNA DEL Gastbl. — L*église Notre-Dame-du-Palais 
(a. 173). 

Obra (l*). — L*OEuvre, administration de la Commune Clôture. 
Elle avait pour lieu de réunion une petite maison attenante au Con- 
sulat (a. 140). 

Orjaria. — Ij'Orgerie, marché aux grains (a. 184). Ancienne place, 
au-devant du Palais de justice. 

Ort d'en Conghas. — Le jardin du seigneur Couchas (a. 150). 

OsTAL DEL CossoLAT. — Le Vieux Consulat (a. 145). Pour les con- 
fronts, V. Androna del Cossolat, la Carrieyra Nova, Nostra Dona. 

OsTAL DE l'Obra. — La maison de la Commune Clôture (a. 140). 

OsTAL DE COSTA Sï-Fermi. — Maison, voisine de Téglise St-Fir- 
min, appartenant au Consulat (a. 155, 365). 

Palays(Io). Le palais des Guilhems, sur le même emplacement 
où se trouve aujourd'hui le Palais de justice (a. 52, 112, 122). 

Palhada. — Métairie comprise dans le territoire de la commune 
(a. 59). 

Parts (las doas). — Les deux parts: 

1° La part del senhor (a. 55), del bayle (a. 18), de say (a. 170), 
autrement dite Montpellier; 

2® La part del avesque (a. 55), del rey de Franssa (a. 18), de te ftor- 
zeria (id.), de la (a. 170, 218, 219), part antiqua (a. 257, 259, 241): 
Montpelliéret. 

Patrimonidel Cossolat (Lo). — Le patrimoine du Consulat (a. 130). 
Il se composait de l'Hôtel de Ville (oslal del Cossolat) de la Poisson- 
nerie (Peychonaria)^ du champ de Clermont (camp de Clarmont), 
des six fours (forns), etc. 

Pelharia (la). — Ancienne place (a. 184), où est le square de 
la Mairie. 

Pesatqb pubug(Io). — Le Poids public (a- 209). 

Pesatsb de Sant Paul(Io). — Le Pesage de St-Paul, sur la 
route de Lodéve (a . 363) . 

Peyghonaria (la). — La Poissonnerie (a. 130, 152, 153). 

PfiYRADA (la) DE Latas. — La chausséc de Lattes (a. 23). 

Peyro (lo). — Promenade publique, champ de foire (a. 21). 

Plans (los). — Places. L'Inventaire cite : lo plan de VHerbaria 
(a. 251, 350), de la Pelharia (a. 184), de l'Orjana (sl . 184). 



ARCHIVES DU CONSULAT 61 

PoRTALS (los). — Portails. Ceux cités sont: lo portai dd Peyro 
(a. 21), de Lotos (a. 142), d'Obiîho (a. 58). 

Prezigadors. — Couvent des Frères prêcheurs (a. 364). 

Prolha (Monestier de). — Monastère de femmes (a. 263). 

Sabataria (la). — La Savaterie, ancienne rue (a. 15), était située 
devant le Consulat. 

Saoel (lo). — Le sceau (a. 315). 

Sant JoHAN. — Maison des Chevaliers de St-Jean-de-Jérusalem, 
au quartier dit encore Petit-St-Jean (a. 1, 360). 

Sant Lazer . — Hôpital des lépreux (a . 268) . 

Terrador (lo). — Le territoire de Montpellier (a. 50, 257). 

Termenal. — Limite du territoire (a. 257). 

Termes (los). — Les termes du territoire (a. 302). 

ToRREs (las). — Les Tours. Le ms. cite: la torre del Palays 
(a. 52, 100). 

\ALPERA(la). — Quartier, rue de la ville (a. 135, 136). 

Yalena (bosc de). — Bois de Valène, propriété communale (a. 
320, 353 et 345). 



GLOSSAIRE 



Ad, prép. — à. (art. 8, 27). Ce d tombait devant une voyelle ; 
de même pour la consonne finale de et, tant, quant, etc. 
Ajenulhar, v. pr. subst. — L'agenouiller (art. 40). 
Alegrar, V.— Délivrer (art. 166). — Rayn., allieurar ,aUiurar , etc. 
Arbalestier, s. m. — Arbalétrier (art. 64). 
AssAviAR, V. — Assiéger (a. 189). 
AvisTAR, V. — Revoir (a. 29). 

Aycht quant, loc. — De même que, ainsi que (a. 56). 
Aytant gant, loc. — Autant que (a. 306 et 238). 
Azordenacio, s. f. — Ordre (a. 258). 



62 DIALECTES ANCIBN8 

BasI^n, 8. m. — Empêchement (a. 18). — Wm, en français, 
mettre un bâton dans les roues . 

Batrb, V.— Battre monnaie (a. 167). 

Barratob, 6. m. — Barre, marque en lorme de barre (a. 233). 

BoRZERiA, s. f. — Bourgeoisie (a. 18). Raynouard, borxezia, 

BuLLAT, ADA. adj. — Pourvu d'une bulle (a. 38). 

Carrassa, s. f. •» Bois de navire (a. 310). Ducange : carraca, 
navis oneraria. 

Garta, s. f . — Charte (a. 1). 

Gâygheta, s. f. — Cassette (a. 1). Plus bas : cay^seta^i^, 2). 
— Le positif a aussi les deux formes : oayssa^à, l)«t caycha (&, 13). 

Cayrel de fer, loc. -* Carreau de fer, arme de trait (a. 151). 

Capitani, s. m. -^ Capitaine. Titre que portait le chef des mar- 
chands de Montpellier et de Languedoc aux foires de Champagne 
(a. 230). 

Gapitanatqb, s. m. — Office de capitaine (a. 230). 

Castelet, s. m. — Le Châfcelet de Paris (a. 245). Absol, petit 
château. 

Gargelier, s. m. — Geôlier (a. 368). Raynouard, carcerier. 

Cauquilhosa, adj. f. — Abondante en coquilles (a. 279). Nom 

d'une plage : lo gra de la Cauquilhosa Ailleurs : gra de prop 

Melguer, prop la Quauquiha (a. 240). 

Gaysson, s. m. — Caisson, petite cassette (a. 376). 

Glbrigalmbns, adv. — Gléricalement (a. 270). 

Coma, conj. — Comme (a. 121). Raynouard, corn. 

GoMEs, s. m. — Le Commisus, de Ducange (a. 28). 

Compte, s. m. — Comte (a. 7). Raynouard, coms Çii comte. 

CoMPROMEs, s. m. — Compromis (a. 138). 

Confermacion, s. f. — Confirmation (a. 3). 

Congregar, v.— Assembler, réunir (a. 39). 

CoNsiLi GENERAL, loc. — Coucilc général (a. 127). 

Conglueyre, V. — Conclure (a. 165). Dans Raynouard, conclure, 
conduire. 

CoNDEMPNAT, S. f. —Condamné (a. 176). 
CoNCENTiMEN, S. m. — Consentement (a. 183). 
CoNsisTAR, V. — Consister, (a. 256). 
CoNVENENs, s. m. — Convention (a. 212). 
CoRREiA, s. f.~ Sentier qui raccourcit le chemin (a. 199). Aujour- 
d'hui: coureia, corja. 



ARCHIVES DU CONSllIiAT 63 

Cors (penade), loc. — Contrainte par^orps (a. 237). 

GossoL DE MAR, loc — Gonsul de mer (a. 23). Magistrat munici- 
pal, élu annuellement, et qui était cliargé de tout ce qui concerne le 
commerce, la navigation , le trafic, les ports, les graus, les douanes, 
la bourse, les voies fluviales et autres, etc. 

Griminal, adj. — Griœinel (a. 156). 

GuRiAL, s. m. — Officier de la Cour (a. 344). 

Deglarar, v. — Déclarer (a. 29). 

Deputar, v. — Envoyer (a. 39). 

Defpra, conj. — Dans, en (a* 165). 

Degudamens, s. m. — Dûment (a. 201). 

Delenquir, V. — Faillir (a. 208). 

Delic, s. m. — Délit (a. 115). 

Delinquens, s. m. — Délinquant (a. 182). 

Drvisio, s. f. ^ — Division (a. 50). 

Entorta, s. f. — Torche (a. 261). Dans le Petit Thalamus, tarta, 

Enventari, s. m. —Inventaire (a. 202). Et auss, eventariÇa,. 111). 
Dans Raynouard, inventari, 

El, loc. — Lo senhor el Rey (a. llj. Hispanisme, tout comme 
Texpression : lo mar(307) et per défendre ho (357) 

En, conj. —^ Avec un nom de ville, que er4m estatz en Alewandria 
(a. 37). Ailleurs, pcr anar ad Avinho(aL. 8). 

Endig, s. m. — Indice (a. 183). 

Enpuqir, v. -«- S'enfuir (a. 116). 

Endictio, s.f —Indiction, indication (a. 183). 

Enobediengia, s. f. ^^ Inobédience, désobéissance (a, 199). 

Enaval, adv. — Eaviron(a. 254). 

EsTiTUiR, V. — Instituer (a. 230). 

EsGUT, s. m. — Ecu armoriai, écusson (at 230). 

ExEQUTio, s. f. — Exécution (a. 316.). 

Exequtoria, s.f. — Exécutoire (a. 232). 

Fazedob, adj. m. — A faire <a. 42). 

Fes, s. m. — Fait (a. 92 ). La forme, faguet, du verbe far, est 
aussi/î?5(a. 67). 

Fi, s. f. — Titre de fin (a. 280) . 

FizELTAT, s. f.— Fidélité (a. 40), quelquefois fizeutal (a. 219). 

FossA, s. f. — Fosse, grand canal creusé de main d'homme 
(a. 24). 

Franssa, loc. — On n'entendait guère par ce nom que Tlle-de- 
France (a. 224). 



64 DIALECTES ANCIENS 

FusTA, S. f. —Bois de charpente (a. 30). 

FusTARU, s. f. — Rue, métier des marchands de bois (a. 132). 

Garda de moneda, loc. — Garde des monnaies (a. 234). 

Gra, s. f.— Grau (a. 19, 30, 60, 240, 244, 279) . Ducange, gradus. 
Au pluriel, grazes. 

Gragios, adj. — De pure courtoisie (a . 181). 

Habitan, s. m. — Habitant (a. 18). 

Hbrbaria, s. f. — Herberie, marché aux herbes (a. 351). 

Ighir, V. —Sortir (a. 56). Dans Raynouard, issir, 

Jassia aysso, loc. — Quoique (a. 122). 

JuRiSTA, s. m.—- Juriste, savant en droit (a. 289). 

JuTGE MAJOR, loc . — Le juge mage, le principal juge (a. 375). 

Laus, s. m. — Sorte de navire (a. 192). 

Lauzar, V. — Approuver (a. 61). 

Lauzismb, s. m. — Lot (a. 297). Dans Raynouard, lauzimi. 

Legatari, s. m. — Légataire (a. 32). 

Ley, s. m. — Aloi, titre de la monnaie (a. 175). 

LoGuiER, s. m. — Loyer (a. 292). 

Massapan, s. m. — Massepain, boîte (a. 293). 

Maistre maibr, loc. — Grand maître (a. 360). 

Mar (lo), loc. — La mer (a. 307). Hispanisme. Aujourd'hui on 
ne dit plus que la mar. 

Mays que, loc. — Pourvu que (a. 136). 

Mealha, s.f. — Imposition d'une maille (a. 354). Raynouard, 
malha. 

Mossen, s. m. — Monseigneur (a. 11 et 9). V. mosen (a. 29). 

MoLiEG, s. m. — Ce qu'il faut moudre (a. 253). 

Monedatge, s. m. — Monnayage (a. 171). 

MoNTELH, s. m. — Monticule (a. 200). 

MosAYGA, adj . — Mosaïque (a. 42). 

MoTA, adv. — Beaucoup (a. 374), 

MuNiGio, s.f. — Lieu fortifié, muni (a. 20). Ducange, municio. 

Nauprag, s. m. — Droit d'épaves (a. 58). 

Natz, s. m. — Natif, né (a. 38). 

NoNEN, adj . — Neuvième (a. 97) . Raynouard, non, 

NoNOBSTAN, adv. — Nonobstant (a. 203). 

0, PART. — A. Au? (a. 39 et 183) 

Obrier, S. m. — Titre des magistrats chargés de l'administration 
de l'œuvre, obra, de la Commune Clôture (a. 11). 



ARCHIVES DU CONSULAT 65 

Obrbvetz, adj . — Abrégés ? (a . 231 ) . 

Offigial, s. m. — Officier (a. 182). 

Offician, s. m. — Officiant (a. 182). 

Ont si, loc. — Où (a. 110). 

Original, adj. m. s. — Original (a. 29). 

Original, s. m. — Titre original, (a. 29). 

Orjaria, s. f. — Orgerie, marché aux grains (a. 184). 

Palhada, s. f. — Aire où Ton dépose la paille. La Palhada, nom 
d'un domaine de la banlieue de Montpellier (a. 59) . 

Payro, s. m. — Patron, ancêtre. On nommait également ainsi 
les parents qui devaient veiller sur un mineur (a. 95). 

Pel, s. m. — Peau, parchemin (a. 59). 

Pelharia, s. f. — Marché, rue, métier des chiffonniers (a. 184). 
Raynouard donne à pelharia le sens du mot pelissaria, 

Penungbl, s. m. — Panonceau (a. 299). 

Pesatgb, s. m. — Péage, droit de péage (a. 209). Le droit de 
pesatge se prélevait sur un certain poids ; le droit de copa, sur une 
certaine mesure ; le droit de iolta^ sur un certain nombre . 

Pesatgier, s. m. — Celui qui lève lepesalge (a. 209). 

Pbyrada. s. f- — Jetée, chaussée (a. 23). Notre manuscrit cite 
la peyrada de Latas; on peut y joindre la peyrada de Cella, la pey^ 
roda de Meza, etc . 

Pbyro (lo), loc. — Colline, servantde promenade, de foire (a. 21). 
Au Peyro de Montpellier il faut joindre ceux de Clermont-PHé- 
rault, de Toulouse, de Montauban, etc. 

PoRTAMEN. s. m. — Action déporter (a. 224). Dans Raynouard, 
portamen, habitude. Ces deux acceptions sont encore en usage. 

PoRTULA, s. m. — Droit qu'on payait en entrant dans un port 
(a. 297). Ducange, porlulanus, porlulalicum . 

PoRQUiEYRA, S. f. — Porcheric (a. 279). 

Preceden, p. prés. — Précédant (a. 94). 

Prest fors AT, loc. — Prêt forcé (a. 44) 

E^rejudicial, adj. — Préjudiciel (a. 49}. 

Prejudigiar, V. — Préjuger, juger à l'avance (a. 138). 

Prbjudiquar, V. —Porter préjudice (a. 101). Dans Raynouard, 
pr^udiciar, 

Prelatio, s. f. — Droit féodal de prélation (a. 207 j. 

Pretogan, s. f. — Touchant, concernant (a. 348). 

Pretogar, V. — Concerner (a. 348). De même tocar. 



06 DIALECTES ANCIENS 

Pbogbs, s. m. — Action judiciaire. Procès (a. 199). 
Procura, s. f. ^ — Procuration (a. 303). 
Proprament, adv. — Personnellement (a. 207). 
Quarante, s. m. — Impôt (a. 205). 

QuESTio. s. f. — Question, objet du débat, du litige (a. 136). 
QurrATiON, s. f. — Acquit (a. 127). 
QuiTANSA, s. f. — Quittance (a. 92). 
Quo. — Gomment, pour t7o, corn. (a. 49). 
Receuprb. V. — Recevoir (a. 293). 
Réintégration, s. f. — Réintégration (a. 376). 
Res, s. f. — Rangée, série de documents (a. 343). 
RiALME, s. m. — Royaume (a. 248). 
RuDELA, s. f. — Canal creusé de main d'homme (a. 24). 
Sagel, s. m. — Sceau, et aussi poinçon, coin (a, 30). 
Sagelat, pp. — Scellé fa. 9). 

Saquet, s. m. — Petit sac (a. 141). Raynouard traduit peir sachet, 
ce qui n'est pas exact dans tous les cas . 

Salvatarîa, s. f. — Exemption de droit accordée par fayeur 
(a. 247). Les exemples cités par Ducange (V. Salvalaria) appar- 
tiennent également à notre diocèse. Salvamentum, salvisiOy salva- 
iio, salvalgCf romanismes, ont aussi parfois le même sens. 

Senher, s. m. — Superlatif de senhor (a. 123). Ce dernier était 
prodigué et avait un grand nombre d'acceptions: Seigneur, en 
général ou collectivement, propriétaire, maître de la chose, etc. 
Senhada, s. f. — Signe, marque (a. 63). 
Semblans, adj. — Semblable (a. 91). 
Soutz, s. m. — Sou (a. 101). Raynouard, sol. 
Tenh, s. m. — Teinture (a. 333). 

Terhenal, s. m. — Le terrain servant de limite (a. 257). Dajis 
Raynouard, termenal, adj., qui concerne les termes, 
Testamoni, s. m. — Témoignage (a. 65). 
ToGAR, V. — Toucher, concerner (a. 363). 
Translat, s. m. — Traduction de charte (a. 66). 
Transgrig, s. m. — Seconde expédition d'une charte (a. 43). 
Trames, s. m. — Envoyé (a. 53, 127). 
TrabelhanAj s. f . — Sorte de marque monétaire (a. 278). 
Traugador, s. m. — Celui qui troue (a. 284). 
Traugadors de moneda,' s. m. — Troueurs de monnaie (a. 284), 
gens qui volaient on enlevant une petite partie du métal des mon- 
naies. 



ARCHIVES DU CONSULAT 67 

Traus, s. m. — Train de bois (a. 310). Dans Raynouard, trans, 
poutre. 

Valbnsa (far), loc. — Faire acte de défense d'une ville en lançant 
une certaine quantité de projectiles (a. 15). 

Vegada (en), loc. — En lieu et place (a. 53 bis). 

Ves, s.f. —Fois (a. 151). 

VicTUAL, adj. des deux g. — Comestible (a. 347). 

VroiMUs, s. m. — Visa apposé sur une charte (a. 4). 

ViBLA, s. f. — Ville (a. 94). 

ViQOR (per), loc. — En vertu (a. 312). 

Les variantes orthographiques sont nombreuses . Ainsi Ton trouve 
avec quatre formes : confermacion (a. 3), coffèrmacion (a. 6), cofer- 
macio (a. 14) et confermacio (a. 162); avec trois : prevelegi (a. 1), pre- 
vUegi (a. 10) et privilegi (a. 259). — Les autres sont: apposicion (a. 
320) titapposilio (a. 299), borzezia (a. 18) eiborzeriaÇid,)^ bosc (a. 320) 
et bost (a. 358), co (a. 16) et quo (id.), œm (a. 219) et quom (a. 218), 
dies (a. 165) et dias (a. 166), especialmens (18) et specialmens (id), 
facedoyra (a. 300) et fazedoyra (a. 330), gleya (a. 9) etglieya (a. 91), 
liura (a. 234) et lieura (a. 235), meteusÇs.. 330) et meteys (a. 370), 
monissio (a. 156) et monition (a. 94), mossen (a. 46) et mosen (id), . 
prejudici{aL. 21) etprejudicia (a. 8), sene5calciaetsenescalquia{SL. 208), 
senes (a. 181, et ses (a. 317). 



68 DIALBCTS8 ÀNGIBSNS 



EXPLICATION DU SURNOM DE BORRAGIO 
donné à Arnaud, comte d'AngouIême 



Parmi les anciens comtes d'Angoulême, les chroniques citent 
Arnaud, fils de Bernard. Cet Arnaud , second successeur de 
Guillaume Taillefer, fut surnommé Borracio, « Arnaldus cogno- 
mento BorraciOj pro eo quia cum veste ipse lupum diabolicum ho- 
mmes devorantem appetiit^ et manibus gestans, militibus occiden- 
dum prœbuit, » (Bibl. Nationale, ms. 10,010, f* 21, r°.) 

D'où vient ce surnom? Du vêtement que le comte portait, et 
dont il se servit pour prendre le loup, ou du nom de Tanimal 
lui-même ? 

Ducange, qui cite ce passage, n'hésite pas : il suppose que 
l'étoffe de ce vêtement était de bourre lanice, laine de rebut, 
b. lat. borra, et croit que cette particularité fut l'occasion du 
surnom donné au comte Arnaud. Selon lui, borracio fborracium, 
cii) serait donc à l'ablatif ainsi que cognomento. 

On peut faire plusieurs objections : 

1" Borracio n'est pas à l'ablatif, attendu que, dans cette ex- 
pression et dans les analogues, où le verbe n'est ni exprimé, 
ni sous-entendu, le cognominatif s'accorde toujours avec le 
nom de la personne : Puer quidam, nomine Marcellus, et non 
Marcello; Scipio cognomine Africanus, et non Africano, etc. 

2° A supposer même que cette étoffe fût celle qu'on appelait 
borra, une forme aussi courte n'aurait pas pu produire direc- 
tement borracio, ionis, qui suppose une forme antérieure plus 
longue, comme borrax, acis; Cf. vorax, voratio, 

Borra n'aurait pu produire d'abord que borrellusou borrarius, 
comme son équivalent phonétique actuel bourre a formé bour- 



StrRMOM DB BORRACIO 69 

> 

nef; nom doâné dans certameB Tilles, et notamment à AjU'- 
goulême, aux personnes charg-ées de ramasser les immoÀdi^éee 
et les balayures des i*ues; — xm encore borreits, ea, eum (cf. 
eem: <ûerem, ^^vge)^ qui, passant en français, aurait produit 
à soti t&mt baurge ou bnrye, ^'on retrouve dass bour§ermi ^ 
dans bùurgétewr, &mvwt en laine ( terme usité à Lille) ; -*~ ou 
^nân borraHvM, mot de seconde formation, d'où le français 
bourrasy v. fr. bdrraSy étoffe grossière (v. Littré, Dict, ). 

^ Pourquoi rattacher bmracioy en français Bourrmson (nom 
de famille en Angoumois et dans le Périgord ), à borra ou même 
à ^rra^m? Est-il bien vrai que le vêtement du comte fût de 
Fétofé ainsi désignée? Le narrateur n'en dit rien, et cependant 
ilsembl-e qiïll eût dû mentionner expressément ce détail, s'il 
avait cru que le surnom du comte avait cette origine. 

On conçoit très-^ bien que le comte d'Angoulême ait pu être 
surnommé Bôurrasson^ parce qu'il portait un vêtement très- 
grossier, comme était le bowrreLSy si peu en rapport avec sa 
fortune et sa haute position ; mais on ne conçoit pas qu'on ait 
attendu, pour lui donner ce surnom, qu'il eût pris un loup vi- 
vant avec un vêtement de ce genre. Evidemment ce qui frappe 
dans cette annecdote, ce n'est pas qu'Arnaud portât un vête- 
ment grossier, c'est qu'il ait eu assez de force et d'audace pour 
prendre vivant, à lui seul, un animal qui avait déjà dévoré 
d'autres hommes. 

En dé^ telles circonstances, c'est le nom du vaincu qui sert 
à former le surnom du vainqueui* : c'est ainsi qu'Apollon fut 
appelé Pythien, parce qu'il avait tué le serpent Python ; que 
les Romains donnaient à leurs triomphateurs les surnoms 
d'Africain, de Numidique ; et, pour choisir des exemples moins 
ambitieux et plus rapprochés de nous, c'est ainsi que Jules 
Gérard a été surnommé le Tueur de lions. 

C'est donc le nom du loup qui seul a pu donner naissance 
au surnom du comte d'Angoulême. 

D'un autre côté, le bas latin et le vieux français ne présen- 
tent ni nom ni surnom du loup qui, de près ou de loin, puissent 
se rapporter à borracio; et le patois actuel de l' Angoumois et 

5 



70 DIALB0TB8 ANCIENS 

de la Saintonge n'est ici d'aucun secours, car le loup s'y ap- 
pelle à peu près comme en français, le loue. 

J'en étais là de mes recherches, assez découragé, je l'avoue, 
de voir qu'elles aboutissaient à une impasse, quand le hasard 
d'une conversation vint me donner tout à coup, comme elle la 
donnera à ceux qui me liront, la clef du problème. Il s'agissait 
précisément du loup et de la manière dont il est accueilli par 
les paysans angoumois ou saintongeais, quand il attaque leur 
bétail. (( En général, me disait la personne avec qui je m'en- 
tretenais, ce sont les femmes ou les ûUes qui gardent les mou- 
tons en âlant leur quenouille? Quand par hasard le loup pa- 
raît et qu'elles l'aperçoivent, elles lui jettent tout ce qu'elles 
ont sous la main, des pierres, un bâton, leur coiffe même, la 
haute et lourde coiffe saintongeaise : elles croient l'épouvan- 
ter en laissant flotter leurs cheveux sur leurs épaules ; et, en 
même temps, elles poussent l'exclamation traditionnelle : Au 
bourrais ! ou : Au bourras ! [Bourrais est plus usité ), c'est-à- 
dire : Au loup/ )) 

Comme on le voit maintenant, l'explication se présente 
d'elle-même : le comte d'Angoulême fut surnommé Bourr assort, 
parce qu'il avait pris un bourras (un loup), seul et avec son 
manteau pour toute arme, ou peut-être même, ce qui permet- 
trait de rester d'accord avec Ducange, pour avoir pris un 
bourras (un loup) avec son bourras (manteau d'étoffe gros- 
sière) : jeu de mots trop facile à faire et trop en situation pour 
avoir échappé aux plaisants d'alors, 'i. 

Le loup portait donc aux ix® etx® siècles, dans l' Angoumois 
et en Saintonge, le même nom qu'aujourd'hui, avec cette dif- 
férence que bourrais ou bourras devait être alors le nom ha- 
bituel du loup, tandis qu'il est devenu aujourd'hui un mot pro- 
bablement sans signification pour le paysan même qui s'en 
sert, et ne s'en sert que par tradition et dans une circonstance 
déterminée. 

Encore une épave du vieux langage qu'on n'aurait peut-être 
jamais remarquée ni recueillie sans les indications de la chro- 
nique angoumoisine. En effet, aucun des glossaires de l'Ouest, 



âBNS DU MOT DiaER 71 

poitevins, saintongeais ou berrichons, ne mentionne cette 
forme et l'emploi particulier qui en est fait. 

M. Jônain {Dict, du patois saintongeais, 1869) ne donne, en 
fait de termes qui s'en rapprochent, que bourrasser^ « mal fa- 
goter quelqu'un ou quelque chose ; laisser en désordre, comme 
un tas de bourrées. » On me dit aussi que bourrasser est sy- 
nonyme de emmailloter^: Bourrasser son quenâye, c'est-à-dire 
Emmailloter son marmot. — M. Beauchet-Filleau {Essai sur le 
patois poitevin, 1864) ne donne que bourrail, « balayures, sa- 
letés. » M. L. Favre {Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de 
l'Aunis, 1868) n'indique rien de plus que les deux premiers. 
M. le comte Jaubert cite bourras, « gros nuages noirs qui tra- 
versent l'espace avec rapidité. » 

Bourras ou bourrais^ employé comme synonyme de loup, 
est-il particulier à la Saintonge et à l'Angoumois ? Je l'ignore. 
C'est à ceux qui liront cet article, et qui s'intéressent à ce 
genre de recherches, de voir si cette particularité se retrouve 
dans le parler populaire de la province qu'ils habitent. 



QUEL EST LE SENS DU MOT DIGER 

EMPLOYÉ PAR LES PRATICIENS DE l'ÉPOQUE MÉROVINGIENNE? 



Ce mot n'a pas encore été expliqué. Ducange le cite, mais 
sans trop le comprendre. 

DiGBR. Lex Salica, tit. ^\: Ut pro medietate quantum de composi- 
tione Diger est, aut quantum Lex judicat, illi très solimnt. Codex 
Regius, uti monet Bignonius, pro Diger est, habet dederU, forte, 
inquit, pro dedisset. Sed videtur legendum Digens est, pro indigens: 



72 DIALECTES ANCXBNS 

agitur eoioit eo capite, de homicida qui non habet unde Udam leii0m 
implere valeat. Quod enim et deest de muleta aut compositiono. a 
parerUibus persolvitur. 

i^r Diger vel Deger vox germanica apud Saxones restât , pro 
sufficienter, quantum satis est, usitata. Locutio itaque illa : Quantum 
pro compositione Deger est idem significat ac Quantum pro composi- 
tione sufficiens est. Ita censet Eccardus, apud quem videre potes 
varias hujus vocis in diversis Mss. iectiones. Vox IHger rursùs 
occurrit in loco non minus intricato, apud Mabill. de Re Diplom., 
lib.6, ChartaXI, in Placito videlicet Theoderici Régis, ann. 680, 
ubi sic légère est : De anno Iriginta et uno semper tenuisHnt et posse- 
dissint^ nec eis Diger nunquam fuisset, nec alius eoeinde non redibirit, 
nisi edoneo sacramento. An hic conveniat Eccardi interpretatio vi- 
deat lector oculatus. 

Voici maintenant la note d'Eckhard : 

(Quantum pro compositione deberet). Ed. Lind. et Pith. hic scri- 
bunt diger est, Ms. unum Guelferb. o s tendit ; diriger est, sed ita, 
ut média syllaba ri ab eadem manu, qua primitus scripta est, de- 
leta et solum modo diger est relictum sit. 

Alterum Ms. ponit : Quantum de compositionem degere. Puto au- 
tem et hic, et in Heroldino exemplari pro deberet legendum esse : 
deger est. Vox deger germanica est, et apud Saxones restât, pro suffi- 
cienter , quantum satis est usitala. Synonymum ejus est dosent, a 
taugeuy sax. doegen, valere, praestare, derivatum, a quo et deger des- 
cendit. 

Locutio itaque illa: Quantum pro compositione deger est, idem 
significat ac quantum pro compositione sufficiens est. 

Cette explication d'Eckhard est peu concluante. Il s'est trop 
pressé de recourir au dialecte saxon pour rendre compte d'un 
mot qu'il aurait dû d'abord supposer d'origine latine, puis- 
qu'il le rencontrait dans un texte latin. De plus, il ne s'est pas 
préoccupé de savoir si ce même mot ne se trouvait pas dans 
d'autres passages, et si le sens qu'il adoptait leur convenait 
aussi bien qu'à celui qu'il avait sous les jeux. 

Ce n'est donc pas sans raison que Ducange s'est borné à 
citer son opinion, en évitant de s'y rallier expressément. Il 
sentait bien qu'il y avait lieu à des recherches nouvelles et 
plus complètes. 



SBNS DU MOT DIGER 73 

La question ne serait pas facile à résoudTt», si tout se bor- 
nait à un aussi mince bagage d'informations, et il faudrait que 
le lectùr oculatus, invoqué à la fift de rartici^ô précédemment 
cité, eût plus que de bons yeux pour retrouver le sens de ce 
mot. Heureusement il existe des exemples analogues qui ont 
échappé à Ducange et à ses continuateurs, et qui^ rapprochés 
des premiers, peuvent mettre sur la voie. 

Nous remarquerons tout d'abord que les deux formes diger 
et degeTy appartenant à des textes extrêmement mal orthogra- 
phiés, peuvent être regardées comme corrompues et comme 
représentant, non pas un mot emprunté à un dialecte germa- 
nique, mais un mot latin, plus ou moins mal compris et écrit 
d'après la prononciation. 

En appliquant ce principe, l'influence de la prononciation 
sur Porthographe, au cas particulier qui nous occupe, on ar- 
rive à constater que, pour les scribes mérovingiens, les syl- 
labes finales inaccentuées, où figure la lettre r, étaient toutes 
identiques. 

C'est ainsi que, dans les textes écrits par eux, la terminaison 
er est parfois substituée aux finales ère, ur, ri, et même à la 
finale ria, riœ. Exemples : 

Er pour ur : Sed, dum ac causa taliter acta.... fuissit de- 
nusceter (dignoscitt/r) *. Ap. Letronne, DipL et chartœ merov., 
an. 710, p. 66. 

Er pour ri: Comispalati noster (nostn). ibid, an. 709, p. 63. 

Er p. ria, nV^.'Tam de 'Niuster ÇSeusiviB.) quam de Bur- 
gundia {ibid, an. 677, p. 27). — Rex partîbus Auster (Austriae) 
{ibid, an. 695, p. 48). 

Er p. ère : Per triduum aut fer (fere) amplius (ibid, an. 693, 
p. 44). — Er rimant avec ère : 

Nos vos laudantes pueros 
Semper juvate precibus. 



* Ce qui prouve bien que, dans denuseeteTf la finale êr est pour Mr. c'est 

qu'on lit, p. 44 du même recueil : Quod ac causa taliter acta fuissit 

denuscUur. 



-4 DIALBCTBS ANCIENS 

Vobiscum uU jugiter 
Possimus l89ti psaUere * . 

Harimanni, de natali Innocentium, ap. Migne, t. LXXXVII, 
col. 32. 

La possibilité de cette substitution est du reste suffisamment 
démontrée par les formes françaises entre, tendre, etc., où er 
anal des mots latins inter, tener, est remplacé par re. 

Diger peut donc correspondre à digur, digri, digria ou 
digrtœ, et à digère. On ne trouve d'exemple que de la der- 
nière forme. Digère, en effet, figure deux fois dans les Formules 
angevines. Mais ce mot n*est pas plus latin que diger; la seule 
forme vraiment latine qui s'en rapproche est dicere. 

La substitution réciproque de digère et de dicere est tout à 
fait conforme aux règles de la phonétique. Il n'est donc guère 
douteux qu'il faille rattacher diger à digère, et digère à dicere. 
Et ce qui rend encore plus plausible l'identification de ces 
trois formes, c'est qu'on trouve une fois dicere employé très- 
certainement pour digère {Form. angevines, XXIV), avec le 
sens particulier qui paraît s'attacher à ce mot dans les locu- 
tions spéciales et quasi-techniques dont il fait partie. 

Ce sens est, je crois, le même qu'avait le mot dire dans les 
anciennes locutions françaises avoir à dire, être à dire, locu- 
tions conservées dans les provinces de l'Ouest, et qui équiva- 

' A en juger par cette strophe seule, on pourrait croire que Tauteur ne 
cherchait pas réellement la rime ; mais, outre que l'o avait, dans les mau- 
vais textes bas'latins, un son analogue à celui de Yu, comme le prouve la 
confusion si fréquente alors de ces deux lettres, les strophes qui précè- 
dent riment toutes régulièrement. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire 
les deux premières : 

Cum natus esset Dominus, 

Turbatur rex incredulus. 

Magi tulerunt munera, 

Quos Stella duxit praevia. 

Herodes rex interrogat, 

Quô Ghristus nasoi debeat, 

Locumque dici flagitat, 

Ut hune necare valeat , etc. 



SENS DU MOT DIGBR 75 

lent au latin déesse, et au français manquer, être en moins. 
(Voy. Burguy, II, p. 147, et Littré, Dictionn., au mot Dire.) 

On se demandera, sans doute, comment (ficer^ et dire ont pu 
arriver à cette signijâcation, en apparence si éloignée de leur 
signification première. Il faut, pour comprendre cette évolu- 
tion, se rappeler que, entre autres significations, dicere avait 
celle de plaider. De Fidée de plaider à celle de réclamer, il n'y 
a qu'un pas. Or pourquoi plaide-t-on, pourquoi réclame-t-on , 
si ce n'est pour rentrer en possession d'un droit, d'un bien, 
d'un objet qui nous a été enlevé, que nous n'avons plus, qui 
nous manque, que nous trouvons à dire? 

Ceci n'est qu'une conjecture ; mais il est facile de la contrô- 
ler et de voir ce qu'elle vaut, en appliquant successivement le 
sens que j'indique aux passages où se trouvent les différentes 
formes que je suppose dérivées de dicere. 

Ces passages sont au nombre de cinq, y compris les deux 
qui ont été déjà cités. Je les reproduis in extenso, parce que 
la recherche du sens, appuyée sur l'ensemble du contexte, de- 
viendra plus sûre et plus facile. 

Premier passage, — « Ut pro medietate quantum de compositione 
diger est, aut quantum lex judicat, illi très solvant. » 

{Lex salica, tit. 61.) 

Je traduis ainsi : a Afin que les trois payent la moitié de ce 
qui manque (littéralement : de ce qui est à dire) pour la com- 
position, ou de ce que la loi exige. » 

Deuxième passage, — « [Ut jurarent] quod antedicta terra de 

annos triginta et uno semper tenuissint et possedissint, nec eis 
diger numquam fuissit, nec aliut (alius est une mauvaise lecture) 
exindenonredibirit, nisi edoneo|sacramento.» (Letronne, p. 28 et 29, 
anno 680.) 

Pour bien faire comprendre ce passage, il est nécessaire de 

4 

résumer la première partie de la charte d'où il est extrait. 

Une femme, nommée Acchildis, se plaignait qu'Amalgarius 
détenait une propriété qui devait lui revenir du chef de sa mère. 
Amalgarius répondit que cette terre avait été pendant trente 
et un ans en la possession tant de lui que de son père, « qui 



76 mM^tym^ AMciw«. 

ipse Amalgai'ius taliter dédit iD,rôspm)isis, eo quod ipsA tei^rav 
de auQOS triginta et u^o, in ter ipso Anialgario vel g^n^tçre aw 
Gaeltramno quandaia« semper teniieraut et poasi4^Papt. » Sur 
quoi on lui dit de revenir avec six téJOïoina, et de jurei? d|eyj)b|M; 
eux : « quod anteUcta, terra., ^,. inter ipso Amalgario migenetf^e 
suo^ Gaeltramnq^ de annufi triginta et u41q semper tenmssmt et pcfir 
sedissint, nfic eis diger numquam fuisait, nec aliut exinde n^ re^ 
dibirit, nisi edonio &acram€ntù, vir^ii. Que \m Amalgariiiji^s içt 9Qa 
père avaient tenu et possédé ladite tepre depuis trente et un ans, 
et cela &ans interruption ( littéralement, qu'elle ne leuv avait 
jamais été à dire)y et qu'il n'était assujetti qu'à la redeva^oe 
di^ serment. » Ici on pourrait, il est vrai, traduire diger fuissit 
par (n qu'ils n'avaient jamais eu de débats à soutenir »; mais 
il serait absolument impossible d'jajustei: l'e^pliQatioQ d'ËK^ 
khard. 

Troisième, quatrième et dnquièms passages. — ^ Repotabat quasi... 
par meum ingenium ipso jumento digère hahuisset. (F(»^ifi. angev., 
XXllI). 

» Interpellabant aliquo homine. . . . qu^si anim^li^ pei( Q^^^pl^er- 
nata heos dicere habuissii, 

» Et ipsi illi taliter locutus fuit quod..<.. per sua menata ipsa ani- 
malia digère numquam habuissii.» ( Ibid, XXIV.) 

Je traduis ces passages toujours d'après le i^ême priiiQip^ : 
(( Il pensait que.... par mon engin il avait eu sa jument à dire, 
— Ils accusaient un homme de ce que, par ses miOnées, il leur 
manquait ces animaux {littéralement de ce qu'il j avait à dire 
à eux ces animaux). — Et lui, il disait qu'il n'était pour rien 
dans la disparition de ces animaux {littéralement, qu'il n'y avait 
pas eu à dire par ses menées ces animaux).)) 

Ainsi toutes ces locutions peuvent s'expliquer sûrement en 
donnant à diger, digère, dicere, le même sens qu'à dire dans les 
locutions française déjà citées, tandis que le sens proposé par 
Eckhard n'est admissible qu'une seule fois. 

Enfin il n'est pas inutile d'observer que le latin classique 
lui-même donne des exemples d'un infinitif actif eipiployé pour 
le participe d'obligation en dus, da, dum : 



J 



SENS DU MOT DIGBR "H 

« Les poètes fie hc^^vodI anasi é»D& ce cas de Finônitif pré- 
sent actif; p. exemple: uTrùtitiam et metus tradam protei^is in 
mare Creticum porfare ventis. J'abandonnerai la tristesse et les 
craintes aux vents tumultueux, pour les emporter (à emporter) 

dans la mer de Crète.» (Hor., Ode 1, 26, 1). 

(Grainm, Aoé. du D* Madvig, trad. par M. Theil, p. 456.) 

Cette locution, être à dire, avoir à dire, synonyme de man- 
quer, être en moins, et qui, de plusi, indique une nuance de regret, 
ce qui le rapproche du latin desiderare, semble tomber en dé- 
suétude ; car, depuis Saint-Simon, qui s'en est servi dans ses 
Mémoires, on n*en trouve guère trace dans la langue écrite. 
Vraiment, ce serait dommage : une locution qui date de la pre- 
mière race ! Hâtons-nous d'ajouter, ce qui est d'un bon augure, 
qu'houe n'a pas entièrement disparu. Elle subsiste encore, tou- 
jours vivace, dans le parler des provinces de l'Ouest, où la 
classe lettrée l'emploie presque aussi souvent que les gens du 
peuple. 

Pour ma part, il me semble que si, faute du laissez -passer 
académique, j'étais obligé de ne pas m'en servir, je la trou- 
verais. ... à dire, 

A. BOUCHERIB. 



DIALECTES MODERNES 



LE DIALECTE ROUERGAT 



I 

Pour avoir le vrai patois du Rouergue, il ne faut pas le 
chercher près des frontières, mais au centre de la province. 
Le département de l'Aveyron ayant pour ceinture sept autres 
départements, la langue populaire de ces derniers se trouve 
mêlée à la nôtre, et nous avons des sons et des mots de nos 
voisins. C'est ainsi que le patois de l'Hérault et du Gard se re- 
trouve un peu dans le canton de Nant, où Ton dit uno fes pour 
un couop, une fois; la man, lou pan, p. lo mo, lou po ou lou 
pa, la main, le pain ; châsco, chuscûn, au lieu de câdo, cadûn, 
chaque, chacun. 

En parcourant toutes nos frontières, on trouverait ainsi des 
mots ou des sons communs aux populations limitrophes. Ces 
remarques faites, venons-en aux traits caractéristiques du pa- 
tois rouergat. 

Il diffère du provençal en ce qu'il a la plupart des noms sub- 
tantifs et adjectifs terminés par des consonnes sonores, et en 
ce qu'il forme le pluriel par $ ou par es : un debâs espetât, un 
bas crevé, de debâsses espetâts ; un nos croucut, un nez crochu, 
de nasses croucûts ; un gai crestobés, un coq qui a la crête dou- 
ble, de gais Crestobésses, 

n diffère, en général, des patois méridionaux: 

1° Par l'emploi fréquent de Yo au lieu de l'a et même de 
Ve final : compôno p. campâno, cloche ; copèlo p. capèlo , cha- 
pelle ; copelô p. capelâ, capelân, prêtre ; costognà p. castagnâ, 
ramasser les châtaignes; oimoriôn ^, aimariân, nous aime- 
rions; mestiô p. mestiè^ métier; peiriô p. peiriè, maçon ; bilo- 
nia p. biloniè, ordure ; 



DIALBGTB ROUER0AT 79 

Cependant, depuis quelques années, la terminaison o dans 
les finales en io, étant regardée comme grossière, fait place à 
Ye sous rinfiuence de l'instruction primaire ; 

2® Par remploi jde la diphthongue oi au lieu de ai, toutes 
les fois qu'elle perd Taccent tonique : oimâ p. aima, aimer ; 
tandis qu'on dit aime, j'aime ; moirino p. mairino, marraine ; 
tandis qu'on dit maire, mère. Cependant, au nord du départe- 
ment, en delà du Lot, on dit eimâ, meirino ; 

3^ Parla diphthongue ou au lieu de at/^ toutes les fois qu'elle 
perd l'accent tonique : oucèl p. aucèl, oiseau ; oust p. ami, en- 
tendre ; oubrôu p. aubrôu, arbrisseau ; tandis qu'on dit âouse, 
j'entends ; oubre, arbre. 

4° Par la diphthongue ouo mise p. o, surtout quand cet o 
porte l'accent tonique : houôme p. home, homme ; tandis qu'on 
dit, dans le cas du déplacement de l'accent, houmenas, gros 
homme; potiôrto]^, porto, porte;doM(^nep. dôune, dône,}e donne; 

5® Par la diphthongue oculaire ou mise p. o dans les mono- 
syllabes : mout^. mot, mot ; froun p. fron, front ;poun p. pon, 
pont. Cependant on dit couol p. col, fouol^. fol, fou, etc. 

Il diflfère spécialement du languedocien parles terminaisons 
sonores el, al, ol, au lieu de eu, au : Poscâl p. Pascâu, Pas- 
cal; roinàl^, reinâu, renard; gai, p. gau, coq; mali^. mau, 
mal ; pel p. peu, peau et cheveu ; fiol p. fiau, fil, etc. 

Il est à noter que Pejrot, prieur de Pradinas, dans ses Géor- 
giques patoises ou Saisons, a toujours supprimé la diphthongue 
ou devant o, afin de donner plus de distinction à son style ; du 
reste, à l'est, au sud et au nord du département, on prononce 
ainsi, et l'on dit: porto-mé de bôso, au lieu de pouorto-mé de 
bouôsoj apporte-moi de la paille à empailler les chaises. 



II 



La littérature romane a eu ses représentants dans notre 
Rouergue. On compte parmi eux, au XIP siècle et au com- 
mencement du XIIP, Bertrand de Paris ; Azemar lo Nier 



M DIàUBCTES M0BE!RN1S8 

on le Noir, d*Atibin ; Raymond V, comte de Rodez ; Ray- 
mond Jonrdain, yicomte de Saint-Antonin, que Ton croit être 
le même que Raymond Jordan de Cofolen, qui mourut en 
1220; Hugues Brunet, natif de Rodez, et Deusdet de Prades 
de Lerezou, chanoine de Maguelone, morts tous deux en 
1223. Une partie des poésies de ces deux derniers a été pu- 
bliée par M. Raynouard. 

A partir de cette époque jusqu'au XVIIP siècle, nous ne 
connaissons pas d'œuvre littéraire. Mais il est intéressant de 
noter que le cardinal George d'Armagnac, qui fut évêque de 
Rodez de 1530 à 1560, fit imprimer, en patois rouergat, le 
Prône (recueil d'instructions) et lou Douctrinal de sapienço : ce 
devait être une exposition de la doctrine chrétienne à l'usage 
du peuple. 

Dans ce même siècle et dans le siècle suivant, plusieurs 
catéchismes furent composés et publiés en patois. Le plus 
intéressant est lou Catéchisme rouer g as en verses, dont l'impres- 
sion fut autorisée à Rodez, le 14 novembre 1656, par M. de 
Patris, vicaire général. 

Ce petit livre, de 187 pages, d'une bonne exécution typogra- 
phique, devenu aujourd'hui très-rare, est dédié à Mgr Har- 
douin de Péréfixe, évêque de Rodez de 1649 à 1662, et pré- 
cepteur de Louis le Grand. Les vers sont de huit syllabes, 
et souvent partagés en quatrains ; mais, comme au temps de 
Marot, toutes les règles de la prosodie n'y sont point obser- 
vées, surtout celles qui regardent l'hiatus et la disposition des 
rimes, très-exactes d'ailleurs. Il s'ouvre par une délicieuse 
épître dédicatoire, qui mérite, ce nous semble, d'être connue, 
et qui nous donnera une idée de notre patois du XVII* siècle. 

Nous reproduisons exactement l'orthographe de Toriginal, 
et jusqu'à ce que nous croyons être des fautes d'impression. 
Que le lecteur se rappelle qu'à cette époque l'w était souvent 
mis pour ou, et que Vu et le v s'employaient l'un pour l'autre, 
même en français. Cette citation nous fournira d'ailleurs l'oc- 
casion de faire quelques réflexions sur le patois de cette 
époque. 



DIALECfM ROUBJROAt 8l 

BPITRB DEDICATORIO 

A Monseignovr llllTstriBsimo et Rererendis. 

Payre en Dieu, Mesure Hadovio « De Perefize 

Auesc[ue et Seigneur de Rendez, Précepteur del 

Rey et son Gonseliô d'Estat 

MoNSEIGiq'OVR, 

Aqueste liuret es vn efan del Pays de Roûergue, naôcut sous 
la costellaciu de vostros armos *, que nou pod pas sorti del 
Bres, nj vejre lou jour que perlou regard fauorable d'aquel 
bel Astre, qu'a présidât à sa najcenso, et per aquo, Môsei- 
gnour, son Pajre lou porto as pez de vostro grandour, per ly 
demanda sa Benedicciu : se vous Tyfasez la gracio de lou veyre 
de bon-vël, el nou crenhero pas laul-visto • de toutsez lous 
autrez. El a be paur, Monseignour, estan habilhat à la 
Roiiergasso, et parlan vn patois, que vous n'entendez pas, 
d'éstre rebutât, et cassât hontousomen de vostre sale commo 
lou Gus de TEuangéli, que séro mes à la taulo del Rey, sans la 
raubo de las nopços. Mas aco que l'y douno couratgé, Mon- 
seignour, ez que lapluspart de las Fedos et des aniéls de vos- 
tre troupél belou de la sorto, et que l'amour que vous lour 
pourtas, et lou zélé qu'auéz per lour salut et per la glorio de 
Dieu vos dounara lou désir et l'euejo de l'entendre: car 
commo las Fedos se rejouyssou d'ausi la voux, et l'estifle de 
lour Pastre,atabe lou Pastre pren plaze d'ausi lou bel ' de sas 
Fedos, per las counoyse : A quelle esperanço, Monseignour, 
l'y douno l'ardiesso de se présenta dauan vous, et de vous 
demanda laBenedicciu, et la permissiu d'ana per las Parroquios 

* Il doit y avoir là une faute d'impression : il faut Hardovin pour Har- 
douin. 

' Lies armes de Mgr de Péréfixe étaient : d'azur à neuf étoiles d'or, 
trois, trois, deux, une. 

^ Nous ne comprenons pas la première partie de ce mot, qui d'ailleurs 
doit être fautif, puisque l'article n'est pas distingué : l'avol? 

s Le bêlement. 



dS blÂLËOTBS AiODSSRNES 

de Yosire Dioceze trouua vostres tramajourals, et lous ajuda à 
enseigna lous efans, et lou poble innocêt, et ignorêt las cre- 
zenços et la Doctrino Crestiano, necessario per lour salut, et 
lour apenre qualque cansou spiritualle, al luoc de las pro- 
phanos, et deshonestos que lou monde lour enseigne, sans la- 
quallo permissiu , el nou vol pas entrepenre de dubry la 
bouquo, et son Payre Testoufario; sel éro tan ausard que 
d'ana pel païs sans vostro licence. Lou deuer, e lou respect, 
Monseigneur, quel a voudat à sous Prélats, Vj commando 
aquello soubmissiu quel désire de vous randre en aqueste 
rencontre, en attenden qu'en de milhoures occasius, el vous 
puésco fa vejre per son obeyssenço, qu'el est de tout son cor 
et an toute sinceritat, 

Monseignovr, 

Vostre tres-humble, tres-obeys- 
sen et tres-fldel seruidou. 

F. C. P.R. D. S.F. 

Telle est la signature du modeste catéchiste populaire. Il 
cache son nom sous des initiales dont les quatre dernières 
nous semblent indiquer un religieux de Saint-François. 

Dans r avertissement qui suit, intitulé : Très moûts d'auist al 
Lectovr, le bon religieux, après nous avoir dit que les apôtres 
prêchaient le langage du pays et du peuple qu'ils instruisaient, 
que le cardinal d'Armagnac fit imprimer en patois les ouvra- 
ges que nous avons mentionnés plus haut, nous donne la raison 
pourquoi il a mis son petit livre en vers . 

« Lou liuret es fach en verses, à couplets de diuerses ers, 
et mesures, portai que lous efans, et lou poble des vilatgez, 
lous aprengou pus facilomen, et retengou milhour; à may 
que d'auegados en trauailhan, ne cantou qualque verset, que 
lour meto dins l'esprit la pensado del cel... » 

Il nous fait connaître ensuite son système d'orthographe et 
de prononciation. 

Dans ce livret, dit-il, les mots sont écrits comme il les faut 
prononcer, sans avoir égard à leur origine grecque, latine ou 



DIALECTB ROUBRGAT 83 

• 

française. Toutes les lettres se prononcent sans en laisser 
aucune, et toutes les consonnes, comme en latin. Quant aux 
voyelles, il dit : <( L'a se prononce de deux façons : clairement 
comme en latin, et un peu obscurément, presque comme Vo. Ko 
se prononce obscurément comme en latin, et un peu plus clai- 
rement, approchant de Va, et c'est pourquoi vous trouverez 
le même mot écrit tantôt par a, tantôt par o, comme sacramen, 
sacromen, et toujours la prononciation est de même. 

LV se prononce de trois façons : V clairement comme Ve 
latin ou français marqué é, ou comme Ye qui est sous-entendu 
en la prononciation de ces lettres, /*, /, m, n, r, s, et pour cela 
vous le trouverez marqué é ; 2** obscurément comme dans que, 
de, en français, et comme Ve qui se fait entendre quand on dit 
ces lettres à, c, d, g, t, et cette prononciation est la plus com- 
mune ; 3° comme Vo dans les terminaisons féminines, de même 
qu'en français : dame, rfawo ;nostre, nostro. » 

En effet, dans ses couplets il fait rimer, par exemple, dagues 
ei^yecplagos. 

« L't et le V sont consonnes et voyelles comme en latin, et 
se prononcent de même. Les diphthongues au, eu, iu, se pro- 
noncent comme dans ces mots latins : autem, audi, leuca, Eurus. 
Il n'y a pas d'exemple d'iu, mais la première lettre attire l'au- 
tre, et cette diphthongue est fort ordinaire à la fin des mots, 
et quelquefois vous la trouverez écrite iëu, principalement 
pour le mot de Dieu^ monosyllabe en quatre lettres... » 

L'auteur termine ainsi ses Trois mots d'avis : 

« Se trouuas de fautes al sens, à la rimes, as moûts, à las 
mesures des verses, courrijas las, excusas l'Autour, et fazés 
milhour à lo glorie de Dieu, et a l'estrucciu del poble quel ou 
désire de bon cor. Adesias. » 

Voilà son système orthographique. Il est à regretter qu'il 
n'ait pas mieux suivi le principe général qu'il inscrit en tête, 
à savoir, que les mots sont écrits comme il les faut prononcer ; 
car Vo obscur qu'il emploie pour représenter le son ou comme 
en latin, à cette époque où consona, consonne, se prononçaient 
counsouna, counsouno; Ve qu'il met à la fin des mots pour le 



84 MaLBOIDS liODfiRNBS 

son 0, écrivant d'ailleurs tantèt ghme, tantôt glorio, ete^y je^ 
tent aigourd'hui de la confusion etderincertitude siu*la vraie 
prononciation dos mots à Tépoque de Tauteur. 

Toutefois, nous voyons par là : 

1° Que, dans le latin, Vu se prononçait alors^ dans les 
diphthongues, ou^ comme en italien et en espagnol, et que les 
mots cités se prononçaient ûoutem, ofmdi, leeuca, Eourus; et 
il est à regretter que cette prononciation se soit perdue pour 
nous et ç^ixe nous transportions au latin la prononciation raffi- 
née du français : les vers des poètes y perdent souvent en 
harmonie imitative, et cette même prononciation française 
transportée au grec, disons-le en passant, le dénature liorri- 
blement, et nous ne comprenons pas que l'Université j^rsévère 
dans ce système d'ignorance, depuis surtout la fréquence dos 
relations entre peuples et l'envoi de professeurs en Grèce 
aux frais du gouvernement ; 2° que cet u se prononçaii tm, 
surtout dans les dipbthonguos ûnalea tu, ieu ; 3^ ique Va était 
* bien plus fréquent que l'o et qu'on disait sacramen ou sacromen, 
ana, etc., au lieu de; weromen, ona, comme on prononce 
aujourd'hui ; 4o que la diphthongue au né se prononçait pas 
oow, mais aou, et que le premier son, aujourd'hui fréquent, 
n'existait point ou existait peu dans le patois de Rodez ; 5** que 
le / se mouillait souvent par k, et le n par h <!>u par g ; 6* que 
l'e ouvert se marquait é, que Ve patois n'avait point d'accent, 
et que souvent on conservait l'e des mots français tout en le 
prononçant o, ce qu'on doit blâmer comme une cause de con- 
fusion des sons ; 7° que l'i ûnal était ordinairement y, comme 
dans l'orthographe française de cette époque. 

Du reste, remarquons aussi que l'auteur n'était pas toujours 
bien campé ou conséquent avec lui-même, puisqu'il écrit les 
mots de diverses manières et parfois fautivement, comme Diu, 
Dieu; Monseignovr, Monsenhour; counoyce, counoyse ; païs, pays; 
ly, Vy, au lieu de ly ou U, lui, à lui. On voit que la seconde 
forme des trois derniers mots est fautive : Yy, par exemple, 
ne saurait se justifier, car il n'y a pas là un pronom ou un 
article et l'adverbe y ; dams pays, ay fait diphthongue, et c'est 



MAUDOTB R8UBRGÂT m 

l'impératif du verbe paysse, nourrir, faire paître ; Tétymologie, 
non moins que la prononciation, exclue la forme counoyse. 

Enfin les ôitatiëns que j'&i fai^^es nous ihiitliti^^t la présence 
de la lettre v comme consonne. La prononçait-on distincte- 
ment, à cette époque, avec le son qui lui est propre en fran- 
çais? C'est probable, mais non certain. Quoi qu'il en soit, le b, 
étant d'une émission plus facile, a aujourd'hui pris sa place 
dans notre patoi»^ et on ne trouve plu& W v dans les œuvres 
plus récentes, telles que le» pi^ésies d^ Claude Pejrot, prieur 
de Pradinas, notre poëte d,^ <^-huitièii;à^ siècle« 

Dans un prochain ^jsii^^ i^ caraQtéris^jrai les trois sous- 
dialectes du patois du Rouergue. 

L'at)b^ Vayssier, 

^npérîeu^ âti petit Sëtiâliaife de Belmont. 



6 



86 DIALECTES M0DBRNB8 



JAQUET ARNAVIELLO 



A TELDBTO 



Un gros droulas, un gaiard chourlo. 
Tout de mouledo, gras e bèu ; 
Sa gènto maire lou tintourlo, 
Noun p6u tenî dins lou banèu. 

Regardas-lou, vès! coume chourlo 
Em' afecioun au blanc mamèu : 
Es rouge coume uno ginjourlo 
Qu'aurié toumbà subre la nèu. 

Sarro-lou dins ti bras, Teldeto ! 
D'aquéu poulit nistoun que teto, 
Pèr faire un ome, au tèms que sian. 



JACQUES ARNAVIELLE 



A TELDETTE 



Un gros garçon, un gaillard drille, — tout de mie, gras et beau; 
— sa charmante mère le dorlote, — il ne peut tenir dans les lan- 
ges. 

Regardez-le, voyez ! comme il boit — avec ardeur au sein blanc : 
— il est rouge comme une jujube — qui serait tombée sur la neige. 

Serre-le dans tes bras, Teldette I — De ce joli poupon qui tette, — 
pour faire un homme, au temps présent. 



BSPBR 87 

Que se parlo tant d'orne libre, 
maire ! fai-n'en un crestian ; 
paire I fai-n'en un felibre ! 

Teodor Aubanel. 
En Avignoun, k)u 11 d'outobre 1871. 



ESPÈR 



RESPONSO A TEODOR AUBANEL 



Ço que m'a 'scri ta plumo d'or, 
Ma Teldeto lou legis aro ; 
N'en fresis de bonur, e sarro 
Dins sous bras soun nistoun que dor. 



Où Ton parle tant d'hommes libres, — 6 mère ! fais-en un chré- 
tien ; — ô père ! fais-en un félibre I 

Théodore Aubanel. 

Avignon, le 11 octobre 1871. 



ESPOIR 



REPONSE A THEODORE AUBANEL 



Ce que m'a écrit ta plume d'or, — ma Teldette le lit maintenant; 
— elle en frémit de bonheur, et elle serre — dans ses bras son en- 
fant qui dort. 



8b DULBCTB^ M0DBRNB8 

E vese, iéu, çubre la ça^o 
Siavo de moun drôle, qu'a tort 
Quau dis que l^ patrio caro 
Dîns soun darrié badal se tor. 

Nàni, viéura ! que la tempèri 
Ardrà Fourguièl e soun empèri. 
E la patrio dèu avé 

Encaro de jours grands e libres : 
Nautres crestians, nautres felibres, 
Fasèn d'ornes qu'i^uran la fe I 

Albert Arnaviellb. 
En Aies, iou 12d'outobre 1871. 



Et je vois, moi, sur le visage — calme de mon petit garçon, qu'il 
a tort — celui qui dit que la patrie aimée — dans son dernier râle 
se tord. 

Non, elle vivra I car la vicissitude des choses — brûlera l'orgueil 
et sa domination. — Et la patrie doit avoir 

Encore des jours grands et libres : — nous chrétiens, nous fé- 
libres, — nous faisons des hommes qui auront la foi ! 

Albert Arna vielle. 
Alais, le 12 octobre 1871 



POÉSIES PATOTSES 

DE NICOLAS FIZES 
(!679-17ie; 



ÉPITRE MACARONIQUE 

A BASES PATOISE BT FRANÇAISE* 

Fiertatem dominsB, sed ûerse si fuit uiiquam^ 

Racontare tibi me capit invidia, 
Sed tu te trompas, si pensas légère versus 

Tam belles quam quos blondus ApoUo facit. 
Nunquam ego, quod sapiam, bibi de fonte sacrato 

Nomatur cujus Hippocrenensis aqua; 
Nunquam ego, quod sapiam, feci galopare Pegasum, 

Nam ruit, atque satis non ego ôrmus equo. 
Sufûcit ut scribam quales mihi passio dictât, 

Qualicumque modo versus amantis erunt. 
Si facio faltas, faltas et oportet amanti 

Perdonare, facit quod sibi nescit amans. 
Jam ter zodiacum Phœbus passaverat ex quo 

Illius flammas senserat aima mea : 
Nullus capo fuit bene tam rostitus ad ignem 

Rostitum medio pectore quam cor erat. 

^ On sait quelle est la rareté des macaronées à base patoise. C'est ce qui 
nous décide à publier celle-ci, dans laquelle les idiotismes languedociens 
abondent, bien qu'elle ait été déjà insélrée par M. Desbarreaux-Belrnard, 
dans les Mémoires de V Académie dé TatUouse. en 1852. 



90 DIÂLBGTB8 M0DBRNB8 

Quando prochus eram domin», suspiria quanta 

Pulsabam ! ah ! cum memini, cor mihi certe crebat ! 
Fecibus, ah ! quantis anavi vîsere âeram 

Absque quod osarem dicere mala mea ! 
Soiribus, ah ! quantis fieram haud potendo videre, 

Contentus portam potonejare fui ! 
HdBc solamenter solieyros, state capilli, 

Ejus gastavit sex carie jra mihi. 
Si quas pro fiera suflrivi scribere pœnas 

Totas nunc vellem et termina, paurus ego, 
Non mihibastaret plumarum quidquid in orbe 

Encrse vel papyri est, erit atque fuit. 
Scribere nunc bastat fiera hsec fierissima mundi est, 

Inter galantes et mage firmus ego. 
Sed post tôt paenas, roccum toccare potentes, 

Toccavisse putans carnea corda fillae, 
Paurus hasardavi fierae mea dicere mala, 

Sed mihi costavit grandia mala magis. 
Inter fiera duos me regardavit ocellos. 

Grandi in talento os ut rosigando canis. 
Cridavi : a Ah 1 subito vestros changeate reguardos ! 

Hoc meritavit amor quem tibi porto malum ? 
An sic fiera facis tôt post ingrata dolores 

Haec suffrimenti est débita paga mei?.... 
Sed me interrumpens : « Bene, dixit, trovo placentem 

Ut venias tristi rumpere voce caput ! 
Dicere te semper non possum ferre cruelam 

Et fieram, fieram, te repetare mihi : 
Quisve tuum semper morientem ferret ocellum 

Sive oculum qualem mortua cabra facit I » 
Incepi dulces tune respondere parolas 

Addolcita esset aspera ronsa quibus ; 
Sed veluti accenso buliens marmita gavello 

Protinus in focum fervida versât aquas. 
Me voce horribili, sortito oculoque cacola, 

Pro semper miserum congediavit ea. 



POESIES DE FIZBS 91 

Non mage stonatus clochse mancante métallo 

Gastatum fundens est opus ante suum ; 
Sic stomachatus ego restabam cum pede nasi, 

Immobîlis tanquam statua bronzînea, 
Et cavaliscando vicibus mihi millibus îpsa 

S^rtivit cambra meque quittavit ibi. 
Ast velut tornans aliquo post tempore sonjo 

Altis in terram nubibus atque cadens, 
Sœpe balançavi anarem si rursus ad illam 

Seu âeram hanc mallem mittere dsemonio. 
In me dicebam : lusit malum tibi tornum 

Fecitque affrontem sensibilem nimium. 
Hanc debes lajssare, parum si restât honoris ; 

Indignum est hominis tamtolerareôUas. 
Posteaque in ôeram contabam pulia mille^ 

Et veniat rabies et cagasanguis ei : 
Vix bas horribiles accababat lingua parolas 

Quum senti vi aliquid corde gratare mihi. 
Hoc mihi semblavit tantam reprochere vitessam 

Et non se statim rendere posse allas; 
Dicebatque mihi tanto magis esse cruelas 

Quam mage dsemonius pectore battit eas. 
Tuncque rapellabam ôerae bellosque capillos 

Et bellam faciem et caetera bella mihi. 
Illa videbatur rienum debere deessae, 

Quam genuit Cjprii bella coquilla maris ; 
Si que fuisset ea doratœ tempore pomse 

Et pomam pastor sponte dedisset ese. 
Talia sunt almaa nunc sentimenta flotantis 

Inter speranças atque desesperium. 
Sœpe diablessam spero flechire pregando ; 

Saepe rechignosas tremblo videre cilhas. 
Manda pensadam, ex puncto promitto seguir« 

Nec magis altus ea, nec mage bassus ero. 



92 DUMKTTBB M0D|BmiB8 



ORAISOUN FUNÈBRA 

PROUNOUNÇADA PER MADOUMAYSÈLA SIGARDA , DB FROVffflONAN 

SUS LA MORT D'UNA CABRA 
lou 25 «oôst 1684 



Anna, Margot, amigas dièras, 
Bringaou, Laniè, Pascaou, Gaill^d, 
Hel^sl aem'ajrmas, prenès part 
A mas douions, à mas miseras ; 
L'afflictieon ma sarra lou cor 
Ma porta noun oa pas coumuna, 
Helas I llmpitojabla mort 
De dos cibraâ m'en après U|ka« 

Hourrous, obscuritats, tenehras, 
Piojqu'enân moun o^dbur ou Yèou« 
Couvrîmes la terra de dôou 
Fer fajre sas poumpas funebras ; 
E vaoutres, aousselets charmais. 
Fer cantà mas penas oruelas, 
Cbangeas-Youa toutes en gabiana, 
En chota, jgrous e tourtourelaa. 

Fourtuna incounstanta e pevfida, 
Jamaj me fise pas a tous ; 
A Tabor n'avès que douçous 
E pioy voun prenès à la vida ; 



POÉBQBB DS FI8BS 9S 

Qu'es aco que vous ay yeou fach, 
Per me priva de ma cabreta. 
Que chaqua mati de soun lach 
ReArescaya ma petiineta. 

E vous, Boucheta touta aymabla, 
Sujet de toutas mas donlous, 
Per vous ara verse de plous 
D'una tendressa veritabla : 
Mes perque m'avès-vous quittât 
Dins lou tens que vostras tetinas 
Me valièn may per ma santat 
Que dous cent mila medecinas ? 

Vous plagnès-ti, bêla bestiola, 
De yeou ni de moun tratamen? 
Vous fasiey-ti pas propramen 
Beoure dins una vernissola ? 
La sala bassa de Thoustaoïî 
L'avias-ti pas vous tout' entieyra? 
E moun propra lîech de repaou 
Vous serviè-ti pas de litieyra? 

Se passava pas matinada 
Qu'oun recassèsses de ma man 
Una mouleda de pan blan 
E de saoù una gran pougnada ; 
Las lachugas e lous caoulets 
N'erou-ti pas vostra pitança? 
Helas ! vous fasias cent saoutets 
Per ne poude rampli la pança. 

Jamay noun voun'anaves soula 
Fora rhoustaou vous permenà ; 
Gile vous anava mena 
Vers lou« caris botirdats de frîgôula ; 



94 DIALBGTBS MODBRNBS 

L'y recoumandave toujour 

De nounyous fà toussi lous mourres, 

Que pep rousigà tour à tour 

Lou saouze, lou gran et lous bourres. 

Mes, helas ! oun vaj ma pensada, 
Ounf es moun paoure jugeamen, 
De resouna de tout moun sen 
Emb' una cabra trespassada? 
Ah ! messieus, ajas coumpassieou 
De ma doulou viva e cruela ! 
Souven una granda afflictieou 
Troubla la millouna cervela. 

E per vous aoutres, doumaysèlas, 
Se vous trouvaves dins moun cas, 
Plourarias, amay bramarias 
De toutas vostras gargamèlas. 
Vous derabarias tout lou peou, 
Vous escourcharias lou visage ; 
Mêma après cent fouliès beleou 
Encaro fariès davantage. 

Ma cabreta era sans égala, 
Era pus blanca que lou lys, 
Aviè sas banas en avis 
E finissièn en espirala ; 
Per fà lou pus bel coutilloun 
Soun peou era una richa estoffa, 
Aviè lou nas de vermilloun 
E la barba d'un philosopha 1 

Que pode dire de sas tetas, 
Sinoun que leurs bels pepelous . 
Semblavou dous pichots boutons 
Aou bout de dos bêlas musetas? 



POBSIBS DE FIZES «5 

Mes lou lach que ne sourtissiè 
As dieous aouriè dounat d' envia, 
Car era pus dous aou gousiè 
Que lou nectar e Tambrosia. 

Sa raca era illustra e sans crimes, 
E dins lou libre de Rouquil * 
L'on vey que ven, de payre en fil, 
Daou célèbre cabriè de Nimes* : 
La tailla de sa reyre gran 
Passava en beoutat las pus bêlas, 
E soun mérite may que gran 
La placet parmi las estelas '. 

Mes , bêlas ! la Parqua enviôusa 
Vèn de mettre fin à sous jours 
E de me priva per toujours 
D'un ben dount ère gloriousa ; 
Aquel maoudit cop de cisèou 
Me coy aoutan couma deou fayre, 
E s'oun me met dins lou toumbeou 
Segu qu'oun s'en manquarà gayre. 

Pode pas vincre ma tristessa, 
Me sentisse geala lou san ; 
Levas m' aquel objet davan, 
S'avès per yeou caouqua tendressa ; 

Vaoutres, cargas-la toutas dos 

Ay ! moun Dieou ! ay ! la voix me manqua... 

Empourtas-me la dins lou cros 

Dins lou cros de la Terra-Blanca *. 



* Gardayre de cabras de Frountignan. 

' Sur lou cabriè de Nimes, il y avait un proverbe languedocien auquel 
il est fait allusion dans la Cabale des Réformés; Montpellier, 1597, p. 70. 
s CapeUa, qu'es près l'estela daou Carretiè. 

* Terroir près de Frontignan. 



d6 DIALBGTES M0DBtlKB8 



LOU DOUBLE PR0UCÈ8 



PROLOGUE 

Messieus, aûn d'èstre pus courts, 
Aouzires un double discours, 
Doun lou premiè countèn Pratiqua 
Noun serious, mes irouniqua, 
E Taoutre countèn la fouliè 
D'una trop jalousa mouliè. 
Sans doute que chacun soubçouna 
Quint' es Tuna e Taoutra persouna ; 
Aoutramen vous Tesplicarian, 
Mes jamay noun accabarian. 
Suffis que^ s'avès bona testa, 
Coumprendres tout dedins lou resta. 
Escoutas donne touta Tactleou 
Se vous voulès, emb' attentieou. 



Premié Proucôs 

GrREPPIÊ : 

Anganassas, à la requesta 
De mestre Jaoumes Trincatestà 
Disèn, qu'afin d'oun menti pas 
De messieus prenièn soun repas 
Un vespre dedins sa taverna, 
Oun chacun, sans aoutra lanterna 
Que de bons veyres de muscat, 
Se trouvèt ben enluminât. 
Quand ajerou la testa caouda 
Un d'eles faguet dona Glaouda, 



POB^IBS DB F1ZB8 97 

Que, certas, es lau pus bel joo 
Que se siè yist dins aquel lioc ; 
De aorta qu'aquela assemblada 
Ne restet fort recaouquillada. 
Ënûn, après ave soupat 
Jusqu'^ ventre déboutaunat, 
Persouna noun diguèt paraoula 
Jusqu'as qu'ajèrou levât taoula. 
Per lors, d*un estât furious 
Intreroun dins un grand ^erioms, 
Et Tun diguèt : « Ë8•^ti poussible 
Qu'un chacun deiaore insensible 
Contra tant de fripounariès 
Que vesèn das piqua-taouliès ? 
Se n'avèn una bona poula, 
D'aoutires ne fan bouli soun oula : 
Mêmes penden lou tens das frûts 
Vesèn be qu'aqueles perduts 
Pan de ravage per la terra, 
May que noun pas las gens de gwerra. 
Outr- acen'estendou sousmaous 
Jusqua dédins nostres houstaous. 
E souffriren gens de ta! forgea 
Que nous vendran coupa la gorgea? 
Chacun sap la fripounariè 
Qu'an fach aou paoure Couloumbiè : 
A caouque tens que caouque diable 
L'y aguèt la miola de Testable : 
Se demandas caou a raoubat, 
Lou malfattou s*es escoulat, 
E cent aoutras actieous pareillas 
Nous battou souven las aoureîUas. 
Yeou crese, à veyre aqueste trîn, 
Que ne veyren jamay la fin; 
Degus noun banis lou desordre 



98 DIALBGTBS MODBRMBS 

Se noun ïj trouva de que mordre ; 
Vaoutres entendes à peu près. 
Sans que jeou vous lou nome exprès, 
Lous principaous de la cabala 
Que daou mestre ferrou la mala: 
A qui entr'aoutres avès Oamplôou 
Que Yoou pas lou leva daou sôou. » 

Sus aco, rinnoucen Pratiqua, 
Que dispensava la barriqua, 
E qu'aquel vespre aviè Thounou 
De caouques fes Yj fa rasou, 
Per una sotta descouverta 
Del mêmes se tramèt sa porta. 
Disen : « Moussu, ou yeou siey quioch. 
Vous parlas d'un aoussel de nioch 
Que, se se cacha la joumada. 
Pares be touta la niochada ; 
S'embe souèn lou cercabou ben, 
Lou faoudriè pas cerca long ten : 
L'autre vespre yeou lou vejère, 
Amaj mêmes jeou Vj parlère. 
Ou piosque jeou mouri de fan, 
Am d'aoutres conquis aou berlan. » 

Dabord tout' aquela assemblada, 
Restetfort escandalisada, 
Mêm' un d'eles couma surpres 
Diguèt : a Messieus, valèn pas res 
E pouden pas souf&'i sans blâma 
Près de naoutres aquel infama : 
Que naoutres began de la man . 
D'un escandala-Frountignan ! 
Messieus, parle pas davantage. 
Mes l'hounta me vèn aou visage. » 



POBSIB28 OB FIZBS 99 

Lous aoutres, qu'an pas men d'humou 

D'una semblabla deshonou, 

Menacou mestre Trincatesta 

De Yj fayre coupa la testa, 

Per ave fach visage dous 

As voulurs, as recelatous. 

Aûn dounc qu'aoucun nous diguesse, 

E que mêmes noun soubçounesse 

Qu'el retirés dins soun houstaou 

Las gens capables d'aquel maou. 

Alors faguèt fayre una enquesta 

Per tira de péril sa testa, 

E livret Pratiqua dabord 

Per estre coundamnat à mort. 

Car Ton accusa de complice 

Tout home qu'a cachât lou vice, 

E, se noun lou dis tantequan, 

L'on crey que l'y a tengut la man. 

Or, fasen drech à la requesta 

De mestre Jaoumes Trincatesta, 

Vous, Moussur, aourias ourdounat 

Que Pratiqua fougues menât 

E qu'à l'instan, sans aoutra paousa, 

Soun avoucat plaides sa caousa : 

Avès aqui mestre Bedos 

Que s' es préparât per acos, 

E mestre Brancan per Pratiqua 

Deou desplega sa rethoriqua. 

Bedos, premiè avoucat. 

Quand faou playdeja per la mort, 
Sembla que m'arrachou lou cor ; 
Toutafes, Moussu, vous soustène. 
Vous assegure et vous mantène 
Que per la ley, noun pode pas 



MX) DlALaX)T£» MODBRMES 

Tira Pratiqua daou trespiia* 

Tout lou mounde sap qu'es coamplioe, 

Pioy qu'a cachai per artifice 

Camplôou fasen lou bon varlet 

Aou lioc de lou prene aoKi ooulet, 

A rhoustaou ée doua Batuda 

DiB« una boura fort indeguda ; 

Enfin, per ou dire milhou^ 

El es estai recelatou, 

Mes recelaiott voulouDtari 

D'un adreeJaessÂma coursari. 

Noun soulamea, aquela fea. 

Pratiqua l'y es estai surpres 

D'avedre emb' el de counferença» 

Malgré touia» vosiras defensas : 

Encara l'on a renaarquat 

Que touias las fes qu'a mancat 

De bugadas et d'aoutra farda. 

Pratiqua toujour fasiè garda 

E l'avieJBi vis toujours e«ab' el 

Que tenien toutes dous counsel. 

E, pioyqu'aven vis dins la vila 

De raoubatoris may de mila, 

D'estables^ e d'houstaous voulais 

Que las gens ne souni desoulais, 

Quinte pot estre la persouna 

Qu'a Camplôou, que chacun soub3çouna 

Ave tout fach dins Frouniigna,n, 

Aje pougut iène la man, 

Aoutre lou prevengut Pratiqua ? 

Aqui dessus l'y a pas répliqua. 

Pratiqua, en outre, es accusât 

D'ave cent fes favourisat 

Lous biquarels, per sas adressas 

A l'y fa trouva de mestressas : 

Chacun sap qu'aco's lou mestiè 



De tontes mestiès lou derniè ; 
Amay Ym Èk^ (Jti'àqM^' rrâfe 
A la un caou que siè punida. 
Aqui dous crimes capitaous 
Que lou gueriran de sous maôus : 
Car la resoun sus que me founde 
Voou que siè fach fora daou mounde, 
Aûn qu'ansin, en changean d'air, 
Pratiqua change de gouver, 
Car una aoutra temperatura 
Nous changea souven la naturà. 
Dounc, Moussu, s'aquelas actieous 
Meritou pas de puniticous 
E se castias pas lou vice, 
A Pratiqua fares service. 
Mes farà pas difficultat 
De destruire vostra santat 
En vous coupan la gargamèla. 
Après Tave passada bêla 
(Soun ou fasiè, série ben sot) 
Per vous avedre lou boussot ; 
Car las gens nourrits dins lou crinàe 
Fan pas res que siè légitime, 
E, se vous vesias sus lou poun 
Que vous traouquesse lou perpoun, 
Voudrias-ti pas saoupre Pratiqua 
Aou delà daou pôle antartiqua? 
E vous cresès qu'aou même cas 
Lous aoutres n'ou vouguessou pas? 
Sachas que chacun es partida 
D'aquel que menaça sa vida, 
Car chacun trova bon e bel. 
Se se pot, de garda sa pel. 



102 DULBCTBS M0DERNB8 

Brancan, secoun avoucat 

E jeou soustene lou countrari 
De ce que dis moun adversari ! 
Messieus, précipites pas ren, 
Suspendes votre jugeamen ; 
Car, ben qu'as despens de Pratiqua 
Âje estalat sa rethoriqua, 
A pas per acos dich pus vray. 
Murmures dounc pas, se vous plaj, 
Mes escoutas me en patiença. 
Car vous diray en counsciença 
Tout raflfajre per lou menut : 
Que chacun dounques fasse chut. 
L'accusateur de ma partida 
Preten la perta de sa vida 
Sus aquel foundamen soulet 
Qu'a pas saisit per lou coulet 
Un larroun d'une houra indeguda, 
Dins l'houstaou de dona Batuda ; 
E yeou soustene embe resou 
Qu'el noun aouriè pas fach milieu 
De lou saisi per vioulença, 
A caousa que l'insuffisença 
Que l'on sap qu'es de soun constat, 
Pot estre aouriè lors invitât 
Camploôu de fajre un homicida 
Aou grand doumage de sa vida ; 
De sorta qu'a moun jugeamen 
El n'a pas tort noun soulamen, 
Mes puleou me pares louable 
De l'ave pas rendu coupable, 
Per aquel crime tout nouvel 
De se fayre traouca la peL 
E se vaoutres, Messieus, de graça 



POESIES DE FIZES 103 

FougUesses estais a sa plaça, 
Aurias-vous attaquât soulets 
Un larroun qu'a dous pîstoulets ? 
Crese qu'aurias perdut courage, 
Ou qu'aôurias perdut ravantage. 
Aoube se fouss' estât de jour. 
Que Ton espéra secour 
Que Factieou fouguess' arrivada, 
Ma partîda sariè blamada 
D'oun ave cpidat aou larroun 
Tout Tattrapan per lou perpoun ; 
Mes tout lou mounde sap e jura 
Qu*era penden la nioch obscura : 
Ansin Pratiqua n'a pas tort 
Per ave méritât la mort. 
Perce que dis moun adversari, 
Que se parlavou d'ourdinari, 
El es ben ayse d'où trouva, 
Car degus n'ou pot pas prouva ; 
Ansin, ben qu'en aquesta vila 
De raoubatoris may de mila 
L'y sife arrivais despioy paou, 
N'es pas coupable d'aquel maou : 
Couma voulès qu'un paoure diable 
En jes de fayssous siè coupable 
S'un couqui que frequanta pas 
Fay d'actieous dignas daoutrespas? 
Secoundamen n'es qu'une rusa 
De la persouna que l'accusa, 
Que Pratiqua siè maquarel 
De caouque pichot biquarel : 
Nostre Pratiqua es be trop sage 
Per se mêla d'un tel ménage, 
E, se caouquas fes soun ensen, 
Noun l'y es que per gagna d'argen, 



104 DIALECTES MODERNES 

Car Ton pot dire qu'es, sans crii^,Q« 
Sus lous aoutres adrechissime, 
Qu'au berian e lensaquenet 
Souven el vous plouma tout net. 
Ansin noun es pas véritable 
Que Pratiqua en res siè coupable, 
Mais que raccusou sans rasou 
Daou crime de recelatou 
Ë d'aquel daou maquarelage 
D'oun el noun counouy pas Tusage. 
D'aqui vesès qu'es pas questieou 
De tira jes de conclusieou 
Couma voou sa contra-partida 
Aou doumage de vostra vida ; 
Pratiqua n'es pas un larroun 
Per vous jità dins lou soubsçoun 
Qu'el prétende sus vostra greda 
Ni sus vostre perpoun de seda, 
E mêmes de degus que siè, 
Pioy qu'el ignora aquel mestiè ; 
Mes jusqu'ajci vesèn aou resta 
Qu'a menât une vida hounesta, 
Counsideras, Messieus, enûn 
Que soun harengua sus la un 
Es estada trop pathetiqua 
Per counclure contra Pratiqua ; 
E vaoutres, que ses degageats 
De tout genre de prejugeats, 
Vesès be, sans aoutra finessa, 
Que sa fin noun es qu'une adressa 
Per counfirmà ce de davan 
(Ce que n'es qu'un trait de savan). 
Que suppaousa, mes tout'entiejra 
La questieou que met en lumiejra 
Sans avedre pougut prouva 



POESIES DE FIZëS 105 

Lous crimes que voou controuvà. 
Mes à tort, contra ma partida 
D'ave dessein sus vostra vida. 
E, pioyque sous antecedens 
Soun faous coum' arracheurs de dehs, 
S'en seguis que sa counsequença 
N'es pas tirada en evidença 
E voou pas, a moun jugeamen , 
Quatre patats de bon argen. 
Partant, Messieus, se ma partida 
Vous demanda humblamen la vida, 
Pioy qu'es juste, emmandas-me-lou 
Sans cerca may d'aoutra fajssou ; 
Rendes-ly aquel tant bon office, 
Caouque jour vous rendra service. 

COUNSBILLÈ 

Après ave ben escoutat 
Las resouns de chaqua constat, 
Infère d'aquela disputa 
Qu'ayci l'y a de merda a la fluta, 
E mêmes, vesen tant d'actieou. 
Doute ben qu'en l'accusatieou 
L'y pot avedre de maliça ; 
Toutafes, per rendre justiça, 
Metten l'un e l'aoutre constat 
Dins la balança d'equitat, 
E, couma n'era pas prudença 
Que l'accusât faguès vioulença 
A mièja-nioch, e tout soulet, 
Contr'un home qu'a pistoulet, , 
Vesèn be qu'aquela pratiqua 
Noun fouguèt que fort poulitiqua. 
Car es juste de se saouvà 
Tant que l'on pot se couuservà, 



106 DIALECTES MODERNES 

Das périls ounte Ton se trova ; 
Mes, coum'acos resta sans prova, 
E que Ton pourrie dire après 
Que l'y aviè parlât tout exprès 
Per machina caouqu'entrepresa 
De larrecin ou ben de presa 
(Quinte que siè n'importa pas 
Jes de dous valou pas grand cas), 
Counsideran la counsequença 
Que ben que Vy aje differença, 
Aou pople se pourrie ensegui 
D'una actieou coum'aco d'aqui : 
Counclugan per la republiqua 
Una punitieou per Pratiqua, 
Mes que counsiste soulamen 
Dins un simple banissemen. 
Outr'aco, pesen ben Taffayre, 
Car couma se pourrie be fayre 
Qu'aou resta que l'y es imputât 
Noun l'y ague caouqua veritat, 
Afin que la vertat el digue 
E tout ce que sap descouvrigue, 
Daou larrecin de Couloubiè 
Qu'es estât fach tout lou darriè, 
Coum' el es estât favourable 
A Camploôu que l'on crey coupable, 
Per aquela doubla intentieou 
Faoudra que la doubla questieou 
A Pratiqua siègue applicada, 
E qu'après la torcha allumada 
Ane fa lou tour de Thoustaou 
Ount'el a descouvert lou maou. 

Juge. — Sentença : 

Nostra cour, que toujour ourdouna 
Sans espargna jamay persouna 



POÉSIBS DB FIZE8 107 

De tout sexe e de tout estât, 
Vous fay saoupre sa voulountat, 
Qu'es que Taccusada partida 
Per aques cop garde sa vida, 
Mes, perque cela soun peccat, 
Que tout soun corps siègue applicat, 
Afin que la vertat el digua, 
Sus un countadou de boutigua, 
Oun sas ounglas de leopar 
Sien limadas jusqu'à la car, 
E lous pèousses de sa berrugua 
Sien derrabats per dona Pugua 
Que lous revendra, s'ela vôou, 
Per bêlas sedas de lignôou. 
Que s'aco noun pot pas suffire 
Per la vertat Vj fayre dire, 
Touta la cour es d'intentieou 
Que subisque un'aoutra questieou 
Qu'es la questieou de la canailla, 
A savoir qu'una gran tenailla 
Siè paousada, malgré sas dens, 
A sas aoureillas per pendens 
Ë qu'una espousseta siè fâcha 
De las sedas de sa moustacha. 
Que, s'oun avoua après acos, 
Soun bras siè ressat jusqu'à l'os : 
E, se Pratiqua noun s'en chaouta 
Per lors de counfessà sa faouta, 
Touta la cour voou et counsen 
Que siè déclarât innoucen. 
Toutafes coundamna Pratiqua, 
Afin que la troupa publiqua 
N'imite soun despourtamen, 
A souffri lou banissemen 
Que per lou resta de sa vida 



108 DmiBOl^S ^WJflBfiiM^ 

Siè dins reo.cla,oi| de 1^ Qm^ 1. 

Sbcound avoucat 

Messieus, Pratiqua es pla camuB 
Quand noun dises aou cap d'Amus *? 
Partan, vous présenta requesta 
Que Vj ajoutes acos aou resta, 
Aoutramen el es quioch, sou-dis. 

Premiè juge 

Despioy ayan agut Tavis 
E per de résous counougudas 
A gens de lej claras e nudas 
D'oun priva pas rhumanitaii 
De touta sa coui^iouditat, 
Ourdounan, per nostra clçm.çnçî^, 
En moifderan nostra sentença, 
Que s'en piosque anà, mes sans pus, 
De la Garida au cap d'Amus, 
Sans poude prene en sa counduit*a 
Que Nougaret, embe Termita, 
Mes fasque un libre en sous vie).s ws 
Dessus la pesqua das télans ' 
Ou, per soulagea sous desastres, 
Dessus Ipu xnouvemen das astres . 

Pratiqua 

Ay ! ma mayreta, n'ôunte ses, 
Per veyre tout aquel proucès 
E per counouisse la malica 



* Près de Frountignan. 

* Cap près de la plagea. 

* Poisson. 



PQWU9SS DJB FimS 109 

Qu'a p^ j^Q« toiita la ^uatiça 9 
Car, quiftt^ mm» aj-yeou ooiudm, 
Per eatr^e en restai ouq m'an mes 9 
Ay-ti jôou raoïkbat <te valisa. 
Ou ben Ion treaor de Veiûsa 9 
Noun, v^^ majre, acos soûn foulièft 
Aoub açQ me siè moun darriôs. 
N'aoures pas pins laa febres quartas 
De ma vejre jouguà. à las carias 
E jamay me dires pas pu»: 
Pratiqua, coqua-me lou fus *. 
Oun soun aqueles discours tendres 
Que, lou vçspr^, gratta^ las ceo4re§. 
Vous me ténias quand èren soûls 
En me petassan lous ginouls ? 
Vous souffrires pas pus de bisas 
En me blanchissen mas camisas^ 
Me baylares pas pus de cops 
Couma fasias, em lous esclops, 
Quand per ma desoubeissença 
Vous jittave dins Timpatiença ; 
Vous trouvaray pas pus aou liech 
. Lou mati, venen d'aou bouliech ; 
Vuidaren pas pus de tarrous • 
En mangean nostres bitarrous • ; 
Faren pas pus de biquarels * 
Ni d'estufea de juvels ', 
E bagnaray pas pus mas anquas 
Per vous ana cassa de cranquas. 
Adieoussias, ma mayre, adieoussias ! 
En quinia terra que vous sias, 

^ Couqua lou fuSt es de fayre Tespiralo ounte mettou lou 
fioù, quand las fennas filou. 

^ Pots de vin. *** ^PoissoBs. — ^PiBtites axiguitto» cuites 
sur le gril. — ' PoiawQ* 



110 DULECTBS MODERNES 

Adieoussias, ma bona mayretta 
(Pisse de poou dins mabrajetta)! 
Pourres-ti veyre moun tourmen 
Sans trespassa dins Ion monmen? 
Ma mayretta, sias pas marrida, 
Qu'yeou aje tort penden ma vida, 
Car criminel noun souy pas may 
Que Fenfan qn'ara mêmes nay. 
Mes, se poudès, prenès vengença 
Das autheurs d'aquesta souffrença. 

Prbmiè Avoucat 

Fay vite accabà tous adieous. 
Car te faon leou quitta lous vieous. 

Pratiqua 

Ma mort me série reprouchada 
S'oun dise adieou aou camarada, 
Aou camarada Bisseri, 
Aouparavan que de mouri. 
Adiou donne, mitât de moun ama ! 
Versa, se te play, caouqua larma 
Sus Taoutra mitât de moun corps, 
Après qu'aouray souffert la mort. 
Se ma força es pas suffîsenta 
Per sourti d'aquela tourmenta. 
Rend-me lou service demie. 
Se per yeou as caouqua amitié, 
Es que moun amitié te layssa 
De me fa fayre una cayssa. 
Afin que dins lou mounumen 
Mous osses sien coumoudemen. 
Adieou, amie, aymada bossa, 
Que ben que d'amies ajes fossa^ 
Toutafesen yeou ne perds un 



POBSIES DE FIZES 111 

Que fera pâs amie coumun. 
Adieoussias, ajmablas Gardiolas ^, 
Que m'avès tant servit d'escolas 
Per me fayre jouguà aou piquet ! 
B'aro perde tout moun caquet 
Qu'ay appres a TAcademia, 
Pioyque mourisse per Tenvia. 
Adieou, moun cher joc de paret, 
Croux ou pila, joc de palet, 
Tant e tant, castelet aymable, 
Rampeou que m'eres favourable ; 
Liocs qu'yeou regrette, sans menti, 
Ayras, pourtaou de San-Marti, 
Apres lousquaous n'aymave gayre 
Que Bisseri ou ben ma mayre ; 
Adieoussias, pioyque m'es questieou 
De dire lou demies adieou 
Per la cruaoutat de mous juges ! 
Mes que cercou d'aoutres refuges 
Quand voudran s'anà diverti 
A Cetta, en plagea, a San-Marti ! 
Yeou série pas pus soun pilota 
Que per lous mena dins la sota ^. 
Eles me rendou trop mouquet 
Per Ty mena pus lou barquet 
En aoutra part, a rens e vêlas 
Qu'aou pays de las giroundèlas. 
Ah ! s'aco m'arrivaba pus, 
Yeou puniriey b'aquesfabus, 
Pioyqu'entin leur ingratituda 
M'es e tant cruela e tant dura. 



* Champs remplis d'une herbe sèche et jaunâtre, près de 
Frontignan. 
' Creux en terre. 



ne DiÀLBcras modbiwës 



JueB 



Sourtissès a cop de bastous 

Aquel impourtun e fâchons 

Que voou chouquâ per soan capriça 

L'integritat de la justiça. 

E vous, greffiè, bas lou capèl ! 

Appelas-nous Taoutre cartel, 

Mes qu'un chacun fague silença 

Per noun troubla nostr'aoudiença. 

Secound avoucat 

Paix-là! tout lou mounde, paix-là ! 
Ajci, troun, se deou pas parla. 



(À suivre.) 



113 



AU CBMENTÈRI 



A MADAMISELLO ROSB 

A rëire, Amour I 
F. Mistral. 

I 

Un vèspre m'atrouvave em'elo au cementèri, 

Elo jouino e risènto, e iéu sounjaire e mirt, 

Li béulôli e li chot, dins lis aubre ramu, 

Dis oumbro dôu draiôu derroumpien lou mistèri . . 

II 

Ero soulèu tremount. Soulet, dins lou campas 
Iéu em'elo anavian. A moun bras apielado, 
Elo, esturto, d'amour cantavo uno balado: 
Iéu, riue plourous, pensave au terrible trespas. 



AU CIMETIÈRE 



A MADEMOISELLE ROSB 



I 

Un soir j'étais au cimetière avec elle, — elle jeune et rieuse, 
et moi rêveur et muet. — L'effraie et le chat-hnant, dans les grands 
arbres, -* des ombres du sentier troublaient le mystère. 

II 

C'était au soleil couchant. Seuls, dans la triste plaine,— elle et moi 
nous allions. A mon bras appuyée, — elle, étourdie, chantait une 
ballade d'amour ; ^* moi, rœil en pleurs, je pensais au terrible 
trépas. 



114 DIALECTES MODERNES 



m 



Elo, clins soun refrin, disié : « L'Amour, bèu glàri, 
Emé de flour divino encadeno li cor I » 
léu, me passavo au front lou glas fre de la mort, 
Yesènt que s'esperavo un poutoun pèr salàri 1 

IV 

E la luno dounavo.... e jougavon si rai 
Sus li toumbo e li crous, coume de farfantello ; 
Lou cèu d'àpau à pau se clafissié d'estello.. . 
Elo cantavo... e iéu tremoulave d'esfrai. 



E, lou délire fôu courreguè dins mi veno, 
Quand sa man se pause sus la miéu ; de soun lue 
Gisclè'n estrange fio qu'esbrihaudè la niue 
E que semblavo dire : « Amour, dins iéu aveno î n 



III 

Elle, dans son refrain, disait : « L'amour, beau lutin, — avec des 
fleurs divines enchaîne les cœurs I » — Moi, je sentais mon front 
effleuré par les glaces de la mort, — car je voyais qu'elle attendait 
un baiser pour salaire. 

IV 

La lune brillait : ses rayons se jouaient — sur les tombes et les 
croix, comme des éblouissements. — Peu à peu dans le ciel les 
étoiles étincelaient. — Elle chantait... et moi je tremblais de peur. 



Un fou délire passa dans mes veines — quand sa main se posa 
sur ma main ; de son œil — jaillit un feu étrange, qui illumina la 
nuit — et qui semblait dire : « Amour, jaillis en moi !» 



AU GBMBNTÊRI 115 

VI 

E d'oumbro e de clarour lou campèstre èro plen, 
Goume s'uno vesioun senistro Tamourrayo, 
Elo, — noun sai perqué, — contro iéu se sarravo ; 
— Sus mi gauto, amourous, cremavo soun aJen I 

vn 

Elo, clinè subran soun frout sus moun espalo.... 

E moun cor ressautè : « Qu'avès ?» — « Ai rèn, moun bèu ! » 

Pèr sèti prenguerian la graso d'un toumbèu. 

Elo, coume uno morio, èro frejo emai palo ! 

vm 

(c Cantas-me Magalt, Pelibre, — me digue ; — 
Uno cansoun d'amour es ço que moun cor amo... 
Vosto voues me fara de bèn ! » — Souto la ramo, 
D'unbéulôli lou plang au liuen s'entendeguè. 



VI 

D'ombre et de clarté l^étendue était pleine. — Comme si une vi- 
sion sinistre l'eût courbée, — elle, je ne sais pourquoi, contre moi 
se serrait! — Sur mes joues, amoureux, brûlait son souffle! 

VII 

Elle pencha son front sur mon épaule, — et mon cœur tressaillit : 
— «Qu'avez-Vous ?» « Rien, dit-elle, ami I » — Nous prîmes pour siège 
la pierre d'une tombe. — Elle était froide et pâle comme une morte. 

VIII 

« Chantez-moi Magali, Félibre , me dit-elle ; — une chanson 
d'amour est ce que mon cœur aime... — Votre voix me fera du bien.» 
Sous les rameaux — d'une effraie, au loin, la plainte s'entendit. 



116 DlASMmm> WODfiRNES 



IX 



Ë coume au roure Tèuire, elo à moun côu 9è lîgô ; 
Sa bouco eâ dûS ma, bouco é ma mân dinâ la sîéti : 
« Qu'avès ?» — « Vôsti regard, viras-Ièi de-verd îéu, 
E lèu s*d8ffttiira Idtt trèbau quô m^kfligô în 

— « Oh I M n^eiK fàu p«i8 mai, gènto, pèk^ toub gari I » 
Faguère^ e nôstis iue ta]it'>lôu se rescoHiitPèroQ ; 

Ë tant-lèn, si vistotuft, ai'derdiis^ s'empurèvoil : 
<( T'ame« e, se nottii me vos« ntô leissarai mouri ! if 

XI 

— « M' âmes ! d — Ë sentiguère unodoulour imnènso ; 
Aquéu mot sus ma tèsto esclatè coume un tron ; 

Un boulimen feroun esclapavo moun front : 
Nous erian asseta sus lou cros de Clemènço 1 



IX 

Et comme le lierre s'attache au chêne, elle à mon cou se lie. — 
Sa bouche est sur ma bouche et ma main dans la sienne: — « Qu'a- 
vez-vous ?» — « Tournez vos yeux vers moi, — et bientôt s^effacera 
le tourment qui me brise. » 

X 

« Oh 1 s'il n'en faut pas davantage, charmante, pour vous gué- 
rir !» — dis-je, et nos yeux aussitôt se rencontrèrent; — et aussitôt 
les siens, plus ardents, s'enflammèrent : — « Je t'aime, et, si tu ne 
m'aimes pas» je me laisserai mourir t » 

XI 

« Tu m'aimes I » Et je sentis une douleur immense : — ce mot 
sur ma tète éclata comme la foudre, — un bouillonnement farouche 
battait mon front... — Nous nous étions assis sQr la fosse de Clé- 
mence. 



AV OÈMERTÈKt 117 



XII 



« cros, entre-duerb-te ! » — venguère» tr^boula, . 
La toumbo, tout-d'un-cop, nous durb^guè sa goulo ! 
La chato, em'un quilet : « Ai I ai ! dins iéu regoulo 
« Un sourne frejoulun ! » — Iéu cridère : « Ve-la I 

XIU 

» Ve-la, mouû aHuôttrouso I es ek).... esr eio »ôti'îo !.. 
)) E vers eïo mcmn cor soiispiro en s'estrassant. 
M Âqti^î afrous' eadabre es ma tido ! es moun sang ! . . 
)) Vène, vène lèu, Mort, me jala H mesoulo 1 

XIV 

» Migo ! sies bello ansin I De toun cors rousiga 

» Sarié'n chale pèr iéu de beisa la vermino ! . .. 

» Mort-peleto ! vers tu ma pauro amo camino.... 

» Verme f quouro vendrés peréu me bousiga?... 



XII 

« O fosse, enU'oavre-toi ! » m'éCFiai-je en délive. -^ La tombe 
tout à coup s'ouvrit touit eulière. — La jeune fille, avec un cri : « Ah ! 
en moi pénètre un frisson mortel ! » Moi, jie eriai : h La voUà ! 

XIII 

» La voilà, mon amante l c'est elle.... elle seule!.... -»-Et vers 
elle mon cœur crie dana ses déchirements. — Cet affreux cadavre 
est ma vie, mon sang... — Oh 1 viens, viens vite, Mort» me glacer 
la moelle ! 

XIV 

» Amie, tu es belle ainsi! De ton corps rongé — ce serait une 
joie pour moi de baiser la vermine ! — O Mort décharnée ! vers toi 
ma pauvre âme aspire. — O vers f quand viendrez-vous aussi me 
ronger? » 

8 



118 DIÀLBGTES MODBRNBS 

XV 

» Vès ! soun pitre e sis iue cava, bello chatouno, 
» Que trasien dins moun sen sis inefàbli rai ! 
» Vès! soun front e sabouco.., ounte niso Tesfrai... 
» E que devourissiéu, antan, de mi poutouno !... 

XVI 

» Ourrible pourridié, — maire de mis enfant, 

» mita de moun èstre, es tu soulo que vole 1... 

» E lèu î de-vers lou tiéu que moun soufle s'envole I... 

)) Car moun cors — d'èstre adu proche toun cors... afam ! » 

xvn 

Un crid, subran, estrementis lou cementèri. 
— La chato èro avanido — e, iéu, istave mut. 
Li béulôli e li chot, dins lis aubre ramu, 
Dis oumbro dôu draiôu derroumpien lou mistèri I 

Jan Monné, 

I^eMarselUe (Boachee-du-Bhône) . 



XV 

» Vois cette poitrine et ces yeux caves, ô jeune fille! — qui 
jetaient sur moi de si ineffables rayons ; — vois ce front et cette bou- 
che.... où à cette heure habite Peffroi.... — et que je dévorais autre- 
fois de mes baisers ! 

XVI 

» Horrible pourriture, mère de mes enfants, — ô moitié de mon 
être, c'est toi seule que je veux I — Bientôt que vers le tien mon 
souffle s'envole, — car mon corps d'être auprès de ton corps a 
faim! » 

XVII 

Un cri, soudainement, fait retentir le cimetière. — La jeune fille 
était évanouie ; et moi j'étais muet. — L'effraie et le chat-huant, 
dans les grands arbres, — des ombres du sentier rompaient seuls 
le mystère. 



119 



POUTOUN 



A-N-ANSEUMB MATHIEU 



I 

Bouco sus bouco e cor sus cor, 
Dos amo que bâton d'acord, 
Amo que Tiue'^tèn pivelado, 
Gabeladuro entre-mesclado, 
Bouco sus bouco e cor sus cor ! 

II 

Brassado, enebrianto caresse, 
Alen suau de la mestresso 
Dins lou fringaire abrant Tamour, 
Soulèu esvanant li brumour, 
Brassado, enebrianto caresse ! 



BAISER 



k ANSELME MATHIEU 



I 

Bouche sur bouche et cœur sur cœur, — deux âmes qui battent 
d'accord, — âmes que l'œil tient fascinées, — chevelures entremê- 
lées, — bouche sur bouche et cœur sur cœur! 

II 

Étreinte, enivrante caresse , — haleine suave de l'amante — 
dans l'amoureux allumant' l'amour, — soleil faisant évanouir les 
ombres, — étreinte, enivrante caresse ! 



120 DIALECTES MODERNES 

m 

Camin que duerb lou paradis, 
Oublidanço e pur mescladis, 
Michour que dinslou sang aveno, 
Bonur regoulant din» li veno. 
Gamin que duerb lou paradis ! 

IV 

lue nega dins un iue bevèire, 
Cor descata se leissant vèire 
Dins sis inefàbli founsour, 
Dôu rire inagoutable eissourg, 
lue nega dins un iue bevèire ! 

V 

Poutoun! La vido èi qu'un poutoun !.. 
Es un rousié pourtant boutoun 
Qu'amour espandi'mé sa flamo !... 
Vèn e s'envai, dins un bais, Tamo ! 
La vido noun èi qu'un poutoun I 



III 

Chemin qui ouvre le paradis, — oubli de la terre, pure union, 
tiède chaleur qui sourd dans le sang, — bonheur qui coule dans 
les veines, — chemin qui ouvre le paradis ! 

IV 

CEil noyé dans un œil avide, — cœur dévoilé se laissant voir — 
dans ses ineffables profondeurs, — du rire inépuisable source, — 
œil noyé dans un œil avide I 

V 

Baiser! La vie n*est qu'un baiser! — C'est un rosier portant 
boutons — que la flamme d'amour fait épanouir! — L'âme vient 
et s'exhale dans un baiser. — La vie n'est qu'un baiser 1 



POUTOUN 181 

VI 

Moun èstre, que l'Amour assedo, 
Dins un bais trovo un arc-de-sedo 
Que lou meno au bonur flouri!... 
— Dins un poutoun voudrié mouri 
Moun èstre, que F Amour assedo ! — 

Jan Monnè. 



VI 

Mon être aitéré d'amour — dans un baiser trouve un arc- 
en-ciel — qui le mène au bonheur fleuri. — Dans un baiser il vou- 
drait mourir, — mon être altéré d'amour! 



m DIALBGTB8 MODERNES 



CHANT DES CRIEURS DE NUIT 

EN LANGUEDOC 



Ce chant se rattache à une de nos anciennes coutumes. Les 
crieurs de nuit {rebelhous, réveilleurs)*, étaient chargés de 
veiller à la sûreté de la ville après le couvre-feu ; ils parcou- 
raient les rues jusqu'au lever du soleil, s' arrêtant aux carre- 
fours et sur les places, pour annoncer l'heure et le temps qu'il 
faisait. Ils accompagnaient souvent leur cri de ce chant bien 

connu : 

Réveillez-vous, gens qui dormez, 

Priez Dieu pour les trépassés*. 

Chez les populations méridionales, où le sentiment reli- 
gieux s'unissait à une imagination vive et impressionnable, cet 
appel à la prière prit un caractère plus accentué, une physio- 
nomie plus en analogie avec leur manière de sentir et de pen- 
ser ; il se transforma et devint le cantique populaire que nous 
avons eu la bonne fortune de retrouver et que nous offrons 
aujourd'hui, en le restituant d'après divers fragments recueil- 
lis à Narbonne et à Belesta, c'est-àrdire aux frontières est 
et ouest du département de l'Aude. 

Nous n'avons eu à constater aucune différence sensible dans 
la mélodie, dont le style simple et grave, écho d'un chant li- 
turgique, donne à la poésie une expression de tristesse qui 
en complète admirablement la pensée. 

Il existe à Copenhague un chant identique, cité par M. d'Or- 

* On les appelait aussi les clocheteurs des trépassés, — Voy. Ghôruel, 
Dict des institutions , mœurs et coutumes de la France, p. 1225. 

* Voy. Notice hist. et sta . du canton de St-Symptiorien, par M. F. Go- 
cbard; Lyon, 1827. 



CHANTS POPULAIRES 123 

tigue, dans son Dictionnaire de plain-chant^. C'est une com- 
plainte composée de dix strophes, une pour chaque heure de 
la nuit, finissant toutes par ce refrain : 

Veillez et priez, car le temps marche ; pensez-y l 
Vous ignorez quand il s'arrêtera. 

Louis Lambert. 



LOU JUJOMEN DARNIER 




Adagio 

i 



i) r r^ 




A la mort! A la mort! 



pf'J^-ji"'^ 




mn 



*==* 



r-Tfn 



Qnan la tnram-pa - to son - na -rii, — 





faa - je dal cel ne des- cen - dru. 



Qnao la troam- 




- U) soa -na - rt, — l'an - je dal cel ne des - een - 



fV'm'mW 




lit. 



À la ion! A la mort! A la 



mon! 



* Col. 215 et 8uiv. 



124 DIAWCTBS Ji|OI>BaNS6 



LOU JUJIOMEN IUB«l£B 

CANt ms R'EBELHOtJS 



A la mort ! A la mort ! A la mort ! 

Quan la troumpeto sounarà, i 
L'aoge dal cfil ne desœaârà. i ^^' 

A la mort ! A la mort ! A la mort ! 

Nous cridarà : « Morts, lebàs-bous ! 
» Al jujomen aribas tous. » 

A la mort ! A la mort ! A la mort ! 

(c Relebo-te, pople fidel, 

» Relebo-te, sors dal toumbel ! » 

A la mort ! A la mort ! A la mort ! 



LE JUGEMENT DERNIER 

CHANT DES GRIEURS DE NUIT 



A ia mort! à lamort! à la mort! 

Quand la trompette retentira— l'ange descendra du ciel. 

A la mort ! (ter) 

Il criera : « Morts, levez-vous! — Au jugement arrivez tous. » 

A la mort! (ter) 

« Relève-toi, peuple fidèle ! — relève-toi, sors du tombeau ! » 

A la mort ! (ter) 



CHA^TO fPOPUliAJfUB» 1S5 

« Repren toun cos e tous habits, 
B Penso à la mort de Jesus-Orist. » 

A la morti A lu «loit ) A la oaorttJ 

Nous aus ser^i (mai^ixtt pris bars, 
Nostra amo ibeeite as ônfersi 

A la mort'! A la mort i Alamorti 

Quan nous autres traspassaren, 
Pus qu'un linsol empourtaren. 

A la mort ! A la mort 1 A la mort ! 

Las bounos obros que fareB 
Countaran a-n-aquel moumen; 

A la mort ! A la mort ! A la mort ! 

Diu las balansos ne prendra 
Per las ametos ne pesa. 

A la mort! A la mort! Alamort! 



« Reprends ton corps et tes vêtements, — pense à la mort de 

Jésus-Christ. » 

A la mort ! {ter) 

Nous «eron« mangés par les 'vers, — nos âmes peut-être aux 

enfers. 

A la mort ! (ter) 

Alors que nous trépasserons, — nous n'emporterons avec nous 

qu'un linceul. 

A la mort! (ter) 

Les bonnes œuvres que nous aurons faites — compteront en ce 

moment-là. 

A la mort ! (ter) 

Dieu prendra ses balances — et pèsera les âmes. 

A la mort! (ter) 



126 DIALEICTBS MODBKNBS 

Quan las amos pesados soun, 

Cridoun : « Moun Dius ! ounte van doun ? 

A la mort ! A la mort ! A la mort î 

Là un en sa e Tautre en là, 
Seloun que Diu coundesirà ! 

A la mort ! A la mort! A la mort ! 

Grand sant Marcel, nostre patron, 
Pregas Diu per nostre ritou * 

A la mort ! A la mort! A la mort! 

Que coundesigue soun troupel 
E nous mené toutis al cel ! 

A la mort ! A la mort ! A la mort ! 



Dès que les âmes ont été pesées, — elles crient : «< Mon Dieu ! où 

nous mène-t-on? » 

A la mort ! {ter) 

Les unes de çà, les autres de là, — selon que Dieu l'aura décidé. 

A la mort ! (ter) 

Grand saint Marcel, notre patron, — priez Dieu pour notre rec- 
teur. 

A la mort ! (ter) 

Qu'il conduise bien son troupeau — et nous mène tous au ciel l 

A la mort î (ter) 



* Ritou, recteur, curé. 



>>^o^ 



BIBUGGRAPHIE 127 



BIBLIOGRAPHIE 



CATALOGUE BOTANIQUE. ~ Synonymie languedocienne^ provençale, 
gasconne, quercinoisef etc«; par Gabriel Azaïs, secrétaire de la Société 
archéologique, etc., de Béziers. 

II y a deux ans, notre Société, à sa naissance, annonça, 
parmi les travaux sérieux dont elle aurait d'abord à s'occuper, 
une collection de glossaires romans ou néo-romans qui seraient 
l'instrument indispensable des explorations et des études des 
œuvres du moyen âge méridional. 

Les événements politiques, en absorbant toutes les préoc- 
cupations, ont suspendu jusqu'aujourd'hui la réalisation de 
ce projet, si utile pourtant au progrès et, si j'ose le dire, à 
rhonneur de notre Société. Devons -nous permettre, en effet, 
que des étrangers, nos ennemis^ frappés de Timportance et de 
la valeur de notre ancienne langue, se livrent à des travaux 
très-sérieux sur le roman, publient des revues savantes, spé- 
ciales, des grammaires, des dictionnaires ; tandis que nous, 
placés au contact même des sources riches des textes, au 
milieu de populations qui ont conservé, dans leurs dialectes, 
la tradition de la belle langue des troubadours, nous resterions 
dans rinaction, nous laissant ainsi ravir la gloire de ressus- 
citer le génie de nos ancêtres ? 

On nous permettra d'exprimer le vœu que ceux qui ont 
accepté la mission de travailler aux glossaires retrouvent le 
temps et le calme nécessaires pour entreprendre et mener à 
bonne fin cette œuvre, dont notre Société retirera de précieux 
avantages. 

En attendant, voici un membre libre de notre Société, 
M. Azaïs, de Béziers, déjà très-honorablement connu par ses 
poésies patoises, pleines d'esprit et de charme, et ses critiques 
savantes sur le Bréviaire (Tamor^ d'Armengaud, qui vient de 
publier un catalogue botanique local, avec la synonymie lan- 



It8 MBLïOORAPfflB 

guedocienne et provençale. Cet ouvrage, dont je ne puis vous 
donner qu'une analjBe très-anpoinetei nous a paru parfai- 
tement répondre au but de Fauteur, qui est de venir en aide 
aux propriétaires ruraux, dont la plupart vivent au milieu des 
plantes sans les connaître dans leurs noms français, faute d'un 
guide intelligent et sûr. 

Le mérite principal de ce livre est le soin tout particulier 
de l'auteur de s'attacher à donner, dans les divers idiomes 
néo-romaBS, les noms des végétaux les plus usuels, les plus 
utiles. On y trouve, à cet égard, une profusion de termes pro- 
pres à contenter tous les besoins. Nous avons été personnelle- 
ment heureux de reconnaître et de retrouver les plantes de 
l'Aude, que nous avons, dans un temps déjà bien éloigné, 
entendu tous les jours nommer dans le patois du pays. 

Nous avons seulement, en parcourant rapidement ce livre, 
éprouvé le regret que les termes synonymes du roman pur ne 
ûssent généralement que de trop rares apparitions. Il aurait 
été également utile que les nombreux termes synonymes des 
dialectes néo-romans eussent été classés par contrée, au lieu 
d'être jetés pêle-mêle à la suite du terme français. 

A part ces légères critiques, que le mérite bien connu de 
l'auteur nous autorise à faire, nous ne pouvons qu'applaudir 
au travail consciencieux et utile de M. Azaïs, et nous devrons 
qu'il serve surtout à exciter notre zèle et notre courage pour 
la publication prochaine de travaux du même genre. 

Canta<}RBL. 



ROMANI A, Recueil trimestriel consacré à Tétude des langues et des 
littératures romanes, publié par Paul Meyer et Gaston Paris. — Paris, 
librairie A. Franck. — Prix de Tabonnement: 18 fr. 

La Romania a paru en janvier 1872. Le sommaire seul de cet^ 
revue nouvelle, sœur de la nôtre et à laquelle nous sommes heureux 
de souhaiter la bienvenue, suffira à en faire comprendre l'impor- 
tance. 

\^ HoïMmif Rovfiania, limgua romma, itomanettim. — Dissertation 



BIBLIOGRAPHIE 129 

moitié historique, moitié philologique, ou M. G. Paris détermine, 
avec autant de précision que de sagacité, les limites du monde ro- 
man. 

2° Notes sur les poésies de Battdri, abbé de Bourgueily par M. L. De- 
lisle, membre de l'Institut. C'est un chapitre fort intéressant de 
notre histoire littéraire. Quoique les poésies purement latines de 
Baudri n'aient qu'un rapport indirect avec l'objet spécial de la fto- 
maniaf on ne peut qu'approuver les directeurs de ce recueil d'y 
avoir inséré cette intéressante étude, relative à î'un de nos princi- 
paux poètes du moyen âge, puisqu'il n'existe pas en France de re- 
vue spéciale pour ce genre de travaux . 

3° Tersin, tradition arlésienne. 

4® Le Chevalier y la Dame et le Clerc. 

Ces deux textes inédits ont été publiés par M. Meyer. Us sont 
précédés chacun d'une introduction où Pon trouve le soin et le sa- 
voir habituels de l'auteur. 

Nous remarquons ensuite un court glossaire de deux cents mots 
ou locutions recueillis dans l'Indre-et-Loire, par M. A. Brachet, 
l'auteur de la Grammaire historique de la langue française; — un ar- 
ticle sur les mois latins qu'on rencontre dans les textes talmudiques, 
de M. Darmesteter; — deux articles de M. G. Paris, comprenant 
une discussion étymologique relative au lûot faîte (fastigium), et 
une sévère critique du système de mythologie à outrance appliqué 
par un savant allemand, M. Hugo Meyer, à l'explication de nos 
vieilles épopées françaises ; — différents articles philologiques ou 
bibliographiques, — et enfin la version provençale du conte popu- 
laire rhythmé de la Fournigueta, empruntée à VArmana prou- 
vençau. 

A. B. 



130 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 



BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE DE LA LANGUE D'OC 

PENDANT L'aNNBB 1871 

Almanagh historique, biographique et littéraire de la Provence, 
fondé et dirigé par Alexandre Gueidon. 16« année, 1871. In-8, 
60 p. Marseille, au Bureau de la publication, 1 fr. 

Amours (les) champêtres du canton de Mens (Isère), vers patois 
français. In-8, 4 p. Lyon, Bellon. 

Angles (Marins). La Républiquo, vo l'Enfant de la liberta; can- 
sounetto. In- 8, 3 p. Toulon, Robert. 

Armana prouvençau pèr Pan de Dieu 1871, adouba e publica de 
la man di felibre. Joio, soûlas e passo-tèms de tout lou pople dôu 
Miejour. An dès-e-seten dôu felibrige. In-16, 112 p. Avignon^ Rou- 
manille, 60 cent. 

Bessi (Jules). Ai eletour! (vers), ln-8, 1 p. Nice, Caisson et Mi- 
gnon. 

Bessi (Jules). Ganson nissardi. Lu Ghitarrista; la Pipa. In-12, 
4 p. Nice, Caisson et Mignon. 

Bessi (Jules). Elession per lou conseu général. Appel ai electour 
doù canton Ouest. Voten per Mossù Giuli Gilly. In-8, 1 p. Nice, 
Caisson et Mignon . 

Bessi (Jules). Lou Nouvèudon Basile. Ganson. Er dai ligouban. 
In-8, 1 p. Nice, Caisson et Mignon. 

Bessi (Jules). La Perruca d'un Sacrestan. Poèma en catre cant. 
In-8, 56 p. et ports. Nice, Caisson et Mignon. 

Bessi (Jules). La Question de Nice (en niçard, en français, en 
italien). Nice, Caisson et Mignon. 

Bessi (Jules) . Satira et Gritica. In-8, 1 p . Nice, Caisson et Mi- 
gnon. 

Bessi (Jules). Tau mestre, tau garson. Satira. In-8, 1 p. Nice, Im- 
prim. administrative. 

Bulletin bibliographique de la langue d'Oc pendant l'année 



BULLETIN BIBLIOaRAPHIQUE 131 

1869, publié par S. Léotard. In-S, 8 p. Montpellier, Gras. — Idem, 

1870. In-8. 4 p. Montpellier. Ricaieau, Hamelin et Cie. 
Extraits de la Bevtie des langues romanes. 

Cassaignau (B.). Épisode de l'histoire de Nérac; légende du 
XYl* siècle. Henri IV et Floupeto, poëmo. In-8, 24 p. Beaumont- 
de^Lomagne, Serres, relieur, 75 cent. 

Ghauvier (Ph.), de Bargemoun. Lei Yilajouaso. Lou Nieu de 
Bouscarlo* In-32. x-92 p. Draguignan, Laugier. 

Chilet (lou). Conte en vers, par F. P, In-8, 7 p. Draguignan, 
Latil. 

GoxTRDonAN (Biaise), de Marseille. Mes délassements. Poésies 
françaises et provençales . 1" livraison. In-8, 16 p. Marseille, Lébon, 
L'ouvrage sera publié en 12 livr. à 50 cent, chacune. 

Delbez, poète. Lou Tens esarribat. j[870.As FrancésJ Chansons. 
In-8, 4 p. Agen, Bonnet. 

DuRiN (Alfred). Le Chant du siège de Paris. L'Empire, c'est la 
paix. La Grando Ballado en patois limousi (trois chansons). In-4, 
3 p. Paris, l'auteur, 59, rue Cardinal-Lemoine. 30 cent. 

Faure (Charles), hbraire. Lou Jour di morts à la campagne (poé- 
sie). In-8, 8 p. Montpellier, Boehm, 

Geneste (Jules). L'Opignoun daou citoyen Jean Brenard, dit 
Brenichot de Beychebelle, sur Bisquemaou et Guillaoumet, lou 
noubet empereur de toutes leys Allemagnes. Poésie burlesque. 
In-8, 15 ^, Bordeaux, Chaynes. 25 cent. 

GuisoL (François). Lou Dina ridicul d'un proussès gagnât. Co- 
media en doui ate e en vers nissart, giugada per la premiera fes, 
me plen sucés, su lou Teatre de famiglia, per de giouve amatour. 
ln-8, 30 p. Nice, Gilletta. 

GuisoL (F.). L'Eco dau pople (vers). In-4, 1 p. Nice, Gauthier. 

GuisoL. Poèma à l'imourtal Garibaldi, en la sièu lenga maire, 
contra lou sièu envidïous, In-8, 12 p. Nice, Faraud. 50 cent. 

GuisoL (F.). Satira e complimen ossia l'usura et lu ben parven- 
gut. In-8,6 p. Nice, Gilletta, 

Imitatiou de Jésus-Christ, traducide en béarnés per M. Tabé P. 
Lamaysouette. In-8, vni-328 p. Pau, Vignancour. 



13S CHRONKIUR 

Loup^ (Lou) ET L'AcMvife, fable, fMir T. M. 1q-4, 1 p. SaM^Éti^nney 
Montagny, 

Mensonbohie (Lou) d*un village vesîn (vers), ln-8. f p. Niée, 
Imp . adminislralive . 

Mouraglia(F.). Lou Festin de l'Ariana, près Nîssa, lou 3 et 4 
giuliet 1870 (vers). In-4à 3 col., 1 p. Nice, Caisson et Mignon. 

Raoczblet (Lou). Annade 1870. N® t, f 7 juyet. In-f» à 3 coï. , 4 p. 
Bordeaux, Gounouilhov. Abouuemèn : Fannade, 6 lioures ; cheyz 
mes, 3 liaures dus sos. 

Paréchèn lou dimènche 

Statuts inédits de la coofrérie de Saint-Denis de Ginestet (en 
langue romane), publiés avec une notice explicative, par A. Ger- 
main, professeur d'JbiMoire et doyen de la Faculté d6& lettres de 
Montpellier. In-4o, 12 p. Montpellier, Martel, 

Extrait des Mémoires de ta Société archédogique de Montpei[ier. 

ViNAs (l'abbé), curé de Jonquières. Proclamations faites à Assas, 
près Montpellier, par ordre des Seigneurs du lieu, en 1483, et Cri- 
des de la court de M. de Lauzières, au diocèse de Lodève, en f610. 
In-8, 27 p. Montpellier, Gras. 

Extraits de la Revue des hmçfuee rmianes. 

S. Lêotaro. 



CHRONIQUE 

h'École des hautes études continue la série de ses publications. 
Nous signalerons entre autres l'édition de la Vie de saint Alexis, 
par MM G. Paris et L. Pannier. Ce travail, qui fait honneur à 
l'érudition française, sera analysé dans la Revue des langues ro- 
manes. 

Signalons aussi le récent ouvrage de M. Michel Bréal : Quelques 
mots sur IHnstruclion publique. Les amis des études sérieuses ne 
sauraient trop en recommander la lecture. 



* « 



Dialecte picard. — M. Natalis de Wailly a publié, dans la Biblio- 
thèque de r École des Chartes, t. XXXI et XXxII, une collection de 
chartes en langue vulgaire, provenant des archives de la collégiale 
de Saint-Pierre d'Aire. Il y a joint un commentaire grammatical 
exact et complet. 

Le Gérant, Ernest HAMELIN. 



DIALECTES ANCIENS 



UN alManach au X"»« siècle 



I 

Sur le recto du premierfeuillet dums.301 delà Bibliothèque 
de l'École de médecine de Montpellier, figure un court alma- 
nach, ou plutôt un préambule d'almanach, où se trouvent des 
prédictions relatives au temps et aux événements politiques. 

On sait que cette habitude bizarre ne s'est pas encore perdue, 
et qu'on rencontre des almanachs ad mum. . . populi, où les va- 
riations de la politique et celles de l'atmosphère sont prédites 
avec soin, sinon avec clarté; car, dans bien des campagnes, un 
almanach n'a de valeur qu'autant qu'il indique, non-seulement 
le temps de l'année, mais encore le temps de chaque jour. 

Nostradamus, qui publia des almanachs de ce genre, de 1550 
à 1567, eut un très-gçand succès. On aurait pu croire qu'il 
était l'inventeur de ce système de prédictions relatives à la 
politique et à la météorologie ; enverra, en lisant cette courte 
notice, qu'il n'a fait que remettre en vigueur une tradition 
plus ancienne. 

N'ayant ni les moyens ni le désir de traiter la question cer- 
tainement intéressante de l'origine des almanachs, je me suis 
<y)ntenté d'étudier ce document au point de vue philologique. 
'. Je donne d'abord le texte et la traduction, puis le com- 
mentaire. 

n 

(Uê. 301, M, r*) 

A, 1. — Si die dominico. fuerint. kal. jan. hiems calidus. 
vernum. humidûm. sestas. etautumnus. ventosi annone bone. 
abundjMitia peccorum. Mel suffitienter. Vindemie. ubertas. e 

9 



134 DIALECTES H0DERNB8 

legumihum. fructus. ortolani parebunt. Juvenes. interibunt. 
bella delectabiliter. Regnum*. disceptatio. Pagne erunt et 
latrocinia magna et aliquid novi. audietur. aut ex regibus, aut 
ex principibus et pax fiet. 

A. 2. — Si die secundo fuerint kal. jan. facit hiems com- 
munem vernum et estatem teperatum. autumnum diluviosum. 
formidines erunt. et infirmitates. Turpiores morientur. bella 
delectabiliter surgent Mutationes militum. et principum. Al- 
tercaciones erunt et multe. matrone in luctu sedebunt. et gla- 
ties magne erunt. et reges interibunt ferro et mortalitas 
magna erit et vindemia non bona et apes morientur. 

A. 3. — Si die tertio fuerint kal. jan. facit hiems magnum, 
et nimium. et diluviosum. Vernum et estatem. humidum. au- 
tumnum siccum. Frumenti karitatem. etpeccorum interitum. 
Repentini. in orbem regnabunt Navigantibus periculum Mel 
superabundavit Uni erit karitas incendia multa. Pestilentia 
multa nimia Legumina precipua fructus ortolaris parebit. 01- 
leum. superabundabit Turbatio aliquaerit. romanis et mu- 
lieres morientur. et reges peribunt. et vindemie labor erit. 

A. 4. - Si die. IIII. fuerint kal. jan. erit annone vilitas 
Vindemie habundantia. Pomorum inanitas . adquisitas homi- 
num bonus negotium habundabit*. Virorum interitus. hiems 
kalidus et asperus. Vernum malum. et humidum autumnum. 
temperatum. Pericula ferri • olei copia Ventris. et precordia- 
rum solatio*. Mulieres morientur Locis diversis famis erit et 
aliquid novi audietur. SBstasbona erit. et juvenes morientur et 
mel non erit *. 

A. 5. — Si die. V. fuerint kal. jan. erit frumenti et olei et 
pomorum vilitas. et legumina bone erunt anone vitiabuntur 
lini erit karitas. Potionum. interitus pluvia multa. et flumina 

* Faut-il lire : regum ou rtgnorum? 

^ Je n'ai pas compris cette phrase. Le mot le plus embarrassant est 

•' Farris ? 

* Dans solatio le groupe al est douteux. 

» Le copiste a^ ait d'abord écrit «rer II s'est corrigé lui-même. 



UN ALMANACH AD X* SIECLE 1S5 

foras exibunt. Hiems temperatum . Yernum ventosum. autum- 
num bonum et estas bona. et pax erit. 

A. 6. — Si die. VI. fuerint kal. jan. facit hiems tempestivum 
Vernum bonum Ëstatem malum autùmnum siccum frumentum 
et vindemiam habundabit et oleum lupitudo oculorum gregna- 
bit Infantes interibunt bella et deliciosa. militum Motus orbis 
terrarum. (P°105, v**) Et pereclitaciones regum et peregrina- 
tiones ex primatis erunt et magni rumores crica {sic] principes 
erunt et oves et opes morientur. 

A. 7. — Si die. VII. fuerint kal. jan. facit hiems ventosum. 
Vernum. magnum. Estatem varium autùmnum siccum et asi- 
duis tempestatibus vexabitur Frumenticoncussio set annona 
commoda. Peccorum interitus lini karitas Terciane febre do- 
minabuntur et variislangoribus homines affligentur et mortalitas 
erit maxime senes morientur. 

TRADUCTION 

A. 1. — Si les kalendes de janvier tombent un dimanche, 
hiver chaud, printemps humide, été et automne venteux; 
grains de bonne qualité ; abondance de bétail ; miel en suffi- 
sance ; belle récolte en vin et en légumes, les jardins donne- 
ront beaucoup. Mortalité sur les jeunes gens. Guerres en quan- 
tité. Querelles entre les rois. Il j aura des batailles et de 
grands brigandages, et on apprendra du nouveau, soit par le 
fait des rois, soit par le fait des princes, et la paix reviendra. 

A, 2. — Si les kalendes de janvier tombent le deuxième jour, 
il fait * un hiver ordinaire, un printemps et un été tempérés, 
un automne extrêmement pluvieux. Il j aura des épouvantes 
et des maladies. Mortalité sur les gens laids. Des guerres écla- 
teront en grand nombre. On verra souvent les soldats en ré- 
volte et les grands en lutte. Les dames seront dans le deuil. 
Et il y aura de grands désastres, et les rois périront par le fer, 

* J'ai cru pouvoir hasarder cette expression, pour traduire plus fidôle- 
menl le latin, quoiqu'on ne dise bien que : c II fait froid, il fait chaud i. 



136 DIALECTES ANCIENS 

et la mortalité sera grande, et la vendange ne ^çra pas bonne, 
et les abeilles'mourront. 

A. 3. —Si les kalendes de janvier tombent le troisième jour, 
il fait un hiver long et rigoureux et un printemps très -plu- 
vieux et un été humide, un automne sec ; les blés sont chers ; 
épidémie sur le bétail; fréquentes bourrasques (?); danger pour 
ceux qui naviguent; il y aura surabondance de miel; le lin coû- 
tera cher; beaucoup d'incendies; pestes fréquentes, meurtrières; 
il y aura surtout des légumes; les jardins donneront beaucoup; 
il j aura surabondance d'huile; il j aura certains troubles chez 
les Romains, et des femmes mourront, et des rois périront, et 
on aura de la peine pour la vendange. 

A. 4. - Si les kalendes de janvier tombent le quatrième jour, 
les grains seront pour rien, la vendange abondante ; il n'y 
aura pas de fruits 

Mortalité parmi les hommes ; hiver chaud et rude ; mauvais 
printemps et humide ; automne tempéré (?); craintes pour le blé ; 
huile en abondance, soulagement pour Festomaç et les entrail- 
les; des femmes mourront; il y a^ura disette en divers lieux, et 
on apprendra du nouveau; Tété sera bon, et des jeunes gens 
mourront, et il n'y aura pas de miel. 

.'1 .5. — Si les kalendes de janvier tombent le cinquième 
jour, le blé, Fhuile et les fruits seront pour rien, et les légu- 
mes seront bons ; les grains seront avariés ; le lin cQÛ,tera 
cher; il a'y aura pas de quoi boire (?); pluies abondantes, et les 
rivières déborderont ; hiver tempéré; printemps vejiteux; bon 
automne et bon été, et on aura la paix. 

il. 6. — Si les kalendes de janvier tombent le sixième jour, 
il fait un hiver favorable, un bon printemps, un mauvais été, 
un automne sec; il y aura du blé et de la vendange en abon- 
dance ainsi que de Thuile; les ophthalmies seront nombreuses; 
dçs enfants périront; guerres et de soldats; tremble- 
ment de terre. Et les rois seront en danger, et les grands or- 
ront en divers lieux, et on f^ra courir des bruits fâcheux, sur le 
compte des princes, et les brebis et les abeilles mourront. 



UN ALMaKACH au X* SIECLE 137 

A. *?. -^ Si Ifeà kaléndes de jiailviëHôiïibeiit lé septième jour, 
il fait un hiVér venteux, tiii prtiitëinps dééagréâble (?), Un été 
variable, un automne âeb et qui sera troublé par des tempêtes 
continuelles. Déchet (?) surlésblés, mais les grains seront bons. 
Epidémie sur le bétail. Le liti sera cher. Les fièvres tierces 
domineront, et leshoninies seront affliges de inaladies diverses, 
et il 7 aura grande mortalité, surtout sur les vieillards. 



III 



Ce texte n'est pas de la même main que le reste du manu- 
scrit; il est moins ancien. Il n'offre pas de date ni de particu- 
larité chronologique précisé, ou même approximative, qui per- 
mettent de lui assigner une époque bien déterminée. 

On remarque cependant qu'il y est fait mention des Romains. 

S'agit-il des Romains du temps de l'Empire ou des Romains 
de la Papauté ? Rien ne l'indique. Mais une observation permet 
de rejeter la première alternative : c'est qu'en fait de person- 
nages politiques, notre almanach ne parle que de rois et de 
grands, « reges et principes », et noli d'empereurs ou de césars. 
Quant à remonter aux Romains de la République ou inême 
des premiers temps de l'Empire, cela est impossible, puisque 
la locution die dominico, « dimanche )>, par laquelle il débute, 
nous renvoie à l'époque chrétienne. 

La date de la composition ne peut donc se retrouver ; quant 
à la transcription, elle est très-certainement du X® siècle, à en 
juger par l'écriture. 

Le ms. où il a été inséré, en deux fragments très-courts et 
d'inégale étendue (f* 1, r° et f» 105, v°), est occupé par un re- 
cueil de canons pénitentiaux en trois livres, que Luc d'Achery 
a reproduit dans le tome XI de son Spicilegium . Bouhier, à 
qui il a appartenu, après de Thou, le dit du VIP ou VHP siè- 
cle * ; mais, il est plus probablement du IX®. 

* Voir âon Catalogue manuscrit, ir* 19 (Bibliothèque de l*Ecole de méd* 
de Montpellier), p. 47, al. 20. 



138 DIALECTES ANCIENS 

Il est assez difficile d'en déterminer Torigine. Cependant, 
parmi les rares indices de prononciation qui pourraient met- 
tre sur la voie, j'en ai relevé un qui n'est pas sans valeur : 
c'est la forme dimas, pour décimas, « les dîmes » : Si quis autem 
voluerit retinere dimas (f» 104, v<*). Elle se trouve dans un 
de ces textes de remplissage que les possesseurs de manuscrits 
se plaisaient à intercaler dans les pages ou parties de page 
laissées en blanc. L'italien, le catalan, l'espagnol et le por- 
tugais, ayant conservé la forme latine décima, et le français 
seul l'ayant abrégée en disme, que Ton prononçait comme au- 
jourd'hui dîme, il est permis de supposer que ce ms. vient 
d'une province de langue d'oil. 

Du reste il n'importe guère, pour la valeur de ce document, 
qu'il ait été écrit en France plutôt que dans un autre des 
pays de langue romane, puisque les faits de syntaxe qu'on y 
peut relever, et qui sont évidemment dus à l'influence du lan- 
gage populaire, sont communs à toutes les langues néo-la- 
tines. 

Phonétique 

1® Voyelles 

jS pour e: pas d'exemple. 
F pour œ: fréquent : — annonE bouE (a, 1), etc. 
Arum pour orum : — precordiAKV^ pour prœcordiorum (a. 4). 
Orum pour arum : pas d'exemple. 

pour u: — ortoiani (a. 1), ortolaris (a. 3), pour hortulani, 
hortularis. 

U pour o: pas d'exemple. 
/ pour u: pas d'exemple . 
t^pour i: — lupitudo ^our lippitudo (a. 6). Voir p. 143. 

2° Consonnes 

B pour V : pas d'exemple. 

V pour h: — mel superabundayit pour superabundabit 
(a. 3). 

C pour ce : pas d'exemple. 



UN ALMANACH AU X* SIÈCLE 139 

ce pour c ; — peccorum pour pecorum (a. 3 et a. 7). 

G prosthétique : — aregnabit^^ourregnabit (a. 6). Voir p. 143. 

ff prosthétique : — nabundantia (a. 3), uahundabit (a. 4 et 
a. 6). 

G pour gu, devant o: — langoribus (a . 7). 

Gu pourgf, devant o: pas d'exemple. 

H initial supprimé : — ortolani {a, 1), ortolaris (a. 3), pour 
hortulani, hortularis. 

K pour c devant a ; — Karttas {a, 3, a. 5 et a, 7), Kalidus 
{a. 4). 

iV pour nn / — avone pour annoncp (a. 5). 

NN pour n ; pas d'exemple. 

R (métathèse de 1'): — crica pour circa {a, 6). 

S pour ss .* — asiduis pour assiduts (a. 7). 

5Spour s.' pas d'exemple. 

r pour rf final, devant une voyelle ; seT annona (a. 7) . 

D pour t final : pas d'exemple. 

Grammaire 

Cft8 

Accusatif en am substitué au nominatif en a .* — vindemiaM 
habundabit (a. 6] . 

Accusatif en em substitué à l'ablatif en e: repentini in orbeu 
regnabunt {a, 3). 

Genres 

Le masculin est mis plusieurs fois pour le féminin : 
Die dominico (a. 1). — Hiems calidus (a. 1), hiems magnum 
[a. 3), etc.. — Estatem tepei^atum (a. 2), humidum [a, 3), ma- 
lum (a. 6). 

Dans le premier exemple on s'attendait à voir die dominica, 
parce que beaucoup d'autres textes, regardés comme corrects, 
donnent plutôt le féminin à dies ainsi employé. En réalité, 
on était libre de choisir le masculin ou le féminin quand ce mot 
était au singulier, le masculin n'étant de rigueur qu'au plu- 



140 DIàLEOTBS angibms 

riel. Dans le cas présent, où Ton compte les joups de la samaiiie^ 
où Ton attribue à chaque jour désigné sa vraie durée, et oon 
une durée indéterminée, remploi du masculin est plus ockrrect ; 
car dies au singulier ne prend bien le féminin qu'autant qu'il 
indique la durée d'une manière vague : qtiadam die et oon qvo- 
dam die. Il est probable, cependant, que le copiste ou F auteur 
n'a pas fait toutes ces réflexions, et qu'il s'est contenté de se 
conformer à l'usage populaire, qui, au moins en France et en 
Espagne, préférait dies dominicus à dies dominica, comme on 
doit le conjecturer d'après l'accord de nos anciens textes et des 
patois actuels, qui, presque tous, donnent le masculin au mot 
qui s'en est formé *. 

Hiems et œstas étaient féminins dans le latin classique. La 
substitution du masculin est due probablement à l'influence 
du langage populaire, qui a donné ce genre au non^ des sai- 
sons. Il faut observer aussi que œstas est conservé deux fois 
avec son vrai genre : estas bona [a. 4 et a. 5). 

Le neutre et le masculin, le neutre et le féminin, sont con- 
fondus deux fois : 

1° Autumnum temperatum (a. 4), bonum {a. 5). — Hiems 
temperatum (a . 5) *. Il faut sous- entendre erit dans chaque 
exemple . 

2° Legumina bone erunt pour bona (a. 5) . - Precordiarum 
pour prœcordiorum (a. 4). 

Ces incorrections sont problablement dues à Tinfluence du 
parler populaire, qui, au singulier, confondait le masculin et 
le neutre, et, au pluriel, le neutre et le féminin. Cette dernière 
confusion, celle du neutre et du féminin, provenait de la res- 
semblance de flexion entre le neutre pluriel en a et le féminin 
singulier, également en a : fausse analogie, qui explique le 
changement de genre suivant le changement de nombre dans 
les mots délice, orgue, — masculins au singulier, parce que la 

* Exceptions : en italien, domenica, fém.; dans le patois de Genève, 
une dimenche; dans le patois bressan, la dimenehi. 

^ Nous avons déjà remarqué que hiems était masculin pour le copiste. 



UN ÂtiMANAGH AtJ X* SIECLE 141 

terminaison neutre de leurs primitifs latins delicium, organum, 
se confondait avec la terminaison de Taccusatif masculin ; — 
féminins au pluriel, parce que la terminaison a du pluriel 
neutre des mots latins delicta, organa, les faisait prendre pour 
des noms féminins. 

On trouve fréquemment des exemples analogues dans le 
latin mérovingien, tels que pecoras, vestimentas, etc. (Voyez 
Brachet, Grammaire historique de ta langue française, p. 157). 
Que de fois j'ai relevé, dans les thèmes de mes élèves, des bé- 
vues du même genre : sumpsit armAS, « il prit ses armes )) ! 

Place des mots 

Adjectif. — L'adjectif, employé comme attribut, se met tou- 
jours après ie nom auquel il se rapporte: «fîiems [erit] calidus 
— vernum [erit] humidum, — sestas et automnus [erunt] boni, 
ete », «t non : « Calidus [erit] hâems, humidum [erit] vernum, 
boni [enint} sestas et automnus. » 

Il se met soit avant, soit après le nom, plus souvent après, 
quand il n'est pas pleineisEvent attribut, o'est-à^dire quand il 
figure incideniiment dans \b, proposition : u 1° (après le nom) Fruc- 
tus ortolani parebunt, — Pugne erunt et latrocinia magna, — 
fructus ortolaris parebit, — Si die d<Mninico si die se- 
cundo .... si die tertio fuerint, — Et glaties magne erunt. » 
Dans cet exemple, magne n'est pas pleinement attribut, carie 
sens est : « Il y aura de grands désastres » , et non a Les désas- 
tres seront grands » ; — a 2* (avant le nom) asiduis tempestati- 
bus vexabituir, - Terciane febre dominabuntur, -*- Variis lan- 
goribus homines affiigentur. » 

Sujet, — Le sujet se met toujours le premier, et le verbe le 
dernier: «Fructus ortolani parebunt, -*- Juvenes interibunt, — 
Aliquid novi audietur. )> 

Esse fait exception et se place indifféremment avant ou 
après : a 1® (après) Pugne erunt )> ; — « 2** (avant) Si die dominico 
fuerint kalendae. » 



142 DIALECTES ANCIENS 

Lexique 
Formes et acceptions rares ou nouvelles 

ASPERus [hiems] (a. 4) pour asper. — Fonne entièrement 
nouvelle. 

CoNCUSSio frumenti (a. 7). — Concws^io veut dire « secousse » . 
Je ne vois pas trop comment il a pu être joint à frumenti. Est- 
ce une acception nouvelle ? Faut-il y voir une faute de tran- 
scription? 

DELECTABILITER [bello) (a. 1). BcUa DEI ECTABILITER SUrgCnt 

(a. 2). « Il y aura beaucoup de guerres, Beaucoup de guerres 
éclateront». — Acception nouvelle. Les lexiques ne donnent 
que le sens de « agréablement » . 

C'est par la même analogie qu'en grec èiïieiTUùç signifie en 
même temps «avec douceur» et «en abondance». 

DELiGiosA {bella et militum) (a. 6), « guerres et méfaits? des 
soldats ». — Je suppose que le copiste a mal lu ou mal écrit, 
et que la vraie leçon est delicuosa. Ce mot, il est vrai, ne se 
trouve nulle part, mais Ducange donne delicuum avec le sens 
dedelictum, TrxaKJfxai échec ou faute commise. On pourrait en- 
core lire deliquiosa, que Ton dériverait de deliquium, manque, 
perte. Dans ce cas il faudrait peut-être traduire par n pertes 
éprouvées par les soldats», ou par « défections des soldats», 
comme ont traduit deliquium solis par «éclipse de soleil». 

DiLUviosuM ( facit autumnum ) (a. 2). Facit hiems diluviosum 
(a. 3). «Il fait un automne, un hiver extrêmement pluvieux. » 
— Mot entièrement nouveau et très- régulièrement formé de 
diluvies, comme speciosus de species . 

EX primatis peregrationes (a. 6), pour « primatum peregri- 
nationes, — Acception nouvelle. Dans le bas latin, c'est d'or- 
dinaire la préposition de, suivie de Tablatif ou de l'accusatif, 
qui remplace le génitif de possession. 

FACIT hiems, vemum, estatem. ... « Il fait un hiver, un prin- 
temps, un été froids, etc. ». De même dans Grégoire de Tours: 
Gravem eo anno hiemem fecit (Bibl. nat., ms. 17655, f» 44, r*»). 



UN ALM4NAGH AU X' SIÈCLE 143 

-^ C'est un pur romanisme, comme le prouyent les locutions 
actuelles « Il fait chaud, il fait du vent, etc. » 

FAMis pour famés (a. 4). 

FEBRE (terciane) dominabuntur (a. 7). — Cette forme, qui 
suppose le nominatif singulier febra, ne se trouve pas dans 
Ducange. C'est une des créations de la syntaxe populaire, qui 
ramenait tous les mots féminins au type commun de la pre- 
mière déclinaison en a. Voir plus loin Primatis, 

GLATiES {matrone in luctusedebunt et . . . . magne erunt) (a. 2). 
— Glacies n'ayant ici aucun sens, il est probable que glattes 
est pour clades, avec le sens de « désastre )). Pour le change- 
ment de cl en gl, comparez Otuidis u pestilentia » ap. Diez, 
Altr. Glossare, p. 49. 

GREGNABiT (a. 6) pour regnabù, — J'ai relevé un exemple 
analogue dans le ms. n° 61 (XP siècle) de la biblioth. de Leyde, 
dit ms. de Vossius, f* 11, r": GKegnariolus pour regariolm (roi- 
telet). 

C'est de même, par la prosthèse du g devant l'r, que ranancu- 
lus a formé anenouille, 

HiEMS est traité comme mot invariable : fadt hiems commu- 
nem (a. 2), facit hiems magnum (a. 3), facit hiems tempestivum 
(a. 5). 

LUPiTUDo oculorum (a. 6), pour lippitudo, — J'ai déjà eu oc- 
casion ( Cinq Form, rhythmées et assonancées du VIP siècle, 
p. 32) de signaler et d'expliquer la tendance qu'avaient nos 
ancêtres à assimiler Vu et lï. J'en ai donné des preuves cer- 
taines pour le XII® siècle. Il est permis de reporter cette ha- 
bitude encore plus haut, et de supposer que de tout temps l'or- 
gane gaulois a tendu à substituer le son û au son ou des anciens 
Latins et des Italiens d'aujourd'hui. 

MAGNUM vemum. . . . facit (a. 6). — Magni rumores erunt 
(a. 6). — Facit hiems magnum et nimium (a. 3). — Magnus 
semble avoir dans ces différents passages le sens péjoratif de 
gravis, dont il semble aussi tenir la place. Du moins gravis ne 
figure-t-il jamais dans ce texte, bien que le sens qu'il repré- 
sente y trouve place plus d'une fois. 



144 DlÂtECTBS ANGI9MS 

HVTAtioiŒS fmUtum et prmeipum (a. 2)^ « HérohitioM opé- 
rées par les soldats et par les grands. » -^ Accfeptioù nou- 
velle. Mutatio, employé avec ce sens, régit toi^ours un nom de 
chose : Mutatio rerum, « Révolution politique, n 

0RT0LARI8 (a. 3) pour hortularù, — * Les lexiques delà bonne 
latinité ne donnent que bortuaHsy hortemiè et hortulanus. Du- 
cangene cite que le neutre pluriel, kortularta : olera, legumina, 
et alia id genus quss in hortis nascuntur. 

Encore cet exemple unique, tiré d'une charte du XIP siècle, 
est-il postérieur de deux cents ans au nôtre. 

PBRiGLiTAiCiONES regvm (a. 6), « Les rois seront en danger. » 
— Acception nouvelle. Les lexiques ne donnent à periclitatio 
que le sens de « essai, épreuve. » 

PRBcoRDiARUM (a. 4) pour prœcorcHorum. *- Forme nouvelle. 
J'ai déjà cité ce mot comme preuve de la tendance qu'avaient 
ceux qui écrivaient le mauvais latin des premiers temps du 
moyen âge, à confondre le féminin avec le pluriel neutre. 

Primatis pour primatilms (a. 6). — J'ai eu occasion {Revue 

- des langues romanes, janvier 1871, p. 60) de constater cette 

loi de déformation, qui ramenait toutes les désinences des 

noms ou adjectifs masculins à un type unique, celui de la 

deuxième déclinaison en us. 

Ducange cite un seul exemple de primatus, daté de 1086. 

RBPENTiNi in orbem regnabunt navigantibus periculum (a. 3). — 
n est probable qu'il s'agit des vents qui soufflent brusquement. 
Venti serait donc sous-entendu. Conjecture plausible, et ^i 
acquiert plus de force si l'on rapproche repentini de l'adjectif 
annotini, qui se trouve dans le ms. 305 ( IX® siècle) de Mont- 
pellier, employé isolément avec le sens de « vents étésiens » . 

soLATio {Olei copia Ventris et precordiarum (a. 4). — Faut-il 
lire Olei copia [erit] solatio ventris et precordiarum, — litt. 
«Abondance d'huile sera j?our k sotdagement de l'estomac et des 
entrailles», en regardant 5061^0 comme le datif de solatium? 
Ou bien doit-on faire de solatio le nonuimaitif de solatiùy onis, 
qui serait l'attribut de copia olei et non le complément de erit? 
Dans ce cas nous auriona une forme nouvelle, faisant double 



UN ALMANAOH AU X" SIECLE 145 

emploi avec solatium, forme qu'on peut déduire du composé 
consola tio. 

TEMPESTivuM {Facît kiems) (a. 6). — Quel est le vrai sens 
de cette expression ? Si elle appartenait à un texte correct, on 
ne serait pas embarrassé, et on traduirait : « Il fait un hiver 
favora^l^ )\, tempçstiims ajant, dans la bonne latinité, le sens de 
<c opportun, favorable ». Mais, pour traduire ce mauvais latin 
tout imprégné de romanismes, il est plus sûr de puiser les 
éléments de comparaison dans le recueil de Bucange. 

On y trouve, en effet, non pas Tadjectif, mais, ce qui re- 
vient au même, r^dverbe tempesHve avec le sens de impetuose, 
tempestatis instar. Les deux exemples cités, quoique moins an- 
ciens que le nôtre — ils sont de 1364 et de 1386 — autorisent 
la traduction que j'ai préférée, « hiver orageux. » 

A. Boucherie 



Il est intéressant de rapprocher ce document des Jours pé- 
rilleux que M. Ç. Meyer a publiés dans le Jahrbuch. On y 
retrouvera la même tendance et des bizarreries analogues. 

Je regrette de ne pouvoir indiquer, d'une manière précise, 
le volume où figure 1^ passage a^uquel je renvoie. 

Je n'ai entre les mains que quelques feuilles de cette collec- 
tion. 



ARCHIVES DE MONTPELLIER 



m 

L'INVENTAIRE DES ARCHIVES DE U COMBfUNE aOTURE 



Comme toutes les institutions municipales de cette époque, 
la Commune Clôture était très-jalouse de ses franchises et de 
ses privilèges ; elle en tenait compte avec une exactitude ri- 
goureuse, ne manquant aucune occasion d'en accroître le nom- 
bre ou d'en étendre Tapplication. 

Cela explique pourquoi, à diverses reprises, elle donna Tordre 
à ses agents d'en établir et d'en rédiger des inventaires mé- 
thodiques, très-précis, quoique sommaires. Le Livre des pri- 
vilèges de la Commune Clôture y publié récemment dans la /?ei;2^«, 
en contient plusieurs, d'autant plus remarquables qu'ils ap- 
partiennent tous à une date voisine de la création de l'œuvre. 

Le plus curieux, sans contredit, puisqu'il accuse dès ce 
temps des habitudes d'ordre et de bonne administration, est 
évidemment V Inventaire des archives de 1264 *. 

L'œuvre s' accroissant de jour en jour en richesses, en attri- 
butions et en influence; son pouvoir s' étendant et, avec lui, les 
complications d'affaires, on fut obligé, un siècle après, de pro- 
céder à un nouveau travail de ce genre. 

En conséquence, vers Tannée 1377, les seigneurs ouvriers, 
administrateurs de la Commune Clôture, ordonnèrent qu'une 
seconde inventoriation des chartes et des titres d'établisse- 
ment, de propriété et de souveraineté de Tœuvre, serait faite. 
Notre manuscrit fut le résultat de ce travail. 

On peut penser, tout d'abord, que la publication d'un sem- 
blable inventaire ne peut être de grande utilité ; la réflexion 
ne tarde pas à modifier cette croyance. Ce n'est guère qu'un 

' Voir, dans la Revue, la 4* livraison de 1872, p. 20. 



ARCmVBS DBl LA OOMMUNB GLÔTURJB 147 

ppocès-verbal très-sec et très-froid, sans doute, mais c'est 
un procès-verbal qui relate les faits et gestes d'une puissante 
administration, et qui en emprunte, à tout instant, le plus 
grand intérêt. 

C'est, si l'on peut s'exprimer ainsi, l'histoire même^ prise à 
sa source la plus sûre et la plus impartiale. 

S'il s'agit de V Inventaire des archives du Consulat, on y voit, 
par l'arrangement et le classement des affaires, comment nos 
pères les entendaient et comment ils les exécutaient. S'il s'agit 
de celui des Archives de la Commune Clôture, on y sent revivre, 
dans l'une de ses plus essentielles conditions d'existence, la 
défense du territoire et le maintien de ses droits, l'intelligence 
d'une Commune qui fut l'honneur et l'admiration de son temps. 
Il en résulte que ces sèches énumérations de chartes et de 
titres, par suite de ce souvenir de tout ce qui s'est fait d'im- 
portant ou d'extraordinaire, forment de véritables chroniques 
municipales, infiniment préférables, sous bien des rapports, à 
celle que l'on insérait avec tant de soin dans le Petit Thala- 
mus. 

Les considérants qui en amenèrent la rédaction ont été 
placés en tête du manuscrit en forme de préambule ; je les 
reproduis ici, en traduction, comme étant très-dignes de re- 
marque : 

. « Au nom de N.-S. J.-C. et de M"^ Sainte Marie, vierge- 
mère, et de tous les saints et saintes du Paradis, que ceci soit 
fait. Amen. 

» En l'an de l'Incarnation 1377, au mois d'août, Etienne de 
Clapier, Bernard Jaudon, Deudes Astruc, Jean Navar, Pierre 
del Valat, Benoit Oliva, Marc de Cabanes, ouvriers de la Com- 
mune Clôture de la ville de Montpellier, sachant et connais- 
sant que l'intérêt public doit être préféré à l'intérêt privé ; at- 
tendu que la mémoire de l'homme est oublieuse, et que pour 
cette raison l'écriture fut inventée, si bien que les choses à 
perpétuer par la tradition tombent en oubli, si elles ne sont 
ravivées par son bienfait ; pour ce, afin qu'il en soit fait un 



mémorial perpétuel : voyant que les chartes qiLi concernent 
notre susdit office, tant pour le fait de Tœuvre que pour celui 
des chapellenies, desquelles nous avons le patronage, n'ont 
pas été bien inventoriées, à cause de la négligence du temps 
passé, nous avons fait écrire dans ce livre ou enregistrer, par 
manière d'inventaire, toutes ces chartes avec ordre. 

» Et, en premier lieu, les chartes et privilèges de Tœuvre, 
ainsi qu'il suit, etc. » 

Le manuscrit se compose de neuf feuillets grand in-4°, sur 
parchemin., en belle et bonne écriture. Il ne forme qu'un seul 
volume, avec un autre manuscrit du même temps et de même 
espèce, le Catalogue des chapellmies, qui n'en est, à bien con- 
sidérer, que la continuation *. 

Il se divise en quatre parties : 

La première, dont on vient de citer le début, n'est guère que 
V Inventaire de 1264, accru et complété. Il commence avec la 
charte d'institution de l'œuvre en 1196, par Guillem VIII, et 
finit avec la charte d'acquisition des XII pans du fossé du 
portail de Lattes, en 1376 . 

La seconde est tout simplement le répertoire des actes et 
instruments contenus dans le livre du notaire de l'œuvre, 
W Elle Lambert. Il y est désigné par la curieuse dénomination 
de Libre cubert de postz, ce livre ayant une reliure en bois 
(art. 26). 

Les troisième et quatrième sont d'autres répertoires des deux 
livres de notes de son successeur, M® Jacme de St-Johan. Ils 
sont dits l'un et l'autre, Libre de las notas, sans plus, sauf la 
remarque, loqual es a l'obra, lequel appartient à l'œuvre (a. 50 
et 70). 

Les archivistes de ce temps4à, généralement notaires ou 
secrétaires de l'administration, ne considéraient les chartes, 
comme de juste, qu'au seul point de vue du profit que Ton 
pouvait en tirer ; on était encore trop près des événements 

* inventaire de Joffre, tom. II, 199. Armoir3 6, sac F. 



ARCHIVBiS DB LA COMMUNE} OLÔTURB 14» 

pour que Ton songeât à Thistoire, et, d^autre part, on ^taittr^op 
pressé par les exigences et les empiétements de la irojanté 
pour qu'il Qe iùt pas nécessaire de tenir un compte exact, en 
vue de la défensive surtout, des forces que Ton possédait ; à 
tout propos, à toute heure, il fallait être prêt à accepter la 
lutte. De là cet esprit pratique, ces préoccupations sévères et 
positives, qui en animent la rédaction. 

Chaque titre de charte donne donc, ordinairement, en outre 
des indications de Torigine, du sens et de la date, celle du 
service qu'on peut en tirer, soit politique, soit fiscal. 

Politiquement, la Commune Clôture possédait une entière 
autonomie, ce qu'on appelait alors senkoria. Sa domination 
était puissante, énergique et presque toujours incontestée. On 
n'ignorait pas que le respect de cette domination était le pal- 
ladium de l'indépendance communale ; on savait que, lorsque la 
ville perdrait le droit de se garder et de se défendre elle-même, 
la commune ne serait plus qu'un vain nom et que ses libertés 
expireraient. Ce fut ce qui arriva, en effet, lorsque le duc d'An- 
jou entra dans Montpellier par la brèche. 

L'article 3 du présent inventaire énumère tout ce qui dé- 
pendait de cette senhoria : les murs et les fossés, avec leur 
double enceinte, les portes, les ponts-levis, les tours, les che- 
mins de ronde, etc. 

Aussi était- on d'une sévérité implacable pour tous ceux qui 
osaient attenter au respect que l'on devait à la Commune Clô- 
ture. En ruiner une partie quelconque, pour si petite qu'elle 
fût, la franchir ou l'escalader méchamment, étaient des crimes 
punis de mort ou du fouet. Quel que fût Je cas, les seigneurs 
ouvriers, au nom de l'œuvre, à la fois juges et partie, saisis- 
saient le coupable, et, après l'avoir montré ignominieusement 
par les rues, le faisaient fouetter à l'endroit même des rem- 
parts qu'il avait insulté, afin que le souvenir de F expiation fût 
attaché à celui de l'insulte. Notre manuscrit nous en fournit 
plusieurs exemples : 

Le 17 décembre 1350», un homme fut fouetté {^cobai) pour 

10 



150 DIALBCrrBS ANCIENS 

avoir volé certains verrous appartenant aux fortifications 
(art. 9). 

Le 13 octobre 1378, un porcher fut fouetté pour avoir 
franchi la palissade (art. 81). 

Enfin, le 13 juillet 1375, un assassin, Tajant franchie pour 
échapper aux poursuites, vit sa condamnation à la peine de 
mort s'aggraver de celle de Tamputation du poing ; ce poing fut 
déposé dans une petite boîte au pied de la palissade (art. 59). 

Cette législation singulière nous explique, en des temps plus 
anciens et plus barbares, la légende et le supplice de Remus, 
lors de la fondation des murailles de la Rome carrée . 

Fiscalement, la Commune Clôture subvenait aux frais con- 
sidérables de son administration par diverses ressources. 

Elle ne put compter d'abord que sur une petite part des 
contributions communes, librement concédées parles consuls, 
en vue de la sûreté publique. 

Elle y joignit, ensuite, une redevance spéciale imposée aux 
étrangers, pour qu'ils contribuassent pour leur part à cette 
sûreté dont ils partageaient les bénéfices. On peut voir, pour 
l'une et l'autre de ces ressources, les articles 4, 5 et 6 du 
Livre des privilèges et l'a. 10 de ce ms. 

Plus tard, lorsqu'elle se fut solidement établie, elle s'en 
créa elle-même un plus grand nombre, soit en louant les mai- 
sons qu'elle bâtissait sur les remparts et aux XII pans, avec 
l'obligation expresse de déloger au premier ordre; — soit 
en cédant, par une sorte d'emphytéose à titre féodal, dite 
acapte, diverses parties déterminées des fortifications, tant de 
la première que de la seconde enceinte (art. 3, 11). 

Tout l'inventaire des possessions, dans le Livre des privilèges, 
est consacré à l'énumération des loyers. Les acaptes, au con- 
traire, sont plus spécialement indiqués par le manuscrit que 
nous publions ; on en trouvera, en tête de l'Index topogra- 
phique, une liste détaillée. 

Je me propose de publier, sur le dialecte de Montpellier, 
du XI* au XIV* siècle, des observations très-iutéressaiites. 



ARCHIYBS DE LA COMMUNE CLÔTURE 151 

qui résultent d*une étude d'ensemble des manuscrits des ar- 
chives municipales. Je ne relèverai ici que quelques particu- 
larités de l'orthographe. 

La plus remarquable est celle de Finsertion de certaines 
explosibles. 

Du p après m: ensempsifi,. 4), palmp$ (a. 3), plumps (a. 2). 

Du s avant t : dastz (a. 15), sostz (a. 44), mostz (a. 79), degustz 
(a. 22). 

Du t après ch : dichiz (a. 7). 

De h après g : fagh (a. 8), digh (a. 1). 

Dans les polyphthongues, Yy remplace Vi : Monpeylier, es- 
quieyra, manieyra (a. 3 et 19). 

Enfin quelques exemples du féminin en e : bulle (a. 2), autre 
a. 3), etc., à moins que ce ne soit une faute de Fécrivain. 

Le Catalogue des ckapellenies, du même temps, présente les 
mêmes particularités. 

Nous y remarquons de plus que Ve initial, avant s, tombe : 
spectayre, scriptura (a. 154, 1), s'y trouvent concurremment 
avec especiayre, escriptura; 

Ainsi que le r final des substantifs en or et en er : sesties, 
obries, terrado (a. 282, 234), pour sestter, obrier, terrador, etc. 

Du reste, il y a souvent, pour le même mot, et cela à quel- 
ques lignes de distance, une infinité de variantes orthogra- 
phiques. Nous trouvons, toujours dans le dernier manuscrit 
cité: 

Gleyza(d,, 222), glieyza (a. 224), glyeiza (a. 226), glieza 
(a. 224), gleya (a. 231), etc. 

Dans Fun et dans Fautre, les mots en ia, tels que capelania, 
demaria, agulharia, ont une tendance à devenir iè : capelaniè, 
demariè,agulhariè, comme on dit aujourd'hui. Dans la première 
partie du Catalogue, on trouve indifféremment capelania et 
capelaniè, directa senhoria ei directe senhorie (a. 195, 197), en 
observant toutefois que le pluriel reste toujours en a : capela- 
nias (a. 166 et sq.) ; dans la seconde partie, au contraire. Fa 
est conservé avec soin (a. 218 et 59). 

Achille MoNTEL. 



152 DULLBCTB8 ANCIENS 



TABLE 
Du ms. De rédition. 

I 

F* 1, r*. — Inventaire des chartes proprement dit. Art. 1. 

Ces chartes étaient placées dans une 
armoire spéciale, divisée en étagères. 
Chacune de ces dernières avait sa dési- 
gnation à part. Notre ms cite Vescanh 
primierde l'obra (a. 4). 

Il y avait, en outre, plusieurs cassettes: 

4^ Una pauca cayseta, coma esquieyra, la- 

quai es senhada d'aquest senhal (a. 3). . . /' 

2® Una cayssa .... senhada d^aquest senhal ,^ ^ \ 
(a. ^*^j .•• •••..•.. •.«.....•• 





5® Una pauca cayseta .... senhada d'aquest 
senhal. (a. 22) 

II 







F* 3, v**. — Répertoire du Libre cubert de postz. 

de W Élie Lambert Art. 26. 

III 

F* 6, V*. — Répertoire du premier Libre de las 

notas 50. 

IV 
p« 3^ i»o — Répertoire du deuxième Libre de las 

notas 70. 

Ces deux derniers de M« Jacme de Saint- Johan. 



ARCHIVES DB LA COMMUSIB CLÔTURE 153 

1) En nom de Nostre-Senhbr Jhesu-Crist, e de madona 
Sancta Maria Verges majre sieua, e de totz los sans e las 
sanctas de paradis, sie fach. Amen. — En Tan de la encarna- 
tion del digh notre senhor Dieu Jhesu Crist, M CGC LXXVII, 
en lo mes d'aost, nos, Steve de Clapiers, Bernât Jaudon, Daude 
Astruc, Johan Navars, Peyre del Valat, Benezeg Oliva, Marc 
de Cabanas, obriers de la Comuna Clausura de la villa de Mont- 
peylier, sabens et atendens que la utilitat publica deu esser 
preferida a la privada, e que memoria d'omo (sic) passa, e per 
so fon trobada scriptura, o leugieyramens las causas que se 
transporton de una génération en autra tombon en oblit, si 
non son avivadas per benefici d'escriptura ; per so, afin de 
mémorial perpétuai : Nos vesem, .que los encartamens perto- 
cans a nostre dich offici, tant per lo fach de la dicha obra, 
coma per las capellanias, de lasquals em patros, per negli- 
gencia lo tempz passats non son escritz ben governan, avem 
fach scrieure en aquest libre, o registrar per manieyra d'even- 
tari designanlos distz encartamens per orde. E premieyramens 
los encartamens e previlegis de la dicha obra, en aysi quan se 
sec. 

I 

2) Premieyramens, lo prevalegi autriat per mossen Guilhem, 
senhor de Montpeylier, als senhors obriers de la dicha Comuna 
Clausura de la vila de Montpeylier, buUa (sic) de la siue bulle 
de plump, loqual fon donat Tan M C LXXXXVI, el mes d^oc- 
tobre. 

3) Jtem. I vidimusde letras riais autreiadas als senhors obriers, 
la I per nostre senhor lo rey de Fransa, e l'autre del rey 
(F° 1, v°) de Navarra, en losquals se conten que tota la se- 
nhorie que los senhors obriers an en la muralha, els valatz e 
XII palmps, aytanta senhorie an en la palissada et en los valatz 
e'is XII palmps deu fin lo palenc e deforas ; losquals privilegis 
del senhor de Montpeylier e'is dichs vidimus dels dichs senhors 
reys son en una pauca cayseta, coma esquieyra, la- 
quai es senhada d' aquest senhal 



-t- 



154 DIALECTES ANCIENS 

4) Item. XVni carias ensemps lîadas que son en Tescanh 
primler de robra,lasquals contenon las cridas de Tari de say e 
de lay, que son acostumadas de far per la viela de Mont- 
peylier per los senhors obriers. 

5) Item, I* caria conienen publicaiion de iesiimonis cossi los 
senhors obriers avien acosiumat de far las cridas acostumadas 
per la vila de Montpeylier e per los barris de la dicha vila, am 
los penos dels dichs senhors obriers. Fes la caria de la dicha 
publicacion maistre P. Delboy, noiari de la cori del Bayle, 
ran M CCC LXXVII, a XXII de dezembre. 

6) Lasquals dichas cridas foron fâchas en aquest an, am los 
dichiz penos dels dichtz senhors obriers. 

7) Esa {sic) dicha caria es senhada deiras de las armas 
dels dichiz senhors obriers. 

8) Item, V caria conienen acori fagh enire lo pobol del barri 
de Monipeylier e'is senhors cossols de Monipeylier, que los 
dichiz senhors cossols eron ienguiz de donar per réparation del 
digh barri e dels murs nous III M libr. Fes la caria maesire 
Arnaui Ricari, noiari. Tan M CCC LXVII de ociobre, 
senhada de las armas dels senhors cossols. 




Q 



9) Item. I* caria que conien cossi un home mui fonc scobat 
per los murs de la vila de Montpeylier, quar avie raubais 
(P° 2, r°) verrols per la muralha. Fes la caria maesire G. de 
Galhac, noiari, Tan M CCC XL, a XVII de dezembre. 

10) ItemV caria cossi los senhors cossols bayleron als senhors 
obriers la molieia del pes e de las rendas e'I mieg suquet del 
vin de Tan M CCCLXXII. Fes la caria maesire P. Gili, noiari, 
ran M CCC LXXII, a III de febrier. 

11) Item. I* earia conienen acori fagh enire los senhors 
obriers d'una part e sen Johan Moion, especiayre, del gari- 
Ihan que es deiras la gleya dé Sani-Salvayre, el digh sen 
Johan Moion, es ienguiz de far una paret, aysi cant apar en 
la caria fâcha per maistre Gili, noiari. Tan M CCC LXXIII, a 
XVI de januier. 

12) Item. II carias cossi los senhors obriers son elegiis 



ARCHIYBS DR LA COMMUNE CLÔTURE 155 

de Tan M CGC LXXIII, al derrier jorn de octobre, e Tautra de 
Tan M CGC LXXVII, fâchas per maestre P. Gili, notari. 

13) Item. III cartas que contenon cossi los senhors obriers 
compreron de terras per far far los valatz foras la r-^ 
porta de Hobilho, senhadas d'aquest senhal. -J *^ 

14) Item, I* carta cossi los senhors cossols feron cession als 
senhors obriers de XI C francs sobre la tersa partdels XII den. 
per lieura e sobre la tersa part del suquet del vin. Fes la carta 
maestre P. Gili, notari, Tan M CCC LXIX, aXXIIII de mars. 

15) Item, I* cajssa plena de cartas contenons acaptes dastz 
a diversas personas per los senhors obriers dels XII palmps 
dels murs, e de las terres, e de las bestorres, e de légations 
dels valatz, laquai cajssa es senhada d'aquest senhal ( ^ \ 




16) Item. I carta cossi los senhors cossols, exequidors del tes- 
tamen (F° 2, v°) del sen Hue Cairel, am décret del officiai de 
Magalona als senhors obriers feron cession dels doutes que eron 
degutz al die sen Hue Cairel. Fes la carta maestre P. Gili, notari, 
Tan M CCC LXIII, a III de jun. — Item. La clausa del testamen 
del digh sen Hue Cairel, fâcha per maestre P. Bordon, Tan 
M CCC LXI, a III de jun. — Item. Una procura dels seiihors 
obriers. E sonensems. 

17) Item. II cartas cossi lo rey de Malhorguas declaret que 
los XII palms déferas lo portai del Peyron pertocavon als se- 
nhors obriers, car lo rej lo {sic) avie donat ad acapte. Fes la 
carta de la déclaration maistre Bernât Arnaut, notari. Tan 
M ce LXIV, a X de las Kalendas de dezembre. — Item. Un 
presses pertenen als dighs XII palms. — Item. May s un tran- 
serig de la dicha carta, que son ensems liatz. 

18) Item. Una carta cossi los senhors obriers autreieron a sen 
P. Garin, meunier, I palms e mieg que son sostz la carrieyra 
de la dogua, davan lo Palays, e que el e ses successors fosson 
tengustz de tener o endregh la carrieyra dels XII palms. Fes la 
carta per ijaaistre Marc Nichplau, notari, Tan M CCCII, a III de 
ydus de octobre. 

» 

19) Item. II cartas contenons cossi los senhors fustiers del 
portai d'Hobilhon, promesson al senhors obriers de far un por- 



t^ DIALECTES AKCTEKS 

iàl p«r local carretas am fusta poguesson intrai^ eh là dogoa. 
Fes la carta maistre P. de Flesan, notarié Fan M CC XXVIII, 
a X de las Kalendas d^abril, de lasquals la una eâ sagelada del 
sagel dels senhors obriers. 

20) Item. Una carta cossi los senhors obriers feron cridar per 
la vila de Montpellier, que tota persona que aya hostals en los 
XII palms (F® 3, r°) venguesson reconojser e pagar los usat- 
gis denfra XV jorns. Fâcha per maistre G. de Galhac, notari. 
Tan M CGC LU, a VIII de jun. 

21) Item. Mays una carta cossi mossenher lo bayle declaret 
e descerni una crida esser fazedoyra per la vila de Monpeylier 
que tota persona que tengua ôeus dels senhors obriers que 
vengan reconoyser. Fâcha per maistre Ferrier Figuieyras, 
notari, Tan M COCXLV, a XI de juli. 

22) Item, Una pauca cayseta en que ha de cartas de deutes 
que eron degustz al sen Hue CaireL e [letras, e pro- ^^\ 
cesses, e libres de papiers, senhada d'aquest senhal \^^ 

23) Item. Una carta cossi los senhors obriers doneron licen- 
cia als senhors, avian hostals en la dogua dels peliciers, de fa 
{sic) I garilhan en la dogua. Fes la carta maistre G. Despustz, 
notari, Tan M CGC XXVI, a XXI d'aost. 

24) Item, Una carta contenen cossi los senhors obriers com- 
preron los XII palms dels valatz del portai de Latas, en que 
son diversas cartas e foron transcrichas per maistre G. Caba- 
nis, notari, loqual transcrig de la dichas cartas la premîeyra 
fon fâcha Tan M CCXI^t, a V de las kalendas de novembre. 

25) Item. Autra càrta cossi los senhors obriers compreron 
los XII palms del valat de! portai de Latas, eh que son diver- 
sas cartas transcrichas per lo digh M® G. Cabanis. La pre- 
mieyra fon fâcha Fan M CCC XVII, a VI de ydus de abril, e 
fon ambas ensems. 

II 

26) (F*» 8, v°) /f^wi. AQUESTAS cartas deûfra designadas 
son en las notas el libre cubert de postz de màestre Helies 
Lambert, vel Ribert, notari, say entras, que erà notari dels 



ARCfflVES DB LA. COMMUNE CLÔTURE 157 

senhors obriers desus digiz, que pertenon a la dicha obrà. 

27) Premieyramens un acapte dat a'n P. Ranier, sedier, de 
Montpeylier, de I* pessa de terra que es a la camp oliejra que 
se confontà * am la honor d'en P. de Salninhac, laurador, e la 
honor de Johan Miquel, am usatgî de XII den. Fes la carta lo 
dig maestre Helyes, Tam M CGC LXV, a III d'abril. 

28) Item. Los senhors obriers deron ad acapte a maestre 
P. Gili le garilhan que es foras lo portai de Sant Sperit. Fes 
la carta lo dig maestre Helias, Fan M CGC LXV, a XIII d'aost, 
am usatgi de VI den. 

29) Item. Los senhors obriers deron ad acapte a sen Jacme 
Pal I* plassa que es juxta lo portai de Sapf Guilhera e davan 
Fostal del dig Jacme Pal, am usatgi de V s^". Fes la carta lo 
dig maestre Helies, Tan M GGG LXV, a XIX de setembre. 

30) Item. I carta de acapte dat per los senhors obriers a sen 
G. Gassanhas, mersier, de 1 espasi de plassa que es foras la por 
talieyra clausa dels XII palms, denfra los murs de Montpeylier 
e denfra lo portai de la Saunaria, devans la part dels Bans antixs, 
en ajsi com se confronta am la honor del dig G. e d'autra 
part am la dicha portalieira dels digz XII palms, am la car- 
rieyra publica que hom veis del dig portai, e am lo dig portai, 
am usatgi de v s. Fes la carta lo dig notari. Tan M CCG LXV, 
a XX de octobre. 

31) (po 4, r°) Item. I* carta de acapte dat per los senhors 
obriers a'n Micholau de Millensa, frenier, de Montpellier, 
I spasi plassa defra que es foras la portalieyra clausa de 
XII palms, denfra los murs e desus lo portai de Sant-Guilhem, 
devans la part senestra, ajsi quant homintra lo dig portai, que 
se confronta am lo mur del dig portai et am la portalieyra 
et am la honor del dig Micholau, per sa molher, am usatgi de 
VIII den. Fes la carta lo dig notari Fan que desus, a XXII d'oc- 
tobre. 

32) Item. I* carta de acapte dat per los senhors obriers a'n 
Berenguier Figaret, mercadier, I spasi defra de valat, que es 

* 11 faut lire évidemment confronta, comme ci-dessous (a. 30). 



158 DIALECTES ANCIENS 

entre lo portai del Pejron e'I portai de Sant-Guilhem, am 
usatgi de IIII s^'. Fes la carta lo dig notari, Tan que desus, a 
XXII d'octobre. 

33) Item, I* carta de acapte dat per los senhors obriers a sen 
G. Cassanhas, I spasi de XII palms ajtan quant si enten de la 
majon del dig G. Cassanhas, adonquas derrocada, entre a la 
tersa part del pilar de pejra contigna a la dicha honor del dig 
G. en loqual son plantatz.... de la porta del intramen del dig 
spasi dels XII palms, segon la drecha linha del dig pilar entre 
a l'autre premier pilar de la mayson del dig G., anan de la dicha 
porta defra los ditz XII palms vers la torre de la Babota, am 
usatgi de VI den. Fes la carta lo dig notari, Tan M CGC LXVI. 

34) Item. I carta cossi dona Jacma, molher de sen Julian 
Rollen, cambiador, de Montpejlier, reconoc als senhors obriers 
que el tenie e possesie I* clau de I* porta de I estai sieu scituat 
prop los Bans Vielhs de las Donas de Montpeylier, per loqual 
dig hostal sieu los digz senhors obriers e lurs ancessors en la 
dicha obra an e auran franc intramen et issamen als murs e 
spasi de XII palmps denfra los murs de la Comuna Clausura de 
Monpeylier el temps (F** 4, v°) de nécessitât de franca vo- 
luntat, laquai dicha clau als digtz senhors obriers redre e res- 
tituir promes en pas e fes question de jorn en jorn, a la vo- 
luntat dels digtz senhors obriers. Fes la carta lo dig notari. 
Fan M CGC LXVI, a XXIX de may. 

35) Item, V carta cossi los senhors obriers deron ad acapte 
I* plassa espasi de terra, scituada denfra dos portais de^ 
Peyron de Montpeylier, contengut davan lo portai del Peyron 
davans la part so es assaber del portai de san Guilhem, tant 
quant si entent del mur del davans portai entre el pe del esca- 
lier per loqual hom monta sobre lo davan portai, de longueza 
e de largueza del mur, entre el intramen del dig portai, a sen 
P. Gadel, sabatier. Fes la carta lo digtz notari. Fan M GGC 
LXVI, a XVI de febrier, am usatgi de X s^'. 

, 36) Item, I* carta cossi los senhors obriers deron ad acapte 
a Aymeric de Sarlac, mersier, I* plassa de terra scituada den- 
fra los dos portais del Peyro, contigua ab mur clauden la doga 



ARCHIVES DE LA COMMUNE CLÔTURE 159 

del valat, deys la part del portai de san Guilhem, aytant quant 
se esten del pe de F escalier per loqual hom monta al davan 
portai del Peyro entro que sia I* cana de longueza vers una 
porta clausa per laquai hom avie acostumat de intrar en \p 
valat entro a la carrieyra publica, am usatgi de X s*". Fes la 
carta lo dig notari, Tan e'I jorn que desus. 

37) Item. I* carta cossi los senhors obriers deron ad acapte 
a sen G. Tornaret I* mayson que es entre los II portais del 
Peyron, am usatgi de V s^". Fes la carta lo dig notari, Tan 
M CGC LXVIII, a XIIII de jun. 

38j (F* 5, r°) Item. P carta cossi los senhors obriers deron 
ad acapte a sen R. Costa, cambier, I* plassa o spassi de la 
doga del valat de san Guilhem, so es assaber de una cana de 
lare, e de longuesa del pont del portai de san Guilhen entro a 
P boyssonada del dig valat, am usatgi de I flori. Fes la carta 
lo dig notari. Tan M CGC LXVIII, a X de januier. 

39) Item. P carta cossi los senhors deron ad acapte a'n G. 
Passarc, cordier, de Montpeylier, P plassa en la doga del va- ' 
lat de P cana de lare, e de longuesa del pon del portai de san 
Guilhem entro ad una boyssonada del dig valat, laquai longuesa 
era de part del mur claus, am usatgi de I flori ; fes la carta lo 
dig notari. Fan M CGC LXVIII, a V de febrier. 

40) Item. P carta cossi los senhors obriers deron licencia 
e autoritat a sen Martin de Royre, sol anu. donc, de cargar 
sobre la paret dels XII palms claus, que es costa Testai del dig 
Martin, scituat en lo luoc appelât a la Brida entre lo portai de 
Blanquaria e'I portai del Carme, am covenen que lo dig Martin 
e'is sieus successors per tôt temps sian tengutz, e deia la dicha 
paret als sieus propris despens tener condicha e edeôcada 
è hereditar e refar, aytant quant se endevenrie cazer, o dé- 
molir en tôt en partida, aytant quant li pertoca. (F® 5, P") 
Fes la carta maestro Helies sobre dig, Tan que desus, a XII de 
febrier . 

41) Item. P carta cossi los senhors obriers deron ad acapte 
a'n'G. Coderc, cordiedier (5tc), habitador de Montpeylier, P 
plassa spassi de doga del valat de san Guilhem, so es assaber 



160 DIALECTES ANCIENS 

de IX palms de largueza e de longueza del pont del portai de 
San G. entro ad I* boyssonada del dig valat, laquai longueza 
es de la part del mur ende n'ayssi, que entre la dicha plassa 
e'I dig mur remanha franc Tespasi de II canas e mieia de lon- 
guesa, am usatgi de I iiori. Fes la (F* 5, v°) carta lo dig no- 
tari, Fan M CGC LIX, al davan derrier jorn de maj. 

42) Item. I* carta contenen que les senhors obriers deron 
ad acapte a'n Hue Berla, cordier, de Montpeylier, I* plassa 
de I* cana de larguesa e de longuesa del portai de san Guilhem 
entro a la boyssonada del valat, am usatgi de 1 flori . Fes la 
carta maestre Helies Lambert, Tan M CGC LXIX, a IIII de 
octobre. 

43) Item, P carta contenen que los senhors obriers deron ad 
acapte a'n Loquet, cordier, I* plassa que es en la doga del 
valat de san Guilhem de X palms de longuesa e de larguesa 
del portai de san Guilhem entro a la boyssonada, am usatgi de 
I flori. Fes la carta lo dig notari. Tan M CCC LIX, a XXVI 
d'octobre. 

44) I* carta contenen quossi los senhors obriers deron ad 
acapte a'n Brenguier Galmilha, mercadier de Montpeylier, lo 
valat que es del portai de la Saunaria entro a las plassas dadas 
ad acapte als cordiers, o a las boysonadas, e I cros que es sostz 
lo pon del dig portai de la Saunaria, am usatgi de LX s^*. Fes 
la carta lo dig notari, Tan que desus, a XIX de novembre. 

45) Item, Garta contenen cossi los senhors obriers de I* part, 
e R. Rivelet, fabre de Montpeylier, de Tautra part, conven- 
gron e accorderon que lo dig R. Nivelet det als senhor obriers 
I palm de plassa de son hostal^ que es costa lo portai de La- 
tas, vers los Bans Vielhs, per far la portalieira et un pilar que 
claus los XII palms, e'is ditz senhors obriers autregeron àl 
dig R. Nivelet I palm dels XII palms ajustes e afigis a son 
hostal. Fes la carta lo dig notari, Fan M GGG LXIX, a VIII 
de febrier. 

46) (P** 6, r*) Item. Los senhors obriers deron ad acapte, per 
defalhimen de instrumen, I pessa de terra de camp que es al 
pueg de Sauret a'n G. de Rocamaura, cambiador, e fa de usatgi 



ARCHIVES DE LA OOMMUNB CLÔTURE 161 

VI den. Fes la carta lo dig notari, Tan M CGC LXIIII, a II de 
dezembre. 

47) Item. I* carta cossi los senhors obriers lauzeron a 
R. Muinlan, felh {sic) de sen Berenguier Muinlan, blanquier, 
V institution de hères de dona Katherina, molher de sen Pons 
Fabre, especiayre, say entras, de I* vinha que es en lademaric 
de Sant Andrieu de Novegens, en lo luoc apelat. . . . Am usatgi 
de mieg florin. Fes la carta lo dig notari Tan M CGC LXVII, a 
XXIX de octobre. 

48) Item. I* carta contenen que los senhors obriers lauzeron 
I* vendition fâcha a dona Loysa, molher de sen Thomas Assaut, 
especiayre de Montpeylier, per sen P. Esbarra, cambiador, de 
Montpeylier, de I* pessa de terra de camp contenen en se III 
cartayradas scituadas en lo terrador Gosta Bêla, que si ten 
dels senhors obriers am directa senhoria e lauzimi, e de uzatgi 
amXXIIII s'* pagadors al coven dels Frayres de sant Augustin. 
Fes la carta lo dig notari, Fan M CCG LXVIII, a VIII de may. 

49) Ite^n, I* carta contenen que la dicha dona Loysa, molher 
del dig Thomas Assaut, remes la dicha pessa de terra de camp 
a sen P. Uflana, e'is senhors obriers lauzeron la dicha remis- 
sion. Fes la carta lo dig notari, maestre Helies, Tan e'I jorn 
que desus. 

III 

50) (F^ 6, v^ ) AQUESTAS CARTAS denfra designadas son 
en lo libre de las notas receupudas per maestre Jacme de san 
Johan, notari dels senhors obriers de la dicha comuna clau- 
sura de Montpeylier, loqual libre es en la dicha obra, que per- 
ten a la dicha obra. 

51) Premiéyramen I* carta contenen que los senhors obriers 
deron ad acapte aHugoninBerla, cordier, de Montpeylier, Tus 
e Tesplecha, o la plassa de IX palms o entorn de larguesa, o en 
longuesa del valat que es del portai de san Guilhem vers la 
boysonada {sic) ort d'en Galmilha, am usatgi de mieg florin. Fes 
la carta lo dig notari. Fan M GGG LXXIII, a XXVII d'aost. 

52) Item, I* carta contenen que los senhors obriers deron ad 



162 DIALBSCTBS ANCIENS 

acapte a Helies de Brossât, cordier, de Montpellier, I* plassa 
que es del portai de san Guilhem vers la bojssonada del ort 
d'en Calmilha, am usatgi de X s*'. Fes la carta lo dig notari, 
Fan que desus, a XIIII de octobre. 

53) Item. l' carta contenen que los senhors obriers compreron 
dos ostals ensemps contenguis, scituatz en lo luoc appelât a las 
BarchaSy am directa senhoria e lauzimi del hospital de sant 
Aloy, am usatge de XVIII deniers, per près de XL floris. Fes 
la carta lo dig notari, Tan M CGC LXXIIII, a XIX de juU. 

54) I* carta contenen que los senhors obriers deron ad 
acapte a sen Johan Portier, pestre, de Montpejlier, que lo dig 
sen Johan puesca far o far far I plancat de la maion sieua entro 
a I pilar sieu edificat al pe del mur que es vista lo portai del 
Peyron, dans la part drecha*... la via vers laFustarie del por- 
tai del Pejron, am usatgi de XII den. Fes la carta (F° 7, r^) 
lo dig notari. Fan que desus, a XIII de octobre. 

55) Item. I* carta contenen que los senhors obriers deron ad 
acapte a sen Johan Costa, maselier, de Montpeylier, lo valat, 
o us o esplecha del valat, que es del arc del portai de Latas entro 
a la paret de la torre de la Babota, am usatgi de XX s^^ Fes 
la carta lo dig notari. Tan desus, a XXVI d'octobre. 

56) Item. P carta contenen que los senhors obriers autreie- 
ron a sen Benezeg Oliva et autres senhors avens hostal davans 
jos XII palms del mur que es del portai del Carme vers la 
Torre Granda que es d'avan la gleya de sant Benezeg, de tener 
una clau de la portalieyra dels XII palms costa lo portai del 
Carme per mètre lur frucha e lurs causas, laquai clau promeze- 
ron als dichs senhors obriers de restituir, quant als dichs sen- 
hors plazera. Fes la carta lo dig notari. Tan que desus, a 
XXXI d'octobre. 

57) Item. P carta contenen que los senhors obriers lauzeron 
una vendition fâcha a sen P. Biguarra, mercadier de Mont- 
peylier, per dona Francesa, molher de sen Berenguier Calmi- 
Iha, Tort del valat que es costa lo portai de la Saunaria, Fan 

^ La phiase esl inachevée 



ARCHIVES DE LA COMMUNE CLÔTURE 103 

M CGC LXXVIIII. Fes la carta le dig notari, a XXVII de febrier. 

58) Item. I* carta contenen que los senhors obriers deron ad 
acapte a sen P. Bigarra, sobredig, I patu de terra, o us e esple- 
cha del dig patu que es en lo valat del portai de la Saunaria 
entro a Tort del dig sen P. Bigarra, que si ten am lo mur, 
XII palms e mieg, am usatgi de v s**. Fes la carta lo dig no- 
tari, Tan que desus, a XXVIII de febrier. 

59) (P° 7, v°) Item, I* carta contenen que a Guilhem Laures 
delat en la cort de Montpeylier de la mort de P femena que 
estava davan lo Temple, la ausi de nuetz e fon condampnatz a 
pendre, e car transpasset la palissada la dicha nueg fon con- 
dampnatz a tolre lo pong e fon li talhat al pe de la palissada fo- 
ras lo portai de sant Salvayre, a requesta dels senhors obriers, 
loqual pong fon mes en P riosta* al pe de la dicha palissada. 
Fes la carta lo dig notari Tan M CCCLXXV, aXI de juli. 

60) Item, P carta contenen qu'els senhors obriers lauzeron 
una vendition fâcha a sen Pal Costa de sant Johan de Vedas 
per sen Jacme dels Guortz, ortolan, de Ppessa de terra de camp 
que es el terrador appelât Searnalhac, am usatgi de II s*" III den . 
Fes la carta lo dig notari, Tan que desus, a XIII de setembre. 

61) Item, P carta contenen que los senhors obriers lauzeron 
P estitution de heretier fâcha per Flors, filha de son P. del Cug, 
ortolan, say entras, en loqual testamen fes son heretier sen 
Bernât del Cong, de P pessa de terra de camp que es el terra- 
dor appelât Montolhet, am usatgi de XXI den. Fes la carta lo 
dig notari, Tan que desus, a XXIX de setembre. 

62) Item, P carta contenen que los senhors obriers deron ad 
acapte a sen Johan Roquet, cordier, de Montpeylier, P plassa 
que es en lo valat que es del portai de san Guilhem, entro als 
arns o Tort de sen P. Bigarra, am usatgi de VII s^* VI den. Fes 
la carta lo dig notari. Tan que desus, a XXIIII de octobre. 

63) Item, P carta de acapte que deron los senhors obriers a 
sen Johan Pozaran, blanquier, de Monpeylier, de P torre a 
respleg(F° 8, r**) del mur del portai del Carme entro al portai de 

' Probablement brotUa. 



164 DIALECTES AKCIBNS 

laBlanquaria, atn usatgi de y s''. Fes la carta lo dig notari, Tan 
que desus, a XXIIII de octobre. 

64) Item. V carta contenen que los senhors obriefs deron 
ad acapte a Ben Arnaut Costa, fustier, et a Joan Prieurel et a 
Jacme Salas, lauradors, de Montpejlier, tota la dogua que es 
del portai de la Blanquaria entro al portai de san Gili, am 
usatgi de XXYIII s^^ Fes la carta lo dig notari, Tan que de^us, 
a XXVII de octobre . 

65) item, I* carta contenen que sen Guiraut Serven, laura- 
dor de Montpellier, reconoc als senhors obriers V plassa de 
terra que es en lo valat que es del portai de la Blanquaria vers 
lo portai del pilar san Gili. Am usatgi de II s^^ Fes la carta 
lo dig notari, Tan M CGC LXV, a XXI de Novembre. 

66) Item, I* carta contenen que los senhors obriers lauzeron 
una vendition fâcha a sen P. del Solier, laurador, per sen Johan 
Prieurel, laurador, de I* plassa de terra que es en lo valat que 
es del portai de la Blanquaria vers'lo portai del pilar san Gili 
am usatgi de II s^". Fes la carta lo dig notari, Tan que desus, 
a XXIII de novembre. 

67) Item. I* carta contenen que los senhors obriers lauze- 
ron I' vendition fâcha a sen Bernât (F° 8, p°) Audibert, de 
Montpejlier, per sen Arnaut Costa, fustier, de Montpellier, 
de P plassa de terra que es en lo valat que es del portai de la 
Blanquaria vers lo portai de sant Gili, am usatgi de II s^*. Fes 
la carta lo dig notari, Tan que desus, a XXIII de novembre. 

68) (F** 8, V**) Item. P carta contenen que los senhors obriers 
deron ad acapte a sen Johan Martin, canabassier, de Montpej- 
lier, lo valat que es del portai del Carme entro al portai de la 
Blanquaria. Am usatgi de XXII s^*. Fes la carta lo dig notari, 
Fan que desus, a III de dezembre. 

69) Item, P carta contenen que sen Johan Valiejra, cambia- 
dor, de Montpejlier, reconoc als senhors obriers per nom de 
la obra, una plassa de terra que es en lo valat que es del por- 
tai de la Blanquaria, vers lo portai del pilar san Gili, am usatgi 
de XII den. Fes la carta lo dig notari, Tan que desus, a XVH 
d'octobre. 



ARCHIVES DE LA COMMUNE CLÔTURE 165 

IV 

70) (P« 8, v°) AQUESTAS CARTAS que se ensegon son 
notadas en autre libre, receubudas per lo dig maestre Jacme 
de sant Johan, notari, loqual libre es a Fobra. 

71) Premiejramen I* carta contenen que los senhors obriers 
deron ad acapte a sen Johan Vielas, cambiador, de Montpej- 
lier, I spasi o usus et esplecha de XII palms que son foras la 
palissada del portai de Sant Salvayre, costa la Gros con- 
frontan am Tort de sen Colm Bertrand et am la honor del dig 
Johan, am usatgi de XII deniers. Fes la carta lo dig notari. 
Tan M CGC LXXVI, a III de mars. Reconoc. 

72) Item, I* carta contenen que sen Johan Valiejra, cambia- 
dor, de Montpeylier, reconoc als senhors obriers I* plassa de 
terra, o Tespleg o us de la dicha terra que es en la dogua, que 
es del portai de la Blanquaria vers lo portai de san Gili, am 
usatgi de IX den. Fes la carta lo dig notari, Tan que desus, a 
XVIII de mars. 

73) (F® 9, r°) Item, I* carta que Johan Prieurel, laurador, de 
Montpeylier, reconoc als senhors obriers I* plassa de terra, o 
us e espleg de la dicha terra que es en lo valat del portai de la 
Blanquaria entre lo portai de san Gili, de usatgi de IX den. 
Fes la carta lo dig notari. Tan e'I jorn que desus. 

74) Item, I* carta contenen que sen Bertolmieu Salas, lau- 
rador, reconoc als senhors obriers I* plassa de terra, o Tus e 
Tespleg d'aquela que es en lo valat que es del portai de la Blan- 
quaria al portai de san Gili, am usatgi de IX den. Fes la carta 
lo digz notari. Fan M GGG LXXVII. 

75) Item. I* carta contenen que sen Johan Ponsart, teysieyre 
de Montpeylier, reconoc als senhors obriers I* plassa de terra, 
Tus e Tespleg d'aquela, que es en lo valat que es del portai 
de la Blanquaria, vers lo portai de san Gili. Am usatgi de II s^'. 
Fes la carta lo dig notari. Tan que desus, a VII de dezembre. 

76) Item, I* carta contenen que los senhors obriers deron ad 
acapte a sen P. de Vernoiols, cambiador de Montpeylier, I* 
pessa de terra de vinha contenen en se V cartes que es en la 

II 



166 DIALECTES ANCIENS 

demaria de sant Steve de Sorieg, am usatgi de II s^* e VI den. 
Fes la carta lo dig notari, Tan que desus, (F° 9, p**J a XII de 
januier. Reconoc. 

77) Item, I* carta contenen que sen Andrieu Galon, laura- 
dor, de Montpeylier, reconoc als senhors obriers unà plassa de 
terra que es en lo valat que es entre lo portai de la Blanquaria 
e'I portai de san Gili, am usatgi de XXII den. e mealha. Fes la 
carta lo dig notari, Tan que desus, a YIII de febrier. 

78j (F° 9, v°) Item, I* carta contenen que los senhors obriers 
deron ad acapte a sen Joan Fenestre, tejseyre, et a sen Baude 
Biihan, fabre, de Montpeylier, lo valat, o us et eplecha del dig 
valat, que es foras lo mur del portai de la Saunaria entro en la 
paret que se ten a la torre apelada de la Babota, en loqual valat 
son aras los tiradors, am usatgi de XII s^'. Fes la carta lo dig 
notari, Tan que desus, a VIII de mars. Reconogron. 

79) Item. I* carta contenen que los senhors obriers deron 
ad acapte a sen Duran Fetalh, cordier de Montpeylier, o a dona 
G-uilhalma, sa molher, los XII palms, o Fus et esplecha dels 
digtz XII palms, que son denfra lo mur del portai del Carme 
entro a la Gran Torre. Am usatgi de I franc pagador a san 
P. d'Aost. Fes la carta lo dig notari, Tan M CGC LXXVIII, a 
XII del mes d'abril. Reconoc. 

80) Item, I* carta contenen que los senhors obriers deron 
licencia et autreieron a maestro P. Romans, fabre, et a mostz 
d'autres, de far un capitel de fusta, cubert de plomp, sobre la 
cros e ymaginas que son sobre lo pilar de la Saunaria ; en lo 
quai capitel mezeron las armas dels senhors obriers. Fan que 
dessus, a XII de octobre. 

81) P carta contenen que I home porquier fon corregutz 
per la palissada de Montpeylier, quar avia traspassada la dicha 
palissada, arequesta dels senhors obriers. Fes la carta maestre 
Jacme de san Johan, Tan que desus, a XIII de octobre. 



.VRCHTVES DE LA .COMMUEE CLÔTURE 167 



INDEX TOPOGRAPHIQUE 

Agaptes. — Emphytéose, à titre féodal, d'une partie quelconque 
des fortifications. 

Il y en avait de plusieurs sortes : 

\o A captes dets dotze palms . Ils appartenaient généralement aux 
propriétaires des maisons voisines du rempart et attenantes , par 
conséquent, à ce chemin de ronde (a. 15. 24, 30, 33 et 34). V. aussi 
le Livre des pnviléges : gloss. s. v. Dolze palms. 

Il est bon d'observer que c'était quelquefois une cqncession gra- 
tuite, comme celle donnée collectivement, par exemple, à tous les 
habitants d'un quartier (a. 56). 

Il y avait aussi des acaptes dels dotze palms de la palissada; c'est- 
à-dire du chemin de ronde de la seconde enceinte (a. 71). 

2® Acaptes de la doga. Ceux de la douve appartenaient plus parti- 
culièrement, de temps immémorial, aux pelicierSy qui y essoraient 
leurs pelleteries, et aux cordiers, qui y opéraient leur tissage. 

D'où la doga dels Peliciers (a. 23), qui s'étendait du Peyrou aux 
Carmes, 

Etla doga dels Cordiers (a. 35 à 39, 40 à 44, 52, 62, 65, 68, 69, 79), 
qui allait, au contraire, du Peyrou à la Saunerie. 

3° Acaptes dels vallals, des fossés (a. 13, 15, 24, 32, 36, 38, 44, 
55, 58, 62, 62 à 75, 78. - Cf. Livre des privilèges : gloss. s. v. Vallats 

4® Acaptes dels murs, des murs. Existaient surtout par suite de 
l'autorisation d'y poser la maîtresse poutre d'une maison, (/rf. 40 
et sq.) 

5° Acaptes de Uis torres e hestorres. Des tours et donjons (/d. 
s. V. Bestorres). 

6° Acaptes dels espazis e patus. Des petites places vides, situées au 
devant des portes ou dans les fossés (a. 30, 58). 

7° Acaptes dels garilhans. Des égouts (a. 28, etc.). 

8° Acaptes dels cros. Des fosses à fumier (a. 44, sq.). — Cf. Livre 
des privilèges: gloss. s. v. Femorasses. 

Arc DEL PORTAL DE Latas. — Porcho du portail de Lattes (a. 55). 

Arns. — Ronces qui séparaient les jardins des fossés (a. 62). 

Bamhs vibls. —Vieilles étuves publiques (a. 45). A l'extrémité 
de la rue des Étuves actuelle. 



168 DIALECTES ANCIENS 

On disait aussi Banhs antixs (a. 30). 

Banhs viELs DE LAS DONAS. — Partie des étuves publiques qui 
était réservée aux femmes (a. 34). C'était la plus voisine du rem- 
part. 

Barris. — Nom de la seconde enceinte (a. 8). Le côté de l'occi- 
dent se nommait palissada, parce qu'elle était en pieux et non en 
murs. 

Les faubourgs, défendus par les barris, étaient dits également 
barris. 

Barchas (las). — Le quartier du Port-Juvénai (a. 53), à cause des 
barques qui s'y arrêtaient. 

Boyssonada. — Haie vive, buissons défendant le baut du fossé 
(a. 38, 39, 41, 42, 52), du côté des champs surtout. 

Brida (la). — Redan situé entre la porte de laBlanquerie et celle 
des Carmes (a. 40). 
Camp olieyra (la). — Olivette (a. 27). 

Gapelas. — Chapelles rustiques : S.-Andrieu de Novegens (a. 47), 
S. 'Steve de Sorieg (a. 76), S.-Salvayre (a. 11), etc. 

Carme (lo). — Le Carmel, couvent des Carmes, à la Blanquerie 
(a. 56). 

Carrieyra de la Dogua. — Voie formée par la douve sur tout le 
parcours du fossé (a. 18). 

Carrieyra dels XII Palms. — Rue du chemin de ronde dans 
l'enceinte (a. 18). 

On en désignait chaque partie par le nom du sixain auquel elle 
appartenait. D'où les rues des 12-Pans -Saint- Paul, des 12-Pans- 
Sainte-Croix, etc. 

Les XIJ Palms extérieurs, ainsi que les deux chemins de ronde de 
la Palissade, formaient aussi des carrieyras de cette sorte. 

Carrieyra de la Saunaria. — Rue de la Saunerie (a. 30) ; elle 
conduisait de la porte de ce nom à l'Argenterie. C'est notre Grand' - 
Rue, 

Carrieyra del Peyro. — Rue du Peyrou (a. 36). Allait de la 
porte du Peyrou au Palais . 
Costa bella (terrador). — Ténement (a. 48). 
Cros de Sant-Salvayre. — Croix rustique, placée non loin de la 
petite porte de ce nom (a. 71). 

CovEN DELs PRAYRES DE S. -AUGUSTIN. — Couveut des Augustins 
(a. 48). 



ARCHIVES DE LA COMMUKB CLÔTURE l(^ 

Demakias. — Dimeries : S.~Andrieu de Novegens(a.. 47), S.-Estève 
deSorieg{a., 76). 

DoGA. — La Douve. L'étendue de ce rebord du fossé était si 
considérable qu'on y avait bâti des maisons (a. 23). 

Tout comme les fossés, les parties de la douve, dites aussi simple- 
ment do^as, se comptaient d'un portail à Tautre (a, 64) et en allant 
de gauche à droite. 

La doga de S.-Guilhem avait été donnée en emphytéose aux 
cordiers, dont, par suite, elle portait le nom (a. 35 et sq.). 

De même, la doga del Peyro, allant de la porte de ce nom aux 
Carmes, était dite, pour un motif analogue, doga dels Peliders (a. 23). 

DoTZE PALMs. — On nommait ainsi: 

lo Le chemin de ronde intérieur, entre les maisons et le mur; 

2<» Le chemin de ronde extérieur, entre le mur et les fossés : 
Dotzepalms delsvallats, dotze palms de foras lo portai (a. 17, 25); 

3*» Les deux chemins de ronde, intérieur et extérieur, de la Pa- 
lissade. XJJ palms que son foras la Palissada; XII palms deu fin lo 
palenc e de foras (a. 3, 71). 

Absolument, l'expression Dotze Palmes ne désigne que le chemin 
de ronde de l'intérieur des murs. — Les ouvriers n'acquirent le 
chemin extérieur que très-tard. Notre inventaire met en 1219 
Tachât de la part de Lattes et en 1266 Vacapte de la part du Peyrou 
(a. 24, 17). 

Escalier del Peyron. — Montée raide qui conduisait de St- 
Guilhem à la porte du Peyrou (a. 35, 36). 

FiEus. — Concessions à titre de fiefs, faites par les ouvriers (a. 
20, 21). Principalement, les maisons qu'ils avaient permis de bâtir 
dans les III palms et les fossés. 

FusTARiA. — Rue des marchands de bois : la Fustaria del portai 
del Peyron {a.. 54), et ceile del portai d'Hobilhon (a. 19). 

Garilhans. — Égouts. L'inventaire en cite trois : 

i° Garilhan que es detras la gleya de S.-Salvayre (a. 11), réparé 
en 1373. Probablement l'égout des Aiguerelles; 

2^ G. de la dogua dels Peliciers (a. 23), creusé en 1326; 

3° G. foras lo portai de S.'Speritia.. 28), donné en emphytéose en 
1365. Probablement Tégout du Merdanson. 

Gleisas. — Églises: S.-Benezeg (a. 56), S.-Salvayre (a. 11). 

Hospital de S.-Aloy. — Hôpital de 8t-Éloi (a. 53), 

Montolhet (terrador). — Ténement (a. 61). 



T70 DIALECTES ANCIENS 

Murs. — Les murailles de la clôture (a. 3, 54). 

Mous DELs BARRIS. — Geux de 1367, de la part de Lattes, sont 
dits mur j noiis (a. 8). 

Murs de la doqua. — Mur qui ferniàit la douve à chaque extré- 
mité (a. 36). 

Orts. — Jardins. Ils étaient situés sous les remparts. Exemple : 
Vort d'en CalmUha (a. 44, 51, 52, 57), Vorl d'en Bigarra (a. 58, 62), 
que si ten am la mur. 

Il y en avait aussi sous la Palissade. Exemple : Yort de sen Colm 
(a. 71). 

Palays (lo). — Le Palais des seigneurs (a. 18). 

Palissada (la). — Nom de la seconde enceinte, du côté de l'Occi- 
dent. Était en paknc, en pieux (a. 3). 

Chaque partie était désignée particulièrement par le nom de la 
petite parte voisine, en allant toujours de gauche à droite. Ex : la 
palissada del portai de S.-Salvayre (a-. 71). 

Part de lay e p. de say — Les deux parties de l'ancienne ville (a. 4), 
celle de l'évèque et celle du seigneur. Par erreur, le ms met VarL 

Patu. — Petite place où on laissait croître rherbe(a'. 58). On 
nommait ainsi surtout le fond des fossés . 

Peyro (lo). — Le Peyrou (a. 36), et plus souvent Peyron . 

PiLAR . — L'ensemble des deux piliers de chaque grande ponte ; 
celui où on apposait les emblèmes et les bannières (a. 80) et auquel 
on attachait les chaînes (a. 40, 54). 

Notre ms. cite: 

1® Lopilar de la Saunaria{a, 38, 80); 

2" Lo pilar de Latas (a. 46), 

3« Lo pilar Sant-Gili (a. 65 à 69, 72). 

Je n'ai pas besoin de remarquer que cette dernière expression 
donne le véritable sens et la véritable orthographe du nom de cette 
porte, si vainement cherchés par les faiseurs d'étymologie. 

11 y avait aussi un pilar à chaque extrémité des chemins de 
ronde ; notre ms cite : un pilar que elaus los XII palms (a, 46). 

Plancat. — Barrière, en planches, qvui fermait l'extrémité de la 
fusiaria del Peyron (a. 54). 

Plassas. ~ On nommait ain>si les petites place» si<»iéee devant; 
les grandési portes^de la vidle» de ce eôtté^ci des murs. Exesople: 

{° La plassa 4éla Saunària (a. 30)^ 

2'' La plassa de San-GuiJIiem (a. 29). 



ARCHIVES Dfî LA C50MMUNB CLÔTURE 171 

Ponts (los) . — Chaque grande porte avait son pont levis. Notre 
ms . cite : 

lo Lopont de la Saunaria (a. 44), 

2» Lopont de S.'Guilhem (a. 38, 59). 

PoRTALs (los). — L'Inventaire cite, parmi les grandes portes : 

1° Lo portai de la Saunaria (a. 30, 41, 44, 57, 58, 78, 80), 

2* Lo portai de S,-Gili (a. 31. 32, 35, 36, 42, 51, 29, 64 à 67, 73 
:i75, 77), 

3° Lo portai del Peyron (a. 17, 32, 35 à 37, 54), 

4° Lo portai de la Blanquaria (a. 40, 63, 64 à 69, 72 à 79), 

5° Lo portai del Carme (a. 40. 56, 63, 68, 79), 

6o Lo portai d'Ohilhon (a. 13, 19). 

Ce dernier aurait été rebâti, en 1248, par les fustiers, pour qu'il 
pût donner passage à leurs grandes charettes de bois de charpente 
(a. 19). 

Puis les petites portes de la seconde enceinte : 

l» 1,0 portai de S.-Salvayre (a. 59, 71), 

2° Lo portai de S.-Sperit (a. 28) , 

3° Lo portai de Lafas (a. 55). 

PoRTALiEYRAS. — Portcs dcs extréuiités du chemin àes XII palms. 
Exemples : celles de Lalas (a. 45), des Carmes (a. 56), de la Sau- 
naria (a. 39), de S.Guilhem (a. 31), etc. 

Portas. — Les extrémités de la douve (a. 19) et celles des fossés 
(a. 86) avaient aussi leurs portes. 

PuEO DE Sauret. — Monticule de Sauret (a. 47). 

S.-Aloy. — V. le mot hospital. 

S.-Andrieu de Noveqens. — Id. capelas. 

S.- Augustin. — Id. coven. 

S.-Benezeg. — Id. gleyas. 

S.-Johan-de-Vedas. — Village voisin (a. 60). 

8.-0uiLHEM. — V. le mot portai. 

S. -Steve-de-Sorieo. — Id. capelas. 

S . -Salvayre. — Id . 

Searnalhag. — Ténement (a. 60). 

Temple (lo). — Demeure des Chevaliers du Temple (a. 59) ; au 
quartier dit maintenant du Grand-St.-Jean. 

Terradors. — Téuements : Costabella (di. ^S)^ Montolhet{&, 61), 
Sauret (a. 46), iSearna/Aac (a. 60). 

Torres. — Tours (a 15, 62). — Le ms. cite : 



172 DIALECTES ANCIENS 

!• La Torre de la Babota (a. 33, 55, 78) ; aujourdhui TObsenra- 
toire ; 

2° La Torre Granda (a. 56), ou Gran torre (a. 79) ; aujourd'hui 
la lourdes Pins. 

3o La Torre de VEspleg (a. 63) : entre la porte des Carmes et celle 
de la Blanquerie. 



GLOSSAIRE 

Ad, prép. — A (a. 17) *. 
Apiar, adj. m. — Attaché (a. 45). 
Ajuste, adj. m. — Ajouté (a. 45). 
Arn, s. m. — Ronce (a. 62). 
ATENDEN,p. prés. — Considérant (a . 1). 
Autre. — Autre (a. 3). Rayn. autra. 
Aven, p. prés, pris subst. — Ayant, possédant (a. 56). 
BoYsoNADA, s. f. — Amas de buissons (a. 38). 
Brida, s. f. — Bride, partie de fortification (à. 40). 
Bulle, s. f. — Bulle (a. 1). R. huila. 
Cambier, s. m. — Changeur (a. 38). 
Gapellania. s. f. — Chapellenie (a. 1). 

Garto, s. m. — Petite mesure de surface (a. 76). — La quarterée 
se disait cartayrada (a. 48.) 
Cazer, V. — Écheoir(a. 40). 
Glauden, p. prés. — Fermant (a. 36). 

^ La consonne finale de ad tombait devant une autre consonne, sauf h. 
Il en était généralement de môme de celle de et, quant, tant, etc. — 
C'est par erreur d'impression que le glossaire de VInvsntaire du Con- 
sulat dit autrement. — Ce d d'ad devenait quelquefois z devant une 
voyelle : az els pour ad els. Ce changement ne se produisant que lors- 
qu'il y a liaison, je laisse les mots réunis : azeU, azaisso, azalcun^ etc., 
partout où nos manuscrits croient devoir la marquer. 



ARCHIVES DE LA COMMUNE CLÔTURE 173 

GoNVENEN, S. m. — Convention (a. 40), pour convinent, Rayn. 

CoNDiCH, a. p. pass. — Arrangé, e (a. 40). 

CoNTiGNA, adj. f. — Gontigaë (a. 33). 

CoNTENGuiR, V. — Être contigu (a. 53) . 

CoRDiEDiER, s. m. — Gordier (a. 41). 

CoRREGUT, p. pass.— Poursuivi à coups de fouet (a. 81). 

Daus. —Du haut (a. 54). 

Demarie, s. f. — Pour detnaria(B.. 59, 77). 

Desgernir, V. — Décerner (a. 22). 

Devans, part. — Pour davant (a. 31). 

Deys. — Du côté, à partir de (a. 36). Et deu (a. 3). 

Enden'ayssi, loc. — De ce côté-ci (a. 41). 

EscANH, s. m. — Étagère (a. 4) . 

Esquieyra, s. f. — Équerre(a. 3). 

EsTAR, V. — Rester, demeurer (a. 58). 

EsTiTUTioN, s. f. — Institution (a. 61) et aussi institiUion (9. . 47).^ 

ExEQuiDOR, s. m. — Exécuteur (a. 16). 

Fazedoyra, adj. p. — A faire (a. 21). 

Felh, s. m. — Fils, (a. 47). 

FusTA, s. f. — Bois de charpente (a. 19). 

FusTARiE. — Pour fustaria (a. 54). 

Garilhan, s. m. — Égout (a. 11). Aujourd'hui, gazilhan, 

GovERNAN, p. prés. — Gouvernant (a. 1). 

Hereditar, V. — Conserver, relever? (a. 40). 

IssAMEN, s. m. — Sortie (a. 40). Pour issida, R. 

Le. pour Lo (a. 28). 

Manieyra, s. f. — Manière (a. 1). Pour marnera, R. 

Mémorial, s. m. — Mémorial (a. 1). 

MoLiEiA,s. f. — Mouture (a. 11). 

NuET, s. f. — Nuit (a. 59). EtNoEG (/d.) 

0, adv. — Où, dans le lieu (a. 18, 51, 62). 

Omo, s. m. — Homme (a. 1). Pour Aom, om, R. 

Permetre, V. — Permettre (a. 20). 

Pertogan,p. prés. — Touchant (a. 1). 

Plancat, s. m. — Barrière en planches (a. 54). 

Plump, s. m. — Plomb (a. 1). Et Plomp (80). 

Preferit, mA, p. pass. — Préféré, e (a. 1). 

Prevaleoi, s. m. — Privilège (a. 3). ^onv privilegi, R. 

Procura, s. f. — Procuration (a. 16). 



174 DIALECTES ANCIENS 

Prosses, s. m. — Poursuite (a. 17). Fout pr-oeeâyR. 

Quossi. — Pour cossi (a. 44). 

Saben, p. prés. — Sachant (a. 1). 

RiosTA. — Est-ce brosiia? (a. 59). 

SciTUAT, ADA, p. pass. — Situé, e (a. 36). 

ScoBAR, V. — Battre, fouetter (a. 9). 

Sedier, s. m. — Marchand de soieries (a. 27). 

Sen, s. m. — Seigneur (a. 16). Pour senhor, R. 

Senhorie, s. t. — Pour senhoria, R. (a. 7). , 

Senhor. — Avec un nom de métier : senhors fustiers (a. ^), 
senhors obriers (id). 

Spazi, s. m. — Espace (a. 3). Pour rspasi (a. 30), R. 

SuQDET, s. m. — Souquet, sorte d'impôt du vin (a. 10). 

Teysseyre, s. m. — Tisserand (a. 78) et aussi fei/jicyre (a . 75). 
Dans R . leisseire. 

Tirador, s. m. — Tireur, ouvrier cordier(a. 78). I 

Transcrig, s. m. — Transcription (a. 17). \ 

Transcriure, V. — Transcrire (a. 24). 

ViDiMus, s. m. — Visa (a. 1). 

Viela, s. f. — Ville (a. 4). 

VisTA. — Vis-à-vis (a. 54). 

Usus, s. m. — Usage (a. 71). Et aussi w* (a. 51). 



PREDICTIONS ASTRONOMIQUES 

POUR LES ANNÉES 1290 A 1295 



Le manuscrit in-folio L. 2 de la Bibliothèque nationale de 
Madrid contient, entre autres documents, une copie du Libre 
de la Saviesaj du roi Jacques P' d'Aragon ; mais le scribe, 
ayant d'arriver à la fin de l'œuvre royale, y intercale, sans au- 
cune transition, une série de prédictions astronomiques pour 
les années 1290 à 1295. Ces prédictions m'ont paru offrir quel- 
que intérêt. Il est bon, d'une part, de ne laisser perdre aucun 
débris de la langue catalane du XIIP siècle; d'un autre côté, 
il peut être curieux, pour l'histoire de l'astronomie, de re- 
cueillir un document de cette nature. J'en dois la communica- 
tion à mon savant ami D. José -Maria Escudero de la Pena, 
professeur à l'Ecole de diplomatique de Madrid, qui a poussé 
l'obligeance jusqu' à collationner mes épreuves sur le manuscrit 
de la Bibliothèque nationale. 

L'auteur de ces prédictions nous est tout à fait inconnu ; il 
se désigne lui-même par trois initiales, dont la dernière est 
sans doute celle du nom de sa ville natale ou de son pays. On 
voit d'ailleurs que nous sommes en présence d'un adepte de 
la grande école astronomique espagnole, héritière des travaux 
juifs et arabes, qui dut un si vif éclat à la protection du roi 
Alfonse le Savant, Mais, parmi les noms des astronomes espa- 
gnols du XIIP siècle parvenus jusqu'à nous, aucun ne répond 
aux initiales de notre manuscrit. Ce n'est point un des rabbins 
appelés Jehudah bar Moseh ben Mosca, Zag ben Yacoub de 
Tolède (ha Tolaitolah), Jehudah ha Coben, Moseh ha Cohen, 
Abraham VAlfaqui, Samuel ha Levy de Tolède, Jehudah ben 
Moseh ha Cohen ; ce ne peut être davantage maître Bernard 
l'Arabe, non plus qu'aucun des chrétiens, clercs ou laïques. 



176 DIÀIiEGTES ANCIENS 

désignés sous les noms de Garcia Ferez, Guillem et Johan 
d'Aspa, Fernand de Tolède, Gil de Tebaldos de Parme, Pedro 
del Real, Alvaro Hispano, Johan de Messine, Johan de Cré- 
mone, etc. Il est probable cependant que ces prédictions ont 
été d'abord écrites en castillan, puis traduites en catalan, car 
un habitant des pays où se parlait cette dernière langue n'au- 
rait pas songé à compter, parmi les bêtes de somme, le cha- 
meau, qui ne devait se rencontrer que dans le midi de TEs- 
pagne. 

La langue de notre manuscrit est du pur catalan ; c'est à 
peine si Ton y rencontre deux mots qui trahissent l'origine ou 
tout au moins Tinfluence castillane : dejeny de dejar, laisser, 
permettre, employé ici dans le sens d'essayer, et logars (cas- 
tillan, lugares, lieux). Encore ce dernier se trouve-t-il au 
moyen âge dans la langue du midi de la France (Raynouard, 
Lexique, VI, 29). 

Les éclipses prédites par notre astronome inconnu ont toutes 
eu lieu aux jours et aux heures qu'il a indiqués, ainsi que le 
prouve la table des éclipses de Y Art de vérifier les dates. Quant 
à ses explications sur la position des astres, elles sont incom- 
préhensibles aujourd'hui, même pour les hommes de la science ^ 
Dans de telles conditions, la ponctuation du texte et la tra- 
duction devenaient fort difficiles ; j'ai suivi pas à pas l'original, 
en ponctuant d'après le sens qui m'a paru découler le plus na- 
turellement de la construction de la phrase ; mais je dois si- 
gnaler l'incertitude de mon interprétation à l'attention du 
lecteur qui serait désireux d'étudier ce petit problème. 

Selon l'usage du temps, des phénomènes météorologiques et 
des événements divers sont prédits comme conséquence des 
phénomènes astronomiques. Il ne s'agit guère, du reste, que 
de dommages annoncés assez vaguement pour les récoltes et 
pour les hommes. Les événements de l'année 1295 seuls sont 

* J'ai consulté à ce sujet M. Edouard Roche, professeur à la Faculté 
des sciences de Montpellier, auquel je dois des remerciements pour ses 
obligeantes indications. 



PRBDICnONS ASTRONOMIQUES 177 

désignés d'une manière plus précise : ce sont des épidémies 
frappant sur les hommes et sur les bêtes de somme, et de plus 
la mort d'un souverain puissant. En 1295, en effet, deux mois 
avant Téclipse annoncée, mourut le roi de Castille, Sanche IV. 
Mais il est possible que la prédiction de cette mort ait été 
ajoutée au texte original après F événement. Il se pourrait 
même que le texte tout entier eût été rédigé postérieurement à 
Tannée 1295. Le manuscrit sur lequel je fais ma publication 
n'est certainement pas antérieur au XIV siècle, et, bien que 
ce ne soit évidemment qu'une copie, l'original pourrait fort 
bien n'avoir vu le jour qu'après les événements qu'il est censé 
avoir prédits. 

C. DE TOURTOULON. 

A tots los fels de Jesu-Crist per les Spanys scampats dels 
lochs e de les terres longuament e amplament als quais aquestes 
letres pervendran, maestre Bo.D. c.,avent conexençade la art 
de les esteles, treballant per lo profit del humanal linatge, sa- 
luts e gracia de Sant-Espirit. Per la ténor de les présents 
sia a vos demostrat que, segons la art d'astronomia, yo he 
conegut fermamenten terra* que moites coses se deven esde- 
venir en los temps qui vendran, segons l'ordonament dels co- 
sors sobirans, ço es asaber de les planètes*, las quais coses 
per esguardamen divinal vull à tots manifestar e demostrar, 
per ço que als périls davall escrits segons lur poder dejen con- 
trastar ; car los darts davant vists meyns solen nafrar. 

En l'any ço es a saber de la nativitat de Nostre Seynor Jesu- 
Crist, M. ce. XC, en la terça indicio, dels diluns xxi dia en 
agost, passada la miga nit, vinen lo dimarts xxii dies d'aquell 
mes, la luna estant en pisce ab la coa del drago, pujan d'o- 
rient en lo senyal del cranch, seran eclipsades les très parts 
del cors de la luna.. Per raho d'aquell éclipse sera gran péril 
enlamar, e seran grans naufragis. Molt sera mort,e destrutas 

* Il faut lire probablement: en fermament e en terra. 
3 Le copiste a écrit plantes 



178 DIALfiOTËS ANCIBNS 

aquells qui son en aygua e sera minuament de pex e <i« fruyts 
d'ajgua, e sera dan e détriment a tots estants prop d'ajgua. 
Per que tujt se guarden la donchs a navegar de xv. dies del 
mes de décembre entro a xv. dies dies del mes de marc en la 
quarta indicio. 

Item en aquell matex any, dimarts a v. dies en setembre 
primerament esdevenidor, en la terça hora del dia, la luna 
e el sol estant en conjunccio en lo xx. grau de la verge, prop 
del cap del drago, pujant d'orient en losenyal que es dit libra, 
sera éclipsât lo sol i. poch, ço es a saber de u dies {sic). E per 
raho d'aquest eclipsi serant molts dampnatges als homens, etc. 

Item dimecres en febrer a xiii dies , iiii indicio, en la un 
hora de la nit, seguentlo dijous xv. dies d'aquell matex mes, 
la luna estant en virgine ajustada al cap d*aquell senjal que 
es dit drago, e el sol en aquel que es dit piscis, ajustât a la 
coa d'aquell senjal que es dit drago, pujant al sol exint, en 
lo senyal* que es apellat libra, les dues parts del cors de la 
luna seran eclipsades, ço es a saber que la luna aura minua- 
ment de les II. parts. E per raho d'aquest eclipsi e defalliment 
se deven seguir molts dampnatges e minua molts difruyts de 
terra e d'arbres per les lochs. 

Dimecres a xxx. dies en juliol, en la vindicio en la ii. hora 
de la nit, seguent lo derrer dijous de aquell matex mes, sera 
eclipsada la mitât del cors de la luna. Per raho del quai eclips i 
se seguiran molts dampnatges per los logas *. 

Item en Tanj de la incarnacio m. ocxc. m. en la vi. endicio 
{sic) en lo dimenge vi. dies en juliol, en la quarta hora del dia 
la luna e el sol estant en conjunccio en lo xx. grau, estant 
en aquell senjal que se dit cancer, pujant o devallant en lo xvii 
grau, sera éclipsât lo sole aura defalliment, et seraescur sobre 
la terra axi com si era nit. E per raho d'aquell eclipsi del sol 
seran molts dampnatges per lo mon ; e sera gran péril en les 
aygues, e mort e destruccio a aquells qui usen en ajgua e 

* Le copiste a écrit par erreur sol au lieu de senyaL. 
« Il faut lire logars. 



PREDICTIONS ASTRONOMIQUES 179 

aquells qui estaran en aviron en les illes e prop d'aygua. E 
seran per los lochs, axi com dit es, torbaments, e enbarga- 
ments e morts de homens e de fembres en molt gran quantitat. 
Diumenge a xxx. dies en mag, la viii. endicio, passada la 
miganit, peri. hora, vinent lo diluns xxx. dies deaquell matex 
mes, la luna estant en aquell senjal que es dit sagetari, prop 
la coa del senjal que es dit drago, e el sol en aquell senyal 
que es dit geminis, prop lo cap del drago, pujant del sol exint 
en panorm [sic) en lo senyal que es dit piscis, en lo xxi. grau, 
seran eclipsades les très parts, eclipsades* del cors de la luna. 
Per raho d'aquest eclipsi, segons lo juhi dels philosofs, signi- 
fica mort de algun Rey gran e de christians en lo dit any 
esser esdevenidor, e seran longues malalties, e mort de ca- 
mels, e Je cavayls, e de muls. E sera mort de nobles barons 
amans e creents Deu, e sera molts altres dampnatges en lo 
mon. 

* Sic : répété eclipsades. 



180 DIALBCTES ANGIBNS 



ERRATA DU TOME II 



GBSTA FRANGORUM 

P. 120, ligne 9: quel est la meilleure, lisez : le meilleur 

P. 121, ligne 9: otréerait, lisez: otréeret. 

P. 121, ligne 10: avoent este, lisez: aL\oeni esté. 

P. 122, ligne 25: conselliers, lisez: conseliers. 

P. 122, ligne 28: comment, lisez : cornent. 

P. 123, ligne 5: conu, lisez: conut. 

P. 123. ligne 12: cil fut fu, lisez : cil fu. 

P. 124, ligne 29: Toloza, lisez: Tolosa. 

P. 125. ligne 24: Hiliara, lisez : Hilaira. 

PSEUDO-TDRPIN 

P. 127, note 23 : Estoire, lisez : Estoira. 
P. 127, note 27; Estoira, lisez: Estoire. 
P. 128, ligne 10: lai ou, lisez: lai où. 
P. 130, note 8 : Vinc una, lisez : vinc à una . 
P. 131, note 15: de peiro, lisez: de peire. 



DIALECTES MODERNES 



CORTETE DE PRADES 
Poète agenais du XVII* siècle 

Où trouver maintenant nos chères muses pastorales? Dis- 
persées par nos orages politiques, elles se sont enfuies à 
tire-d'aile pour s'éloigner le plus possible des violences, des 
prétentions et des misères de notre temps. 

Maudite soit cette civilisation qui s'est noyée dans le sang, 
qui ne vit que de passions haineuses, et n'est devenue, pour 
un grand nombre de gens, que l'expression des appétits, des 
convoitises et de l'envie insensée qui les dévorent. 

Cherchons nos vierges poétiques dans des régions plus dou- 
ces ; suivons-les dans ces asiles anciens qu'elles hantaient 
autrefois, et demandons-leur ce qu'elles ont pu, dans ces heu- 
res de crise suprême, conserver d'esprit, de naturel et de 
grâce. 

Dans la riche et verte vallée de la Garonne, au pied de co- 
teaux qui s'allongent en enfermant dans leurs lignes ondu- 
leuses son bassin magnifique, vivait, au XVIP siècle, un gen- 
tilhomme dont le manoir, admirablement situé, annonçait une 
simple et heureuse existence. 

Ce lieu s'appelait Prades, et François de Cortète en était le 
seigneur. Ce gentilhomme, qui était né vers la fin du XVP siè- 
cle, avait été militaire ; d'abord attaché, en qualité de page, 
à la maison d'Esparbès de Lussan, vicomte d'Aubeterre, gou- 
verneur de Blaye, il le suivit à la guerre et notamment en 
Catalogne, dès que celui-ci fut maréchal de France. On le 
trouve encore, en 1639, servant sous les ordres du petit-fils 
de Montluc, Adrien de Montluc, comte de Carmaing, qui était 
alors gouverneur, pour Sa Majesté, du pays de Foix. Après 

. 12 



182 DIALECTES MODERNES 

avoir glorieusement exercé son métier de soldat, il était re- 
venu dans son pays, en Agenais, où il était né ; il ne le quitta 
plus, et y mourut dans un âge très-avancé *. 

Son goût naturel pour les lettres,' qui n'avait pu que se dé- 
velopper auprès d'Adrien de Montluc, lettré lui-même, et qui 
faisait état d'encourager les poètes de son temps, lui inspira 
le désir de rendre sous une forme poétique les impressions 
qu'il recevait dans cette vie calme et champêtre, s'écoulant 
sous l'éclat du soleil et des splendeurs de cette riche nature. 
Il aimait le langage du peuple , il connaissait les coutumes, les 
récits et les chansons de la campagne. C'est ainsi qu'il fut 
amené à composer des pastorales ; car on chantait alors, on 
s'amusait même aussi, parfois même on était heureux : — 
c'était, croyez-le bien, un temps charmant que celui-là. On 
faisait moins de métaphysique sociale qu'à présent : il n'était 
pas, à tout propos, question de régénération, de revendica- 
tion, de révolution. On était plus modéré, plus sage ; on avait 
plus de résignation, partant plus de bonheur; on travaillait 
sans se plaindre, et, pour supporter la vie et ses misères, on 
les égayait en chantant le travail, l'amour et la jeunesse I On 
croyait à toutes ces choses alors ; — on croyait en Dieu aussi, 

et pas tant en soi-même qu'à notre époque C'était, 

croyez-le bien, un temps charmant que celui-là. 

Le seigneur de Prades faisait donc des pastorales; c'était 
Ramounety ou lou Paysan agénes tournât de la guerro (Raymond, 
ou le Paysan agenais i^evenu de la guerre), puis la Miramondo 
(la Miramonde) et autres pièces de moindre importance *. 

• Jean- Jacques de Corlôte, unique fils de notre poëte, ne laissa pas de 
descendance masculine; il eut deux filles: Marie, l'une d'elles, s'étant ma- 
riée avec Bernard Daurée, écuyer, sieur de Molhes, lieutenant général 
d'épée de la sénéchaussée d' Agen, fit son mari seigneur de Prades. Depuis 
lors, le nom de Prades a toujours été ajouté à celui de Daurée. Cette- fa- 
mille existe encore et habite, aux environs d'Agen,le joli castel de François 
de Gortète. 

2 Les œuvres de François de Gortète ne furent imprimées qu'après sa 
mort, par les soins de son fils Jean-Jacques. 



CORTÉTE DE PRADES 183 

Ces petites comédies champêtres en cinq actes ne brillent 
pas par la richesse de Tinvention ; l'intrigue y est banale sans 
être simple, et elle est trop compliquée pour nie pas se res- 
sentir un peu des bergeries prétentieuses qui étaient à la mode 
en ce temps-là. 

Dans Tune d'elles, on trouve même un loup, — un loup ra- 
visseur, — fort bien dressé, du reste, à emporter Tagn^au 
chéri de la pastourelle, pour donner Toccasion au galant ber- 
ger de le sauver et de le rendre à sa maîtresse attendrie et re- 
connaissante. Il y a pourtant, dans Tune et l'autre de ces 
pièces, une grande facilité de versification, une connaissance 
parfaite du dialecte agenais, parlai par-là quelques vers heu- 
reux, quelques lueurs de fantaisie ; malheureusement cela ne 
dure pas. 

L'auteur était un homme d'esprit qui se plaisait aux habi- 
tudes, au langage des paysans qui l'entouraient ; il les faisait 
parler à sa guise et leur prêtait souvent d'assez jolies expres- 
sions. 

Ramounet, le principal personnage de la première pasto- 
rale, est un soldat vantard, lâche et déserteur, miles gloriosus, 
qui, pour avoir passé quelques mois hors de son pays, feint 
d'en avoir oublié le langage et s'exprime, d'une façon ridi- 



Hamounet et la Miramondo, pastorales en lengatge d'Agen, furent 
d'abord imprimées à Agen, chez Gayan, en 1684, in-8*. 
\^La Aiiramondo, pastorale en langage d'Agen, fut de nouveau imprimée 
par le même Gayan en 1700 ; on y avait joint : las Larmos del Grabé (les 
Larmes du Gravier), par l'auteur de Ramounet j — et à la suite un son- 
net. 

En 1701, Gayan fit un nouveau tirage de cette dernière édition ; il y 
manquait les Larmes du Gravier et le sonnet de la fin. On remarque que 
l'éditeur indique comme l'auteur de celte pastorale Jean-Jacques de 
Gortète, fils de notre poëte. Cette erreur venait sans doute de ce que Jean - 
Jacques avait signé de son nom l'épîtro dédicatoire de Ramounet à M Es- 
parbès deXussan, comte de Lasserre, gouverneur de l'Agenais. 

On cite encore une édition petit in-8» en 1685. 

Enfin une dernière édition de Ramounet a été faite à Bordeaux, chez 
la veuve de F. Séjourne jeune, en 1740. 



184 DIALECTES MODERNES 

cule, dans un affreux mélange de français et de patois. A la 
fin de la comédie et de ses gasconnades, il tombe entre les 
mains de son capitaine et est en grand danger d'être pendu, 
lorsqu'une jeune fille qui Ta suivi à son insu, sous un déguise- 
ment de jeune berger et sous le nom de Carlin, intercède en 
sa faveur et obtient sa grâce à la charge qu'il l'épousera. 

Tout ceci se passe au milieu des scènes d'amour les plus 
variées, car tout est amoureux dans cette pastorale : vieux et 
jeunes ne vivent que de sentiment et d'intrigues croisées ; il 
est évident que, de ce temps-là, l'amour était de tous les 
âges comme de toutes les saisons. Alis, la mère de Florimon, 
a deux amoureux, et Philippe, la jeune bergère, en a trois ; et, 
par surcroît, cette charmante petite fille aime follement Car- 
lin, l'amoureuse déguisée qu'elle prend pour un jeune pâtre. 

Il y a de la vivacité et du mouvement dans ces quelques 
scènes spirituellement dialoguées ; certains morceaux n'y sont 
pas sans charme, comme on en peut juger par cette scène 
entre Philippe et Carlin , dont nous extrayons un passage : 
Philippe s'excuse modestement de ce qu'elle n'est point belle. 
— « Elo n'a re de bel. » — Carlin lui répond assez genti- 
ment: 

Re de bel, la Philipo : he que se pot-el dire 
De plus blanc que sa pel ? elo es coumo lou lire . 
Sous piels touts annclats, entre roux et mourets, 
Son autan de sedous à prene lous courets . 
L'œillade de son eil, per pauc qu'elo l'alluque, 
Fa mouri tout à l'houro ou cal que l'on se cluque. 
Impossible de bese un naset milieu feyt ; 
La roso de sa gauto y nada sur la leyt, 
Dous boucis de coural y formon la bouqueto. 
Sa mino es touto sajo e n'a res de friquetto . 

« Rien de beau, la Philippe : hé ! que peut-il se dire — de 
» plus blanc que sa peau? elle est comme le lis. - Ses cheveux 
» tout bouclés, qui ne sont ni blancs ni noirs, — sont autant 
» de lacets à prendre les cœurs, — Le regard de son œil, 
» pour peu qu'elle l'allume, — fait mourir à l'instant où il 



CORTETE DE PRÀDES 185 

îi faut fermer les yeux. — Impossible de voir un petit nez 
» mieux fait; — la rose de sa joue y nage comme dans du lait, 
t — deux morceaux de corail y forment sa petite bouche. — 
2) Sa mine est toute sage et n'a rien de fripon. • ...)') 

Nous n'hésitons pas à mettre la Miramonde au-dessus de 
Ramounet; c'est plus près de la vérité, sans y toucher pour- 
tant. Ce n'est pas parfaitement naïf, mais il y a plus de sen- 
sibilité, des idées fines, des mots charmants et de l'entrain. 

Miramonde, la belle Miramonde, aime le jeune Robert, et 
elle en est tendrement aimée ; par malheur, le père de la ber- 
gère veut lui faire épouser Peyrot , autre amoureux moins 
beau, mais plus riche que Robert : de là des scènes de tris- 
tesse et d'amour et les nombreuses péripéties de ce petit 
drame. La mère de Miramonde, touchée des sentiments sin- 
cères des beaux amoureux, les protège et réussit à les conduire 
au plus heureux dénoûment. 

L'action se complique surtout de la jalousie de la jeune 
Marion, qui aime aussi Robert, mais n'en est point aimée, et 
s'efforce, pour se débarrasser de sa rivale, de la faire épouser 
à Peyrot; et puis de la résistance du père, qui tient aux pro- 
messes qu'il a faites au riche berger et à son admiration pour 
la belle vigne qu'il possède. Le père barbare cède à la fin, et 
Peyrot se console en se mariant avec la sœur de Miramonde . 
Marion sera contrainte aussi de souscrire aux vœux de Ber- 
trand, qu'elle avait jusqu'alors dédaigné, et c'est ainsi que tout 
s'arrange. 

Le style de cette pastorale nous semble en général plus 
relevé que celui de Ramounet, On en pourrait citer d'assez 
jolies scènes; mais il nous suffira, pour donner une idée de la 
manière de l'auteur, de faire connaître ce morceau d'une 
description de l'hiver : 

Auillez que fasian naûs quan lou cel, quan la terro, 
Quan tout se debandabo et nous fasio la gnerro ? 
Que fasian naiis. Auillez ? Dius e lou mounde ou sap. 
Car lous esclops as pès, lou capelet al cap, 

dil tout bestit et cintats de la fonde, 



186 DIALBCTES MODERNBS 

Nou laichaben pas ten ses y fa quauquo rondo. 
Talomen que tout braudo et la plèjo dessus, 
Courian de prat en prat, aro en bat, aro en sus ; 
Quan -de cops mîeis plegatz coumo un arc que se sarro, 
Al mitan d*uno fango estiraben la garro, 
E quan tout agrupitz al pé d*un tapurlet, 
La gouto al cap del nas, lou cap dîn lou coulet, 
Transits e tremoulans coumo uno quo de baquo, 
Abian lous pots touts blans, éren touts morf ondits 
E del gran fret qu'abian nous briffaben lous dits. 

(c Bergers, que faisions-nous quand le ciel, quand la terre, 
» — quand tout se déchaînait et nous faisait la guerre ? — Que 
» faisions-nous, bergers? Dieu et le monde le savent, car les 
» sabots aux pieds, le béret sur la tête, — la veste boutonné,e 
» et serrée à la ceinture, — nous ne foulions aucun pâturage 
» sans y mener quelque ronde ; — si bien que, tout mouillés et 
» toujours sous la pluie, — nous courions de prairie en prai- 
» rie, tantôt là-bas, tantôt là-haut. — Quand, nos corps demi- 
» ployés comme un arc que Ton tend, — au milieu de la boue 
» nous tirions le jarret, et quand, tout accroupis au pied d'un 
» talus, — le nez glacé et la tête dans le collet, — transis et 
» tremblants comme une queue de vache, — les dents s'entre- 
» choquaient et faisaient clique-claque^ — nous avions les lè- 
» vres toutes blanches, nous étions morfondus, — et nous 
» avions si froid que nous soufflions dans nos doigts. » 

Dans une pièce fort originale, que notre poëte appelle les 
Larmes du Gravier, on remarque aussi de la gaieté, de" la verve 
et un heureux emploi des richesses de la langue. 

Le Gravier est une belle promenade d'Agen, qui, de tout 
temps, a été menacée par l'invasion des eaux de la Garonne. 
En 1684, le fleuve furieux était sur le point d'enlever les 
arbres et la verte pelouse du Gravier, et c'est de cette ma- 
nière que s'en plaignit alors de Cortète, dans les larmes qu'il 
lui fit verser : 

Grabé, que ta perto m'es aisso ! 
Que jou planji toun bel tapis ! 



CORTÊTE DE PRADBS 187 

Al médis loc que se trépis, 

On bey la terro que s'abaisso ; 

Tout s^esperrequo al mendre aigat. 

Lou pescaire ten lou bergat 
Oun las damos d'Agen fasion lours permenados, 

E Taignel escano de set 
Oun lous peichs lous plus grans dins mens de quatre annados 

Faran lou capuchet. 

(( Gravier, que ta perte m'est cruelle ! — Que je regrette ton 
» beau tapis ! — Au lieu même le plus foulé, — on voit la 
» terre qui s'abaisse ; — tout s'éboule au moindre courant 
» d'eau. — Le pêcheur se sert de sa perche — là où les dames 
» d'Agen faisaient leurs promenades, — et l'agneau meurt de 
» soif — dans l'endroit même où les poissons les plus grands, 
» dans moins de quatre années, — feront le plongeon.» 

Il continue très-spirituellement cette élégie bizarre ; on peut 
encore citer la fin : 

Las, que faran las paouros goujos, 

Que ban querre l'aigo à la f oun ? 

La nostro à son èl que se foun, 

Et las prunèlos toutos roujos. 

Ah ! sa diran, quin desaguis, 

Grabé, la que te persiguis, 
Posque perdre sa douts e péri de sequèro ' 

Fillos, quan bous aûs y benès, 
Non bous semblo pas el, al respect de ço qu'ero, 

Un prat de sept dinès ? 

Pauré prat rasât coumo un mounge ; 

Grabé, lou loc des passotemps, 

Souben-te que, din pauc de temps, 

Tu sarat passât coumo un sounge. 

Lous prumès aigats que bendran, 

Acos segù, t'acabaran, 
Se costo lou courren tu n'as quauquo ressourso . 

L'on te plan be tout mey et mey ; 
Mas que pensario tu la trouba dins ta bourso 

Ha bado aqui tout ouey. 



1 



188 DIALECTES MODERNES 

a Hélas ! que feront les pauvres servantes — qui vont cher- 
» cher de l'eau à la fontaine ? — La nôtre en a son œil tout 
» mouillé, — et ses prunelles toutes rouges. — Ah ! diront-elles, 
» quel malheur, — Gravier, que celle qui te poursuit — puisse 
» perdre sa source et périr de sécheresse! — Oh ! filles, quand 
» vous y venez, — ne vous semble-t-il pas, au prix de ce qu'il 
» était, — un pré de sept deniers? — Pauvre pré, rasé comme 
» un moine ; — Gravier, le lieu des passe-temps, — souviens- 
» toi que dans peu de temps — tu seras passé comme un 
» songe. — Les premières averses qui viendront, — c'est cer- 
» tain, t'achèveront, — si contre le courant tu n'as quelque 
» ressource, -r- L'on te plaint bien à qui mieux mieux ; — mais 
» celui qui croirait que tu la trouveras dans ta bourse — peut 
(( bayer là tout aujourd'hui. » 

Cortète de Prades avait laissé dans ses papiers le manuscrit 
d'une comédie en cinq actes, intitulée Sancho Pança chez le 
duc:é[\e n'a jamais été publiée; il en a été seulement tiré 
quelques copies, mais peu de personnes la connaissent. Les 
extraits que nous avons pu en voir n'ont fait que confirmer 
l'appréciation que nous avons faite de son talent ; il s'y ren- 
contre avec les mêmes défauts, les mêmes qualités que dans 
les autres. 

Ne pouvons-nous pas maintenant nous rendre un compte 
assez exact du mérite de notre poëte ? Il a employé avec 
adresse la langue de son temps et de son pays, langue qui se 
rapproche beaucoup de celle que parlait si bien le Toulousain 
Goudouli (Pierre Goudoulin); il a fait des chants rustiques, 
des pastorales, trop recherchées peut-être, mais qui ne sont ni 
sans esprit ni sans grâce. On y chercherait en vain une haute 
inspiration ; on y voudrait plus de souffle, plus d'âme ; le senti- 
ment vrai, la simplicité réelle lui échappent ; mais il reste 
aimable, abondant et d'une humeur facile. Il semble qu'il ait 
voulu rendre le mouvement et l'éclat des vers de Goudouli; 
mais il est loin de lui, et nulle de ses œuvres ne rappelle les 
stances du Toulousain sur la mort d'Henri IV. Combien il est 



CORTETB DE PRADES 189 

loin aussi de nos modernes chantres du Midi, Jasmin, Mistral, 
qui sont des poètes de haute envergure, d'une inspiration 
élevée et profonde. Toutefois, de Cortète, comme les poètes de 
cette valeur moyenne, a le mérite d'avoir continué la chaîne 
qui rattache les poètes du moyen âge à ceux de nos jours, et 
de n'avoir pas laissé dépérir en ses mains l'héritage glorieux 
de ses ancêtres ; il l'a enrichi de fleurs et de grâces nouvelles, 
et l'a transmis à ceux qui devaient le suivre, en leur mon- 
trant la voie poétique par laquelle lui-même était passé. 

La langue employée par de Cortète est le dialecte agenais, 
tel qu'il était parlé de son temps. Il ne diffère, nous Pavons 
dit, que d'une manière peu sensible du languedocien de Gou- 
douli. 

Nous devons reconnaître que, depuis cette époque, ce dia- 
lecte a perdu de son originalité première ; l'usage vulgaire 
auquel il a, été uniquement appliqué, l'ignorance et la rudesse 
de ceux qui l'ont parlé exclusivement, lui ont fait subir d'assez 
graves altérations, et il s'est peu à peu éloigné de la langue 
littéraire des troubadours, ou, du moins, de cette langue d'oc 
qui, sans avoir la perfection du verbe poétique des maîtres, 
présentait dans ses divers dialectes un caractère d'origine 
commune qui les ramenait tous à la même source. 

Nous trouvons dans les œuvres de Cortète des expressions 
perdues maintenant, qui n'étaient pas les moins gracieuses de 
la langue si riche des temps passés. Nous pourrions citer les 
mots: sîaw (tranquille), routo (rompu), auzi (écouter) et bien 
d'autres ; ils ont disparu pour être remplacés par des locutions 
patoises ou plutôt du français travesti. 

Il a faUu tout le génie de Jasmin et de nos félibres proven- 
çaux pour s'affranchir, à mesure qu'ils ont grandi, des vulga- 
rités modernes de leur langue chérie ; pour retrouver, en re- 
montant dans le passé et en y appliquant un goût opiniâtre, 
la parole simple et vraie, d'origine et de race, qu'ils voulaient 
parler. 

Il n'est que trop certain que, reléguée au rang des patois, 
la langue méridionale a subi des modifications regrettables, 



190 DIALECTES MODERNES 

qui semblaient devoir la condamner à n'être que Tobscure 
vassale de sa rivale victorieuse, la langue française. 

Nous ne devons en estimer que mieux les poètes et lés sa- 
vants qui se sont vaillamment attachés à la défendre et à con- 
server son antique noblesse, qui, par leurs œuvres et leurs 
efforts, ont attesté sa vitalité et perpétué son charme litté- 
raire. 

C'est à ce titre qu'il nous a semblé que notre poète agenais, 
ce gentilhomme du XVIP siècle qui prêtait un idiome si har- 
monieux aux bergers de son pays, n'était pas un personnage 
sans valeur, et qu'il pouvait justement être recommandé à 
l'attention de la génération studieuse de notre temps. 

Adrien Donnodevie. 



LOU ROUMIEU 

LEGENDA DAU TEMS DAS COMTES DE PROUVENÇA 



I 

RAMOUN E SOUN SAGAT 

Aviè'n èr de grandou, lou Comte de Prouvença ! . . . 

E pamens lous de soun entour, 
Dau pus mendre au pus fier, vantavoun Tavenença 

Qu'aviè mes de moda à sa court. 

Degus tant magnifie : pouderous e dounaire, 

S'avisava pas se teniè 
D'estelous ou d'argent! Un counsel, unpecaire, 
Bailava tout, fins un diniè. 

Lou trapavoun soulet dins la vila ou pèr orta. 

As vielhets toucava la man ; 
Parlava au mounde bas assetat sus la porta ; 

Tamben castiava un sacaman : 



LE ROMIEU 

LÉGENDE DU TEMPS DES COMTES DE PROVENCE 



l 
RAIMOND ET SA SUITE 

Avait-il l'air majestueux, le Comte de Provence! — Et pourtant 
ceux qui Tentouraient, — du plus humble au plus grand, vantaient 
l'urbanité — qu'il avait mise à la mode à sa cour. — Nul n'était aussi 
magnifique : puissant et généreux, — il ne regardait pas s'il tenait 

— des morceaux de bois ou de l'argent! (Pour) un conseil, (pour) 
une prière, — il donnait tout jusqu'au dernier denier. — On le ren- 
contrait seul à la ville ou par les champs. — Il touchait la main aux 
vieillards ; — il parlait avec les pauvres gens sur le seuil de la porte; 

— il châtiait parfois un malfaiteur. — Il dispensait un misérable do 



}9Z DIALECTES MODERNES 

Teniè quite un minable e d'obras e de talhas ; 

En poulitica: «Un bon acord, 
Disiè, proufita mai que dos bonas batalhas; 

L'ourgul leva pas lou rembrd ! » 

Despioi que lou sourel tant d'omes ensourelha, 

E pèr foça vai s'estrassant, 
Quant n'i'a de gouvernants qu'aurien soustat Marselha 

Libra, sans n'en vouirà lou sang? 

Mes lous autres d'aqueste an pas tirât esemple ! 

A sèt ans, pire qu'en prison, 
Era emb'un cousi sieu jout la culpa dau Temple 

Quant patissiè d'èr à Mounzou. 

Ëlous grands que n'an vist, s'escaloun, van se traire 

De cops sus Tescach d'un fumiè ; 
D'autres cops à la cima embé lou counquistaire 

Jaques, l'enfant de Mount-peliè, 

Ou Ramoun, que mai aime, el, sa fenna, sas filhas. 

Tout acôs en tant bon renoum 
Que disien au peis de las bravas famîlhas : 



corvées et d'impôts ; — en fait de politique : « Un bon traité, — disait- 
il, est plus avantageux que deux bonnes batailles ; — l'orgueil ne 
délivre pas des remords. » — Depuis que le soleil enveloppe tant 
d'hommes de ses rayons, — et pour beaucoup va se perdant, — com- 
bien y en a-t-il de gouvernants qui eussent toléré Marseille — 
libre, sans en répandre tout le sang? — Mais les autres n'ont pas 
pris exemple sur celui-ci 1— A sept ans, plus à l'étroit qu'en prison, 
— il était avec un sien cousin sous la férule du Temple, — lorsqu'il 
manquait d'air à Monzon. — Et les grands qui ont souffert, lors- 
qu'ils s'élèvent, vont se jeter — parfois sur un tas de fumier ; — d'au- 
tres fois (ils montent) au plus haut avec le conquérant — Jacques, 
l'enfantde Montpellier, — ouRaimond que je préfère, lui, sa femme, 
ses filles ; — tous en si grand renom, que l'on disait au pays ( en 



LOU ROUMIBU 193 

(t Soun couma aquela de Ramoun. » 

Passais mèstres dau saupre e de la pouësia, 

Comte, Coumtessa, enfants tabé, 
Sus Tescharpa e Tescut avien escrich: Patria, 

Arts liberaus e gai-sabé ! 

Pertau lous troubadours d'auta e bassa Prouvença, 

Jours e festenaus, a la court 
Fasien tout ressoundi d'innés de renaissença, 

De cansous de glôria e d'amour. 

le veniè dau pus lion de tant forts musicaires, 

Cargats d'outisses de tout biais, 
Liras, arpas, aubois. Qau prenien pèr menaires ? 

Las filhas dau segnoU d'a-z-Ais, 

Que fasien à grand gourg regoulà Tarmounial 

Pioi prenien lenga à sous moumens, 
Ramoun e Beatris, rèis de la Pouesia ; 

N'era aquis de ravissements ! 

Tabé, pèr lous ausi, veniè la granda esclapa 
Das chivaliès arnescats d'or ; 



parlant) des familles honnêtes : — <c Elles sont comme celle de 
Raymond 1» — Passés maîtres en science et en poésie, — Comte, 
Comtesse, et les enfants de même, —avaient écrit sur leur écharpe 
et leur écu : Patrie, — arts libéraux et gai savoir. — Aussi les trou- 
badours de haute et basse Provence, — jours (ordinaires) et fêtes 
carillonnées à la cour, — faisaient tout retentir d'hymnes de renais- 
sance, — de chansons de gloire et d'amour. — Il y venait, des 
points les plus éloignés, des musiciens fameux, — porteurs d'instru- 
ments de toutes formes : — lyres, harpes, hautbois. Qui prenaient- 
ils pour les diriger? — Les filles du seigneur d'Aix, — qui faisaient 
ruisseler Tharmonie à grands flots. — Puis, le moment venu, ils 
prenaient la parole, — Raimond et Béatrix, rois de la poésie ; — c'en 
était des ravissements ! — Aussi, pour les entendre, venait-il la 



194 DIALECTES MODERNES 

Viscomtes, paladins, barouns, légats dau Papa, 
Damas qu'embrandavoun lou cor, 

Nobles, pages, varlets, ornes de touta mena, 
Gents d'estable e gents de chinièi ; 
Trin reiau, despensiè, que, quand brafa pas, rena, 
Ë tant gasta un comte qu'un rèi. 

II 

LOUS POUTOUS 

Un cop touta la court tournava de la cassa. 
Lou Comte èra laiat, la Coumtessa èra lassa, 
Sas manidas detras avien lou linde au front. 

— « Ai set, faguet la maire ; aquel sourel grasilha I » 

— « Sores, sounet Margai, anen ! Nora, ma filha ! 
Sancheta! Beatris! venès, save una font! » 

E zou I sans prene ban, las quatre doumaisellas 
Rasejèroun lou sou ; antau van las estellas 



foule brillante — des chevaliers harnachés d'or ; — vicomtes, paladins, 
barons, légats du Pape, — dames qui embrasaient le cœur, — nobles, 
pages, varlets, hommes de toute espèce, — gens d'écurie et gens de 
chenil; — train royal, dépensier, qui murmure s'il ne se gorge, — 
et gâte autant un comte qu'un roi. 

II 

LES BAISERS 

Une fois toute la cour revenait de la chasse. — Le Comte était 
soucieux, la Comtesse était lasse; — leurs filles suivaient le front 
pur. — « J'ai soif, dit la mère ; ce soleil dévore. » — « Sœurs, ap- 
pela Marguerite, allons ! Eléonore, ma fille ! — Sanchettc ! Béatrix! 
venez, je sais (où trouver) une fontaine. » — Ethopp! sans prendre 
élan, les quatre jeunes filles — effleurèrent le sol ; ainsi vont les 
étoiles. — lorsqu'elles décrivent leur courbe dans le ciel, laissant 
un sillage enflammé — pendant les belles nuits qui réchauffent ou 



LOU ROUMIEU J95 

Quand gasoun aiçamount, embrandant sous draiaus, 
Dins las tant bellas niochs caudas ou fregelugas. 
Elas sus un camis tout fioc et tout bélugas 
Au pus fort dau sourel semblavoun quatre uiaus. 

Fasien parpalhejà lous iols. Lestas e vivas, 

A rime retrasien de fadas ou de divas, 

Quicon d'encantarèl que dona gau e pou! 

Gau! de las arrestà per Testrieu ou la brida, 

De li bailà dau cop soun cor, soun sen, sa vida; 

Pou ! dau grand mau d'amour que calcina e tant dôu !. . . 

Lion e de tras la court seguissiè sa voulada. 

Un Roumieu*, d'aut unpioch, veguet la cavalcada 

Desbanàjout souspèds soun ruban mirgaiat. 

Pioi rede e sans brouncà davalet de las Aupas, 

As endrechs que lou pastre escarnit monta à paupas ; 

Avié mai de grandou que lou comte laiat. 

D'entre-mièja, à galop tournavoun las manidas 
Sus sas egas tout gruma. Aderè, las ardidas 



qui glacent. — Elles, sur un chemin tout feu, tout étincelles, — 
(exposées) au plus ardent soleil, ressemblaient à quatre éclairs. — 
Elles éblouissaient. Lestes et vives, — elles rappelaient à Titlée clés 
fées ou des déesses, — une chose enivrante qui fait envie et peur. 

— Envie ! de les arrêter par Tétrier ou la bride, — de leur donner 
en une fois son cœur, sa raison, sa vie I — Peur ! du grand mal 
d'amour qui consume lentement et tant fait souffrir. — Dans le 
lointain et derrière, la cour suivait leur vol.-— Un Romieu, du haut 
d^un pic, vit la cavalcade— dérouler sous ses pieds son ruban diapré ; 

— puis, raide et sans hésiter, il descendit les Alpes, — aux endroits 
que le pâtre craintif gravit en hésitant ; — il avait plus de majesté 
que le Comte soucieux. — Sur ces entrefaites, au çalop revenaient 
les jeunes filles, — sur leurs juments écumantes. — Sans repos, les 
folles — excitaient de front leurs bêtes, parce que — elles avaient 

' Pèlerin qui est allé ou va à Rome. 



196 DIALECTES MODERNES 

Acoussavoun de frount sas bèstias, pèr amor 
Qu'avien trouvât un rec e d'oumbra pèr se jaire ; 
Que toutas d'una man pourtavoun à sa maire 
L'aiga qu'avien pousat dins de grands cournets d'or. 

La Coumtessa enclausida, ela e sa troupelada, 
D'un tant poulit cop d'iol, demouret clavelada ; 
Soun alezan jaunous semblava de loutou. 
Chaca filha faguet sarrà soun ega blanca 
Dau chival de sa maire, iol contr'iol, anca-à-anca, 
E bailet soun degout en change d'un poutou. 

Pensas lou cacalas que fasien! Dins sa joia 

Las Rosas de Prouvenca e TEli de Savoia, 

Pèr lou maniaguejà, cerquèroun das segnous 

Lou pus bon, lou pus bel, lou que, pèr las coumplaire, 

Auriè tout despoulhat, noum, couronna, terraire. . . 

Ramoun ! èra à despart soûl e melancounious. 

Despioi bon prou, Ramoun das rires se tirava, 
E degus noun saviè de-que lou tafurava : 
On cigaleja pas sous làguis au bel èr. 



trouvé un ruisseau et de Tombre pour s'y reposer, — que toutes 
d'une main portaient à leur mère- l'eau qu'elles avaient puisée dans 
de grands cornets d'or.— La Comtesse ravie, elle et son escorte, — 
d'un si charmant coup d'œil, resta clouée (sur place); — son alezan 
jaunâtre semblait être de laiton. — Chaque lille fit approcher sa 
jument blanche — du cheval de sa mère, œil contre œil, hanche à 
hanche,— et donna sa goutte d'eau en échange d'un baiser.— Vous 
pensez les éclats de rire qu'elles faisaient. Dans leur joie,--les roses 
de Provence et le lys de Savoie — cherchèrent entre les seigneurs, 
pour le câliner, — le meilleur, le plus beau, celui qui, pour leur 
complaire,— se serait dépouillé de tout, nom, couronne, territoire... 
-- Raimond! il était à l'écart, seul et mélancolique.— Depuis long- 
temps, Raimond s'éloignait des rires, — et nul ne savait ce qui le 
dévorait: — on ne chante pas ses chagrins à tous les vents -Ce 



LOU ROUMIBU 197 

Aquel jour, tout dins el èra à nou poure crèire : 
Caminava sans saupre, agachava sans vèire ; 
Fasié, couma se dis, soun pantai Tiol douvert. 

Noun sai se d'un bourgnou destourbet las abelhas, 
Mes n'ausiguet Fissam fissaire à sas aurelhas, 
Ne devistet la rèina e de-tras de moulous. 
El n'era espaurugat. Aici quicon d'estrange : 
L'escadroun brounzinous carguet de testas d'ange 
E Ramoun ne seguet quite pèr de poutous. 



m 



LA CROUS DAU FRONT 



Dins un bosc siau, fresquet e de bella vengtida, 
Contra un rec rajant à grand gourg, 

Assetat sus lou pas d'una bauma founsuda 
Fasien pausa lous de la court. 



jour-là, tout absorbé, il était dans un élat tel qu'on no pourrait le 
croire : — il marchait sans s'en douter, il regardait sans voir ; — il 
rêvait, comme on dit, rœil ouvert. — Je ne sais s'il effaroucha les 
abeilles d'une ruche; — mais il en entendit Tessaim piquant à ses 
oreilles; — il en aperçut la reine et derrière elle une foule. — 
Il en était effrayé. Mais voici une chose singuhère : — l'escadron 
bourdonnant prit des têtes d'ange, — et Raimond en fut quitte pour 
des baisers . 

III 

LA CROIX DU FRONT 

Dans un bois calme, frais et de belle venue, — près d'un ruisseau 
coulant à grands flots, — assis sur le seuil d'une grotte profonde, 
— ils prenaient du repos, ceux de la cour. — Repos! Seulement le 

13 



198 DIâLBCTES modernes 

Pausa ! tant soulamen lou Comte, la Coumtessa, 
Ë lous senuts dau grand counsel. 

Aviè dounat d'ale, Ramoun, à la jouinessa, 
A sas filhas, pèr gardà'mb'el 

De soun noble sagat la marchandisa grèba. 

Aquestes èroun de repaus ; 
Mes lous tiret d'aquis aquel qu'aviè Testèba, 

Quand s'esclamet au bout d'un pau : 

« Lou mounde qu'apitança, aici, lucre e jouina 

A pas sauve de demourà : 
léu, Comte, fau assaupre à toutes ma rouina, 

Ai pas pus que d'iols pèr plourâ ! » 

L'assistança dau cop seguet embalausida, 

El descouflat ; mes Beatris 
Avié toussit lou col couma una ûou passida, 

L'ama esquinsada e lou cor tris. 

Trantalhava ; Ramoun Fagantet dins sous brasses, 

Ela se penjet à soun col, 
En aissejant : — « Sèn pas en de tant michants passes, 

Ramoun ; ce que disias es fol? » 



Comte, la Comtesse — et les personnes graves du grand conseil. — 
Raimond avait donné toute liberté à la jeunesse, — à ses filles, 
pour garder avec lui — de sa noble suite les personnes de poids. — 
Ceux-ci étaient dans le calme ; — mais il les en tira, celui qui avait 
le timon (du gouvernement), — lorsqu'il s'écria, après quelques mi- 
nutes : — « Les personnes qu'allèchent le lucre et les jouissances — 
n'ont plus que faire ici : — moi, Comte, je fais savoir à vous tous 
ma ruine ; — je n'ai plus que des yeux pour pleurer 1» — L'assemblée 
fut étourdie du coup, — lui dégonflé ; mais Béatrix — avait plié le 
cou comme une fleur flétrie, — Tâme déchirée et le cœur broyé. 
— Elle chancelait. Raimond la saisit dans ses bras ; — elle se sus- 
pendit à son cou, — en sanglotant : « Nous ne sommes pas dans 
une si mauvaise situation ; —Raimond, ce que vous disiez était in- 



LOU ROUMIËU 199 

— « Fenna ! e vautres segnous, brandigues pas la testa : 

Dau grand ben que m'èra avengut 
Pèr eritage e drech, afourtisse, me resta 

Foça dèutes, pas un escut ! 

As souldats, as varlets, dève abihage e paga } 
Dève as marchands moun trin de court ; 

Das jasiôus un mioch d'or tapariè pas la plaga 
Que rousiga e n'en pren toujour. 

Devignas pas la nioch ce que me derevelha ? 

De mous poples lous viragauts ? 
Soun à la republica, Arles, Niça, Marselha* ! 

Pèr contra lous segnous das Baus, 

Sufis que tiroun jour de Baltazar lou mage*, 

Se cresôun francs d'ounestetat ; 
Ajudoun Frédéric ', que pren moun acatage! 

Avignoun me ten aquetat ! 

Ramoun * lou mescresent monta ! E n'ai qu'una vida 

A bailà!... Làguis, que ses grands ! 
Soui à lacrous dau front: filhas, eau vous marida? » 

— « leu ! beleu à de soubeirans ! » 



sensé I » — « Fomme I et vous autres seigneurs, ne hochez pas la 
tête : —du grand bien qui m'était advenu — par héritage et par droit, 
j'affirme qu'il me reste — beaucoup de dettes, pas un écu. — Aux 
soldats, aux valets, je dois le vêtement et la solde; — je dois aux 
marchands les dépenses de ma cour ; — des juifs un muid d'or 
ne couvrirait pas la plaie — qui ronge et s'étend toujours. — Vous 
ne devinez pas la nuit ce qui m'éveille ? — Les insultes de mes 
peuples? — Elles sont en république, Arles, Nice, Marseille... — 



* Arles, en Tan 1213 ; — Nice, en l'an 1215 ; — Marseille, en l'an 1212. 
^ La maison des Baux fait remonter son origine au mage Balthazar. 

• L'empereur Frédéric IL 

* Comte de Toulouse. 



200 DIALECTES MODSRNES 

Cridet Tome dau pioch, souldat dau roumaviage. 

Soun capel descatalanat, 
Sa rauba de bourras, pèr enliassa'n mariage, 

Avien Ter un pau desanat. 

Tabè lous de la court alandèroun lous brasses ; 

Ramoun empougnet sa destrau, 
En ie cridant : — « Lengut ! sarra de quauques passes, 

Veiren se siès feloun ou brau ! » 

L'autre s'embaura pas; trais soun bourdon, se carra 

Dins sas pelhas fier que-noun-sai, 
Destapa soun grand front, d'un pas lente se sarra 

De Ramoun, se corba e dis : — « Vai ! » — 



Par contre, les seigneurs des Baux, — parce qu'ils descendent de 
Balthazar le Mage, — se croient dispensés de probité. — Ils aident 
Frédéric, qui me dépouille ; — Avignon me tient en échec... — 
Raimond, le mécréant, monte (vers nous) : Et je n'ai qu'une vie — 
à donner! Chagrins, que vous êtes grands l — Je n'ai que la croix 
de front I Filles, qui vous marie? » — « Moi ! peut-être à des sou- 
verains! » — S'écria l'homme de la montagne, soldatdu pèlerinage. 

— Son chapeau rabattu, — sa robe de bure, pour nouer un mariage, 

— semblaient un peu défraîchis. — Aussi ceux de la cour levèrent- 
ils les bras au ciel ; — Raimond empoigna sa hache, — en lui 
criant : « Bavard, approche de quelques pas ; — nous verrons si 
tu es félon ou brave ! » — L'autre ne s'effarouche pas; il jette son 
bourdon, se redresse — dans ses haillons, fier qu'on ne saurait le 
dire; — il découvre son grand front, d'un pas lent il s'approche 

— de Raimond, se courbe et dit : Va ! 



LOU ROUMIEU 201 

IV 

^ VOUE DAU BON DIEU 

— « As pas fach que lou sinne e lou remord t'agaira ! » — 
Se penset nostre Comte en quitant sa manaira ; 

E, mourrut, faguet : — « Leva ! ù au pauràs, « siès ?» — 

[ « Roumieu ! » 

— « E pioi ?» — (( Roumieu, n'i*a prou !» — « Per tapa tas 

[guenilhas, 
Mes pas pèr lenguejà quand parle de mas filhas ! 
Vos pas dire eau siès ?» — « Soui Tome dau bon Dieu ! 

» Toun ajuda, se vos ! Vène pastène sorga, 
Acatat d'un belèu : t'ai parlât sans messorga. 
Pèr Nora, Beatris, e Sancheta, e Margai, 
Se voulounte de rèis, o Comte de Prouvenca ! 
Camine dins lou drech ; s'end'acos i'a n'oufensa, 
Qu'ou'n'estripes ma lenga e la trases de-lai? 

IV 

l'homme du bon dieu 

— « Tu n'as fait que le simulacre et le remords t'obsède l » — 
se dit notre Comte, en laissant sa hache. — Et, d'un ton bourru, il 
dit au misérable : « Lève-toi ! tii es ? » — « Romieu ! » — « Et puis ? » 

— « Romieu; c'est assez. » — « Pour cacher tes guenilles, — mais 
non pour ouvrir la bouche lorsque je parle do mes filles I — Tu ne 
veux pas te faire connaître? » — « Je suis l'homme du bon Dieu ! 

— » ton aide si tu le veux. Je ne viens pas discuter, — abrite d'un 
peuk-êkre: je t'ai parlé sans mensonge. — Pour Eléonore, Béatrix, et 
Sanchette, et Marguerite, — si je souhaite des roi:?^ ô Comte de 
Provence! — je chemine dans le droit; — s'il y a'une offense en 
cela, — que ne déchires-tu ma langue et la jettes au loin ? 

» Toutefois je suis bon; tu le verras si tu m*écoutes. — Pour- 
qaoi tant de plaintes? Raimorid, laisse-les toutes — aux prodigues 



202 DIÀLEGTBS MODERNES 

» Pamens soui bona causa, ou veiras, se m'escoutes... 
Pèrque tant de plagnuns ? Ramoun, quita-lous toutes 
As grands degavaiès que, fauta de gouvèr, 
An escampat soun founs couma un sedàs pie aôli, 
E de soun gros avé quand suçoun lou restôli, 
Fauta de desenculpa enculpoun Tunivers. 

» Pariés au mangouniè sans pata ni candèla, 
Aqueles manjouins, pioi vous fan quincanella ! 
A de travals antau quau voudriè s'estequi ? 
Ramoun, en Lenga-d'oc, ges passoun pas pèr malhas : 
Sus la plaça, un sergent le fai quita las braihas... * 
Tant d'ancaus, tant de cops cridoun : Paga t'aqui * ! 

» Tus siès empachugat, e pâmai, cavalisca !... 
Aube, de tous Ëstats manca una brava lisca, 
E destrùssi es lou vent que brandis ta coumtat ; 
Mes toun pople ideious es lec d'independença ; 
Lou vos tout? Que sus mar, lou Rose, la Durença, 

qui, par défaut d'ordre, — ont répandu leur argent comme un 
tamis laisse passer l'huile ; — et de leur grande fortune lorsqu'ils 
lèchent les restes, — étant sans excuse, ils accusent l'univers . 

» Semblables à l'épicier sans argent ni chandelle, — il y en a de 
ces mangeurs qui font banqueroute. — A leur mauvaise besogne 
qui voudrait s'astreindre ? — Raimond, en Languedoc, nul d'eux ne 
passe à travers les mailles de la loi. — Sur la place publique un 
sergent leur fait poser les braies.. . . — tant de fessées, tant de fois 
ils crient : Paye-toi là I 

» Toi ! tu es empêtré, mais pas plus, morbleu ! — C'est vrai, de 
tes Etats il manque un beau morceau, — et destructeur est le vent 
qui secoue ta comté.. — Mais ton peuple aux idées folles est friand 

* Ils y étaient attachez (au fameux verrouil de St-Firmin), detractis hrcic- 
cis et super caput positiSf conformément à un ancien statut fait par nos 
consuls en 1213, où tous leurs créanciers avaient droit de leur aller frap- 
per sur le dos exposé à nud, etc., etc. {Histoire de la viUe de Montpellier, 
par d'Aigrefeuille.) 

^ La cession des biens s'y faisait (aux églises St-Firmin et de N.-D.- 
des-Tabies) ; le débiteur qui était réduit à cette extrémité paraissait le 



LOU HOUMIBU 203 

Sans ges d'arrestadous, nade la libertat. » 

Lou Comte èra mouquet ; una man jout la gauta, 
Assetat sus un souc, branlava pas. Pus nauta 
E gimblada sus el, pus bella que jamai, 
Beatris alanguida. En mîech la moulounada 
Das segnous alifrats, la testa rabinada 
Dau Roumieu qu'aviè Ter dau Jupiter de-z-Ais. 

— ((0 terra espetaclousa e santa de Prouvença 1 » 
Tournet mai lou mesquin, « terra de Taboundença ! 
Sôu qu'engrana e fleuris sans jamai èstre las ! 
D'aquel masclun garrut maire toujour encenta, 
Esquicha pèr Ramoun ta sava nourrissenta, 
E n'auren à moulous de trésors, de souldats ! » 

Couma un cop de cournet dau bosc gagna lous causses, 
La voues dau Pèlerin s'anet perdre en abausses ; 
Mes tant ressoundiguet dins lou cor de Ramoun 
Qu'en despiè lou mau-grat de sa vielha noublessa, 

d'indépendance. — Le veux-tu tout entier? Que sur la mer, le 
Rhône, laDarance, — nage sans obstacle la liberté. » 

Le Comte confus, une main sous la joue, — assis sur un tronc 
d'arbre, était immobile. Plus haut — et penchée vers lui plus belle 
que jamais, — Béatrix, soucieuse. Au milieu de la foule — des sei- 
gneurs pimpants, la tête hâlée — du Roraieu, qui ressemblait au 
Jupiter d*Aix. 

— « terre grandiose et sainte de Provence ! » — reprit le pèlerin, 
«terre de l'abondance! — sol qui reçois le grain et fleuris sans ja- 
mais être las ! — de ces gas vigoureux mère toujours enceinte, — 
pressure pour Raimond ta sève nourrissante, — et nous en aurons 
à foison des trésors, des soldats î » 

dimanche, à Tissue de la messe de paroisse, et étendait ses deux mains 
sur le grand verrou de la porte principale, par où il entrait et sortait le 
plus de monde. Là, ayant la tête et les pieds nu?, et le derrière découvert, 
il criait à ses créanciers: Paga-te (Vaqm! Paye-iol de là! {Notice sur 
MorUpeliier, Ch, deBelleval.) 



204 DIALECTES M0DEB2UBS 

Mes au countentamen de la bella Coumtessa, 
Agantet, el, la man dau minable sans noum : 

— (( Gramecis, ie faguet, tardiera estavenguda, 
Counsels an passât tems. Quau serviriè d'ajuda? » 

— « leu », tournât l'autre. — « Tus I En change que ftirai, 
Se vese regrelhà ma Coun^tat desglesida, 

S'embrandes après Dieu lou sourel sus ma vida ? » 

— (( Me trairas, couma un chi, fora de toun palais ! » 

Octavien Bringuier. 
{A suivre.) 



Comme un coup de cornet s'élève du bois sur les monts, la 
voix du Pèlerin alla se perdre dans les endroits les plus reculés ; 
— mais elle retentit tellement dans le cœur de Raimond, — qu'en 
dépit de la malveillance de la noblesse antique, — mais à la satis- 
faction de la belle Comtesse, — il saisit, lui, la main du misérable 
sans nom. 

« — Grand merci, lui dit-il, mais ta venue est tardive, — le temps 
des conseils est passé. Qui me donnerait Taide ?» — « Moi ! répond 
Tautre. » — « Toi ! Que ferai-je en échange, — si tu fais reverdir ma 
comté flétrie, — si tu allumes après Dieu le soleil sur ma vie ? » — 
« Tu me jetteras hors de ton palais, comme un chien ! » 



CONTES POPULAIRES 

Il n'y a dans le conte populaire que deux choses constantes : 
ridée qui le perpétue et les principaux incidents qui en mar- 
quent rintrigue et la fin. Et encore ces derniers ne le sont- 
ils que grâce à de certaines paroles sacramentelles que chaque 
conteur répète. 

Le reste varie selon les lieux, les temps, les circonstances 
et les individus. Toutes les versions, quoi qu'on ait pu faire, 
gardent quelque chose de celui qui les a recueillies ; toutes, en 
outre, par le fait de Fusage sont faussées, ou insciemment ou 
sciemment. 

Dans le premier cas, le conteur mêle, en vertu de vieilles 
traditions, des idées et des incidents qui appartiennent à des 
contes divers ; dans le second, la modification est voulue. Le 
conte de Turlendu, que Ton trouvera ci-après, en est un 
exemple remarquable. Il nous a été communiqué par M. le 
pasteur Liebih, de St-Germain de Calberte (Lozère). 

Il appartient à ces contes par progression dont lou Cese, 
publié par VArmana provençau^, est le plus caractérisque. Le 
héros, cherchant fortune, part de chez lui avec un pois chiche, 
réchange successivement avec une poule, un porc, un cadavre 
de femme, une jeune fille vivante, et finit par devenir un grand 
seigneur. 

Le conteur populaire substitue à cette idée merveilleuse 
une idée burlesque; puis, tronquant le dénoûment par une fin 
ridicule, trompe, de parti pris, l'attente des auditeurs. C'est 
une attrape. Nous en donnerons, par la suite, d'autres exem- 
ples de plusieurs sortes. 

Nous continuons cette publication par quelques autres 



' Ce conte est ascendant: la Bravo Femo, traduit de Ë. Laboulayo 
( Conles bleus )• est un exemplis de la progression inverse 



206 DIALECTES MODERNES 

petites pièces rhythmées. On pemarquera que, dans les der- 
nières, le rhythme est devenu si précis, qu'il est presque de la 
versification. 

A. M. et L, L. 



V. — TURLENDU 

Turlendu, per sa fortune, abio pas qu'un pezoul. Anet en 
un oustau beire se li gardarièu pas soun pezoul. Ë li digue- 
rou: 

— Pauzas Taqui sus lataulo. 

Dins quauques jours benguet cercà soun pezoul. 

— Moun cher, la galino bous To manjat. 

— Ton badarai, — ton cridarai, — d'aqui que la galino 
n'aurai. 

— Bous eau pas ton badà, — ni ton cridà, — sounco prene 
la galino e bous en anà. 

Prenguet la galino et anet dins un autre oustau. 

— Bouon jour, Turlendu ; benès bous caufà ! 

— Ai pas frech, mes bene beire que me gardés ma galino, se 
bous plâi. 

— Eh ! be, mettes lo al poulaliô. 

Dins qauques jours benguet cercà sa galino. 

— Moun cher, Tautro fes toumbet dins Testabledespouorcs 
ela bous mangèrou. 

— Ton badarai, — ton cridarai, — d'aqui que lou pouorc 
n'aurai . 

-- Bous eau pas ton badà, — ni ton cridà, — sounco prene 
lou pouorc e bous en anà. 

Prenguet lou pouorc e bai dins un autre oustau. 

— Bouon jour, Turlendu; benes bous caufà! 

— Ai pas frech, mes bene beire que me gardés moun pouorc, 
se bous plai. 

— Eh ! be, mettes l'aqui à l'estable. 



CONTES POPULAIRES S07 

Dins quauques jours be querre sonn poiiorc. 

— Moun cher, Tautre jour intret dins Testable de la miolo, 
e li bailet un cop de pè e lou tiet. 

— Ton badarai, — ton cridarai, — d'aqui que la miolo au- 
rai. 

— Bous eau pas ton badà, — ni ton cridà, — sounco prene 
la miolo e bous en anà. 

Prenguet la miolo e s'en anet en un autre oustau. 

— Bouon jour, Turlendu ; benès bous caufà ! 

— Ai pas frech,mès bene beire que me gardés ma miolo, se 
bous plai. 

— Eh ! be, laissas Taqui. 

Dins quauques jours be querre sa miolo. 

— Moun cher, Tautro fes la chambrieiro Tanabo abéurà, la 
laisset toumbà dins lou pous. 

— Ton badarai,— ton cridarai, — d'aqui que la chambrieiro 
aurai. 

— Bous eau pas ton badà, — ni ton cridà, — sounco prene 
la chambrieiro e bous en anà. 

Prenguet la chambrieiro, la met dins un sac e s'en bai en un 
autre oustau. 

— Bouon jour, Turlendu ; benès bous caufà I 

— Ai pasfrech, mes bene beire que me gardés moun sac, se 
bous plai. 

—Eh! be, mettes lou aqui darriè lapouorto. 

E Turlendu s'en bai. 

Del temps que i'ero pas, faguèrou sourti la filho e mette- 
guèrou un gros chi. 

Benguet querre soun sac. Quan l'aguet pourtat un bon 
briéu : 

— Marche un pau, que mi lasse de te pourtà? 

Coumo droubiguet soun sac, lou chi li salto al nas e lou 
l'empouorto. 

E piei disiô : 



e08 DULBCTBS MODBRNES 

— D'un pezoulhet auno pouleto,-— d'unopouleto à un pour- 
quoi, — d'un pourquoi à uno miouleto, — d'une miouleto à 
uno ôlheto, — d'uno filheto à un chinas, — que m'a empourtat 

lou nas ! 

Traduction 

TURLENDU 

Turlendu, pour toute fortune, n'avait qu*un pou. Il alla à une 
maison demander si on ne lui garderait pas ce pou. On lui répon- 
dit : « Laissez-le là sur la table. » — Il revint au bout de quelques 
jours pour le prendre. -^ « Mon cher, lui dit*on, la poule l'a 
mangé. » — « Tant je me plaindrai, — tant je crierai, — que cette 
poule j'aurai. » — «Ne vous plaignez pas, — ne criez pas, - prenez 
la poule et allez-vous-en. » 

Il prit la poule et alla à une autre maison. — « Bonjour, Tur- 
lendu ; venez donc vous chauffer ! » — « Je n'ai pas froid ; je viens 
demander si vous ne me garderiez pas cette poule ?» — « Certai- 
nement; mettez-la au poulailler. » — Il revint au bout de quelques 
jours pour la prendre. — « Mon cher, lui dit-on, l'autre jour elle 
tomba dans l'étable aux cochons, et les cochons la mangèrent. » 
— « Tant je me plaindrai, — tant je crierai, — que ce cochon 
j'aurai. » — « Ne vous plaignez pas, — ne criez pas, — prenez 
le cochon et allez- vous-en . » 

Il prit le cochon et alla à une autre maison . — « Bonjour, Tur- 
lendu; venez donc vous chauffer 1 » — Je n'ai pas froid ; je viens 
demander si vous ne me garderiez pas ce cochon ?» — a Certai- 
nement ; mettez-le à l'étable avec les autres. » — Il revint au 
bout de quelques jours pour le prendre. — « Mon cher, lui dit-on, 
Tautre jour il s'approcha de la mule, et la mule le tua d'un coup 
de pied. » — « Tant je me plaindrai, — tant je crierai, — que 
cette mule j'aurai. » — « Ne vous plaignez pas, — ne criez pas, — 
prenez la mule et allez-vous-en. » 

Il prit la mule et alla à une autre maison. — « Bonjour, Tur- 
lendu ; venez donc vous chauffer !» — « Je n'ai pas froid ; je viens 
demander si vous ne me garderiez pas cette mule. » — « Certaine- 
ment ; laissez-la là. » — Il revint au bout de quelques jours pour 
la prendre. — « Mon cher, lui dit-on, l'autre jour la chambrière, 
la menant à l'abreuvoir, l'a laissée tomber dans le puits. » — « Tant 
je me plaindrai, — tant je crierai, — que cette chambrière j'aurai. » 



CONTES POPULA.IRES 209 

— « Ne vous plaignez pas, ne criez pas, — prenez la chambrière et 
allez- vous en. » 

Il prit la chambrière, la mit dans un sac, et alla à une autre 
maison. — « Bonjour, Turlendu; venez donc vous chauffer I » — 
Je n'ai pas froid, je viens demander si vous ne me garderiez pas 
ce sac. » — a Certainement ; laissez-le là derrière la porte. » Et 
Turlendu s'en alla. A peine fut-il dehors, que Ton sortit la jeune 
fille du sac et que l'on mit à sa place un gros chien. 

If revint prendre son sac. Après l'avoir porté un instant: « Mar- 
che un peu, dit-il, que je me lasse de te porter. » — Mais, en 
ouvrant le sac, le chien lui sauta au visage et lui emporta le nez . 

Et il disait: 

« D'un petit pou à une petite poule, — d'une petite poule à un 
petit porc, — d'un petit porc à une petite mule, — d'une petite mule 
à une jeune fille, — d'une jeune fille à un gros chien, — qui m'a 
emporté le nez ! 



VI. — l'aubre 

Ai! lou poulit aubre — que i'a dinsaquel jardi! — Lou pus 
poulit aubre — de toutes lous aubres. — Dessouta lou rou- 
manis — ounte ma mia Anneta preniè sous plezis. 

Ai! la poulida branca — que i'a en aquel aubre ! — La pus 
poulida branca — de toutas las brancas. — La branca à Tau- 
bre, — Faubre au jardi. . . — Dessouta lou roumanis — ounte 
ma mia Anneta preniè sous plezis. 

Ai ! lou poulit nis, — que i'a sus aquela branca! — Lou pus 
poulit nis — de toutes lous nizes. — Lou nis à la branca, — la 
branca à Taubre, — Taubre au jardi. . . — Dessouta lou rou- 
manis — ounte ma mia Anneta preniè sous plezis. 

Ai ! lou poulit iôu, — que ià dins aquel nis ! — Lou pus pou- 
lit iôu — de toutes lous iôus. — L'iôu au nis, — lous nis à la 
branca, — la branca à Faubre, — Taubre au jardi. . . — Des- 
souta lou roumanis — ounte ma mia Anneta preniè sous 

plezis. 

Ai ! lou poulit aucel — que i'a dins aquel iôu ! — Lou pus 
poulit aucel — de toutes lous aucels. — L' aucel àTiôu, — l'iôu 



210 DIAIiBGTBS MODBRNBS 

au nia, — lou nis à la branca^ — la branca à Taubre, — Tau- 

bre au jardi — Dessouta lou roumanis — ounte ma mia 

Anneta preniè sous plezis. 

Traduction 
l'arbre 

Ah I le bel arbre — qu'il y a dans ce jardia ! — Le plus bel arbre 

— de tous les arbres. ... — Sous le romarin — où ma mie Annette 
va se réjouir. 

Ah ! la jolie branche — qu'il y a à cet arbre ! — La plus jolie 
branche — de toutes les branches. — La branche à l'arbre, — 
l'arbre au jardin. . . — Sous le romarin — où ma mie Annette va 
se réjouir. 

Ah ! le joli nid — qu'il y a sur cette branche I — Le plus joli nid 

— de tous les nids . — Le nid à la branche, — la branche à l'arbre, 
l'arbre au jardin. . . — Sous le romarin — où ma mie Annette va 
se réjouir. 

Ah ! le joli œuf — qu'il y a dans ce nid I — Le plus joli œuf — 
de tous les œufs. — L'œuf au nid, — le nid à la branche, — la 
branche à l'arbre, — l'arbre au jardin. . . — Sous le romarin — 
où ma mie Annette va se réjouir. 

Ah! le joli oiseau — qu'il y a dans cet œufl — Le plus joli 
oiseau — de tous les oiseaux. — L'oiseau dans l'œuf, — l'œuf au 
nid, — le nid à la branche, — la branche à l'arbre, — l'arbre 
au jardin... — Sous le romarin — où ma mie Annette va se 
réjouir. » 

Les versions de ce conte offrent des variantes assez con- 
sidérables, d'abord parce que le nom de la mie change avec 
chaque conteur, ensuite parce qu'on peut faire successi- 
vement réloge de toutes les parties de Toiseau : 

Ail las poulîdas patas. . . 

Ail lou poulit plumage , . . 

Ail lapoulida testa, . . . 

Ail las poulidas alas. . . 

Ail la poulida coueta» . . etc. 
Ce qui rend le renouvellement des expressions intermina- 



CONTES POPULAIRES 211 

ble et augmente d'autant les difficultés du récit que Ton doit 
en faire. Du reste, ces petites compositions n'ayant d'autre 
but que d'exercer la langue des enfants, il y a fort à croire 
que ces variantes appartiennent à la version originale. Une 
version de M. le pasteur Liebih donne ces variantes, sans 
autres différences. 



VII. — LOUS NOUMBRES 

Un, lou bon Diu; — dous, lous Testamens ; — très, la Trini- 
tat ; — quatre, lous Evangelistas ; — cinq, las plagas de Nostre- 
Senhe ; — sieis, lous lums dau temple ; — sept, las joias de Nos- 
tra-Dama ; — ioch, las Beatitudas ;— nôu, lous Anges ; — dech, 
lous Coumandamens ; — ounze, las estelas; — douge, lous Apô- 
tres. — Ounze, las estelas; — dech, lous Coumandamens; — 
nôu, etc. 

Traduction 

LES NOMBRES 

Un, le bon Dieu ; — deux, les Testaments ; — trois, la Trinité ; 

— quatre, les Évangélistes ; — cinq, les plaies de Notre-Seigneur ; 

— six, les lumières du temple ; — sept, les allégresses de Notre- 
Dame ; — huit, les Béatitudes ; — dix, les Commandements ; — onze, 
les étoiles; — douze, les Apôtres. — Onze, les étoiles; '-dix, les 
Commandements; — neuf, etc. » 

A cette énumération pieuse, qui sert d'exercice au caté- 
chistes, et dontDamase Arbaud (Chants populaires de Prorence, 
I, pag. 42) cite une version fort compliquée, il faut en joindre 
une profane, en usage dans quelques jeux, entre autres une 
sorte de cheval fondu. Le chef du jeu prononce successive- 
ment chaque nombre, en joignant à chacun d'eux, en rime, 
un mot quelconque. Exemple : 

« Un, lou lum; — dous, d'amellous; — très, lou bres; — quatre, 
l'albâtre; — cinq, lou pèlerin; -^ sieis, lajieis; — sept, lout let; — 
ioch, lou pioch; — nôu, loubiôu; — dech, lou liech; — ounze, la 
rounze; — douge, Taze te fouge. » 



212 DIALB0TB8 MODBRMES 

Il est d'habitude que les mots accolés soient par séries de 
noms de métier, d'objets domestiques, de fleurs, de fruits, etc. 



VIII. — LOU GAU 

Quau garda Yostre oustau? — La galino ambe lou gau. — 
Ount' es lou gau?— Sus lou brancau. — Ounf es lou brancau? 

— Lou fioc Ta cremat. — Ounf es lou fioc ? — L'aiga l'a da- 
moussat. — Ount'es l'aiga? — Lou bi6u l'a beguda. — Ount' es 
lou biôu? — Un pau pertout.— Âussas-ie la couga,— Ebufa- 
ie dejout. 

Traduction 

LE COQ 

Qui garde votre maison ? — La poule avec le coq. — Où est le 
coq? — Sur la bûche. — Ou est la bûche? — Le feu Ta brûlée. — 
Où est le feu? — L'eau l'a éteint. — Où est Teau? — Le bœuf Ta 
bue. — Où est le bœuf? — Un peu partout. — Haussez-lui la queue 

— Et soufflez dessous . 



IX. — LA GALINO 

Quau gardarà deman? La galino courte. 

Ent' es la galino courto? Es dejout lou liech. 

Ent' es lou liech? Lou fioc Ta bruUat. 

Ent' es lou fioc ? L'aigo Ta tuât. 

Ent' es l'aigo? Lous biôus l'an begudo. 

Ente sou lous biôus? A la rado*. 

Ent' es la rado? A la cimo de l'Espiradel. 

Ent' es l'Espiradel? La cabro n'a manjat un mourcel. 

Ent' es la cabro? Lou loup l'a manjado. 

Ent' es lou loup?. Es aqui que courre pertout. 

* Rado, haie. En languedocien, raza. 



CONTBS POPULAIRES 213 

Traduction 



LA POULE 

Qui gardera la maison demain? — La petite poule. — Où est la petite 
poule ? — Sous le lit. — Où est le lit ? — Le feu l'a brûlé. — Où est 
le feu ? — L'eau l'a éteint. — Où est Teau ? — Les bœufs Tont bue. 
— Où sont les bœufs ? — A la cime de TEspiradel. — Où est l'Es- 
pîradel? — La chèvre en a mangé un morceau. — Où est la 
chèvre? — Le loup Ta mangée. -^ Où est le loup? —Le voilà qui 
court partout I 

On se sert quelquefois de cette espèce de récitatif pour jouer 
à la queue leu-leu ; mais le véritable récitatif de ce jeu est le 
couplet suivant, qui se chante : 

Anen à la vinha, — que lou loup i'es pas, 
Manjaren de figas — e de bons muscats. 
Loup ! loup ! manjaras pas de mas ôlhetas I 
Loup ! loup ! manjaras pas de mous garçons ! 

Allons à la vigne, le loup n'y est pas. — Nous aurons des figues 
et de bons muscats. — Loup! loup 1 tu ne mangeras pas de mes fil- 
lettes. — Loup ! loup! tu ne mangeras pas de mes garçons. 

Dans les Cévennes, le jeu du Renard, lou Itainalkou, se fait 
de la même manière, c'est-à-dire aussi à la queue leu-leu. Le 
récitatif est différent : c'est un dialogue entre la mère poule, 
la clouco, et le renard. Voici la version envoyée par M. le pas- 
teur Liebih : 

La Clouco. De que fas aqui? — Lou Rainalhou. Un flouquet. 

C. De que bos faire d'aquel fiouquet?— R. Faire caufà d'aigo. 

C. Perde que faire? — R. Azugà mous coutelets. 

C. De que bos faire de tous coutelets? — R. Bole coupa uno 
branqueto. 

C. De que bos faire d'aquelo branqueto? — R. Faire uno es- 
caleto. 

C. De que bos faire d'aquelo escaleto? — R. Mountà al ciel. 

14 



214 DIALECTES MODERNES 

C. De que bos anà faire al ciel? — R. Manjà toutes lous pou- 
lets que i troubarai. 

C. Ni manjaras pas lous mièus almens? — R. Pas aqueles 
que poudrai pas arrapà. 



X. — LOUS CONTRADICHS 

Ai un fraire escaramousset. 
Per héritage li dounere un siblet. 
Un siblet n'es pas un escrit6ri, 
Paradis n'es pas pergatôri ; 

— Pergatôri es pas paradis, 
Uno lebre es pas uno perdris ; 

— Uno perdris es pas uno lebre, 
Uno coumbo es pas un serre ; 

— Un serre es pas uno coumbo, 
Un chibal es pas uno boumbo ; 

— Uno boumbo es pas un chibal, 
Uno nieiro es pas un grapal ; 

— Un grapal es pas uno nieiro, 
Lou varlet es pas la chambrieiro ; 

— La chambrieiro es pas lou varlet, 
Uno bledo es pas un caulet ; 

— Un caulet es pas une bledo, 
Unmoutou es pas uno fedo, 

— Uno fedo es pas un moutou ... 

Traduction 

LES CONTREDITS 

J'ai un frère de petite taille. — Je lui ai donné en héritage un 
sifflet. — Un sifflet n'est pas une écritoire, — le paradis n'est pas 
le purgatoire; — le purgatoire n'est pas le paradis , — un lièvre 
n'est pas une perdrix; — une perdrix n'est pas un lièvre, — une 
vallée n'est pas une montagne, etc., etc. 

Ce récitatif, qui peut se continuer indéfiniment avec le nom- 
bre des interlocuteurs, n'a que deux points obligatoires : la 



CONTES POPULAIRES 215 

rime, qui doit former un enchaînement, et le sens des mots, 
qui doit toujours être en opposition. C'est ce que M. Liebih, 
auquel nous devons cet exemple, appelle rimes à chaînons 
(Kettenreime). Dans sa version, les vers 8 et 9 étant interver- 
tis, nous avons cru devoir les rétablir à leur véritable place. 



XI. — PLÔU ET FAI SOUREL 

Plôu e fai sourel. 
La galino sauto al mel, 
Del mel sauto al ouort, 
troubat un aze mort : 
De la pel ne fai un mantel, 
De la teste un caramel. 
S'en vai à sant Jan, 
Tout caramelan. 
Sant Jan, douebre mi ! 
Nou farai, pardi, 
Que ma femno a fà Tefon, 
Que Tapelou Petit Jon. 
Petit Jon lou mestre 
Tiro la carreto. 

Traduction 

IL PLEUT ET IL FAIT SOLEIL 

Il pleut et il fait soleil. — La poule saute au mil , — du mil au 
jardin. — Là, elle trouve un âne mort: — de sa peau elle se fait 
un manteau, — de sa tète un chalumeau. — Elle va à saint Jean, — 
tout chalumelant. — Saint Jean, ouvre-moi i — Non, je ne le ferai 
pas, — car ma femme vient d'enfanter — celui qu'on nomme 
petit Jean. — Petit Jean le maître — tire la charrette... 

Nous donnons cette version, également communiquée par 
M. Liebih , quoiqu'elle nous paraisse tronquée, dans l'espé- 
rance que nos lecteurs voudront bien nous aider à la complé- 
ter. 



216 DIALBCTBS MODBRNBS 

XII. — LOUS DETS 

De long d'aquelo planeto 
Passet uno lebreto. 
Aquel la vejet, 
Aquel la courriguet, 
Aquel Tarrapet, 
Aquel la manjet, 
E lou pus manît diguet: 

Piu-plu* ! 
Fa pas res per iu ? 
— Vej'aqui un osset, 
Bai lou manjà al^cantounet. 

Traduction 

LES DOIGTS 

Tout au long de cette petite plaine , — passa un lièvre. — Celui- 
ci (Js pouce) le vit, — celui-ci (l'indea?) le poursuivit, — celui-ci {le 
médian) l'atteignit, — celui-ci {V annulaire) le mangea, — et le plus 
malingre {le petit doigt) dit : — Piu-piu ! — n'y a-t-il rien pour moi ? 
— Si, voilà un petit os, — va le manger dansun coin. 

Autre version, transmise par M. Liebih, des parties rhyth- 
mées du Pichot Nanet. Il en existe beaucoup d'autres, que nous 
insérerons au fur et à mesure que Ton voudra bien nous les 
signaler ou que nous nous en souviendrons. 



XIII. — JAN L'OLI 

Jan rOli 

Béu l'oli 
Dejout la semau. 
Quand Taze bramava 

^ PiU'piu, onomalopée du cri du moineau : d'où le français piauler, le 
languedocien pititô et le pipilare de Catulle. 



CONTES POPULAIRES 217 

Sounava 

Vidau. 
Lou cat se penchena, 
Darrié lou bufet. 
La vielha se leva, 
le fout un soufflet ! . . . 

Traduction 

JEAN DE L*HUILE 

Jean de l'huile — boil Thuile — sous la cornue. — Quand 
râno bramait, — il appelait — Vidal. — Le chat se peigne, — 
derrière Farmoire. —La vieille se lève — et lui f... un soufflet. 

Jan l'Oli et Béu tOli sont les noms que les enfants donnent 
au chat-huant. Le débit de ce conte est terminé par une petite 
tape que l'on donne à Tenfant. 



XIV. — JEAN DE l'ORT 

Un cop i'aviè un orne — que fouchava un ort; 
Lou rire i'escapa — lou vej' aqui mort. 

le tirou la linheta, 

Vej' aqui que peta ! 

le tirou lou linhôu, 

Vej' aqui que fai p6u ! 

le tirou lou fin, 

Vej' aqui que viu!. . . 

Traduction 

JEAN DU JARDIN 

Il y avait une fois un homme, qui piochait au jardin. — Le rire 
le prit, il en mourut. — On dénoue l'aiguillette, — le voilà qui 
p. . . ! — On dénoue les cordons de la chaussure, — le voilà qui 
fait peur! — On dénoue le dernier fil, — le voilà qui ressuscite ! » 



i\8 DIALECTES MODBRNBS 

Ce conte se termine par une horrible grimace. La mimique 
entre pour beaucoup dans le récit des contes populaires; 
quelques-uns sont même entièrement mimés. J'ai déjà cité 
lou PivhotNanet; je citerai plus tard Babau. 

La Romania, dans sa 2* livraison, a donné deux versions de 
Tenterrement de Jan de tOrt. Elles lui ont été communiquées 
toutes les deux par Frédéric Mistral ; Tune a été recueillie à 
Maillanes, Tautre dans la province de Saluées. Les voici: 

1. JAN DOU PORC 2. JOUAN DE l'oRT 

Quau es mort? Qui es mort? 

— Jan dou Porc. — Jouan de Tort. 
Quau lou plouro ? Qui lo souterra? 

— Lou rei Mouro. — Jouan de la guerra. 
Quau lou canto ? Qui lo ploura ? 

— La calandro. — Soua signoura. 
Quau lou ris ? Qui lo bala? 

— La perdris. — Soua cavala 
Quau n'en viro à brand? Qui lo chanta? 

— Lou quièu de la sartan. — Souo chanet. 

Quau n'en porto dôu ? 

— Lou quièu dau peirôu. 

Traduction 

1. Jean lb Porc : — Qui est mort?— Jean le Porc. — Qui le pleure? 
^Le roi Maure. — Qui chante les prières? — L'alouette huppée. — 
Qui en rit? — La perdrix. — Qui en sonne les cloches ? — Le cul de 
la poêle. — Qui en porte deuil? — Le cul du chaudron. » 

2. Jean du Jardin : Qui est mort? — Jean du Jardin. — Qui 
Tenterre ? — Jean de la Guerre. — Qui le pleure ? — Sa veuve . — 
Qui le porte ? — Son cheval. — Qui en chante les prières ? — Le 
petit chien . 

XV. — PIEU ! PIEU ! 

Dans un discours prononcé par l'auteur du Mireio , en 1862 
(V, YArmana prouvençau de 1863, p. 25), nous trouvons la 



CONTES POPULAIRES 219 

version provençale d'un conte, également rimé et chanté, qui 
est fort connu de tous les Méridionaux : 

Lou sort de nostro lengo me fai ensouveni d'une sourneto 
que ma maire me countavo quand ère pichot. — S'agissiè d'un 
paure enfant que sa mairastro aviè tuà, que soun paire aviè 
manjà, que|saJsorre|aviè entarrà, e que ressuscitavo en forme 
d'aucèu blanc, e que cantavo aquesto cansouneto : 

Ma mairastro, 
Dins la mastro. 
M'a deli, 
Piei fabouli. 

E moun paire, 
Lou lauraire. 
M'a manjà 
E mastegà. 

E Liseto, 
Ma sourretto, 
M'a plourà 
E m'a'ntarrà. 

E pieu ! pieu ! 
Encaro sièu vièu ! 

Traduction 

Le sort de notre langue me rappelle un conte que ma mère me 
disait lorsque j'étais petit. — Il s'agissait d'un pauvre enfant que 
sa marâtre avait tué, que son père avait mangé, que sa sœur avait 
enterré, et qui cependant ressuscitait sous la forme d'un oiseau 
blanc, et chantait cette petite chanson : 

Ma marâtre — dans la maie — m*a pétri, — puis fait bouillir. 

Mon père, — le laboureur, — m'a mangé — et mâché. 

Lisette, — ma petite sœur, — m'a pleuré — et enterré. 

Et cependant, pieu 1 pieu ! — me voici encore vivant. 



POÉSIES PATOISES 

DE NICOLAS FIZES 

(1679-1716) 

(SviU) 



LOU DOUBLE PROUCÈS 



Seconnd Prouoés 

Gkeffiè 

Caousa de Jaoumeta Daouphina, 
De nostre juge la vesina, 
Que demanda embe foundamen 
Qu'ourdounes dedins lou moumen 
Que soun marit, per sas mestressas, 
La prive pas de sas caressas ; 
Car vous proumet que Vj a b'un mes 
Que sap pas de quinte genre es, 
Mes qu'abandonna sa Daouphina 
Per visita sa Goudounina, 
E ansin la lajssa a Teâcart: 
Demandaressa, d'una part ; 
E Birou, que, couma coursari 
Se va diverti d'ourdinari 
Ë va countentà sa fouliè, 
Aou soûl despens de sa mouliè, 



P0ESIB6 DE FIZES 8£] 

D'aoutre : — Niclet es per Daouphina^ 
E Bedos contra la badina. 

NiCLET, avoucat 

Messieus, las leys an ourdounat 
Que tout home siè coundamnat 
En cas que prengue davantage 
Qu'una fenna dins lou mariage, 
E la fenna ne prengue qu'un 
Entre lous quaous tout siè coumun ; 
E que caressou sas persounas 
Couma pigeouns embe pigeounas, 
Sans s'avisa de cercà ailleurs 
Ni mestressas ni serviteurs, 
Pioyque trovou dins eles-mêmas 
L'amour et lous plasis extremas. 
Cepandan joj vesèn Birou, 
Contra lou drech e la resou, 
Que réserva per sas mestressas 
Tout soun amour e sas caressas, 
E lajssa sa fenna a l'escar 
Sanso voule n'in fajre part. 
N'es-ti pas aco pitouyable, 
E Birou n'es-ti pas blâmable ? 
Mes quand Daouphina a remarquât 
Que la prouvisioun l'y a manquât, 
L'y a remoustrat embe sagessa 
La grandou d'aquela faiblessa 
Que l'oubligeava a la quitta ; 
Qu'aviè de que lou countentà, 
Que quittés sapassieou nouvèla, 
Qu'incara ela era be prou bêla, 
E que faliè pas cercà antaou 
Ce qu'aviè dedins soun houstaou. 
Lors, Birou l'y faguet proumessa 



222 DIALECTES MODERNES 

Qu'ela soula era sa mestressa, 
Que preferava soun amour 
A la pus bêla de la cour, 
Mes que n'era pas generousa 
De se faveyre ansin jalousa, 
Car Fy tendriè pas jes de tort 
Quand Yj faoudriè soufEri la mort. 
Las partidas en dos brassadas 
Fouguèrou recounciliadas. 
Toutafes, caouque tems après, 
Ela l'y veillèt tout esprès 
E surprenguet, tant elajes fina, 
Soun marit em la Goudounina. 
Encara Blrou Fy ou neguèt; 
Mes d'abor ela Ty faguèt 
Acta per la man d'un noutari 
D'oun Ty raouba pus Tourdinari, 
En l'y proutestan aoutramen 
De toutes lous doumageamens. 
Pourtant Birou toujour s'en moqua 
E l'estima coum una coqua, 
Pren sous plases ounte l'y play, 
Mes emDaouphina, pas jamay. 
Partant, Messieus, rendes justiça 
An d'aquesta negra peliça 
E fasès soun marit veni 
Dins soun devé, per l'aveni: 
Fasès que visquou sans querèlas 
Coum' un parel de tourtourèlas, 
Pioy que vesès qu'ara-metieou 
Implora vostra proutectieou ; 
Ela espéra, sous vostras alas, 
Qu'imitarà lèou las cigalas. 

Daouphina 

Messieus, yeou souy, per moun malheur. 



POESIES DE FIZES 223 

Abandounada d'un vouleur 

Per louquaou yeou n'aj que tendressas 

E que va fa d'aoutras mestressas; 

Yeou lou caresse nioch e jour 

Afin de Vy dounà d'amour, 

E pioy aquel michan me layssa 

En un canton, coum'una cayssa. 

Sans qu'el ine countente jamay 

D'un : oh ! bestia, que fas aylaj ? 

Qu'es fachous d'estre maridada 

E se veyre pas caressada ! 

Voudriè be may anà aou sabbat, 

Que fenna vioure en célibat. 

Messieus, se ses gens de pouliça, 

Se vous plaj, fasès-me justiça. 

Bedos, avouent 
Aqui b'un droUe empourtamen 
Propre a fa divertissemen ! 
Tout'aquelas flamas nouvèlas 
Noun soun ren que de bagatèlas. 
Messieus, res d'acô n'es pas vray, 
Ela ou dis perceque l'y play. 
Se sap qu'una fenna amourousa 
Noun pot pas estre que jalousa ; 
E per aco faou qu'un marit 
S'ane toujours troubla l'esprit 
Per rendre compte de sous passes ? 
Aco n'apartèn qu'as matrasses. 
L'y faou donne estre à tout moumen 
Per l'y fayre lou coumplimen ? 
Messieus, ayço fariè be rire ; 
Res d'aco noun se deou pas dire. 

Daouphina 
Couma? tus. nous ou diriès pas 
Se te mangeavou toun repas ? 



334 DIALECTES MODERNES 

BiROU 

He ! se vous plaj, dona Daouphina, 
Fagues pas tant vostra mutina. 

DAOUPfflNA 

Coussi ! vouleur, tus siès ajci ? 

BiROU 

Vous aj counougut aou toussi : 
Mes banissès vostra coulera, 
Ma Daouphina, moun cor, ma chèra, 
Venès qu'yeou vous fasse un baysà..., 

Daouphina 
Yeou te vole escandalisà ; 
Maraoud, ounf as ta Goudounina ? 

BiROU 

Parlas couma se caou, Daouphina, 
Dins lous termes de la resou ; 
Vous ses Daouphina, e yeou Birou. 

Daouphina 
Saves be que tu m'as batuda, 
Per Tamour d'aquela perduda. 

BiROU 

Daouphina, parles pas antaou, 
Te baylaray un viragaou, 
E s'ansin tu siès messourieyra 
Yeou te faray pla vertadiejra. 
Parlen pus bas, escouten-nous. 

Daouphina 

Jamaj n'aouras visage dous 
D'aquela qu'era ta Daouphina. 

Birou 
Anas, vous ses una couquina, 



POESIES DE FIZES 225 



Es'oun era per fayre bruch.... 

NiCLBT, avoucat 

Metten Fespasa dins Testuch, 
Ayci se fay pas de vioulença, 
Ajas respect per Taoudiença : 
Rendes Thounou qu'ayci debès, 
Vous rapprendrai! s'oun lou sabès. 

Daouphina 
Aquel mérita la galera. . . 

NiCLET 

Fagas pas tant vostra coulera ; 
Parlas embe mouderatieou, 
Ayci se parla sans actieou. 

Daouphina 
Ëh ! se vous ères a ma plaça.. . . 

Juge 
Vos te taysà, vieilla carcassa ! 

BiROU 

Escouta, doun may parlaras, 
Te proumette qu'où pagaras. 

Daouphina 
T'ou pagaray? vouleur, mangeayre.... 

Bedos, avoucat 

Accoumouden aquest'affayre ; 
Messieus, s'oun lous mettes d'accord 
Se pouillaran jusqu'à la mort, 
E souven l'y aoura de gourmadas, 
D'yols maquats, testas descouyflfadas , 
De bruch e de cops dins l'houstaou : 
Evitas-l'y tout aquel maou. 



226 DIÀLEGTESM ODBRNES 

Juge 

Paix, avoucats, car yeou ourdoune 
Que chacun d'eles se resoune ; 
Mes, s'oun disou la veritat, 
Que lou marit siègue fouytat, 
E, se la fenna es messourieyra, 
Mostre lou queou à la carrieyra . 

Daouphina 

Messieus, aco n'es que trop vray 
Qu'el me caressa pas jamay 
E qu'ayma may la Goudounina 
Quo noun pas sa chera Daouphina ; 
Quant de fes vay se diverti 
Vers lou pourtaou de San-Marti ! 
Qu'où nègue, lou vouleur, se Taousa! 
Yeou n'ay trop vist aquela caousa ; 
Cresès que dise la vertat, 
Pioy que l'y l'an be dessoutat. 
Mes après tout, siey ben marrida 
Que moun marit siè ma partida, 
Sans aco, parlariey be may. 

BiROU 

Tus n'acabariès pas jamay 
S'anfin tout yeou noun t'avouave. 
Es vertat, Daouphina, l'aymave. 
Yeou l'y ay fach l'amour caouque tems ; 
Mes, après tout, seguen countens ; 
Metten fin a nostra querèla : 
Yeou noun la trove pas pus bêla ; 
Ay changeât lou fioc lou pus vieou 
Qu'aviey per ela en aversieou. 

Daouphina 

Tus fas veyre per ta counduita 



POESIES DE FIZBS 227 

Que noun siès qu'un grand hipocrita. 
Me portes a te pardonna 
Aco que van te coundamnà; 
Mes afin d'establi bon ordre, 
Faou, caouqua fes, fajre desordre. 

BiROU 

Ay, Daouphina, toqua la man ; 
Passaray per ce que diran. 
Quand yeou te vese pas countenta, 
Yeou souj dabord dins la tourmenta. 
Visquen milieu dins Taveni : 
Te vole fayre rajeuni; 
Aouray per tus mêma tendressa 
Que quand tus ères ma mestressa : 
Te parlaray dors en avan 
Toujour lou capèl à la man. 
E noun faray pus bona mina, 
Sinoun à ma chera Daouphina. 

COUNSEILLÈ 

Afin, Moussu, qu'aquest' accord 
Siègue pus durable e pus fort, 
Yeou trove bon per prevoyença 
Que lou counfirmes per sentença. 
Mes sous aquela counditieou 
Que se Birou fay seditieou 
E se Vj raouba sas caressas 
Per countenta d'aoutras mestressas, 
'Qu'ela lou fasse, d'aoutra part, 
Premieyramen famous cornard, 
E qu'ensuita dessus sas banas 
Se fasse mila coucalanas ; 
Car, s'el las cargua sans resou. 
Es juste qu'aje mêma hounou. 
Ansin, se Fy veniè un capriça 
El crendrié d'abord la justiça. 



228 DIALECTES MODERNES 

Cresès-me, aquela apprehensieoa 
L'y levariè rinflammatieou, 
Es ben vertat qu'el la quittava 
Per una mestressa qu'ajmava, 
E veniè d'aquel soulet maou 
Tout lou desordre de Thoustaou. 
Partant, se Vy mettra bon ordre 
Se l'y dounan un os a mordre 
Que lou tendra dins lou devé 
Que per Daouphina deou avé. 
Outra que faou en counsciença 
L'y prounounçà tala sentença 
Afin de réprima l'abus 
Se per hasard tournava pas. 
E veyren ansin que Dauphina 
Patirà pas couma une china, 
Mes Birou toujour l'aymarà 
E toujour la caressarà. 

Juge 

De l'accord de las dos partidas 
Qu'ara se trovou benunidas, 
En counsequença daou débat 
Qu'entr'eles dous era arribat. 
Et per counfirmà davantage 
La bona fin daou mariage... 
Qu'es, que dous cors, per amitié, 
Noun ne fassou pas qu'un entiè, 
A la requesta de Daouphina 
Qu'aviè patit coum'una china 
De ce que soun marit Birou 
L'abandounava sans resou, 
Per ana fayre de caressas 
Trop souven a d'aoutras mestressas, 
Ara mêmes es ourdounat 



POESIES DE FIZES 229 

Que soun maritsiè coundamnat 
A fayre jamai bona mina 
A d'aoutra fenna qu'a la siouna ; 
Que se, malgré nostra defensa, 
El contraven a la sentenca, 
Naoutres voulen que, d'aoutra part, 
Daouphina lou fasse cornard 
Ë que sus soun parel de banas 
L'j fassou mila coucalanas ; 
Coum'aco viouran désormais 
Marit e fenna dambe paix. 

Dauphina 
Aj I moun Biroa ! 

BiROU 

Chera Daouphina ! 
Daouphina 
Aj ! moun badin ! 

BiROU 

Aj ! ma badina ! 
Daouphina 
M'aymaras-ti? 

BiROU 

Se t'aymaray ! 
Tant que dins lou mounde vieouray. 

Daouphina 

Ah ça ! renden-nous témoignage 
Que sèn âdels en mariage. 

BiROU 

Noun ou pode fa millou 
Qu'ente fasen aquel poutou. 



15 



230 DIALECTES MODERNES 

DEPENSA EN VERS PATOUES 
DA8 NOUES DE MOUSSU L'ABBÈ PLOMET « 

del'annada 1714 



Eh! qu'es ayço, moussu TAbbat ? 

Disou que vous ses rebutât 

De fa, per lapousteritat, 

Chaqu'an un pouèma sacrât 

En patouès per lou nouvel nat 

Que per de pastres siè cantat ? 

Perqué ? per caouque discours plat 

Emperit e maou councertat 

Que musa malinna a dictât ? 

Ount'es doun vostra fermetat 

Après avedre résistât 

Trente ans a la malinnitat? 

Oh ! se vous play, moussu TAbbat, 

N'es pas de vostra dignitat 

De vous rendre ansin sans coumbat. 

Jusqu'aycis avès mesprisat 

Kignourença e la paouretat 

De tout esprit qu'es maou timbrât, 

Que l'envia a toujour roungeat » 

E roungearà a l'eteTnitat. 

Las gens qu'an de souliditat 

Vostres noues an approuvât 

E vostr'art toujour an goustat. 

* Picpre-Antoine-Mqrie de Plomet, chanoine et prieur de l'église coUé- 
giab de Sainte-Anne de Montpellier, avait Tinnocente manie de rimer 
chaque année des noëls français ou patois, qu'il considérait comme autant 
de chefs-d'œuvre, et qui ne le cédaient en médiocrité qu'à ceux de M. le 
conseiller Robin, son ami. Nous en connaissons deux recueils, imprimés 
tous deux à Toulouse, chez Lecamus, en 1716 et 1718: le Voyarje des 
Pasteurs en Bettdéem et les Bergers de Bethléem. 



POESIES DE FIZES n\ 

Perjeou, siey estât encantat 

De la granda diversitat, 

Daou brillan e de la beoutat, 

De Fadmirabla raretat 

Ë de la curiousitat 

Que dins vostra musa aj trouvât ; 

E per fa veyre la vertat 

En plein jour e dins soun esclat 

De ce que vous ay débitât, 

Trouvares ayci réfutât 

Tout ce que vous an objectât: 

Disou qu'avès gascounisat, 

Caouquafes prouvençalisat, 

E prou souven parisisat, 

Quand avès mounpelieyrisat. 

Homera, quand a grecisat, 

N'a-t-i pas el atticisat, 

Eolisat, ionisât, 

Doricisat, béocisat, 

Cretisat e coumunisat ? 

Perque dounc vous an accusât 

D'avedre dialectisat? 

E vostres p astres daou sabbat 

An ben fach s' an judaïsat, 

SiJousep a préconisât 

E Jacob s'a tympanisat *. 

Parla, envious, esprit bournat, 

L'accuses d'ave balounat, 

D'ave trop hyperbolisat, 

D'ave trop metaphorisat 

E d'ave trop patoutisat? 

Sur aco te siès espuisat, 

As raillât, as pindarisat 



So tympanis et choro (Psalm.) 



232 DIALECTES MODERNES 

E toun cervèl tesiès secat ? 
Malhurous pouèta crottat, 
Eh ! de que te siès avisât ? 
S'aviès Fart d'Horaça pesât, 
Aouriès b'autramen résounat : 
Horaca es escandalisat^. 
Quand Fheros n'a pas herosat, 
Quand Davus n'a pas davusat 
E Bertoumiou bertoumisat ; 
Acos Fart, mounsignor TAbbat, 
Que vous avès ben observât. 
Coulin a ben coulinisat 
Mourdakay* a mourdakisat, 
E Pâlot a palotisat. 
Quand la reyna a gorgea virât, 
La joja Ta destimbourlat ; 
Aou lioc que quand Fange a parlât 
Certas tout es ben penchinat, 
Frances, piousa majestat, 
Majestuousa pietat, 
Incoumparabla caritat, 
Chacun ben caractérisât 
Es d'un pouèta aoutourisat 
Que faj pas soun nouviciat 
E qu'Apolloun a caressât. 
Vesès-be que, sans vanitat, 
Hurousamen aj pénétrât 
Touta vostra subtilitat 
A travers la simplicitat 
Que toujours avès affectât, 
Vesès be, sans m'estre fourcat 

' Intererit multum Davus ne loquatur an héros ; 
Maturusve senex, etc. (Hor., Aps poet. 
2 Nom de juif. 



POEMES DE FIZES 833 

Ott'en quatre lignas qu'ay traçât 
Touta Tenvia ay terrassât, 
Sans que degus siègue ouïfenoat. 
Courage donne, moussu FAbbat ! 
Save que, quand aouriès jurât. 
Un noue sera préparât 
Per un aoutr'an, ben penohinat. 
Toujours rimarà qu'a rimât. 



LA FON DE FROUNTIGNAN 

OBRA QALOYA 

( 1680 ) 



ARGUMEN 

Lous habilans de Frontignan avien fourmat lou dessein de fayre 
una fon de bona aygua aou mitan de la plaça ; es vray que ne savièn 
pas de sourça, mes cresièn qu'aco n'era pas una affayrc, e que, 
couma Frountignan es situât aou pè d'una ceintura de mountagnas 
e a l'endrech lou pus bas daou terrein, l'aygua de la plogea poudiè 
pas manqua de s'y rendre par una infinitat de venas, après s'estre 
purgada a travers de la terra ounte aourié passât. Mettèrou doun 
la man à Tobra, faguèrou veni de trouvayres de sourças, mes certas 
que se trouvèrou pas de grans sourciès. En plusieurs endrets daou 
terrayre ounte la broca l'y ajèt virât dins la man, faguèrou vira la 
terra, mes bé pourrièn dire, selon lou prouverbi, que noun faguèrou 
pas de traous en terra mola, senoun era que trouvèrou la terra fort 
dura. Enfin, après plusieurs tentativas, l'entrepresa restèt aou 
croc, jusqu'as à Tarrivada d'un habitan qu'era estât absent durant 
l'employ das cercayres de sourça. Couma cresièn aquel moussu fort 
savant e curions, lou faguèrou pressenti se n'aviè pas Ion courage 
de l'y fayre una fon. — « Si, respondèt-el sans besità, que voun 
faray una. » 



234 DIALECTES MODERNES 

Tout lou mounde n'ajet un gauch que se poudlè pas exprima. 
Dins dous ou très jours Tautheur pourtet aquesta idylla en plaça. 
Aco fouguet la fon que l'y faguet. Lous beuveurs d'aygua ne fou- 
guèrou pas countens, mes lous qu'aymavou lou pivois ne crevèrou 
de rire. Sus aco, la coummunautat ouvriguet l'yol, é fouguet délibé- 
rât en plein counsel qu'aqui ounte Ty aviè aboundamen de bon vin 
muscat, se falliè pas piqua d'avedre de bona aygua. Jamay counsel 
milieu près e milieu seguit. Desempioy, quasi toutes loushabitans 
y beuvou tout pur, et segu que dins Frountignan Ty a may de pe- 
nitens rouges que de blans. 



IDYLLA 



Frountignan, aco's un séjour, 
Doun la jouïnessa es toujours presta 
A ben beoure e fajre l'amour, 
Maj qu'on aje martels en testa. 

Tan que l'argen l'y manqua pas, 
Caou veyre coussi s'engaouchilla ; 
Courris de repas en repas, 
De joc en joc, de filla en filla. 

Lou jour, chacun se divertis 
Millou que noun se saourié dire, 
E la nioch tout y retentis 
De serenadas et de rire. 

Bonjour mestre, bourroul daou poul, 
Aou port, a la carrieira, en plaça, 
Quand on a lou ventre sadoul, 
Y soun de jocs de bona graçac 

Lasfillas l'y an may de beoutat 



POÉSIES DE FIZBS 235 



Que noun Yj an pas d'indiiferença ; 
Chacun galant l'y es ben tratat, 
L'on n'y counouy pas la souifrença. 

Bals e dansas, jocs e cansous, 

Civilitats, aoubeïssencas, 

Vous attirou tant de douçous 

E nous gagnou leurs coumplasenças. 

Ayman, beuvèn e risèn fort, 
E passan nostre tens sans lagna, 
Regrettan pas lou siècle d'or 
Ni may lou pays de Caoucagna. 

Aqui las réflexions qu'un jouine home fasiè, 
Quand se vejèt aoutour una gran coumpagniè, 
Mesclada de garçons e de fort bêlas Allas, 

Entendudas a merevillas. 
Qu'après soupà venièn aqui se permenà. 
E noun s'en faou pas estounà. 
Car, ma fé, l'endrech es aymable : 
Una allèa de couroubiès 
E dos autras de limouniès 
Lou rendou fresquet, agréable ; 
Lou lilas e lou roumani 
De leur charmant parfum vous fan estavani ; 
Lou jassemin e la ginesta 
Vous embaoumou de leurs oudous, 
E lous gays aousselets en festa 
L'y bresillou mila cansous. 

L'on trova una fon merveillousa 
Sur una eminença que l'y a ; 
La campagna es tout orgueillousa 
Quand sa liquou la vèn mouilla. 

Sur un gran pè d' estai s'elèva una Fourtuna 



236 DIALECTES MODERNES 

Qu'es d'alabastre daou pus fin ; 
Es caressada d'un Neptuna, 
Mes ela caressa un daouphin ^ 

De liouDS, de chivals, de tritouns, deserenas, 
Soun de marbre blanc aou dejout; 
An de liquous dedins las venas 
Que vous escarrabillou tout. 

La Fourtuna, au-dessus, versa d'aygua de Cetta 
D'una tetina soulamen ; 
De Taoutra versa de claretta, 
Ë de muscat daou foundameïi. 

Sa suzou sen Tambre e la rosa, 
Quan vèn la saison de suzà, 
Mes toujour pissa d'aygua rosa, 
S'enten quan Vy bèn lou pissà. 

Lou diou Neptuna vénérable 
Se mostra pas mens favourable. 
Car poussa très jets d'ayguarden 
De las très puas dau triden. 

Dous jets, l'un de cédrat, l'autre de bergamota, 
Sourtissou daou fron daou Daouphin ; 
Chacun forma una fon pichota, 

Mes chacun cepandan ramplis un grand bassin. 

Una serena bêla e fresca 
Applanpougna soun pèou, lou quicha tant que pot, 

E sembla que mousesqua 
Thè, café, chocolat, daou bout de soun rigot. 

Vesès a sous constats de Tritouns amourouses, 
' Le grand Dauphin de France, fils de Louis XIV. 



POBSIBS DE FIZE8 237 

Qu'enraouquis d'ave tant buifat dins leurs cournets ; 
Lous voudrièn be rampli de tels sucs deliciouaes, 

Per adouci leurs gargatets ; 
Mes sembla que Tamour lous rende vergougnouses, 
Ou pulèou qu'ajou poou de s'escaoumà lous dets. 

En eifet, s'oun erou fumantas, 
Aquelastres liquous n'aourien ni suc ni mue. 
Mes d'oun vèn, dires-me, que sian ansin brulantas ? 
Eh! d'oun ven la calou das bans de Balarnc? 

Que coulou Ion daou peou, aco's ce qu'on estima, 
E l'on estima paou que sien caoudas ou nou ; 
Lou chivaliè Bernin l'y a perdut soun escrima, 
Acos es lou traval que l'y fay may d'hounou. 

Lou mounde pren embe de tassas 
Das rachs de las figuras bassas 
Las liquous que l'y fan, seloun la fantasiè, 
De sousseleguas aou gouziè. 

Hippocras, populo, sorbet e limounada. 

Tout y racha dins de bassins, 
E la gruma que fay, couma de savounada, 

Se counvertis en muscardins. 

Aqui l'on trova anfin toutes lous vins d'Espagna, 
Toutes lous vins que l'Europa produis, 

Vin de Cote-Roti, vin grec, vin de Champagna, 
Jusqu'aou vin de canta-perdris. 

Tout ce d'impur que la liquou carreja, 
Dins lou foun daou bassin tomba e se l'y pourris ; 

Mes, quand lou bassin on netteja. 
L'on n'y trova aou foun que musc e qu'ambre gris. 

En l'air, un grand nibou d'abeillas 



238 DIALECTES MODERNES 

De las vapous d'aquela fon 
Coumpaousou leur bel meou, nous charmou las aoureillas, 
E per paou que siaslas, vous inspirou lou son. 

Mila pichots ruissèous d'aquela bêla sourça 
Coulou per lou peys emb'un murmure dous, 
E s'en van arrousà, dins leur paisibla coursa, 
Jardins, vignas e prats, aoubres, herbase flous- 

Aquela fon, d'un'inventieou nouvèla, 

Fay dire à toutes lous vesis : 
Hurous pays ! qu'una sourça tant bêla 
Arrosa, engrayssa, embelis, enrichis ! 

L'ouvrage es travaillât embe delicatessa, 
E caou may de vint jours per tout counsiderà ; 
Devisas, ihscriptieous, tout l'y es plen de noublessa, 
E l'on noun pot jamay cessa de l'admira. 

Aoutour d' aquela fon, la terra es tapissada 

D'herbeta tendra e d'un millioun de flous ; 
Jamay nous a sentit l'arayre ni l'ayssada 
E sembla que vous dis : Messieus, assetas-vous. 

Es aquis, en eifet, que la troupa amourousa 

Faguet un round e s'assetèt , 
E l'un d'eles, qu'a vie la voix harmouniousa, 
Ouvriguet lou discours, toussiguet e cantet : 

CANSOU 

Air ; Sans Vamour, etc. 

Sans l'amour tout languis, tout nous lassa, 
Tout desplay dins un cor qu'es de glaça ; 

Agréable séjour. 

Que sès-vous sans l'amour? 
Las oumbras, lou zephir, lou murmura 
Endormou lous soucis dins un cor amourous ; 



POESIES DE FIZES 239 

Lou printemps, lous aoussels, la verdura, 
Reveillou lous plases dins uncorlangourous. 
Aymen dounc, visquen-pas sans tendressa : 
Qu'es charmant d'avedre una mestressa ! 
La joya e lous plasis nous seguiran toujour 
Se savèn proufita das bels jour de l'amour. 

L'assemblada fouguet countenta 
Qu'on ajès débutât per aquela cansou : 
Mes un, dount la mestressa era paou coumplasenta. 

N'y trouvèt pas tant de douçou : 

CANSOU 

Air : de las Fouliés d'Espagna 

Charmant séjour, que ses paouc agréable ! 
Que poudes paou countenta ma passieou ! 
Lorsque l'amour rend ui> cor misérable, 
Tout l'y desplay, tout crey soun afflitieou . 

Sa responsa fouguèt pas sotta. 
N'y ajet prou de soun sentimen: 
Mes dabord n'y ajèt, un qu'era d'humou falotta. 
Que l'y enseignet d'adouci soun tourmen : 

CANSOU 

S' una flama nouvèla 

Vous rend trop chagrinons, 
Bayzas-me vite la canèla, 
Dabord vous trouvares jouyous. 

Una fiUa, qu'èra pas muda, 
Diguet que lou bon sens era una bona ajuda, 
Que faliè pas pourtà tout à l'estremitat. 
Que refusa d'aymà n'era pas cruaoutat. 

Souven cent rasous nous empachou, 

S'ou-disiè, de dounà soun cor; 



240 DIALECTES MODERNES 

Caouquas fes lous galans se fachou, 
Caouquas fes lous galans an tort. 

CANSOU 

Air : Jugez si l'on en doit attendre — Un bon succès 

Quand brullan dins lou cor 
Per un galan aymable, 
S' un aoutre vèn alor 
Nous fa lou pitouyable. 

Jugez 
S'il peut jamais attendre, 
Un bon succès. 

Certains esprits laougès 
S'en van de bêla en bêla 
E nous voudrièn après 
Counta la bagatèla : 

Jugez 
S'ils peuvent en attendre 
Un bon succès. 

Que servis qu'a tout pas 
Un galant vous seguisqua : 
Se noun nous revèn pas, 
Que quitte, cavalisca. 
Jugez, etc. 

Es vray que nous cresèn, respoundêt sa vesina, 
Lous mena couma de barbets ; 

Per ma fe nostrliumou l'y fay vira l'esquina, 
E pioy nous en mourdèn lous dets. 

CANSOU 

Quand un galant agrada 
E que dona soun cor, 
Perque fa la sucrada, 
Perqu'oun l'ayma dabord ? 
Souven l'on s'y attrapa 



PQESimS DE FIZES 241 

Lorsque lou chagrinas. 
L'ouccasieou nous esc&pa, 
Nous resta un pan de naz. 

Sèn de grans baous de rèvà tant, 

Reprenguèt un de la coumpagna, 

Fan ben de dounà soun va-t-an 
Emb'un galant que fay veni la lagna ; 

Digas-m'un paou, quinte ragous 

Pot estre aco per una fiUa, 
Qu'un grand maraou, plantât coum'una quilla, 
L'entretengue toujour de plaintas e de plous? 
Un galant coum'acos série pas de moun gous 

E l'y fariey le ou fayre Grilla. 

CANSOU 

Per que se plagne a tout moumen 

Davan una mestressa? 
Qu'oun n'es aymat manqua souven 

Ou d'esprit ou d' adressa : 
Quand sérias poulit coum'un soôu 

E qu'aurias de mérite, 
L'amour es libre, ayma que voôu, 

Que n'es counten,que quitte. 

Lou que cantet aco n'èra pas malhurous ; 
El aymava, era aymat, mes aviè l'humou prounta, 
E toujour sousteniè qu'un amant langourous 
N'aviè pas prou de cor, as aoutres fasiè hounta ; 
Que s'attirava anfin la haina e lou mespris : 
Mes qu'un droUe que ris e canta. 
Se divertis, e las Allas encanta, 
E toujour emporta lou pris. 

Un escarabillat, que déjà se lassava 

De demourà tout mut dessus la scena, intret, 



242 DULEGTES MODERNES 

Cantet tout roundamen é faguèt lou pourtrait 
D'una qu'aviè quittât, e d'un' aoutra qu'aymava 

CANSOU 

Viva una mestressa 
Que ris quand on la caressa, 

Fricaouda e de bon sén , 
Qu'es grasseta e qu'ayma bén ! 

Mes per las merlussas 
E las que fan un pan d'ussas, 

Quittas-las à l'escar 
Que noun soun ni pey ni car. 

Per lors una gentia femèla, 
Per dire milieu soun dictât, 
Se levet de sus l'escabèla 
Ounte soun quieou era assetat : 
Lou levet dounc dessus l'herbetta, 
E coumencèt sa cansounetta. 

CANSOU 

Ayci la gran philosophia 
Que l'y a dins l'empire amourous : 
Counouissen pas ce que nous lia; 
Dous cors trouvou pas res de dous 
Se noun l'y a pas de sympathia 
Que lous unisque toutes dous. 
Finissez dounques vostras plaintas, 
Que n'aousiguèn pas pus d'hélas ! 
Quand vous aymaren pas, sans feintas, 
Retiras-vous a petit pas. 
L'amour souffris pas de contraintas 
Es que l'on nou s'endevèn pas. 

Amay es vray, diguèt Fatima, 
Yeou savié pas d'ounte veniè 



POESIES DE FIZBS 243 

Qu'un bruUava per yeou ; yeou n'aviei prou d'estima 

E jamay noun me reveniè. 
Per pénétra tant yon, ma vista era caluga; 
Mes counouysse un touillaou que vole pas noumà : 

El es marquât d'una berruga ; 

Amay reste pas de Taymà. 

La droUa crevava de rire, 
Toutlou monde entendèt ce qu'ela vouliè dire : 
Mes arrivèt l'aoubooy dins lou mèma moumen; 

La trdtpa se mettèt en dansa 

Chacun dansèt fort gayamen, 

E pioy s'anèt doubla la pança, 

Aoutan filla que coumpagnou, 

Emb'un moucèl de regagnou. 



DISPUTA EN GUISA DE PROUCÉS 

sus LA MORT d'uNA BICHA 
qu'era à M. de Oolbebt, avesque de Moanpeliè 



AOUGUSTINA 

Noun, jamay lou soulel, despioy que fay soun tour, 
N'a donnât as mourtels un tant malherous jour ! 
Plouras, pleuras, Bertin, e viras la cervèla. 
Es vous que respondres daou sort de la gazèla. 
Que dira Mounseignur quand apprendra sa mort? 
Mercié, moussu Vinsan, vous donou tout lou tort : 
L'y a pas jusqu'à Lacroix et Marc qu'oun vous accuse ; 
Poudès plegà paniès, n'y a res que vous escuse. 
Per yeou, quitte l'houstaou, tornea moun aygarden, 
Se noun ses castiat d'aquel triste acciden . 



244 DIALECTES MODERNES 

Levas-vous d'avan yeou, sourtès de ma cousina, 
Ou vous fende lou cap d'un feri^e ou d'una ayssina. 
Pleuras? eh ! cresès-ti m'apaysà per de plous ? 
Nou, quand ne rempliriès quatre grands demalous, 
Quand daou plourà vendrias estequit coum'un sieoure, 
Tastares pas moucèl, méritas pas de vieoure. 
Plouras, chisclas, bramas, descargas lou planché, 
Ou vous faraj sourti per la man d'un huche. 
Sourtès pas?... 

(Aoagustina pren an haste, e moussu Vinsan accouris aou brach, srguit 

de Merciè, de Lacroix e de Marc. ^ 

MOUSSU viNSAN, grand vicari 

Qu'es ayço? qu'es aqueste vacarme? 
Aougustina, ses fola, e faou qu'yeou vous desarme. 

AOUGUSTINA 

Layssas-me ! . . . . layssas-me ! . . . 

M. VINSAN 

Fola ! . . . 

AOUGUSTINA 

Moussu Vinsan!.... 



MERCIÈ, Day aou secours 
Qu'es ayço ? vous voulès ayci versa de sang ! 

AOUGUSTINA 

Layssas-me ! . . . . layssas-me ! 

LACROIX 

Calas pas, vieilla rança ? 

AOUGUSTINA 

Que sourtigue d'aycis, ou l'y crèbe la pança ! 

M. VINSAN 

Que vous a fach Bertin, que sias tant en furou? 



POESIES DE FIZBS 245 

AOUGUSTINA 

Coussi, n'ou savès pas?... vous n'ou savès pas ? 



M. VINSAN 



Nou! 



AOUGUSTINA 

Coussi, noun savès pas lou sort de la gazèla ? 

M. VINSAN 

Es vray... mes cridès pas, ma chèra doumaysella: 
Ay escrich... taysas-vous, attendes Mounseignur 
E nous accables pas de malhur en malhur. 

AOUGUSTINA 

Mounseignur gasta tout embe sa gran patiença ; 
Ounfes la punitieou s'attendèn sa presença? 
L'y menares Bertin, Bertin souspirarà, 
E vostre Mounseignur, tac. . . lou perdounarà, 
Cepandan la gazèla es morta e sarà morta. . . . 
Faou que Bertin perisque ou que gagne la porta. 
Bertin, souvenès-vous de la mort de Faoussel * ! 
Tant que tendray las claous, tastares pas moucèl. 

MERCIÈ 

Aça, n'attenden pas que Mounseignur revèngue ! 
Nous caou jugea Bertin. 

AOUGUSTINA 

Mes caou que s'en souvèngue : 
May que siè ben punit, lou tène perdounat. 

LACROIX 

Adieou, paoure Bertin ; vous vese coundamnat. 



Aigla, qu*èra a Tavesque. 

16 



246 DIALECTES MODERNES 

M. viNSAN, à Merctè 
Naoutres, asseten-nous ; vaoutres, gardas la porta. 

LACROIX 

Proucès entre Bertin e la gazèla morta. 

M. VINSAN 

Yeou coundamne Bertin. 

MERCIÈ 

Lous caou fa playdejà 
Audiam partes toujour, avan que ^e jugea, 

M. VINSAN 

Aougustina, parlas, mes parlas sans coulera ; 
Davan lou tribunal sacbas qu'on se moudèra. 

AOUGUSTINA 

E vous aoutres, sachas qu'un juge qu'es entiè 
Jamay as criminels n'a pas fach de quartiè ; 
Qu'un bendèou atapa lous yols de la justiça, 
Afin que sans respect punisque la maliça. 
Apres aquel avis, n'avès qu'a m'escoutà ; 
N'aj que trop de resous e m'en vaou débuta : 
Bertin era cargat daou souèn de la gazèla, 
Sur ela el deviè fa garda perpetuèla ; 
Yeou, deviey la nourri de favarôous, de pan. . . . 
Pecayre I ela veniè m'ou prene dins la man, 
Me fasiè de poutous, veniè mangea à ma taoula ; 
Helas ! quand m'en souvèn, yeou perde la paraoula, 
Ay las larmas a l'yol e moun cor es sarrat ; 
Aou lioc qu'aquel maoudit, aquel dénaturât, 
Que deviè tant aymà la gazèla poulida, 
Lou cruel, d'un despiech l'y a fach perdre la vida ! 
La gazèla, ou savès, mettiè tout dins soun sac : 
Un jour l'y aviè mangeât un paquet de tabac, 



POESIES DE FIZBS 247 

Tabac qu'anèt trouva dedins sa cambra ouverta : 
Pes lors aquel maoudit Vj counjuret sa perta. 
Ser de tabac, cruel, aquela punitieou ! 
Daviès-pas, malherous, qu'acos es la passieou 
Que permi lou bel mounde es venguda à la moda. 
Qu'égaya lous esprits lorsque la testa roda ? 
Ouy, lou tabac voou may que toutas las sentous, 
Descarga lou cervèl e guéris las vapous. 
Perde tabac. . . ah! ciel! ciel ! prenès madefensa, 
Esterminas Bertin e vengeas Finnoucença ! 
Messieus, que fay Bertin afin de se vengea? 
Vous dounariey cent ans, cent ans per Vj soungeà 
Vous la mena un bel jour amoun sur la terrassa, 
Elay fay mila bounds, mes Bertin la menaça: 
Aquel cor, que jamay n'era estât menaçât, 
Saouta sus la murailla e se rounca aou foussat.... 

MARC 

Aougustina, aco's trop ; aqui Fy a de maliça, 
E yeou siey pas ayci per souifri l'injustiça. 
Quand me dounarias pas de quinze jours de vin, 
Noun souffriray jamais un discours tant malin. 
Jamay un tel dessein n'intret dins sa pensada ; 
Bertin Taymava trop per Tavé menaçada I 
Una nioch qu'un déluge aviè ramplit la cour, 
Bertin, à corps perdut, et transpourtat d'amour, 
D'aygua jusqu'aou ginoul, la larma à la prunèla, 
Aou travers das esclars vay saouvà la gazèla. 
Messieus, counsideras lous dangès e l'actieou, 
E pioy dinsl'aoutre cas jugeas de l'intentieou. 
Ayci ce qu'a perdut nostra paoura gazèla : 
Es la vivacitat que l'y era naturela ; 
Sus la tourre mountet per veyre lous jardins, 
E sans un acciden l'y aouriè saoutat dedins. 
Nostra gazèla aviè tant d'adressa e de força 



348 DIALECTES MODJSRNES 

Que soun saout poudiè pas Vj fay re faoussa amorça ; 
Ouy, yeou vous gageariey qu'ela aouriè trenpassat 
Mema sans prene ban, la dougua e lou foussat ; 
Mes sur la tourre Y y a de broussailla pourrida, 
Una herbaTarrestèt e Yj coustèt la vida. 
Messieus, ara jugeas lou malherous Bertin, 
Aves en vostras mans soun sort et soun destin 

M. VINSAN 

Oupinen. 

MERCIÈ 

Souy d'avis que, per sa negligença, 
Bertin ploure vingt jours e fasse penitença ; 
Lou zèla d'Aougustina escusa sa passieou, 
Mes la caou satisfayre, aco's moun intentieou. 

M. VINSAN 

La cour, ayant égard aou zèla d'Aougustina, 
L'y perdouna dabord sous esforts de petrina, 
Pourvu qu'aTaveni moudère sa furou, 
E que laysse a Bertin digerà sa doulou : 
Ourdouna, pioy qu'enfin ou vôou, la vieilla rança, 
Que Bertin siè cinq jours sans vin e sans pitança ; 
E naoutres, nous cargan de gagna Mounseignur, 
Que perdoune Bertin e plangue soun malhur. 



POESIES DE FIZES 



249 



BOUTS RIMATS 



Ploumet rampa toujour couma una 
De rima couma un baou noun e.s jamaj 
Daou temple d'Apolloun voou leva la 
Mes la porta per el es fermada al 

Sa musa couma un cat davan la porta 
A beou Ty fa veni sous pastres a 
Tant de rebaladis ApoUoun noun 
Demanda de laouriè, Yj porta de 

Ploumet crida toujour : Ouvrissès-me, 
ApoUoun Yj respon : Yon d'ayci, 
Que te servis de fa la mina d'un 

Jamay noun ay changeât en pouèta un 
Mas musas jusqu'ayci t'an buffat per 
An esfray de la voix d'un tant rude 



cagaraoula, 
sadoul ; 
cadaoula, 
baroul. 

miaoula, 
ginoul, 
enjaoula; 
fenoul. 

pecayre ! 
beligas ! 
cagayre ? 

matras ; 

fringayre, 

aoussèlas. 



BIBLIOGRAPHIE 



Romania, N" 2. — P. 130. D'Arbois de Jubainville, la Langue 
franque, le Vieux Haut-Allemand et la Langue française : L'auteur 
croit, contrairement à Topinion de Diez, que les mots français 
d'origine germanique ont été empruntés à la langue franque de 
l'époque carlovingienne et non à ce qu'on appelle le haut-allemand. 
Il constate les transformations du groupe franc ch, resté tel pen- 
dant la période mérovingienne et devenu h pendant la période 
carlovingienne, repousse les étymologies jusque-là acceptées d'au- 
berge et à' arrière-ban, et termine en recherchant les formes primi- 
tives : 1® du second terme d'un nom propre français bien connu. 
« Geofroi », 2o du nom commun français « frais. » — P. 146 A. 
Darmesteter, Glosses et Glossaires hébreux-français du moyen âge : 
Excellent travail, qui donne beaucoup et qui promet davantage. 
L'auteur a découvert une mine des plus riches et dont il tirera 
sans aucun doute tout le parti possible. Rien qu'avec les Laazim 
(glosses, en langue étrangère) de Raschî, il est assuré d'apporter 
un appoint d'environ trois mille mots, appartenant non pas à la 
langue poétique comme V Alexis ou le Roland, mais à la langue 
usuelle familière de la fin du XI» siècle. — P. 177. G. Paris, Sur 
un vers du Coronement Loois : Prenant pour point de départ le vers 
a Vet s'en li cuens Guillaumes a Mosterel sor mer ^> et le pas- 
sage où il est intercalé, M. G. P. démontre avec beaucoup de vrai- 
semblance que, parallèlement à celle de Guillaume d'Orange dans 
le Midi, s'est formée la légende épique de Guillaume de Montreuil- 
sur-Mer, dans le Nord, et que dès le commencement du XIP siè- 
cle elles se sont mêlées, ou plutôt que la première a absorbé la 
seconde, ainsi qu'il semble résulter de ce fait que Guillaume 
d'Orange était un héros favori pour les jongleurs normands. Nou- 
velle preuve, ajouterons-nous en passant, de l'influence que le 
Midi a eue parfois sur le Nord, même en fait de poésie épique, — 
F\ 190. P. Meyer, Henri (TAndeli et le chancelier Philippe : Ce travail 
complète les notices consacrées par l'abbé de la Rue et l'histoire 
littéraire au trouvère normand Henri d'Andeli; par Dubois, du 
Boulay et Daunou, à Philippe de Grève, chancelier de l'Eglise de 
Paris. Il se termine par le Dit du chancelier Philippe j composé peu 



BIBLIOGRAPHIE SSl 

de temps après la mort de ce personnage par son ami Henri d'An- 
deli. Cette poésie était inédite, sauf trente-cinq vers cités par l'abbé 
de la Rue. M. P. Meyer Ta extraite du n» 4333 de la Bibliothèque 
harléienne. Dans le commentaire, M. P. M. signale la bizarre 
étymologie « os lampadis » que Tauteur donne du nom de Philippe, 
et ajoute qu'on la retrouve dans l'une des pièces de Baudride Bour- 
gueil qu'a publiées M. L. Delisle dans la Romania, I, 36. A cet 
exemple de la fin du XI« siècle, je puis en joindre un autre plus 
ancien, donné parle ms. 301 (Bibl. de PÉcole de médecine de 
Montpellier), X« siècle, f° 102, v*» :« Philipus qui interpretatur o* 
lampadis. » — P. 216-225. Mélanges: l® Etymologie de na'orer; 
2» Etude sur la Chanson du Chevreau (très-intéressante), par M. G. 
Paris. — P. 226-236. Corrections par M. P. Meyer: 1° le Poëme de 
Doèce revu sur le manuscrit ; 2° les Glossaires du Donat provençal. 
Ces deux articles contiennent beaucoup de leçons nouvelles. — 
P. 237-258. Comptes rendus instructifs des ouvrages les plus 
récents relatifs aux langues néo-latines. — P. 259-269. Analyse 
des périodiques français et étrangers qui traitent de la philologie 
romane. Ce travail, comme le précédent, est très-soigné et fort utile 
à consulter. —P. 270-272. Chronique. 

Nous remercions les directeurs de la Bomania du soin qu'ils 
ont pris de rendre compte des travaux et des publications de la 
Société des langues romanes. Nous en ferons autant à leur égard, et, 
comme eux, nous n'abdiquerons aucun des droits de la critique, 

La science n'a qu'à gagner à cette concurrence à la fois ferme et 

bienveillante. 

A.B. 



Biblioteca catalana, publiée sous la direction de don Mariano 
Aguilo y Fuster *. 

Nous avons sous nos yeux un vrai bijou de philologue et de 
bibliophile : c'est la première livraison de la Biblioteca catalana, dont 
la Revue des langues romanes annonçait, il y a quelque temps ^, Tap- 
parition prochaine. Afin de satisfaire des goûts divers, les édi- 
teurs de ce recueil ont voulu faire marcher de front la publication 



1 On souscrit à Barcelone, chez Alvar Yerdagner, éditeur, Bambla, 5 ; à Pari", chez 
MaisonneuTô et Gie, quai Voltaire, 15. 
« T. II, P. 146. 



252 DIALECTES MODERNES 

de quatre voluaies ditférents. Cette livraison comprend la première 
feuille de chacun des ouvrages qui suivent : 

i« La Chronique du roi Jacques I*»" d'Aragon, d'après le plus an- 
cien manuscrit connu (1343), avec les variantes de l'édition unique 
de Valence (1557); 

2® Lo Libre deU feyts d^armes de Catalunya, ouvrage inédit de Ber- 
nât Boades (1420) ; 

3<> Une traduction catalane de la Genèse, par Guillem Serra 
(1451), publiée pour la première fois dans la. Biblioteca calalana, par 
don Miguel Victoriano Amer ; 

4° Le fameux roman de chevalerie de Johanot Martorell, Tirant 
lo Blanch, réédité d'après l'édition princeps de Valence (1490) et 
l'édition de Barcelone de 1497. 

Il paraîtra chaque mois une livraison de quatre feuilles, au prix 
de 1 franc {una peseta) la livraison. 

Les éditions de la Biblioteca catalana, irréprochables au point de 
vue de la correction, se présentent au bibliophile sous la formé la 
plus séduisante : ce sont de délicieux volumes petit in-8% imprimés 
en caractères elzeviriens, sur beau papier vergé de fabrication cata- 
lane ; les vignettes, fleurons, encadrements, dessinés et gravés 
pour cette collection, sont ravissants de composition et d'exécution. 
Depuis les Mey et les Gumiel, ces contemporains et ces émules 
des grands imprimeurs du XVI» siècle, la typographie des pays de 
la couronne aragonaise n'avait rien produit qui approchât de celte 
perfection, et, aujourd'hui même, nous ne connaissons rien qui la 
dépasse dans nos éditions elzeviriennes les plus admirées. 

L'entreprise de don Mariano Aguilo continue la tradition de tra- 
vail ôrudit et consciencieux dont Prospero de BofaruU renoua, il y 
a plus d'un demi-siècle, la chaîne un instant interrompue, et que 
poursuivent dignement don Manuel, don Antonio de Bofarull, fils 
et neveu de don Prospero. 

C'est l'honneur de l'intelligente et riche cité de Barcelone d'avoir 
tenu, de tout temps, son renom intellectuel à la hauteur de sa pros- 
périté matérielle. Je ne sais quelle est la ville de France où l'on trou- 
verait aujourd'hui un éditeur disposé à se charger, comme Ta fait don 
Alvar Verdaguer, des frais d'une publication quia pris pour devise: 
No guardes à quants plans, mas à quais ; Ne regarde pas à combien tu 
plais, mais à qui. 

T. 



PERIODIQUES 



A Tavenir, nous donnerons régulièrement, et par trimestre, 
le sommaire des recueils périodiques spécialement consacrés 
aux études romanes, ainsi que Tindication des articles des 
autres journaux qui pourraient les intéresser. 

Nous prions les membres de la Société, et en général tous 
ceux qui s'occupent de ces études, de vouloir bien nous signa. 
1er les travaux qui auraient pu nous échapper, et nous aider à 
compléter ou à rectifier nos renseignements. 

Les études romanes sont actuellement représentées par sept 

recueils périodiques, dont deux se publient en France, la Ro- 

mania et la Revue des langues romanes ; deux en Allemagne, le 

Jahrbuch et les Romanische Studien ; un en Italie, le Propugna- 

tore; un en Catalogne, la Renaxensa, et un à Madrid, la Revtsta 

de Archivas, 

A. M. 

I. Romania. — Fondée cette année même, à Paris, par deux 
jeunes savants de grande érudition, MM. Paul Meyer, des Archives 
nationales, et Gaston Paris, professeur suppléant au Collège de 
France, cette revue, qui compte déjà parmi ses rédacteurs ou ses 
collaborateurs tout ce que la capitale possède de savants romani- 
sants, est destinée à faire autorité dans la science et à prendre part 
à la renaissance des hautes études dans notre pays. 

Elle paraît par livraisons trimestrielles d'environ 128 pages cha- 
cune, formant à la fin de l'année un fort volume. — L'abonnement 
est de 15 francs pour Paris et de 18 francs pour les départements : 
pour l'étranger, le port en sus. 

L'éditeur est M. F. Wieveg, propriétaire de la librairie A . Franck, 
rue Richelieu, Paris. 

Il a déjà paru deux livraisons. 

Janvier. — G. Paris: Romani, Romania. — L. Delisle: Baudri 
de Bourgueil. — P. Meyer: Tersin, tradition arlèsienne. — Id. Le 
Chevalier, la Dame et le Clerc, fabliau anglo-normand. — A. Bra- 
cbet : Vocabulaire tourangeau. 



254 DIALECTES MODERNES 

Mélanges: Mots latins dans les textes talmudiques (A. Darmes- 
teter). — Faîte, étymologie (P. G.) — La Mythologie allemande 
dans Gérard de Vienne (G.P). — Ad espazas tornau (P. M). — 
André de France (G. P.). — I*a Mouche et la Fourmi, conte pro- 
vençal. 

Comptes rendus: G. Paris, la Vie de 8t Alexis. — Léon Gautiers, 
la Chanson de Roland. — P. Meyer, Documents mss. de l'ancienue 
littérature de la France. — Garducci, Gantilene e Ballate. — De 
Varnhagen, Gancioneiriho de trovas antigas. — G. Michaelis, Ro- 
mancero del Gid. — De Gihac, Dictionnaire d'étymologie daco- 
romane. — Chronique. 

Avril, — H. d'Arbois de Jubainville, la Langue franque, le Vieux 
Haut- Allemand et la Langue française. — A. Darmesteter, Glosses 
et glossaires hébreux-français du moyen âge. — G. Paris, Sur un 
vers du Coronement Loois. — P. Meyer, Henri d'Andeli et le chan- 
celier Philippe . 

Mélanges : Navrer (G. P.). — La Chanson du Chevreau (G.P). 

Corrections: le Poëme de Boèce revu sur le ms. (P. M.). — Sur 
les glossaires du Donat provençal (G. P.). 

Comptes rendus : 

A. Canello, Diez e la filologia romana. — A. Boucherie, la Vie de 
Ste Euphrosyne. — P. Roesler, Romœnische Studien. — A. Mus- 
safîa, Darstellundderromagnolischen Mundart. — A. Gœlho, ïheoria 
de conjugacâo em latin e portuguez. — A. Saco Arce, Gramatica gal- 
lega.— A. Mussafia, Ueber eine altfr. flandschrift der K. Universi- 
tœts bibliotek zu Pavia.— E. Stengel, Codex mspt. Digby, 86. — 
Goldbeck, Beitrœge zur altfranzœsischen lexicographie. — Carbo- 
nell, Opuscules ineditos, pp. par M. de Bofarull. — Canti populari 
Monferrini, pp. G. Ferraro. — A. Maspons, lo Rondallayre. — 
Périodiques. — Chronique. 

II. Jahrbach fur romanische und englische literatar (An- 
nales des littératures romane et anglaise). — Fondée en 1859, à 
Berlin, par MM. A. Ebert et F. Wolf ; paraît aujourd'hui à Leipsig, 
chez Brockhaus, dirigée par M. L. Lemcke. 

Trimestrielle, prix: 3 thalers ; soit, à Paris, 12 fr. 

Xlle vol. 3* livr. — D'-Oesteriey, Raparius.— Bartling, les Dia- 
lectes du sud de la France.— Kochler, de l'Histoire de Charlema- 
gne et de son épouse Sibille, en vieil espagnol. — Tobler, Lettres 
inédites de Ugo Foscolo. — Liebrecht, Chansons et énigmes popu- 
laires de la Sicile.—- Annonces; critiques. 



PBRTODIQUBS {S5 

III. Romanische Stadien. —Ce recueil, dirigé par le fondateur, 
M. £. Bœhmer, bibliothécaire, à Halle (Prusse), parait irrégulière- 
ment, par Êiscicules ; le prix est à raison de 50 cent, la feuille. — ^11 
n'a paru encore qu'un seul fascicule. 

HT. Propoc^atore. — Fondé, il y a cinq ans, à Bologne, par 
l'éditeur Romagnoli, pour faire suite à sa collection à'OEuvres rares 
ou inédites. M. le commandeur Zambrini en a la direction; cest 
assez dire que Tœuvre est sérieuse et de la plus haute importance. 

Janvier f février, — Carlo Vesme : di Alcune Inscrizionivolgari tos- 
cane dei secoli XI, XII et XIII. — P. Rajna : Osservazioni fonologiche 
a proposito de un manoscritto de la Biblioteca magliabeccbiana. — 
F. d'Ovidio : di Alcune Parole che nella pronunzia toscana producono 
il raddopiamento délia consonante iniziale délia parola seguente. — 
F. (îarta et Mulas: le carte d'Arborea e l'Academia diBerlino. — 
Réponse de M. Bentino à M. E. d'Ovidio, sur les traductions du 
grec. — Notices de M. F. d'Ovidiosurles périodiques romans. — Due 
pie antiche Narrazioni, publiées par M. A Neri. — La Novellaja 
milanese, esempii e panzane lombarde, raccoHe del milanese de 
Vitorio Imbriani. — Leggendadis. Silvestro, papa. — Bibliografia. 

V. Renaxensa. — Succéda en 1871 au Gai Saber. — Publié à 
Barcelone et rédigé en catalan ; il est surtout consacré à Tétude de 
la langue et de la littérature catalanes. — Il paraît les !«' et 15 de 
chaque mois, par livraisons de 12 pages, sur 2 colonnes. — Le prix 
est de 36 réaux pour l'étranger. 

Janvier y 1. — Del Gremi y Art dels corallers en Barcelona (fin), 
par Andreu Balaguer. — Breu ensaig geologich de la concade Ban- 
yolas (/în), par Père Alsius. — Amor perdut, poesia, par J. Colo- 
minas y Ferrant. — Dels Carrechs del gênerai de Catalunya (/în), 
par F. Maspons y Labros. — Diseurs pronunciat en l'obertura del 
centro artistich d'Olot, par Joachim Priera y Bertzan. — Una volta 
pel cel, poesia, par M. Jacal. — Corts catalanas (5Mife),parF. M. J.L. 
— Als detractors del rector de Vallfagona, poesia, par F. Soler. — 
Bibliographia. — Anecdotas. — Notas. 

Janvier, 2. La Naturalesa e l'Art, par J. Batet. — Rectifications 
al articles publicats baix l'epigrafe : Breu ensaig geologich de la conca 
de Banyolas, par P. A . — Lay, poesia, par A. de B. — Las Metomor- 
fosis de Ovidi,traducio d'en F. Allègre , par S. A. — La Verge puris- 



256 DIALECTES MODERNES 

sima, poesia, par Dolors Pasqual. — Gorts catalanas (fin), par P. M. 
de L. — Fou un somni, poesia, par M. Drapel. 
Les 4 livraisons de février et mars ne nous sont pas parvenues. 

VI. — Revista de Archivos, Bibliotecas y Musées. — (Ma- 
drid, par livraisons de 16 pages, paraissant chaque quinzaine ; prix, 
à l'étranger, 20 pesetas.) 

Fondéeà Madrid, Tannée dernière, et rédigée, sous la direction du 
savant Escudero de la Pena, de la Escuelo de Diplomaiicay par les 
principaux paléographes d'Espagne. Ainsi que son nom l'indique, 
elle contient des notices et des documents des archives, bibliothèques 
et musées d'Espagne. 

Nous suivrons avec le plus grand intérêt et la plus vive sympa- 
thie ses travaux et ses publications ; nous en rendrons compte très- 
soigneusement. 

Vol. II, Livr. 1 à 6. — Inventari dels libres (71) de la reine 
Maria d'Aragon, XV s. p. par M. Velasco, archiviste du royaume 
de Valence, Beaucoup de ces livres appartenaient à notre vieille lan- 
gue du Midi ; nous reviendrons sur cette intéressante publication. — 
Supplique adressée au pape Jean XXII, en l'an 1277, sur le fait des 
deniers prietos, p. par Escudero de la Pena. — Libre de las em- 
barcations ques fan per Arger p. p, M. Velasco. 

A ces recueils, de la plus haute importance pour nos études, il 
faut en joindre un grand nombre d'autres, qui s'en occupent quel- 
quefois incidemment. 

Ainsi en France : la Bibliothèque de VÉcole des Chartes, la Revue 
archéologique y le Bibliophile francois y le Bulletin du Bibliophile, lePo- 
lybiblion, la Bévue des questions historiques, le Cabinet historique, la 
Bévue critiquey la Bévue de linguistique, etc. 

En province : VArmana prouvençau, la Bévue de Gascogne, la Bévue 
du Lyonnais, la Revu^ de Savoie , etc. 

En Allemagne : les Archives pour Vétude des langues et des littéra- 
tures modernes, le Journal pour Vantiquité allemande, VIndicateur 
pour Vantiquité germanique, la Germania, le Journal pour la philolo- 
gie allemande, la Literarisches Centralblat, etc. 

En Angleterre: VAcademy et VAtheneum, etc. 

En Belgique: le Journal de IHnstruction publique, etc. 

En Danemarck: le Journal de pédagogie, etc. 

En Italie: la Bivista europea, la Bivista sicula, etc. 



PERIODIQUES 237 

£n Espagne: la Revista balear, etc. 

Anzeigrer Air kimde der deatschen Vorseil (Indicateur pour 
la science des antiquités allemandes). — A Nuremberg. Mensuel. 

Archiv fUr das Studiam der neueren Sprachen und Lite- 
raturen (Archives pour l'étude des langues et des littératures mo- 
dernes). 

Se publie à Berlin, sous la direction de M. Herrig; trimestrielle, 
au prix de 16 francs. 

Armanà prouvençau, adouba e publica de la man di felibre. — 
Joio, soûlas et passo-tems de tout lou pople dôu Miejour. — C'es*- 
ToT^ane des felibres provençaux ; paraît chaque année, en une bro 
chure de 120 pages environ. Prix, 50 cent.; tiré à 5,000 exemplaires, 

Contient, à part les indications ordinaires de tous les annuaires 
une chronique (cronico felibrenco), une nécrologie, des poésies des 
divers poètes provençaux, enfin des contes, chants et proverbes 
populaires . 

En est à sa 18® année, et date par conséquent de 1854. 

XVIII. — Contes: La Mousco e la Fournigo, — li Quatre Nas de 
moussu Ugues, — la Galino esplumassado, — la Febredou loup, — 
Bons mots et reparties. — Escourregudo astrounomico, travail où 
F. Mistral a réuni tous les termes dont se servent nos paysans pour 
désigner le ciel et les étoiles . 

Poésies: De F. Mistral, G. Azaïs, A.-B. Crousillat, G. St-René 
Taillandier, M. Frizet, J. Roumanille, Félix Gras, Léon Alègre, 
L. de Berluc-Perussis, A. Arnavielle, Marins Girard, E. Negrin, 
Alexandre Ducros, Paul Arène, Louis Roumieux, Alphonse Ta van, 
Combalusier, A. Boudin, Jean Monné, L. Rochetin, J.-B. Gaut, 
Marins Bourrely, etc. 

Bibliothèque de rËcole des chartes. — Une livraison chaque 
deux mois, au prix de 12 francs. 

XXXII. — N. de Wailly, Observations grammaticales sur les 
chartes françaises d'Aire en Artois. 

Bulletin de la Société archéologique, scientifique et litté- 
raire de Béziers. 

2« Série, VI, 1. — Catalogue botanique languedocien, par M. G. 
Azaïs . 

Grermania. Viertcl jahrschript fur deutsche alterthum shunké. 
Begzùndet von Franz Pfeiffer.— Dirigé par Karl Bartsch. 

XVL 4. — E. Kolbing : die Nordische erexsaga und ihre quelle. 



258 DIALBGTES MODBRNBS 

Gœtttnesohe irelehrte anzeigen. — Publié à Goettingue. 
Février. — Tobler : les Derniers Troubadours de la Provence, 
p. p. P. Meyer. 

Literarisch Gentralblat. — Publié à Leipsig. 

Bartsch. Histoire de la littérature provençale (Msf). — Hofmnan, 
Alexis pariser Glossar 7692 — Meyer, les Derniers Troubadours 
(MJff.). Paris, la Vie de 8t Alexis (Mf). — Del Governo de regni, 
p.p. Teza (Msf); Fergus p. p. Martin (Mf.) 

Polybiblion. — Revue bibliographique universelle, fondée en 
1868, par X^Sodèlé bibliographique; se publie sous la direction d'un 
comité de rédaction, dont le président est M. de Beaucourt. — Pa- 
raît mensuellement, par livraisons de 4 feuilles sur deux colonnes. 
Le prix est de 15 fr. pour Paris et les départements. 

Janvier-mars : 

Elle ne se borne pas à de simples nomenclatures, elle contient 
en outre régulièrement des comptes rendus des principales publi- 
cations françaises et étrangères, un bulletin et une chronique. 

Avril. — H. Gaidoz : les Lettres, les Sciences et les Arts en Sicile, 
pendant les années 1870-1871, par Giuseppe Pitre. Palerme, Pe- 
done Lauriel, in-12 de XIlI-289 p. 

Revue critique d'histoire et de littérature. — Le premier 
trimestre de 1872 contient les comptes rendus des ouvrages sui- 
vants: \^ Liber de infantiae et Ghristi salvatoris, p. p. Schade; — 
S. Bartsch, Histoire de la littérature provençale (G. P.); — B. 
Grion, Dino Gompagni (G. Monod) — Storm, les Nations et les Lan- 
gues romanes (G P.)— J* Pons, Origine du patois de la Tarentaise. 
— G. Haag. Comparaison du prâcrit et des langues romanes. — 
Castiglia, Langue et Amour. — Le Livre des Cent Ballades, p. p. de 
Queux de St-Hilaire. — ^Tres flores del antiguo teatro espanol, p. p. 
par G. Michaelis (G. P.)- — Thomas: Grammaire créole (P.M.) 

Revue do Gascog^ne. — La Société historique de Gascogne publie 
sous ce titre son bulletin mensuel , par livraisons de 3 feuilles grand 
in 8°, formant à la fin de l'année un volume de près de 600 pages. 

Elle en est déjà à la 5« livraison de son XIII« volume. Le rédacteur 
en chef est M. Léonce Couture; — le président de la Société, 
M . l'abbé Ganéto, vicaire général . 

Janvier," Léonce Couture: l'Entrada de Mossen de Clarmont, 



' 



PERIODIQUES 2S9 

cardenal et arcevesque d* Aux (1507), d'après le jms- des archives 
municipales d'Auch, A. A. 1, livre vert, ff. LXV-LXVII: relation 
curieuse au double point de vue de Thistoireet du langage. 

Revue de rinstruction publique en Belg^ique. — (6 liv. par 
an). Publiée à Gand. 

Mars, — Gh. Nisard: Étude sur le langage populaire ou patoi0 
de Paris et de sa banlieue. 

Revue des questions historiques. — Publiée à Paris. 
Janvier. — H. d'Arbois de Jubain ville : A. Thierry et les noms 
propres francs. — A Longnon: les Gartulaires de Saintongo. 

Revue du Lyonnais (mensuelle, 20-22 fr.). Publiée à Lyon. 
Février. — D. Monin, Étude sur le patois lyonnais (suite). 

Rheinisches Muséum ftLr philologie (Journal de philologie 
allemande). — Publié sous la direction de M. Fr. Ritschl et A. 
Klette. 

XXVII. 1.— W. Teutîel. Die Historia Apolonii, régis Tyrii. 

Rivista europea. 

Mars. — Carolina Goronedi, de Alcuni Usi populari bolognesi.— 
Dora d*Istria, gli Albanesi in Rumenia. — La liv. d'avril contient la 
suite de ce dernier travail . 

Rivista sicula. — Publiée à Palerme. 

Mars. — Michel Amari, leEpigrafi arabiche diSicilla (II. — Iscri- 
zioni sepulcrali.) — Gius. Sergi, del Elemento formatore dei numeri 
délie lingue indo-europee. 

The Academy, a recort of lileralure, learning, science and art» — 

A Londres, chaque mois, par livraisons de 20 pages à 2 colonnes. 

Janvier. — H.-A.-J. Munro: on the Pronunciation of latin (VII). 

Zeitschrlft tar deutsches alterthum (Journal pour Tanti- 
quité allemande.) — Dirigée par Haupt. 

A. F« 111. 3 -— Wackernagel, die Anfœnge lateinischer profaner 
Rytmen des Mittelalter. 

JOURNAUX 

Journal de Toulouse. 9 mars. —Séance de la Société archéo- 
logique du midi de la France: notice de M. le D' Noulet sur le Guil- 
laume de la Barre de P. Meyer. — 



260 DIALECTS8 MODERNES 

Measaffer de Touloase. 11 mars. — La Revw des Uingues ro- 
manes, ipa.T M. Firmiu fioissin. 

L^Union (Paris), du 12 mars,— la Chanson de Roland, p.p. par 
Léon Gautier, article de M. Marius Sepet. 



ENSEIGNEMEiNT 

DES lANaUBS ET DFIS LITTBRA.TURES ROMANES 

Voici, d'après la Romania et le Centralblat, Tindication des 
cours qui se font actuellement en Europe : 

FRANCE 

Collège de France. — M. G. Paris: le cycle àe Guilhaume au Court 
Nez, — Explication philologique di'Aliscans, 

École des Chartes — M. Paul Meyer: Grammaire comparée du 
vieux français et du provençal. 

École des Hautes Études. — M. G . Paris : Poema del Cid et Roman- 
cero del Cid. — Exercices de critique philologique et littéraire. 

A. Brachbt. — Grammaire des langues romanes. 

Citons encore : au Collège de France, le cours de M.E. Quinet, 
sur les Langues et littératures de l'Europe méridionale ; à la Faculté 
des lettres, celui de M. Lenient, sur la Poésie patriotique en France, 
depuis les invasicns normandes jusqu'au XVI® siècle ; à l'École 
libre des sciences politiques, celui de M. H. Gaîdoz, sur l'Ethnogra- 
phie européenne ; 

A Lyon, le cours de M. Hbinrigh. 

ALLEMAGNE 

Berlin . — M. Tobler, prof, ord . — Grammaire italienne; morceaux 
choisis provençaux ; conférence romane. 

M. Steinthal, prof. ord. — Sur Thistoire des langues, particu- 
lièrement du grec et du latin, et sur Torigine et le caractère des 
langues romanes. 

Bonn. — M. F. Diez, prof. ord. — La langue et la poésie proven- 
çales; explication d'un drame de Caldéron. 

M. Deuus, prof. ord. — La vie et les œuvres de Dante, ancien 
français et provençal. 



CHRONIQUE 261 

Giessen. — M. Lemcke. — Conférence pour les langues modernes ; 
la Gerusalemme liherala du Tasse. 

Gœttingue. — M. T. Muller, prof. ord. — Grammaire de l'ancien 
français et explication de la Chanson de Roland; conférence romane. 

Graz. — M. Ltjbin, prof. ord. — Histoire de la littérature italienne; 
explication de VInferno de Dante. 

Halle. — M. Bobhmbr. — Histoire de la littérature poétique des 
peuples romans ; explication grammaticale de la Chrestomathie de 
Bartsch; conférence romane. 

Leipsig. — M. A.Ebert, prof. ord. — Histoire de la littérature ita- 
lienne; explication de poésies en v. fr. d'après la Chreêtomathie 
de Bartsch. 

M. H. ScHTJCHARDT, priv. doc. — Grammaire italienne. 

Kœnigsberg. — M. Sghipper, pr. doc. — Grammaire historique de 
la langue anglaise ; grammaire historique de l'ancien français et 
explication de la Chanson de Roland, 

Munich. — M. G. Hofmann, prof. ord. — Ancien français et ancien 
espagnol , avec explication de la Chanson de Roland et du Poema del Cid. 

Strasbourg. — M. Beromann. — Origine et histoire de la langue 
française. 

M. Max Muller. — Résultats de la linguistique comparée. 

tienne. — M. Mussafia. — Littérature romane. 

SUISSE 

Bâle. — M. E. Stengel, priv. doc. — Explication d'Othello, con- 
férence. "^ 
Zurich. — M. Rochat. — Syntaxe française. 

NORWÉGE 

Christiania. — M. StoRm. — Cours de vieux français et d'italien. 



CHRONIQUE 

Académie des jeux floraux. — Elle a eu à examiner cette année 
612 compositions, toutes en français. Nous n'avons donc pas à nous 
en occuper. 

La sujet du discours en prose était l'éloge de Lamartine. Un 

17 



262 DIALECTES MODERNES 

souci a été accordé à M. Louis Noël, de Toulouse ; une violelte, à 
M. Jules David, de Fontainebleau. 

Les pays du Nord comptent un grand nombre de romanisants. 
En Russie, les Universités suivent Pexemple donné par l'Allema- 
gne. En Suède, les rois ont à cœur de se souvenir qu'ils tirent leur 
origine d'un de nos compatriotes, le Béarnais Bornadotte. 

Parmi les romanisants dont ils ont facilité les travaux et les 
voyages dans nos provinces méridionales, ainsi qu'en Espagne et 
on Italie, citons : MM. le docteur Storm, qui professe à Christia- 
nia (Suède) ; — le docteur Eslander.(GustaYe), d'Helsingfors (Fin- 
lande), qui a publié un livre remarquable sur la poésie provençale; 
— le docteur Lidforss, professeur de langues vi\'antesà Lind (Suède), 
dont nous avons pu constater l'esprit et Térudition dans nos séan- 
ces. 

En France, on nous laisse cette consolation que, lorsqu'on vou- 
dra rétablir ces études, qui concernent notre pays et nos gloires na- 
tionales, on trouvera, à Vétranger, des professeurs du plus grand 
talent. 



* ♦ 



L'Association pour Tencouragement des études grecques en 
France, fondée en 1868, a formé ainsi son bureau pour 4871-1872 : 
— Président honoraire , M. Patin. — Président, M. Egger. — Vice- 
présidents, MM. Thurot et fleuzey. — Secrétaires^ MM. Ghassang 
et L* Hâve t. — Trésorier, Gustave d'Eichthal. 



* * 



Le Comité de la Société bibliographique, pour 1872, se compose 
de MM. de Beaucourt, président; — Anatole de Barthélémy, prince 
Auguste Galitzin, René de Saint-Mauris, Marius Sepet. 



* * 



A paru, à Barcelone (Alvar Verdaguer, libraire), 2* édition de 
Mireya, poema provenzal de Frederico Mistral, poesto en prosa espa- 
nola por Celestino Bar allât y Falgueza, 



* * 



Il va paraître incessamment une édition du poëme provençal 
sur la chasse du troubadour Daude de Pradas, li Auzel cassador, 
selon la version du ms. 2777 de la bibliothèque Barberina, à Rome, 



CHRONIQUE 2G3 

Le texte sera précédé d'une introduction critique et enrichi de no- 
tes, avec un glossaire, par M. Ernest Monaci, de Rome. 



* ¥ 



La Société archéologique du midi de la France, dans sa séance du 
6 février, a entendu une notice de M. le docteur Noulet, sur la 
publication faite par M. Paul Meyer de la traduction et du glossaire 
de Guillaume de la Barre. Le procès-verbal se termine ainsi : 

« M. Noulet a étudié avec un très-grand soin le glossaire de 
M. Meyer ; il en a relevé trente mots dont l'interprétation qu'en a 
donnée le savant professeur de Paris devait être, pense-t-il, réfor- 
mée, ce qui l'a conduit à en préciser le sens dans une série de 
notes. » 



♦ ♦ 



Il vient de se former à Gerona (Catalogne) une -4 ssociaciô lilteraria , 
qui aura un but et une action a peu près analogues à ceux des Jeux 
floraux de Barcelone. 



* ♦ 



M. Marins Bourrely, de Marseille, vient de faire paraître le l**" vo- 
lume des Fables de La Fontaine, traduites en provençal. Nous en 
rendrons compte prochainement, 



* 



La Junta direetiva de la Jovb Gatàlunya est ainsi composée, pour 
1872: 

Joseph Roca y Roca, président. — Joseph Blanch, vice-président. 
— Salvany, J. Montagti, J. Revenios, présidents des trois sections 
Lettres, Sciences et Arts ; — P. Santalô, trésorier. — Angel Gui- 
merà, secrétaire. 



* 



F. Pelay Briz publie toujours son Calendari català, qui est le 
pendant, au delà des Pyrénées , de notre cher Arrhanà prouvent 
çau. 



* 



L'éditeur Lopez, de Barcelone, termine en ce moment la publi- 
cation critique des œuvres du célèbre Rector de Valfagona. 



* 



Le consistoire des Jeux floraux de la cité de Barcelone a été 



264 



DIALECTES MÔDËRÎ^ES 



ainsi formé pour cette année. Président, M. Joseph Latamendi. — 
MainteneurSy MM. Félix-M. Falguera, Manel Angelon, Joseph Go- 
roleu, Wesceslas Querol, Ferran Sellarès. — Suppléants, MM. J. 
Viga, J. Thomas y Salvany, Manel Anglasell. 






Société de linguistique. — Dans sa séance du 30 décembre 1870, 
elle a renouvelé son bureau pour l'exercice courant. — Président^ 
M. Gh. Thurot, membre de Plnstitut. — Vice-présidents^^M. Gaston 
Paris et Tournier. — Secrétaire, M. Bréal. — Administrateur, 
M . Gaidoz. — Trésorier, M . Meunier. 

Le président sortant, M. Egger, devient, ipso facto, président 
honoraire. 



¥ ¥ 



M. Paulin Paris, professeur de langue et de littérature françaises 
au moyen âge, a donné sa démission. Le Collège de France pré- 
sente deux candidats pour le remplacer: MM. Gaston Paris, fil.", 
du démissionnaire et suppléant, et M. Paul Meyer. 



ERRATA DU TOME II 
GRAMMAIRE LIMOUSIffE, par H. G. Ghabaneau 

P. 176, ligne 12 : sêjo, lisez: sêje. 

P. 188, note 3: amaiam, lisez: amatum. 

P. 191, ligne 22: atones, lisez: atone. 

P. 191, note 2, dernière ligne : missu, lisez : missus, 

P. 202, ligne 16 : en e, lisez : i en e, 

P. 208, note 1, supprimez: eipôuri pour pauruc. 

P. 209, lignes 11-12: en ui, s'il était bref ou en position, etc., 
lisez: en ui, s'il était long, en oi (égale om), s'il était bref ou en 
position. 

P. 211, Ugne 21 : eu, lisez; ue, 

P. 217, dernière ligne du texte: {leume), lisez: {liume)^ 



l\ 



Montpellier. — Bicatean, Hamelin et Ce. 



Le Gérant : Ernest Uamblin. 



DIALECTES ANCIENS 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 

DES ANCIENS COMTÉS DE ROUSSILLON ET DE CERDAGNE 



Les deux comtés de Roussillon et de Cerdagne comprenaient, 
sur le versant nord des Pyrénées, le Roussillon proprement 
dit, le Vallespir, le Gonflent et le Capcir, ce dernier dans le 
haut bassin de l'Aude, et, sur le revers méridional, la Cerdagne 
et le Barida dans le bassin du Sègre, et la vallée de Ribes dans 
celui du Ter. 

Tous ces pays, délivrés de la domination des Arabes par 
les rois francs, vers la fin du VHP siècle, formèrent ensuite 
des comtés indépendants, qui finirent par s'agréger au comté 
de Barcelone, savoir : le comté de Besalu, qui comprenait le 
Vallespir avec une partie de la plaine du Roussillon, en 1111 ; 
celui de Cerdagne, avec le Confient, Capcir, Baridà et la vallée 
de Ribes, en 1118, et celui de Roussillon, qui n'était qu'un 
démembrement de l'ancien comté d'Empories, en 1172. Ils 
furent une dépendance du royaume d'Aragon sous les rois Al- 
phonse et Pierre P% le seigneur Nunyo-Sanche et le roi Jac- 
ques le Conquérant. Les rois de Majorque les possédèrent avec 
la seigneurie de Montpellier, de 1276 à 1344. Ils rentrèrent 
alors sous la domination des rois d'Aragon, qui les conservè- 
rent jusqu'en 1660, malgré l'occupation qui en fut faite, de 
1462 à 1493, par les troupes de Louis XI et de Charles VIII. 
Les pays de Roussillon, Vallespir, Confient et Capcir, avec 
la partie de la Cerdagne qui les avoisine, furent cédés à la 
France par le traité des Pyrénées. 

La chaîne des Pyrénées orientales n'a jaînais été une bar- 
rière efficace pour les populations de commune origine qui en 
habitent les deux versants, et l'union politique et administra- 
is 



266 DIALECTES ANCIENS 

tive qui a existé pendant des siècles, entre les deux comtés de 
Roussillon et de Cerdagne, n'a pu que resserrer les rapports 
de parenté et les relations commerciales et autres qui, dès les 
temps les plus reculés, ne formèrent qu'une seule famille des 
Cerétans et des Ibères des bords du Sègre et de la Tet. Rien 
ne saurait mieux le démontrer que l'unité absolue de langage 
qui a toujours existé dans les deux pays, et il est certain que, 
sous Louis XIV, le catalan parlé à Puigcerda ne se distinguait 
en rien de celui que l'on écrivait à Perpignan. L'occupation 
française des deux comtés, sous Louis XI et Charles VIII, n'a- 
vait exercé aucune influence sur l'idiome local, et, malgré le 
voisinage du Languedoc et du pays de Foix, le languedocien 
n'a guère pu introduire que quelques locutions et altérer un 
peu la prononciation dans quelques paroisses du Capcir. Par- 
tout ailleurs, et jusqu'à l'extrême frontière, le catalan s'est 
conserve dans toute sa pureté et a même pénétré assez pro- 
fondément dans quelques villages languedociens du pays de 
FonoUet. 

La langue vulgaire parlée encore aujourd'hui en Roussillon, 
et employée dans les actes publics, comme langue officielle ou 
administrative, depuis le milieu du XIV* siècle jusqu'au mois 
de mai 1700, n'est autre chose qu'une des branches dérivées 
de l'ancienne langue romane *. 

On ne connaît pas de documents entièrement rédigés en 
catalan avant 1250; mais on trouve des mots et l'orthographe 
de cette langue dès le IX* siècle, des phrases entières au XP, 
et il serait facile d'en retrouver la syntaxe dès la même épo- 
que, sous l'enveloppe du latin, on ne peut plus irrégulier, em- 

I Le catalan doit être classé parmi les langues d'oc, bien qu'il pré- 
sente à toutes les époques des exemples de l'emploi du si afOrmatif . Aux 
X* et XI* siècles, les documents locaux l'appellent langue vulgaire, langue 
rustique et commmune, dénominations qui ont évidemment le môme sens. 
Muntaner lui donne celle de catalan (catalanesch), au commencement du 
XIV* siècle, quoique à la môme époque, et jusqu'à la fin du XVI* siè- 
cle, les documents du pays la désignent encore sous le nom de langue 
vulgaire ou romane. 



DOCUMENTS SUR LA LAI^GUE CATALANE 267 

ployé dans les ventes, donations et autres écritures publiques 
rédigées au sud et au nord des Pyrénées. Peut-être donnerons- 
nous un jour les preuves fournies à cet égard par l'étude mi- 
nutieuse des documents originaux écrits en Roussillon et en 
Catalogne à partir de Fan 800 ; mais, dans tous les cas, ce 
travail offrira naturellement plus d'intérêt lorsqu'il nous aura 
été permis de montrer la langue catalane définitivement fixée, 
par la publication d'un certain nombre de textes antérieurs 
à l'an 1350. Il nous sera alors bien plus facile de rechercher 
dans les anciens documents latins les origines, i ou plutôt la 
transmission de la syntaxe et de l'orthographe de la langue 
catalane. 

Quoi qu'il en soit, et pour en revenir à la question qui nous 
occupe aujourd'hui, il y ^ un fait que nous croyons pouvoir 
énoncer dès ce moment : c'est que, depuis le IX® siècle jusqu'au 
XVIIP, la langue vulgaire parlée en Catalogne présente les rap- 
ports les plus intimes et l'identité la plus complète avec celle du 
Roussillon, et qu'elle se distingue en beaucoup de points des . 
idiomes du Languedoc et du pays de Foix*. Il n'y a, pour s'en 
convaincre, qu'à consulter les Chroniques de Jacques le Con- 
quérant et de Bernard des Clôt, et les actes catalans rédigés 
en Roussillon à la fin du XIIP siècle. Cependant il s'introdui- 
sit, dès cette époque, surtout en Roussillon, certaines désinen- 
ces et locutions de provenance languedocienne, que l'on peut 
attribuer à l'influence de la cour de Majorque, qui résidait à 
Perpignan, et aux relations de ses rois avec leur seigneurie 
de Montpellier et les autres pays de la langue d'oc. Mais ces 
introductions étrangères furent entièrement rejetées lorsque 
le Roussillon rentra sous la domination des rois d'Aragon (en 
1344), et, à partir de cette époque, le catalan roussillonnais fut 
absolument semblable à celui de l'autre versant des Pyrénées. 

* Bornons-nous à rappeler ici que, dès le XI* siècle, on écrit à Nar- 
bonne et à Garcassonne atit(haut), decebrai (je tromperai) et farai (je 
ferai), les mots que Ton écrit en Roussillon et Catalogne aU, decehre et 
fare. 



268 DULECTBS ANCIENS 

Quant à la langue des troubadours de la Catalogne et du 
Roussillon, on peut certainement y trouver des mots purement 
catalans ; mais nous la considérons comme une langue litté- 
raire et conventionnelle, exclusivement employée dans ces 
deux pays pour les compositions poétiques, comme on peut le 
voir encore au XIV® siècle,par l'exemple de Muntaner et du roi 
Pierre IV d'Aragon, qui écrivaient leurs Chroniques en prose 
catalane et leurs vers en langue romane provençale. Il n'y a pas 
à s'occuper de ces compositions poétiques et de la langue 
qu'elles ont employée, pour la question qui nous occupe ici: 
bornons-nous à dire que la langue romane des troubadours 
catalans ou roussillonnais diffère essentiellement de la langue 
catalane vulgaire, et celle-ci s'en distingue encore plus, peut- 
être, que de la langue vulgaire du Languedoc. 



Les plus anciens écrits du Roussillon où l'on trouve, non 
pas seulement des traces, mais des expressions et des phrases 
ou formules entièrement catalanes, sont des actes de conces- 
sion et reconnaissance de fiefs, des conventions entre feuda- 
taires et des serments féodaux. Il n'y a pas à douter que ces 
serments ne fussent prononcés en langue vulgaire, pour que 
les personnages, souvent illétrés, qui les prêtaient, pussent biçn 
se rendre compte de leurs devoirs, promesses et obligations, 
et c'est ce qu'indiquent d'ailleurs les fameux serments prêtés à 
Strasbourg en 842. On peut même présumer qu'il en existait, 
dès cette époque, des formules entièrement rédigées en ro- 
man rustique ou vulgaire ; mais il ne nous en est parvenu au- 
cune, et, plus tard, les rédacteurs de ce genre de documents 
se bornèrent à reproduire textuellement certaines parties de 
de ces formules primitives, peu variées il est vrai, mais ce- 
pendant assez nombreuses pour que l'on puisse, avec elles, 
reconstituer, pour ainsi dire, le texte complet du serment ori- 
ginal . 

Le formulaire de ces serments n'a guère varié pendant trois 
siècles; ils ne sont presque jamais datés, et, le plus souvent. 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 269 

ce n'est que par les noms des personnages qui y interviennent 
et par d'autres données historiques qu'il est possible d'en dé- 
terminer la date approximative. Nous n'en connaissons aucun 
d'antérieur au XP siècle en Roussillon ou en Catalogne *. 

Ces actes de prestation de serment continuèrent d'être 
rédigés en Roussillon à chaque mutation de seigneur ou de 
feudataire, jusqu'au milieu du XIIP siècle. Le formulaire 
était toujours le même ; mais, malheureusement, soit que les 
feudataires ou châtelains fussent devenus plus lettrés, soit pour 
d'autres motifs, à partir du XIP siècle les formules purement 
romanes ou catalanes en furent de plus en plus réduites et 
bannies. On les remplaça par une rédaction latine, et il existe 
deux serments prêtés pour le même objet, et pour ainsi dire 
dans les mêmes termes, mais dont l'un, prêté vers l'an 1088, 
renferme plusieurs phrases en langue vulgaire , tandis que 
l'autre, prêté vers 1238, n'en donne qu'une traduction latine 
où l'on ne trouve que le mot hosts comme seul indice de la 
langue vulgaire, qui dut cependant être employée par celui 
qui prêta ce dernier serment, comme par celui qui le reçut. 

* Il est vrai que Raynouard a cité [Choix des poésies, etc., tom. I»'-) 
de nombreux extraits d'uQ recueil de serments (ms. de Golbert) qu'il 
rapporte à Tan 960 environ et qui appartiennent, sinon à la Catalogne, au 
moins au Narbonnais ou à d'autres pays du Languedoc ; mais nous 
sommes convaincu que la date arbitraire de 960 est erronée et que tous 
ces actes appartiennent au XP siècle. Le plus ancien de ces documents 
que l'on connaisse pour le Roussillon est de Tan 1000, et les archives de 
Barcelone, qni avaient recueilli tous les titres des anciens comtes de Be- 
salu, de Gerdagne et de Ronssillon, n'en renfermaient aucun qui dépas- 
sât cette date. En effet, en 1398, Arnaud Porta, régent de la procuration 
royale de Roussillon et de Gerdagne, fit copier à Barcelone tout ce qu'il y 
avait de documents de ce genre concernant les châteaux de ces deux com- 
tés, et, dans la liste encore conservée des serments qu'il fit copier, il n'y en 
a pas un seul qui remonte au delà de Wifred, comte de Gerdagne, c'est- 
à-dire au delà de Tan 1000. On lit en tête de cette liste : Les ruhliques da- 
vcU escrites, foren tretes del arxiu reyal de Barchenonaj e trameses a 
Arnau Porta, régent la procuracio reyal dels comtats de Rossello e Cer- 
danya, lany MCCCXCVIII (Registre XXXI f« 144, de la Procur. royale» 
arch. des Pyr.-Or., B. 350). Aucune des copies d'Ar. Porta ne s'est conser_ 
vée dans les archives des Pyrénéen- Orientales. 



270 DIALECTES ANCIENS 

Comme on le pense bien, d*ailleurs, les formules latines des 
derniers serments, aussi bien que des premiers, ne sont qu'une 
enveloppe transparente sous laquelle on reconnaît, sans la 
moindre difficulté, la langue vulgaire de Tépoque. L'étude de 
ces textes pourrait donc offrir un certain intérêt pour la lin- 
guistique ; mais ce travail serait inutile pour la question que 
nous avons en vue en ce moment, et nous nous bornerons à 
publier les documents où Ton trouve des mots, des phrases et 
formules nettement et franchement exprimés en langue vul- 
gaire. 

I 

Le premier document de ce genre que nous puissions citer 
est l'aveu féodal des justices et droits seigneuriaux du lieu de 
Saint-Jean-Pla-de-Corts, situé en Vallespir, sur les bords du 
Tech, au-dessous de Céret. Cette reconnaissance, faite en 976, 
par une dame du nom de Minimill ou Minimille, à Oliba, comte 
de Cerdagne, Confient, Fonollet, Vallespir et Besalu, a été déjà 
publiée par dom Luc d'Achéry *, mais avec tant d'inexacti- 
tudes et d'erreurs, qu'on peut la considérer comme inédite. 
Nous n'en avons pas l'acte original, mais le texte que nous 
donnons se trouve transcrit avec d'autres titres du XIIP siècle, 
relatifs au même objet, dans l'aveu féodal fait, en 1313, au roi 
Sanche de Majorque, par le seigneur de Saint- Jean-Pla- de - 
Corts. Le rédacteur de ce dernier document a fidèlement co- 
pié les textes originaux qu'il y a insérés, car l'orthographe 
des noms de lieu et de certains mots diffère, selon les docu- 
ments de diverses époques transcrits in extenso dans la recon- 
naissance finale. On ne pourrait guère l'accuser que d'avoir 
doublé la lettre f de deffendere et de n'avoir pas su lire le nom 
Lodouicide l'acte original de 976, qu'il donne par erreur sous 
la forme Lodeuarii, 

(An 976) 

In nomine domini ego Minimille domina de Piano d e Curtis, 
• SpicUegium, tom. 111, page 705, 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 271 

accipio per te Oliba comitem, meum seniorem, ad feudum 
propter hoc quod me et meos semper manu teneatis et deflfen- 
datis et meos, totas meas justicias que sunt meum alod de Pla 
de Curtis et de Boscheros et de Vilarcello et de Oliuis Sobira et 
Inferius et de Palatio et de Casteled. Et ego Oliba comes acci- 
pio te Minemilles et omnes successores qui ibi fuerint, cum 
tota ista honore et totam aliam quam habes, in mea garda et 
deflfensione semper ; et facio statutionem quod meos heredes 
similiter faciant per omne tempus, ita quod tu et tuos suc- 
cessores habeatis semper et teneatis istas justicias de parro- 
chia Pla de Curts et de alia prescripta tua honore a feu per 
me et meos successores, et sic totum dono et firme et laudo, 
videlicet homicidias, cugucias, firmancias et justicias que ibi 
esse possunt. Et insuper vobis dono omnes pasturals, aquas et 
agualSf boschs et meneres presentia et futura, et piscationes, 
sicut pertinere debent ad nostrum senioriuum, de Pog Lauro 
quousque pervenitur ad Volum, et de termine de Cered ad usque 
termines ipsum Volo; et de ipsas tuas justicias et de tes seno- 
rim quas in Volone habes, te et tuos empare. Quod si ego aut 
nuUus homo venerit ad irrumpendum, non hec valeat vindi- 
care, set firma et stabilis permaneant omni tempore. Facta 
est scriptura. V. kalendas augustas. anno. xx^. ii. régnante 
Leutario rege, filio Lodeuarii. sig + i^^^a Minemille. sig -|- 
num Olibe comitis qui ista scriptura feudale seu donationis fe- 
cimus et firmare rogamus. sig -|- num Cimdofredus. sig + 
num Sperandeu, sig -|- num Lunesus. sig -\- num Leupordus. 
sig + num Viuazane.- et est factum in conspectu aliorum 
multorum proborum virorum. 

(Liber fetÂdorum, G, P» 89, v». — Archives du dép, des Pyr.-Or.y B. 16.) 

Les mots et les formes pla, garda, sobira, curts, feu, pastu- 
rais, meneres, boschs, pog, aguals et tes senorim se sont conser- 
vés dans le catalan moderne, qui dit, il est vrai, ayguals et 
senyorius, pluriel du latin senioriuum de l'acte de 976. Le mot 
mènera est plus tard devenu masculin {mener); mais il était 
autrefois féminin, comme le prouve le nom du village du Val- 



2^2 DIALECTKS ANCtENS 

lespir la Mènera, qxxe l'orthographe officielle appelle fort im- 
proprement la Manera, et meneres est un pluriel féminin ca- 
talan parfaitement régulier. Le pronom possessif tes se trouve 
dans un serment de 1088, publié plus loin : cket faca tes osts. 

Le pluriel boschs n'est pas resté dans le catalan moderne, 
qui dit boschos ou boscos, de même que mas a donné au pluriel 
mases et aujourd'hui masos. Ce mot est signalé comme appar- 
tenant à la langue vulgaire dans une sentence de 987, relative 
à un massif forestier du pays de Berga : Ipsa densicula quod et 
rustice nuncupatur bosco * . 

La locution a feu^ traduction du latin ad feudum de la pre- 
mière ligne du document, se retrouve dans le testament de 
Miro, évêque de Gherona et frère du comte Oliba, de l'an 979 : 
qtu>d consentivi a Rodegario a feu * . 

Sperandeu (espère en Dieu) est du pur catalan. 

Quant aux noms de lieu, voici des extraits des documents 
transcrits dans l'aveu de 1313. La reconnaissance du 6 des 
calendes d'août 1264 porte : Minimille condam domina,,, omnes 
pasturas aquas et aquah boschos et menerias, , , de Podio Laurono 
usque pervenitur ad terminos Voloni, et de terminis Cereti usque 
ad terminos predictos Voloni, Dans l'acte de paréage des justices 
du même fief, des ides de février 1269 : in locis de Vilartzel et 
de Castelkt, Enfin, l'aveu féodal du 16 des calendes de juillet 
1313, où sont transcrites les trois pièces ci-dessus, porte : om^ 
nesjusticias castri de sancto lokanne de Piano de Curtibus et ter- 
minorum et territorii eiusdem et de Bosqueros et de Vilarzello et de 
Oliuis superiori et Inferiori, et de Palatiô et de Casteled, 



La conjugaison catalane est déjà complètement formée à la 
fin du X*" siècle, comme on le voit par le serment prêté eh l'an 
1000, par Ermengaud, comte d'Urgell, à Ermengaud, fils de 
Bernard, vicomte de Confient, plus tard évêque d'Urgell : Ft 

* ViUanueva, Viage literario, tom. XV. p. 280. 

^ Bofarull, las Condes de Barcelona vindicados, tom !•'. 



DOCUMENTS î?UR L\ LANGUE CATALANE 27*^ 

de ista ora in antea ego Ermengaude comité suprascripto non 
DECEBRE isto Ermengaude filio Bemardo vtcecomite,,, et adjutor 
ero,,, A tenere et ad ahere sicut Sallane odie teneî^, 

La première personne du futur est déjà connue par le ser- 
ment de 842 {simlvarai eo), et Raynouard en cite divers exera" 
pies des actes prétendus de 960 {vedarai, aucirai, darai, iolrai, 
farai), en ajoutant que « quelquefois ai se changeait en et ou 
e, selon la différence des prononciations *. » Les cas de la 
forme ei ne sont pas absolument inconnus en Roussillon^ 
mais on n'en pourrait guère citer que de rares exemples dans 
les écritures du xi* siècle, et c'est la terminaison e qui a pré- 
valu dès l'an 1000 et s'est conservée dans le catalan moderne. 
Quant à la forme ai, elle n'a pas dépassé les limites du Lan- 
guedoc, où celle en ei était aussi très-commune. On lit dans un 
serment prêté à Narbonne, vers l'an 1020 environ : De ista 
horainantea^ ego Petrus Ameliusde Petra pertusa,,, nonDBBE- 
BREi Berengarium vicecomitem de Narbona^, On ne voit, au 
contraire, que la terminaison e dans le serment prêté à la com- 
tesse de Barcelonne en 1023 : exinde no fen forcarb... infra 
ipsos,,, quadraginta dies que tu men convenras per nom de sacra- 
menty sito drecare o to bmbndare. Et si... no la ^emendava, 

incurram *. Enfin le serment prêté vers l'an 1042 au roi 

Ramire d'Aragon, par Guillaume, évêque d'Urgell, fils de 
Wifred, comte de Cerdagne, porte : De ista kora in antea non 
te DBCEPERE... adiutor Hbi ero per tenere illa que avéras et acap- 
taras qui te voluerint tolre [Marca htsp., n° 225.) 

II 

Le second document que nous publions appartient au pays 

* Villanueva, tom. X, p. 285. 

« Choix des poésies, etc., tom. I", p. 71. 
•'' Hist. de Languedoc, tom. II, preuv. 153. 

* Marca htspanica, Append., n* 196. Les leçons forcare et drecare sont 
conformes à l'ancienne écriture catalane, qui ne connaissait pas encore la 
cédille avant le XII» siècle ; mais les anciens éditeurs ont eu, en général, 
le tort d'ajouter aux textes originaux des apostrophes souvent distribuées 
fort mal à propos. Les textes que nous publions conserveront les accents 
et la ponctuation des actes originaux. 



274 DIALECTES ANCIENS 

deBesaJu : c'est une convention faite au sujet des abbayes de 
Saint-Pierre de Besalu et de Saint-Étienne de Banyoles et 
autres biens, entre Guillaume, fils de Doda, et Raymond, fils 
d'Emma, contre Pierre, Etienne et Bernard, fils de Gerberge, 
et tous ces personnages nous sont aussi inconnus les uns que les 
autres. Cependant le nom de Guillaume, comte de Besalu, 
permet de rapporter cet acte vers le milieu du XP siècle, car 
Guillaume 1", fils de Bernard et de Tota ou Doda, succéda à 
son père en 1021 et mourut en 1052. Il eut pour successeurs 
Guillaume II, son fils, qui est connu comme comte de Besalu 
de 1054 à 1064, et son second fils Bernard, qui remplaça son 
frère aîné dès l'an de 1066. On peut donc attribuer la mention 
du comte de Besalu de notre document à Guillaume 1®' et rap- 
porter la rédaction de l'acte à l'an 1050 environ. 

(Vers l'an 1050.) 
Ego Guilielmus filius qui fui de Doda femina. de ista hora 
inantea non dezebre Raimun filius qui fuit de Em femina. de 
sua uita. neque de suis membris qui in corpus suum se tenent. 
neque de suos castellos. neque de suos feuos. uel alodes. uel 
baglies. neque de ipsa abathia de Saricti Pétri de Bisilduno. 
neque de sua honore que hodie babet. et inantea cum meo 
consilio adquisierit. Et ego Guilielmus prescriptus. ista omnia 
suprascripta [a]ut de ista omnia suprascripta. non o tolre no * 
no len tolrei ad Raimun prescriptum. nec ego. nec homo. nec 
homines. nec femina nec feminas. per meum ingenium. neque 
per meum consilium. Et si homo est aut homines. femina aut 
feminas. qui to[llat au]t tollant. ista omnia supra scripta. aut 
de ista omnia supra scripta ad Raimun supra scriptum. ego 
Guilielmus iamdictus adiutor len seré ad Raimun iamdictum. 
per fidem sine engân, de cunctos homines vel feminas unde 
Raimundus iamdictus me Guilielmum iamdictum comonra per 
nom de isto sacramento. per se ipsum. uel per suos misses uel 
missum. Et de iamdictum comunimentum comonir nom uedaré. 

^ Sic. C'est une erreur du scribe, et il faut lire ne au lieu de no, de môme 
que, plus loin, non auré ne no tenré. 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 275 

Et iamdictum adiutorium sine engan lo H faré. exceptas cor- 
pus de Guilielmo comité de Bisildun. 

Et ego Ghuilielmus iamdictus finem nec treuuam nec socie- 
tatem. non auré, ne no tenré. ab Père et ab Esteuen, et ab Ber- 
nard, fills qui sunt de Gerberga femina. ad illorum ben neque 
ad damnum iamdicti Raimundi. sine consilio iamdicti Rai- 
mundi. Et ego Ghuilielmus prescriptus. infra primos sexsaginta 
dies. que Andréas frater meus aura recobrada ipsa abatia sancti 
Stephani de Balneolas. faré iurar ad Andreu suprascriptum per 
unum cauallarium ad Raimun iamdictum. que non aura finem 
nec treuuam nec societatem ab Père nec ab supradictos fratres 
suos. sine consilio iamdicti Raimundi. Et si Andréas mortuus 
fuerit prescriptus frater meus, ego Guilielmus iamdictus simi- 
liter fare fer ad meum filium. aut ad meum fratrem qui ip- 
sam abatiam abuerit. ad predictum terminum. Et iamdictus. 
Andréas no fenesca iamdicta abadia, ante quam recuperet eam.. 
sine consilio iamdicti Raimundi. 

Sicut superius scriptum est si o tenre et o atendre ego Gui- 
lielmus prescriptus ad Raimundum prescriptum. exceptus 
quantum Raimundus iamdictus me asoluera [sic) suo gradiente 

animo sine forcia. 

(Original. — Charte-partie sur parchemin.) 
(Archives du dép. das Pyrénées-Orientales, série E. — Fonds de 
la famille d'Oms-Calvo-Bassèdes.) 

On remarquera que la première personne du futur prend 
une fois seulement la terminaison et {tolrei)/k côté de celle 
en e [tolre)^ qui se retrouve partout ailleurs, avec ou sans accent. 
Il y a aussi à noter le gl de baglies, qui représente 17 mouillé 
du catalan ballies ou batllies, et surtout le double / du mot 
fills^ écrit exactement comme dans le catalan actuel. C'est 
un cas extrêmement rare, et peut-être n'en trouverait-on 
pas trois autres exemples dans les manuscrits antérieurs au 
XIV« siècle. 

On a déjà vu, en 976, des exemples de la préposition cata- 
lane a (a feu), ou ad devant une voyelle {ad Andreu) ; mais ab 
(avec) est inconnu dans les actes de la Catalogne avant 
le XP siècle, quoiqu'il se trouve déjà, sous la forme latine 



fia DIALECTES ANCIENS 

apud, dans un testament rédigé à Vich en 948 : ipse pullino 
saxo remaneaî ad Ingutlberto apud ipsa sella ; en 972, venerunt 
apud (avec) fratrem Isamum, et dans le testament de Té vêque 
Miro de Q^erona, en 979, alodem quem concamiavi apud (avec) 
sanctum lohannem. Un testament de Tan 1014 donne cette pré- 
position sous la forme conservée dans le catalan : et ipso pullino 
qui est ab ipsas equas remaneat ad Eriballo filio meo. Enfin une 
des pièces que nous publions (1088) porte : ut vadam aput te 
in hosts aput meum conduit et aput meos komines, . . et alberg ai 
ti. Cette prépositon se trouve dans les serments de 842 (ab 
Ludher nul plaid) et, quoique Rajnouard [Choix, etc., t. I", 
p. 346) ait dit qu'il a serait difficile d'expliquer cette prépo- 
» sition ; ce qu'on peut dire de plus satisfaisant, c'est que la 
» langue romane l'a prise à'habere », nos citations prou- 
vent que les Catalans l'ont prise dans la préposition latine 
apud. 

Baluze a publié deux pièces intéressantes qui se rapportent 
aux anciens comtes de Cerdagne, et nous croyons utile d'en 
citer ici tous les passages rédigés en langue vulgaire. 

La première est un serment prêté vers l'an 1064, sur l'autel 
de Saint-Martin de Canigo, par Ermengaud, comte d'Urgell, 
à Raymond, comte de Cerdagne. 

De ista hora inantea, ego Ermengaudus comes. .. non dezebrei 
Raymundum comitem... neque de omnem terram.. de Guifredo 
pâtre suo.., no lo tolre, ne lo len tolre, neldezebre^ nelenganare.,. 
Et adjutor H sere contra cunctos sine suo engan, unde... men 
comonraper nomen de isto sacramento... Et de ipso adjutorio 
nol enganare, ne comonir no men vedare,.. et adjutor en sere 
ad Raymundum... unde men comonra.,, et adjutor /t o * «ère a 
tener et ad aver contra cunctos... et de ipso adjutorio nol enga- 
nare ne comonir no men vedare,,, et istum sacramentum li 
tenre,,. Et si., forsfacturam. . emendare voluerit.. ego., ipsa 
emenda recebre la perdonare, et inantea... sacramentum.. li 

* Il faudrait peut-être lin ou ten, au lieu de Ho. 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 277 

tertre., et similiter o tenre et o atendre ego Ermengaudus . . 
ad uxorem ejus Adala comitissa... Sicut superius scriptum 
est, sio tenre et o atendre ego... ad uxorem ejus et ad filium 
sine engan, exceptum quantum Raymundus vel isti. . . mihi 
men absolvera vel quantum absolverint. . sine forcia *. 

Le second document, daté du 3 des ides de mars 1067, est 
un traité passé àDavejan en Termenès, entre Rengarde, com- 
tesse de Carcassonne, et son beau-fils Guillaume-Raymond, 
comte de Cerdagne. 

(1067) 

Hœc est convenientia quœ facta est inter Rengardis comi- 
tissa et Guillermum comitem generum suum. Convenit Ren- 
gardis... ad Guillermum... ut donet ei Redes cum omni comi- 
tatu Redensi... sine suo engan. Et ipsos castellos quos ego... 
habeo.. in potestate de Guillermo... los mètre et poderos len 
fare sine suo engan, et affidar los si fare ad omnes homines 
qui eos tenent per me... Et de ipsos castellos en' poderosa 
no Si) y adjutor en sere ad Guillermum... Et si ad prœdicta Ren- 
gardis venia en talent que se stegess per so chaball ad una part, 
que tengess Rengardis prœdicta la medietad de les dominica- 

turas et de omnes usus et censos Et item convenit... ad 

Guillermum, ut de ista bora.. in jamdictà omnia encombre no 
H meta per uUum ingenium, ne H faça, ad damnum prsedicti 
Guillermi, et ipsas honores supradictas non do ne les ' donen 
encombre Rengardis prœdicta sine consilio Guillermi... Et si- 
militer convenit Guillermus. .. ad Rengardis.. ut de ista hora 
in antea in jamdictà omnia encombre no H meta ne H faca... et 
de ipsas honores no les do ne les donen encombre Guillermus 
prœdictus sine consilio Rengardis. .. Et ego Rengardis prœs- 
cripta guarents ten sere per directam fidem sine tuo en- 
gan *. 

* Maroa hisp.f n« 259. 

* Erreur: il faut lire on, du latin unde. 

3 II est probable qu'il faut lire ici, et en deux autres endroits plus loin, 
lin ou len^ au lieu de les. 

* Marca htsp.f n° 265. 



^S DIALECTES ANCIENS 

III 

(Vers 1074.) 
Il existe un projet de traité entre Pons, comte d'Empories, 
fils de Guila, et Guilabert, comte de Roussillon, fils d'Alaïz, 
qui ne peut guère être rapporté qu'à Tépoque où celui-ci 
succéda à son père Gausfred, c'est-à-dire à l'an 1074 envi- 
ron . C'est un document fort long, conçu et prononcé en lan- 
gue vulgaire, et très-intéressant pour la philologie ; mais 
malheureusement il nous est parvenu sous l'enveloppe d'un 
semblant de latin, et nous devons nous borner à en donner 
es passages où la langue vulgaire se montre tout à fait à nu. 

(Vers 1074.) 

Haec est notitia de ipsa conuenientia quod Pontius comesfilius 

qui fuit Giia comitissa conuenit et iurat ad Gilabertum comi- 

tem filius qui est de Alaizis comitissa Et item convenit ei 

predictum Pontium adpredictumGilabertum, utperquantas que 

uices podstadmen daras de Ipsum castrum de Beckesen, nolte tolre 

nol te desrochare nol te desuedare. Et simili modo... de castrum 

de Rochaberti,.. et de ipsum chastrum de Rochamora., etut ad- 

iutor illi fiât a tenere et abere ipsum chastrum de FonoUarias. * 

sine suo en^an... Et convenit predictus Pontius ad predictum 

Gilabertum que non mantineat illi hominem neque homines 

feminam uel feminas que ad predictum Gilabertum fatiant 

querram {sic),., et conuenit ut ille ne [sic) commoueat ei 

querram ad predictum Gilabertum.. Et simili modo iurat ne 

convenit predictus Pontius.... quod ipsos sacramentos et 

ipsas convenientias quod Pontius predictus iurat et conuenit 

ad predictum Gilabertum, fideliter mente teneat... Et item 

conuenit predictus Pontius ad predictum Gilabertum quod 

ipsos placitos, quod Pontius placitauerit, de ipsum auere quod 

ille abuerit de ipsos placitos. si Gilabertus ibi non fuerit, non 

abet partem Gilabertus de ipso auere. exceptus de baudia. et 

de batalia, quod diuidant per médium. 

(Original sur parchemin. — Archives du département des 
Pyrénées Orientales, B. 4) . 



DOCUMENTS SÛR L\ LANaÛË CATALANE è?9 

Ce traité fut renouvelé en 1085 entre le même Ôuilabert, 
comte de Roussillon, et Hugues, comte d'Empories ; les con- 
ditions sont les mêmes que celles de la convention de 1074, 
mais le latin en a été fortement amendé, et il n'y a guère que 
la phrase suivante à citer, comme offrant quelques vestiges 
de la langue vulgaire, dans le texte de ce traité, publié par 
Baluze : 

Et ego jamdictus Vga cornes.., adjuvem tibi sine engan per 
quantascunque vices commonueris mihi per te aut per tuis. ut 
a comonir non me vetare, et ita tibi teneam et atendam, etc. *. 

IV 

(Vers 1081.) 
Le serment que nous donnons sous le n® IV fut prêté, vers 
Tan 1081, au comte de Cerdagne Guillaume -Raymond, par 
Raymond-Bernard, vicomte de Gonflent et de Cerdagne, pour 
les châteaux de Joch en Conflent, de Queralt, Miralles et 
Sant-Marti-dels-Castells, en Cerdagne. Nous n'en possédons 
qu'une copie faite, en 1416, d'après un registre des fiefs des 
archives de Barcelone, copie fort exacte d'ailleurs, et nous 
signalerons seulement la double lettre n du mot engannare^ 
par laquelle on a voulu écrire, dès le XP siècle, ainsi qu'on 
le faisait encore quelquefois dans les manuscrits catalans 
du XIV®, ce que le catalan a définitivement exprimé par ny 
Cette question orthographique a beaucoup embarrassé les 
scribes catalans, qui ont hésité pendant trois ou quatre siè- 
cles et ont fini par adopter la solution encore en vigueur au- 
jourd'hui. 

(Vers 1081 ) 
luro ego Raimundus Bernardi filius qui fui Guisle femine. 
fidelis ero ad te Guillemum comitem seniorem meum filius 
qui es Adale comitisse, et sine fraude et ullo malo engenio et 
sine ulla decepcione et sine engan per directam fidem. et de 
ista hora in antea, no dezebre te, prephatum comitem, de tua 

^Marca kisp., n» 297. 



^80 diâlectbs anciens 

yita, neque de tuis membris que in corpore tuo se tenent, 
neque de tuis castris aut castellis, terra et honore, rochis uel 
puis condirectis uel heremis , comitatu uel comitatibus, 
alodiis uel feuis omnibus, uel de aliquo quod hodie habes uel 
habere debes et in antea adquisieris. Et nominatim iterum 
iuro tibi ipsos castellos, scilicet sancti Martini castrum, et 
castellum de Miralies, et castellum de Cheralt, et de Joch, et 
omnes fortitudines que in eo uel in eis modo sunt aut inantea 
erunt, no to tolre, ne ten tolre, ne ten engannare, ne ten dezebre, 
ni to vedare, ne to contendî^e, ni ten contendre, ne consenciens 
ad faciendum hoc no sere per uUum ingenium. Et si homo est 
aut homines femina uel femine qui tibi tollat uel tollant 
vetet uel vêtent predicta omnia aut aliquid de predictis om- 
nibus, ego prefatus Raimundus de illa hora et deincepa ûnem 
nec societatem non aure ni tenre cum illo, uel cum iUis, 
cum illa uel cum illabus, ad ullum illorum bonum uel tuum 
dampnum, donec tu recuperatum habeas hoc totum quod 
perdideris de jamdictis omnibus sine tuo engan. Et adiutor te 
sere a tener et ad auer et a défendre predicta omnia contra 
omnes homines uel feminas, sine tuo engan, tecum et sine te. 
Et tuis inimicis quos sciero guerram fare potencialiter tecum 
et sine te, dum tecum maie stabunt ; et ita ero sine tuo engan 
eorum inimicus, dum tecum maie stabunt, sicut tu ipse, et de 
ipso adiutorio not engannare, ne comonir no men vedare per ul- 
lum ingenium, perquantas vegadas men recherras o men comonras 
per te ipsum uel per tuos misses uel missum.Et/^er^Manto ve- 
gadm men recherras per te ipsum vel per tuos misses uel missum^ 
notvedai'C predictos castellos nec aliquid de fortitudinibus que 
in eo uel in eis modo sunt aut in antea erunt, neque ab fors^ 
factura^ neque sine fors factura, te sine tuo engan poderos ne fare 
de omnibus, sicut prescriptum est, et omnes tuos quos volue 
ris et jusseris. Sine te et tecum societatem non aure ne tenre 
cum tuis inimicis aut inimico, inimica uel inimicas, inôdelibus 
uel inûdele, ad tuum ullum dampnum, me sciente. Justiciam 
neque directum not vedare net contendre, de me ipso neque de 
ullis meis. seniorem nec seniores no fare ni tenre ne affidare. 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 281 

et si factum eum habeo, nol tenre sine tuo saluamento et de 
quanto tu men absoluras. In predictis castellis uUis castella- 
num nec castellanos, castellanam nec castellanas, deinceps no 
mètre ni estalblire (sic), nisi nominatim ipsos quos tu in eis 
elegeris et laudaueris et uolueris, qui similiter eos tibi jurent 
et ego et eodem modo, et potestatem de eis non queram sine 
te. Tuum consilium aut consilia non descubrire ad ullum tuum 
dampnum me sciente. Sicut superius scriptum est de te pre- 
fato Guillemo, si o tenre et o atendre, post te, ad filium tuum 
uel filiam siue ad ipsum uel ipsam cui uel quibus debitaueris 
tuum honorem Cerdanie uel dimiseris uerbo uel scriptis, sine 
tuo uel eorum engan, sicut melius dici uel cogitari de te et 
facere et attendere potest ; et hoc faciam infra primos tri- 
ginta dies quibus mortuus fueris et ego hoc sciero, sine mala 
contencione et sine alio lucro; manibus per suam manum 
apendre predicta omnia, et taie sacramentum len jurare qua- 
lem hodie juro ad te, super altare sacratum et reliquias sanc- 
torum que in ibi habebuntur. Et propter hoc quod superius 
scriptum est mitto in pignora ego prefatus Raimundus ad te 
prephatum comitem et predictos, omnem feuum et hono- 
rem et alodium quod habeo uel habere debeo in totam ter- 
ram tuam uel infra eius termines, ut sicut scriptum est to- 
tum tibi teneam et attendam. Quod si non fecero et ita non 
attendero sicut scriptum est, incurrat prescriptum pignus in 
tua uel, post te, in predictorum potestate, ad faciendum quod 
volueris, et deinceps cuicumque dones predicta omnia, neque 
ego hoc possim querela're nec ullus per me. Sicut superius 
scriptum est, si to tenre et to atendre totum sine tuo engan, et 
post te ad predictos, exceptus quantum uel de quanto tu men 
absoluras tuo uel eorum gradiente animo, sine uUa forda, 
per deum et hec sancta sanctorum, et adhuc ut melius dici 

et cogitari potest ad tuum bene uel, post te, omnium tuorum. 
(Copie sur parchemin faite par Diago Garcia, secrétaire' 
du roi Ferdinand d'Aragon, tenens claves archivi régi* 
Barchinone, d'après un registre dit des fiefs desdites ar- 
chives, le 29 mars 1416.) 
Archives du département des Pyrénées-Orieutales. — H. 3. 

19 



282 DIALECTES ANOIBNS 

Dans le passage Sicut superius scriptum est,., si o tenre, le 
mot si est Tadverbe latin sic, qui a formé le français ainsi et 
le catalan aixi ou axi. 

V 
(Vers 1088.) 

Le serment suivant, que nous donnons d'après l'original, se 
rapporte à Tan 1088 environ, et fut prêté par Raymond Bra- 
cads ou Brachats de Serrallonga ou de Cabrenç, dans le haut 
Vallespir, à Guillaume, archidiacre d'Elne, prenant aussi le 
titre de vicomte en qualité de tuteur de son neveu, vicomte 
de Castellnou. C'est un texte fort intéressant pour la linguis- 
tique, et Ton peut j remarquer surtout la prédominance de la 
terminaison et de la première personne du futur, qui remplace 
presque exclusivement désormais la finale e des textes cata- 
lans antérieurs. 

Caria de Serra longa 

(Vers 1088.) 

De ista hora inantea iuro ego Raimundus filius qui fui Bel- 
lissindis femine; a^e Guilielmo filius qui fuisti Vidiane femine. 
fidelis ero tibi. sine fraude etmalo ingenio. et sine ulla decep- 
tione ; sicut homo débet esse ad suum seniorem cui manibus 
se comendat per directam fidem sine tuo engan. De ista hora 
inantea ego Raimundus prescriptus ; iuro a ti Gruilielmo pres- 
cripto. adiutor te sserei de tuo honore uel honores quas hodie 
habes. et inantea cum meo consilio acaptaras. et de tuos cas- 
tellos. uel de ipso castello que dicunt Castro Nouo et ipsum 
castellum que dicunt Pena^. et ipsum castellum de Montdon*. 

* Le château de Pena, situé sur la rive droite de i'Agii, au-dessous 
d'Estagell, presque â la limite du Roussillon et du pays de Fonoiiet, dé- 
pendait alors des vicomtes de Castellnou, feudataires des comtes de Be- 
salu. 

* Le château de Montdon, appelé de Monte Domno et Mons Boin danâ 
la reconnaissance de 1238, était situé en Vallespir, dans la vallée de 
Montdony, qui débouche aux Bains d'Arles. 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 283 

et ipsum de Serra longa. cum ipsas pertinentias qui perti- 
nent ad ipsos castellos prescriptos. no ten tolrei. nels te tolrei. 
nec ego nec homo uel homines. femina nel feminas. per meum 
consilium. neque per meum ingenium. Et si est homo aut ho- 
mines. femina uel feminas. qui to tola. o ten tola; adiutor ten 
sereiper dreta fide sine engan. et per nomen de Molet^. Et ip- 
sum castellum de Sserralonga potestatem ten darei. sine tuo 
engan. e nol te desuedarei ah forsfeit. ne sine forsfett. per quantas 
uices men comoniras, per te ipsum, aut per tuum missum. uel 
misses, per nomen de isto sacramento. et de comonir nom des- 
uedarei. Et ipsos consilios unde tu me comoniras per nomen de 
isto sacramento. che^ ten cet. no ten descubrirei. Et ipsum tuum 
fratrem. aut tuum nepotem cui tu iachiras, auttestabis tuum 
uicecomitatum. ad illum dabo potestatem de castello de Serra- 
longa, sine tuo engan. et sine lucro quod ei non queram infra. 
XV cim. dies que el men comonira, per nomen de isto sacra- 
mento. 

Sicut superius scriptum est. si to tenrei e to atendrei me 
sciente sine tuo engan. Et ipsos adiutorios suprascriptos. sine 
tuo engan los te farei. 

Ego ^ Raimundus Bracads. conuenio tibi Guilielmo uiceco- 
mite. uel archidiacono. chet faca tes osts et tuas caualgadûs, 
et ut uadam aput^ te in hosts aput meum conduit, et aput meûs 

* Ce nom désigne, sans doute, le château appelé plus tard de Mont Fer- 
rer, situé dans la paroisse de Sainte-Marie-de -Mollet, et il en résulte que 
les seigneurs de Gabrenç ou de Serrallonga dépendaient directement du 
château de Mollet ou de Monlferrer, qui appartint, en effet, à la famille d& 
Gastellnou jusqu'à la fin du royaume de Majorque. 

2 La conjonction che (prononcez que) se présente trois fois dans ce docu- 
ment: la seconde fois, unieuu pronom, chet faca ; dans le troisième cas, 
ched faca, le d final n'est qu'un changement du tj amené par la voyelle 
du mot suivant. 

8 Ces dernières lignes sont cousues au bas de la pièce, avec du fil de 
parchemin; même écriture. 

♦ Altération du latin apud, équivalent du catalan ab employé plus 
loin. 



2b4 DIALRCTES ANCIENS 

homines. et uociferem tua signa* et alberg* ab ti. Et hec omnia 

conuenio tibi cked o faca et to atena. toi sine tuo engan. 

(Original sur parchemin. — • Archives du département des Py- 
rénées-Orientales, B. 72.) 

Ce serment fut renouvelé vers Tan 1238, presque dans les 
mêmes termes, par Bernard-Hugues de Serrallonga, en faveur 
de Guillaume, vicomte de Castellnou (AreAiVes des Pyr,'Or., B. 
72) ; mais cette seconde rédaction est entièrement latine et n'a 
conservé que les mots acaptaras et host en langue vulgaire. 

(De 1074 à 1090.) 

Le serment suivant appartient à la fin du XP siècle, et Ton 
peut le rapporter à Tan 1090 environ, si, comme nous le pen- 
sons, Herre Oliver, qui le prêta pour le château de Salses, 
à Guillabert, comte de Roussillon, est le même qu'un certain 
Peints OUba déjà décédé en 1096, dont il est fait mention dans 
un acte daté du 3 des ides de février 1095, et commençant ainsi : 
ïn dei nomine. ech (sic) scriptura denunciat. qualiier condam Pe- 
trus OUba. donauit filium suum nomine Benedictum. cum sua 
parte de fonte Salsinis. et cum sua parte de molino, et de pisca- 
cione de predicta fonte, domino deo et Sca Maria, que uocant 
Crassam. La donation est confirmée par ledit Benoît, sans 
doute peu après la mort de son père. (Archives du dép. des 
Pyr.'Or., B. 35.) 

Si ridentité de ces deux personnages était bien constatée, 
le serment aurait bien pu être prêté au commencement du 
gouvernement de Guillabert, c'est-à-dire vers l'an 1074. Nous 
en avons l'acte original, et en outre une copie faite en oc- 
tobre 1298, a quadam scriptura scripta in quodam registro (sic) 
pergameneo illustrissimi domini régis Aragonum {Ibid., B. 4). 

^ On a des prises de possession du ch&teau de Montdony au XIIP siè* 
cle, faites en arborant le pennon du seigneur sur la plus haute tour, aux 
cris de Castelnoul Castelnou! et c'est là évidemment ce qu'on entendait 
dans le serment de 1088, par les mots vociferem tua signa. 

^ AlberÇy pr. personne du subjonctif d'alhergar. 



1 »» , 



DOCUMENTS SUR LÀ LANQUE CATALANE 2S5 

Cette copie contient quelques variantes, que nous donnerons 
en note. 

SacramenkUe super castro dé Saisis 
(De 1074 à 1090.) 

Ego Petrus Oliuarii ûlius qui fui Ricsendis ^ de ista ora 
inantea. fidelis ero tibi Gilaberto' comité, filius qui fuisti 
Adaladis oomitissa. sine fraude et ullo malo ingenio. et sine 
ulla deceptione. per directam fidem sine engan. sicut homo 
débet esse suo seniori cui manibus se commendat. Et de ista 
ora inantea ego prediotus Petrus no dedebrei^ te ^veÎB.ium 
Gilahert^. de tua uita. neque de tuis membris qui in cor- 
pus tuum se tenent, neque de tuis honoribus quem hodie 
habes uel per qualicumque modo inantea adquisieris, neque 
de tuos castellos. Sed ' adiutor ero tibi retinere omnem tuum 
honorem per directam fidem sine engan, contra cunctos ho- 
mines uel feminas. qui tibi auferre uoluerit uel uoluerint. Et 
de tuo adiutorio nom desuedarei, ne no ten engannarei. ne a co- 
monir no me • tiedarei, per quantas uegadas lom manaras o men 
comoniras '', per te ipsum aud per tuos misses uel missum. Et 
de ipso castello qui est in uilla Salses potestad no ten uedarei, 
ne estadga per quanta^ uegadas men demanaras per te ne per 
tuos messages, ne per tuo message. Sicut superius est scriptum 
si to faret per directa fide * et sine engan to atendrei, 

(Original sur parchemin. — Archives du département des Py- 
rénées-Orientales, B 4.) 

' La copie de 1298 donne les variantes Riesendis, Guilaberto, Ada- 
laidis. 
'^ Le serment de 1074 écrit ijrilahert. 
^ Copie de 1298, dezebreû 

* Ibid , prephatum GuUahertum, 
K Ibid., set. 

• Tbid., men. 

7 Ibid., comonr(is. 

s La copie de 1298 ajoute avec raison après fide le mot et, qui a été omis 
dans Tacte original. 



296 DIALECTES ANCIENS 

Vil 

Les archives des Pyrénées- Orientales possèdent cinq autres 
serments du XIP siècle, concernant le château de Salses; 
mais, comme nous l'avons déjà observé, les rédacteurs de ces 
documents suppriment désormais le plus possible les mots ou 
formules en langue vulgaire, et il suffira d'en donner seule- 
ment les passages où ces expressions ont été conservées. 

(Vers 1128). — Ego Guillemus de Sabes filius Sibille femine, 

de ista hora in antea tibi Gaufredo comiti Rossilionensi filio 

Agne comitisse ôdelis ero efe vitatua... et de honore. . . quem 

in antea acaptabismeo consilio ero tibi ajudador et valedor sine 

enganno. Et castellum de Salses dabo tibi poder quociens tu 

interrogabis me inde poder, . . Et sicut superius scriptum est 

et legi potest to atendrei e to tendrei sine enganno per deum et 

hec sancta. 

(Copie de 1298 sur parchemin. — Archives des Pyrénées-Orien- 
tales, B. 4.) 

(Vers 1143.) — Ego Gruillemus de Apiano filius Adaledis 
femine, de ista hora in antea tibi Gaufredo comiti Rossilio- 
nensi filio Agnetis comitisse, fidelis ero de tua vita... ero tibi 
adjudadorei valedor sine enganno. Et castellum de Salses dabo 
tibi poder.., et sicut superius... to atendrei e to tendrez,., 

(Copie de 1298 sur parchemin.— Arch. des Pyr.-Or., B. 5.) 

(Ann. 1164.) — Ego Guillemus de Apiano filius Adaledis fe- 
mine. de ista ora inantea. tibi Girardo comiti Rossilonensi. 
filio Trencauelle comitisse. fidelis ero... ero tibi aiudador et 
ualedor sine enganno. et castellum de Salses dabo tibi poder 
quociens tu interrogabis me inde poder. per te. uel per tuum 
message... Sicut superius... to atendrei et to atendrei {sic). 

(Original — et copie de 1298 --Ibid.) 

(1165.) — Procès-verbal de remise du château de Salses au 
comte de Roussillon. 
Anno XI. M°. C. LX. V. idus setembr. feria. ii. circa me- 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 287 

ridiem; ipse Girardus cornes quesiuit castrum de Saisis Guil- 
lemo de Apiano quod iurauerat ei se redditurum qotiens illud 
teneret. dum ipse uel aliquis per eum illud teneret; et 
noluit illud ei reddere. et hoc fuit in presentia. G. de Castro 
Rossilione. et Segarii de Paracols. et B. de Cocoliberi. et 
Bernard! de Tacione. et Ademari de Mosset. et Arnaldi de 
Canaueles. et G. de Monte Rug. et R. de ludaicis. et Ber. 
de Lupiano. et Pétri Arbert. Postea reddidit illud ei. xi. die. 
vmj. kal. octobr. feria .v. circa horam nonam. 

(Original sur parchemin.— Jbid.) 

(1172, le 8 des cal. d'août.) — Serment prêté pour le châ- 
teau de Salses à Ildefonse, roi d'Aragon et comte de Roussil- 
lon, par Guillaume de Fia ou de Apiano, fils d'Adaled, selon la 
formule et les termes de ceux qui précèdent, sauf la finale e 
au lieu de et au futur {to atendre et to tenre). 

(Copie de 1298 sur parch.— Arch. des Pyr.-Qr., B. 7.) 

Les autres serments féodaux prêtés en Roussillon au dou- 
zième siècle, et jusqu'en 1250, conservent toujours la formule 
des serments antérieurs avec quelques mots en langue vul- 
gaire, mais de plus en plus rares et perdus dans la rédaction 
latine. Nous n'y avons du reste relevé aucune * locution nou- 
velle ni aucune forme intéressante, et il faut se contenter de 
constater que la terminaison e du futur, qui semble avoir 
disparu des actes rédigés en Roussillon à partir de l'an 1080 
environ, est reprise à partir de la réunion du Roussillon à la 
couronne d'Aragon (1172) et devient la seule forme employée 
dans les siècles suivants. 



* Citons, toutefois, un passage du serment prêté à Raymond-Berenger 
de Ganet, par Pierre de Gornella, au sujet du fief de Mossellos, le 4 des 
ides de mai 1148 : « Juro tibi Dalenciam de cunctis hominibus et de tuo. . . 
honore . .. et delà chasa de Mosselons potestatem ten dunare per tu aut 
piir tuos missos. . sic teneam tibi e to atendre. 

(Âicliiyes de l'hôpital Saint-Jean de Perpignan, parchemin n^ 1, liasse 30.) 



888 DIALECTES A^C1ENS 



VIII 

n n'j a pas une seule des expressions soulignées des textes 
qui précèdent qui n'appartienne à Tancienne langue romane ; 
mais il n'y en a pas non plus une seule, sauf le pronom a ti 
(serment de 1088®), qui ne se retrouve encore aujourd'hui dans 
la langue catalane. Nulle trace, d'ailleurs, de la règle de la 
lettre s conservée ou supprimée comme indice du sujet ou du 
régime, règle admise et prouvée 'd'ailleurs pour l'ancienne lan- , 

gue romane, mais complètement inconnue dans le catalan. Il 
n'j a que l'exemple de l'adjectif ou participe guarents d'un 
serment de 1067, et nous devons ajouter que ce même mot se | 

retrouve sous la même forme dans des actes roussillonnais du I 



XII* siècle. C'est une expression d'origine germanique, et l'on 
n'en saurait rien conclure pour une langue presque entière- 
ment originaire du latin. Qu'y aurait-il d'ailleurs d'étonnant 
à ce qu'il j eût d'autres exemples de sujet avec s au singulier, 
dans des serments religieusement, et l'on peut dire fastidieuse- 
ment répétés, avec les mêmes formules et dans les mêmes 
termes? C'étaient pour ainsi dire des textes officiels, et il j a 
lieu plutôt d'être surpris qu'ils n'aient pas conservé de plus 
nombreuses traces des règles du latin et dû roman primitif. 

Ce n'est pas, après fout, dans ces serments ou conventions 
à formules immuables qu'il faut chercher la marche et les pro- 
grès de la langue usuelle ; c'est surtout dans les donations, 
ventes, testaments et autres actes de la vie privée, que l'on sur- 
prend à chaque pas la langue catalane parlée, sans que le la- 
tin qui la recouvre puisse en déguiser les formes ou la couleur. 
Le Roussillon n'a guère que des documents de ce genre à citer 
pour tout le XII® siècle et partie du XIIP ; mais tous ne décè- 
lent que la langue catalane pure, et il suffira d'en citer un exem- 
ple. C'est la concession de droits féodaux dans la paroisse de 
Custoja, en Vallespir, faite le 2 des calendes de novembre 1168 
par Tabbé d'Arles, en faveur de Bertrand de Buada : en voici 
quelques extraits : 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 289 

Ego Raimundus dei gracia abbas Arularum,. dono tibi Ber- 
trando de Buada.. feuum in honore de Custodia quem nos ibi 
hebemus, apud mansum de Buada,., item borda de Podio Ala- 
mir, et aliam de Frigide Pestel,.. et aliam de Bag, et aliam de 
Toron, et aliam de Bernardo Bofil, et aliam de Ker ; et decimum 
de mil et de duada,.. et mansum de Richa,. et omnes exidas 
eiusdem . et defensam piscandi in Tec, Et in parrochia S'^ 
Marie de Custogia.. tascham milii de Prouedonegs,. ethabeas 

X. sest. desegle currentes.. et duos sest. de frumento rases 

In manso de Castaner, pro baiulia pernam unam... et. i. mi- 
geram de ciuada ad mensuram Petralate, pro albergua. et i. sest. 
current de ciuada et i . porc de trescol uel xx . den. Rossilio- 
nenses. et de palea i. fex, et iiii. gardes de ciuada, et i. ioua, 
et II. panes de segle, et i. jomal a segada, et ad Pentecos- 
ten accapte de ouis et formaticis. et in festivitate Abdon et 
Sennen, acapte quem ad nos déferas, et ad sag . i . eminam 
uini... In manso de Chera similiter, pro molendino i. migera 
current de blad,. et in Mansis de Buxo.. de Pomareda,, et Rai- 
mundi Rossel de Planes ^ similiter. in manso de Fageda, , in manso 
de Verdegario.. in manso de Lupera. . in manso de Plana.,. 
in manso d£ Serra,, in manso dePalome7\ , in manso de Credma- 
dels,, in manso de Orri,, in manso de Boscherons, pro alberga i. 
miger de ciuada et ini. garbes de ciuada et i. fex de palea.. et 
déférât carbonem ad fabrega de Roirus,, et in manso de Cer- 
dans.,. Et si abbas uadit in ost, ubi Bertrandus uadat, eat 
cum illo... In manso de Fag un. garbes eti, fex de palea.. in 
manso de Muntada i . jomal a segada et m . garbes et i. feix de 
palea.. in manso de Chered i . miger de duada,, et i . ioua cum 
II. panes et i. iornal a segar et oua et caseos.. in manso de 
Calais I . iornal a ssegar et im . garbes,.. in borda de Cremadels 
i , fex de palea et i . sester ras de ciuada, . in borda Pétri de Pe- 
rer.. in borda Feiri Nouel.. in manso de Monte Capel... in 
manso .rfe Noger.. in manso de PuioL, in manso de Uernedes,,, 
Borda de Tarter., et Plan Castaner,, et borda Belueder., et 
mansus de Verdeger,, et Arnallus de C^era faciant espadadas 
ad Buadam, sicut alîi mansi ad scam Mariam. In supra dicto 



290 DIALECTES ANCIENS 

honore, si bos aut uacca moritur aut ita cadat ut inde moria- 
tur, habeasi. co5:a.... Quando homines de Custodia faciant 
iomals ad scam Mariam... et logers quos sag accipit, habeat 
per te et per nos. Et tu Bertrannus defendas totum supradic- 
tum honorem de omnibus hominibus secundum tuum poder, 
excepte contra nos... In manso de Budac habeas m . migers de 
segle et i . mengar cum duobus sociis sine ciuada, quando men- 
surabis expleta. et in ipso mensurar sit ipse operarius, et 
donet tibi unam gallinam et i . fogaca ipse rusticus in Natale 
domini. et tu dones ei i . mtger uini ... In manso de Serrad de 
Villa Rubea, i. migeram de hlad de braccagge, et i. leuadam de 
porc, et m. manas de lino^ et i. manjar cum uno socio. Mansus 
efe iVo^er similiter, excepta wna mana Uni... Borda Laurencii 
de Manso, quam tenet per scam Mariam, dabit mangar soli tas- 
cario, quando leuauitaream.... Mansionarius de Podio habeat 
terciam partem de kastaneta quam tenet per te. et tu duas. 
Petrus de Planes similiter.. Arnallus de Planis unam mige- 
ram de castaneis. R. Rosseilon similiter.. de manso deColomer 
habeas redecimum. . . Actum est hoc. n. kal, nouembris anno 
domini M°. C**. LX.VIIP. régnante Ludovico rege inFrancia. 
-j- Dompni Raimundi abbatis... -)- Bertrand! e/e Buada,. -\- 
Petri de Mataplana archidiachoni.. -(- Guillemi de Torderes. 
-\- Bernardi de Bag decani.. -{- Bernard! de Orri. -(- Maca- 
ned., -{- Pétri de Pomereda,,, 

(Parchemia. — Archives du département des Pyrénées-Orien- 
tales. — B. 79). 

Nous avons souligné dans ce document tous les noms pro- 
pres et toutes les expressions qui ne sont que du pur catalan, 
et il en coûterait peu de supprimer les terminaisons latines 
des mots feuum, decimum, redecimum, defensam, tascham, per- 
nam, manso, palea, eminam, buxo, lupera, carbonem, ovum, ho- 
nore, bos, expleta, natale, operarius, tascario, Uni, levadam, man- 
sionarius, castaneis et autres, pour avoir, avec les modifications 
orthographiques venues depuis le XIP siècle, les mots catalans 
feu, deume, redeume, defensa, tascha, pemd, mas, palla, emina, 



DOCUMENTS SUR LA LANGUE CATALANE 291 

boix, llobera, carbo, ou, konor, bou, esplet, nadal, obrer, tas- 
quevy lit, llevada, masover, castanyes, etc. Autrement dit, sauf 
quelques formules qui se rattachent au latin classique, tous les 
actes du Roussillon, depuis le IX® siècle jusqu'au milieu du 
XIP, ont été conçus ou rédigés en langue vulgaire ou cata- 
lane, et les mots en ont été tout 'simplement revêtus de ridi- 
cules traductions ou terminaisons latines. 

Alart, 

Archiviste du département des Pyrénées-Orientales. 



ARCHIVES DE MONTPELLIER 



IV 

LE CATALOGUE DES CHAPELLENIES 

Ainsi que je l'ai dit dans ma précédente publication, le 
Catalogue des Chapellenies fait suite, dans le même volume, à 
V Inventaire des archives de la Commune Clôture^, et n'en est, 
à bien considérer, que la continuation. Même écriture, même 
esprit de rédaction, mêmes intérêts. 

C'est qu'en effet les seigneurs Ouvriers joignaient à l'ad- 
ministration de la Comuna Clausura, qui était leur office prin- 
cipal, celle de l'œuvre des Chapellenies, de Vobra de las Cape- 
lanias (a. 170). 

On nommait Chapellenies des fondations de rente perpé- 
tuelle, établies dans le but de faire dire des prières pour les 
morts. Je n'ai pas besoin d'ajouter que ces établissements 
n'avaient lieu, dans le plus grand nombre des cas, qu'en vertu 
de clauses testamentaires et d'après les indications des défunts. 

Comme ces sortes de fondations étaient très-nombreuses au 
moyen âge, nos pères, craignant que le clergé ne s'enrichît 
outre mesure et ne parvînt à posséder trop de puissance, s'il 
accumulait entre ses mains tous les biens légués, et désirant, 
d'autre part, que la volonté des morts fût respectée , crurent 
satisfaire à toutes les exigences en confiant, d'un commun 
accord, le patronage effectif de ces fondations pieuses aux sei- 
gneurs Ouvriers. Leur administration jouissait d'une grande ré- 
putation d'honnêteté et d'esprit de justice, et offrait en outre 
toutes les garanties possibles de bonne gestion et de conser- 
vation. 

La conséquence de cet accord, si honorable pour elle, fut 
que la Commune Clôture se trouva maîtresse, pendant plu- 
sieurs siècles, de biens de la plus grande valeur, à la seule 

* V. la dernière livraison de la Revue, II, % p. 146. 



LE CATALOGUE DES CHAPELLBNIBS 293 

condition de tenir et de faire tenir les clauses testamentaires 
énoncées. 

Cela explique d'une façon suffisante, sans qu'il soit néces- 
saire d' j insister, pourquoi Ton trouve dans nos archives, non- 
seulement les actes relatifs à la fondation et à la tradition des 
Chapellenies, mais encore un inventaire précis, quoique ana- 
lytique, de ces mêmes actes, lequel est le Catalogue que nous 
publions. 

Ce n'était pas, d'ailleurs, la seule marque de confiance 
qu'eût reçue la Commune Clôture : elle possédait plusieurs 
autres patronages plus ou moins importants, parmi lesquels 
il convient de citer le patronage des biens et des posses- 
sions du monastère des religieuses de Saint-Gilles (V. art. 168, 
153 et 59). Ces remarques n'ont rien d'oiseux, en ce sens 
qu'elles font connaître l'estime que l'on avait pour le carac- 
tère et la sagesse de cette curieuse administration. 

Il serait difficile de dire à quelle époque et comment les 
seigneurs Ouvriers furent chargés, pour la première fois, de 
la surveillance et de la direction des chapellenies. Y eut-il un 
établissement consulaire spécial? Y eut -il purement et sim- 
plement une de ces ententes communes comme il s'en pro- 
duisait souvent dans ces petites républiques municipales, où 
l'esprit d'association était si ingénieux et si hardi ? C'est ce 
que j'ignore. 

Ce qui semblerait néanmoins une preuve à l'appui de la 
dernière de ces suppositions, c'est que, même à l'époque où 
l'usage de fonder de ces chapellenies était dans toute sa 
puissance, les seigneurs Ouvriers étaient encore particulière- 
ment désignés, par les testateurs, co;nme devant être les pa- 
trons de la chapellenie instituée ; on peut en conclure , ce 
me semble, qu'il n'y avait pas de texte de loi obligatoire. 

Il est vrai qu'ils se disent, en général, patrons de toutes les 
chapellenies, de lasquals em patros, comme s'exprime le préam- 
bule du manuscrit; mais il n'en est pas moins vrai aussi qu'ils 
se disent également patrons de chaque chapellenie, prise à 



294 DIALECTBS ANCIENS 

part et indépendamment, comme s'il n'en était pas de même 
des autres. 

« Item, I carta de acapte dat per los senkors obriers, patros 
de la capelanie de sen Johan Bertholmieu, . . . ( a. 94). — De même , 
I charte concernant Y acapte donné par les ouvriers, patrons 
de la chapellenie du sieur Bertholmieu » 

Cette expression, qui revient souvent, n'est pas ici une vaine 
formule, mais bien T affirmation très-précise d'un droit parti- 
culier. 

Une preuve que Ton pourrait invoquer encore, c'est qu'on 
était parfaitement libre de choisir tels ou tels autres patrons, 
pris dans la famille, avant que d'en arriver définitivement au 
patronage des seigneurs Ouvriers. Les exemples abondent : 
Dona Mirabels ne les nomme expressément qu'après son 
héritier, e aprop sosjoms son patros los senhors Obriers (a. 18). 
Deux frères instituent pour patrons, d'abord leurs héritiers, 
puis les héritiers de ceux-ci en ligne directe, e fes patros de 
la dicha capelania los hères sieus els hères d'aquels procezens del 
mascle^ et ne désignent les seigneurs Ouvriers qu'après l'ex- 
tinction de la famille , et aprop los senhoms Obriers de la Co- 
muna Clausura de Monpeslier (a. 112. — V. aussi les a. 11, 
24, etc. ) 

Les titres de constitution de chapellenie sont presque tou- 
jours, comme il a été dit, des testaments. L'article 90 nous 
donne la forme la plus ordinaire de leur inventoriation : 

« Item. Le testament de M. Jean Mounier, prêtre de l'é- 
glise Saint Denis, par lequel il fait connaître sa volonté qu'une 
chapellenie soit instituée et des prières dites à l'autel de 
Saint Raynier de ladite église. Fit le testament M. Vivien de 
Prades, notaire, l'an 1318, le X des calendes d'octobre. » 

Les seigneurs Ouvriers nétaient pas de simples exécuteurs 
testamentaires, selon le sens absolu du mot^ mais bien de vé- 
ritables héritiers, dans toute la force du terme. Notre manu- 
scrit ne laisse aucun doute à cet égard : 

« Item^ Le testament de M. Philippe Robert, par lequel il 



LE GÀTALOaUE DES CHAPELLENIES ^95 

ûi héritiers, pour la moitié de ses biens, les seigneurs Ouvriers, 
en loqual fes heretiers los senkoms Obriers per la mitât, et pour 
l'autre moitié les frères carmes. )> (a. 99.) 

Nommer les seigneurs Ouvriers héritiers, — • les iustituer pa- 
trons de] la chapellenie, — ou encore laisser ses biens pour 
Tamour de Dieu, per amor de Dieu (a. 24, etc.), sont, dans le 
langage du temps, des expressions tout à fait identiques. 

Il est bon d'ajouter que la consécration de la chapellenie 
était quelquefois conditionnelle. Un testateur n'en fonde une 
que dans le cas où ses enfants ne lui survivraient pas (a. 46) ; 
un autre, que dans le cas ou ses fils mourraient sans héri- 
tiers (a. 85). 

Les clauses testamentaires concernant la chapellenie avaient, 
pour l'exécution, des formes extrêmement variées, qu'il est 
peut-être bon d'indiquer brièvement. 

Lorsque le legs consistait en biens fonds, les seigneurs Ou- 
vriers les donnaient en acapte, ce qui veut dire que l'acqué- 
reur en avait la propriété, à la charge toutefois d'en payer la 
rente stipulée, à perpétuité, lui et ses successeurs. Les arti- 
cles 118 et 119 nous offrent un exemple de la constitution de 
la chapellenie et de la remise en acapte : 

« Item. I charte indiquant comment les seigneurs Ouvriers, 
patrons de la chapellenie fondée par le sieur Bernard Bonoreg, 
parcheminier ou mercier, de Montpellier, achetèrent pour la- 
dite chapellenie, du sieur B. de Roquemaure, changeur, de 
Montpellier, une pièce de terre de vigne, en franc alleu, située 
au ténement des Trencats, Fit la charte ledit M. Helies, 
l'an 1364. 

» Item, I charte indiquant comment les seigneurs Ouvriers, 
patrons de ladite chapellenie, donnèrent cette vigne en acapte 
à G. de Roquemaure, à la charge d'en payer la rente perpé- 
tuelle {usatgi) de XV sous. Fit la charte ledit notaire. Tan et 
jour que dessus.» 

11 est bien entendu que tout le monde était apte à recevoir 
de ces acaptes^ même le prêtre, en spécifiant toutefois que c'é- 
tait en son nom personnel, comaprivada persona{B,. 198). 



Sd6 DIALECTES ANCIENS 

Uacapte était la forme habituelle ; aussi n'était-ce guère 
que de la volonté des défunts que le bien était vendu et sa 
valeur placée en rentes sur hypothèques (a. 84,90), ou que 
le legs, fait en argent monnayé, recevait une destination 
semblable (a. 9, 28, 98, 101, etc.). Quoique la rente de ce 
genre pût recevoir toute la force de la rente de Vacapte^ 
c'est-à-dire quoiqu'elle pût être considérée comme matgiy 
on préférait cependant Vacapte réel, qui offrait au régime fis- 
cal d'alors de plus grandes facilités de surveillance et de ges- 
tion. 

Aussi, lorsque le legs était en espèces, en achetait-on immé- 
diatement des terres, que l'on remettait ensuite en acapte. 
Les articles 14 et 15 donnent un exemple d'achat et de trans- 
mission de ce genre : 

(( Item, La charte d'achat par les seigneurs Ouvriers de 25 sé- 
terées de terre, au terroir de Mauguio, pour la chapellenie 
fondée par M. Bernard Saurel, prêtre. Ladite charte fut faite 
par M® Helies Lambert, notaire, l'an 1344, le 8 octobre. 

» Item. Et la charte d'acapte de ce bien, donne à en Jean 
Jacme, tanneur, à la charge de payer pour usatgi 21 setiers 
de blé. Faite par M® Helies Lambert, notaire, l'an 1344, le 
8 octobre.» 

Si le legs était insufûsant, les seigneurs Ouvriers ne consti- 
tuaient qu'une part de chapellenie (a. 11), ce qui ne donnait 
droit probablement qu'aune part de prières. En général, pour- 
tant, les legs étaient de si grande valeur qu'ils suffisaient à 
constituer plusieurs chapellenies (a. 19, 23, 48, 84, 164, 168, 
316, etc.). 

Pour ce qui concerne la rente, elle était remise, à chaque 
saison, soit en argent, soit en nature (a. 130, 165, etc.), au 
chapelain. 

La tradition de ces acaptes ne pouvait avoir lieu dans 
aucun cas, qu'il s'agît de succession (a. 152), — lieuration (a. 
148),— institution de hères (a. 153), — remission (a. 174),— 
dation en pagua (a. 178), — estauh (a. 193) ^-^permutation (a. 



LE CATAXOaUE DES CHAPELLENIBS 297 

202), etc., que du consentement des seigneurs Ouvriers. Aussi 
les voyons-nous, à tout instant, faire acte d'autorité, affirmer 
leurs droits de patronage et consigner la chose dans leurs 
archives. 

Ils avaient pour les aider dans cet office, à part le clavaire, 
le notaire et les agents de la Commune Clôture, remplissant 
les mêmes fonctions pour tout ce qui concernait les chapelle- 
nies, un légiste chargé du contentieux, sous la curieuse déno- 
mination de procurayre de las armas (a. 54), procureur des 
âmes du purgatoire. 

La prévoyance de nos aïeux eut pendant fort longtemps de 
bons résultats : elle mit une limite à [la cupidité et à la puis- 
sance du clergé. 

Il faut dire sans doute que la rente, s'immobilisant par 
suite de la désignation de la chapelle ou même du chapelain 
( a. 87, 100 ), et aussi que ce dernier se faisant accorder une 
part dans la gestion de ce qu'il finissait par considérer comme 
son bien propre (a. 180, 187, 189, 198, 203), ces deux causes 
devaient suffire, à la longue et par la seule force des choses, 
pour amener la transformation des chapellenies en bénéfices . 
Néanmoins, les seigneurs Ouvriers méritent de recevoir ce 
témoignage, qu'ils firent durer l'ancien état de choses jus- 
qu'à la fin de la Commune, et que ce ne fut que par le fait de 
la volonté royale, commandement et injonction expresse 
(a. 47, etc.), qu'il y fut porté atteinte. 

Le préambule du Catalogue des chapellenies est le même que 
celui de V inventaire delà Commune Clôture^ ;\e copiste ne s'est 
pas même donné la peine de modifier les conséquences qui ré- 
sultent des mêmes considérants, en tenant compte du nouveau 
manuscrit. 

Il est évident, en effet, qu'au lieu de : e premieyramens los 
encartamens del digh nostre ofici de Vobra, enaysi quant se sec, 

^ Sauf la dalô, 1378 au lieu de 1377, quoique les Ouvriers indiqués 
soient les mêmes que ceux de cette dernière année; il s'agit probablement 
de la fin de leur administration . 

20 



298 DIALBCTBS ANCIENS 

il aurait fallu : e secundamens los encartamens de las capelanias, 
etc. 

Le travail d'inventoriation paraît avoir été fait avec soin. 
On cite une charte dont on possède Tindication, et qui ne se 
retrouve pas (a. 113) ; on cite une chapellenie dont on ignore 
l'origine et le fondateur, faute de documents (a. 8); enfin 
on ne manque pas d'observer, lorsqu'il s'agit d'actes tran- 
scrits, si les originaux sont encore aux archives de l'œuvre 
(a. 195, 232). 

Les divisions de ce travail sont les mêmes que celles de l'in- 
ventaire qui précède ; la chose s'explique en ce sens que les 
actes des deux administrations étaient couchés sur les mêmes 
registres. 

La première partie est donc, comme on l'a déjà vu, l'inven- 
taire des chartes proprement dit (a. 1). 

La seconde, le répertoire du livre de notes de M® Helies 
Lambert, connu sous le nom de Libre cubert de post (a. 114). 

Les troisième et quatrième, les répertoires des deux livres de 
notes. Libre de notas (a. 170 et 201) de M® Jacme de St- 
Johan. 

A ces indications principales le Catalogue des chapellenies 
en joint plusieurs autres qui lui sont particulières, et qui ont 
l'avantage de nous faire connaître d'anciens livres ou re- 
gistres de nos archives : 

1° Le livre aux armes de l'œuvre, lo Libre en que son las 
armas de l'obra, sur un cahier {cazem) duquel le notaire 
Helies Lambert avait noté un certain nombre d'actes (a. 166 à 
170); 

2® Le livre en papier, couvert de parchemin et portant le 
signe d'une couronne, Libre de papier, cubert de pargamin, 
senkat sus lo dos de la corona, où le notaire, M* Jacme de S.- 
Jolia, avait noté une charte (a. 233 à 235) ; 

3° Le livre enchaîné de l'œuvre, lo Libre de la cadena de 
l'obra{ei. 30). Quoiqu'il soit dit, à propos d'une charte de 
1361 : E es la nota en lo libre de la cadena cubert de post de la 



LE CATAliOGUB DES CHAPELLBKIES S99 

dicha obra 'a. 77], il ne faaî pas le confondre avec le librt 
cubert de po$t de M* HeUes Lambert, puisque Tarticle précé- 
demment cité les distingue soigneusement : 

(( Es la carta en lo Librt de la cadena de robra^ mays es notada 
a plen en lo Libre de las notas del digh notari, — Cette charte 
se trouve indiquée dans le LiTre enchaîné de TœuYre, et tran- 
scrite dans le Livre des notes dudit notaire » ; 

4° Enfin le livre du papier du manifeste, lo Libre del papier 
del manifest (a. 227;. Il semble que c'était une sorte de jour- 
nal, où Ton consignait sommairement, au fur et à mesure, tous 
les actes de Tadministration. Il est dit, après l'article d'un 
testament ordonnant d'acheter des rentes : « E son compradas 
las rendas, ayssi quant apar el Libre del papier del manifest 
(a. 223). — Ces rentes ont été achetées, ainsi que cela résulte 
du Livre du papier du manifeste. » 



300 DIALECTES ANCIENS 



TABLE 



Du ms. De l'édition 

F® 17, r°.— Inventaire des chartes proprement dit.. Art. 1 
Ces chartes étaient contenues dans plu- 
sieurs cassettes, dont trois sont indi- 
quées : 
1® Cayssa longa (a. 31) ; 

2° C. de noguier, en laquai son las armas 
dels senhors obriers (a. 97). . v . . 

3° C. longua estrecha (a. 109). 

Diverses boîtes : 

1" Massapan senhat d'aytal senhal (a. 348) . ^^ 



Q 




2° M, de Berenguier de Meyrueys (a. 110) ; 

3° M, senhat d'aytal senhal (a. 236) T 

Des sacs (a. 13, 25, 45) et des rouleaux 
(a. 7). 

Quelques-unes de ces chartes étaient con- 
servées dans YEscrin de Vobra, en mas- 
sapan (a. 236). 

II 

po 29^ po. — Répertoire du Libre cubert de post de 

M« Hélies Lambert 114 

III 

F® 38, r°. — Répertoire du Libre de las notas de 

M* Jacme de S.-Johan 170 

IV 

F° 43, r°. — Répertoire de Vautre libre de M® Jacme 

de S.-Johan 201 



i^ CATALOGCJE DBS CHAPELLENIBS SOI 

1) (F* 17, r*) EN NOM DE NOSTRE SENHOR* DIEU 
Jhesa Crist, e de madona sancta Maria, verges, majre sieua, 
e de tostz * los sans e las santas ' de paradis, sie tagh. Amen. — 
En Fan de la encamation M.CCC.LXXVIII. Nos, Steve de Cla- 
piers, Bernât Jaadon, Daade Astrac, Johan Navars, Peyre 
del Yalat, Benezeg Oliva, Marc de Cabanas, obriers de la 
ComnnaClaasurade Monpe jlier, sabens et atendens que la uti- 
litat pablica deu esser preferida a la privada, e que memoria 
d'orne passa (e per so fon trobada escriptara), car leugjej- 
ramens las causas que se tresparton * de nna génération en 
antra, tombon en oblit, si non son avivadas per beneficî d^es- 
criptura ; per so, afin de memoria perpétuai : nos vezems ' que 
los encartamens pertocans a nostre digh • offici, quant ' per lo 
fa^* de la dicha obra, coma per las capelanies', de lasquals 
empatros, per negligencia lo temps passât*", non son escritz 
ben governan,avemfagh*^ scrieure en aquest libre e registrar 
per manie jra de enventari designans *' los digtz ** encarta- 
mens per orde. E premiejramens los encartamens del digh 
nostre offîci de Tobra, en ajsi quant se sec. 



2) PREMIEYRAMENS III cartas, de lasquals la una con- 
ten cossi en Rajmon Maurin compret de possessyos en franc 
alo,que son prop lo pos de sant Jorgi, e fonc fâcha per maistre 
Pons Lemozin, notari, Tan MCCLXXXX. pridie idus Janua- 
rii. Ë las autres doas son ensem liadas. 

3) (F° 17, v°) Item. Lo testamen de sen. P. Parrocha que 
ordenet doas capellanies, de lasquals la una es sobre un hos- 
tal que es prop lo portai de sant Gili, en la carrieyra d'en Va- 
lentin, loqual hostal aras ten maistre P. del Pont, donat de Sant 
Johan. E Fautra capellanie sobre los autres sieus bens. Fagh 

* Var. de l'autre préambule: Senher.— - Totz.~- ^ Sanctas.— * Trans- 
porton. — s Vezem. — " Dich. — "' Tant. —^Fach, — » Capelanias. t-, 
*" Passais. — ^^Fach. — ^^Ipesignan . — ^^ pisU. 



30S DIALECTES ANCIENS 

per maistre P. Maiorin, notari, Fan MCCCXLVII, a VIIII de 
May. 

4) Item. Una carta de compra de una vinha que es a la 
Mota en franc alo, de la capelanie que ordenet sen Duran sag- 
najre, fâcha per maistre Jacme de sant Johan, notari, Tan 
M.CCC.LXII. A VIII de juU. 

5) Hem. Mays III cartas que pertenon a la dicha capelanie. 
Son totas IIII ensemps. 

6) Item. XYI cartas e plus que pertenon a la capelanie de 
sen Johan Ros, pasticier, laquai capelanie se décanta a la 
gliejza de santa Anna. 

7) Item. De cartas de reconoysensas que son totas ensemps 
en I roUe. 

8) Item. V cartas que pertocon a I possession en franc alo 
que es a Bonieyras, laquai compret en Bernât Pages. Ë non 
sap hom a quai capelanie pertenon. 

9) (F® 18, r*) Item. Lo testamen de sen P. de Mascon, ar- 
gentier, en loqual testamen ordenet II capelanies, delasquals 
la una si deu decantar a Nostra Dona de Taulas, e Fautra a 
sant Aloy, per lasquals capelanies laysset IIIIC lieuras. 

10) Item. Mays ordenet que aprop la mor de sos enfans 
dona Alayseta, sa molher, aytant quant estara ses marit, ten- 
gues sos bens. E aprop se, desson per amor de Dieu. Fes lo 
testamen maistre P. Majori, notari. Fan MCCCXLVIII,a XVII 
de jun. 

11) Item. Lo testamen de sen Thomas Amoros, en loqual 
ordenet doas capelanies, lasquals serviron en un quar, los 
bens non hovalian. Décanta se al castelh per mossen Johan Bes- 
solh, capela. Son fagh per maistre Johan Boret, notari. Fan 
MCCCXLVIII, a XX de abriel. 

12) Item. Una carta cossi los senhors obriers compreron 
XIII s. e VI deniers d'usatgis en divisas possessions per la cape- 
lanie que ordenet sen B. Castel, cabassier. 

13) Item. Mays motas cartas de compras e de reconoyssensas 
que pertenon a la dicha capelanie, que son en I sac totas. 

14) Item. La carta de la compra de XXV sestayradas que 



LE CATÂLOaUE DES GHAPELLEKIES 303 

son a Melguier(F® 18, v®}, que compreron los senhors obriers 
per la capelanie que ordenet mossen Bernât Saurel capela ; 
fâcha per maistre Helies Lambert, notari. l'an MCCCLXIIII, 
a VIII de octobre. 

15) Item. E una carta de acapte de la possession dat a'n 
Johan Jacme, coyratier, am usatgi de XXI. s. de blat. Fagh 
per maistre Helies Lambert, notari, Tan MCCCLXIIII. a VIII de 
octobre. 

16) Item. El testamen de mossen Johan de Perussa, doctor 
en leys. 

17) Item. De cartas de compras de usatgis, que compreron 
los senhors obriers, e diversas reconoysensas que pertenon a 
la dicha capelanie del digh mossen Bernât Saurel e son totas 
ensemps. 

18) Item. Lo testamen de dona Mirabels, molher de sen P. 
Cissan, coyratier, e fes heretier Xristol de Clapiers, e ordenet 
una capelanie decantadoyra a santa Catherina, e aprop sos 
jorns sonpatros los senhors obriers. Fagh per la man de mais- 
tre Bernât Holama, notari. Tan M CCC XXX,{a XIIII de sep- 
tembre. 

19) Item. VIIII cartas, que pertenon a la capelanie d'en 
Guiraut Joguos, que compreron de usatgis LX sols de las- 
cals la una conten acapte dat a Esteve Columbier, barralier, 
de una cartayrada e mieia, am usatgi de XXX sols. Fes la 
carta maistre Johan Gaian, notari. Tan M CCC XLI, a XX de 
febrier. Et en las autras cartas a autre acapte am XXX s. de 
usatgi, Tan e'I jorn desus digh. — E son totas ensems. 

20) (F° 19, r°) Item. Diversas cartas, que son en nombre 
XXV, que pertenon a la capelanie que ordenet mossen Ricart 
Bec, capelan, e décanta se a Tautar de la Magdalena de la 
gleya de Nostra Dona de Taulas— Décanta la mossen Philip , 
gran capela. 

21) Aras la décanta mossen Genieys Arbossa, capela. 

22) Item. III cartas que pertenon a la capelanie de maistre 
B. de la Vabre, de lasquals la una conten cossi dona Johanna, 
molher de sen P. Roqueta, compret III pessasde terra en alo 



904 DIALECTES ANCIENS 

que son al plan de Latas, am caria fâcha per maistre Johan 
Holama, notari, Tan M CGC XL, a VI de abriel. E las cartas 
son ensemps. 

23) Item, I testamen fagh per dona Johanna Raynandina^ 
molher de sen Raynaut Ferrier , mercadier, en loqual stabli 
una capelanie decantadojra a Nostra Dona de Taulas, am 
XL libr. de renda. Fagh per maistre P. Majorin, notari, Tan 
M CGC XLVII, a XXII de jun. 

24) hem. Le testamen fagh per maistre Fermin de la Voûta, 
en loqual ordenet que, si los fils sieus morisson, fes hères subs- 
titui az els sa filha, molher de sen Mathieu, arbalestier. E 
aprop los jorns de la filha vole que sons (sic) bes se donon per 
amor de Dieu a voluntat (F** 19, v°) dels senhors obriers. — 
Fes lo testamen maistre Felip Gautier, notari, TanM.GGG.XL a 
XXVI de febrier. 

25) Item. Las cartas que pertenon a la capelanie de sen 
P. de Favars, que son en I sac, e Tes lo testamen e cartas de 
compras. Loqual testamen fes maistre Laurens Miquel, notari, 
Tan M COC e II, a XV de las kalendas de mars. Eson en suma 
XXV cartas en I sac. 

26) Item, Lo testamen fagh per dona Marita, molher d'en 
Johan Rossenel,moynier de Monpeylier, receuput per maiestre 
Johan Girfaut, notari, sotz Tan M GC XL VIII a XXVII de jun. 
E de cartas de reconoyssensas de usatgis, que son totas ensemps. 

27) Item, X cartas contenons reconoyssensas, que son en- 
semps, senhadas detras de la letra del d 

28) Item, Una carta de compra de usatgis, que compret sen 
P. Guilhem, per la capelanie de dona Fermina, molher de 
P. de Rores (F° 20, r°) fâchas per maistre Steve Vidal, no- 
tari. Fan M. CGC, XXXIIII, a II de jun. 

29) Item, Carta cossi lo digh sen P. Guilhem det ad acapte 
II possessios am sert usatgi. Fes la carta lo digh maistre Steve 
Vidal, Tan M CGC LXV. A III de ydus de novembre. 

30j Item, Es la carta de la compra dels usatgis que vendet 
lo dig sen P. Guilhem als senhors obriers, laquai fes maistre 
Helies Lambert, notari. Fan M CGC LXIII, aJfXXI d'abrU. 



LE CATALOGUE DBS CHAPBLLBNIES 305 

Es la carta en lo libre de la cadena de Fobra; mays es notada 
a plen en lo libre de las notas del digh notari. 

31) Item, I cajssa longua en que ha XXXV carias que per- 
tocon a la capelanie d'en Nicholau Vezian. 

32) Item. Las cartas que pertocon a la capelanie que orde- 
net sen Gaubert de la Costa, laquai se décanta en la gleya de 
Sant Augustin de Monpeylier. En que ha de cartas de compras 
de possessions, e de roconojssensas, que son en nombre XXII, 

33) Item. Diversas cartas, que son en nombre XXXI de com- 
pras de usatgis e de reconojssensas que pertocon a la cape- 
lanie de sen Jacme Johan, fustier que se décanta a sant Aloy. 

(F° 20, v°) Décanta la mossen B. de Calmon, capela. 

34) Item. Lo testamen d'en Jacme de Sant Nicholau, en 
loqual ordenet I capelanie que se décanta a sant Paul. Fagh 
per maistre Daude Gervajs, notari. Tan M CGC XL VIII, a 
XIII d'abril. Décanta la mossen P. de Portz, capela: 

35) Item. VII reconoyssensas que pertocon a la capelanie 
que ordenet sen Esteve Rog, borzes de Monpeylier, lacal dé- 
canta mossen Genieys Arbossa, capela, a sant Bertholmieu, 
e la carta de la collation del digh capela fâcha (per) maistre 
Helies Lambert, notari. Tan M CGC LX. 

36' Item. Lo testamen d'en Esteve de Montoulieu, merca- 
dier, en loqual ordenet que de sons {sic) bens se fesesson ca- 
pelanies. Fes lo testamen maistre B. Nogaret, notari, Fan 
M CGC XLVIII, a II de abril. 

37) Item.. I carta cossi los senhors capelas de Botonet, son 
tengutz de far residencia a Botonet, per ordenation fâcha 
per mossen Arnaut (F° 21, r°) de Verdala, avesque de Maga- 
lona, per la auctoritat de nostre senhor lo papa. Fagh per 
maistre Hue Carbonel, notari, Tan M GGG XXXVIL a XV de 
mars. 

38) Item. I carta que conten que mossen Jacme de Salsan, 
capela que decantava la capelanie que establi dona Alazays, 
filha de sen Johan de Gaubert, una possession que es a Boniey- 
ras ; am LX s. de usatgi [sic). 

39) Item. Lo testamen d'en FerminTenchurier, cabassier, que 



906 DIALECTES ANCIENS 

ordenet una capelanie que se décanta a sant Fermin. Fes lo 
testamen maistre Philip, notari. Tan M CGC XI, a VIII calen- 
das de febrier. 

40) Item. I carta de compra de I possession que compreron 
per la dicha capelanie. Fâcha per maestro Philip Daude, 
notari. Tan M CGC XII, a III de jdus de novembre. 

41) Item, Autra carta de compra de I possession en alo per 
la dicha capelanie. Fes la carta lo digh notari, Fan que dessus, 
a XI kalendas de mars. 

42) Item. X cartas que pertocon a las dichas possessions 
que son en nombre XVIII, tan reconojsensas quant autras, e 
son ensemps. 

43) Item. Lo testamen de dona Alazajs, filha de sen Johan 
de Gaubert, molher de sen P. de Madona, que layset per I 
capelanie (F* 21 ^ v®) G s. annuals, que se décanta a sant Ma- 
thieu, en Tautar de sant Antoni ; fagh per maistre Arnaut de 
Gonflenc, Tan M GG LXXXVIII. a III jdus junii. 

44) Item. I carta d'acapte dat am usatgi de LX s. fagh per 
maistre G. Gabanis, notari. Tan M GGG XL, lo derier jornde 
jenuier. 

45) Item. I sac en que ha diversas cartas que pertocon a la 
heredetat d'en Raymon Guos, que ordenet I capelanie, laquai 
se décanta a sant Guilhem, e autra capelanie, laquai se décanta 
en la dicha gleyza a Tautar de Nostra Dona de Tostz Sanz. 

46) Item. Lo testamen de dona Johana, molher de san R. de 
Sant Martin, mercadier de Monpejlier, en loqual fes héritier 
R. de Sant Martin, sonfilh, e el cas que el moris ses enfans de 
liai matrimoni, en aquel cas vole que de sons ben se fezes una 
capelanie, lacal se décantes en la gleja de santa Anna, en 
Tautar de Nostra Dona ; fagh per maistre P. Porier, notari, Tan 
M CGC XLVIII, a XXIX de mars. 

47) Item. I Letra de nostre senhor lo rey de Fransa, que 
vole et ordenet que I hostal que es prop la gleya de Santa Anna, 
que es de la capelanie laquai décanta mossen Bernât Vacaressa, 
lacal (F* 22, r**) ordenet dona Ermeniartz, molher de messier 
B. de Rodez, que lo digh capelan lo tengua a sa vida. 



liB CATALOGUE DBS CHAPELLBNIBS 307 

48) Item. Mays I letra cossi lo digh mossen Yacaressa finet 
XII libr. per la finansa de ramortizamen dels bens de la dicha 
capelanie a maistre Fiacre e a maistre Ësteve de Bordas* 
comessaris a levar las finansas, e son en I massapan ^ ^ \ 
senhat en aytal senhal. • 

49) Item. Lo testamen ho publication faghdel digtestamen, 
de sen R. Ajmon, en loqual fes son hères maistre P. Aymon, 
maistre en medicina, o, si moris ses enfans, vole que de sos 
bens se fesesson capellanies a conojssensas dels senhors 
obriers. Fes lo testamen ho la publication, maistre Johan de 
Castel,notari, l'an M CGC XL VIII, a XXX de maj. 

50) Item. I carta de matremoni, fagh entre dona Garcens, 
filha de dona Garsens, molher de sen P. de Romaniers, de 
Monpeylier, e sen Guiraut del Rieu, mercadier, e donet en 
dot al digh sen Guiraut, VIIIC LXXX libr. valons CLXXVI 
marcz d'argent. Fes lo matrimoni o la carta maiestre G. Noga- 
ret, notari, Tan M CGC XLII, a VIII de jun. 

51) (F° 22, vo) Falh lo testamen . 

52) Ë fes lo testamen maistre Steve la Rua, notari, Tan 
M CGC XL VIII, a III de juli. A la nota maistre Mathieu Joui, 
notari de Montpellier. 

53) Item. Una carta de division dels bens que foro de 
sen Jacme e Esteve e P. Baralh, frayres, en que fa mencion 
de usatgis. Fâcha per maistre Johan Girfaut, notari. Tan 
M GGG LU, a XVIII d'aost. 

54) Item. I carta de quitansa fâcha per lo procurayre de 
las armas. Fâcha am P. Albert, filh de sen Peyre Albert, say 
entras de I libr. que près per Tarma en son testamen. 

55) Item. En diversas cartas de usatgis, que pertocon a la 
capelanie de sen P. Albert. 

56) Item. E de letras de finansa de maistre Fiacre del amor- 
tizamen de las rendas de la dicha capelanie, fâcha Tan 
M COG LXIX. 

57) Item. Mays autras letras de maistre Esteve Barrieyra, 
comissari a rescebre las finansas que receup la dicha finansa de 
las dichas XVI libr. perFamortizamen. 



308 DIALECTES ANCIENS 

58) item. De oartas de compras de alos que comprerbn a 
la capelanie de sen Bernât de Milhargues ; deoanta se a Botb- 
net. Décanta la mossen Esteve Bejssejra, capelan. 

59) Item. Lo testamen del digh sen Bernât de Milhargnes, 
fagh per maistre Johan de Favars, notari , Tan M CC XXV, a 
III de jdus de setembre. 

60) (F® 23, p°) Item. I carta de acapte dat a dona Guilla, 
molher de sen Aymeric Bateiat que pertoca a la capelanie de 
dona Guilla, cadela am usatgi de IIII libr. Fâcha permais- 
tre G. Cabanis, notari. Fan M CGC XII a XXIIII de april. 

61) Item. Lo testamen fagh per sen Johan de Poiolas, mer- 
cadier, el quai fes heretieira dona Marita, sa molher, e aprop 
SOS jorns vole que los bens se donesson per amor de Dieu, a 
voluntat de sos gaziers, e els defalhens per los senhors obriers. 
Fag per la man de maistre Bernât la Planca, notari. Tan 
M CGC XLVIII a IIII d'abril. 

62) Item. Lo testamen de sen G. de Goquon, mercadier, en 
loqual ordenet II capelanies que se devon cantar a sant Thomas 
de Monpeylier de sos bens. Fagh per maistre Johan Planson, 
notari, Fan MCGG XLVIII a XXII de may. 

63) Item. II cartas de quitansas de laysas . 

64) Item. I carta cossi los senhors obriers compreron una 
possession que es el terrador apelat TArsa, a la capelanie de 
dona Ermeniartz, filha de sen Pons de Sumena, molher de 
maistre G. de Rodes, say entras, fâcha per maistre Berenguier 
Montilhar, notari. Tan (F° 23, v°) M CQG I, a XIIII de may. 

65) Item. III cartas que pertocon a la capelanie de sant 
Bernât Polverel, laquai se décanta a sant Mathieu, e a de pen- 
cion VIII libr. lasquals pagon la fllha de sen P. de Sauret, say 
entras, molher de sen Jacme Gortes, mercier de TAgulharie, e 
la principal carta es sentencia. Fon fâcha per maistre Guilhem 
de la Devesa, notari, Fan M. CGC XX, pridie ydus junii, e las 
autras cartas son totas ensemps. 

àà) Item. Lo testamen de dona Laurensa|, molher de sen 
Miquel Pelet, say entras, en loqual ordenet una capelanie 
que se décanta en Fautar de sant Andrieu de la gleya de sant 



us CATALOGUE DfiSS GHAPELLENIES dôO 

Fermin ; loqual fes maistre Bernât de Fabreguas, notari, Tan 
M ce LXXIX, a XI de kalendas de setembre. 

67) Item, IIII cartas en una laquai se conten que messier 
P. Massa compret I ort e hostal, que es en la condamina d'en 
Ajbran, e es en franc alo. Fâcha per maistre Johan Calvajron, 
notari, Tan M CGC XVIII, pridie kalendas novembre. 

68) (F° 24, p°) Item. Lo testamen de dona Beatris, molber 
de sen G. Albert de Anduza, fagh per maistre Bernât Gauton, 
notari. Fan M CGC XXXI, a Xmi d'aost 

69) Item. Lo testamen de sen Martin Aycelm, en loqual 
ordenetuna capelanie de G. s. sobre sos bens ; loqual fes mais- 
tre Jacme Miralhier, notari, Tan M GCC XXXI a XV kls de 
jun. 

70) Item. Lo testamen de dona Alamanda, molher de sen 
Lobier, drapier, de Monpeylier, en loqual ordenet una capela- 
nie, que se décanta aBotonet; loqual fes maistre EsteveTinel, 
notari, Fan M GCC LI, a XXIX de setembre, 

71) Item. La carta cossi los senhors obriers compreron dé 
usatgis de mossen Gruzols, que pertocon a la dicha capelanie 
de la dicha dona Alamanda ; fâcha per maistre Steve Tinel, 
notari, Fan M CGC LUI, a XIIII de jun. 

72) (F° 24, p**) Item. Una carta de compra de I possession 
que es a Lendissargues en alon que pertoca a la capelanie de 
messier Guilhem Glari, fâcha per maistre Berenguier Monti- 
Ihar, notari. Fan M CGC L, a VII de abril. 

73) Item. Lo testamen de dona Mirabels, filha de sen P. de 
Pavars, e molher de sen Steve de Gandillargues, drapier, saj 
entras. Fes lo testamen maistre Vivian de Pradas, notari. Fan 
M CGC XXXV, scilicet ydus d'octombris [sic). 

74) Item. Lo testamen de sen Bernât Engilbert, pebrier, de 
Monpeylier, e ordenet una capelanie que se décanta a sant 
Bertholmieu, per laquai capelanie layset X libr. annuals a 
I capelan. Fes lo testamen maistre Gilbert Gentilh, notari, 
Fan M CGC XLVIII, a VIII de may. 

75) Item. III cartas, tant de compras de vinhas en alo, cant 
de acaptes datz que pertocon a la capelanie de sen Johan Sal- 



310 DIA.LBCTB8 ANCIENS 

vajre, canabassier, laquai se décanta a la gleyza de sancta 
Gros, per mossen Ësteve Somon, capelan. 

76) (F** 25, p*) Item, Lo testamen fagh per maistre Jacme 
de Ozilhan, notari de Monpellier, say entras, en loqual orde- 
net una capelanie, laquai se décanta a la gleya de las donas 
de Sant Gili de Monpeylier ; fagh per maistre P. Basset, notari. 
Fan M CGC LVIII, a XV de juli. 

77) Item. Ha de la dicha capelanie sen Jacme Guilhem, 
drapier, say entras, que era adonquas obrier e clavari dels 

bens que foron vendutz del digh maistre Jacme IIIC flor. 

Aysi quant apar per carta fâcha per maistre Daude Gabriole, 
notari, e es la nota en lo libre de la cadena cubert de post de 
la dicha obra, Tan M Q>Q>Q> LXI, al derier jorn de octobre. 

78) Item, Sen Jacme Guilhem, filh del sen Jacme Guilhem, 
say entras, dona a mossen Johan Alazart, capelan de las 
donas de sant Gili la dicha capelanie decantan per cascun an 
XIII flor. Aysi quant apar per albara fagh de la sieua man. 

79) Item. Lo testamen fagh per sen Andrieu Torcuelhas, pes- . 
tre, en loqual ordenet una capelanie ; loqual testamen fes mes- 
tre Peyre Bordon, notari. Tan M QQQ LXVI, del mes de 
setembre ; loqual se décanta en la gleya de Nostra Dona de 
Taulas de Monpeylier. 

80) Item, La carta de la compra dels usatgis que son foras 
lo portai de la Blanquarie, entre lo dig portai e'I portai del 
Gaime {sic) fâcha per maistre Jacme de sant Johan, notari, 
Tan M QGG LXXVI, a XXX de abril. Décanta la dicha cape- 
lanie mossen Bernât Gosta. 

81) Item, A hi una possession que es en franc alon («V) que 

fon de sen G. de Glapiers, say entras. 

(A continuer.} 



FRAGMENT D'UNE ANTHOLOGIE PICARDE 

fXin* sœclb) 



Les derniers feuillets du ms. n* 236, de la bibliothèque de 
TEcole de médecine de Montpellier, contiennent différentes 
pièces, la plupart en vers, quelques-unes en prose rimee, qui 
toutes appartiennent an dialecte picard. 

Quoiqu'elles aient été transcrites au XV* siècle, il est aisé de 
voir, à la pureté du style et à la correction granunaticale du 
texte, qu'elles sont de la bonne époque, et qu'elles ont été 
extraites d'un original écrit au XIII* siècle. EUes sont sans 
nom d'auteur; mais on peut, en considérant le ton badin des 
sujets traités, la versidcation et les formes dialectales, les rat- 
tacher à l'école d'Arras, la grande école lyrique du nord de 
la France : attribution d'autant plus plausible, que deux des 
principales pièces de cette collection sont du fameux Adam de 
la Halle^ sumonmié le Bochu (Adam le Bossu), qui fut, avec 
son contemporain Bretel, le plus spirituel et le plus malin des 
trouvères picards ; d'où son surnom, contre lequel, du reste, il 
a protesté, craignant sans doute qu'on ne s'y méprît. 

On m'appelle bochu, mais je ne le suis mie, 
dit-il quelque part. 

n n'est pas impossible que toute la collection soit de lui. 

J'ai cru devoir la publier en entier, à cause de la qualité du 
texte et de l'intérêt littéraire qui s'y rattache *. 

n 

En effet, il est difficile d'imaginer une versification plus 

* V. Francisque Michel et Montmerqaô {Théâtre français au moyen 
âge) ; Paulin Paris (Histoire littéraire, t. XXlIIj : L. Passy, [BibL de 
Chartres, 4^ série, t. V); Paul. Meyer {Rapports à M. lefministrelde 
l'instruction publique, !'• partie, MDGGCLXXI) ; Hersart de la Ville- 
marqué {Archives des missions scientifiques et littéraires, t. VI, p. 114). 



312 DIALECTES ANCIENS 

variée et plus savante, plus de malice dans les proverbes et 
plus de naturel dans un genre un peu faux ou sur le point de 
devenir tel à force d'avoir été traité. 

Qu'on lise entre autres les Souhaits du paysan, V Honneur et 
l'Amour et les Peines de r amour; la première surtout, les 
Souhaits du paysan, gracieuse fantaisie facilement traitée, et 
qui semble échappée à la plume de Lafontaine. 

On dirait une seconde édition — considérablement augmen- 
tée — de ce passage souvent cité du fabuliste : 

Chacun songe en veillant; il n'est rien de plus doux. 
Une flatleuse erreur emporte alors les &mes ; 

Tout lo bien du monde est à nous» 

Tous les honneurs, toutes les femmes . 



On m'élit roi, mon peuple m'aime ; 
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant : 
Quelque accident f(iit*il que je rentre en moi-même, 

Je suis Gros-- Jean comme devant. 

C'est bien Gros-Jean qui parle, en effet, un Gros-Jean de 
Picardie, et qui, en vrai campagnard, positif jusque dans ses 
rêves, ne néglige rien, et, tout en souhaitant ce qui peut lui 
être agréable, demande aussi ce qui peut lui être utile, en ce 
monde ou dans T autre. Il veut bien avoir une jolie femme, 
une jeunesse éternelle, un fort château (on voit que les châ- 
teaux en Picardie sont au moins aussi anciens que les châ- 
teaux en Espagne), de l'argent à foison et, comme le Juif- 
Errant de la légende, toujours cinq sous dans sa bourse. 

Et je souhaite en ma bourse. V. sous, 
Sans amenrir, tant en séusse ester ; 

il veut avoir une table bien servie, a tous boires à talent » 

— encore faut-il que le vin ne soit pas trop capiteux, « car li 

fors vins si ne m'est mie bons » ; — mais il veut en même temps 

être aussi sage que Salomon, se mettre bien avec tout le 

monde, surtout avec Dieu: Je souhaite, dit-il dès l'abord. 

Que tous 11 mons se venist à moi rendre, 
En loialté, en bonne entention, 
Et en la fin paradis éuisson . 



FRAGMENTS d'uNE ANTHOLOGIE PICARDE 313 

D'un peu plus, il dirait amen, et ferait le signe de la croix 
pour sanctifier ses rêves et en mieux assurer la réalisation. 

Dans r Honneur et l'Amour, vrai bijou de versification, la 
femme aimée se résigne, non sans lutte, à tenir « éloigné de 
son corps » celui qu'elle préfère. Sans doute Feffort est pé- 
nible, mais elle doit mettre Thonneur au-dessus de Tamour, 
« car », dit-elle avec un rare bonheur d'expression, 

Car tant ne doit estre amée 
Foelle con la flours. 

On retrouve, dans les Peines d'amour et dans les autres 
pièces, les mêmes qualités, quoique à des degrés divers, même 
ton aisé et naturel, même finesse mêlée de sentiment. C'est de 
la poésie de bonne compagnie. La passion, plus délicate que 
vive, est toujours contenue dans son expression. Elle n'éclate 
pas en transports brûlants et bruyants : 

« Quand je vous vois, je suis ému, — [Tellement] que je 
sens ma vigueur s'éteindre, — Que je ne puis nuls saints — 
Dire à vous, ni faire semblant — Pour mon cœur couvrir. — 
Mon corps commence à frémir, — Et la langue m'est liée, — 
Aussi comme si féerie — Me venait autour. » 

C'est bien là le poète du Nord, qui perd son aisance de main- 
tien et sa facilité de parole, dès que la passion vraie le frappe. 
Nous sommes loin des poètes du Midi, loin des Provençaux et 
des Catalans, chez qui la passion déborde si vite en ardentes 
métaphores, et que nous avons vus « récitant dans l'extase les 
litanies de la bien-aimée^ » 

III 

Quelques-unes de ces pièces devaient être chantées, comme 
l'indique la précaution prise par le copiste de laisser en blanc 
l'espace destiné à la portée. D'autres, et parmi elles les 
Souhaits du Paysan, ne pouvaient l'être, autant qu'on en peut 
juger d'après le rhjthme de la pièce. Elle se compose, en eff'et, 

' Analyse de l'ode de Balaguer, Al toniarla à véureVf par C. Ghaba- 
noau, dans VEcho de la Dordogne, 19 décembre 1871. 

21 



314 DIALECTES ANCIENS 

devers de six pieds avec un e muet toléré, mais non compté, à 
la césure. Or on sait que ce vers, quand il devait être chanté, 
n'admettait plus cette licence, propre au vers des chansons de 
geste. Et même les nécessités du chant étaient telles, que Ve 
muet de la césure comptait pour une syllabe dans les stro- 
phes qui devaient être mises en musique. 

Il est probable que toutes ou presque toutes se retrouvent 
dans la collection Douce (n° 308), d'où M. H. de la Villemar- 
qué a extrait une version des Souhaits du Paysan, version 
bien inférieure à la nôtre et mal comprise du copiste, qui, étant 
Lorrain, comme Ta justement remarqué M. P. Meyer, en a 
souvent dénaturé le dialecte. 

Deux autres pièces de notre collection figurent dans le 
même ms. Douce. Ce sont celles qui commencent, Tune par 
le vers 

Pour coi se plaint d'amours nuis ? 

et l'autre par le vers 

Puisque je sui de ramourouse loi, etc. 

Ce manuscrit les donne comme étant d'Adam de la Halle . 

Cette publication, outre l'intérêt littéraire et philologique 
qui s'y rattache, aura donc l'avantage de compléter les ma- 
tériaux que devra réunir le futur éditeur des œuvres complè- 
tes de la Pléiade d'Arras. 

J'ai dit que ce texte appartient au dialecte picard. On s'en 
aperçoit à première lecture. Il est conforme aux règles géné- 
rales qu'a indiquées Fallot, et plus spécialement à celles du 
sous-dialecte d'Aire, que M. Natalis de Wailly vient de con- 
stater et d'expliquer avec son exactitude et sa sagacité habi- 
tuelles *. 



» Bibl de V Ecole des chartes, t. XXXII. 



FRAGMENTS d'uNE ANTHOLOGIE PICARDE 315 



EPIGRAMME 

.II. Très-grans envies dire os: 
Si sont de .n. kiens à .i. os, 
Et de .n. povres à .i. huis. 
Et de plus dire je ne ^ puis, 
Ne plus grandes nuls hon ne vit, 
Fors de .n femmes à 

DICTONS SATIRIQUES RIMfiS 

Cat durmant, molin coi taisant, 
Prélat négligent, pule inobient, 
Clerc conbatant, moine plaidant, 
Nonnain embésée, beghine tariant. 
Femme acointant, homme tenchant, 
Trestous à Dieu les commant. 

PROVERBE 

Yiese guerre et vies malans 

Et viese amours de pau renou vêlent. 

LA MAL MARIÉE^ 

Je me doi bien dolouser. 

Quant espouser 

M'estuet mari, 

A cuer mari. 

Verrai gisant 

.1. païsant. 

En lieu d'ami. 

Et prendre à mi 

Soûlas c'amis. 

Qui tout a mis 

En bien aimer, 

* Cf. une pièce presque semblable, pour le sujet et pour le rhythme, 
p. 52, 53, 54, des Romances et pastourelles françaises de Bartsch. 



316 DIALBCTËS ANCIHIMS 

Doit sien clamer. 
Lasse I L'avoir 
N'en quier avoir 
Conquis à tort, 
Du vieillard tort, 
Lait et hideus^. 
Mal ait qui deus 
Vrais amans pert I 
Mais ains qu'en part, 
Permi tous, tous 
Ërt cous 

DICTONS SATIRIQUES RIMES 

Amours d enfant, acolée de chevalier, 
Serment de marcheant, testamen d'usurier, 
Pèlerinages de moine, croiserie de mesiaus, 
Beghinages d'iver,miracles d'esté ,los de ménestrel, 
Largheche de François, loiauté d'Englois, 
Patienche d' Alemant, acointanche de Normant, 
Pitié de Lombart, hardement de Picart, 
Caasté de Bourghignon, sens de Breton, 
Vins de barel, fus d'estrain et amours de nonnain. 
Paient du jour à l'endemain. 

SENTENCES 

Quiconkes querke l'ame de lui à son enfant, 

L'onneur de lui à se femme. 

Le gouvrenement de sen ostel à sen prestre, 

Et se porrée à se truie. 

Aussi bien est gouvrenés li uns que li a[utre] *. 

' Construisez : Lasse l n'en quier avoir, du vieillard tort, lait et hideus, 
V avoir (les biens) conquis à tort (qu'il a mal acquis). 

2 Un dicton analogue s'est conservé dans le patois picard : 

Ch'ti qa'acoute e3s*femme et sin curé 
Ne manqa'trat poent de pauverté . 

[Glosê. picard db l'abbé Gorblet.) 



FRAGMENTS D*UNB ANTHOLOGIE PICARDE 317 



EPIGRAMMES 



.VI. coses sont que je point n^aim, 
Dur lit, mauvais vin, povre pain, 
Fu de tourbes, dangier de vilain, 
Et acointise de nonnain. 



II 



.VI. manières sont de mestier 
Où nuls hom de legier sauver 
Ne se puet : s'il est assavoir 
Li usurier, li^couretier, 
Offîcial et paagier. 
Et advocat et amparlier. 

III 

, XI . coses tieng en memore 
Que nuls hom ne doit croire 
Lesqueles s'en sievent : 
Femme pour plourer. 
Ne kiens pour clopeter, 
Ne nul keval pour s'ensuer. 
Femme ne ribaut pour jurer. 
Ne singesse pour papeter, 
Ne le moine pour encliner. 
Ne chevalier pour acoler. 
Ne du keute le hurtement. 
Ne d'un seul oel le clugnement. 
Ne par lettres sainement, 
[Ne] de beghine envolepement. 
Ne du moine le vestement. 
Le cuer du sage homme mouvoir 
Ne doivent ches coses ci voir. 



31S DIALBCTES AMCIEN8 

LBS SOUHAITS DU PAYSAN * 

Et je souhaide tous tamps avril et mai, 

Et cascun mois tous fruis renouvelast, 

Et tous jours fuissent flqurs de Us et de glaj, 

Et violetes, roses u c'en alast, 

Et bos fuellj, et verdes praeries, 

Et tout ami eussent leur amies. 

Et si s'amaissent de cuer certain et vrai 

Cascuns éust son plaisir et cuer gay. 

Et je souhaide le mort as mesdisans. 
Si ke jamais nuls naistre ne péust, 
Et s'il naissoit, qu'il fust si meskéans 
Que iei ne bouche ne orelle n'éujst {sic), 
C'a vrais amans il ne péustj rien nuire, 
As bons loisist à lor voloir déduire 
Partout fust pais, concorde et loiaultés. 
Et de tous biens abondance et plentés. 

* Le texte édité par M. H. de la Villemarqué est moins correct et 
moins complet. On peut en dire autant de la pièce provençale publiée par 
Raynouard et qu'il attribue à Pistoletta. 

Les variantes ou les notes accompagnées de la lettre V sont extraites de 
1 édition de M. H. de la Villemarqué. 

[V.] Et je souhait toz tens avril et mai, 
Et chacnDs moifl toz fruz renoveleet; 
Tous tens éuxe rozea et flours de glayg, 
Violettes, an kel leu c'ons alest, 
Ll boix folUu, verde lai preerie, 
Chascuna amans éust lei lui s'amie : 
Si s'aimaxent de fin cuer et de vrai ; 
Chascuns éust belle amie à cuer gay. 

Et je souhait la mort as mesdizans, 
Si que jamais nul estre n'an peust ; 
Et, c'il l'estoit, qu'il fut si meachéans, 
Ee eus, ne boche, ne oroiUes n'éust ; 
A fins amors ne peuxent rien nuire ; 
Ainz lour lalxet, en lonr voloir, déduire. 
Partout fut fois, concorde et loialtels, 
Et toz li mons fust à Deu aoordeis. 



FRAGMENTS d'dNE ANTHOLOGIE PICARDE 319 

^ Et je souhaide santé entièrement, 

Si ke jamais n'eusse se bien non,. 

Trente ans vesquisse et fuisse en ce jouvent, 

En cel éage vesquisse à grant fiiisson, 

S'éusse assés or et argent u prendre, 

Et tous li mons se venist à moi rendre 

En loialté, en boine entention, 

Et en la fin paradis ëuisson. 

* Et je souhaide en ma bourse .v. sous, 

Sans amenrir^ tant en séusse ester, 

Et tous jours mais vesquisse sains et sans, 

Et tantost fuisse là u • vaurroie aler, 

Et toutes gens de bon cuer,|^sans faintise, 

[Si] me fesissent joie, honneur et servise*, 

Devises fuisse de membres et de cors. 

Plus biaus c' autre hon •, sages, hardis et fors. 

Et je soushaide cent" mile mars d'argent ', 
Et autretant de fin or et de rons, 
S' eusse assés et a vaine et fourment. 
Et bues et vakes, ouelles et moutons. 
Et cascun jour .c. livres à despendre. 
Et tel castel qui me péust deffendre, 

* Cette strophe ne se trouve pas dans la ¥61*8100 de M. de la Ville- 
marqué. 

t Môme observation que pour la strophe précédente. 
^ Ms. lauje. 

* Ms. servisse. 

B Ms. autres hons, 
« Ms œrU,. 

t [V.] Bt je souhait cent mille mars d'argent 

Et autretant de fin or et de rons ; 
S'enxe asseis avoines et fromans, 
Bnet et yaiche, tairte et chair et poxons ; 
Bt teil chaistel qni me péust deffendre ; 
B'euze asseiz or et argent où prendre, 
Si que nuns hons ne me péust greveir. 
Fors i corrut d'iawe douce et de meir . 



320 DIALECTES A14CIENS 

Si que nus hom ne me péust grever, 
Pors y courust d'iare douche et de mer. 

Et je soushaide tous boires à talent S 

Et blanches napes, char et tarte et poissons, 

Pertris, plouviers, widecos ensement, 

Anguille en rost, lus, troites, esturjons, 

Et jone damegtrès-bele à desmesure, 

Simplete au mont*, baude sous* cou vreture, 

Plaisant assés, taillie par compas ; 

Se Fuel li clugne* faiche un ris amouras. 

^ Et je soushaide autretant de boin sens 
Et de mesure c'onkes eut Salemons, 
Et si fesisse mes fais legierement, 
Preus et loyauls, et de tous boins renons, 
Sages, courtois, pourmetans sans atendre, 
Et tant donner que boin vaurroient prendre. 
Et [si] fesisse au mont tous leur degras, 
Ne s'en plainsist chevaliers ne jonglas. 

Et je soushaide frès frommage et civos *, 

i [Y.} "Bit je sonhait ton boivres par talent, 

Blanches naipes, toirte et chair et pozons, 
Perdrix, plongés, traites et col yolans, 
Angnille en rost, et las et atarjons, 
Et belle dame taillié à desmesare, 
Simplette amont, bandes sons coyertnre, 
Belle et bien faite, et taillié par compas, 
Kant l'oil li glie, fait an ris amoras. 

2 M. H. de la Villemarqué n'a pas compris ce vers, qu'il traduit par 
t simplette, grande, gaie sous couverture. » Le sens est celui-ci: « Simple 
devant le monde, gaillarde entre deux draps, d 

^ [V.] Glie. brille. — Clugne est synonyme de digne : a Si elle cligne de 
l'œil, que ce soit pour faire un ris amoureux. :» 

* Cette strophe manque dans l'édition de M. de la Villemarqué. 

•* [ V . ] Et je Bohait frez fromaige et si volz, 

Tairte an porcelz, lait boilllt et marons ; 
Q-odelle éoxe, et servoixe an déport. 
Car li fois vins se ne m'est mie boins ; 



FRAGMENTS d'uNB ANTHOLOGIE PICARDE 321 

Tarte à poret, lait bouly et matons, 
Cervoise éuisse et'goudale en .11. pos, 
Car li fors vins si ne m'est mie bons *, 
Et blankes cauches, souillé à fors semele, 
Et tous jours mais me durast ma cotele ; 
Tel pelé éuisse quejja ne mefausist, 
Nefmes courtieus jamais ne desclosist. 

l'honneur et l'amour 

Qui de .n. biens'Je millour 
Laist, encontre sa pensée, 
Et prent pour li le piour 
Bien croi que c'estîesp[ro]vée* 
Très-haute folour. 

Cause ai d'avoir mon penser 
A ce que serve ai esté 
Ai et sui de vrai ami 
Sage, courtois, bien secré, 
G[ou]vrené par meure té, 
Et gentil, preu et hardi. 
Et qui sur tous a m' amour. 
Dont sui souvent eno[rée] 
D' autrui amer, sans secour. 
Mais pour mon mieuls sui donnée. 
S'en ferai demour. 

Lasse I il m'est trop mal tourné 
A dolour et à grieté 

Blanche chance, soleis et fors semelle ; 
Et tout adès me durest ma ootelle ; 
Bêche énxet ke jà ne me f azit, 
Ne mes keurtis nolz jor ne declozit. 

' L'auteur doit être du Nord. Ce n'est pas un HéridioDal, ni surtout un 
Périgourdin, qui aurait sacrifié le « fort vin » à la cervoise et à ce qu'il 
appelle c goudale. » 

3 Le couteau du relieur a retranché deux ou trois lettres. 



3» 



DIALECTES ANCIENS 

Quant je ai si mal parti 
Qu'il me faut cont[re] mon gré, 
Par droite nécessité, 
De corps eslongier cheli 
A qui m'otroi sans folour, 
Et sans estre a...voée 
De coer ; mais c'est vains labours, 
Car tant ne doit estre amée 
Foelle con la flours. 



Or m'ont amours assené ; 
Mais, si c'a leur volenté. 
Est mieuls qu'il n'affier à mi. 
Tous jours doi av[oir] fondé 
Mon désir sur loiaulté, 
En espoir d'amour garni. 
Car tout passe de valour 
Chus dont s[ui en]amourée ? 
D'un si gratieux retour. 
Sage doi estre avisée, 
Se j'ai chier m'onnour. 



ENIGMES AMOUREUSES 

Qu'est en amours grans courtoisie, 
Quant au départir n'est que rires? 
Qui fait as fins amans joïr 
De che de coi ont grand désir? 

Qui fait amours lonc tamps durer 
Et enforchier et embraser ? 

Du castel d'amours vous demanch 
Le premier fondement. 

Après nommés le maistre mur 
Qui plus le fait fort et séur. 






Bel escon- 
duit. 

Bel parler et 
douchement. 

Courtoisie . 

Amer 
loialment. 

Cheler 
sagement. 



PRi^GMENTS d'une A.NTHOLOGIB PICARDE 



23 



} 



Dite^-moi qui sont li crestel 
Les sajetes et 11 quarrel. 

Je vous demanc qui est li clés 
Qui la porte puet deffremer. 

Nommés la sale et le manoir 
U on puet premiers joie avoir. 

PASTOURELLE 

L'autre jour juer alai 

Dalès un bosket foellj. 

Noble dame illoec trouvai : 

Dalès li ot son ami. 

Elle dist, que bien Voj : 

« T'as esté moult avoec moi, 

» Ne fesis ne che ne coi. 

» Donc je di chose (sic) chertaine 

)) Malavisés a trop paine.» 

Chus respondi sans délai 
Ches mos que bien entendi : 
« Douche dame, je n'osai, 
» En vérité le vous di, 
» A vous faire nul anoi. 
)) Mais je vol bien, par ma foi, 
» S'éusce fait che que doi *, 
» N'éusciés dit de semaine : 
» Malavisés [a trop paine.] ' » 

a Che meffait te pardonrai, x> 
Dist-elle, « mais je te pri, 
» Fai donc che je dirai, 
)) Et saches, il est ensi. 



Rewarder 

en 
atemprant. 

Priier 
sagement. 

iAccuellir 
douchement. 



^ M s. que je doi. 
* Ms et cetera. 



3S4 DIALBGTBS ANCIENS 

1) Puis que dame a son ami, 

d Elle en veut avoir d'anno^. 

» Je ne le dis pas pour moi. 

» Anchois est raisons souvraine 

» Malavisés * ait trop paine. » 



\ 



CHS SONT PARTURBS D AMOUREUS JUS 

OÙ est en amours mère et nouriche, 
Quant plus est noble, plus est niche ? 

Amis, amans qui aimme haut, 
Quel cose es-ce que miex li vaut, 
Et au plus grant besoing 11 faut ? 

Di moi d'amours le dart vilain 
Quant plus me ôert et je plus Faim, 
Quant plus me âert vilainement 
Plus l'endure legierement. 

Quels est li signes par dehors 
Qui plus monstre Tamour du cors. 
Et s'est li signes si appers 
Que il ne puet estre couvers ? 

Vous avés une dame lonc tamps amée u on- 
ques ne peustes merchi trouver. Une autre dame 
vous prie : que ferés-vous? l'amerez-vous, u vous 
servirez cheli que avés servie ? 

Il est uns bons qui aime loialment, et tant a vers 
se dame desservi que elle li consent une nuit à 
jesir avoeckes li, et n'i ara que baisiers et accolers. 
Li quels fait plus li uns pour l'autre? 

Vous avés une amie hors du païs. Lequel ame- 
riés-vous miex, quant vous li iriés veir, k'elle fust 
morte, u k'elle eust folliiet à .1. seul homme, de coi 
elle fust repentant ? 



Cb'est 
esperanche 

Cb'est 

bien 

parlers. 

Cb'est faus 
samblans. 



Ch'estmuer 
couleur. 



Vous 
Lperservirez. 



Li femme. 



Qu'elle 

eust 

méfait . 



' Ms- que mcUavisés, 



FRAGMENTS D^UjSë AJSXHOLOaiE l>ICAftDE 385 



Je vous demande. 
Se Tamie prent son amant, 
Se si mal vont point decaiant. 

Se vous amies dame u demisele, et vous senties 
que jà n'i deussiés merchi trouver, vaurriés-vous 
que vos compains en goïst? 

Liquele est mieuls assenée, u chelle qui aimme 
ami hardi, u chelle qui Ta cremetant, doutant et 
amourous? 

Quelle est la signourie que amours puet avoir, 
sans sentir, sans penser, sans espoir et sans joie? 

De coi puet plus grant pourfis venir en amours 
maintenir? 

Qu'est en amours grans courtoisie 
Plus pourfitable et mains prisie ? 

Par quel samblant et par quel cose, 
Puet miex sage dame esprouver. 
Se chis qui li prie d'amer, 
L'aimme de cuer u [bien] de bouche* ? 



Oil. 



Nenil . 

CheUe 

qui Ta 

hardi. 

Ch'est 

uns dous 

regars. 

Bien 

chelers. 

\ Ch'es (sic) 

uns 

baisiers. 



} 



) 



Par 
[ dangier. 



GRANDS CHANTS 



Peines d'amour 



3 [P]ourcoi se plaint d'amours nuls 
Mais amours se déust plaindre. 
Car elle rent assés plus 



* Pour que bouche rimât avec cose, il fallait prononcer, ou couse et 
bouche, ou cose et boche. 

* On a laissé dans le ms. quatre lignes en blanc, pour y placer les notes 
de musique. 

3 Cette^chanson se trouve dans le ms. Douce, série des Grans Chans> 
Elle est indiquée comme étant d'Adam le Bossu. (V. P. Meyor, ouvrage 
cité, p 215, Lxv.) 



326 DULBCTES Â14CISN8 

G*on ne puist par sens ataindre, 

Ne par bel servir. 
Or veut-on, sans desservir, 
Recouvrer joie et amie. 
Et qui ne Ta, lues qu*il prie, 

Si mesdist d'amours 
Et de celé u onkes jour 
Ne trouva fors courtoisie. 

Ja qui [ne sara rechus] *, 
Comment c'en le puist destraindre, 
N'ert de servir recréus ; 
Ains ert toudis en lui graindre 

Fors dusc' au morir. 
N'il ne Tosera jehir, 
Et s'il avient qu'il li die, 
Et sa dame Fescondie, 

Cuer ara millour 
D'endurer mieuls la dolour. 
Et mieuls li plaira la vie*. 

[D]e chiaus qui sont au-dessus 
Voit-on plus d'amours remaindre, 
Et mètre le mestier jus, 
Que de cens c' amours fait teindre 

Et assés soufrir? 
Gascuns cache son désir, 
Qui a besongne d'aïe. 
Pour çou doit estre saisie 

Dame de s'onnour: 
Car qui fait de serf ' signour 
Ses anemis mouteplie. 

^ Ms. Ja qui sera loyatUs. 

^fAs.lavit. 

8 Ms sers. 



FRAGMENTS D*UNE ANTHOLOGIE PICARDE 327 

[G]raiis cuers, gentis, esléus 
Pour toute valour ataindre, 
Cors sagement maintenus 
Pour mesdisans faire fraindre, 

Regars pour ouvrir, 
Cors pour cuers devens ravir, 
Sage, humle et ben ensaignie, 
Il n'est nuls qui pensast mie 

Envers vous folour. 
Cas cascuns de vo valour 
S'abaubist et humelie. 



[Q]uant je vous voi, si sui mus 
Que ma vigour senc estaindre, 
Si que ne puis nuls salus 
Dire à vous, ne sanlant faindre 

Pour men cuer couvrir. 
Mes cors commenche à frémir ^, 
Et li lange m'est loie, 
Aussi com se faerie 

Me venist entour. 
Et quant sui mis u retour. 
Li reveoirs me tarie. 



BMVOI 

[Cjançons faiteMe m'ammie 
Tant coie sois • par douchour 
S'on t'en cache, fai un tour. 
Si va à l'autre partie. 

» Dans le ms., la dernière lettre de frémir est grattée. 
* Ms. soies. 



328 DIALBGTE8 AMGIBNS 

l'amour est comme le feu^ 

•[P]uisque je sui de Tamourouse Joi, 
Bien doi amours en cantant essauchier. 
Encore y a milleur raison pour coi 
Je doi canter d'amourous desirier, 
Car sans manechier 

Sui el cors trais et férus 

D'uns • vairs iex, ses et agus, 

Rians por miels assener. 

A che ne puet contrester 
Haubers ni escus. 

[J]e ne sui pas pour tel cop en effiroi, 
Ne je n'en quier jamais assouaigier, 
Car se li mauls amenuisoit en moi, 
Il converroit Famour amenuisier. 
Car, au droit jugier, 

Amours est comme li fus : 

Car de près le sent on plus, 

C'en ne face à Tesquier 

Et, qui ne se veut brûler, 
Si se traie en sus. 

Se je veul donc à droit amer, je doi 
Chou qui me fait embraser aprochier. 
Mais que je garde envers ma dame foi, 
Si com je fai, si me veuille elle aidier. 
Je Fcrieng courecMer ; 

Mais ains ne fu[st si] repus ^ 

Ses cuers vers moi, ne si mus, 

^ Quatre lignes laissées en blanc dans le ms., au-dessus des vers du 
premier couplet. 

' Cette pièce fait également partie de la série des Grans Chans. Elle est 
aussi d'Adam le Bossu. (V. P. Meyer, ouvrage cité, p. 2t4, xxii.) 

3 On a écrit dous au-dessus de ces deux mots. 

^ Dissimulé, de repasUus. 



PRA^OMENTS D*mB ANT^flOLOaiB PICARDE 329 

Tant moi scé[ust] refuser, 
Que par sen douch esgarder, 
Ne me sanllast jus *• 

Ch'est li raisons pour coi je ne reoroi 

De li anter et de merchi proïer. 

Quant sa bouche m'en cache, et je le voi, 

Au départir me convient repairier. 

s 

Et loes que je suis venus, 
Elle me dist : Levés sus ! 
Ains que je puisse parler, 
N'il ne me loist excuser, 
Tant sui esperdus. 

Hé ! flours du siècle ', u mes travaux emploi, 
Amoureuse pour cuer esleechier, 
Boine dame, sage, de maintien coi. 
Exemples biaus, sages pour castier, 
Assés decachier 

Me poés. Je sui venchus, 

Et du tout à vous rendus 

Pour tel raenchon donner 

Que vous sarés deviser, 
Plus avant que nuls. 

ENVOI 

Or, soit u non retenus 
Mes cans, il Testent râler 
Là dont il mut au trouver : 
Teuls en est mes us . 

* JtiS pour just « justum. 

^ Il manque ua vers. 

8 Le copiste avait a*abord figuré h au lieu de {. Tout en écrivant, il 
s'est aperçu de son erreur, et a mis e final très-près de l, de manière â 
cacher le second jambage de /i; mais il a négligé d'en grotter la partie 
inférieurfr^ de sorte qu'on est tonte d'abord de lire sieche au lieu de siècle. 

22 



930 DIALECTES ANCIENS 

DICTONS SATIRIQUES LATINS * 

[ ] principum inter duodecim abusiones claustri enu- 

merat istam Hugo de Falleto [sic) li .n. de claustro quibus 
tota religionis maxa corrumpitur : Prelatus negligens, Dissi- 
pulus inobediens, Juvenis ottiosus, Senex obstinatus, Monacus 
carialis, Monacus causidicus, Habîtus preciosus, Cibus exqui- 
situs, Rumor in claustro, Lis in capitule, Dissolucio in cor[de], 
Irreverentia contra altare. 



GLOSSAIRE 



AcoiNTANT (femme). ^ Femme qui recherche la rencontre des 
hommes (p. 315). D'ordinaire, acoinier est réfléchi. Comparez taisant 
pour^e taisant. 

Amouras, adj. m. s.— Amoureux (p. 320). La terminaison a été 
modifiée pour le besoin de la rime. V. Jonglas, M. Nat. de Wailly 
cite une forme picarde qui se rapproche de celle-ci : amourè^ variante 
de amoureus. 

As, article au dat. pluriel, jamais aux. 

Assenée (Liquele est mieuls?) — Laquelle esi la mieux partagée? 
(p. 325) Litt.: assignée. 

Barel (vins de). — Baril (p. 316). Le glossaire, écrit de la même 
main, qui se trouve dans ce même ms., donne le lat. cadus comme 
traduction de barel, 

Baude, adj. fém. s. — Gaillarde (p. 320). Du lat. validus, a, um. 
Burguy dérive ce mot du goth. baltha. 

Boires, obi. m. pi. — Boissons. 

Et je soushaide tous boires à talent (p. 32u). 

C'est-à-dire je souhaite avoir à ma disposition toutes sortes de 
boissons . 

C , pour que : 

Et prendre à mi 

Soûlas c' amis (. . .que) (p. 315). 

' On lit au bas de la page, écrit de la même main, ce fragment latin, 
qui n*est guère qu'une variante des Dictons satiriques rimes. (V. p 315.) 



FIULGMBNTS d'UNB ANTHOLOGIR PICA^ROB »l 

CettB élision n^a lieu que dev&nt les voyelles qui laissent au e le 
son dur. Y. Nat de Waîlly, Charles dAire. 

Cas. Les règles de la déclinaison sont bien observées, sauf dans 
les Dictons satiriques rimes et dans les réponses aux Énigmes 
amoureuses. 

Chus, synonjrme de chii. Ni Burguy ni M. Nat. de Wailly, ne 
donnent cette forme. 

Givos (frès frommage et). — Nourrissant (p. 320). Suppose le 
b. L*cibasus. 

Glopeter. — Boiter (?) (p. 317). Forme à rapprocher de doper, 
clopiner (v.fr.), éeloper. Du bas latin cfoppt», boiteux, que Ménage 
et Diez dérivent de j^iakoitwç, boiteux du pied, et M. Grandgagnage 
du hollandais kruipen, kroop, ramper, et que d'autres rapprochent 
de Taliemand klopfen, heurter, battre. (V. Littré, au mot Clopin* 
clopanl. 

Les étymologîes hollandaise et germanique tombent devant ce 
fait, que cloppus est donné comme synonyme de j^nakhç (ou de 
Xopc^bç), dans les 'E|;ptï3V6ÛpaTa de Julius Pollux, et qu'il doit être 
dès lors considéré comme appartenant à la langue familière des 
Romains du ii* siècle ap. J.-G., et non plus seulement comme un 
mot barbare latinisé par les scribes du moyen âge. V. NoHce des 
manuscrits j t. XXIII, 2« partie (p. 457). 

Glugne, 3« p. s. ind. p. — Gligne (p. 320). 

Glugnement, obi. m. s. — Glignemeut (p. 317). 

Gremetant, obi. m. s. — Graintif (p. 325). Burguy ne donne pas 
cette forme. 

Degras, obi. m. pi. 

Et si fesisse au mont tous leur degras. 

Ne s'en plainsist chevaliers ne jouglas (p. 320). 

« Et que je fisse au monde (c'est-à-dire aux autres hommes) tout 
ce qui leur agrée (*), de telle sorte que nul ne s'en plaignît, ni che- 
valiers ni jongleur. » 

Burguy, t. ni, donne de ce mot une explication qui me paraît 
inadmissible. « Degras. Faire ses degras signifiait se décharger le 
ventre, et la basse latinité rendait cette expression par degravare, 
Degras, de degravare, a donc le sens de décharge, d'où iig. cra- 
pule, bombance. . . Laissant degravare de côté, on pourrait dériver 
degras de crassus, et l'on aurait l'idée primitive de dégrossir, dé- 
graisser, enlever l'ordure. » 



33S DULBCTB8 ANGIBNS 

Dêgras ne vient point de degravare, qni a formé et ne pouvait for- 
mer que dégrever; ni de gravatus^ qui a formé gravats. On le ratta- 
cherait mieux, au point de vue de la filiation phonétique, à crassus, 
qui a formé gras ; mais on ne voit guère que le sens y prête. Car 
c'est bien gratuitement que Burguy traduit faire ses degras par se 
décharger le ventre, et tout aussi gratuitement qu'il en tire le sens 
de bombance, 

M. Jjittré semble avoir adopté la seconde conjecture de Burguy; 
il dérive degras de crassus, et le donne comme synonyme de dé" 
gras^ graisse exprimée des peaux (terme de chamoiserie). Mais 
l'exemple sur lequel il s'appuie ne parait pas plus concluant que 
ceux auxquels renvoie Burguy. On peuc en juger par les citations 
suivantes : 

Mais qui vieit se vie enlacier. 
Et de toutes pars embracier, 
Fox est s'il ne laist ses degras. 

Vers sur la mortf publiés par Méon. 

( Cité par Burguy, t. u, p. 87.) 

Avoi ! sire Tyûert li chaz, 
Por ce s'ore avez vos degraz, 
Et se vostre pance est or plaine, 
Ne durra mie la semaine 
Gist orgoulz que vos ore avez . 

Renard y x, 20568 (Littré, Dictionnaii^e.) 

M. Littré traduit le second vers ainsi : « Si vous satisfaites votre 
gourmandise, » Probablement Burguy traduirait le degras du pre- 
mier exemple par bombances. Ces deux traductions s^éloignent peu 
l'une de l'autre et présentent un sens satisfaisant, quoiqu'on ne 
comprenne guère comment M. Littré puisse rattacher l'idée de 
» satisfaire sa gourmandise » à celle de « dégraisser, exprimer la 
i^raisse des peaux. » Mais, si elles suffisent pour rendre compte des 
deux passages cités, en est-il de même pour le vers de notre chan- 
son ? On peut en douter. 

Je conjecturerais plutôt que degras^ ou mieux degraz (z-ts), est 
composé do de, augmentatif et non dépréciatif, et de grains, obi. 
pluriel * degraios. Cf. un mot de formation analogue, deplainz {de- 
planclus), Chanson de saint Alexis, str. 21, v. 5. 

On pourrait faire observer que, gratus ayant formé gret et regrez 
en V. français, *degratus aurait de même donné degrez et non de- 



FRAGMENTS D'tJNB ANTHOIOOIB PICARDE 333 

graz. Je ne méconnais pas la portée de cette objection; cependant 
elle n'est pas décisive, puisque on trouve les deux formes az et ez 
employées simultanément pour lo même mot : raz et rez. 

Je traduirais degraz par « choses qui font grand plaisir », sens 
qui s'ajuste également aux trois passages cités, et qui se dérive 
sans difficulté du primitif latin supposé, de-grcUus. Et j'ajouterai 
une dernière observatiou : c'est que la forme degraz par un z, que 
donne le Roman du Renard^ ne peut se rattacher à de-crassuSy dont 
les deux consonnes finales ss n'ont jamais produit Zy lettre qui, 
dans le vrai français, correspond toujours à la dentale accom- 
pagnée de la sifflante. 

Devises, n. m. s. — Bien proportionné : 

Devises fuisse de membres et de cors (p. 319j. 

E. — La métathèse de Ve muet a lieu fréquemment quand il s'ap- 
puie sur IV: gouvrenementy couvreture. 

Ebibeséb (nonnain). — Nonne délurée (p. 315). Ce mot est syno- 
nyme deenveiseVy envoiser. L*invitiare,ûényédevitiare.CÎ. Vitiare 
virginem^ dans les comiques latins. De là le mot baiser, avec le sens 
péjoratif que lui donne souvent le langage populaire. Quant à baiser y 
synonyme de osculariy il est) comme on le sait, dérivé de basiare. 
M. littré n'indique ni ce double sens, ni les deux étymologies qui 
y correspondent. Le patois de la Saintonge a baiser et biser. Mais, 
chose curieuse, le premier, qui dérive de basiare, a le sens de ri- 
liarey et le second, qui dérive deviliare, a le sens de basiare. 

Ensuer (s'). — Suer (p. 317). Forme que je n'ai vue citée nulle 
part. On ait suer, et non se suer. Mais on sait que dans le vieux 
français les verbes neutres s'employaient souvent comme verbes' 
réfléchis . 

EsPROvÉE (p. 321). — Prouvée. 

Bien croi que c'est esprovée 
Très haute folour. 

Litt. « Je crois bien que c'est une très-haute folie parfaitement 
prouvée. » Ce qu'il y a de particulier dans cette expression, c'est l'em- 
ploi qui est fait de esprové comme attribut d'une qualité mauvaise. 
On sait qu'aujourd'hui éprouvé ne peut be prendre qu'en bonne part : 
a des hommes éprouvés y une vertu éprouvée, » 

Grans, Grandes. — Remarquez l'emploi des deux formes grans 
et grandes pour le féminin, et cela dans la même pièce. 



334 DULBGTBS AMCIBNS 

Grans est employé avec un nom à terminaison féminine : 

« II. Trës-grans envies dire os », de sorte qu'il n'y a pas de doute 

possible sur le genre de l'adjectif. Dans le second cas, au contraire, 

l'auteur a mis grandes, parce que seul, et avec la forme commune 

aux deux genres, cet adjectif aurait laissé le lecteur dans l'embarras: 

Ne plus grandes nuls bon ne vit (p. 315). 

I. — L't, dans ce texte, comme dans ceux de la même époque, 
sert souvent à indiquer que la voyelle ou la diphtbongue précédente 
se prononce avec le son clair. C'est le rôle opposé à celui de ïe 
muet, qui allongeait et allonge encore la voyelle ou la dipbthongue 
qu'il suit : ennemie, joue. Il faut donc prononcer fussent, amassent, 
vécusse, fusse, fâche, etc., et non, comme nous voyons écrit '..fuissent, 
amaissent, vesquisse, fuisse, faiche. Ce qui le prouve, c'est qu'on 
trouve pour quelques-uns de ces mots les deux formes avec ou sans 
• : eusse, éuisson. (V., pour ces particularités et d'autres analogues, 
le Mémoire déjà cité de M. N. de Wailly.) 

Inobient, obi. m. s. — Dé.sobéissant (p. 315). 

JouGLAs, n. s. m., pour jouglerr es. Licence de versification. Cf. 
plus haut amouras pour amourous . 

On remarque une particularité analogue dans la Passion du Christ 
en dialecte franco- vénitien : rabas, pour robas, pour roberres : 

Fuant s'en vont au si corne ràbas. 

Revue des lang. rom,, 2« livr., 1870, v. 148. 

Lus, obi. pi. — Brochets (p. 320). Lat.,/Mciw5; en picard du 
XV« siècle, lue : brochet. « Le 10 février 1463, il fut résolu de faire 
présent au comte de Charolais de six lues. » (Archiv. d'Amiens.) 

Gloss. picard de l'abbé Corblet. 

Malans, n. m. s. — Ulcère (p. 315). 

Ce mot est resté dans les patois du nord et du midi de la France. 

— Malan de Dieu ! cridè tout d'uno. 
Se l'avèn basso, la fourtuno, 
Vuei aprenès de iéu que pourtan lou cor aut ! 

Mirèio, chant vu. 

Papeter. — Faire comme les enfants qui mangent de la bouil- 
lie (p. 317)? Cf. Papeter (se), se délecter en mangeant un bon mor- 
ceau. 

Gloss. picard de l'abbé Corblet. 



FRAGMENTS d'uNB ANTHOLOGIE PICARDE 335 

PoRET (tarte à). — Tarte aux poires, à la marmelade de poires 
(p. 321). 

QuERKB, 3* p. S. ind. pr. — Charge, confie : 

Quiconkes querke Tame de lui à son enfant (p. 316). 

Aujourd'hui nous disons :« Charger quelqu'un de quelque chose », 
et non « charger quelque chose à quelqu*un. » V., ap. Liltré, Phisto- 
rique du mot charger, 

Rbnouvelent, 3« p. pi. ind., employé avec le sens neutre « pa- 
raître de nouveau» (p. 315). 

Cf. Quant la sesons renouvelé 

D'avril, que marz est passez 

Raoul de Biauves, ap. Bartsch, Romances et pastourelles françaises 
(p. 264). 
RoNs, obi. pi. — Pièce de monnaie (p. 319). 

Taisant, synonyme de se taisant : 

Cat durmant, molin coi taisant (p. 315). 

Tenchant (honme). — Homme qui gronde (p. 315). 
Cf. le dicton picard : 

Biaux chires leups, n'écoutez mie 
Mère tenchent chen fieux qui crie. 

La fontaine, 1. iv, f. xvi. 

m 

U, au ; 

Et quant sui mis u retour, 
Li reveoirs me tarie (p. 327). 

Uns ieXy obi. m. pi. — Une paire d'yeux (p. 328). Emploi remar- 
quable de un au pluriel. Cf. Unes forces^ une paire de tenailles. 

Sui el cors trais et férus 
1/uns vairs iex ses et agus. 

ViBSE (2 lois) pour vieille (p. 315). Dérivé par fausse analogie du 
masculin vies. 

Vies est pour ves ou mieux vez, de velus. Le plus ancien exemple 
qu'on en connaisse appartient au ms. n® 3 du Grand Séminaire 
d'Autun, daté de 754, où j'ai eu occasion de le remarquer lors d'une 
récente excursion dans cette ville. Il figure dans un de ces brefs 
commentaires que l'on insérait assez souvent à la suite des évan- 



i 



336 DIALB0TE8 ANCIBM8 

giles (P* 24, v«) : « Ârbor maia ves homo, arbor b.ona anima spiritalis. 
— Le mauvais arbro est le vieil bomme (rbomme du pécbé), le bon 
arbre est Tàme qui vit de la vie de l'esprit. » 

WiDEcos, obi. m. pi. — Bécasses (p. 320). Cf. Videcoq, Bécasse, 
dans le Gtoss. picard de l'abbé Gorblet. 

A. Boucherie. 

ÂDgouléme, le 20 septembre 1872. 



ACTE DE FONDATION DE LA CONFBÈRIE DU SAINT-SACREMENT 
érigée en Téglise Saint-Mar tin-de-Biizet, en mm 1344 

Cet aete, que nous livrons aujourd'hui à la curiosité des ro- 
manisants, a été découvert par nous à la seconde page du 
prunier registre contenant les actes de cette confrérie et les 
noms et prénoms de ses membres. Ainsi que tout le corps du 
registre, il est en parfait état de conservation, écrit «ur pa- 
pier, en ronde ( cursive du commencement du XVII' siècle), 
sans surcharges, ratures et abréviations. Mais ce n'est point 
Foriginal lui-même, ce n'est qu'une copie faite et coUationnée 
en présence et par-devant M® Crouzet, notaire royal, le 6 dé- 
cembre 1636, qui en certiâe la parfaite exactitude, ainsi qu'il 
appert de l'acte qui précède et suit la copie de l'acte de fon- 
dation. 

Nous avons donc tout lieu de penser que cette copie repro- 
duit âdèlement le texte original, qu'il nous a été impossible, 
malgré toutes nos recherches, de découvrir ni de savoir ce 
qu'il avait pu devenir, et que nous supposons avoir disparu, 
ainai que tant d'autres précieux manuscrits concernant notre 
histoire locale, pendant la tourmente révolutionnaire de 1789. 

A part la certitude de ûdélité dans la transcription que 
nous donne l'acte notarié, signé Crouzet, nous nous sommes 
convaincu, en le comparant avec d'autres documents en 
notre possession, datant de i235, 1243, 1390, 1412 et 1438, 
que c'est bien véritablement le langage parlé à Buzet, au 
XIV* siècle, et non celui de l'époque où on l'a recopié (1636;. 
On j trouve, en eflfet, non-seulement les formes grammati- 
cales, les tournures de phrase, etc., mais encore les mots 
usités, l'orthographe, etc., de ce siècle. 11 ne diffère des ma- 
nuscrits de ce temps qu'en une seule chose, la ponctuation et 
l'accentuation ; mais nous devons supposer que ces points et 
ces accents ont été inséras dans le texte par le notaire, qui 
crut rendre ainsi la forme plus correcte. 



338 DIALBCTB8 ANCIENS 

Quant aux motifs qui ont pu engager la population de Bu- 
zet à créer cette confrérie, nous ne pouvons former là-dessus 
que des conjectures, ne possédant aucun document qui nous 
puisse sûrement renseigner ; il est vrai que ces conjectures 
offrent un tel degré de vraisemblance, qu'elles pourraient, à la 
rigueur, équivaloir à une certitude complète. En effet, avant 
et à Fépoque où cette confrérie fut organisée, une violente 
hérésie avait troublé TEglise : au IX*' siècle, Jean Scot, sur- 
nommé Erigena (Irlandais) ; au XP, Berenger ; au XIP, Pierre 
de Bru js et Henri, son disciple ; et enûn, au XIV*, Wiclef, 
avaient nié et niaient ouvertement la présence réelle de Jésus- 
Christ dans TEucharistie. A la même époque (XIV® siècle), 
un théologien, Jean de Paris, dominicain, prétendait que 
TEucharistie ne renferme point le corps de Notre-Seigneur 
Jésus-Christ, en tant que né de la vierge Marie, mais que 
ce corps, dans TEucharistie, est le pain lui-même hyposta- 
tiquement uni au Verbe : « Non immédiate quidem, sed mediante 
came Christi » ; d'où il suivrait que Ton n'honorerait pas le 
corps formé du sang de la Sainte Vierge, mais simplement un 
corps dont la matière serait de pain. 

De plus, l'histoire nous apprend que le règne de Philippe VI 
(1328 à 1350) fut rempli de guerres perpétuelles, de pestes, de 
famines, de fléaux de toute espèce. 

Fut-ce par dévotion, et pour que le Ciel daignât mettre fin 
à ces calamités publiques, que les Buzetiens se mirent sous la 
protection spéciale et immédiate de Jésus et de Marie, en 
instituant la confrérie ? Ou bien instituèrent-ils cette confrérie 
pour venger, par une éclatante protestation, l'injure faite au 
Christ et à sa Sainte Mère, par les assertions sacrilèges des 
Scot, des Wiclef, des Berenger, etc.; pour donner un public 
démenti à ces hérésiarques et faire acte d'adhésion aux en- 
seignements inerrables de la chaire de saint Pierre ? 

Nous pensons que cette dernière hypothèse est la plus 
plausible et que c'est celle qui se rapproche le plus de la 
vérité, si ce n'est la vérité elle-même. 

Quoi qu'il en soit, la confrérie ainsi formée s'était mainte- 



CX)NFRSRIE DU SÂIKT-SACREMENT 339 

nue jusqu'à la première Révolution, ainsi que le témoignent 
les registres. Plus tard, elle a repris le cours momentanément 
interrompu de son existence, avec Tautorisation de M. de 
Cambon, vicaire général du diocèse de Toulouse, le siège 
vacant, en date du 10 mai 1818, et elle continue de subsister 
encore, mais hélas ! non point avec son ancien éclat, pour 
des causes qu'il ne ne nous appartient pas de rechercher ni 
de désigner ici. Barbe, 

de Buzet (Haute-Garonne). 

In nomine patris et filii et spiritus sancti, amen. 

Oum nos autres nos siam ajssi adiustatz a honor de dieu 
Jésus Christ et de la verges Maria per seruir a hondrar la 
sagrada verges Maria et ediffîcar vna confrairia del verai 
corps de nostre senhor dieu Jesu Christ en la gléjsa .de mos- 
senhe sanct Marty de Buset et non en preiudici del sanct paire 
appostolj, nj de cardinal, ny de prélat, ny de Rey, ny de 
degun homme de religiou. Mas tant solamen per lo veray 
corps de dieu seruir, et honorar et la verges Maria. Et diseu 
nosdictz confraires et juran sus los quatre sanctz euangelis a 
esser en cert nombre entro et non plus cent en pena del se- 
gramen dessusdict. Et volen losdictz confraires que en aquesta 
confrairia Intre hom am très dinies tols. de Intradas se re 
plus non ly plasia de donar et si era cas que non ly agradés 
que sen volgués salhir que pague autres très dinies de yssida 
as ops de la lumenaria de ladicta confrairia. Encaras may 
volen losdictz confraires que tôt confraire que Intrara dins 
ladicta confrairia noncelamen que agia doctze ans ho plus, 
sinonque fos cas que son paire fos anat a dieu. Encaras may 
volen et dison que los confraires de ladicta confrairia, si era 
cas que ny agués degun que non volgués ben pagar la lumi- 
naria ho las autras causas que hom Ion pesca raire sinon auia 
pagat dins lan reuolut, et aisso en pena del sagramen des- 
susdict et mettre vng autre en son loc et dels autres vacant 
entre al cert nombre del cent dessus dict et non plus en 
pena del sagramen dessus dict. Encaras may volen losdictz 
confraires de aquesta confrairia que lo lorn de la festa 



330 DIALECTES ANCIENS 

DICTONS SATIRIQUES LATINS * 

[ ] principum inter duodecim abusiones claustri enu- 

merat istam Hugo de Falleto (sic) li . u. de claustro quibus 
iota religionis maxa corrumpitur : Prelatus negligens, Dissi- 
pulus inobediens, Juvenis ottiosus, Senex obstinatus, Monacus 
curialis, Monacus causidicus, Habitus preciosus, Cibus exqui- 
situs, Rumor in claustro, Lis in capitulo, Dissolucio in cor[de], 
Irreverentia contra altare. 



GLOSSAIRE 



AcoiNTANT (femme). — Femme qui recherche la rencontre des 
hommes (p. 315). D*ordinaire, acointer est réfléchi. Comparez taisant 
pour se taisant . 

Amouras, adj. m. s. — Amoureux (p. 320). La terminaison a été 
modiliée pour le besoin de la rime. V. Jonglas, M. Nat. de Wailly 
cite une forme picarde qui se rapproche de celle-ci : amourè5 variante 
de amoureus. 

As, article au dat. pluriel, jamais aux. 

Assenée (Liquele est mieuls?) — Laquelle esi la mieux partagée? 
(p. 325) Litt.: assignée. 

Barel (vins de). — Baril (p. 316). Le glossaire, écrit de la même 
main, qui se trouve dans ce même ms., donne le iat. cadus comme 
traduction de barel. 

Baude, adj. fém. s. — Gaillarde (p. 320). Du Iat. validus, a, um. 
Burguy dérive ce mot du goth. baltha. 

Boires, obi. m. pi. — Boissons. 

Et je soushaide tous boires à talent (p. 32u). 

G'est-à-dire je souhaite avoir à ma disposition toutes sortes de 
boissons. 

C , pour que : 

Et prendre à mi 

Soulas & amis (. . .que) (p. 315). 

• On lit au bas de la page, écrit de la môme main, ce fiagment latin, 
qui n'est guère qu'une variante des Dictons satiriques rimes. (V. p 315.) 



FRAGMENTS d'uNB ANTHOLOGIE PICARDE 331 

Cette élision n'a lieu que devant les voyelles qui laissent au c le 
son dur. V. Nat. de Wailly, Chartes d'Aire. ' 

Cas. Les règles de la déclinaison sont bien observées, sauf dans 
les Dictons satiriques rimes et dans les réponses aux Énigmes 
amoureuses . 

Chus, synonyme de chil. Ni Burguy ni M. Nat. de Wailly, ne 
donnent cette forme. 

Civos (frès frommage et). — Nourrissant (p. 320). Suppose le 
b. l^cibosus. 

Clopetbr. — Boiter (?) (p. 317). Forme à rapprocher de doper ^ 
clopiner (v.fr.), écloper. Du bas latin cloppus, boiteux, que Ménage 
et Diez dérivent de ^cùkoTzovç, boiteux du pied, et M. Grandgagnage 
du hollandais kruipen, kroop, ramper, et que d'autres rapprochent 
de l'allemand klopfen, heurter, battre. (V. Littré, au mot Clopin- 
clopant . 

Les étymologies hollandaise et germanique tombent devant ce 
fait, que cloppus est donné comme synonyme de ^^Voç (ou de 
"kopâoç), dans les 'E^./xyjvsûpara de Julius Pollux, et qu'il doit être 
dès lors considéré comme appartenant à la langue familière des 
Romains du n* siècle ap. J.-C, et non plus seulement comme un 
mot barbare latinisé par les scribes du moyen âge. V. Notice des 
manuscrits, t. XXIII, 2« partie (p. 457). 

Clugne, 3« p. s. ind. p. —Cligne (p. 320). 

Clugnement, obi. m. s. — Clignemeut (p. 317). 

Cremetant, obi. m. s. — Craintif (p. 325). Burguy ne donne pas 
cette forme. 

Degras, obi. m. pi. 

Et si fesisse au mont tous leur degras ^ 

Ne s'en plainsist chevaliers ne jonglas (p. 320). 

« Et que je fisse au monde (c'est-à-dire aux autres hommes) tout 
ce qui leur agrée (*), de telle sorte que nul ne s'en plaignît, ni che- 
valiers ni jongleur. » 

Burguy, t. m, donne de ce mot une explication qui me paraît 
inadmissible. « Degras. Faire ses degras signifiait se décharger le 
ventre, et la basse latinité rendait cette expression par degravare, 
Degras, de degravare, a donc le sens de décharge, d'où fig. cra- 
pule, bombance. . . Laissant degravare de côté, on pourrait dériver 
degras de crassus, et l'on aurait l'idée primitive de dégrossir, dé- 
graisser, enlever l'ordure. » 



330 DIALBCTBS ANGIBNS 

DICTONS SATIRIQUES LATINS * 

[ ] principum inter duodecim abusiones claustri enu- 

merat istam Hugo de Falleto («te) li .u. de claustro quibus 
iota religionis maxa corrumpitur : Prelatus négligeas, Dissi- 
palus inobediens, Juvenis ottiosus, Senex obstinatus, Monacus 
curialis, Monacus causidicus, Habitus preciosus, Cibus exqui- 
situs, Rumor in claustro, Lis in capitulo, Dissolucio in cor[de], 
Irreverentia contra altare. 



GLOSSAIRE 



AcoiNTANT (femme). — Femme qui recherche la rencontre des 
hommes (p. 315). D'ordinaire, acointer est réfléchi. Comparez taisant 
pour^e taisant. 

Amouras, adj. m. s. — Amoureux (p. 320). La terminaison a été 
modifiée pour le besoin de la rime. V. Jonglas. M. Nat. de Wailly 
cite une forme picarde qui se rapproche de celle-ci : amourè5 variante 
de amoureus. 

As, article au dat. pluriel, jamais aux. 

Assenée (Liquele est mieuls?) — Laquelle esi la mieux partagée? 
(p. 325) Litt.: assignée. 

Barel (vins de). — Baril (p. 316). Le glossaire, écrit de la même 
main, qui se trouve dans ce même ms., donne le lat. cadus comme 
traduction de barel. 

Baude, adj. fém. s. — Gaillarde (p. 320). Du lat. validus, a, um. 
Burguy dérive ce mot du goth. ballha. 

Boires, obi. m. pi. — Boissons. 

Et je soushaide tous boires à talent (p. 32u). 

G'est-à-dire je souhaite avoir à ma disposition toutes sortes de 
boissons . 

C , pour que : . 

Et prendre à mi 

Soulas c' amis (. ..que) (p. 315). 

• On lit au bas de la page, écrit de la môme main, ce fragment latin, 
qui n'est guère qu'une variante des Dictons satiriques rimes. (V. p 315.) 



FRAGMENTS d'uNB ANTHOLOGIE PICARDE 331 

Cette élision n'a lieu que devant les voyelles qui laissent au c le 
son dur. V. Nat. de Wailly, Chartes d'Aire, ' 

Cas. Les règles de la déclinaison sont bien observées, sauf dans 
les Dictons satiriques rimes et dans les réponses aux Énigmes 
amoureuses. 

Chus, synonyme de chU. Ni Burguy ni M. Nat. de Wailly, ne 
donnent cette forme. 

Givos (frès frommage et). — Nourrissant (p. 320). Suppose le 
b. \*cibosus. 

Glopeter. — Boiter (?) (p. 317). Forme à rapprocher de dopera 
clopiner (v.fr.), écloper. Du bas latin cloppus, boiteux, que Ménage 
et Diez dérivent de ^cùXoizovçy boiteux du pied, et M. Grandgagnage 
du hollandais kruipen, kroop, ramper, et que d'autres rapprochent 
de l'allemand klopfen, heurter, battre. (V. Littré, au mot Clopin- 
clopant . 

Les étymologies hollandaise et germanique tombent devant ce 
fait, que cloppus est donné comme synonyme de /(Mç (ou de 
"kopâoç), dans les 'E^./iAyjvgû/xaTa de Julius Pollux, et qu'il doit être 
dès lors considéré comme appartenant à la langue familière des 
Romains du n» siècle ap. J.-C, et non plus seulement comme un 
mot barbare latinisé par les scribes du moyen âge. V. Notice des 
manuscrits, t. XXIII, Repartie (p. 457). 

Clugne, 3e p. s. ind. p. —Cligne (p. 320). 

Clugnement, obi. m. s. — Clignemeut (p. 317). 

Crembtant, obi. m. s.— Craintif (p. 325). Burguy ne donne pas 
cette forme. 

Deqras, obi. m. pi. 

Et si fesisse au mont tous leur degras. 

Ne s'en plainsist chevaliers ne jonglas (p. 320). 

tt Et que je fisse au monde (c'est-à-dire aux autres hommes) tout 
ce qui leur agrée (*), de lelle sorte que nul ne s'en plaignît, ni che- 
valiers ni jongleur. » 

Burguy, t. m, donne de ce mot une explication qui me paraît 
inadmissible. « Degras. Faire ses degras signifiait se décharger le 
ventre, et la basse latinité rendait cette expression par degravare, 
Degras, de degravare, a donc le sens de décharge, d'où fig. cra- 
pule, bombance. . . Laissant degravare de côté, on pourrait dériver 
degras de crassus, et l'on aurait l'idée primitive de dégrossir, dé- 
graisser, enlever l'ordure. » 



330 DIALECTES ANCIENS 

DICTONS SATIRIQUES LATINS * 

[ ] principum inter duodecim abusiones claustri enu- 

merat istam Hugo de Falleto (sic) li . n. de claustro quibus 
iota religionis maxa corrumpitur : Prelatus negligens, Dissi- 
pulus inobediens, Juvenis ottiosus, Senex obstinatns, Monacus 
curialis, Monacus causidicus, Habitus preciosus, Cîbus exqui- 
situs, Rumor in claustro, Lis in capitule, Dissolucio in cor[de], 
Irreverentia contra altare. 



GLOSSAIRE 



AcoiNTANT (femme) . — Femme qui recherche la rencontre des 
hommes (p. 315). D'ordinaire, acoinierest réfléchi. Comparez taisant 
pour^e taisant. 

Amouras, adj. m. s. — Amoureux (p. 320). La terminaison a été 
modiliée pour le besoin de la rime. V. Jonglas. M. Nat. de Wailly 
cite une forme picarde qui se rapproche de celle-ci : amourè« variante 
de amoureus» 

As, article au dat. pluriel, jamais atix. 

Assenée (Liquele est mieuls?) — Laquelle esi la mieux partagée? 
(p. 325) Litt.: assignée. 

Bàrel (vins de). — Baril (p. 316). Le glossaire, écrit de la même 
main, qui se trouve dans ce même ms., donne le lat. cadus comme 
traduction de barel, 

Baude, adj. fém. s. — Gaillarde (p. 320). Du lat. validus, a, um. 
Burguy dérive ce mot du goth. baltha. 

Boires, obi. m. pi. — Boissons. 

Et je soushaide tous boires à talent (p. 320). 

C'est-à-dire je souhaite avoir à ma disposition toutes sortes de 
boissons . 

C , pour que : . 

Et prendre à mi 

Soulas c' amis (. . .que) (p. 315). 

' On lit au bas de la page, écrit de la môme main, ce fragment latin, 
qui n'est guère qu'une variante des Dictons satiriques rimes. (V. p 315.) 



FRAGMENTS d'uNB ANTHOLOGIE PICARDE 331 

Cette élision n'a lieu que devant les voyelles qui laissent au c le 
son dur. V. Nat. de Wailly, Chartes d'Aire, ' 

Cas. Les règles de la déclinaison sont bien observées, sauf dans 
les Dictons satiriques rimes et dans les réponses aux Énigmes 
amoureuses . 

Chus, synonyme de chU, Ni Burguy ni M. Nat. de Wailly, ne 
donnent cette forme. 

Civos (frès frommage et). — Nourrissant (p. 320). Suppose le 
b. ï.*cibosus. 

Clopetbr. — Boiter (?) (p. 317). Forme à rapprocher de doper, 
clopiner (v.fr.), écloper. Du bas latin cloppus, boiteux, que Ménage 
et Diez dérivent de ^cùXoizovç, boiteux du pied, et M. Grandgagnage 
du hollandais kruipen, kroop^ ramper, et que d'autres rapprochent 
de l'allemand klopfen, heurter, battre. (V. Littré, au mot Clopin- 
clopant . 

Les étymologies hollandaise et germanique tombent devant ce 
fait, que cloppus est donné comme synonyme de ;^wXoç (ou de 
'kopâoç)^ dans les 'E^./xyjvsûpara de Julius Pollux, et qu'il doit être 
dès lors considéré comme appartenant à la langue familière des 
Romains du n* siècle ap. J.-C, et non plus seulement comme un 
mot barbare latinisé par les scribes du moyen âge. V. Notice des 
manuscrits, t. XXIII, 2« partie (p. 457). 

Clugne, 3e p. s. ind. p. —Cligne (p. 320). 

Clugnement, obi. m. s. — Clignement (p. 317). 

Cremetant, obi. m. s. — Craintif (p. 325). Burguy ne donne pas 
cette forme. 

Degras, obi. m. pi. 

Et si fesisse au mont tous leur degras. 

Ne s'en plainsist chevaliers ne jouglas (p. 320). 

tt Et que je fisse au monde (c'est-à-dire aux autres hommes) tout 
ce qui leur agrée (*), de lelle sorte que nul ne s'en plaignît, ni che- 
valiers ni jongleur. » 

Burguy, t. m, donne de ce mot une explication qui me paraît 
inadmissible. « Degras. Faire ses degras signifiait se décharger le 
ventre, et la basse latinité rendait cette expression par degravare, 
Degras, de degravare, a donc le sens de décharge, d'où fig. cra- 
pule, bombance. . . Laissant degravare de côté, on pourrait dériver 
degras de crassus, et l'on aurait l'idée primitive de dégrossir, dé- 
graisser, enlever l'ordure. » 



346 



DULECTES MODERNES 



même son qu'elle a pris ou gardé, selon les cas, dans son 
existence indépendante, c'est-à-dire que, provenant de U latin, 
par conséquent devenue â, elle donne ui; que, provenant de 
u ou de u en position, par conséquent demeurée ou, elle 
donne oi. 

A. — U devenu ul 
[/long 



ducere, 


duire. 


pertusus, 


pertuis. 


lucere, 


luire. 


* stucum, 


étui. 


junius, 


juin. 


acutiare, 


aiguiser 


julius, 


juillet. 


Imca, 


buie. 



Exceptions : ft a donné oi, c'est-à-dire qu'il a été traité 
comme û dans : 

foison. 



fusionem, 



macère, 



moisir. 



unionem, oignon. 



Sur quoi il faut observer que Yu de ces trois mots a pu, 
précédant la tonique, s'être abrégé avant la diphthongaison. 
Les formes de l'ancienne langue d'oc mosir (où o=^ou^û) 
et du limousin actuel ounhou (où ou = û) confirment cette con- 
jecture pour les deux derniers mots cités '. 

B. — U devenu oi 





a. 


— £/ 


bref 




cuneus, 


coin. 




crucem. 


croix. 


nucem, 


noix. 




• eburium, 


ivoire. 


Exceptions : 










fugere, 


fuir. 




puteus, 


puits. 


pluvia, 


pluie. 









Ces exceptions ne sont qu'apparentes. En eflfet, fuir, pluie 
et puits proviennent respectivement, non de fugere, pluvia et 



* On peut aussi supposer, bien que cet accident pour Vu long soit très- 
rare, une mutation préalable en o. 



PHONETIQUE FRANÇAISE 347 

pûteuSy mais des formes YJxlgBÎTeB * fngtre, *plÔvta et * pôtius. 
L'allongement de Vu dans fugere est prouvé par les formes 
italienne fuggire et limousine fugî, u dans ces deux idiomes 
correspondant à un û latin. Quant au changement préalable en 
de Vu de pluvia et de puteus, il est attesté par des exemples 
en latin vulgaire et, pour pluvia, par la forme limousine plovio. 
Puteus, dans ce dernier idiome, a donné directement pou. 

C'est aussi sans doute par une mutation antérieure de û en 
0, mutation attestée de même par des textes vulgaires, qu'il 
faut expliquer notre suis (sum) et les anciennes formes fui, tvi, 
oui, dut. 

Je ne considère pas comme des exceptions lui, celui, cestui, 
parce que je crois que Vui final de ces mots représente non pas 
hûlc, comme le croit M. Diez, mais ûc. Je vois dans lui, par 
exemple, Fadverbe illûc transformé en pronom comme l'ont 
été inde et iài, et, conséquemment, dans celui, eccilluc, dans 
cestui, ecc'istuc. 

Je rappellerai que déjà, dans la latinité classique, tV/wc joue 
parfois le rôle d'un pronom personnel au datif. Par exemple, 
Tacit., Hist. II, 24 : « (Cœcina) pulsus Placentia, propinquante 
Fabio Valente, ne omne belli decus illuc concederet, recipe- 
rare gloriam avidius quam consultius properabat. » Voir d'au- 
tres exemples, A. I, 3 ; H. III, 38. — On pourrait aussi, et 
cette étymologie peut-être serait préférable*, admettre que la 
finale ui des mots qui nous occupent n'est autre chose que 
l'adverbe hUc, qu'on a joint au pronom comme nous ajoutons 
ci ou là à ce, à celle et même à celui, depuis que le sens de ui 
s'est oblitéré*. 

Du reste, il n'est nullement impossible que des formes com- 

' C'est, en tout cas, la seule qui puisse convenir pour altrui, si l'on n'ad- 
met pas celle de M. Diez {alteri huic). 

^ Celui-làj ramené à ses éléments latins, serait donc eccWhuc illaCf ce- 
lui-ci, ecc'iWhuc ecc'hic. Ces sortes de pléonasmes inconscients sont un 
des procédés les plus familiers au langage populaire, qui ne désigne jamais 
assez clairement à son gré les choses et les personnes. De là des expres- 
sions telles que au jour d*aujourd'hui et celui-là-làf l'une et l'autre fort 



348 DIALBGTBB ANGIBN8 

posées avec huiû aient coexisté dans le latin Yulgaire avec des 
formes composées avec hue. Ce serait, dans ce cas^ aux pre- 
mières qu'il faudrait rapporter les formes telles que celai, al*- 
trot, que Ton rencontre quelquefois dans les anciens textes. 

B. — U en position 

angustia, 

jungere, 

ungere, 

pungere, 

pugnum, 

Exceptions 

buxns, 
tmcta, 
fructus, 

Ces exceptions doivent probablement s'expliquer par un 
allongement préalable de Yu à la suite de la semi-vocalisation 
du c. En effet e, s'étant changé en ;\ a formé avec la consonne 
suivante une sorte de diphthongue-consonne, qui pouvait ne 
pas plus faire position que la combinaison d'une muette avec 
l'une des liquides / et r. L'i^ n'étant plus dès lors empêché de 
s'allonger, a pu céder à cette tendance si naturelle aux voyelles 
toniques et par suite, après la complète vocalisation du j^ de- 
venir régulièrement w. 

On expliquera de la même manière, je veux dire moyennant 
l'allongement préalable de Yu, Yvi des mots cuivre (cuprum) et 
aiguille (* acucfujlaj. 

Du reste, la forme italienne agugUa et les formes limousines 



angoisse. 


punctum, 


point. 


joindre. 


buxida, 


boîte*. 


oindre. 


guttur, 


goître * . 


poindre. 


bustellus, 


boisseau. 


poing. 


uxorem, 


oissor. 


buis. 


ductus, duit,e1 


) ses compc 


truite. 






fruit. 







usitées dans^ le pays où j'écris. Là, une fois ajouté à cdui, s'y est uni trop 
intimement pour paraître suffisamment démonstratif, et l'on a traité celui- 
là comme on avait traité celui, opmme ob avait précédemment traité ecc'- 
illum et précédemment encore illum, G est un pléonasme quadruple. 

' Gtdtur, par dissimilation guctur, puis gujtur. 

* Bustellus, butsellus, bucseUus, bujseUuSt comme post, pots, poes, 
pojs; ou bien busUllus, busselius, buxellus, etc., comme possum. 



PHONETIQUE FRANÇAISE 349 

trticho, frucho, dut, agulho, concourent, avec les formes fran- 
çaises correspondantes, à la confirmation de Thypothèse que 
je viens d'émettre. Quant à huxtis, il a en italien donné deux 
formes, Tune régulière, hossoy l'autre irrégulière, husso. La 
même diversité se constate en français, où la forme hcuis se 
rencontre dans quelques textes et persiste dans plusieurs pa- 
tois. Je remarquerai à ce sujet que buis et bots spnt Fun et 
l'autre des représentants irréguliers de leurs originaux res- 
pectifs. Cette double irrégularité disparaîtra si Ton suppose^ 
hypothèse qui n'a certainement rien d'invraisemblable, qu'il 
se soit fait une confusion, vers l'époque où ces mots se sont 
dégagés, entre les deux formes latines. En effet, d'après les 
lois que je viens d'exposer, buxum, devenu boxum, donnerait 
très-régulièrement buis, et boscum {boxum), devenu buxum, 
très-régulièrement bois. 

Résumons maintenant les résultats de notre travail, en 
renversant l'ordre que nous avons dû suivre, c'est-à-dire en 
remontant de l'effet à la cause : 

I. OI, — ItO de la diphthongue oi, quand cette diphthongue 
n'est pas une simple modifiation de t ou de e, provient : 
1® De tonique long * ; 

2® De prétonique (long, bref ou en position) ; 
3« De u bref ; 
4^ De u en position. 

IL UI. — Uu de la diphthongue ui provient : 

1® De u long * ; 

2® De tonique bref; 

3® De tonique en position. 

Camille Chabaneau, 

d'Angonlâme (Charente-Inférieure.) 

' Long d'origine ou devenu lel avant la diphthongaison. 



^ 



PRÉDICTIONS ASTRONOMIQUES 

POUR LES ANNÉES 1290 A 1295 

Par suite d'un malentendu, Tarticle publié dans notre der- 
nière livraison sous le titre qui précède * a été imprimé avant 
que Tauteur, absent de Montpellier, eût donné le bon à tirer*; 
aussi le texte catalan est-il loin d'offrir la correction que Ton 
est en droit d'exiger dans un travail philologique, et qui si- 
gnale du reste d'ordinaire — nous devons le dire sans fausse 
modestie — les publications de la Société pour P étude des lan- 
gues romanes. 

Voici d'abord les errata du texte ; nous donnerons ensuite 
la traduction, omise dans le dernier numéro : 

P. 177, ligne 14: Spanys, /w«2; Spayns. 

ligne 23: vuU à tôt s, lisez: vull a tots. 

ligne 26: l'any, lisez: l'ayn. 
P. 178, ligne 1: âpre* aquells, ajoutez: (sic). 

ligne 4 : xv dies dies del mes, lisez: xv dies del mes. 

ligne 6: any, lisez: ayn. 
' ligne 7 : del dia, la luna e el sol, lisez : del dia de la 
luna, e el sol. 

ligne 11 : serant, lisez: seran. 

ligne 11: dampnatges, 2û«^ : dapnatges. 

ligne 11 : als homens, etc., lisez: als homens. 

ligne 13: XV dies, lisez: xiv dies. 

ligne 15: aquel que es dit, lisez: aquel senyal que es 
dit. 

ligne 20: dampnatges, lisez: dapnatges. 

ligne 20: après ^îruyts,, a joutez: {sic). 

ligne 21 : per les lochs, lisez : per los lochs. 

* Voy. livraison d'avril, p. 172. 

^L'article bibliographique sur la Biblioteca catalana (p. 251) a éprouvé 
un sort analogue ; mais le lecteur a pu corriger de lui-même les quatre ou 
cinq fautes qu'il contient; celle-ci, entre autres, par laquelle débutent si 
malheureusement ces quelques lignes : a Nous» avons sous nos yeux », etc 



PREDICTIONS ASTRONOMIQUES 351 



ligne 22 
ligne 23 
ligne 25 
Ugne 26 
ligne 27 



vindicio, lisez: v indicio. 
dijous, lisez: dijos. 
dampnatges, lisez : dapnatges . 
l'any, lisez : l'ayn . 
VI dies, lisez: v dies. 
lignes 27 et 28 : del dia la luna e el sol, lisez : del dia de 

la luna, e el sol. 
ligne 30: et sera, lisez : e sera, 
ligne 32: dampnatges, lisez: dapnatges. 
P. 179, ligne 1 : prop d'aygua, lisez: prope (^sic) d'aygua. 

ligne 2: enbargaments e morts, 2i5«z:enbargaments, 

e morts . 
ligne 4: xxx dies, lisez: xxix dies. 
ligne 10: les très parts, eclipsades, lisez: les très parts 

eciipsades . 
ligne 12: Siuy , lisez : SLyn, 
ligne 15: dampnatges, lisez: dapnatges. 



TRADUCTION 

A tous les fidèles de Jésus-Christ répandus longuement et ample- 
ment* par les Espagnes, dans les lieux ' et dans les terres, aux- 
quels ces lettres parviendront, maître Bo. D. c. ayant connaissance 
de Tart des étoiles, travaillant pour le profil de Thumain lignage, sa- 
lut et grâce du Saint-Esprit. Par la teneur des présentes soyez 
avertis que, selon l'art d'astronomie, j'ai connu dans le firmament 
et sur la terre que beaucoup de choses doive nt advenir, dans les 
temps qui viendront, selon l'ordonnance des corps souverains, 
c'est à savoir des planètes; lesquelles choses, par prévision divina- 
toire', je veux à tous faire connaître et décrire, afin qu'aux périls 

' On pourrait à la rigueur faire rapporter les adverbes longuement et 
amplement au verbe parviendront, qui se trouve un peu plus bas. 

' Le mot lochs, lieux, désigne les villes et les villages, par opposition 
aux terres, terres, campagnes. 

' Le mot dwinal signifie plus particulièrement divin; mais nous n*hé« 
•itons pas à lui donner ici le sens de âkoinaJtoire, 



i 



35S DIÀLBCTE» ANCIENS 

ci-dessous indiqués ils essayent de s'opposer selon leur pouvoir ; 
car les dards vus à temps ne soûlent pas blesser. 

En Tan c'est à savoir de la nativité de Notre-Seigneur Jésus- 
Christ M. ce. xc, dans la troisième indiction, du lundi vingt-unième 
jour d'août, passé la mi-nuit, venant le mardi vingt-deuxième jour 
de ce mois, la lune étant dans les poissons, avec la queue du dra*^ 
gon montant d'orient dans le signe du cancer, seront éclipsées les 
trois parts de la lune. A raison de cette éclipse, sera grand péril 
dans la mer et seront grands naufrages. Il y aura grande mortalité 
et seront détruites les choses qui sont dans Teau, et il y aura dimi- 
nution de poissons et de fruits d'eau, et sera dommage et détriment 
à tons ceux qui sont près de Teau. Ainsi que tous se gardent donc 
de naviguer de quinze jours du mois de décembre jusqu'à quinze 
jours du mois de mars dans la quatrième indiction. 

Item, en cette même année, mardi au cinquième jour [du mois] 
de septembre qui doit prochainement advenir, à la troisième heure 
du jour de la lune, et le soleil étant en conjonction au vingtième de- 
gré de la vierge, près de la tète du dragon, montant d'orient dans 
le signe qui est appelé libra *, le soleil sera un peu éclipsé, c'est 
à savoir de deux doigts. Et pour cause de cette éclipse arriveront 
beaucoup de dommages aux hommes. 

Item, mercredi, en février, au treizième jour, quatrième indiction, 
à la quatrième heure de la nuit, venant le jeudi quatorzième jour 
de ce même mois, la lune étant dans la vierge, joignant la tête de 
ce signe qui est dit drfl^o et le soleil dans ce signe qui est dit pwci^ 
joignant la queue de ce signe qui est dit drago, montant vers le so- 
leil levant dans le signe qui est appelé libra, les deux parts du corps 
de la lune seront éclipsées, c'est à savoir que la lune aura diminution 
des deux parts. Et pour cause de cette éclipse et défaillance doi- 
vent s'ensuivre beaucoup de dommages, et diminuer beaucoup de 
fruits de la terre et d'arbres par les [divers] lieux. 

Mercredi, à trente jours du mois de juillet, dans la cinquième in- 
diction, à la deuxième heure de la nuit, venant le dernier jeudi de 
ce môme mois, sera éclipsée la moitié du corps de la lune. Pour 

* Nous n'avons pas traduit les mots que l'auteur a eu l'intention évi- 
dente d'écrire en latin. Il en est d'autres qui, malgré leur forme latine, font 
tellement corps avec la phrase catalane, qu'il est nécessaire de les traduire; 
par exemple: la luna estant envirgine. 



PRBDICnONS ASTRONOMIQUES 353 

cause de laquelle éclipse s'ensuivront beaucoup de dommages par 
le pays. 

Item, en Tan de Tincarnation m.cc.xc.iii., dans la sixième indic- 
tion, le dimanche, cinq jours en juillet, à la quatrième heure du jour 
de la lune et le soleil étant en conjonction dans le vingtième degré ^ 
dans ce signe qui est dit cancer, montant ou descendant dans le dix- 
septième degré, le soleil sera éclipsé et aura défaillance ; et il sera 
obscur sur la terre comme s'il était nuit. Et pour cause de cette 
éclipse du soleil, seront beaucoup de dommages par le monde, et il 
y aura grand péril sur les eaux, et mort et destruction pour ceux 
qui ont coutume [d'aller] sur l'eau et ceux qui seront dans les en- 
virons [des eaux], dans les îles et près de Peau. Et il y aura par le 
pays, ainsi qu'il est dit, troubles, embarras et mort d'hommes et de 
femmes en très-grande quantité. 

Dimanche, vingt. neuf jours dans [le mois de] mai, [dans] la hui- 
tième indiction, passé la mi-nuit, vers une heure, venant le lundi 
trentième jour de ce même mois, la lune étant dans ce signe qui est 
dit sagittaire, près de la queue du signe qui est dit drago^ et le soleil 
étant dans ce signe qui est dit geminis (sic), près de la tête du dra- 
gon, montant du soleil levant* dans le signe qui est ait pùds y dans 
le vingt-unième degré, seront éclipsées les trois parts du corps de 
la lune. Cette éclipse, selon le jugement des philosophes, signifie* 
mort de quelque grand roi et de chrétiens devant arriver dans cette 
année. Et il y aura longues maladies et mortalité de chameaux, et 
de chevaux, et de mulets ; et il y aura mort de nobles barons aimant 
et croyant Dieu, et il y aura beaucoup d'autres dommages dans le 
monde. 

* Les mots en panornif qui se trouvent dans le texte, n'ont aucun sens. 
Il y a là, sans doute, une faute du copiste. 

^ Cette phrase est on ne peut plus incorrecte dans le texte ; en voici la 
traduction httérale : « Pour cause de cette éclipse, selon le jugement des 
philosophes, signifie mort, d 



DIALECTES MODERNES 



LE DIALECTE ROUERGAT 

(Suite.) 

On pourrait distinguer dans le patois du Rouergue trois 
sous- dialectes, caractérisés principalement par l'emploi plus 
fréquent des trois voyelles a, e, o. 

Sous-DiALEGTE EN A . Ce sous-dialccte, parlé dans la région 
méridionale, depuis SaintnJean-du-Bruel, Saint-Affrique, jus- 
qu'à Yillefrancbe-de-Rouergue, est caractérisé : V par l'emploi 
fréquent de Ya, qui persiste dans les diphthongues au, ay, 
quoiqu'eUes ne portent pas T accent tonique : campàno, cloche ; 
capèlo, chapelle ; capeld, prêtre ; afrabà, ravager ; aèan, réussir; 
payri, parrain; mayrino, marraine; maynât, maynàtge, jeune 
enfant; se maynà, se mêler; paurhe, peureux ; pawrdu, petit 
pauvre ; — 2* Par la terminaison iè des substantifs, au lieu de 
tb; bilaniè, ordure; bouchorîè, boucherie; mestiè, métier, etc.; 
— 3** Par l'absence de la diphthongue ou devant Yo accentué 
de beaucoup de mots : home, au lieu de homme, homme ; noro, 
hv}i\ parte, il porte ; cossou p. couossou, percepteur ; — 4® Dans 
la région méridionale intermédiaire, par l'abus de r mis à la 
place de / : àro p. àlo, aile; paro p. palo, pelle ; aricot p. alîcot, 
ragoût d'abattis; ouro p. oulo, marmite ; penduro -p. pendulo, 
pendule ; — 5° Dans la région sud-ouest, par l'abus du d mis 
pour r à la suite des diphthongues ay, ouy, ey : pàyde p. pàyre, 
père ; màyde p. mayre, mère ; peyde p. peyre, pierre ; cortouydo 
p. cortouyre, espèce de rivière ; couyde p. couyre, cuivre, 
coude ; — 6° Dans la région du midi central et du sud-ouest, 
par tz mis au lieu de ch, g, j et n : agatzà p. ogochà, regarder ; 
tzuizomen p. juchomen, jugement ; tzorgo, vache stérile ;yaM- 
bèrt^, tzaubèrt, persil; clètz p. cluèch, glu; brètz p. bruèch, 
râble, outil de fourmier. 

Sous-DiALBCTB BN E. — Ce sous-dialccte, parlé surtout sur la 
rive droite du Lot, au nord du département, est caractérisé : 



DULECTE ROUERGAT 355 

1" Par l'emploi fréquent de Ye dans les diphthongues ay, oy, ouy: 
peyri, p. pàyrt, meyrino p. mayrino, counéysse p. counouysse, 
connaître ; — 2® Par les diphthongues finales au ^,aly ow p. el, 
èou p. èl: domontaù, -p. domontal, tablier; tinou p. tinôl, ti- 
nouél, cuve ; montèou p. montèl, manteau ; pèou p. pèl, poil; — 
3" Dans la région la plus septentrionale, par Tafiectation d'é- 
viter \e l: hotiena'p. holena, hsleneT ; houé, ^. holé, haleine; 
ouas p. olas, grosse aile ; — de remplacer souvent Te par t: biji 
p. hèsOf^e vois; — le «doux par/, qui a un son chuintant : bijio 
p. bise, bise; comijio p. comiso, chemise; — de supprimer la 
diphthongue ou devant o accentué : home^, houome; porto ^. 
pouorto, porte. 

Sous-DiALECTE EN 0. — Cc sous-dialcctc, parlé surtout dans 
la région de Millau à Rodez et dans tout le centre du départe- 
ment, est caractérisé : 1° Par Fabus de Va mis à la place de 
Va: compono, copelo, copèlo, ofrobà, fronc p. franc, franc; plo 
p. pla, bien; ma p. ma, main; po, pouo ^> pa, pain; costogno 
p. castàgno, châtaigne; dontèie p. dertelo, dentelle; ou à la 
place de Ve final dans les terminaisons en iè : bilonio, mestiô, 
plostriô, plâtrier ; — 2® Par le changement des diphthongues ay 
en oy, au en où, quand elles perdent Faccent tonique : pàyre, 
père ; poyri, parrain ; màyre^ mère ; moyrino, marraine ; ayme, 
j'aime; oyiwow, nous aimons ; pawre, pauvre; gourou, petit pau- 
vre ; aubre, arbre ; oubrou, arbuste, petit arbre ; — par le change- 
ment de l'a en o quand il perd l'accent : pal, pieu ; câdo, cha- 
que ; codum, chacun ; — 3° Par l'addition fréquente de la diph- 
thongue ou devant o, surtout quand o porte l'accent tonique, 
ou par le changement de ou en ouo : home, houome, homme ; 
costo, couôsto, côte; dounà, donner; douane, ^e donne; roc, 
rouoc, rocher ; mobre, moudbre, moudre ; — 4° Par la prosthèse 
de Vo dans beaucoup de mots : dôuse, odôuse, source ; rouynà, 
orrouynâ, ruiner; tori, otori, tarir, etc. 

L'abbé Vayssier, 

supérieur du Séminaire de Belmout (Aveyron.) 



i 



VBSPRADO D'ABRIEU 



Dis estello amigo lis iue, 
Dous e bèu coume dMue de femo, 
Me regardavon dins la niue : 
L'oumbro èro founso, bluio, semo. 

Oudourous, céleste, lôugié 
Autant qu'un respir de chatouno, 
Abriéu, dins li flour dôu vergié, 
Aleno em'un brut de poutouno. 

Tendre coume lou parauli 
D'uno amourouso, dins Taubribo 
S'ausissié lou canta poulit 
E li souspir de Taucelibo. 

Veici lou verd, veici li nis, 
Pertout la sabo reboumbello : — 
Mignoto, en quête paradis 
Tescoundes?... Ounte sies, ma bello? 



Traduction 

SOIRÉE D^AVRIL 

Des étoiles amies les yeux, — doux et beaux comme des yeux de 
femme, — me regardaient dans la nuit : — Tombre était profonde, 
bleue et calme. 

Parfumé, léger, céleste — autant que le souffle d'une jeune fille, — 
Avril, dans les fleurs du verger, — respire avec un bruit de baisers. 

Tendre comme le babil — d'une amoureuse, dans les arbres — 
on entendait le chant joli — et les soupirs des oiseaux . 

Voici le vert, voici les nids ; — partout rebondit la sève : — 
Mignonne, en quel paradis — te caches-tu?. . . Où es-tu, ma belle? 



VBSPRADO d'aBRIBU 357 

Lou soufle enebriant dôu printèm, 
Bèn mai que lou sang de la souco, 
M'enchuscla^o... Cresien, mi dent, 
Mordre Torle pur de si bouco. 

Souto lou bos que trefoulis 
Coume à Tespèro d'uno amanto, 
La draio es un camin d'AIis, 
Tant i'a de luseto cremanto. 

Un brout flouri que tramblo au vent. 
Mai suau, mai prefuma "ncaro 
Que lou peu d'une drolo, vèn 
Floureja ma man o ma caro. 

Alor me semble qu'a passa, 
E, coume un fôu, après ie courre. . . 
E l'Amour me fai embrassa 
Enjusquo la rusco di roure. 

Dis estello amigo lis iue, 
Treboulant coume d'iue de femo, 
Me regardavon dins la niue : 
L'oumbro èro founso, bluio, semo* 

Le soufûe enivrant du printemps, — bien plus que le sang de la 
vigne, — me grisait.... Mes dents croyaient mordre Tourlet pur 
de ses lèvres. 

Sous le bois qui tressaille — comme à Tattente d'une amante, 
— le sentier est une voie élysée, — tant il y a de lucioles enflam- 
mées. 

Un brin en fleurs qui tremble au vent, — plus suave, plus encore 
parfumé — que la chevelure d'une jeune flUe, vient — frôler ma 
main et mon visage. 

Alors il me semble qu'elle a passé, «- et, comme un fou, je lui 
cours après. . . — Et l'Amour me fait embrasser '— jusques à l'écorce 
des rouvres. 

Des étoiles amies les yeux, — troublant comme des yeux de 
femme, — me regardaient dans la nuit : — Tombre était profonde, 
bleue et, calme. 



358 DIALBCTES MODBRMBS 



LA MESSO DE MORT 

Eu cargo la chasublo à bouquet blanc e nègre ; 
Sa caro es noblo e palo. . . A proun obro pèr segre 
L'enfant que vai davans e porto lou missau : 
Es vièi, lou capelan.. Quant a d'an ? Qu lou saup ! 
De sa cabeladuro en anèu blanc Tabounde 
Floutavo. Quand disié, se virant vers lou mounde, 
Dominm vobiscum, si pàuri vièii man 
Tremoulavon dôu-tèms, e li cire cremant 
le fasien un trelus dôu rebat de si flamo. 
Avié plus rèn de Tome ansin, èro qu'une amo ; 
E si bèus iue leva vers lou mounde à veni 
Vesien segur la joio e lou dan infini. 
Aquéu regard tant linde e prefound vous treboulo ! 
Contre li vitro, amount, lou vènt-terrau gingoulo, 
E dins lou bram dôu vent, de-fes, sentes passa 
Emé de long quilet lou plang di trépassa. 



LA MESSE DE MORT 

Il revêt la chasuble aux bouquets blaiics et noirs ; — son vi- 
sage est noble et pâle... Il a bien de la peine à suivre — l'enfant 
qui va devant et porte le missel : — il est vieux, le prêtre. Combien 
a-t-il d'années ? Qui le sait 1 — De ses cheveux les blanches bou- 
cles abondantes — flottaient. Quand il disait, en se tournant vers le 
peuple : — Dominus vobiscum, ses pauvres vieilles mains — trem- 
blaient tout le temps, et les cierges allumés — lui faisaient une 
auréole du reflet de leurs flammmes. — Il n'avait plus rien de 
l'homme ainsi, ce n'était qu'une âme ; — et ses beaux yeux levés 
vers le monde à venir — voyaient certainement la joie et le dam 
infinis. — Ce regard si limpide et profond vous trouble I — Contre 
les vitres, là-haut, la bise hurle, — et, dans les mugissements du 



LA BfESSO DE MORT 359 

Digue : Requiescant in pace. La supremo 
Preiero sus si bouco espirè. Dos lagremo 
Bagnèron en toumbant la napo de Tautar. 
Lou clerjoun disavert, trouvant que se fai tard, 
Mai souvent que noun fau brando la campaneto, 
E ris, e tèms-en-tèms jogo emé la bouneto : 
Eu, grave, à miejo voues prègo... E fernisse alor. 
Me semblant que lou vièi dis sa messo de mort. 

Teodor Aubanbl, 
d'Avignon (Yaucluse.) 



vent, parfois on sent passer, — avec de longs cris aigus, la plainte 
des trépassés. — 11 dit : Requiescant in pace, La suprême — prière 
sur ses lèvres expira. Deux larmes — mouillèrent en tombant la 
nappe de Tautel. — Le petit clerc, étourdi, trouvant qu'il se fait 
tard, — plus souvent qu'il ne faut agite la clochette, — et rit, et de 
temps en temps joue avec le bonnet : — lui, grave, à demi- voix, 
prie. . . Et je frissonne alors, — me semblant que le vieillard dit sa 
messe de mort. 



LOU ROUMIEQ 

LBOENDA DAU TEMS DAS COMTES DE PROUVENÇA 

(Suite.) 



LOU MINISTRE 

Ai ! que nTaguet de cops de lenga, 
E de Secous ! e de Boudieu ! 
Quand lous d*a-z-Ais, sus una renga, 
Veguèroun passa lou Roumieu 
Quihat sus la brava bestiola, 
Que brandissiè sous esquillous ! . . 
Avié Ter de saupre, la miola, 
Quau pourtava d'escambarlous. 
Arri ! lesta, acassada, franca, 
Entre la Coumtessa e Ramoun, 
Moure naut remenava Tança. . . 
Era una miola d'Aragoun. 



LE ROMIEU 

LÉGENDE DU TEMPS DES COMTES DE PROVENCE 



LE MINISTRE 

Ah ( qu'il y en eut des coups de langue, — et des cris, et des 
clameurs, — lorsque ceux d'Aix, rangés en haie, — virent passer 
le Romieu — perché sur la bonne petite bête, — qui brandissait 
ses grelots ! — Elle semblait connaître, la mule, — celui qu'elle por- 
tait à califourchon... — Marche! Vive, pimpante, franche, — en- 
tre la Comtesse et Raimond, — elle frétillait le museau levé... — 
c'était une mule d'Aragon . 



LOU ROUMIEU 361 

(( Qu'es aquel que se galamîna ? 
Disiè'na fenna a soun vesi ; 
Se tèn pauretat en emina, 
Avèn pas a nous prouvesi. » 

— « Es quauque enmascaire de fièira ! 
Pèr la part de sous paters blancs *, 
Nous farà de ventres de nièira ; 

La court lous voulounta pus grands ! » 

— « Vend pas Terba de courta vida 
Pèr lous galavards à Tengrai ? . . 
NTa prou ! Beatris la poulida 

E Ramoun vènoun ; longa-mai ! » 

E toutes: «Longa-mai, pecairel » 
Ramoun, que passava davant 
Embé sa fenna e soun coumpaire, 
Fasiè gramecis de la man. 
Pioi tourna veniè la sansogna : 
« Eu sus la miola, un galipian ! 
Es lou drapet! Lou baragogna! 
Sa pel fai Tôli de gabian ! 



Qu'est celui-là qui se prélasse? — disait une femme à son voi- 
sin ; — s'il débite la misère à boisseau, — nous n'avons pas à nous 
en pourvoir. » — « C'est quelque sorcier de foire ! — Par la vertu de 
ses pater blancs, — il nous fera des ventres de puce ; — la cour 
les veut plus grands. » — « Ne vend-il pas l'herbe de courte vie — 
pour les goinfres à l'engrais ?» — « Assez ! Béatrix la belle — et 
Raimond s'avancent : Longue vie et plus ! » 

Et tous de s'écrier: « Longue vie et plus, certes 1 »— Raimond, 
qui passait devant eux, — avec sa femme et son compère, — fai- 
sait grand merci de la main. — Puis recommençait la chanson. 
— « Eh ! sur la mule, un escogriffe ! — C'est un revenant I C'est le 
croquemitainel — Sa peau est huileuse comme celle de la mouette. 

' Le Pater blanc, le Pater de calendas, le Pater de Sainte Anne, étaient 
des patenôtres auxquelles l'imagination populaire prêtait des effets mer- 
veilleux. 

24 



362 DIALBCTES MODERNES 

— i( Es lou ministre de Prouvenca, 
Pelaus ! bramaires enraucats ! 
Cridet un page, reverença ! 
Se voulès pas èstre embounnats 1 » 

Lou mounde de creva dau rire : 
Jujas, nostre trassa d'auboi, 
Qu'avié dich vrai, riguet de pire ; 
A-z-Ais saguet pèrque despioi. 
Saguet que, sans counfrount ni tara. 
Tout de fisança, belamen, 
Ramoun aviè bailat la barra 
E tout ce dau coumandamen 
A lou que s'engajava en change 
De mena lou peis tout soûl, 
De Taparà contra Testrange, 
De lou tène siau e sadoul. 

Era pas trassa de besougna. 
Pèr Tagantà dinslou bon fieu, 
Caliè de tuca amai de pougna ; 
Veiren se n'aguet, lou Roumieu. 



— « C'est le ministre de Provence! — Bélitres! braillards en- 
rouésl — s'écria un page ; révérence ! — si vous ne voulez être 
vidés comme des lapins ! 

Les autres de crever de rire: — jugez I notre mauvais parleur, — 
qui avait dit vrai, rit bien davantage ; — Aix sut depuis pourquoi. 

— Elle sut que, sans enquête ni évaluation, — en toute confiance, 
grandement, — Raimond avait confié le timon — et tout ce qui avait 
trait au commandement — à celui qui s'engageait, en échange, — 
à diriger seul le pays, — à le défendre contre l'étranger, — à le 
maintenir calme et repu. 

Ce n'était pas une petite affaire. — Pour la mener à bonne fin, — 
il fallait de la tête et du poignet; — nous verrons s'il en eut, le Ro* 
mieu. — Raimond, ceci passe toute croyance, — lui tant aimé du 



LOU ROUMIEU 363 

Lou Comte, aiç6 passa cresença, 
El, dau pople tant voulountat, 
Aviè desglesit la Prouvença 
Pèr soun flaquige e sa bountat ; 
Tant es vrai que trop bon ou gasta. 
Dau Roumieu pensas lou mau-cor 
Quand trapet mai d'una lingasta * 
Encara apegada au trésor. 

Trésor I un floc d'armasi vouire 

Ansin, sus lou peis malaut, 
Devistet, confia comm'un ouire, 
La manjança atissada au mau. 
Poumpava, e lou sôu era en erme ; 
Coumerce, arts, tout èra aquetat, 
E lou pople, nud comma un verme, 
Revalava sa pauretat ! 
Aviè pas ni car ni mesoula; 
Mes la court, ardit! d'enmessà; 
Tabé la gamata, coumoula. 
D'un degout anava vessà. 



peuple, — avait perdu la Provence — par sa faiblesse, sa bonté; 
— tant il vrai que trop de bonté gâte toutes choses. — Vous pen- 
sez quel fut le crève-cœur du Romieu — quand il trouva plus d'une 
sangsue — encore adhérente au trésor. 

Trésor! une vieille armoire vide... . — Donc, sur le pays 
souffrant, — il découvrit, gonflée comme une outre, — la vermine 
acharnée sur la plaie. — Elle suçait, et le sol était en friche. — 
Commerce, arts, tout était arrêté, — et le peuple, nu comme un ver, 
traînait sa misère. — Il n'avait plus ni chair, ni moelle; — mais la 
cour, allons de dépenser! — Aussi le baquet, trop plein — d'une 
goutte de plus allait déborder. 

* La lingasta est la punaise du mouton. 



364 DIALBGTB8 MODERNES 

« Garai s*aqael que laura ou tusta 
Pèr acampà soun ûoc de pan, 
Que, pecaire ! a pas una fusta 
Sus la carcassa ounte trépan ; 
Lou qu'ivèr jala, estieu grasilha^ 
Que ploja bagna, èr devouris, 
Qu'aima soun peis, sa familha, 
— Pèr eles s'espausa e mouris... — 
Gara adounc s'aquel e sa carga 
D'enfants, femnas, viels.... que savèn? 
Dins un ratigas se demarga ! 
Poça veiran pas Tan que vèn ! . 

» Mau-farà, se sa man terrousa 
Empougna un cop lou coutelas ; 
Sa besougna sera sannousa ; 
Que n'estripa avant d'èstre las ! 
Lou coutèl se berça : a la dalha 
Que passeja sus la nacioun. 
Tout s'engruna, espeta, trantalha, 
Osca ! aqui 'na revoulucioun ! . . . 
£ tus, popie, as passât ta broda; 



« Garel si celui qui laboure ou heurte (du marteau) — pour ga- 
gner son morceau de pain ; — qui, hélas! n'a pas une poutre — sur 
la carcasse où nous piétinons ; — celui que Phiver glace, que l'été 
grille, — que la pluie trempe, que Tair dévore, — qui pourtant a 
pays et famille, — et pour eux s'expose et meurt !.. — Gare enfin si 

celui-là et son surcroit — d'enfants, femmes, vieillards que 

sais-je? — dans le délire se détraque I — beaucoup ne verront pas 
l'an prochain. 

» Il sera cruel, si sa main terreuse — saisit une fois le coutelas. 
— Sa besogne sera sanglante ; — qu'il en éventre avant d'être fati- 
gué ! — Le couteau s'ébrèche : il a la faux — qu'il promène sur la 
nation. — Tout s'effondre, éclate, chancelle. . . — Marquez! Voilà 



LOU ROUMIKU 365 



Mes que t'en rèven, pâtiras ? 
Quau t'apautà mai à la roda, 
E zou ! vira que viraras ! » 

Antau pensava lou Ministre, 
Dins un cambrihou dau palai, 
Marcant la nioch sus un registre 
Ce que cresiè bon, drech e vrai. 
De cops prim-auba lou trapava 
Qu'aviè pas quitat un courdil. 
Quau dourmis? la terra manquava, 
Pas de sava, de semenil. 
Loutems d'amoussà la cadelha, 
Un varlet te nié d'atalat; 
Lou Roumieu anava a Marselha, 
En Arles, pèr croumpà de blad, 

De granalha de touta mena ; 
E pèr pas res lous dau terrau, 
Countents, n'avien la saca plena 
Pèr la journada e Temperau. 
Pioi de souldats fasiè'na leva : 
Mandava à la guerra, arnescat, 



une révolution ! — Et toi, peuple, tu as bien employé ton oisiveté... 
— Mais que t'en revient-il, grand meurt-de-faim ? — Il faut te remet- 
tre des deux mains à la roue, — et, allons ! tourne, que tu tourneras 
encore! » 

Ainsi pensait le Ministre, — dans un réduit du palais, — écri- 
vant, la nuit, sur un registre, — les choses qu'il croyait bonnes, 
justes, vraies. — Parfois Taube première le surprenait, — n'ayant pas 
défait un cordon. — Qui peut dormir? La terre manquait, — non de 
sève, de semences. — Le temps d'éteindre la lampe, — un valet 
avait attelé. — le Romieu s'en allait à Marseille, — à Arles ache- 
ter du blé, 

Des graines de toute espèce ; — et pour rien ceux du terroir, -^ 
joyeux, en avaient leur sac rempli — pour la journée et les heures 



366 DIALECTES MODERNES 

D'acos que Festapa noun crèya, 
Que la p6u tèn pas enmascat ; 
Qtt*a prou d'un grun de passariha 
Pèr couflà Fouira; qu'a soun cor 
Que boumba as d6us de la patrla 
Ë cacalassa de la mort. 

A tout lou Roumieu s'arrapava, 
Plan-planet, sans revaladis; 
En quau que seguesse tratava, 
Conse, poudestat, mandadis; 
Embe Pisa, Rouma, la França, 
Pus mendra ou tant brava nacioun, 
Entemenava una alianca, 
Mitounava una counvencioun. 
Âviè marcat sus las muralhas 
Âiços, court et ben entanjat : 
Quau levarà dous cops las talhas 
Sus lou pople sera penjat. 

Aviè pèr mata la noublessa 
Drech e poudé, pas ges de trin; 
Per s'alargà Comte e Coumtessa 



en sus. — Puis il faisait une levée de soldats. — Il envoyait à la 
guerre, tout harnachés, — de ces gens que n'éreinte pas une étape, 

— que la peur ne cloue pas sur place ; — qui ont assez d*un grain 
do raisin sec — pour avoir le ventre plein ; — dont le cœur bat aux 
douleurs de la patrie ! — et qui, de la mort, rient aux éclats. 

A tout le Romieu mettait la main, — avec calme, sans embarras. 

— Il traitait avec qui que ce fût, — consul, podestat, envoyé ; avec 
Pise, Rome, la France, — faible ou puissante nation , — il entamait 
une alliance, — préparait quelque entente. — Il avait écrit sur les 
murs, — ceci, bref mais bien tourné : — Quiconque lèvera deux fois 
les impôts — sur le peuple sera pendu. 

11 avait, pour rabaisser la noblesse — le droit et le pouvoir... . pas 
de bruit. — Pour leurs dépenses Comte et Comtesse puisaient avec 



LOU ROUMIEÙ 367 

Au boursîcot anavoun prim. 
Es pas à dire qu' enfourne ssou 
Lou pan sans sau e tout de bren, 
Que pèr sas aumornas liardessou ; 
Nou, lous Ramouns tenien soun reng, 
£ sa glôria èra pas pus trassa 
Despioi qu'avien dau paure gus 
Âprés que lou ben que s'estrassa 
Tèn pas grand prouôt à degus. 

Ansin, au bout d'una passada, 

Tr'ou quatr'ans . . . pas tant, sai-que mai . . . 

Lou Roumieu, de sas mans de fada, 

Aguet reviscoulat a-z-Ais. 

S'avias vist gents, oustaus, carrieira, 

Tout i'èra gai, afrescat, net ; 

Avien quicon dins la pastieira, 

Dins Toula, dins lou barralet, 

Nostres matrassas de Prouvenca. 

a 

Lou 8en,lou saupre, loutraval, 
I avien despartit Taboundença 
E la pes, qu'es pas un rambal. 

ménagement à la bourse. — Ce n'est pas à dire qu'ils envoyassent 
au four — du pain sans sel et tout de son, — qu'ils lésinassent 
dans leurs aumônes ; — non, les Raimond tenaient leur rang, — 
et leur gloire n'en était pas moindre, — pour avoir appris du pau- 
vre gueux — que les richesses qui se gaspillent — ne profitent à 
personne. 

Ainsi, au bout de quelque temps,— » trois, quatre ans.... moins, 
peut-être plus... — le Romieu, de ses mains de fée, — eut 
ragaillardi la ville d'Aix. — Si vous aviez vu, gens, maisons, rue, 
tout y était gai, empressé, propre ; — ils avaient de quoi dans la 
huche, — dans la marmite, dans le tonnelet, — nos exténués de 
Provence. — La sagesse, le savoir, le travail, — leur avaient donné 
l'abondance — et la paix, qui n'est pas sans valeur. 



368 DIALECTES MODERNES 

Mes noun una pès vergougnousa, 
Qu'espoutis lou qu'a michant sort, 
Ni la d'una glôria sannousa. 
Avien lou siau d'un pople fort, 
Que yiu sans trincamens ni renas, 
Qu'es das grands bauchuns destetat, 
Que noun vôu per ges de cadenas, 
Qu'a pèr ensigna: ounestetat; 
D'un pople qu'au grand viage manda 
Lou que lou mena, conse ou rèi, 
S'encontra lou devè coumanda : 
Car, el, a respèt de la lèi. 

Octavien Brinouier 
{À suivre,) 



Mais pas une paix honteuse, — qui écrase celui dont la destinée 
est mauvaise ; — ni celle qui naît d'une gloire sanglante. — Ils 
jouissaient du calme d^un peuple fort, — qui vit exempt d'inquié- 
tudes et de querelles, — qui est sevré de toute vanité, — qui ne 
veut de chaînes pour personne, — et dont la devise est : probité ; — 
d'un peuple qui s'affranchit de celui qui le guide, — consul ou 
roi, — s'il ordonne une chose contraire à la justice, — car lui res- 
pecte la loi . 



GRAMMAIRE LIMOUSINE 

( Suite ) 



CHAPITRE CINQUIEME 



DES CONSONNES 



Voici le tableau des consonnes limousines, rangées par fa- 
milles, classes et degrés. Nous empruntons ce tableau, en le 
modifiant légèrement, pour Tapproprier à notre ouvrage, à 
la Grammaire comparée des langues classiques de M. Baudry. 







CLASSES 








EXPLOSIVES 




CONTINUES 








(muettes) 




(non muettes) 




FAMILLES 


^"-^^7"^^ 






— 


f 


■ 


Fortes 
DU ténues 


Douces 
moyenne 


o' 


g 


lNTES 

. -2 

a g. 


1 

•a 


(fi 


(fi 

3 



cr 
1^ 




c 


3 
O 


Cm 

ch 


o 


y 


< 

h 


nh 




|}!itt!irales(o!i mieux palatales) 


g 


• 


m 


Dentales 


t 


d 


s 


z 






n 


l.r 


Labiales 


P 


b 


f 


V 






m 


1 








j 



En règle générale, dans leur passage du latin au limousin, 
les consonnes initiales gardent leur force, ou du moins, si 
elles changent parfois de classe ou de famille, ne changent 
pas de degré; les consonnes intérieures s'affaiblissent, les con- 
sonnes finales tombent ou se vocalisent. J'appelle ici conson- 
nes finales celles qui étaient restées telles dans F ancienne lan- 
gue d'oc, après la chute des désinences atones du latin. L, r, 
m, n, c'est-à-dire les liquides et les nasales, font parfois excep- 
tion à cette règle. On expliquera dans quels cas à l'article par- 
ticulier de chacune de ces consonnes. 

Au lieu d'examiner de suite toutes les consonnes d'une fa- 
mille, je réserverai pour une section spéciale les liquides et les 



370 DIALECTES MODERNES 

nasales, en raison des affinités plus grandes que ces conson- 
nes ont avec celles de leur classe dans les autres familles 
qu'avec celles des autres classes dans leur propre famille. Pour 
un motif analogue, je ne traiterai de Vh qu'à la fin de la section 
des labiales, ses relations avec les consonnes de cette famille 
étant beaucoup plus étroites qu'avec les gutturales. 

PREMIÈRE SECTION. — GUTTURALES 

Les consonnes de cette famille seraient plus justement ap- 
pelées palatales . Nous leur conservons celui de gutturales, 
pour nous conformer à Tusage ordinaire. Il suffira d'avertir 
qu'en limousin, tout aussi bien qu'en français, les sons qu'elles 
expriment se forment dans le palais et non dans la gorge. 



I.— C initial 

C latin initial est devenu ch devant a, que l'a soit resté tel 
ou se soit transformé. La règle est ici la même qu'en français, 
et les exceptions y sont au moins aussi rares. Ex. : capra, chd- 
bro ; — capitale, chatau ; — canem, che. Cette mutation est fort 
ancienne ; elle remonte très-probablement au premier âge de 
la langue. La plupart des mots où on la constate se présen- 
tent dans les textes classiques sous deux formes différentes, 
l'une en c, l'autre en ch. Ces deux formes n'étaient pas sans 
doute usitées concurremment dans la même contrée et de- 
vaient appartenir, comme aujourd'hui, à des dialectes diffé- 
rents. 

Devant e et i, c initial a pris le son de s . Ex. cera, cero ; — 
circuluSy cercle ou sarclie . Devant o et u, de même que devant 
les liquides, il est resté c. Ex.: corium, cuer ; — cogitare, cujâ; 
— curare, cura; — credere, creire. Q initial est resté dur et 
fort devant toutes les voyelles. Ex. : quassare, cassa; — quœrere, 
guère; — quindecim, quinze. Il faut excepter un petit nombre 
de mots dans lesquels qu, s' étant en latin vulgaire changé en 



GRAMMAIRE LIMOnSINE 371 

c, a été naturellement traité comme le c originaire : tels sont 
ciriy chacun, chaîne [ = fr. chêne) . 

C initial, de source germanique, conserve sa dureté et sa 
force devant toutes les voyelles. Ex.: AaAn, câno; — kegil, 
quillo. Le ch de même origine reste ch, Ex.: chiosan, chôusî. 

Exceptionnellement, c initial, de source latine ou germani- 
que, s'est affaibli en g dans un petit nombre de mots. Ex.: 
crassum^ grâ; — cavea, gahio ; — cupelletum, goubelé; — 
(craup)y grapau, 

II. — C intérieur 

A. — Devant a, il se ramollit*, en changeant de degré 
si une voyelle le précède immédiatement, sans en changer s'il 
suit une consonne ou la diphthongue au, c'est-à-dire que dans 
le premier cas il devient j, dans le second ch, Exc : 

V C devient/; mica, mijo ; — flca, fîjo; — precare, prejâ; 

— focacia, foujasso ; — locarium, loujier ; — urHca, àutrijo ; 

— hoc annOy ûjan; — secare, sejâ; — verruca, varujo; — spica, 
etpijo. Ce changement remonte certainement à l'ancienne lan- 
gue ; mais on ne peut, pour la plupart des mots où ca est 
ainsi chez nous devenu ;a (Jo), constater dans les textes clas- 
siques que la forme intermédiaire en g a, corrélative de ca ini- 
tial, et qui est restée propre, comme cette dernière, aux dialec- 
tes plus méridionaux de la langue d'oc '. 

* Le maintien de c intérieur à l'état dur est fort rare. Ex.: mancar, 
mancâ; — traucarj traucâ. Pour ce dernier, on dit à Tulle trôuchd, selon 
la règle. 

^ Remarquons ici que cela ne prouve rien, non-seulement contre Texis- 
tence des formes en /a dans le dialecte limousin dès les plus hauts temps, 
mais encore pour la prononciation des mots orthographiés par ga. En effet, 
on a très-bien pu pendant longtemps employer le g, comme le c, pour pein- 
dre à la fois le son dur originel de ces consonne? et le son mou qu'elles 
avaient acquis dans quelques dialectes. La présence simultanée dans un 
même texte des mêmes mots écrits tantôt par ch et ; {i), tantôt par c et g, 
prouve évidemment, ce me semble, que l'auteur ou du moins le copiste 
prononçait ch et ;, non o et g. L'ancienneté de cette prononciation esl 
attestée par le poème de Boëce, où un pareil mélange de formes se ren- 
contre. 



372 DIALBCTBS M0DBRNE8 

2" C devient ch: bucca, boncho; — arca, archo; — * conca, 
councho ; — siccare, sechâ ; — * piscare, peichâ ; — escamir (pr), 
eichamî; — laxare (* lascaré), lâcha; — calcare, chauchâ; — 
auca, aucho ; — pauca, paucho * ; — rauca, raucho. 

Exceptions : c précédé d'une consonne est assez souvent 
devenu;. Ex.: exsuccare, eissujâ; — juvenca, junjo ; — mawrf(w)- 
care, minjâ ; — carr[t)care, charjâ; — fabr[t)care, fourjâ ;^ma' 
n{i)ca, manjo, A côté de manjo et de son dérivé manjou, formes 
propres au haut limousin, existent aussi les formes correctes 
manchOy manchon, que connaît seules le parler de Nontron. 

C devient encore / devant i et devant e (que cet e soit ori- 
ginaire ou qu'il tienne la place d'un u ou d'un o latin flexion- 
nel), mais seulement si une dentale vient à le précéder immé- 
diatement. Ex.: jud{i)cem, juje ; — domesticum, doumêje ;-^uo- 
d{e)cim, douje. Le j n'est ici que la résultante de l'union des 
deux consonnes. A l'abri de cette influence, c devient toujours 
s ou z devant e et i. Ex. : uncia, ounso; — provincialem, prou- 
vensau;— crescionerriy creissou ; — penicillum, pinceû; — placere, 
plazei ; — Hcere, lezei; — rumicem, rounze. Il a subi excep- 
tionnellement la même mutation devant a dans manso = 
manca, qu'on emploie chez nous, comme en italien, dans le 
sens de gauche : brâ man, mo manso = bras gauche, main 
gauche. 

Au contraire du c latin, le c d'origine germanique ne prend 
pas le son sifflant devant e et t. Il s'affaiblit simplement en ch 
comme le c latin devant a, ou bien il conserve sa dureté ori- 
ginelle. C'est ce qui a lieu généralement au bas limousin. Ex.: 
eichinlo [skilla), Tul. esquillo = clochette ; — eichivâ (pr. esqui- 
var=sktuhan), TulL esquiva, 

B . — Devant o et m et devant r, c intérieur se borne à 
s'affaiblir sans changer de classe, c'est-à-dire qu'il passe au g. 
Ex . : secundum, segoun ; — pentecosta, pandegoûto ; — securus, 
segur; — acrem, âgre; — lacryma, legremo. 

Le q intérieur subit la même mutation devant a et r .• aqua, 

' Servante, en haut limousin. 



GRAMMAIRE LIMOUSINE 373 

aigo; — acquare, eigâ; — sequ(é)re. sêgre^. IL s'est changé 
en 5 ou en z dans torsei = torquerCy cousino = coquina, cose 
(Tulle) = coquere, mais par Fintermédiaire d'un c auquel 
s'était déjà réduit le qu en latin vulgaire. 

C. — Le terme extrême d'affaiblissement des gutturales 
dans leur propre famille est y . C j arrive très-fréquemment ; 
cette mutation est constante dans certaines positions ; dans 
d'autres elle n'est qu'accidentelle. Nous allons passer tous les 
cas en revue. 

a. — C entre deux voyelles. — Dans deux ou trois mots, au 
lieu de devenir ou de rester; ou g^, selon la règle générale, il 
est devenu y. Ex.: pacare, pagar, paya; — bracas, brayâ; — 

* bellucaSy bélugas, beluyâ ; — * lucorem, lugor, luyour. Quand la 
voyelle finale est tombée, la mutation en y a été suivie de la 
vocalisation complète de cette semi-voyelle, qui s'est, dans ce 
nouvel état, unie en diphthongue avec la voyelle précédente. 
Ex.: veracem, vrai. La même chose a eu lieu du c final dans 
illac, lai; — ecce hac, çoi ; — faCy fai. Cf. le mot crai (fr. cra- 
chat), de l'ancienne langue, dérivé du germanique hi^aki, 

h» — Cl entre deux voyelles, — Dans cette situation, c devenu 
y change de place avec 1'/, pour former avec cette consonne 
le son complexe que nous appelons / mouillé, dont la notation 
la plus exacte serait ly, et que, dans cet ouvrage, nous figu- 
rons Ihy pour nous conformer à l'orthographe la plus usitée 
en langue d'oc. Ex.: mac[u)la, malho; — *acucla, gulho; — 

* canic{u)la, chanilho ; — ovic{u)la, ôuvelho ; — anatic(u)la, nadi- 
Iho. Ce changement de cl en /A ( = ly) est constant ^uand une 
voyelle suit ; il avait lieu également dans l'ancienne langue, 
quoique la voyelle finale fût tombée. Ex. : oc{u)lum, olh; — 
artic[u)lum, artelh. Mais, dans ce dernier cas, nous rejetons 
aujourd'hui 1'/ de la combinaison en retenant Vy, qui, complè- 
tement vocalisé, s'unit en diphthongue avec la voyelle précé- 

* Exceptionnellement, c s'est également borné à ce changement devant 
a dans légo de leuca, peut-^tre par l'intermédiaire d'une forme lequa. 



374 DIAX.ËCTES MODERNES 

dente. Ainsi nous disons uei, artei, trabai, soulei, pour olh, 
artelh, trabalh, solelh^. 

Quand cl suit une consonne, au lieu de se transformer lui- 
même en y, comme tout à Theure, le c attire à soi cette semi- 
voyelle, et il en résulte le groupe cly, sorte de consonne triph- 
thongue que nous figurerons clh. Ex. : circulus, çarclhe*. Dans 
eiglheijo de ecclesta, le c s'est en même temps affaibli en g, 
selon la règle générale . 

c. — Ct. — Le c de ce groupe, en devenant y, tantôt se 
renforce pour s'unir avec le ^ après transposition, tantôt se vo- 
calise entièrement pour se diplithonguer avec la voyelle précé- 
dente. Examinons successivement chacun de ces phénomènes. 

lo C devenu y se déplace, mais en se durcissant et se ren- 
forçant à la fois pour se mettre à Tunisson du t, et le son 
ch résulte de leur union. Ex.: pecten, penche; — lucta, lûcho; 
— coda, cuêcho; — allactare, alachâ. 

Cette mutation de ct en ch est de règle en espagnol ; en fran- 
çais on la constate exceptionnellement dans deux ou trois 
mots, tels que cacher, fléchir. Elle a lieu chez nous dans tous 
ceux, moins un petit nombre, où la voyelle qui suivait ct n'a 
pas disparu. 

L'ancienne langue opérait la même mutation dans les mots 
dont la voyelle finale était tombée. Ex.: coctum, cuech ; — 
noctem, nuech; — octOy huech; — factura, fach; — lactem, lach. 
Mais le limousin, qui n'aime pas les consonnes finales, a 
laissé tomber le ch de pareils mots, disant eue, nue, hue ^, 
/a, la, lorsqu'il n'a pas, cas beaucoup plus rare, adopté de 

* Ou pour oil, orleili etc. Ce ne sont là que de pures diflérences d'or- 
thographe. 

^ La même chose a lieu également en initiale. Ex.: clavis, clhau; — 
clocca, clhocho. Cette mutation de cl en clh est de règle devant a, e, o; 
mais elle n'a pas lieu devant ou et u, et devant o elle est moins constante 
que devant a et e. Ajoutons qu'elle n'est pas, non plus que celle de gl en 
glh, dont il sera question ci-après, générale en limousin. Le bas limousin 
du moins celui de ïuUe, ne la connaît pas. 

^ En quelques endroits du haut Limousin, le c/i de ce mot reparaît en 
liaison, et l'on dit, par exemple, â là huech oura. 



GRAMMAIRE LIMOUSINE 375 

préférence des formes résultant de la vocalisation complète 
du Cy telles que foi = fait = factum, qui est seul usité à 
Nontron * . 

2° C devenu y se vocalise entièrement et s'unit en diph- 
thongue avec la voyelle précédente. Ex.: pect(o)rale, pet- 
irai, peitrau; — pectorina, peitrina, pettreno; — lactuca, lei- 
tujo ; — condtictorem, counduitour ; — pecttis, piei. 

d. — Net, — Cet assemblage de consonnes se rencontre, on 
le sait, très-fréquemment en latin. Exemple : sanctus, punctus, 
extinctus, etc. En passant en langue d'oc, le c médial s'y est 
changé en y, sauf le cas, assez rare, où il est immédiatement 
tombé. Or, comme en cet état il pouvait s'unir non moins fa- 
cilement avec l'n, pour former nh, qu'avec le t pour former 
chy il y a eu comme une lutte d'influence entre ces deux con- 
sonnes pour savoir qui des deux se l'incorporerait . De là les 
doubles formes que présentent dans nos anciens textes les 
représentants des mots latins précités, par exemple, pour 
punctum et planctus, d'une part ponck et planch, et de l'autre 
ponh et planh. Dans les mots où le t resta suivi d'une voyelle, 
ce fut lui qui eut la prépondérance, et il l'a gardée en limousin. 
(Ex.: puncûa, pouncho; — unctura, ounchuro ; — extincta, 
eitencho.) Le contraire dut avoir lieu le plus souvent dans les 
mots où il était devenu final. Il tomba, et ce fut l'w qui s'as- 
socia l'y. Mais il arriva non moins fréquemment dans l'un et 
l'autre cas que l'y, refusant également l'alliance du t et celle 
de Vn, se vocalisa entièrement pour s'unir en diphthongue 
avec la voyelle précédente. De là, pour les mots qui nous occu- 
pent, une troisième forme analogue à celle qu'ils ont prise 
en français, par exemple pour les deux cités tout à l'heure, 
poin et plai7î. C'est cette dernière forme que nous avons 
adoptée pour les mots à rime masculine. Pour ceux où la 
voyelle suivant net n'est pas tombée, nous préférons, je l'ai 
dit, la forme en wcA.., bien que nous admettions aussi dans 
quelques mots la forme en mt. 

1 A Limoges, on dit fa. 



Mo DIALECTES MODERNES 

e, — Cs{x). — Dans cette combinaison, c devenu y se vocalise 
entièrement et forme diphthongue avec la voyelle précédente. 
Mais cela n'a lieu que si une voyelle suit ; si c'est une con- 
sonne, X se réduit à s. Exemple : tixorem, pr. oisor (mot éteint); 

— coxa, coissa, cueisso ; — pascere{*pacsere), paiser, paissei; — 
laxare, laissar, leissâ; — axilla, atssela, eisselo; — mais extre- 
mitatem, estremitat, estremita ; — expertum, espert, esper. 

f. — Cr. — Le c de cr, quand une voyelle précède, se vocalise 
quelquefois pour s'unir en diphthongue avec cette voyelle. 
Ex. : fac{é)re, faire ; — plac{e)re, plaire ; — jac{e)re, jaire ; 

— conduc(e}re , counduire ; — coqu{e)re, cueire. Mais le plus 
ordinairement il reste dur, soit qu'il passe au g selon la règle 
générale, soit qu'il ne change pas, comme dans secré. 

D. — C intérieur, au lieu de se vocaliser en i, se vocalise 
quelquefois en u. Ce phénomène est assez fréquent en cata- 
lan et en portugais. En limousin et en général dans la langue 
d'oc, on ne le constate que dans un très-petit nombre de 
mots. Ex. : secia, pr. seuta (mot éteint); — facio, fau; — 
grac{u)la^ graulo *. 

E. — C dur (q) est quelquefois devenu t; mutation nor- 
male, mais très-rare dans notre dialecte. Elle se remarque 
accidentellement de sous-dialecte à sous -dialecte, de variété 
à variété, principalement devant i originel ou épenthétique. 
Ex.: Nontr. : aqui, Tulle: oti^; — Nontr.: cueire fcoquerej, 
vers Piégut : tiueire. Dans ce dernier exemple et les analo- 
gues, Yi introduit est Yi consonne ( = y), que dans cette 
contrée on aime à préposer à I'm. A Tulle, où la même ten- 
dance existe, cet i arrive le plus souvent, comme on le 
verra plus loin, jusqu'au son nettement chuintant ou sifflant. 
Ex. : tsioul = culum, chez nous eu. 



' On ne trouve dans Raynouard que la forme correcte gralha 
' Pareillement, le vt^.esquina {skma), dont le q s'est chez nous change» 
en c/i, est à Tulle devenu eslino. Cf. pr. lutz = Itix, patz « pax, etc. 



GRAMMAIRE LIMOUSINE :>77 

6 

l. — G initial 

ff initial devient ; ou en prend le son devant a, e, t. Ex.: 
galbinum, jaune; — gaudia, jôyo; — gemere, gemî ; — gen- 
terriy gen. Devant o et w et devant r, il reste dur. Ex. : gurges, 
gorjo ; — gobionem, gouyou ; — grana, grâno» Devant / il reste 
également dur, mais en attirant un y pour former la combi- 
naison triple glh. Cette transformation de gl en glh n'a lieu 
que si la voyelle suivante est a ou e. Devant i, o, u et ou, le 
groupe reste binaire. 

IL — G intérieur 

A. — (î intérieur devient /devant a*, e, i, Enr.rigaj rega, rejo; 
— sanguisuga^ sansujo ; — pur g are, purjâ; — gurges y gorjo ; — 
légère, legî. Entre deux voyelles, il tombe quelquefois. Ex. : 
ligamen^ liant; — ruga, rua, ruo; — rogationes, roazos, razoû» 
Son maintien à Tétat de g dur est exceptionnel. Ex. : singultus, 
sangu. 

B. — G, comme c, devient souvent y. Nous allons passer les 
divers cas en revue. 

a. — G entre deux voyelles. — Il devient y et reste tel 
pourvu qu'une voyelle continue à suivre. Mais cette mutation, 
en pareille position, n'est pas fréquente. Ex.: plâga, plâyo ;— 
saga, sâyo ; — * faga {fagus), fâyo ; — frigorem, frayour. 

Si la voyelle finale tombe, il se vocalise entièrement et s'u- 
nit en diphthongue avec la voyelle précédente. Ex. : regem, 
rei ; — legem, lei; — propago, proubaU Citons eacore esmai (du 
germanique magan), mot de l'ancienne langue tombé chez nous 
en désuétude *, bien que nous ayons conservé le verbe cor- 
respondant eimajâ, 

b. — GL — Gl, de même que cl, devient Ih (= ly) entre 

* Voir, pour l'ancienne langue, la note 2 de la page 371. 
^ il doit subsister encore à Limoges, car on le trouve dans Foucaud 
(eimaù) 



378 DIALBCTBS MODBRNBS 

deux voyelles dans velhâ = vig{i)lare^ calhâ == coag{u)lare. 
Plus ordinairement le g de ce groupe se borne , comme en ini- 
tiale, à attirer un y pour former la nouvelle combinaison glh. 
Ex.: reg{u]la. reglho ; — segak, seglhe. La même chose a lieu 
après une consonne. Ex.: singularis, singlhar ; — strangulare, 
eiiranglkâ. 

c. — Gr, — Le y de ce groupe s'est vocalisé dans enteira 
(intégra), en haut et bas limousin entieiro ; mais cette mutation 
est exceptionnelle. Ordinairement gr reste gr, Ex.: nigrum, 
nègre ; — migrare, migra, 

rf. — Gn et ng. —En pareille position, le g devient réguliè- 
rement y et s'unit à Vn pour former la consonne composée 
que nous appelons n mouillée et que les Catalans figurent pré- 
cisément ny. Nous avons déjà averti que nous adoptons pour 
ce son complexe la figuration nh, qui est la plus ordinaire dans 
l'ancienne orthographe de la langue d'oc. Ex.: pugnare, 
pounhà; — 8ang{ui)nare , sannhâ; — jungere, junhet; — 
tingere, tênhei; — plangere, planhei. 

Lorsque, la voyelle finale latine étant tombée, nh [ny) vient 
à terminer le mot, au lieu de maintenir au n de ce groupe le 
son mouillé qu'il gardait, souvent du moins *, dans l'an- 
cienne langue, nous transposons Vy, qui se vocalise alors en- 
tièrement et s'unit avec la voyelle précédente, en une diph- 
thongue qui devient nasale. Ex.: longe, lonh, louen {=? loin); 

— pugnum, ponh, pouen {=:poin), La même chose a lieu, bien 
entendu, du nh final de toute origine. 

En bas limousin, du moins à Tulle et aux environs, le g de 
ng, au lieu de passer à l'y devant e, devient simplement j se- 
lon la règle générale. Ex.ijungere, jounje ; — plangere, planje; 

— cingere, cenje. Dans la même contrée, le g de gn s'assimile 
an. Ex.: sonna = sang{ui)nare ; — sinna = signare ; — 52;^- 
num, — sinne. Cela arrive quelquefois aussi en haut limousin, 
par exemple pour les deux derniers mots cités. 

^ Tous les mots en nh final ont aussi une autre fonne en tn» témoi- 
gnage de deux prononciations différentes, Tune conforme à la nrononcia- 
tion actuelle du limousin, l'autre analogue à celle des Catalans. 



GRAMMAIRE LIMOUSINE 379 

C. — G, de même que c, disparaît quelquefois devant une 
consonne ou en finale, en laissant à sa place un u qui se 
diphthongue avec la voyelle précédente. Ex.: sagma, saumo; 

— teg{u)lum, teule ; — smaragdus, maragde et maraude ; — fa- 
guniy fau. Ces deux derniers mots sont aujourd'hui inusités*. 
Pour /*aw, on dit seulement ^%o ou fayà. 

D. — Changeant de famille, dans la mêtne classe et le même 
degré, g deviendrait d. L'ancienne langue d'oc offre quelques 
exemples de cette mutation, tels que erdre = erig(e]re. Mais on 
ne peut, je crois, la constater en limousin moderne que dans 
des mots empruntés au français, où l'on sait qu'elle est très- 
ordinaire devant r. 

T (; latin ou i consonne) 

Le y latin, en initiale, s'est renforcé en/. Ex. ijacere, jaire; 

— jocum, jio ; — juvenca, junjo . Entre deux voyelles, il a 
conservé le son primitif, en se vocalisant complètement dans 
les cas où il devient final. Ex. : troja, trôyo ; — pejus, piei. 
Après une consonne, même quand cette consonne est tombée, 
il se renforce en/. Ex. : *adjuxiare, ajostar, ajouta; — suh' 
jectum, subjet, sujié» 

Ut consonne, dans la plupart des mots où il reste fluide à 
Nontron et, en général, dans le haut Limousin et le Périgord 
limousin, se condense en ; dans le parler de Tulle. Ceci est à 
rapprocher de ce fait signalé plus haut que le g^ dans la même 
contrée, ne se fond pas en y, comme chez nous, après n, plan- 
gere^ par exemple, y étant plange et non planke. Ex. : ra- 
diar€y raya, rajâ; — *habtamu8, ayant, ajam; — pluvia, plueia 
{^T,\plejo; — trùja, trueia (pr.), trejo*-, — esglayar (pr.), 
etglayâ, eglojâ; — tutiâ {tutoyer], iujâ. 

On connaît la mutation, si ordinaire en français dans la pro - 
nonciation de beaucoup de gens, de/Aeny (Ex. : paye = paille, 
bouyi = bomlli). Elle n'est pas rare en bas limousin, comme on 

' Fau existe encore en bas limousin . 

• A Nontron, on dit seulement plôvio et trôyo, qui représentent des 
formes dont la voyelle radicale ne s'était pas diphthonguée. 



380 DIALBGTES MODERNES 

le verra plus loin. La mutation inverse se remarque dans 
boulhôu, forme qu'a prise chez nous le pr. boyolh ( = moyeu, 
jaune d'oeuf) . 

Remarquons, avant de terminer, que Ty, quelle qu'en soit 
la source, reste chez nous mieux limité qu'en français, où il 
déborde presque toujours plus ou moins sur la vojelle précé- 
dente pour la diphthonguer en t. Ex. : payer (prononcez pai- 
yer), pa^yâ; — ennuyer (pron. ennui-yer), einou-yâ; — éloigner, 
eiiounhâ ; — saigner, san-nhâ. 

Gh, J 

Ch et j, d'où qu'ils proviennent, passent toujours à Non- 
tron, je l'ai déjà dit, dans la famille des dentales, ch s'y pro- 
nonçantes^ et y, dz. Il en est de même dans le reste du Périgord 
et en bas Limousin. Mais à Limoges et en général dans le haut 
Limousin, ces consonnes, tout en s'adj oignant une dentale, 
restent principalement palatales. On les prononce tch et dj, 
le e et le rf devenant même en quelques endroits à peine sen- 
sibles. — Dans certaines parties de la même contrée, par 
exemple St-Junien et les cantons voisins de la Charente, on 
les mouille ou pour mieux dire on les empâte d'un i consonne. 
Ex. ; tchiâsso = chasse; — djiamai = jamais. J'ai déjà fait 
cette observation au chapitre premier du présent ouvrage . 

Ch et ;, étant respectivement égaux à ts et à dz, sont suscep- 
tibles de se réduire à l'un ou à l'autre de leurs éléments. La 
réduction de ch k t et celle de / à d, surtout cette dernière, 
sont assez fréquentes dans le bas Limousin. Mais c'est presque 
toujours, sinon exclusivement, devant i qu'elles ont lieu. Ex.: 
tiche = chiche ; — tivôujâ = chivôujâ {chevaucher) ; -— dimo 
= jemo (poix) ; — dinhoû = ginhoû {ingeniosus) ; — dondié = 
dangiê ; — kdi = legi {légère), La variété nontronnais^ ne con- 
naît pas de semblables formes. En haut limousin on en ren- 
contre exceptionnellement quelques-unes, par exemple duchâ 
= fr. jucher, 

La réduction de ch k s et de y à z n'a lieu nulle part, à ma 



GRAMMAIRE LIMOUSINE 381 

connaissance,''d'une^manière caractéristique. Eile doit tenir, 
quand elle se produit, à un vice individuel de prononciation ou 
à la prétention de parler fin, comme disent nos paysans. Je 
relève pourtant dans le Dict. de Béronie les formes messan, 
moussOy quesso =metchan, moûcho, cuêcho, qui prouvent que la 
mutation de ch en s s'est opérée communément dans quelques 
mots, en bas limousin. 

Camille Chabaneau. 



(A suivre.) 



Stt 



RESSENTIMEN 



Et mes jeunes amonn, mes amonn les plus belles. 
Dans l'ombre de mon cœnr mes plus fraîches amours. 
Mes amours de quinze ans refleuriront toujours ! 

(Brizeux.) 



Dins lou Tilage quand, de fes, 
Larescontre, toujour poulido, 
Toujour emé soun mouroun fres, 
(Es uno flour afrescoulido) ; 

Siégue que vèngue de la font, 
Emé soun bro, pressado e lèsto ; 
Vo dôu four faire de pan long, 
Emé sa tiero sus la testo ; 

Quand la rescontre pèr li champ. 
Que moun regard toumbo e s'arrèsto 
Sus soun peu fin e roussejant 
Coume uno tousco de genèsto, 

Que Tauro lou vèn flatejà 
E Tesparpaio si treneto, 

Traduction 



RESSOUVENIR 

Dans le village quand parfois — je la rencontre, toujours jolie, 

— toujours avec son frais minois — (c'est une fleur ravivée) ; 
Soit qu'elle vienne de la fontaine — avec sa cruche, leste et 

pressée ; — soit qu'elle vienne du four où elle a cuit le pain long, 

— avec sa corbeille sur la tête ; 

Quand je la rencontre par les champs, que mon regard tombe 
et s'arrête — sur sa chevelure fine et blondissante comme une 
touffe de genêts; 

Cette chevelure que le vent caresse, — dont il éparpille les 



RE88BKTIMEN 383 



E que lou Yene floutejà, 
Goume lou dis ma cansouneto * ; 

Quand la rescontre ivèr, estiéu, 
Ëme toujour sa mémo caro, 
Mis esprit vènon pensatiéu : 
Uno ouro après ie rève encaro. 

Aquéu pantai me ris toujour ; 
Toujour moun cor amo à lou vèire. 
Souveni dôu proumier amour, 
As de belu mai que lou vèire ! 

le dise adieu, ie dise rèn ; 
Mai d'escoundoun moun amo plouro 
E murmure : « Mounte es lou tèms 
» Que parlavian de bèllis ouro ? 

)) Monte es lou tèms qu'amavian tant 
» Sus Camp-Cabèu ' de nous ajougne 



tresses, — et que je vois flotter, — comme le dit ma chanson- 
nette* ; 

Quand je la rencontre, hiver, été, — toujours avec le même 
visage, — mon esprit devient pensif : — une heure après, j'en 
rêve encore. 

Cette vision me sourit toujours, — toujours mon âme aime à la 
voir. — Souvenir du premier amour, — tu as plus de resplendis- 
sements que le verre I 

Je lui dis adieu, je ne lui dis nen ; — mais en cachette mon 
âme pleure — et murmure : Où est le temps — où nous parlions 
durant de belles heures ? 

Où est le temps où nous aimions tant — de nous joindre sur 
Camp'Cabel • ; — elle de me serrer la main ; moi de lui serrer la 
taille ; 

* Allusion à la chanson : li Frisoun de Marielo, (Cette chanson a paru 
déjà dans lou Roumavage di trouhaire^ imprimé à Aix, en 1863. 

' Plateau de Châteauneuf-de-Gadagne (Vauciuse), où la jeunesse va se 
promener le dimanche. 



384 DULECTES MODERNES 

» EIo de me sarrà la man, 

)) E iéu de le sarrà lou jougne ! 

» Mounte es aquéu bèu mes de mai, 
» Qu'alor, nèstis amo eno^ensado, 
» Fasien ensèn mémo pantaî, 
» N'avien à dos qu'uno pensado? 

» Mounte es aquéu tèms benurous 
» Que, le disent: a Moun amourouso », 
» Me respondié : « Moun amourous » ; 
» E menavian la vido urouso ? » 

Aquéu bèu tèms nous a leissa, 
Coume touto joio nous laisso ; 
Pamens aquéu bonur passa 
Merefresco côumo uno raissol... 

De nôsti plan, lou roussignôu, 
Que s'envai quand lou mistrau reno, 
Revèn cantà long di draiôu 
Tant-lèu que lou printèms aleno ; 

E noste amour noun revendra. . . 
Mai Castèu-nôu * se n'en fai glôri. 



Où est ce beau mois de mai, — où, alors, nos âmes confondues 

— faisaient ensemble le même rêve? — Nous n'avions à deux 
qu'une pensée. 

Où est ce temps bienheureux — où moi lui disant : « Mon amou- 
reuse » , — elle me répondait : « Mon amoureux » ; — et nous me- 
nions la vie heureuse I 

Ce beau temps nous a laissés, — comme toute joie nous laisse; 

— cependant ce bonheur passé — me rafraîchit comme une averse. 
De nos plaines, le rossignol, — qui s'en va quand le mistral 

gronde, — revient chanter le long des sentiers — sitôt que le prin- 
temps respire. 
Et notre amour ne reviendra pas! — mais Ghâteauneuf^ s'en 

* Mon village. • 



RBSSENTIMBN 3S5 



E Camp-Cabèu n'en gardarà 
Uno etèrno e douco memôri ; 

E Font-Seguguo * n'en retrai 
Koumbrino gaio e sourisènto ; 
E iéu toujour lou cantarai 
Coume ma cansoun la plus gènto ! 

Car es lou sounge bènfasèn 
Que la nieu ris à ma dourmido ; 
Soun souvent me fai de bèn 
E reverdis ma pauro vido ; 

E dins moun cor un pau malaut 
Adus de dôucis alenado, 
Car èro pur, car èro siau 
Coume un boufà de matinado ! 

Gastèu-nôu, 4 mai 1861. 



Anfos Tavan. 



( Tirra de la segonndo partido : PTX)nR ; di ponëelo d'AnfoB Tavan, qae sonn en pre- 
paracioun.) 



fait gloire, — et Camp-Cabel en gardera — une éternelle et douce 
m6moire. 

Et Font'Segugne ^ en retrace Tombre gaie et souriante. — Et moi 
toujours je te chanterai — comme ma chanson la plus jolie ; 

Car c'est le songe bienfaisant — qui, la nuit, sourit à mon som- 
meil. — Son souvenir me fait du bien — et fait reverdir ma 
pauvre vie ; 

Et, dans mon cœur un peu malade — apporte de doux souffles; 
— car cet amour était pur, il était calme — comme une effluve du 
matin. 

( Tiré de la seconde partie, Plbubs, des poéBies d'Alphonse Tavan, en préparation. 

* Campagne du félibre Paul Giéra, qui sert de promenade aux amou- 
reux de Cbateauneuf. . * 



386 



CONTES POPULAIRES 
(S- Série) 

La publication de ces petites compositions populaires ayant 
paru digne d'intérêt à un grand nombre de nos lecteurs, nous 
n'hésitons pas à la reprendre sur un nouveau plan, qui en 
assurera largement la continuité. 

Les éléments ne manquent pas. A notre collection particu- 
lière, déjà très-considérable, viendront se joindre celles que des 
personnes sincèrement dévouées à nos études ont bien voulu 
faire à notre intention. Comme elles habitent des parties du 
Languedoc fort éloignées les unes des autres, nous aurons 
ainsi des versions et des variantes nombreuses, qui se contrô- 
leront mutuellement. 

Nous avons déjà les recueils de M"* Marie Lambert, de 
Bclestà (Ariége) ; — de MM. le pasteur Liebich, de Saint- 
André-de-Lancize (Lozère); — Gleize, d'Arles (Bouches-du- 
Rhône ) ; — Gleize, d'Azilhanet (Hérault) ; — H . Bouquet, 
ouvrier imprimeur, de Montpellier. Il va sans dire que chaque 
communication portera le nom de son auteur. 

Nous avons l'espoir que d'autres membres de la Société 
suivront l'exemple qui leur est donné , et que, dans le cas 
même où ils ne connaîtraient pas de versions inédites, ils vou- 
dront bien nous communiquer leurs observations sur les va- 
riantes des contes précédemment publiés. 

Il résultera de ces efforts réunis une sorte d'édition en com- 
mun du plus grand prix. — Autant que possible, nous ne don- 
nerons, à chaque fois, que des contes de même genre, afin de 
faire disparaître le grand désordre qui naît toujours d'une 
publication ainsi improvisée . 



A. M. et L. L. 



XVI. — BUFOLO 



Un cop i'abiô uno femno qu'abid un goujat qu'ero un pauç ' 
bestio Sa maire ie diguet : 



CONTES POPULAIRBS JI87 

— Tu, moun ûl, balros pos res que noui^ ajos atrapat le 
loup per la cuguo. 

A quel goujat s'en anet à Taleo de Pechafilou, dins un aubre 
curat. Le loup ben à passa, Tatrapet per la ouguo, s'en ba. 

— Tenets, ma maire, m'abets dft que baldrioi pos res jus- 
quos qu'ajesse atrapat le loup per la cuguo \ acM Tabets. 

— Malhurous ! diguet la maire, leicho Tanà, que te man- 
jariô. 

L'endemà, la fieiro ero à Belcaire. Buf61o escourchet un 
mouton e metet la pelai loup, pel mena à la fleiro.Se présente 
Girou e Matirou, que diguèroun : 

— Eh! quefai, Bufôlo? 

— Souibengutbendre aquestemarrà. 

— E quand ne bos ? 

— Cent francs. 

— Oh! noun'pos tant, be-sèi? 

— Cent francs ne boli, cent n'aurèi. 

— Les i dounan, Girou ? 

— Tiô, Matirou. 

Lei mestre del mouton le metèroun démets un troupel de 
fedos. L'endemà, quand anèroun bese lei fedos, las troubéroun 
toutes escanados e le loup partisquet coumo un esclaire; 
d'empiei Tan pos pus vist. 

Se diguèroun : 

— Cal prene un fusil et un sabre, cal anà tua Buf61o. 
le ban : 

— Ount'es Bufôlo? 

— Achi, Messius. 

— Te benen tuà. 

— Eh I que voulès dire ? 

— Nous as arouinats : aquel marrà nous a escanat lèi fedos. 
Te voulen tuà. 

— Oh ! prenés patienso, cal déjunà. 

Bufôlo, qu'abio une lebreto, la cargabo de papiers. Le Girou 
e le Matirou ie disoun : 



388 DIÀLECTB8 MODERNES 

m 

— .Que diable fas? 

— Ah! Messîus, tant d'affas que ieu ai de tous coustats, 
sans aquelo lebreto coussi fariôf Aquelo lebreto s'enba à Pa- 
ris, à Ljoun, àMountpelier ; dins uno houro déjà es toumado. 

— Çà, diguet Matifou, nous autris qu'aven tant d'àffas dins 
Testranger, s'i la croumpaboun ? Quand ne bos, Buf61o ? 

— Cent francs . 

— Oh I noun pos tant, be-sèi ? 

— Cent francs ne boli, cent francs n*aurèi. 

— Nous bos arouinà. Nous as agut cent francs del marrà, e 
toutas las fedos mortos, ie pensos pas? La ie croumpan, Girou? 

— Ti6, Matirou. 

S'en ban. Quand soun à Toustal, ie metoun per cent milo 
francs de bilhets e la fan parti. La lebreto avansabô cami per 
lai garigos. Lei mestres la queitavoun fugè. 

— Bon diu ! qu'avanso cami. Nous aremountarà. 
La lebreto toumet pas pus. 

Se diguèroun : 

— Cal prene un fusil et un sabre, cal anà tuàBufôlo. 

le ban. Bufôlo, que saviô ce que se passavo, aviô mes uno 
grande oulo de ferre pleno de doba. 

— Ount'es Buf61o ? 

— Achi, Messius. 

— Te benen tuà. 

— Eh ! que voulès dire ? 

— Nous as arouinats. Nous as agut cent francs del marrà^ 
cent de la lebreto ; te boulen tuà. 

— Oh! prenès patiensa, cal déjunà. 

Fico très ou quatre cops de fouguet à l'oulo, la doba es 
cueito. 

— Çà, diguet Matirou, nous autris qu'aven lei femnos ta fe- 
niantos, nous la caldrio plà croumpà. Quand ne bos, Bufôlo? 

— Cent francs. 

— Oh ! noun pos tant, be-sèi? 

— Cent francs ne boli, cent n'aurèi. 



CONTES POPCLAIRBS 189 

— Nous bos arouinÀ. Noos as agut cent^ firancs del marrà^ 
cent de lalebreto, cent de Foulo, ie peitsospos! Lei i dounan, 
Girou? 

— Tiô, Matîroa. 

S'en ban à Toostai. Metoon vingt francs de car dins Toulo, 
ie ficoa très ou quatre cops de fouguet; la porto de Tescalier 
se trobo douberto. Foule redoulet et se coupet. 

Se diguèroun: 

— Cal prene un fusil et un sabre, cal anà tuà Bufôlo. 
le ban. 

— Ount'esBufèlo? 

— Achi, Messius. 

— Te benen tuà. 

— Eh ! que boules dire? 

— Nous as arouinats. Nous as agut cent francs del marrà, 
cent de la lebreto, cent de Toulo ; te boulen tuà. 

— Oh! prenès patiensa, cal dejunà. 

Bufôlo, que sabiô ce que se passavo, abio préparât soun de- 
junà. Abio mes uno tripo de sang al col de la slu femno, am 
uno minuto sul cap. Bufôlo diguet à Janetoun : 

— Fai-me lou dejunà? 

— Me plai pas, feniant, groumand ! Fe-lou, tus! Le voli pas 
adouba. 

Bufôlo ie fico un cop ; touto la sang de la tripo gisquet 
pertoat. 

— Malhèrous, qu'as feit? Nous bos mètre entre lèi mans de 
la justiço. 

— Agues pos pôu. 

Coutelet de margue negre^ — cotUelei de margtie blanc, 
Torno ma femno vivo — sul banc. 

La femno lebo un pè. 

Coutelet de margue nègre, — coutelet de margue blanc, 
Torno ma femno vivo — sul banc. 

La femno se lebo, fai lou dejunà e mes la taulo. Tout de- 
junaUji 



390 DIALBCtfiS MODERNfiS 

— Ça, diguet Matirou, nous autris qu'aven lèi femnos ta 
feniantes, se croumpaven aquels coutelets? Que dises, Girou? 
lei croumpan? Quand ne bos, Bufôlo? 

— Cent francs. 

— Oh! noun pos tant, be-sèi? 

— Cent francs ne boli, cent francs n'aurèi. 

— Nous bos arouinà. Nous as agut cent francs del marra, 
cent de la lebreto, cent de Foule, cent des coutelets ; ie pensos 
pos? Lei i dounan, Girou? 

— Tiô, Matirou. 
S'en ban à Toustal. 

— Marioun, fai-me lou dejunà ! 

— Me plai pos, feniant, manjaire ! Benes de beire Bufôlo ; 
be-sèi? Benes de te faire prene d'autris cent francs? 

Te ie fico un cop de coutel, la tuet. 

— Çà, diguet Girou, del temps que la tiu se reviscoularà, ne 
bau faire antau à la miu. 

— Madeloun, fai-me lou déjunà ! 

— Me plai pos, feniant, manjaire I 
le fico un cop de coutel, la tuet. 

Couielet de margue negre^ — coutelet de margue blanc, 
Torno ma femno vivo — sul banc. 

Lafemno se lebet pos pus ; ero morto. Girou anet beire se 
la de Matirou ero tournado vivo ; ero morto atabè . 

Se diguèroun : 

— D'aquesto fes, cal prene un fusil et un sabre, cal anà tuà 
Bufôlo. 

S'en ban : 

— Ount'es Bufôlo? 
— Achi, Messius. 

—Te benen tuà. Te ie cal passa ; nous escaparas pas. 
• — Nous cal dejunà. 

— Boulen pas dejunà. Nous as agut cent francs del marrà. 



CONTES POPULAIRES 391 

cent de la lebreto, cent de Toulo, cent dels coutelets, et los 
femnos mortos. Te boulen tuà. 

Lou prenoun, lou metoua dins un sac et se Temportoun . 
Coumo pesavo, l'abaicheroun al bord de Taigo. Abans de lou 
jità dins Taigo, la un dits : 

— Me cal anà fà quicon. 

L'autre dis: 

— Atabe. 
Bufôlo repren : 

— Anas b'oun ne prou len, que noun pudats. 

L'un anet à la bordo de Bel-Air, l'autre à la cime de la 
Costo. Bufôlo disiô dins le sac: 

— Es terrible, aco : me boloun fà rei de Oungrio, e ne boli pas 
estre. 

Lou pastre de Pechafilou, qu'ero à la Granjeto, que gar- 
dabo lèi fedos ambé sa flauto, enten aco: 

— Que dises, paure orne ? 

— Rei de Oungrio que me boloun fà, e nou boli pos estre. 

— Eh! m'en fariôu à ieou? 

— Eh I quant âge abès ? 

— Eh 1 bint ans. 

— Encaro milhou . . . Destaco-me de dedins le sac e benès 
bous i mètre. 

Bufôlo pren la capeto e la âaùto, e fasquet soun turututu, 
turututu. 

Quand Girou e Matirou benguèroun d'escampà d'aigo, pre- 
noun le sac e le jitoun a Pont-Noù, dins le goure de l'Orto. 

Tout s'entournan, troboun Bufôlo sus lou passage, que jou- 
gabo de la âaùto : turlututu, turlututu. le disoun : 

— Que fas, Bufôlo? Que diable ai feit? 

— Ah ! Messius, se m'abios jitat de prou n'aut, rai! tant de 
gisquets, tant de fedetos. 

-^ E qui sap se n'aurion, nous autris ? 
**Mès que bous cal prene de balan. 



392 DIALECTES MODERNES 

L*an s*en ba sus la cimo de TArso, e Tautre sul roc de Si- 
Jaumes. D'achi redouleroun dins le goure de TOrto^et encaro 
ie soun. D'achi ieu m'en tournere. 

E trie e trie, 
Moun eonte es ânit ; 
E trie e trac, 
Moun conte es acabat. 
(Version de M"* Marie Lambert, de Balesta (Ariége)) . 

* Traduction 



BUFOLO 

Il y avait une fois une bonne femme dont le fils était quelque 
peu niais. Elle lui dit : < Toi, mon fils, tu ne vaudras rien qae tu 
n'aies pris le loup par la queue. » Ce garçon alla de suite à Tallée 
de Pechafilou, où il se cacha dans le trou d'un arbre. lie loup vint 
à passer, il le saisit par la queue. Puis, le menant chez lui: — 
« Tenez, ma mère, vous m'avez dit que je ne vaudrais rien que 
je n'eusse pris le loup par la queue ; ie voici. — Malheureux î 
s'écria la mère, laisse-le partir, qu'il te mangerait. » 

Le lendemain, c'était la foire de Beaucaire. Bufôlo écorcha un 
mouton, couvrit le loup de sa peau et le conduisit à la foire. Il se 
présenta deux individus, Girou et Matirou, qui dirent : — « Eh! 
que fais-tu là, Bufôlo? — Je suis venu pour vendre ce bélier. 
— Combien en veux-tu? — Cent francs. — Tu plaisantes, peut- 
être? — Cent francs j'en veux, cent j'en aurai. — Les lui don- 
nons-nous, Girou ? — Oui, Matirou.» Ils mirent donc le prétendu 
bélier parmi leurs brebis. Le lendemain, lorsqu'ils allèrent voir 
celles-ci, ils les trouvèrent toutes étranglées ; le loup s'enfuit 
comme un éclair. On ne l'a plus revu depuis. 

Ils se dirent : — « Prenons un fusil et un sabre, et allons tuer 
Bufôlo.» — Ils y allèrent. — a Où est Bufôlo? — Ici, Mes- 
sieurs. — Nous venons te tuer. — Que dites-vous là? — Tu 
nous a ruinés. Ce bélier a étranglé nos brebis, et c'est pour- 
quoi nous venons te tuer. — Ayez un peu de patience, et, si 
vous m'en croyez, déjeunons auparavant. » Bufôlo mit alors une 
grosse charge de papiers sur un lièvre qu'il avait. Le Girou et 



COUTES POPULAIRES 393 

Je Matirou dirent: — a Que diable fais-tu là? —Ah ! Messieurs, 
j'ai un si grand nombre d'affaires dans toutes les parties du monde, 
qu'il me serait impossible d'y pourvoir si ce n'était ce lièvre. Je 
l'envoie à Paris, à Lyon, à Montpellier, et à peine est-il parti qu'il 
en revient. — Gà, dit Matirou, nous deux qui avons tant d'af- 
faires à l'étranger, nous ne ferions pas mal d'acheter ce lièvre. 
Combien en veux-tu, Bufôlo? — Cent francs. — Tu plaisantes, 
peut-être? — Cent francs j'en veux, cent francs j'en aurai. — Tu 
veux nous ruiner. Cent francs du bélier, cent francs du lièvre, et les 
brebis mortes, tu n'y penses pas. L'achetons-nous, Girou ? — Oui, 
Matirou. » Ils s'en vont. Quand ils furent à la maison, ils mirent 
sur le lièvre une charge de cent mille francs en billets et le firent 
partir. Le lièvre fuyait avec la plus grande vitesse à travers les 
bois. Ses deux maîtres le regardaient faire. — « Mon Dieu, qu'il 
va vite! Bien sûr, il nous enrichira. » Le lièvre ne revint plus. 

lis se dirent : — « Prenons un fusil et un sabre, et allons tuer 
Bufôlo. » Ils y allèrent. Bufôlo savait ce qui était arrivé et 
avait préparé une grande marmite de fer, pleine de -viande à la 
daube. — Où est Bufôlo? — Ici, Messieurs. — Nous venons te 
tuer. — Que dites- vous là? — Tu nous as ruinés. Tu nous as pris 
cent francs du bélier, cent francs du lièvre, et c'est pourquoi nous 
voulons te tuer. — Ayez un peu patience, et, si vous m'en croyez, 
déjeunons. » Il donna trois ou quatre coups de fouet à la daube, et 
elle se trouva cuite à point. — « Gà, dit Matirou, nous deux qui 
avons des femmes si paresseuses, nous devrions bien acheter cette 
marmite. Combien en veux-tu, Bufôlo? — Cent francs. — Tu 
plaisantes, peut-être. — Cent francs je demande, cent francs 
j'aurai. — Tu veux nous ruiner. Tu nous as eu cent francs du 
bélier, cent du Uèvre, cent de la marmite ; tu n'y penses pas ! L'ache- 
tons-nous, Girou? — Oui, Matirou. » Ils s'en vont chez eux. Ils 
mettentpour vingt francs de viande dans la marmite, la frappent de 
trois ou quatre coups de fouet ; mais ce fut si fort que, la porte de 
l'escalier se trouvant ouverte, la marmite roula du haut en bas et se 
cassa. 

Ils se dirent : — « Prenons un fusil et un sabre, et allons tuer 
Bufôlo. » Ils y allèrent — « Où est Bufôlo ? — Ici, Messieurs. — 
Nous venons pour te tuer. — Que dites- vous ? — Tu nous a ruinés. 
Tu nous as eu cent francs du bélier, cent francs du. lièvre, cent 

26 



aSM DIALECTES M01;ERNES 

francs de la marmite, et c'est pourquoi nous voulons te tuer. — 
Ayez un peu de patience, et, si vous m'en croyez, déjeunons. » 
Bufôlo, qui savait parfaitement ce qui était arrivé, avait préparé 
son déjeuner. Il avait mis un boudin au cou de sa femme, en lui 
couvrant la tête avec une capeline. Bufôlo dit à Jeanneton : — « Pré- 
pare le déjeuner ! — Il ne me plaît pas, fainéant, gourmand! Fais- 
le toi-même; je ne veux pas le faire. » Alors Bufôlo la frappa de 
son couteau, et le sang du boudin se mit à ruisseler. — « Mal- 
heureux, que viens-tu de faire? Tu veux nous livrer à la justice. 

— Ne craignez rien : 

Petit couteau au manche noir, — petit couteau au manche hlanCj 
Faites que ma femme soU de nouveau vivante — sur ce hanc.i» 

La femme fit un mouvement. 

tPelit couteau, sic.» 

La femme se leva, prépara le déjeuner et mit la table. En dé- 
jeunant : 

— « Gà, dit Matirou, nous deux qui avons des femmes si paresseu- 
ses, si nous achetions ces petits couteaux I Qu'en penses-tu, Girou? 
les achetons-nous ? Combien en veux-tu, Bufôlo? — Cent francs. 

— Tu plaisantes, peut-être 1 — Gent francs je demande, cent francs 
j'en aurai. — Tu nous as ruinés. Tu nous as eu cent francs du 
bélier, cent francs du lièvre, cent francs de la marmite, plus cent 
francs des petits couteaux ; y penses-tu ? Les donnons-nous, Girou ? 

— Oui, Matirou. » Us allèrent chez eux. — « Marion, prépare le 
déjeuner ! — 11 ne me plaît pas, fainéant, mangeur ! Vous venez 
encore de chez Bufôlo, je pense I Vous venez de vous faire filouter 
d'autres cent francs !» Il la frappe de son couteau et la tue. — 
« Çà, dit Girou, pendant que la tienne ressuscitera, je vais en faire 
autant à la mienne. — Madelon, prépare le déjeuner ! — Il ne me 
plaît pas, fainéant, mangeur ! » 11 la frappe de son couteau et la 
tue. 

PHU couteau au manche noir, ^ petit couteau au manche btane, 
Faites que ma femme soit de nouveau vivante — sur ce banc. 

La femme ne se leva pas ; elle était tout à fait morte. Girou alla 
voir si la femme de Matirou avait ressuscité ; elle était morte éga- 
lement. 

Us se dirent : — « Cette fois, il faut prendre un fusil et un sabre 
et aller tuer Bufôlo. » Us y vont. — « Où est Bufôlo? — Ici, 



CONTES POPULAIRES 395 

messieurs. — Nous venons pour te tuer. Gelte fois, c'est pour tout 
de bon. Tu ne nous échapperas pas. — Déjeunons auparavant. — 
Nous ne voulons pas déjeuner. Tu nous as eu cent francs du 
bélier, cent francs du lièvre, cent francs de la marmite, cent francs 
des petits couteaux, plus nos femmes mortes ; nous voulons te 
tuer. Ils le prirent, le placèrent dans un sac et l'emportèrent. Gomme 
il pesait beaucoup, ils le déposèrent un moment au bord de l'eau. 
Avant de le jeter à la rivière, l'un d'eux dit : — « Il faut que j'aille 
satisfaire un besoin. » — L'autre dit : — « Moi aussi. »£ufôlo ajouta : 

— « Allez donc un peu loin, pour qu'on ne sente^s la puanteur.» 
L'un alla en effet à la métairie de Bel- Air, l'autre à la cime de la 
côte. Pendant ce temps, Bufôlo disait dans son sac : — « C'est pour- 
tant terrible, çà ; voilà que l'on veut faire de moi un roi de Hongrie, 
et je ne veux pas l'être. » Le pâtre de Pechafilou, qui était à la 
Petite-Grange, où il gardait ses moutons au son de la flûte, entendit 
ce propos. — « Que dites-vous là, pauvre homme? — Je dis que 
Ton veut faire de moi le roi de Hongrie, et que je ne veux pas 
l'être. — M'accepterait-on ? — Quel âge avez-vous? — Vingt ans. 

— Gertes, encore mieux. Sortez-moi de ce sac et venez vous y 
mettre à ma place. » Bufôlo prit la cape du pâtre sur ses épaules, 
et comme lui se mit à jouer de la flûte : turututu, turututu 

Quand Girou et Matirou revinrent, ils prirent le sac et le jetè- 
rent dans le gouffre, du haut du Pont-Neuf. 

Au retour, ils trouvèrent Bufôlo qui jouait de la flûte : turlu- 
lutu, turlulutu. Ils lui dirent : «Que fait la Bufôlo? Gomment diable 
as-tu fait? — Ahl messieurs, si vous m'aviez jeté de plus haut, 
vrai Dieu! j'aurais eu autant de brebis que l'eau aurait rejailli de 
fois. — Qui sait s'il en serait de même de nous deux? — Cer- 
tainement, pourvu que l'élan eût plus de force. » 

L'un se rendit au sommet de la grande montagne de l'Arse, l'au- 
tre sur le rocher de St-Jacques. De là ils s'élancèrent dans le gouf- 
fre, et ils y sont encore. — Quant à moi, je m'en revins. 

Et trie et trie, 
Mon conte est fini. 
Et trie et trac, 
Mon conte est achevé. 



Bufôlo, Tune des versions languedociennes du Pichot i\an€t^ 



I 



996 DIALHIGTK M0DBRNB8 

déjà citée, et les deux récits que Ton va lire ci<^après, hu Car- 
bouniè et hu Coumpaire Gatet, appartiennent à ce genre de 
contes populaires dont le héros, soumis à une multitude 
d'épreuves successives et difficiles, finit cependant par en sor- 
tir vainqueur. Ce genre est le plus répandu et celui également 
dont on possède le plus grand nombre d'exemples. 

Lou Cami dau Paradis, j^nhlié précédemment, provient de 
la même donnée, avec cette différence pourtant que le résul- 
tat de chaque épreuve est un insuccès. 



XVI!. — LOU COMPAIRE GATET 

Un cop Tabiô un carbouniè qu'abiè très goujats ; toumbet 
malaut et abans de mouri fasquet testament, A Tainat laisset 
la cabano, à Tautre un cédas, al darriè le gat. 

Aqueste se sentissiô le pus malhurous. Disiô als sius fraires : 
«Tu, rai ! aumens te podes embarà le cap, e tu, en prestan le 
cédas, te podes amassa un bouci de pa; mes ièu, que farè d'un 
gat ? Me caldra passa talen. » 

Se bastis un oustalet e demoroun amasse. Le gat fasiô pos 
que miaula. Uno neit le mestre le ûquet deforo. S'en ba len, 
len. . . Trobo un bol de perdigals. le digueroun : 

— Et ount bas, coumpaire gatet ? 

— M'en bàu à Paris me fà daurà la cugo ? 

— Nous bos ambe tu ? 

— Mettes bous darrè ièu e seguisse me. 

Al cap d'un autre pauc trobo un bol d'aucos saubajos, que 
ie disoun: 

— Et ount bas, coumpaire gatet? 

— M'en bau à Paris me fà daurà la cugo ? 

— Nous bos ambe tu ? 

— Seguisses me. 

Aribadis à Paris, s'en ban al palai del reig. 

— Bonjour, sire ! Sire Bernât bous emboio aqueste gibiè. 



CONTES' POPULAIRES 397 

Le reig,' que debrd dounà un grand repaich, fousquet pla 
counten de reçaupre aquel gibiè. Gardetoun coumpedre gatet 
qualque temps al palai, et rapprengueroua à parla francés , 
es à dire: oui e non, Boulhan dounà mila eausos al gatet 
quand s'en anet, per pourtà al sire Bernât ; bouguet pos 
prene rés, disen que soun mestre ero trop riche^ mes que ie 
dounessoun à'n'el uno bourso d'or per passa cami. le la dou- 
nèroun. 

S'en ba à l'oustau. Miaulo. Le mestre ie doubris. 

— Te, que te porte uno bourso. Seras counten aro. Tout 
ce que recoumandi es que m'en gardes prou per m'en croumpèt 
uno cordo. 

Al cap de qualques jours, le gat diguet al siu mestre 5' 

— Aro me seguiras, e faras ço que te direi. 

S'en ban len. Abans d^'aribà à Paris, le gatet estaquo sire 
Bernât a'n un piliè, le despelet, e le pessiguet jusque que 
fousquet pie de sang. 

— Que me bos fè ? Me bos tuà ? 

— Ajos pos pôn, demoro e diras à cado questioun ouïe non. 
S'en ba à Paris troubà le reig, disen que les boulurs abion 

assassinat le siu mestre e que benguessoun al slu secours. En 
entenden parla de sire Bernât, le reig le ba secouri. Le trou- 
beroun debourat. Le metteroun dins lou carri, l'abilheroun et 
le pourteroun al palai. Quand le sire fousquet guérit^ espouset 
la filho delreig. 

Après le mariage, anèroun bese le doumèno de sire Ber- 
nât. 

— Cousi farè ièu ? 

— T'estounes pas, le miu mestre, diras oui e non quand' te 
parlaran. 

Sabi6 pos dire res plus à tout ce que ie dision. Que que 
fousquesse, disiô toujours aco. 

Les noubelis mandats partoun en el reig. Le gatet se met- 
tet unos bottes e pren le dabans. Trobo uno colo de dalhaires 
e lous dis : 



398 DIâLBCTES MODBKNBS 

— Ses perdais, le reig passo e met tout à foc et à sang . 

— Et ount nous mettren per esse salbadis ? 

— Mettes-boas sal bor del cami, e quand passarà, que 
demandarà de quau es aquelo piano, ie dires : De moun sire 
Bernât. 

— Be faren. 

Quand fousquet pus len, trobo uno colo de segaires ! 

— Ses perduts, le reig passo e met tout à foc e à sang. 

— Et ount nous mettren per esse salbadis ? 

— Mettes-bous sul bord del cami et quand passarà, que 
bous demandarà de quau es aquelo piano, ie dires : De moun 
sire Bernât. 

— Be faren. 

Le Reig passo ; demande : De quau sou aquelos grandos 
pianos ? 
Tout lou mounde respon : 

— A moun sire Bernât. 

— Certes, mon gendre, vous êtes plus riche que mot. 

— Oui. 

Le gat s'en ba en un castel len, len, ounte i'abiô uuo fado 
et un sourcier. le diguet ce qu'abiô dich as dalhaires et as 
segaires. 

— Et ount me mettre ? diguet la fado. 

— Dins le four. 

Quand ie seguet, le gat la i brulo. 

— Et ièu que farei, diguet le sourcier. 

— Mettes vous en rat. 

Quand lou vejet en rat, ie sautet dessus e lou manget. 

Le gat ero mestre del castel. Se met dabans la porto per 
reçaupre sire Bernât. Quand fousqueroun descendudis dau 
carri, fousqueroun enmascats de veire un tant poulit castel. 

Dins beit jours, le gatet dis al siu mestre ? 

— Siès counten ? 

— Ne soun. 



CONTES POPULAIRES 399 

— E be te demandi, per recoampenso, qu'après ma mort me 
fasqaos fè ano poulido sepnltaro. 

— L'auras. 

Un jour le gat fasquet del mort. La sîrbento venguet ou 
dire. 

— Jito-le per la fenestro. 

Le gat se lebo et boulio arincà les els. 
— Rete-te? Tendrai ce que t'ai proumes. 
Le gai toumbo malaut, se mor, e de crento que fousquesso 
bîu, ie fasquet uno superbo sépulture. 

D'aqui estan m'en tourne!, sensé que me fasquessou tastà 
l'aigo. 

E trie e trac, 
Tout es baclat. 

(V. de M"* M. Lambbrt, de Belestà.) 

Traduction . 



LE COMPERE CHAT 

. 11 était une fois un charbonnier qui avait trois garçons. Il tomba 
malade, et avant de mourir il fit (son) testament. A l'aîné il légua 
la cabane; à l'autre, un tamis de soie; au dernier, le chat. 

Celui-ci se trouvait le plus malheureux. Il disait à ses frères: 
— « Toi, à la bonne heure, tu peux au moins abriter ta tète, et toi, 
en prêtant le tamis, tu peux gagner un morceau de pain ; mais moi, 
que ferai-je d'un chat?. . . il me faudra mourir de faim ! » 

11 se bâtit une maisonnette et l'habita avec le chat. Celui-ci ne 
faisait que miauler. Une nuit, son maître le jeta dehors. Il s'en 
va loin, loin et trouve une volée de perdreaux qui lui dirent: 

— Et oii vas-tu, compère chat ? 

— Je vais à Paris me faire dorer la queue. 

— Veux-tu nous prendre avec toi ? 

— Mettez-vous derrière et partons. 

Au bout d'un peu de temps, il rencontra une volée d'oies sau- 
vages qui lui dirent : 

— Et oiîi vas-tu, compère chat ? 

— Je vais à Paris me faire dorer la queue. 



400 DIALBCtBS MODBUNEB 

— Veux-tu nous prendre avec toi t 

— Suivez-moi. 

Arrivés à Paris, ils vont au palais du roi. 

— Bonjour, sire. Sire Bernard vous envoie ce gibier. 

Le roi, qui devait donner un grand repas, fut très-satisfait de 
recevoir ce présent. On garda compère chat quelques jours au pa- 
lais, et on lui apprit à parler français, à dire oui et non. On voulait 
donner mille choses au petit chat lorsqu'il partit, pour les offrir à 
sire Bernard ; mais il ne voulut rien prendre, disant que son maître 
était trop riche, mais quUl accepterait, pour soi, une bourse d*or 
pour faire la route. On la lui donna. 

Il s'en va à la maison, miaule'; le maître lui ouvre. 

— Tiens, je t'apporte cette bourse; tu seras heureux mainte- 
nant. Seulement je te recommande de me garder assez (d'or) pour 
acheter une corde. 

Au bout de quelques jours, le chat dit à son maître : 

— A présent tu me suivras, et feras tout ce que je te dirai. 

Ils s'en vont loin, loin. . . . Avant d'arriver à Paris, le chat atta- 
che sire Bernard à la pile d'un pont ; il le déshabille et Tégratigne 
jusqu'à ce qu'il fut couvert de sang. 

— Que me veux-tu faire 9. . . , tu veux me tuer ?. . . 

— N'ai point peur, tranquillise-toi, et réponds à chaque question 
oui et non . 

Il s'en va à Paris trouver le roi, lui dit que les voleurs avaient 
assassiné son maître et (pria) qu'on vînt à son secours. En enten- 
dant parler de sire Bernard, le roi partit aussitôt ; il le trouva cou- 
vert de blessures. On le mit dans un char, on l'habilla et le trans- 
porta au palais . 

Quand le jeune seigneur se trouva guéri, il épousa la fille du roi. 
Après la noce, ils allèrent visiter les domaines de sire Bernard. 

— Gomment ferai-je? 

— Ne t'effraie pas, mon maître ; tu n'auras qu'à dire oui et non 
lorsqu'on t'interrogera. 

Aussi ne répondit-il jamais autre chose à tout ce qu'on put lui 
dire. 

Les nouveaux époux partent avec le roi. Le petit chat se met 
une paire de bottes et prend les devants. Il trouve un groupe de 
faucheurs et leur dit: 



CONTES POPULÀIRBS 401 

-^ Vous êtes perdus ! Le roi parcourt la campagne et met tout 
à feu et à sang. 

— Hélas ! comment faire pour nous sauver?. . 

— Mettez-vous sur le bord du chemin, et, lorsque le roi passera, 
s*ii vous demande à qui appartient cette plaine, vous répondrez: A 
Monseigneur Bernard. 

— Nous le ferons. 

Lorsque le chat fut un peu plus loin, il trouve un groupe de 
moissonneurs et leur dit : 

— Vous êtes perdus I Le roi parcourt la campagne et met tout à 
feu et à sang. 

— Hélas! comment faire pour nous sauver?. . . 

— Mettez-vous sur le bord du chemin, et, lorsque le roi passera, 
s'il vous demande à qui appartient cette plaine, vous répondrez: 
A Monseigneur Bernard. 

— Nous le ferons. 

Le roi passe et demande à qui sont ces grandes plaines. Tout 
le monde répond : 
— * A Monseigneur Bernard. 

— Certes, mon gendre, vous êtes plus riche que moi. 

— Oui. 

Le chat s'en va à un château loin, loin , où il y avait une fée 

et un sorcier ; il leur répéta ce qu'il avait dit aux faucheurs et aux 
moissonneurs. 

— Et où me mettrai-je ? dit la fée. 

— Dans le four. 

Quand elle fut dans le four, le chat la brûla. 

— Et moi, que ferai -je ? dit le sorcier. 

— Changez-vous en rat. 

Quand il fut métamorphosé, le chat sauta sur lui et le mangea. 

Le chat, étant maître du château, se mit devant la porte pour 
recevoir sire Bernard. Quand ils descendirent du char, ils furent 
éblouis de voir un si beau château . 

Au bout de huit jours, le petit chat dit à son maître : Es- tu con- 
tent? 

— Je le suis. 

— Eh bien! je te demande pour récompense qu'après ma mort 
tu me fasses faire une belle sépulture. 

— Tu l'auras. 



402 DIALECTES MODERNES 

Un jour le chat fit le mort. La servante vint le dire. 

— Jette-le par la fenêtre. 

Le chat se leva et voulait lui arracher les yeux. 

— Retiens-toi, je tiendrai ce que je t'ai promis. 

Le chat tombe malade et meurt. Dans la crainte qu'il ne revint 
encore à la vie, il lui fit faire une magnifique sépulture. 
Alors, je m'en retournai, sans qu'on m'eût offert à boire . 

E trio 6 trac 
Tout est fini. 

n est facile de voir, d'après cette version, que le Coumpaire 
Gatet languedocien est le Chat botté des contes de Perrault, 
contes dont Torigine populaire est aujourd'hui parfaitement 
reconnue. 



XVIII. — LA FILHO DEL CARBOUNIÈ 

Un cop Tabiô un reig que fasquet publicà que le que debi- 
gnariô so que baliô le siu palai auriô pa à manjà sero un 
orne, e s'ero uno ôlho Tespousariô. 

Un carbouniè benguet à passa dabans le palai. Estounat 
de bese tant de mounde, demandet-so que fasiô. le respoun- 
deroun qu'estimabou Toustal del reig, e que degus le de- 
binhabo pos. 

L'estimet cent milo francs. Be debinhet pos. 
S'en ba chez el, sa filho ie dis : 

— Abes pla demourat, paire. 
Aqueste diguet ce que s'ero passât. 

— Soun pla bestios; i boli anà e be boli debinhà. . 
Le paire se mes à rire. La filho s'en ba e dis al reig : I 

— Vôu mes uno rousinado del mes d'agoust que vostre ! 
castel. 

Be rencountret. 

Le reig diguet que la siu proumesso ero un acte e que Tes- 
pousariô ; mes abans que boulhô que faguesso un bouquet de 
touto meno de flous. 



CONTES POPULAIRES 403 

Ba dins une prado, ne fa un que trempet dins la mèl, e le 
porto al reig, 

— Encaro me cal quicon mes. Tourno-t'en à Toustal, et 
bendras ni primo ni sadoulo, — ni bestido ni nudo, — ni 
a pè ni à cabal, — ni per cami ni per carieiro. 

Cadojour la filho manjabodos sietos de milhas, ne manjet 
pus qu'uno. Se mettet uno camiso e laisset uno espalo nudo ; 
se mettet sur un carras e marchet la mitât sul cami e Tautra 
dins le bal, un pè caussat e Tautre descaus ; atalet un ase et 
uno cabro al carras e partisquet. 

Quand le reig l'a bejetaribà en aquel équipage, diguet: 

— Aro, m'en pode pas dédire. 
Se maridèroun. 

Le reig se languissiô, aimabo pos la siu femno. Un jour 
diguet : 

— Demando-me ce que boudras, ce que t'agradara mes. 
Per te laissa- pus libro, me bàu endurmi, e tourne-t'en al tiu 
oustal. 

Le reig dourmissiô. EUo sel mes sul cap e s'en ba aco de 
soun paire. Quand bourguet dintrà, la testo del reig tustet à 
la porto e se despertet. 

— Malherousà, ounte m'as pourtat ? 

— M'abès dit d'empourtàce que me fariômès de plasé, bous 
ei causit; es bous que preferi mes . 

— Retournen al palai, d' ounte m'as sourtit. 

D'achi estans m'en tournei. 

( V. de M"* M. Lambert, de Belesià.) 

Traduction 

LA FILLE DU CHARBONNIER 

■ Il était une fois un roi qui fit publier que celui qui devinerait 
ce que valait son palais aurait du pain à manger si c'était un 
homme, et si c'était une fille qu'il l'épouserait. 

Un charbonnier vint à passer. Etonné de voir tant de monde, 



4M DIÂLBGTB8 MODERNES 

il demanda ce qu'on faisait. On lui répondit que Ton estimait la 
maison du roi et que personne ne pouvait en deviner la vaieur. 

Lui Testima cent mille francs. Il ne devina pas. Il s'en revint 
chez lui. Sa fille lui dit: 

-~ Vous avez resté bien longtemps, mon père ! 

Gelui-ci lui raconta ce qui s'était passé. 

— Ils sont bien bêtes ; j'y veux aller et je devinerai. 
Le père se mit à rire. La fille s'en alla et dit au roi: 

— Il vaut mieux une rosée du mois d'août que votre château. 
Elle avait deviné. 

Le roi dit qu'une promesse de sa part valait un contrat et qu*il 
répouserait, mais qu'il voulait avant qu'elle lui fît un bouquet de 
toute sorte de fleurs. Elle alla dans une prairie; en fit un, qu'elle 
trempa dans du miel, et le porta bxl roi. 

— Il me faut encore autre chose: retourne à ta maison, et il 
faudra que tu en reviennes ni à jeun ni rassasiée, ni vêtue ni 
nue , ni à pied ni à cheval , ni par chemin ni par route. 

Chaque jour la fille (qui) mangeait deux assiettées de gruau, n'en 
mangea plus qu'une. Elle se mit une chemise et laissa une épaule 
nue. Elle s'assit sur un traîneau et marcha un pied sur le chemin, 
un pied dans le fossé ; un pied chaussé et l'autre déchaussé. Elle 
y attela un âne et une chèvre, et partit. 

Quand le roi la vit arriver dans cet équipage, il dit: 

— Maintenant, je ne peux m'en dédire . 
Us se marièrent. 

Le roi languissait ; il n'aimait pas sa femme. Un jour il lui parla 
ainsi : 

— Demande-moi ce que tu voudras, ce qui te conviendra le 
mieux. Pour te laisser plus libre (dans ton choix), je vais dormir, 
et retourne à ta maison. 

Le roi dormit ; elle le prit sur sa tête et s'en alla chez son père. 
Quand elle voulut entrer, la tête du roi cogna à la porte, et la dou- 
leur le réveilla. 

— Malheureuse I où m'as-tu porté?. . . 

— Vous m'avez dit d'emporter ce qui me fait le plus de plaisir, 
je vous ai choisi: c'est vous que je préfère. 

— Retournons au palais, d'où nous sommes venus. 
Quant à moi, je m'en revins aussi. 



GBAMIfAIRB LUOGSIXB 405 

XIX- PLPERELET 

Atronbèron Peperelet — dins un csolet. &a t^n pichot que 
loa vesîen que loni escas. La rielha que loa nourissiè ie don* 
net per bres nna cap acheta d'aglan. Un jour lou mandet per 
ortas pounà una fou^asseta à soun €*me. que maiencaTa. 

Sus lou bord dau cami favie un troupel de racas que pais- 
sien. NT ariè una blanca. — nT aviè una negra, — nT ariè 
ona rouja. En ie rauben la fougasseta, una d^aquelas Tacas 
enyalet Peperelet. 

Alors Peperelet cridet secous. 

Soun paire, qu^entendeguet lou crit, ie dis: 

— Peperelet, ountesiès? 

— Siei, respoundet-el, dins lou yentre de la Taca, que m'a 
envalat. 

Aquel orne ne £ai pas ni una ni dos, prend la Taca blanca, 
la tua, — Tenboulna, — mes ï atroubet pas Peperelet. 

Peperelet se meteguet toumà-mai à cridà. Soun paire di- 
guet un autre cop : 

— Peperelet, ountesiès? 

— Siei, s^ou dis, dins lou ventre de la vaca que m^a envalat. 
Uome pren la vaca negra, la tua, — Fenboulna, — laès atrou- 
bet pas Peperelet. 

Peperelet se remeteguet à cridà. Soun paire diguet une 
demieira fes: 

— Peperelet, ounte siès? 

—Siei dins lou ventre de la vaca que m'a envalat. 
L'ome prend la vaca rouja, que restava souleta, la tua, — 
Fenboulna, — mais i' atroubet pas Peperelet. 

La vielha femna recatet la tripalha dins un banastou et 
s'en anet à Toustau. Lou long dau cami, auziguet quauqu'un 
que disiè : 



406 DIALECTES MODERNES 

Dansa, dansa, 
Vielha raiisal 

Cerquet à gaucha, cerquet à drecha, cerquet en haut, cer- 

queten bas: vejet pas degus. Ë toujours la voués repetava: 

Dansa, dansa, 
Vielha ransal 

Era Peperelet, rescondut dins una tripeta, que cantava. 
La vielba, sans cercà mai, anet soun cami. 

A Toustau meteguet las tripas dins un peiroù e las faguet 

côire. Au premier boul, la voués se remeteguet à renà: 

Dansa, dansa, 
Vielha ransa 1 

Era Peperelet que se planissiè d'estre boulit. 

Quan las tripas seguèrou à taula, Peperelet sourtiguet e ra- 

countet dau flu à Tagulha ce que i' era arivat. 

Lou gai cantet 
E la sourneta fini(!fuet . 

Traduction 

PEPERELET 

On trouva Pc])erelet — dans un chou. Il était si petit qu'on le 
voyait à peine. La vieille femme qui l'éleva lui avait fait un berceau 
d'une cupule de gland. Un jour elle l'envoya aux champs porter 
un gâteau à son mari, qui fauchait les foins de mai. Un troupeau de 
vaches paissait au bord du chemin. Il y en avait une blanche, — 
il y en avait une noire, — il y en avait une rouge. En voulant lui 
prendre le gâteau, l'une de ces vaches avala Peperelet. — Alors 
Peperelet appela au secours. 

Son père reconnut sa voix et dit: — « Peperelet, où es-tu? — 
Je suis, répondit-il, dans le ventre de la vache qui m'a avalé. » 
Cet homme n'hésita pas; il prit la vache blanche, la tua, — la vida, 
— mais ne trouva pas Peperelet. 

Peperelet se remit à crier. Sou père demanda encore: « Pepe- 



CONTES POPULAIRES 407 

relet, où es-tu? — Je suis, dit-il, dans le ventre de la vache qui 
m'a avalé. » L'homme prit la vache rouge, la tua, — la vida, — 
mais ne trouva pas Peperelet. 

Peperelet se remit à crier de nouveau . Son père demanda une 
dernière fois: — « Peperelet, où es-tu? — Je suis dans le ventre 
de la vache qui m'a avalé. «L'homme prit la vache rouge, la tua, — 
la vida, — mais ne trouva pas Peperelet. 

La vieille femme jeta toute cette tripaille dans un panier et alla 
à sa maison. Le long du chemin elle entendit quelqu'un qui criait: 

Danse, danse, 
Vieille (chose) rance ! 

Elle regarda à gauche, elle regarda à droite, elle regarda en 
bas, elle regarda en haut, et ne vit personne. Et toujours la voix ré- 
pétait: — « Danse, etc. » — C'était Peperelet qui, caché dans une 
petite tripe, chantait. La vieille, sans se donner la peine de chercher 
davantage, continua son chemin. 

Lorsqu'elle fut à la maison, la vieille mit ces tripes dans un chau- 
dron et les fit cuire. Dès que Teau commença à bouillir, la voix 
murmura: « Danse, etc. ».— C'était Peperelet qui se plaignait d'être 
bouilli. 

Elle mit ces tripes sur la table. Peperelet sortit alors de sa ca- 
chette et raconta ce qui lui était arrivé. Le coq chanta — et mon 
conte finit. 

Nous avons écrit cette soumeta sous la dictée d'une bonne 
femme, Rose N., qui est au service de M.Emile Hamelin. 

Peperelet est l'un des noms méridionaux du Petit Poucet. Il 
signifie : très-petit, excessivement petit. 

Une seconde version analogue commence ainsi : 

Una vieiha faguet un pet, 
D'aqui nasquet Peperelet. 



XX. — LOUS DETS (3* V,) 

Aquèu val à la casso, 
Aquèu fricasso, 
Aquèu boulis, 



40S DIALECTES MODERNES 

Aqaèu roustis ; 
Lou petit requinquin 
Que Yaî cercà lou vin 
E n' en tasto pas gin. 

(Y. de Gleizes, d* Arles.) 

TradiLction 

LES DOIGTS 

Celui-ci {le pouce) va à la chasse, — celui-ci {V index) lafricasse, — 
celui*ci {le médian) la fait bouillir, — celui-ci {Vannulaire) la rôtit; 
—le tout petit — qui va chercher le vin — et n'en goûte point. 

Ainsi que je l'indique, cette énumération se fait d'une façon 
inverse, comme la précédente, c'est-à-dire en commençant 
par le pouce au lieu de commencer par le petit doigt. Elle se 
dit à Arles. 

La version de Montpellier est un peu différente : 

Quan passa la becassa, 
Aquel vai à la cassa, 
Aquel la fricassa, 
Aquel la boulis, 
Aquel la roustis. 
Loupichot rechiuchiu* 
Dis : Ce qu'arrape es mlu 1 

A l'époque du passage de la bécasse, — celui-ci va à la chasse, — 
celui-ci la fricasse, — celui-ci la bouillit, — celui-ci la rôtit; — le 
petit chanteur — dit : Tout ce que je trouve est à moi ! 



XXI. — JAN CAGA -BLANC 

Jan caga-blanc — counfessa las mouninas ; 
• Tomba dau ciel — se copa las esquinas ; 

^ Re-ckïa-chiUt ou simplement chm-chiu clnu, onomatopée du gazouillis 
des oiseaux chanteurs. 



CONTES POPULAIRES .^09 

Tomba dau tiulat. 
Se copa lou constat ; 
Tomba dan jardi. 
Se copa lou teti. 
Yaiper lous bosses, 
Rousigà d'osses ; 
Vai per lous cantous, 
Réçap de cops de bastous. 

(V. de H. Bouquet^ de lifontpçjlier.) 
Traduction 

JEAN CHIE-BUNC 

chle-^blanc confesse les» guenons. ^11 tombe du ciel et se 
ëiepse à r.écfaioe ; -•il tombe du toit — et se blesse au côté ; — il 
lombe dans le jardin -* et se blesse à la mamelle. — 11 va dans les 
bois — ronger des <os ; — -il va dans tous les .catn« ^ et i*eçoit partout 
des coups de bâton. 



XXII. — PLOU E FAI SOUREL (2*j 

P16u e fai sourel : 
Lpu diabile se bat.am^be sa fe^na. 
Zo.unzoun.. Amai siegue ^ur^l 

Vai per Tagant^. 
Amb^ sas arpasie fai.ani#,u : 

Flic ! «ac ! 

Traductùm 

IL PLEUT ET IL FAIT SOLEIL 

Il pleut et il fait soleil! — Le diable se bat avec sa femme. — 
Callinpsba, .quoiqu'il •soit^boitettx, •«--•il-va pour la saisir.— Avec ses 
griffes il lui fait ainsi : — Flic ! flac I 

En prononçant ces paroles, on donne aux petits auditeurs 
quelques ohiqueiiattdes ^ur la joue. 

87 



CONTES POPULAIRES 



(4* série) 



Nous avons sur les origines de notre ville un certain nom- 
bre de récits plus ou moins merveilleux, qu'il n*est peut-être 
pas sans quelque intérêt de recueillir. Nous les compléterons, 
plus tard, par d'autres traditions locales appartenant à di- 
verses parties de notre département ou des départements voi- 
sins. 

De ces récits, le premier, lou Roc de Substantioun^, remonte 
à l'antiquité la plus reculée ; le second, Im Dos Sorres, conserve 
le souvenir des prétendues fondatrices de Montpellier ; le 
troisième, lou Clapas, rappelle son plus ancien nom, si Ton en 
croit le peuple ; le quatrième, lou Pantai, en symbolise le dé- 
veloppement et le rapide accroissement. 

Nous y joignons une tradition relative à un lieu consacré . 
par d'antiques croyances religieuses, la Font de las Fadas. 

Nous empruntons la version du fioc de Substantioun à l'amu- 
sante petite pièce de comédie que l'abbé Favre a composée 
sur ce conte populaire ; elle est non-seulement fort exacte, 
mais encore fort bien écrite, ce qui ne gâte rien. — Nous 
donnons enfin, pour tous ce^ récits, des citations et des dé- 
tails qui peuvent en faire connaître les variantes et la conti- 
nuité. 

A. M. et L. L. 

XXIII. — LOU ROC DE SUBSTANTIOUN 
Aquel roc, qu'es aqui délai l'aiga, es lou roc de Substan* 



' SuhstantiOy vieille ville romaine dans la banlieue de Montpellier, l'une 
dei stations de la voie Domitienne. 



CONTES POPULAIRES 411 

tioun. — Toutes lous ans, lou vingt e très de jun, à miecha- 
nioch, aquela rivieira, que s'apela lou Lez, s'ouvris e vous fai 
couma una carieira per anà jusqu'au roc. — Lou lendeman e,s 
Sant-Jan, e la nioch de la Sant-Jan es una nioch que fai par- 
tajà las rivieiras. — Pioi d'aquel roc sourtis un Esprit en corps 
et en ama, qu'es abilhat de blanc. Sourtis per la porta que 
se barra e s'ouvris per dedins. Aquel Esprit se mes davan la 
porta e crida en frances, d'una voues grossa : 

— De la part dau grand venant/ 

E vautres ie respoundes, la mema cauza en frances: 

-^Coussi? Comment? 
E vous dis : 

— Qui but d'argent? 
E Ton ie respon : 

— Baillez-m'en en ? 
L'Esprit ajusta: 

— Entrez dedans * / ^ 

Aqui dessus Ton intra dins lou careirou qu'es au mitan de 
Taiga, e l'on vai dins lou roc. 

Entre intrà dins lou roc, l'on trova un gros moulou de 
diniès, mes l'on s'amusa pas aqui; unpaupus Ihon un moulou 
de liards ; enfin de moulons de touta sorta de mouneda. A forsa 
d'avansà, venoun lous escuts nous, e pioi lous louis d'or: es 
aqui qu'un ome de sens s'arapa. Poudès me dire se leu n'en 
vau ensacà. . . 

Dins aquel roc, l'on ie vei, perce que l'Esprit marcha davan 
vautres emb' una lanterna. La mouneda n'es pas faussa. Per 
ce qu'es de revenl. . . ah ! es vrai qu'acos aqui lou picar de la 
daia; mes l'on pren sas mezuras. 

Vezès, l'on n'a pas qu'una oura per faire soun afaire, e se 



^ Ces prétendues phrases françaises ne sont que du languedocien dé- 
guisé Coussi a la môme valeur que comment. — Le reste est pour Que 
bou d'argent, — Bailas-m'en, — Intras dedins. Nous laissons les mômes 
phrases dans Ja traduction, afin que le lecteur voie de suite le langage 
vicieux que Favre a voulu constater. 



4 If DIALBCTBS MODBRNM 

Ton ie resta un moumen de mai, l'on n'en pot pas sourti que 
dins un an, amai sans res empourtà. Per anà oonte soun Ions 
louis d'or, eau faire un quart de légua dins un cami tout 
entravessat. Entre que n'avès près vostra carga, la lanterna 
s'amoussa e vous fau venl de recùoulous jusqu'à la porta. Se 
TOUS escartas res qu'un pau dau cami ou se venès à brouncà, 
aqui demouras un an sans manjà ni bèure ; atabe lous que 
n'en venoun antau soun magres que n'an pas que la pel. 

(Y. de l'abbé Favrb ) 

Traduction 

LE ROCHER DE SURSTANTiON 

Ce rocher, que vous voyez au delà de Teac, est le rochef de 
Substantion. Tous les ans, le 23 juin, à minuit, cette rivière, que 
Ton nomme ie Lez, s'ouvre et laisse dans son lit une sorte de che- 
min qui conduit au rocher. — C'est que le lendemain se trouve 
être la fôte de la 8t-Jeaii, et que la nuit de la 6t-Jean est une nnit 
qui fait partager les rivières. 

Alors, de ce rocher sort un Esprit, en corps et en âme, lequel 
esl habillé de blanc* Il vient par une porte qui se ferme et s'ouvre 
par dedans. CetEspiiL se place devant la porte et crie, en français 
et d'une grosse voix : 

— De la part dau grand venanl^, . . 

A quoi vous répondez, ég;alement eti français: 

— Coussi ? Comment ? 
il vous dit : 

— Qui but d^ar^ent ? 
Et on lui répond : 

— Baillez-m*en en ? 
L'Esprit ajoute: 

— Entrez dedans I 

A ces mots, on suit le chemin qui est au milieu de l'eau et l'on 
va au rocher. — Dès rentrée, on trouve d^bord de gros monceaux 



^ Lou grand venant, le diable. 



CONTES POPfJLAîREB 413 

4e deniers ; mais on ne s'arrête pas à cela; plas loin, des monceaux 

de liards ; pais, des monceaux de toute sorte de monnaie A 

force d'avancer, on arrive à ceux des écus et enfin à ceux des louis 
d'or. C'est à ceu^à qu'un homme de sen^ doit s'ea pi^ndre. Vous 
pouvez être cert^ip que j'en r^mplir^i n^on saç. 

On y voit (J^ns ce rpphpr, parce que l'Esprit marche devant 
vous avec ijne lanterne. La inonnaie n'est pas fausse, lyjlais, pour ce 
qui est de revenir.. . . ah! c'est là qu'est la difficulté. Il suffit pour- 
tant de prendre ses mesures. 

Vous n'avez qu'une heure pour faire votre part. Si Ton y res- 
tait un seul moment de plus, on ne pourrait en sortir de toute 
une année, et même encore sans rien emporter. Pour se rendre à 
Tendroit où se trouvent les louis d'or, il faut faire un quart de 
lieue dans un diemin qui n'est qu'un labyrinthe. Dès que vous en 
avez votre eharge, la lanterne s'éteint, et il tauat revenir à reculons 
jusqu'à la port^. Si vous von$ éearî-ez tant scât peu du chemin, ou 
bien si vou^ bronch^ss, vpi|3 demeui^e; là toute une année sans 
manger ni boire ; aussi cejux qui en ^ont ^i^Y&nus étaient-ils secs 
et maigres à n'avoir que la peau. » 

Voici la version française qu'en a donnée M. de Saint-Paul, 
Tun de nos plus savants archéologues, dans sa Notice sur 
Substantion, publiée en 1840 : 

« Quand la cité eut péri, il arriv^ qu'au milieu de 8es;rui- 
nes on trouvait quelquefois des monnaies, des médailles, peut- 
être des trésors cachés dans des temps de calamité, ou enfouis 
dans une submersion subite. Sur cette donnée si simple, l'ima- 
gination populaire accrédita une ingénieuse légende. On di- 
sait que la veille de la Noël, tous les ans, à minuit, le roc de 
Substantion s' entr' ouvrait, un esprit vêtu de blanc appelait 
par trois fois*. Le fleuve, écartant £ias eaux, livrait alors jus- 
qu'au rocher un large passage. Celui qui osait tenter cette 
redoutable aventure avait devant lui une grotte profonde et 



^ Ge détail des trois fois se trouve, en effet, avec quelques autres qui 
suivant* dan84eeréàitt 4a peuple, et ont Aie oubliés p^r Tabbê FriMre. 



414 DIALRCTB8 IfODBRNBS 

magnifiquement éclairée* Sous ses pas; il trouvait d'abord un 
énorme tas de sous, puis des tas de monnaies d'argent, puis 
des tas de monnaies d'or, puis enfin des tas de diamants. Mais 
il devait se hâter et ne pas perdre sa route; car, après le temps 
qu'il aurait fallu pour chanter un miserere, les mille clartés de 
la grotte s'éteignaient à la fois, le rocher se fermait, le fleuve 
reprenait son cours, et le malheureux, surpris par l'instant 
fatal, expiait en mourant de terreur et de faim sa cupidité. 

Il y a cent ans, on croyait encore dans le pays à la vérité 
de la légende, et, quand un homme disparaissait ou qu'un au- 
tre devenait riche tout d'un coup, on disait d'eux qu'ils avaient 
été au rocher de Substantion, mais avec des chances diverses. 
Cette croyance fit de l'ancien emplacement de Substantion un 
lieu redouté du vulgaire ; et, quand un particulier ayant voulu 
y bâtir une maison de campagne, on vit les murs arrivés jus- 
qu'au faîte s'écrouler ensuite et par deux fois, la frayeur s'ac- 
crut, et les constructions abandonnées reçurent du peuple le 

nom de mas du Diable. 

{Mémoires delà Soc, arck.j t. I", p. 35.) 

A ce conte du Mas du Diable, qui est comme ISs conclusion 
du récit principal, il faut joindre celui qui suppose qu'une fa- 
mille du voisinage avait réussi à s'emparer d'une partie du 
trésor. L'abbé Fabre a mis la chose en couplet: 

Aquelas gens demouravoun 
Au moiili de Navitau ; 
Toutas las niochs sai roudavoun 
Per poudre descouvri lou trau . 
A la fin tant ie vengueroun. 
Que trouveroun lou moumen, 
£, ma fe, lou sesigueroun 
Couma n autres ou faren . 

La version de M. A. Germain {Hist, de la Commune, t. II, 
p. 258) ne diffère pas de celle de M. de Saint-Paul, quant aux 
incidents. 

n est question de cette croyance au trésor mystérieux dans 



CONTES POPULAIRES iW 

une joyeuse composition de. Le Sage, poëte du XVIP siècle. 
Elle est intitulée lou Cougùou près au bresc^, ce qui indique 
suffisamment que le fond en est très-libre. 

Lou COUMPAIRE 

leu lou farai cavà per tout Substancioun, 
Avan que noun ajan per te fà la countenta, 
Viraren tout lou roc jusqu'à la fondamenta. 

Lou Cassaire 

Toca, Tafaire es fach ; se trouban lou trésor, 
Au mens serai pagattout en de pessas d'or. 

Lou CoUMPAIRE 

Tout en de pessas d'or. Se noun vos de reallas. 
Auras de bels ducats, quadruplas, jacoundalas, 
Pistolas e sequins, e d'escuts au soulel, 
Noun te manquaran pas de la pesantou d'el. ' 

Lou Cassaire 

E noun m'en pourras pas bailla d'una autra espessa? 
D'or dau pus espurat, dau pus fin que fouguessa? 
Que n'i a qu'an mai de round que lou clos de la man, 
A mai plus de làrjou qu'un large massàpan. 

Lou CoUMPAIRE 

leu vese que tu vos d'aquellas grans antiquas. 
Ho! que d'aquel oustal n'intraren pas en piquas. 
Las mendras que prendras seran coum'un palet, 
Que n'i aura per lou mens la carga d'un mulet. 

Lou Cassaire 

Oi, mes fagan milhou, pioique vous fau d'ajudas : 
Fasès que ieu i siè, car mas mans, que soun rudas, 

* Le couœu ou le cocu, car l'auteur joue sur le double sens, pris au 
tribucM 



lit I uxametp ikbDÊitiiAs^ i 

SoUH é*âqMli«i que eftv par rifà, féttf%: j 

Terra, p«ira|ét rocs e toirt e« qiiH «erra ; 

E pioi, s'es de be«oaii que nous falbft aixà qaei^re i 

Avalfau found dau Les la porta qu'es de ferre, | 

Après avè tirât For, Targen, Ions lingots, 

Qu*i fougueroun cachats per loos Oots, Viiigots^ 

Faren veire à chascun que nostra diligensa 

Surpassa la magia e touta sa sciensa. 

LOU COVICPAIKS 

E, se Fia de demouns e d'esprits infernans. 
Que Tengouui ieu noun sai, troubla nostre repaus, 
Que farès-YOus aqui? Fau avè de bougia, 
E quauque viel routiè qù'entetida la magia, 
Que cerne coilma fan, que fasse de grands rounds, 
Que digtie en marmoutan quauquas imprecatloUflè, 
Qu'aje d'osses de mort dan pus près cementeri. 
Aisso, digan ou tout, se fa pas sans misteiri. 

Lon Gassai&e 

Ieu y^se ben aco: tftaî, pei^ aquéste eop. 
Nous pourrian pas serri dau bastoun de Jacob t 

( Bdit. d'Amiterdan, tîOO, p. 5t. ; 

Traduction 

LE COUCOU PRIS AD TRtBUCHEt 

Le Compère 

... Je fersilaire des fouilles dans (,9u^ Sfubstaniion . ^ Et, pour 
te contenter, nous verrons le roc jusque dans ses fondements. 

Le Chasseur 

Touchez, Taffaire est faite. Au moins, si le trésor est découvert, 
je serai payé tout en pièces d'or. 

Tje Compère 
Tout en pièecisd'or, en effet. Si les réaux ne te plaisent pas, ^ tt 



T0Mrmt^ (ta bon^ ddeaés, dé« qua;âtttpl««, (ies |«cobus, -*-* desipîs- 
toles, des seuftàM, daséoos «il «olîeill; -« Il ne te m«n(](teva rien do 
leur poidi lég»l. 

Le GHA.8SKUR 

N« pournutô-tu pas m'en ai^ir d« q^uelqne anire espèce,-* d'un 
or pius pur, d'un titre plus ûnt Ne pourraJA-tu pas me donner de 
ces pièces qui sont rondes comme la paume — ou larges comme 
un massepaiti^f 

Lb GoMPias 

Je vois que tu aimes les antiques. — Boit. Ce n'est pas pour rien 
que nous allons dans cette maison-là. ^Les moindres pièces que 
tu recevras «uront la largeur d'un disque, -«^ et tu en auras suffi- 
samment pour en charger un mulet. 

Le Chasseur 

Bien. MaiSt puisqu'il faut un aidie, -^ souffres que je vienne avec 
toi: mes mains sont rudes, *^ et. de celles qu'il faut pour tourner 
et retourner — terre, pierres r r4)ches et tout ce qui s'enfuit. — Et* 
s'il est nécessaire d'arriver — à cette porte de fer qui est s^u fond 
du Lez, — dès que nous aurons enlevé l'or, l'argent et les lingots, 
-^ qui y furent cachés autrefois par les Goths ou les Yisigoths, — 
nous prouverons que notre diligence — a suffi pour vaincre les pou- 
voirs de la magie. 

Lb Compare 

Et si des eftfèrs les esprits infernaux — venaient, on ne sait 
comment, nous idunnelïfer, -^ que ferais-tu 7 Le mieux est 
d'avoir de la hougie •^<et qmèlqoe vieux vagabond, expert dans les 
choses magi^ttM, —qui sache traoier habileiaent les signes et les 
cercles enchantés,*- murmurer 4é8 impcéoaiionB, *^«tqai ait eu 
le soin de prendre avec lui des os de mort volés au cimetière le plus 
voisin. — Tout cela, disons-le, ne se fait pas sans difficultés. 

Le Chasseur 

Sans doute, mais, pojor cette fois seulement, — ne su(Bnatt4] pa« 
d'avoir le béton de Jaêcd>f Me. 



418 DIALBCTES MODBRNBS 

La conclusion de ce.badinage est qu'on ne peut devenir 
riche promptement que par des moyens malhonnêtes. 

Nous trouvons d'autres allusions à la même croyance, tou- 
jours au XVIP siècle, dans des vers de Roudil, déjà publiés 
par la Bévue (V. t. P% p . 345). H s'agit du Testamen dou Sage; 
Roudil n'avait garde d'oublier le trésor de Substantion parmi 
les biens imagiraires qu'il fait léguer à notre facétieux poète. 

Toutasfes, ieu m'explique e vole qu'el entende 
Que moun intentioun es qu'après sa mort el rende 
A moun fil, ount que siè, lou viel Substantioun, 
Car la natura vou qu'el n'aje sa pourtioun ; 
E vole qu'as despens de toutes dous se cave ' 
Dins lou cher de la gleiza, e toujours se recave 
Jusqu'as qu'auran troubat lou trésor encantat, 
E pioi tout lou bahut partigoun per mitât ; 
Car, autrasfes cavan dins aquela mazura, 
Ieu trouvère un pergam d'una antica escritura, 
Que.countehiè Testât de l'or e de l'argent 
• Que fouguet aqui mes per una estranja gent. 
Pus bas, diziè l'escrich, quau voudra prene pena 
Troubarà dins lou roc una crota que mena 
A la riba dau Lez, fermada d'un cledat 
Qu'ièu, que teste, cent fes ai vist e regardât. 
Dins aquel gazilhan se troba à man senestra, 
Cavat dins lou roucas, lou trau d'una fenestra, 
Que sert de pourtanel per intrà dins un lioc 
Ounte despioi mil' ans n'iagut ni fum ni floc. 
Alins es un géant sus una grand cadieira. 
Fil dau pioch de Sant-Loup e d'aquesta ribieira. 
Que garda lou cofras de ferre tout bandât. 
Etc., etc. 

Traduction 

Toutefois, je m'explique et je veux qu'il sache — que mon inten- 
tion est qu'il laisse, après sa mort, — à mon fils, où qu'il soit, le 
vieux Substantion, — car le droit de nature ordonne 'qu'il ait aussi 



CONTES POPULAIRES 419 

sa part d'héritage.. — Je veux, en outre, que les fouilles se fassent 
au nom de tous deux-, — dans le chœur de l'église, et que les re- 
cherches continuent — jusqu'à ce que l'on ait trouvé le trésor 
enchanté — et qu'ils puissent se le partager. — Autrefois, ayant 
cherché dans celte masure, — je trouvai un parchemin, en carac- 
tères antiques, — qui donnait un état des sommes d'or et d'ar- 
gent — qui y furent cachées par des étrangers. — A la fin de cet 
écrit, il était dit que celui qui voudrait s'en donner la peine — trou- 
verait dans le roc la grotte qui conduit — à là rive du Lez, fermée 
d'une grille, — laquelle, moi qui fais ce testament, j'ai vue et re- 
gardée plus de cent fois. — Dans ce passage souterrain, à main 
droite, — et creusée dans le roc, est une sorte de fenêtre — dont 
on se sert pour entrer dans un lieu — où, depuis plus de mille ans, 
il n'y a eu ni fumée ni feu. — Là est assis, sur un grand siège, un 
géant, — fils du puy de Saint- Loup et de la rivière du Lez, — lequel 
garde le coffre immense, bardé de fer, — et ne vit que du bruit 
que fait Pargent monnayé. 

Dans ce coffre se trouvent 200,000 réaux, ~ 553,000 philippes, 

— 300,000 angelots, — 100,000 patagons, — 100,000 miliarets, au- 
tant de ducatons, — 400 millions en doubles ducats d'Espagne, — 
autant de millions en rixdaler s d'Allemagne, — 50,000 alberts et, 
pour en finir,— 400,000 francs tant à pied qu'à cheval; — sans compter, 
bien entendu, les petites monnaies de billon, niquets, sieyzenas, pi- 
natelasy — les preliiigâs, les carolus et autres bagatelles, — les pias- 
tres et les blancs, les gros sous et les sous, — les espazeras et les 
liards, qui roulent et encombrent le sol. — C'est pourquoi, mon 
cher Oudinet, il conviendrait d'envoyer chercher — des carriers 
avec leurs pelles de fer, — pour qu'ils vinssent, dès que j'aurai 
trépassé, — commencer les fouilles à l'endroit que je vous indique. 

— Si vous vivez tous deux d'accord, avec mon -fils, — vous ne pou- 
vez manquer d'entrer bientôt en jouissance de ce trésor. — Ayez 
l'œil pourtant à ce que les pillards — qui feront les fouilles n'en 
prennent la moitié. — Lorsque vous l'aurez découvert, — vous 
pourrez, si cela vous plaît, faire doubler vos manteaux avec de 
l'hermine ; — pour ce qui me concerne, je ne m'y oppose pas. 

Cette version de Roudil, on a dû le remarquer, ne diffère 
de celle de Le Sage que par cette idée, que le trésor enchanté 
pourrait tout aussi bien être enfoui sous Fautel de la vieille 



m raAIiSCTBS IfODBIWBS 

éf Um ëa Gaftobiaa que g^ut le roehar. Je n'ai pM lieseûi de 
rappeler que oette église, dent il ne reste que des raines, fat 
la eathédrale da diocèse de Maguelene, pendant tout le temps 
que les ëréques demeurèrent à Substaniion (737-1048). 

Observons encore que, pour elle, le génie du lieu n'est pas 
seulement un fantôme immense, d*aspeot assez vaguç, mais un 
géant, dont on connaît la filiation. Nous retrouvions ailleurs 
des çrojapees analogues, s*appliquant & des ^trea titaniqi^es, 
enfants de la terr^» 



XXIV. — LAS DOS SORRES 
{iM irnOX 9ŒUHS) 

Vers la fin du X* siècle, Montpellier ^ppart^enait, dit-oi^, ^ 
deux dames^ sœurs Tune et Vautre de Tévéque de Lodève 
saint Fulcrand. 

Elles habitaient daiMi un ch&t^an^ fort du ];^o4^vQi9, qui 
depuis* 1^ cause d'elles, a été appelé 1^ çI^ât^a^ 4^8 Deui^- 
YiergeSi Castrum de Doo»- Virgine$, D^ seigneurs d^ ce nom, 
et peut-être aussi de la famille de ces deux sosurs, figurent 
dans Thistoire de la province du X* au XV* siècle. 

La tmulition, et c'est un fait important à remarquer, pour 
qu'on ne perde pas de vue que l'origine en est cléricale, a été 
recueillie, au XIV* siècle, par l'évêque de Maguelone, Arnaud 
de Verdale ; elle ajoute que les deux sœurs cédèrent tous 
leurs droits à cette seigneurie à l'évêque Ricuin, l'un de ses 
prédécesseurs, qw, à. soïi tour, 1» T^m\ pi»r infiéod^tipn à la 
famille des Oiiilhems. 

Version latine 

cmmiqm d'arnaud de vïtrdale (kv^ siÉeLE) 

Ptepuit itaqii^ r^etex^e prm^rdiç» qn^^ m^ M^9#9- 
peisuU, <et MonMspessulani yiU^ cum a(jyaaei;Ltii3 9uis Si,a£a- 
lo^AjS^^ .Scele8i#IPit #1^ 



GONTfiS POPDIiAIRI» 4(1 

Dît» qaôndam (ut âi scriptis et fama peHinac» eomperiiiiii^ 
faertint sorores quaram altéra MontempesBulanam, altéra 
Montempes&alanulam possrideba&t. Beatus namque Fulcranus 
à Subtantionensiam eomittim stemmate, matemam sangninem 
ducens, Magalonensis archidiaconus, glofiosissittras post mo- 
dum Lutovensium episcûpus istarum frater fuisse comproba- 
tur. Yerùm istœ cum méliori consilio revoMssent quod inor- 
dinato et prsecipiti cursu transeat mundus, et concupiscentia 
ejus, de terrenâ ac transitoriâ possessione statuerunt efi&cere^ 
quod possent cœlestia in perpetnum possidere. Earum igitur 
fuit deliberationis consilium, ut possessionem, et possessionis 
jiw quod in iis Ttilis^ et in pertinentiis ad eas videbantur 
babe*re, ad Magaionensem Ëcclesiam jure perpetuo possidea- 
dam tâ^ansferrent. 

Hoc ergo votum Domino persolyentes, bas tiilas cum adja- 
centiis suis, Domino Deo et Beatis apostolis Petro et Paulo 
Magalonensis sedîs, et Ricuino ejusdem sedis venerabili epis- 
copo donatione in perpetuum valitura destinaverunt. 

Erat autem in his partibus tune temporis vir nobilis qui- 
dam Guido nomine, qui (ut nobis traditum est) ex terris siv 
prœdMs ctim Meigoriensi comité mâlitabat. Hic quadam die 
venerabilem adiit Ricuinum Magdonensem episcopum, et ut 
ei Montempessulum ad feudum donaret, multis precibus im- 
peravit. Aecepit ergo Guido à Ricuino Montempessulum ad 
feudum, et prœstitit ei ûdelitatem et homa^um, expositâ tel 
securitate, ut ei et Magalonensis sedis eanonicis deincepB fi- 

delis tBBêéi in oinnîbus* 

( Bdlt. â'AigrefeuiUe, Bm. de Mon^peëwr. — 
t. 11, p. 416.) 

Version française 

Il y eut autrefois deux sœurs (comme utie tradition constante et 
les archi\res publîeâ nous rapprennent), dont Tune possédait Mont- 
pellier et fatitre MbntpelUér&t en frktit alieu. Elles étaient â'une 
aneièmne neblet^sc/car il^st prouvé qu^elles eereoft pour frère le 
bienheo^eux Fulci^and, dont la mère ét^de ia mûfton des eemtea 



in DiALfiCTfig IfODBRMfiS 

de Substantion, et qui, après avoir été archidiaque de Maguelone, 
remplit avec beaucoup de gloire la chaire des évéques de Lodève. 
Ces deux sœurs, étant pénétrées de la pensée que le monde passe 
avec les passions qui nous attachent à lui, résolurent de gagner le 
ciel par le moyen des biens passagers qu'oHes avaient sur la terre. 
Elles prirent donc le parti de transférer, par une donation irrévo- 
cable, à l'Église de Maguelone, tout le droit qu'elles avoient dans 
la possession de Montpellier, avec toutes leurs appartenances ; et, 
en s'acquittant de leur vœu, elles firent à perpétuité un don de ces 
deux places, avec tout leur district, à Dieu, aux saints apôtres 
8. Pierre et 8. Paul, et au vénérable Ricuin, évèque de Mague- 
lone. 

Or il y avait alors, en ce pays, un gentilhomme qui s'appelait 
Guy, et qui, selon que la tradition le porte, étoit mouvant du comte 
de Melgueil, et le servoit de ses armes à raison de ses terres et 
des possessions qu'il avoit de lui. Ce gentilhomme s'en alla un jour 
trouver le vénérable Ricuin, évèque de Maguelone, et le pria in- 
stamment de lui donner Montpellier en fief, pour le tenir de son 
Eglise; ce qu'il obtint après plusieurs prières. Guy reçut donc de 
l'évèque Ricuin Montpellier en fief, et lui prêta foi et hommage, en 
s'obligeant de lui être désormais fidèle et aux chanoines de Mague- 
lone. 

( D'AiGEiEFEUiLLB, Htst. (U MontpelHer, 1737, 

I. p. 2.) 

Plusieurs difficultés s'opposent à ce que Ton paisse ac- 
corder à cette tradition, beaucoup trop répandue, une valeur 
historique quelconque. 

Il n'est pas certain, tout d'abord, qu'il y ait eu deux Ricuin 
évêques de Maguelone. Les pièces justificatives de la série 
des évêques ne parlent que de celui qui vivait en 812, et sous 
Louis le Débonnaire, et c'est à ce Ricuin unique que la chro- 
nique d'Arnaud de Verdale, il est facile de s'en assurer, at- 
tribue l'inféodation de Montpellier. Cette date n'est pas facile à 
concilier, sans . doute, ayec celles de l'épiscopat de saint Fui- 
crand .de Lodève (949-1006), mais il y a longtemps qu'on ne 
compte plus les anachronismes des légendaires de cette époque. 

Il n'est pas certain aussi qu'il n'y ait eu que huit Guilhems 



CONTES POPULAIRES 423 

seigneurs de Montpellier, comme il faudrait l'admettre si la 
prétendue donation de 990 devenait authentique . Un acte de 
1374, dont le témoignage est de la plus haute importance, 
puisqu'il a pour but d'affirmer et de délimiter les droits res- 
pectifs des trois vieilles juridictions féodales de Montpellier, la 
baillie, la rectorie et la baronnie, dit expressément, à propos 
de la première : Illa pars fuit antiquitus Guillelmorum Montis- 
pessuli, qui fuerunt undecim successive^ , Le successive rejetant 
l'hypothèse qui voudrait faire entrer en ligne de compte les 
cinq ou six vicaires, les Aimoin, il en résulte que les Guilhems 
remonteraient à ce même règne de Louis le Débonnaire, qui 
fut, en effet, l'origine de presque toutes les grandes familles 
du Midi. 

Il n'est pas certain non plus que l'on puisse fixer la date 
990 comme le point de départ de la puissance des Guilhems. 
En effet, dès 986, nous voyons le comte Bernard de Mel- 
gueil faire à Guy diverses donations pour s'attirer sa bien^ 
veillance, prosuo servitio vel benevolentia *; un suzerain ne 
parlait ainsi de son vassal que lorsque celui-ci était en posi- 
tion de se faire respecter ou même de se faire craindre. 

Il n'est aucunement certain, enfin, que l'Église ait eu un droit 
quelconque de suzeraineté sur Montpellier avant la cession 
de 1085, faite par le comte Pierre de Melgueil au pape Gré- 
goire VIL 

Les documents font défaut pour rétablir les véritables faits ; 
mais, si l'on songe que cette cession était contestable en 
droit, puisque le comte Pierre ne pouvait disposer de ce qui 
appartenait au duc de Narbonne, et qu'elle le fut très-souvent 
en fait par nos Guilhems ; — si l'on se souvient qu'il était à la 
mode de soutenir des prétentions féodales douteuses par des 
preuves fausses ou romanesques, et il doit nous suffire de ci- 
ter, dans ce dernier genre, le roman de Philomena, en faveur 



^ A. Germain, Hist. de la Commune, II, p. 383. 
' D'Aigrefeuille, Hist. de MonipéUier, I, p. 3. 



4»4 ÙlkLEOta» M0MRMB8 

de rabbaj6 de la Gr&ce, et, pour quelques passages, la Seik 
Maguelonê^ Turpin, Vienne, etc.; — ai Ton jrenarqud 400 la 
tradition ne nous a été transmise que par la partie inté- 
ressée, et qu'Arnaud de Verdale sambk n'avoir d'autre biub, 
d'autre pensée, dans sa chronique, que d'énaœ/érer les titr^eB 
féodaux, vrais ou una,ginaires, de son Église, on se trour^ffa 
en présence d'un très-grand nombre de motifii de doute* 

Nous nous abstenons, du reste, de conclure ; il doit nous 
suffire d'avoir mis le lecteur en garde contre Tappareiice 
historique de cette tradition. 

Il n'est pas inutile de remarquer que l'on en tirait uae 
étymologie assez curieuse : 

« En vertu de l'autre étjmologie, Montpellier viendrait ûe 
lions puellarum, contracté en Mons pueUum, et tirerait cette 
-qualification des deux sœurs de saint Fulcraad, qu'Arnaud de 
Verdale dit avoir été maîtresses et donatrices de notre terri- 
toire ; — ou bien encore^ d'après une interprétation plus ga- 
lante, de la beauté de ses jeunes filles, que le bon vieux chro- 
niqueur Froissard appelle courtoisement a les friches dames 
de Montpellier.» Cette étjmologie, malheureusement^» est plus 
gracieuse que vraie. Montpellier, selon toute i^parence,.n'at- 
tendit, pour prendre un nom, ni les deux sœurs de saint Ful- 

crand, ni la réputation de ses belles habitantes. » 

( A Gbrm 4IN, Hist, de la Camm., I, p. 18.) 



XXV. — LOU CUPA8 

(le orand tas de pmRltKS ) 

Si Ton en croit nos compatriotes, la ville de Montpellier se 
nommait autrefois, alors qu'elle commençait à se dév.elcy^per, 
lou Clapas. 

Us en donnent pour motif que, lorsqu'on vient des champs, 
ses maisons semblent amoncelées sur la montagne, comme 
ces amas de pierres, clapasses, que l'on trouve dans nos garri- 
gues et sur les pentes des tJéVennes et du Larzac. 



CONTBS POPULAIHBS 4S& 

Les anciens racontent que, lorsque les deux sœurs et leur 
frère partagèrent le pays, Taînée dit en posaat trois termes: 

— Aissimoun pilier; aqui toun pilier ; aUd sovn pilier. 

Et, comme sa part était beaucoup plus grande que celle des 
autres, il s'ensuivit que le pays en entier conserva la dénomi- 
nation de Mounpilier, 

Cette étymologie, que nous citons simplement comme curio- 
sité, nous rappelle que Ton raconte aussi, à peu près dans le 
même sens, que nos anciens seigneurs s'arrêtaient volontiers 
en allant et en venant à Mounplazè, ces pxairies de Castelnau 
d'où Ton commence à voir la ville, et à Mounregret, cette des- 
cente de Vendargues où on la perd de vue. D'où la vieille ha- 
bitude parmi les voyageurs, conservée de nos jours chez les 
compagnons, de faire halte à ces endroits-là pour les adieux et 
le coup de Tétrier. 



XXVI. — LOU PANTAl 

(la vision du comte de melgueil) 

u Ily a sur l'origine de Montpellier uae précieuse légende 
Le comte de Maguelone, Aigulf, contemporain de Pépin le Bref 
et père de saint Benoît d'Aniane, frappé des graves change- 
ments politiques auxquels il assistait, consulta, dit-on, un tal- 
mudiste, son médecin et son familier. 

» Celui-ci lui ût voir au milieu d'un bois, et pendant le si- 
lence de la nuit, deux arbustes, deux arbrisseaux mystérieux, 
qui, d'abord distants l'un de l'autre, se réunirent bientôt en 
un grand arbre à doubles racines. Apparut ensuite une jeune 
fille avec deux têtes. Ces deux têtes, à leur tour, se condensè- 
rent en une seule, ravissante de beauté et rayonnante de 
gloire, qui, d'une bouche fatidique, se mit à prophétiser l'ave- 
nir. Or, ajoute la légende, le comte Aigulf, dans le bois et au 
lieu même où il avait eu cette apparition, jeta les fondements 
d'une ville, et cette ville s'appela Montpellier. » 

(\. Germaim, Hist. de la Commime, I, p. 2.) 

28 



4M DIALECTB8 MODERNES 

Montpellier était divisé originairement en deux parties, 
las doas parts, comme on disait alors : la part du seigneur, JHon- 
peslier, et la part de Tévêque, Monpeslairet. Ce ne fut qu'en 
1349 qu'elles se réunirent pour ne plus former qu'une seule et 
même cité, héritière de Magalona et Substantio, D'où la légende 
que Ton vient de lire. 

Telle est Texplication qu'en donne notre savant historien. 
Ainsi qu'il le remarque fort bien, tout est féerique, tout est 
double dans cette légende : — deux acteurs, deux arbustes, 
deux têtes; — et tout, néanmoins, j aboutit à l'unité. L'unité 
émanant d'une primordiale dualité, tel est le symbole, telle 
est rhistoire de Montpellier au moyen âge. Jusqu'au milieu 
du XIV® siècle, la ville dont nous parlons est demeurée sou- 
mise à deux juridictions distinctes. 

Ce fut à cette époque aussi qu'au sens poétique Morts puel- 
larum fut substitué le sens religieux Mons puellœ : l'un se rap- 
portant aux deux sœurs de la légende primitive, l'autre à la 
Vierge. L'image vénérée de cette nouvelle patronne, placée 
sur les sceaux de la ville, forma ainsi pour elle des armes par- 
lantes. La chose était, du reste, tout à fait dans le goût du 
temps, et ne préjuge en rien quoi que ce soit en faveur d'une 
étymologie quelconque du mot Montpellier, non plus que le 
lion de Lyon, le cete de Cette, etc. 



XXVII. — LA FONT DE LAS FADAS 

(la fontaine des fées) 

Nous avons, dans nos départements méridionaux, un très- 
grand nombre de lieux ainsi nommés : grottes des fées ( bau- 
mas de las Fadas) ^ maisons des fées [oustals de las Fadas), fon- 
taines des fée^ {fonts de las Fadas) , etc., qui toutes conser- 
vent le souvenir, on est assez d'accord sur ce point, d'événe- 
ments ou de croyances druidiques. 

Voici ce^ que dit d'Aigrefeuille (Histoire de Montpellier, IP 
partie, p. 265) de la fontaine des Fées, dont il est ici ques- 
tion: 



Coktës populaires 4Sn 

« L'église de Saint-Martin-de-Prunet était située au midi de 
Montpellier, sur l'élévation la plus avantageuse des environs 
pour découvrir la ville, qui se présente en amphithéâtre de ce 
côté-là. 

« Tout auprès, dit Philippy, était une fontaine, dite com- 
munément la font de las Bonseillas, où il y avait deux ou trois 
chambres voûtées et bâties dans la terre, environnée de 
bancs et sièges de pierre, que le peuple croit fabuleusement 
avoir été le domicile de quelque fée, ce qui lui a attiré en 
langage du pays le nom de font de las Fadas; mais il est à 
présumer qu'elle servait de lavoir public aux donseillas ou 
demoiselles de la ville, pendant les chaleurs de Tété. » Nous 
avons vu encore de nos jours les vestiges de cette fontaine, 
qui a été depuis comblée de terre, et dont Teau a été détour- 
née pour Fusage d'un jardin voisin, appelé le jarrfm Z)eg^re- 
feuille. » 

A ces détails, M. A. Germain [lïist, de la Commune, III, 
p. 258) ajoute ce qui suit: 

« Il ne reste plus rien malheureusement de ces poétiques 
ruines, au moment où nous écrivons ; leurs matériaux ont dû 
être employés à la construction de quelque villa du voisinage, 
et l'emplacement de la fontaine lui-même serait totalement 
méconnaissable si la pérennité d'une source, encore jaillis- 
sante, ne venait en aide aux recherches de l'archéologue. 
C'est pour nous un motif de plus de fixer par un souvenir la 
trace de la fugitive tradition. » 

Il n'est pas inutile d'observer que les expressions font de 
las Fadas et font de las Donzelas sont identiques dans le lan- 
gage populaire, et rappellent l'une et l'autre le souvenir et la 
présence des fées. Notre célèbre grotte des Demoiselles , ou 
bauma de las Fadas, à Saint- Bauzille- de-Putois, n'a été ainsi 
nommée qu'à cause de ses merveilles et de ses splendeurs 
féeriques. Nous reviendrons plus longuement sur toutes les 
dénominations de cette espèce, lorsque nous aurons à nous 
occuper de croyances superstitieuses. 



428 DIALECTES MODERNES 

Cest donc à tort que Philippy suppose qu*il s'agit ici de 
demoiselles de la Tille. Ce monument antique, où il n'a vu 
qu'un lavoir, était bien certainement une sorte de delubrum, 
consacré aux divinités du lieu, dans le genre du Vaso de 
Clermont-Ferrand. 



CLAR DE LUNO 



AUBADO 
A IIADAIIO II. B. 



Un yèspre, au clar de luno, 
Em' elo d*assetoun, 
Regalave ma bruno 
De cant e de poutoun. 

Ma man dins sa maneto 
E mis iue dins sis iue, 
N" i* auriéu de cansouneto 
Ganta toute la niue : 

(( T'ame, t^ame, ma belle ! 
— - Tame, t'ame, moun bèu ! 

— D'amour moun cor te bèio ! 

— D'amour moun eor te béu ! » 



CLAIR DE LUNE 

AUBADO 

A madame: m. B. 

Un 9oir, aa clair de lune, — assis à côté d'elle, r- je régalais ma 
brunette — de chants et de baisers. 

Ma main dans sa petite main — et mes yeux dans ses yeux, — 
je lui en aurais, de chansonnettes, — chanté toute la nuit. 

« Je t'aime, je t*aime, ma belle I — Je t'aime, jo t'aime, mon 
beau! — Mon cœur (plein) d'amour te désire ! — Mon cœur (plein) 
d'amour a soif de toi ! » 



430 DULEGTBS IfODBRNBS 

Entanterin, lis oaro 
EsqoihaYon plan-plan ; 
Mai res nous disié : u Quouro 
Vous retiras, galant? » 

S'un pichot nivo anavo 
Davans elo passa, 
La luno espinchounayo 
Pèr nous vèire embrassa. 

Pièi, coume dins un brinde, 
Fasié sus touti dous 
Gisclà de si rai linde 
Li flot amistadous. 

E bevian sa lumière 
Nega dins lou bonur. . . 
Kaubeto, la proumiero, 
Venguè coume un voulur ; 

0, coume un voulur Taubo, 
Kaubeto au pount dôu jour, 
Rambaiè dins sa raubo 
Nôsti pantai d'amour. 



Et, cependant, les heures — s'écoulaient tout doucement; — mais 
nul ne nous disait : « Quand — vous retirez-vous, mes amoureux? »» 

Si un petit nuage venait — à passer devant elle, — la lune épiait 
à travers — pour nous voir embrasser. 

Puis, comme si elle voulait nous porter un toast, — elle faisait 
sur nous deux — jaillir de ses rayons limpides — les flots pleins 
de tendresse. 

Et nous buvions sa lumière, — noyés dans le bonheur. . . — 
L'aube, la première, — vint comme un larron ; 

Oui, comme un larron Taurore, — Taube naissante à la pointe du 
jour, — emporta dans les plis de sa robe — nos rêves amoureux. 



CLAR DE LUi^O 431 

E la chato espôurido 
Fusé liuen de mi bras, 
Coume uno bouscarido * 
Entre vèire lou las . 

Lou vèspre, au clar de luno, 
Quouro mai d'assetoun 
Regalarai ma bruno 
De cant e de poutoun ?. . . 

Louis ROUMIEUX. 
de Beancaire (Gard). 



Et la jeune fille effrayée — s'enfuit loin de mes bras, — comme 
une fauvette — entrevoyant le piège. 

Le soir, au clair de lune, — quand, assis encore auprès d'elle, — 
régalerai-je ma brunetle — de chants et de baisers?. . . 



NÉCROLOGIE 

HIPPOLTTB ROGH, ^/u Portafuia de rouvrit. — Gras, 1861 

Hippoljte Roch, qui vient de mourir à Montpellier (le 9 sep- 
tembre 1872), faisait partie de cette pléiade d'ouvriers poètes 
que les succès de Jasmin ont fait éclore. Il j a eu de tout 
temps, dans les rangs obscurs du peuple, de ces chanteurs naïfs 
qui, poussés par un instinct naturel, ont composé pour quelques 
amis, parfois pour les habitants d'un quartier où les membres de 
quelque réunion intime, des poésies souvent incomplètes, mais 
souvent aussi ingénieuses, spirituelles et pleines de sentiment ; 
poésies dont rien ne garde la trace que la mémoire de ceux qui 
les chantèrent ou qui les ont entendu chanter. Tel de nos 
jours a vécu le poëte en titre du plan de rOlivier, mèstre Jùun- 
quet, Tauteur de la plupart des chansons que les cours carna- 
valesques ont rendues populaires et que Ton chanté encore 
dans nos rues, sans savoir généralement quel en fut Fauteur ; 
tels sont encore la fille de ce poëte ignoré, héritière de sa 
verve, ou mèstre Marquetou, le chansonnier de Boutonnet, ou 
Michel, qui semble plus spécialement s'être choisi le rôle de 
poëte politique. 

Ces poésies populaires ne franchissaient guère Tétroite en* 
ceinte du milieu dans lequel elles ont été composées. La plu- 
part n'ont occupé que le court espace de temps que dure 
un repas de fête, ou la période consacrée annuellement aux 
amusements populaires. Pour avertir les auteurs de ces œuvres 
éphémères qu'un plus long avenir pourrait leur être réservé, 
il a fallu les triomphes obtenus par la muse du poëte d' Agen . 
Plus d'un de ces compositeurs ignorés, en écoutant l'écho des 
applaudissements qui suivaient Jasmin dans son pèlerinage 
poétique, a senti s'éveiller dans son cœur une noble ambi- 
tion. Cur non ego quod iste? Ils ne se sont plus bornés alors à la 
publicité restreinte d'un cercle familier, et de nombreux re- 



NEMTHailOaiA 483 

«neils wostt wbwib wtccessiyemé&t Affronter ht kimièrB quiaTait 
bnilé fi éehBkioLiBtte mir les Papillotos, 

Le maiiyement iraiseunt de la lUnaissaB^oe proyejiç^e im- 
prhua une nouvelle fopee et eet élan enaore jxtcertam, et Ton 
vit, sous cette double ioâuenee, s'accroîtra rapidement le nom- 
bre des poètes populaires du Midi. Faut-il rappeler ici, pour 
ne citer que les noms les plus connus dans la région du Sud- 
Ouest, Peyrottes, de Clermont ; Mengaud et Vestrepain, de 
Toulouse; Rigal, d'Agen; T^lismart, de Périgueux, et tant 
d'autres, entre lesquels Hippoljte Roch occupe une place dis- 
tinguée. Né à Montpellier le 14 janvier 1801, simple ouvrier 
ferblantier, mais nourri des traditions poétiques que Tandon, 
Guiraud, Bertrand, Gaussinel, les Rigaud, Martin, ont entre- 
tenues dans notre population à Uim^ination si vive,, à la sen- 
sibilité si ardente, il composa, d'abord pour lui-mêine et quel- 
ques amis, de nombreuses pièces de vers, dont la réputation 
franchit bientôt les limites du cercle étroit qui les entendait. 
Un homme d'érudition et de goût, dont la perte récente a 
affligé les nombreux amis, M. Eugène Thomas, archiviste du 
département de l'Hérault, l'engagea à cultiver sérieusement, 
et en vue du public, la veine poétique qu'il exploitait encore 
quelque peu au hasard. Roch ne résista pas à ces conseils 
d'ami, qui furent pour lui le plus précieux des encourage- 
ments, et, quelque temps après, il publia son recueil sous ce 
titre : lou Portafuiâ de Vouvriè, Ce recueil fut accueilli avec 
faveur par tous ceux qui s'intéressent à la culture de la langue 
du Midi, et les nombreuses qualités qu'il révèle chez son au- 
teur nous font regretter que Roch se soit borné à cette unique 
publication. Nous aurons plus tard l'occasion de revenir sur 
le caractère de cette poésie, qui cherche à se dégager de ses 
langes pour entrer dans la voie glorieuse ouverte par une 
école nourrie des études littéraires les plus fécondes. Pour 
aujourd'hui, nous nous bornerons à rappeler que plusieurs des 
pièces contenues dans le recueil de Roch sont devenues popu- 
laires. Qui n'a entendu chanter lom Laguis d'un Pastourei: 

« Ma Pasloura s'es en anada »? 



434 N^OROLOaiB 

L'Occitania, la Troumba de Cetta, sont remarquables, tantôt 
par la gr&ce et la délicatesse, tantôt par Ténergie de Texpres- 
sion. Nons choisirons, pour la citer en entier et donner une 
idée de la manière de Roch, une de ses pièces qui ont obtenu 
le plus de sucés, et qui est intitulée hu Printen ^ : 

Quand chaqua jour r&ouba pleura de joya, 
Que lou sourel cerca de pounjejà, 
De sous rayouns Taptre vôn razejà 
Aquel diam^n qu*es pen]at à la fioïa, 
Et pioy finis per lou poutounefà. 

L'hiver fugis. soun ha lé frejouluda 
Vendra jras pus m'engrepezi lou cor; 
Aco's finit, ay vis dâou poumpoun d*or 
Que tout escas la tij'èra nascuda, 
Et sous boutous jàounissièn sus lou bor 

Ay vis àoussi de moulons de vièonlettas, 
Que scun parfun me fasièn devistâ ; 
Timida flou, que semblés t'aclatâ, 
Per te ciili vendray de rebaleitas, 
Pioy sus moun cur te poudray mignotà. 

Rn alanden vostras alas dâouradas, 
Parpaïounets que fringas sus les flous, 
Espandisses vostras richas coulous ; 
Car lou printen a mirgayat las pradas, 
Qu'embraygou Ter de sas milas&oudous. 

Passerounets, qu'atendes la becada 
Qu'à tout moumen vous arriva d&ou ciel, 
Chantre dàou bos qu'as lou gousiè tant bel, 
Mesclas lous cans à ma lyr* irgentada 
Et pourten-lous âou pè de l'Eternel. 

A. Glaize. 



* Nous conservons l'orthographe de l'auteur. Elle est certainement 
défectueuse; mais il nous semble utile de montrer à nos lecteurs des 
échantillons de toutes les fantaisies qu'on se permet en cette matière. 



/ 



VARIÉTÉS 



Grand Tbèatrb db Montpellier. — Représentation de la comédie lan- 
guedocienne lou Trésor de Suhstantioun. 22 février 1872. 

Il nous reste de rimmortel auteur du Siège de Caderoussa, 
Tabbé Favre, deux charmants et spirituels vaudevilles, lou Tré- 
sor de Substantioun et VOpera d^Aubais, dont la représentation 
a toujours fait les délices de nos compatriotes. 

Ces deux petites pièces sont remarquables par la critique 
et l'observation exacte des mœurs et du langage populaires. 
L'exposition du Trésor de Substantioun, surtout, est un petit 
chef-d'œuvre de malice et de gaîté. L'intrigue est peu de 
chose, je l'avoue, puisqu'elle ne repose que sur une simple ga- 
geure, à savoir si l'apparition du spectre, gardien du trésor 
enchanté, aura lieu ou non; mais elle est relevée par tant de 
détails heureux, de traits de caractère si vifs, de types si 
vrais, puisqu'ils sont devenus en quelque sorte légendaires et 
leurs dires proverbiaux, qu'on n'a pas le temps de s'arrêter 
à cette insuffisance. 

L'annonce de ce spectacle a toujours eu le don d'attirer 
une foule énorme, curieuse, empressée. Cette fois, comme tou- 
jours, le théâtre était envahi bien avant le lever du rideau. 
On dut refuser plus de trois cents personnes, bien marries 
de ne pouvoir y assister, et la recette s'éleva au chiffre de 
2,200 fr. 

Notre comique, le favori du public montpelliérain, JoUy, 
avait eu l'heureuse idée de choisir, pour sa représentation à 
bénéfice, le vieux vaudeville, et il dut voir, aux applaudisse- 
ments unanimes qui l'accueillirent à son entrée en scène, 
qu'on lui savait gré de son attention. 

Les rôles avaient été ainsi distribués : 

Pascau, Justin B., un amateur de Nîmes, qui garda l'inco- 
gnito, mais qui se fit remarquer par l'aisance avec laquelle 



i36 VARIBTBS 



il parlait le languedocien et le naturel qu*il donna an person- 
nage ; — Nicôu, Campa, coryphée ; — TVmt, Max, trial ; — 
Cadet, Cabane, ténor léger; '^Jiinetoun, M"* Granier-Préher, 
dugazon ; — Babéu. M"* Max ; — Anneta, M"* JoUy. 

Jollj, le comique, s* était chargé tout naturellement du rôle 
assez difficile de dùna Remcurela, ce type de la vieille Langue- 
docienne hargneuse et grincheuse : 

Vielha ondaire e de michftpta faimou. 

On voit, par cette distribution, oii les acteurs mêmes de 
Topera n'aTaient pas dédaigné d'accepter un bout de rôLe» 
que la pièce avait été montée avec soin et que les acteurs se 
faisaient, à Tavance et tout comme les spectateurs, un amu- 
sement de sa mise en scène. Presque tous, du r<este, étant 
nos compatriotes, ce changement d'emploi ne souffrait aupune 
difficulté. 

M"* &ranier-Préher, seule, n'appartenait p^s au, Midi et 
s'exprimait dans une langue qui n'est pas la sienne. Elle le 
fit néanmoins avec esprit, tout à fait gentiment et gaîment. 
Dans sa bouche, la langue d'oc avait une saveur à part, quel- 
que chose d'étrange et d'original qui plut beaucoup, et qui 
rappelait le ton et la prononciation de l'italien, de la haute 
comédie. On comprenait, en l'écoutant, que notre comédie 
pourrait avoir de grandes destinées scéniques, si elle étialt dite 
par- des gens de cœur et d'intelligence, qui lui ressemblassent- 

Il y avait si longtemps, depuis les beaux jours de M°* Pra- 
dher et de Laborde, que notre théâtre avait déshabitué d'en-» 
tendre la langue d'oc, que les acteurs, cela était facile à voir, 
étaient aussi étonnés, aussi embarrassés, aussi stupéfaits de 
leur audace, que le public lui-même. Néanmoins, malgré ce 
manque d'habitude, cet étonnement de la première heure, 
auxquels il fallait s'attendre, tous se comportèrent vaillam- 
ment, et lou Trésor de Substantioun compta un succès de 
plus. 

C'est que l'interprétation, abandonnée jusque-là aux ama- 
teurs des petite^ scènes de société, avait enfin trouvé de vrais 
acteurs, etqijie les airs originaux, qui donnent à cevaude- 



VARIETES 437 

ville battrait et la rusticité d'une villanelle, et qu'on rem- 
plaçait ordinairement par les flonflons des vaudevilles à la 
mode, avaient été rétablis avec soin par M. Louis Lambert. 

En somme donc, bonne et curieuse représentation, qu'il 
aurait suffi de réitérer pour que la pièce eût toute Faction , 
la vie, le mouvement qu'elle comporte. 

A. M. 



BIBLIOGRAPHIE 



Statuts de la Confrérie de Si-Denis de Ginestet. publiés avec 
une note explicalive par M. A. Germain, professeur d'histoire et 
doyen de la Faculté des lettres. — Montpellier, Martel, in-4®, 12 p. 

Les Statuts de nos anciennes Confréries pieuses ou charitables 
oiïrent le plus grand intérêt à cause des détails de mœurs, de 
croyance et de coutumes qu'ils contiennent. A ce titre, indépen- 
damment de l'appoint qu'ils peuvent fournir à la philologie, ils mé- 
ritent d'attirer l'attention des historiens. 

Ceux que vient de publier M. Germain ont été découverts par 
lui, il y a peu de temps, dans un vieux cahier, en fort mauvais état, 
de nos archives départementales de l'Hérault. 

L'église de Saint-Denis, de Ginestet, autrefois petit hameau 
du voisinage de Lansargues, avait le titre de prieuré ; les Statuts de 
sa Confrérie rustique, formée par les paysans des environs, sont 
du 18 octobre 1513. Le langage en est très-corrompu, et Torthogra- 
phe porte de grandes traces de l'influence française ; mais il en est 
ainsi de presque tous les textes de cette époque. 

Parmi les détails de mœurs, il convient de remarquer celui-ci, 
que le bétail pouvait faire partie de la Confrérie, tout aussi bien que 
jes personnes : 

« Item an ordenat et ordenon, que tôt aquelses que an et auran 
bestiari, gros ou menut, et que per dévotion et conservation del- 
dictz bestiari le voldran mectre a ladicte confrayrie, pagaran toutz 
los ans cinq sous per centenat, etc. » 

Le savant éditeur de ces Statuts a déjà fait, parmi les pièces jus- 
tificatives de ses grands travaux historiques, un grand nombre de 
publications romanes ; elles suffiraient pour former, à elles seules, un 
fort volume. L'occasion se présentera quelque jour pour les étu- 
dier dans leur ensemble ; il doit me suffire, présentement, de citer 
trois actes du même genre que celui dont nous venons de parler : 

2 . Les Statuts de la Confrérie de Saint-Jacques ( la Confrayrie de 
mosenhour St-Jaume), établie vers 1282, ne nous sont parvenus 
que par un texte qui a été probablement retouché par les copistes. 
{V, Histoire de la Commune, I, p. 482-485, d'après le ms. conle^ 



BIBLIOGRAPHIE 439 

nant divers documents relatifs à la ville, in- foi. appartenant à la 
Soc. archéol. de Montpellier); 

3. Les Statuts de la Confrérie de St-Eloi, ou autrement de Za 
Confrérie des Argentiers, sont de Mai 1292 (idem, I, p. 485-487, 
d'après le Cartulaire de Montpellier, Bibl. nat., f® 125, v*», sq.)\ 

4. Les Statuts des Repenties du couvent de St-Gilles et de Ste- 
Gatlierine, qui ont pour date le 8 mai 1339 (Montpellier, Martel, 
1862, 22 p., d'après un doc. des Archiv. munie. Armoire Dorée, 
liasse M, n® 9). 

5. M. Pegat, dans son Mémoire sur V ancienne église Sainte-Croix ^ 
a donné des fragments des Statuts de la Confrérie de la vraie Croix , 
faits en octobre 1294. Ils remonteraient môme plus haut s'il est 
certain, comme on le suppose, que l'institution en ait été faite par 
Guilhem, ûls d'Ermessende (1121-1149), à son retour delà Pales- 
tine, d'où il rapporta, selon ses expressions, un morceau de la vraie 
croix, vere dominicum lignum, (D'Aigrefeuille, Hist, de Montpellier, 
I, p. 268.) 

A ces. statuts, qui nous ont été conservés, on peut en joindre 
cinq autres, dont Texistence est suffisamment prouvée par de sé- 
rieux témoignages : 

6. Les Statuts de la Confrérie de St-Firmin, qui était à l'origine 
la seule église paroissiale de Montpellier, sont cités par D'Aigre- 
feuille : 

« Ou voit chez M. de St-Véran un vieux livre écrit en lettres 
gothiques, sur du vélin, contenant les statuts de la Confrérie de 
St-Firmin, dans la même église. Us sont de l'année 1499, approu- 
vez par tous les confrères et par Mossen {sic) de Villeneuve, prieur 
de St-Firmin. — Ces statuts marquent les prières que les confrè- 
res de l'un et de l'autre sexe devaient dire tous les jours ; l'assis- 
tance où ils étaient tenus au convoi des confrères et confréresses 
décédez, et à la messe qu'on faisait chanter pour eux par les prê- 
tres de la paroisse. {Hist. de Montpellier, II, p. 294.) 

La date ei le titre Mossen suffisent pour indiquer que ce docu- 
ment était en langue romane. 

7. La même remarque peut se faire sur la citation des Statuts de 
la Confrérie de St-Claude du Charnier, qui fut instituée en 1483, 
dans la chapelle de ce nom, au cimetière St-Barthéiemy ; elle avait 
surtout pour objet de faire prier pour les morts. (Jd., I, p. 269.) 

La confrérie moderne des Pénitents bleus prétend la continuer. 



4tÛ mfiLlOaRAPlIE! 

Nous avons au Musée de la ville, de Jean Couslou (1719-1791), un 
tableau qui représente ses trois patrons : Notre-Dame du Charnier, 
Saint-Claude et Saint-Barthélémy. 

8. La Confrérie du Saint^Sacrement, fondée vers 1324, dans 
Téglise des Frères Prêcheurs (â. Germain, Hisl. de la Commune , 
II, p. 317); 

9. Et la Confrérie de la Vierge, existant au XIV» siècle, à Notre- 
Dame-des-Tables (Henouvier et Ricard, Mémoire sur les maîtres 
de pierre, p. 186); 

10. Les Statuts de la Confrérie des Pénitents, qui a la prétention 
d'avoir été fondée par saint Dominique et ses compagnons. 
( D' Aigrefeuille, I, p. 270.) Son plus ancien registre est de 1517; 
ce qui ne conclut rien, d'ailleurs, contre la possibilité d'une rédac- 
tion romane antérieure. 

Que sont devenus ces cinq derniers documents ? Existent-ils 
encore? Ont-ils péri? C'est ce qu'on ignore. Espérons que de ncm- 
velles recherches finiront par les faire découvrir. 

A. M. 

Rapports à M. le Ministre de l'instruction publique, par M. Paul 
Meyer. — Première partie. — Londres (Musée britannique), Durham, 
Edimbourg, Glasgow, Oxford (Bodléienne). — mdggglxxi. Extrait 
des Archives des missions scientifiques et littéraires. 

Travail très-sérieux et que les romanisants doivent consulter. 

Signalons, entre autres, une traduction du Pseudo^Turpin en 
langue d'oc qui, jusqu'à présent, est unique ; — un fragment de 
glossaire latin-français ; — toute une collection de chansonniers 
français déjà publiée par M . de la Villemarqué, qui contient un 
grand nombre de pièces inédites et complète le fameux Ms. de 
Montpellier, u9 196; — un Poëm^ moral et une Vie de St-Eupkrosyne, 
celle-ci en dizains, « qui se recommande par un mérite littéraire 
très-supérieur au niveau ordinaire des œuvres du même genre. » 

A la fin de son livre, M. P. Meyer a inséré une table analytique 
des poésies des troubadours, avec renvois aux imprimés et aux 
manuscrits. 

A.B. 

Il Tractato dei mesi, dl Bonvesin da Riva, milanais, p.p. 
Edouard Lidforss, de Lund (Suède). — Bologne, 1872, p. XXI-103» 



BIKilOGRÀPHIB Ml 

On connaissait un ^rand nombre de productions de ce Bqion- 
vidn dë'RiTâ, qui vivait vers 1288-1291, i entre autres des poésies 
vulgaires qui ont été publiées à Berlin par Ëmin. Bekker. Notre 
sava;Qt ami, M. lidforfis, a.eia le bonheur de trouver, dans un ms. 
de Tolède, duxv^ siècle, un petit poème, gentil deiorme. et d'inven- 
tion, qu'il s'est bâté de pubëer dans la curieuse coIlectiQp,de pièces 
rares ou inédites (Scelta di curiositàlilierfirie inédite, o rare dal secolo 
xm^/xvii, no 127) que M. G^ Homa^noli poursijût avep ta^tde 
soin etde persévérance. 

Il existe dans toutes nos littératures méridionales un grand nom- 
bre de ces disputations, d^ns leâquelles les Mois, ouïes Saisons lut- 
tent pour obtenir la prééminence. Jl Tractato dei mesi en diffère en 
ce sens que les mois <)oalisés s'opposent à la priorité de Janvier et 
à la domination qu'il se croit en droit d'exiger. 

Moresta daventagio 

ki vor odi cantare, 
lo, Bonvesin da Riva, 

la voglio determinare, 
Gomo s'alomenta li mesi 

vogUando depotostare 
Lo so segnore Zepere, 

ke no debia.più regaare. 

Ainsi qu'on le voit, ce sont des strophes de. quatre vers rimes. 
Pour les rendre plus faciles à lire, M. Lidforss les a coupés à la cé- 
sure, ce qui fait supposer tout d'abord qu'ils ont été écrits enottave 
rime,— Février prend immédiatement la papo4e,.et, après avoir cri- 
tiqué les vices et les défauts de Janvier : 

Qui $1 parla Fevrere 

Inprimamente Fevrere 

si parla e prende a dire : 
1 Zenere è tanto crudo 

e fa tant fregio venire 
' Ke de quelo incarego 

el me coaven sentire, 
Perkè gli son da provo 

e no-1 posso f uzire » 
« El fa tremer li poveri, etc. 

énumère ses propres avantages, et conclut à 1& déchéance du tyran. 
Les dix autres Mois, tour à tour, parlent de la jinème façon. S'exci- 

29 



t 



44f BIBUOaRAPHIB 

tant les tins les antres, ils courent aux armes, et la lutte «'engage. 
Janvier résiste, les brave dans un discours qui est la contre-partie 
élogieuse de leurs diatribes, et, après quelques instants de combat, 
leur fait demander grâce. C'est Avril qui se soumet au nom de 
tous, pregandO'lu per tutti li Mesi, 

Ce badinage, qui ne compte pas moins de 184 strophes du genre 
des précédentes, a de la verve et de l'esprit. M. Lidforss en com- 
plète la publication par des notes philologiques très-remarquables . 

A. M. 

Histoira générale de LAngnedoc, avec des notes et des pièces 
justificatives, par dom Cl. Dévie et dom J. Vaissete, religieux bé- 
nédictins de la congrégation de St-Maur ; — republiée sous la direc- 
tion de M. Edouard Dulaurier, membre de Tlnstitut, par Ed. Privât, 
rue des Tourneurs, à Toulouse. 

Une réimpression de l'œuvre grandiose et si justement admirée 
des Bénédictins, sur l'histoire de notre province, était depuis très- 
longiemps désirée. La première édition est introuvable, et celle de 
M. du Mége, quoique si imparfaite et si confuse, est tout à faij. 
épuisée. En outre, l'œuvre, prise dans son ensemble, a besoin d'être 
mise en rapport avec la science moderne et au courant des décou- 
vertes et des méthodes qu'elle possède. 

On y remarque, en effet, des lacunes considérables pour tout ce 
qui concerne des études importantes, notamment la géographie de 
la Gaule méridionale, aux premiers siècles de notre ère, Tépigra- 
phie et la numismatique, les doctrines des Cathares, la biblio- 
graphie, les documents et les pubUcations romanes. 

Le nouvel éditeur se propose donc, tout en conservant avec un 
soin scrupuleux le plan fondamental des bénédictins et le texte 
qui émane de leur rédaction personnelle, « de suppléer à ce qu'il 
peut y avoir de défectueux ou d'insuffisant dans leur travail, et de le 
compléter par les additions qu'il réclame et qui viennent d'être si- 
gnalées , comme aussi par la révision des pièces justificatives et des 
documents de toute nature dont il est appuyé, faite sur les origi- 
naux ou sur de meilleures copies. » 

Des savants nombreux et dévoués viendront en aide à M. Du- 
laurier, par leur collaboration ou par leurs recensions. Lui-même 
s'est chargé d'écrire l'Introduction, l'histoire du hvre, de ses au- 
teurs et promoteurs, et de compléter tout ce qui touche à l'histoire 



BIBLIOGRAPHIB 443 

des doctrines albigeoises et à celle des comtes de Tripoli de la mai- 
son de Toulouse. 

La révision du texte de l'ouvrage a été confiée à M. Emile Mabille, 
ancien élève de l'École des chartes, ainsi que la publication de 
textes inédites, des inscriptions du moyen âge et des notices sur 
les établissements religieux ou civils ; — les notes sur les pério- 
des gallo-romaine et T^sigothique, les inscriptions antiques de 
l'Aquitaine et du Languedoc, à M. Edw. Barry; — l'histoire du 
xui* siècle, surtout celle d'Alphonse de Poitiers, à M. Boutaric, 
des Archives nationales ; — l'histoire des xiv« et xv« siècles, à 
M. Huillard BréhoUes, de l'Institut; — la numismatique, à MM. de 
Saulcy et A. de Barthélémy, — la sigillographie, à M. Gh. Robert. 

MM. Guessard, de l'Institut, et Paul Meyer, des Archives natio- 
nales, reverront les textes romans édités, maië imparfaitement, par 
les Bénédictins, et ils y joindront plusieurs pièces nouvelles, soit 
historiques, soitUttéraires. 

L'œuvre de D. Vaissete et de ses confrères s'arrêtant à ]a mort 
de Louis XIII (1643), sa continuation jusqu'à la Révolution fran- 
çaise a été entreprise par M. Ernest Roschach, le savant conser- 
vateur des Archives et du Musée des antiques de la ville de Tou- 
louse. 

Un grand nombre d'autres érudits, MM. Baudouin, archiviste de 
la Haute-Garonne ; Germer-Durand, bibhothécaire de Nimes ; Ger- 
main, doyen de la Faculté des Lettres de Montpellier; Zotenberg, 
de la Bibliothèque nationale, etc., ont également promis leur con- 
cours. 

Ges noms, tous célèbres, sont des garanties suffisantes du soin 
et de l'esprit de critique qui présideront à cette réédition . 

L'Histoire générale de Languedoc formera 14 forts volumes in-4'*, 
imprimés sur très-beau papier, avec des caractères elzeviriens fon- 
dus spécialement pour celte édition. Des planches et des cartes 
géographiques seront jointes au texte. 

Le prix de chaque volume est fixé, pour les souscripteurs, à 20 fr. 
Il paraîtra deux ou trois volumes par année. 

Nous ne saurions trop engager nos compatriotes à participer à 
cette entreprise patriotique, à posséder ce précieux trésor, qui ren 
ferme les preuves de nos antiques origines et les titres de nos vieil- 
les franchises provinciales et municipales. Il n'est pas une seule 
commune de nos départements méridionaux, pour si pauvre qu'elle 



444 filSLIOGRAPHIB 

soit, qui ne doive en avoir un exemplaire à la disposition de tous 
ses enfants . 

Ce n'est qu*en ayant nous-mêmes respect de ce que nos devan- 
ciers ont essayé de faire pour leurs libertés que nous ferons res- 
pecter nos propres tentatives et nos réformes actuelles. 

A. M. 

Une seBsion des Atats de Languedoc, par Gh. de Tourtou- 
Ion. — Montpellier, Boehm et fils, 1872, 79 p. 

L'histoire des Etats généraux de la province de Languedoe, en y 
rattachant celle des petits Etats provinciaux qui leur étaient subor- 
donnés et des nombreuses institutions qui en dépendaient, est en- 
core à écrire. L'ouvrage du baron Trouvé, quoique volumineux, n'a 
ni l'exactitude, ni la compréhension large et critique qu'exige un si 
grand et si beau sujet. 

La monographie que publie M. de Tourtoulon nous fait espérer 
que nous posséderons de lui, dans un temps prochain et dans le 
môme esprit, une étude complète de l'ensemble des sessions et de 
leurs annales. Elle est sérieuse, tant par la nouveauté des docu- 
ments que par le caractère et la juste impartialité de la rédaction. 

Une lettre d'un député aux Etats de 1761, M. de la Barthe, son 
parent, trouvée dans des papiers de famille, pleine de détails pi- 
quants, d'observations amusantes, de renseignements précieux, lui 
donna l'idée de la publier, en y joignant tout ce qui pourrait en faire 
comprendre l'esprit et la portée. Ecrite sous une forme quelque peu 
railleuse, elle mérite d'être placée à côté de ces spirituels portraits 
des Etats de Bretagne et de Provence que nous devons à M"^e ^q 
Sévigné. 

C'est une bonne fortune que de pouvoir la faire connaître et ap- 
précier. A. M. 



Sur une glosse du donat provençal. — M. Gaston Paris a 
proposé, dans le n'^ 2 de la Romania, plusieurs corrections aux 
glosses du Donat provençal. Toutes ces corrections sont heureuses, 
et il ne paraît pas y avoir d'objection à y faire. Aussi la présente 
note n'a-t-elle point pour objet d'en discuter aucune. Il convient 
seulement de faire remarquer que la glosse « revenir meïliorare », 
que M. G. P. déclare ne pas comprendre du tout, n'est point, 



BIBWQaRAPHJE, 445 

comme on serait, d*après cela, tenté de le croire, un passage cor- 
rompu, un locus desperatus. 

Revenir avait dans notre ancienne langue, et il a conservé dans 
plusieurs dialectes modernes *, sinon dans tous, outre la significa- 
tion du français revenir, celle de ranimer , refaire, rétablir, et, comme 
c'était là son acception la plus ordinaire, on comprend que le glos- 
sateur Tait traduit par meliorare plutôt que par redire. 

G. G. 

Grundriss zar Geschichte der provenzalischen Litte- 

patup,par Karl Bartsch.In-8, VIII-216 p.— Elberfeld, Friderichs. 

Ainsi que le titre l'indique, cette nouvelle publication de Tauteur 
de la Chrestomathie provençale n'est qu'un tableau ou, pour mieux 
dire, qu'un inventaire raisoriné des documents et des manuscrits 
que l'on possède en langue d'oc. 

Fait avec soin, et d'après les travaux les plus récents de la philo- 
logie allemande, elle est destinée à rendre de grands services à tous 
les romanistes, et à devenir parmi eux d'un usage commun, tout 
comme le livre précédemment cité, dont il n'était autrefois, ainsi 
qu'on le peut voir dans la première édition, qu'un appendice. 

Assez complet pour la partie littéraire, quoique M. P. Meyer 
ait pu y relever un certain nombre d'erreurs, il a malheureusement 
de très-grandes lacunes pour tout ce qui ne touche pas à la poésie. 
Ainsi, par exemple, on regrette de ne pas y trouver l'indication des 
mss. de nos bibliothèques et de nos archives méridionales, sur- 
tout pour ce qui concerne la série des publications romanes faites 
en province depuis le commencement du siècle, publications dont 
l'ensemble est aujourd'hui très-considérable ; — la série nombreuse 
des productions vaudoises, telle qu'elle est donnée par les catalo- 
gues et les historiens spéciaux ; — la série importante des docu- 
ments législatifs, — celle des chroniques locales et des mémoires 
biographiques, etc., etc. 

Ges desiderata, je me hâte de l'observer, n'ôtent rien au mérite 
de l'ouvrage, puisque leur réalisation n'entrait pas dans son plan 
primitif; je n'en devais pas moins les faire connaître, pour que l'au- 
teur pût y répondre dans les prochaines éditions qu'il ne saurait 
manquer de donner. 

* Voir Rainouard, Rochegude et l'abbé de Sauvages. 



446 BIBUOaiUPBIB 

Je reviendrai, d'ailleurB, tout particulièrement sur ces lacunes, 
en précisant mes indications . 

A. M. 



prouTençau pour Tannée 1873, publié par les Felibres. 
— Avignon, Roumanille. 112 pages. 50 c. — Lis Entarro-ehin, par 
J. Roumanille. — 55 pages. 30 c. 

Je profite du retard de la Revue pour annoncer rapidement l'ap- 
parition du gentil et joyeux annuaire de Tassociation des felibres, 
qui en est à sa 19°** année. Il en sera rendu compte en temps 
opportun ; qu*il me soit permis de signaler, dès maintenant, deux 
charmantes pièces de vers d'une nouvelle felibresso. M™» Deph . 
Roumieux, la Miéu Mireio et lo Plang d*uno mairey un sourire et une 
larme; et aussi, à cause des magnifiques sentiments qu'il exprime, 
de la cause sainte qu'il défend, le hardi sirvente d'Albert Arna- 
vielle, As 40 MantenHres dos Jocs flourals de Toulouso, si franc et si 
fier d'allure. 

J'annoncerai également une récente étude de mœurs satirique de 
J. Roumanille, lis Entarr<H)hin, qui, par l'élégance du style et le 
mordant des expressions, la finesse de l'ironie, ne le cède en rien 
à ses aînées des Oubreto. 

A. M. 



PÉRIODIQUES 



I. Romania. I. 3 juillet. — La Yie de saint Léger, revue sur le 
ms. de Ciermont-Ferrand, p. (r, Paris. — Lia phonétique française 
du Saint- Alexis, comparée à celle des textes mérovingiens, par H. 
d' Arbois de Jubainville . — Documents inédits en patois lorrain 
du XIV* siècle, par F. Bonnardot. — Germine, la Porcheronne, 
chansons foréziennes, communiquées par V. Smith. 

Mélanges. — L Philippus, Os lampadis (A. Darmesteter ) . — 
II. Une épitre française de St-Etienne, transcrite en langue d'oc 
(G.P.). — m. Les Vers delà Mort, d'Héiinand (P.-M.).— IV. Sur 
le Livre des cent ballades (Léopold Pannier). — V. Une romance 
espagnole dans un manuscrit français (Gr. P.). 

Comptes rendus. — Grundriss zur Geschichte der provenzalischen 
Litteratur, de Bartsch (P.-M.); — Ueber die franzœsische Nominal- 
zusammensetzung, de Schmidt (A.-D.); — Sulle versioni iialiane 
délia Storia Trojana, de Mussafia ; — Ueber die spanichen Versio- 
nen der Histofia Trojana^ de Mussafia (A. M. -F.); — Li Romanz 
de la Rose, prem. part., vom Oberlehrer Puschel (G.-P. ); — del 
Govemo de regni, éd. Teza. — Périodiques, Chronique. 

II. Il Propugnatore (à Bologne). V. 3, mai-juin. — Libro 
Trojano nella bibloteca communale di Palermo ; p . v. di Giovanni . 
— Considerazioni sopra alcune varianti délia Divina Commedia, 
nel testo publicato dal ch. sig. Carlo Witte, p. G. Bozzo — Dante 
spiegato conDante, p. G. Giuliano. — Intorno lo stato présente 
délia poesia lirica in Italia, p. Fanti. — La Nube tenera, p. 
L. Scarabelli. — Lezioni del Gussalli e Lezioni del Propugna- 
tore, p. A. Gerquetti. — La Novellaja milanese, esempi et panzane 
lombardi, p. V. Imbriani. — Biblioq. 

III. La Renazensa. — (A Barcelone.) II. 2 février. — De la 
Electricitat applicada à las arts y à la industria, p. Joseph 
Blanch. — ^Las Medas, p. Joaquim Botet y Sist. — La Mort del comte 
(poesia), p. J.-B. Ferrer. — LoGorch de la Encantada(acabament); 
p. Maria de Belloch. — Aclaraciô et catàlech de corts de Catalunya, 
p. F. M. et L. — A la Iris (poesia), p. V. Garcia, rector de Valffo- 
gona. — Diseurs Uegit en la sessio de arts de la Jove Catalunya, 



448 PÉRÎODIQUBS 

p. Isidro ReTentos. — Quadros à la tinta, p. F. Soler. — Gar- 
nestoltes (poesia), p. F. M. — Historietas morals, p. Joaquim Riera 
y Bertran. — Biblioqrapia, No vas*. 

II. 3 mars. — De la Electricitat, etc. — Lo Monastir de las 
Medas, p. Joseph Pella y Forgas. — Del Gremi dels botiguers de 
tela y mercers de la ciutat de Girona, p . F. Maspons y Labros. — 
Diseurs Uegit en la sessiô inaugural de ciencias de la Jove Gata- 
LUNYA, per J. Montagu. — Necrologia d'en Ramon Vilanova, p. 
Joseph T. Vilar. — Noticias ineditas sobre lo monastir de 
8t-Llorens-del-Mont delBisbat de Girona, p. Père Alsius. — La 
Societat d'amichs del pais y la classe trevalladora, p. A. Trilla y 
Alcover. — La Pubilla del mas dels Magnaners, p. F. M. Pau. 

— Consistorî dels Jochs Fierais de Barcelona. 

IL 4 mars. — De la Electricitat, etc. — Lo Gant del gall (poesia), 
p. L. de Gabanyes. — Suite del Gremi dels botiguers, de la Necr. de 
R.Villanova, des Doc. sur le monast.de 8t-Lorens-del-Mont, de la 
Pubilla. — tobra flor (poesia), p. T. Forteza. 

Y. Revista de Archives, Bibliotecas y Musées. — (A Ma- 

drid, calle de la Abada, 21. — Dir., Escudero de la Pena. — Par 
livr. bi-hebd. au prix de 20 fr.). 

II. 6 mars. — Archivé de Valencia, par Escudero de la Pena. 
Preg. et resp. 

IL 7 avril. — Los Autografos, p. A . R .V.— Archives de la Uni- 
versidad de Sallamanca. — Document : Embajada del emperador de 
Alemania, Oton I, al califa de Gordoba, Abderrahman III, p. p. A. 
.P. y M. 

II. 8 avril. — La Bibiiotecà de Sevilla, p. Escudero de la Péna. 

— Archives de la Univ. de Salamànca (suite).— Embajada (suite). 
IL 9 mai. — Escritura cifrada, p. A. R. Villa. — Embajada (suite).— 

Principîôs de literatura gênerai et Historia de la hteratura espa- 
nola, p. p. D. M. de la Revilla y D. P. de A. Garcia; comp. 
rendu, p, R. V. 

IL ro "mai. — El Arehivo d'Uclès, p. Esoidere de la Pena. — 
Bibliographie. 

V. RomaJiisclie Studiâïi (à Halle. — Dir. de E. Bocbiôer). 

— IL QuŒJStionès grammaticae et etymologicœ. — De VocabuKs 
francô-galliciâ judaîce tfanscrîptîs . — De lingua bispano-tomanica 
ex glossario ai^abico et latine, illustranda E. Boehmeri adnotatio; 
d'ctpVès tift glossaire arabe-latin du Et» siècle, de Leyde. --^De Q^ 



loriïtÈ» Noiùlnibod eq«iDonimEd. B. coilectanea.-r-Df SoiîiëgBaw^ 
maticîs accui-atios distinguendis et notandis. Tableau des voyelles 
et des consonnes — spécialement dans les languies romannes — et 
des caFactéres préposés pour exprimeif le ûrs nuances.— Chronique 
et B1BL10&. 



Alli^emeine Zeitong, 122.— La Vie de Saint Alexis (J.-B.) — 
223. Ueber die Quelle des Dolopalhos, par Oesterley. 

Anzeiger far Kuiide d«r deatschen Vorzeit. 6. — Décou- 
verte de rimes latines du moyen âge, p. Wattenbacb. 

Arclifv fttr das Studium d&r ueueren Sprachen und Ut- 
teraturen. 2. — Beitrag zur englischen Lexicograpbie, p. A. 
Hoppe. — Die Provenzalische Liederhandscrift, cod. 42. — Der Lau- 
renzianiscben Biblîotek in Floren7, p. K. Stengel. — Versucb ûber 
die syntaktisCben Archaismen bei Montaigne, p. G. Glauning. 

4« 1. —Des Différentes Manières de traiter la ballade, p. Gœrtb. 
Le Cbien, dans les langues romanes et en anglais, par le D' Prink- 
mann. 

Archivo storico italiano. Avril. Relazioni diplomaticbe tra 
la casadiSavoia ela Prussia, nel secolo XVÏII, p. A. Bazzoni. — Di 
Galeazzo Marescotti nella sua cronaca, p. Ces. Albicini. — La Gro- 
nache modenesi di Concasino Lancilotto, p . Martini. — Giov Gara- 
ciolo, p. Mar. d'Ayala — Bibliog. 

Germania. XVII. I. — Fragments du Grégoire de Hartmann 
d'Ave, par K. Schrœder et H. Bartsch. — L'Énigme du nom de 
Primas, par J. Strobl. — L'Ancien Poëme allemand le Busant et 
le roman français TEscoufle, p. R. Kœhler. 

Gœttingische Gelherte Anzeigen. 23. —La Vie de saint 
Alexis, de G. Paris et L. Pannier (Ad. Tobler). 

Litterarisches Gentralblatt. — Avril-Juin. — A Dictionary 
of englisb etymology, 2* éd. de Wedgwood (E. Mr.) — Le Codex 
Digby 86, de Stengel. — La Chanson de Roland, p.p. Gautier 
(Msf.) 

Polybiblion. Vill. Juillet. — Essai bistorique sur les colo* 
nies belges qui s'établirent en Hongrie et en Transylvanie pendant, 
les XI», XII<» et XIII« siècles^ de E. de Borchgrave) e. r. pa^r H. 
Gaidoz. 



4B0 PâRIODIQUm 

R0¥lsta baleMP (à Palma, Ile Majorqae. — Dir., D. Mateo 

Obrador-Bennassar. — Par livr. bi-hebdom. — Prix 6-7 réaux). 

I. b. avril. Gonsiderationes sobre la poesia lirica espanola à prin- 
dpios del Renadmento, p. D. José TaronjiCSortës. — Mamiferos de 
las Balearas, p. D. Francisco Barcelô y Gombis. — La Geografia en 
las islas Baléares (suite), p. D. Pedro de Alcantara Pena. — Pro- 
jecto de banco balear, p. D. Miguel Bigo y Clar. — Poésies par 
D. José Luis Ponsy D. Gabriel Maura et D. M. Yictoriano Amer. 

I. 7 avril. ^ Dictât de las parodias, par D. Andrès Umbert. — 
Continuation des travaux de MM. Barcelô y Gombis, Pedro de 
A. Pena, M. Bigo y Qar. — Poésies par dona Manuela de los 
Herreros y Sorà de Bonet et par D. M. Obrador-Bennascar. — 
NoTiciAS. — Endevimaya. 

I. 8 mai.— Revista de la literatura nacional espanola en 1860-61, 
par D. Manuel Milà y Fontanals. — Gontinuation des travaux de 
MM. Barcelô y Gombis, Pedro de A. Pena et M. Rigo y Glar. — 
Poésies de D. Léon Garnicer, D. M. Yictoriano Amer, D. M. 
Obrador-Bennassar. 

L 9 mai. — Los Très FiUs del Rey, conte populaire, p. p. D. M. 
Obrador Bennassar. — Continuation des travaux de MM. Milà y 
Fontanals, Barcelô y Gombis, Pedro de A. Pena, — Poésies de D. 
Gabriel Maura, D. M. Yictoriano Amer, Gerônimo Forteza, D. A. 
Frates. 

I. 10 juin. — Banos arabes en Palma de Mallorca, p. D. Barth, 
Ferra y Perello. — La Creu del port, nouvelle, p. D. Tomas For- 
teza. — De la Yaccinacion animal, parD. J. Alvarez. — Gontinuation 
des travaux de MM. Milà y Fontanals, Obrador-Bennassar. — 
Poésies de D. M. Yictoriano Amer, Pedro de A. Pena, D. L. Gar- 
nicer. 

1. 11 juin. — Problema de la pobladon, p. D. M, Guasp y Pujol. 

— Las Casas de huèspedes, p. D. Gerouîmo Forteza. — Continua- 
tion des travaux de MM. Mila y Fontanals, Obrador-Bennassar. 

— Poésies de D. J.-L. Pons y Gallarza, D» Manuela de los Her- 
reros, D. J. Taronji-Gortès, Aben-Assar. 

Revue critique d'histoire et de littérature. — Avril-juin. 
Compte rendu de II Paradiao degli Alberiif de G. da Prato, p. p. 
Wesselofski ; — Canti popularï siciliani, p. p. Pitre; — 
Grammatiea storica ddla lingiM Ualiana, p. Fomacdari. — 
Monographie du sonnet, par L. de Yeyrières, — Ëtymologie et 



PERIODIQUES 451 

histoire des mots Orléans et Orléanais, p. Bailly. — Correction de 
thèmes provençaux, p. P. Meyer. 

Revue de Gascogne (à Auch, par 11 vr. mens, de 3 f. grand 
in-8°, — au prix de 6-8 fr., — Dir., Léonce Couture). 

XIII. 6 juin.— Le Journal de Henri de Laborde-Péboué de Doazit 
(1638-1670), p. p. le baron do Caussa, c. r. p. Léonce Couture. 
Curieux sous le rapport linguistique. 

Revue de la Société littéraire de TAiu (à Bourg). 
Avril. — Deux poètes bressans, par H. Pic. 

Revue de linguistique. 8. Y. 4 — Notes sur la grammaire 
arabe, par M. Dezenbourg. — Essai de grammaire comparée des 
langues germaniques, par L. de Backer. 

Revue de rinstruction publique en Belgique. Mai. — Étude 
sur le patois de Paris et de sa banlieue, par Ch. Nisard. — Juin . Id. 

Revue des questions historiques. Avril. — Don Enrique de 
Villena et sa bibliothèque, par Th. de Puymaigre. 

Revue des Sociétés savantes. Mars. — Inscriptions romanes. 

Revue du Lyonnais. Mai. — ^Étude sur le patois lyonnais (suite), 
par le docteur Monin. 

Rivista europea. Juillet. — I Canti popolari di Montferreto (un), 
par 6. Ferraro. — GH Albani in Rumenia (II), par Dora d'Istria. 

Rivista sicnla (à Païenne). — SuUe scienze occulte nel medio 
evo (III), par Isid. Carini. 

Rivista sicnla. Avril-mai. — Ricordi e reminiscenze nei canti 
popolari sicilianiy par G. Pitre. 

Zeitschrift for deutsche Philologie. I Y.— L'Alexandre de 
Lamprecht, par J. Harezyk. 

Jonmanz. — V Avenir national. 17 mai. — Chants populaires de 
ritaUe, par Catulle Mendez. 

A. M. 



CHRONIQUE 

Il existe depuis quelques* années, à Berlin, une Société des lan- 
gues vivantes ; elle a résolu de fonder, dans cette ville, une acadénûf 
de philologie, destinée à former les étudiants à Texercice pratique 
des langues vivantes. 

Cette académie s'ouvrira le 28 octobre prochain, et aura à sa 
tète le docteur Herrig^ président du comité de direction . 

Les vingt-huit cours du semestre d'hiver 1872-1873, — dont le 
programme est déjà arrêté, — comprendront, outre un aperçu gé- 
néral de la philologie moderne, la langue et la littérature alle- 
mandes, la langue française avec sa littérature (onze cours), la 
langue anglaise (dix cours), l'italien (un cours), l'espagnol (un 
cours) . 



¥ * 



La Société de V École des Chartes, en outre de son recueil si estimé, 
la Bibliothèque de V École des Chartes, a résolu la publication d'un 
autre recueil qui ne comprendra que des textes. 



¥ * 



On annonce la représentation au Teatre Catala, de Barcelone, de 
deux nouveaux drames, l'un de F. Soler, la Dida; l'autre de J.-A. 
d'Alcantara, Romansos, 






Il s'est établi à Poitiers, sous le nom de Société des archives his- 
toriques du PoUoUy une association qui a pour but la publication de 
textes inédits, relatifs à l'histoire'de la province, de ses villes, de ses 
établissements, de ses notabilités. Elle se compose de 30 mem- 
bres honoraires et de 30 membres titulaires, qui doivent fournir 
un travail de nature à être inséré dans les publications de la So- 
ciété. Il sera imprimé chaque année un ou deux volumes, grand 
in-8°, dont 150 exemplaires seulement seront destinés à la vente. Il 
ne sera fait aucun tirage à part. Les textes ne pourront être accom- 
pagnés que d'une notice explicative du document, indiquant sa 
provenance, son objet et les causes qui lui ont mérité d'être publié. 



¥ ¥ 



C'est sous le titre de Société des études historiques que l'ancien 
Institut historique de France, reconnu comme établissement d'utilité 
publique par arrêté du 3 mai, vient de se reconstituer. — Cette So- 
ciété, qui a compté parmi ses membres Ampère, Chateaubriand, 
Lamennais, a aujourd'hui pour président M. Barbier, conseiller à la 
Cour de cassation; pour secrétaire, M. Desclozières. Elle publie un 



CHRONIQUE 453 

journal, V Investigation. Un de ses membres, M. Raymond, vient de 
lui faire un legs de 20,000 fr., qui va la mettre en situation de dis- 
tribuer des prix. (Polybiblion.) 



* ¥■ 



M. Boy, de Marseille, vient de rééditer la Perlo dey Musos e Cou- 
medies prouvensalos, deGr. Zerbin, d'Aix. 



¥ * 



Une troisième traduction de Mireio, en anglais, vient de paraître 
aux États-Unis : MistraVs Mirèio, a provençal poem^ translated by 

miss Hariett W. PrestoUy sq, (Boston, R. Bros, 1872, in-12). 

• 

Le docteur Théodore Hagberg, professeur de littérature étran- 
gère à Upsal (Suède), parcourt en ce moment nos pays, pour des 
recherches concernant l'histoire et la littérature romanes . 

Une traduction béarnaise de V Imitation de J.-C.y par Tabbé La- 
maysouette, a paru à Pau, chez Vignancourt. 

On annonce la mise en vente de plusieurs petits poèmes : Braveto, 
par V. de Rive d'Olt (Montélimart, Boaron, 1872) ; — la Comtesse de 
Montignac, par J. Gledat (Perigus, Bastrail, 1872); — Enri IV a 
FlouretOy par B. Gassagnau (Belmont de Lomagne, Serres, 1872) ; 
— la Perruca d'un sacrestan et la Tina de li fada y de J. Bessi; — 
lou Dina ridicul et Pouema à Vimmourtel Garibaldiy en la sièu lenga 
maire, par F. Guisol, tous deux de Nice. 



* * 



La Société archéologique de Béziers a tenu sa séance solennelle 
le 9 mai 1872, et a décerné le rameau d'olivier d'argent à M. J. 
Monné, pour sa belle et énergique composition lyrique, la Pesto 
deMarsiho. Ainsi que le remarque fort bien le rapporteur du con- 
cours, M. Gabriel Azaïs, le tableau de la grande ville en proie à 
l'horrible contagion? y est peint de main de maître. 

Les autres prix ont été obtenus par MM. Grouzillat, de Salon, 
pour son Plang à-n^uno bravo chato: — E. Gleizes, d'Azillanel (le 
Seti de Minerbo) ; — Leyris, d* Alais (la ^Margarido), et le frère Mi- 
quel, de Bédarieux (Pipi Misèri). 

Rappelons que M. Jean Monné avait été aussi lauréat de la So- 
ciété littéraire et artistique d'Apt, dans sa séance du 26 décembre 
1871, pour sa poésie / Troubaire marsihés. 



Le Gérant: Ernëst Hâmelin. 



TABLE DES MATIÈRES 

DU TEOISIÂMB VOLUME 



DIALECTES ANCIENS 

Pages 

Charte albigeoise. (Alart.) 5 

Archives de Montpellier .• (Alexis Montbl.) 

II. Inventaire des Archives du Consulat 9 

III. Inventaire des Archives de la Commune Glôlure.. . 146 

IV. Catalogue des Chapellenies 292 

Explication du sermon de Borrado donné à Arnaud, comte 

d'Angoulême. — Quel est le sens du mot digery employé 
par les praticiens de l'époque mérovingienne. (A. Bou- 
cherie ) 68 

Uu almanach au x* siècle. (A. Boucherie) 133 

Prédictions astronomiques pour les années 1190 à 1295. 

(Gh. de Tourtoulon.) 175, 350 

Documents sur la langue catalane des anciens comtés de 

Roussillon et de Cerdagne. (Alart.) 265 

Fragment d'une anthologie picarde. (A. Boucherie.) 31 1 

Acte de fondation de la Confrérie du Saint-Sacrement érigée 

en Téglise Saint-Martin-de-Buzet, en mai 1344. (Barbe.). . 337 
Phonétique française. (C. Chabaneau. ) 341 

DIALECTES MODERNES 

Le Dialecte rooerguat . (Abbé Vâyssier . ) 78, 354 

Jaquet Arnaviello. (Th. Aubanel.) 86 

Esper. Réponse à Th. Aubanel. (Albert Arnaviblle.) 87 

Poésies patoises de Nicolas Fizes (suite). (Léon Gaudin.). 89, 220 

Au Cemenièri, (Jean Monnè. ) 113 

Poutoun, (Jean Monné.) 119 

Chant des crieurs de nuit, en Languedoc. (Louis Lambert.). 122 
Cortète de Prades, poète agenais du xvii« siècle. (A . Donno- 
DEVIE.) 181 

lou /toumîeu, legenda dau tems das comtes de Prouvença. 
(Oct. Brinouibr. ) 190, 360 



4M TàBLB DBS MÀTIÉRBS 

M* Pages 

Contes populaires. (A. Montkl). . . ., 205, 386 

Vesprado d'abriéu. (Th. Aubanel.) 356 

La Messo de mort, (Th. Adbanbl) 358 

Grammaire limousine (suite). (G. Ghabameau . .) 369 

ResserUimen, (A . Tavan.) 3g2 

Clar de luno. (Louis Rodmibux J , 429 

XtÉCROLOGIE 

Hippolyte Roch. — Lou Portafuia de Vouvrié, (A. Glaizb.). 432 

VARIÉTÉS 



Ghroniqûe •. 132, 261 , 452 

fin de la table des matièbes du tome troisième 



i 

I 



Représentation du Trésor de Substantioun, au Grand Théâtre 
de Montpellier, f A . M .) 435 

BEBLIOaRAPHIB 

Catalogue botanique, par M. G. Azaïs. (Gantaqrsl.) 127 

Romania, (A. B.) 128, 250 

Bulletin bibliographique de la langue d'oc pendant l'année 

1871 . (S. Lbotard.) 130 

Biblioteca catalana . (T . ) 251 

Statuts de la confrérie de Saint-Denis, de Ginestet, pubhés par 

M. A. Germain. (A. M.) 438 

Rapports à M, le Ministre de Vimtruction publique^ par M . Paul 

Meyer . ( A . B .) 440 

// Tractato dei mesi, de Bonvesin de Riva. (A. M.) 440 

Hiîioii e -générale de Languedoc^ de dom Devic et dom Vaissete, 

republiée sous la direction de M. E. Dulaurier. (A. M.). . 442 
Une Session des États de Languedoc, par Ch. de Tourtoulon. 

(A. M.) 444 

Sur une glosse du Donat provençal. (G. G. ) 444 

Grundriss zur Geschichte der provenzalischen Litteratury par 

Karl Bartsch. (A. M.) 445 

Armana prouvencau pour l'année 1873. (A. M. ) 446 

Périodiques. (A. M.) 253, 447 \ 

Enseignement des langues et des littératures romanes. (***;. 260 



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